LES salariés de La Fnac et Conforama, qui ont retenu hier François Henri-Pinault à la sortie d'un comité européen, ne le savent pas, mais leur patron a décidé, il y a plusieurs semaines déjà, de renoncer à son bonus au titre de 2008, compte tenu des plans sociaux lancés dans ces deux filiales du groupe de distribution et de luxe. François-Henri Pinault a fait ce choix alors que rien ne l'y obligeait, contrairement aux autres patrons privés de bonus. PPR n'a en effet bénéficié d'aucune aide ni d'aucun fonds de l'Etat et le gouvernement n'a pas fait pression.
C'est une des informations du tableau que nous publions en exclusivité sur Challenges.fr pour éclairer le débat sur les rémunérations des patrons. Sur les 26 sociétés du CAC 40 où la comparaison est pertinente entre 2007 et 2008, trois dirigeants sur cinq ont vu leur salaire baisser en 2008. Baudouin Prot (BNP Paribas) a connu la plus forte baisse (- 71,5 %), suivi, précisément, de François Henri-Pinault (- 58 %), Carlos Ghosn (Renault), Michel Rollier (Michelin) et Georges Pauget (Crédit agricole).
En dehors de ces patrons qui ont vu leur bonus réduit à zéro, c'est la partie variable de la rémunération qui est responsable de ce retrait général: les parts variables étant fixées sur un certain nombre de critères de "performance", elles ont considérablement fondu, après plusieurs années de hausse. Par exemple, la rémunération de Gérard Pelisson a baissé de 22% en tout, mais son variable a chuté de moitié.
A l'inverse, parmi les trois plus fortes hausses de salaire en 2008, on trouve deux entreprises publiques (France Telecom et GDF Suez). François Fillon, qui réclamait le 30 mars "des règles et principes de gouvernance d'un haut niveau d'exigence éthique" pour les entreprises publiques, appréciera. Gérard Mestrallet (GDF-Suez) figure d'ailleurs également sur le podium des patrons les mieux payés de cette liste, en 3ème position, les deux premiers restants, comme en 2007, Franck Riboud (Danone) et Jean-Paul Agon (L'Oréal). A noter enfin que ce tableau ne prend en compte que les salaires versés au titre de l'année, et non les attributions de stock-options pour l'exercice concerné.
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