À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

09/01/2010

Grippe A. L’implacable réquisitoire du député Wodarg

Président de la commission santé du Conseil de l’Europe, l’allemand Wolfgang Wodarg a obtenu le lancement d’une enquête de cette instance sur le rôle joué par les laboratoires dans la campagne de panique autour du virus.

Ex-membre du SPD, Wolfgang Wodarg est médecin et épidémiologiste. Il a obtenu à l’unanimité des membres de la commisionn santé du Conseil de l’Europe une commision d’enquête sur le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion de la grippe A par l’OMS et les états..

Qu’est ce qui a attiré vos soupçons dans la prise d’influence des laboratoires sur les décisions prises à l’égard de la grippe A ?

Wolfgang Wodarg. Nous sommes confrontés à un échec des grandes institutions nationales, chargées d’alerter sur les risques et d’y répondre au cas où une pandémie survient. En avril quand la première alarme est venue de Mexico j’ai été très surpris des chiffres qu’avançait l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour justifier de la proclamation d’une pandémie. J’ai eu tout de suite des soupçons : les chiffres étaient très faibles et le niveau d’alarme très élevé. On en était à même pas mille malades que l’on parlait déjà de pandémie du siècle. Et l’alerte extrême décrétée était fondée sur le fait que le virus était nouveau. Mais la caractéristique des maladies grippales, c’est de se développer très vite avec des virus qui prennent à chaque fois de nouvelles formes, en s’installant chez de nouveaux hôtes, l’animal, l’homme etc. Il n’y avait rien de nouveau en soi à cela. Chaque année apparaît un nouveau virus de ce type « grippal ». 
En réalité rien ne justifiait de sonner l’alerte à ce niveau. Cela n’a été possible que parce que l’OMS a changé début mai sa définition de la pandémie. Avant cette date il fallait non seulement que la maladie éclate dans plusieurs pays à la fois mais aussi qu’elle ait des conséquences très graves avec un nombre de cas mortels au dessus des moyennes habituelles. On a rayé cet aspect dans la nouvelle définition pour ne retenir que le critère du rythme de diffusion de la maladie. Et on a prétendu que le virus était dangereux car les populations n’avaient pas pu développer de défense immunitaires contre lui. Ce qui était faux pour ce virus. Car on a pu observer que des gens âgés de plus de 60 ans avaient déjà des anticorps. C’est-à-dire qu’ils avaient déjà été en contact avec des virus analogues. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs il n’y a pratiquement pas eu de personnes âgées de plus de 60 ans qui aient développé la maladie. C’est pourtant à celles là qu’on a recommandé de se faire vacciner rapidement.
Dans les choses qui ont suscité mes soupçons il y a donc eu d’un côté cette volonté de sonner l’alerte. Et de l’autre des faits très curieux. Comme par exemple la recommandation par l’OMS de procéder à deux injections pour les vaccins. Ça n’avait jamais été le cas auparavant. Il n’y avait aucune justification scientifique à cela. Il y a eu aussi cette recommandation de n’utiliser que des vaccins brevetés particuliers. Il n’existait pourtant aucune raison à ce que l’on n’ajoute pas, comme on le fait chaque années, des particules antivirales spécifiques de ce nouveau virus H1N1, « complétant » les vaccins servant à la grippe saisonnière.
On ne l’a pas fait car on a préféré utiliser des matériaux vaccinales brevetés que les grands laboratoires avaient élaborées et fabriqué pour se tenir prêts en cas de développement d’une pandémie. Et en procédant de cette façon on n’a pas hésité à mettre en danger les personnes vaccinées

Quel danger ?

Wolfgang Wodarg. Pour aller vite dans la mise à disposition des produits on a utilisé des adjuvants dans certains vaccins, dont les effets n’ont pas été suffisamment testés. Autrement dit : on a voulu absolument utiliser ces produits brevetés nouveaux au lieu de mettre au point des vaccins selon des méthodes de fabrication traditionnelles bien plus simples, fiables et moins coûteuses. Il n’y avait aucune raison médicale à cela.Uniquement des raisons de marketing.

Comment a-t-on pu justifier de cela ?

Wolfgang Wodarg. Pour comprendre il faut en revenir à l’épisode de la grippe aviaire de 2005 - 2006. C’est à cette occasion là qu’ont été définis les nouveaux plans internationaux destinés à faire face à une alarme pandémique. Ces plans ont été élaborés officiellement pour garantir une fabrication rapide de vaccins en cas d’alerte. Cela a donné lieu à une négociation entre les firmes pharmaceutiques et les Etats. D’un côté les labos s’engageaient à se ternir prêts à élaborer les préparations, de l’autre les Etats leur assuraient qu’ils leur achèteraient bien tout cela. Au terme de ce drôle de marché l’industrie pharmaceutique ne prenait aucun risque économique en s’engageant dans les nouvelles fabrications. Et elle était assurée de toucher le jack pot en cas de déclenchement d’une pandémie.

Vous contestez les diagnostics établis et la gravité, même potentielle, de la grippe A ?

Wolfgang Wodarg. Oui, c’est une grippe tout ce qu’il y a de plus normal. Elle ne provoque qu’un dixième des décés occasionnés par la grippe saisonnière classique. Tout ce qui importait et tout ce qui a conduit à la formidable campagne de panique à laquelle on a assisté, c’est qu’elle constituait une occasion en or pour les représentants des labos qui savaient qu’ils toucheraient le gros lot en cas de proclamation de pandémie.

Ce sont de très graves accusations que vous portez là. Comment un tel processus a-t-il été rendu possible au sein de l’OMS ?

Wolfgang Wodarg. Un groupe de personnes à l’OMS est associé de manière très étroite à l’industrie pharmaceutique.

L’enquête du conseil de l’Europe va travailler aussi dans cette direction ?

Wolfgang Wodarg. Nous voulons faire la lumière sur tout ce qui a pu rendre cette formidable opération d’intox. Nous voulons savoir qui a décidé, sur la base de quelles preuves scientifiques, et comment s’est exercé précisément l’influence de l’industrie pharmaceutique dans la prise de décision. Et nous devons enfin présenter des revendications aux gouvernements. 
L’objectif de la commission d’enquête est qu’il n’y ait plus à l’avenir de fausses alertes de ce genre. Que la population puisse se reposer sur l’analyse, l’expertise des instituions publiques nationales et internationales. Celles ci sont aujourd’hui discréditées car des millions de personnes ont été vaccinés avec des produits présentant d’éventuelles risques pour leur santé. Cela n’était pas nécessaire. Tout cela a débouché aussi sur une gabegie d’argent public considérable.

Avez-vous des chiffres concrets sur l’ampleur de cette gabegie ?

Wolfgang Wodarg.

En Allemagne ce sont 700 millions d’euros. Mais il est très difficile de connaître les chiffres précis car on parle maintenant d’un côté de reventes de vaccins à des pays étrangers et surtout les firmes ne communiquent pas, au nom du principe du respect du « secret des affaires » les chiffres des contrats passés avec les Etats et les éventuelles clauses de dédommagements qui y figurent.

Le travail de « lobying » des labos sur les instituts de santé nationaux sera-t-il aussi traité par l’enquête du conseil de l’Europe ?

Wolfgang Wodarg. Oui nous nous pencherons sur l’attitude des instituts comme le Robert Koch en Allemagne ou Pasteur en France qui aurait dû en réalité conseiller leurs gouvernements de façon critique. Dans certains pays des institutions l’ont fait. En Finlande ou en Pologne, par exemple, des voix critiques se sont élevées pour dire : « nous n’avons pas besoin de cela ».

La formidable opération d’intox planétaire n’a-t-elle pas été possible aussi parce que l’industrie pharmaceutique avait « ses représentants » jusque dans les gouvernements des pays les plus puissants ?

Wolgang Wodarg. Dans les ministères cela me paraît évident. Je ne peux pas m’expliquer comment des spécialistes , des gens très intelligents qui connaissent par coeur la problématique des maladies grippales, n’aient pas remarqué ce qui était en train de se produire.

Que s’est-il passé alors ?

Wolfgang Wodarg. Sans aller jusqu’à la corruption directe qui j’en suis certain existe, il y a eu mille manières pour les labos d’exercer leur influence sur les décisions. J’ai pu constater très concrètement par exemple comment Klaus Stöhr qui était le chef du département épidémiologique de l’OMS à l’époque de la grippe aviaire, et qui donc a préparé les plans destinés à faire face à une pandémie que j’évoquais plus haut, était devenu entre temps un haut cadre de la société Novartis. Et des liens semblables existent entre Glaxo ou Baxter (etc) et des membres influents de l’OMS. Ces grandes firmes ont « leurs gens » dans les appareils et se débrouillent ensuite pour que les bonnes décisions politiques soient prises. C’est à dire celles qui leur permettent de pomper le maximum d’argent des contribuables.

Mais si votre enquête aboutit, ne sera-t-elle pas un appui pour les citoyens d’exiger de leurs gouvernements qu’ils demandent des comptes à ces grands groupes ?

Wolfgang Wodarg. Oui, vous avez raison, c’est l’un des grands enjeux lié à cette enquête. Les états pourraient en effet se saisir de cela pour contester des contrats passés dans des conditions, disons, pas très propres. S’il peut être prouvé que c’est la prise d’influence des firmes qui a conduit au déclenchement du processus alors ils faudra les pousser à ce qu’ils demandent à être remboursés. Mais ça c’est uniquement le côté financier, il y a aussi le côté humain, celui des personnes qui ont été vaccinés avec des produits qui ont été insuffisamment testés.

Quel type de risque ont donc pris, sans qu’ils le sachent, ces gens en bonne santé en se faisant vacciner ?

Wolfgang Wodarg.

je le répète les vaccins ont été élaborés trop rapidement, certains adjuvants insuffisamment testés. Mais il y a plus grave. Le vaccin élaboré par la société Novartis a été produit dans un bioréacteur à partir de cellules cancéreuses. Une technique qui n’avait jamais été utilisée jusqu’à aujourd’hui.

Pourquoi, je ne suis évidemment pas un spécialiste, mais comment peut-on prétendre faire un vaccin à partir de cellules malades ?

Wolfgang Wodarg. Normalement on utilise des œufs de poules sur lesquels les virus sont cultivés. On a besoin en effet de travailler sur des cellules vivantes. Car les virus ne peuvent se multiplier que de cette manière et donc, par définition, les préparations antivirus qui vont avec. Mais ce procédé présente un gros défaut, il est lent, il faut beaucoup d’œufs. Et il est long et complexe sur le plan technique. 
Une autre technique au potentiel remarquable consiste à cultiver les virus sur des cellules vivantes dans des bio-réacteurs. Pour cela il faut des cellules qui croissent et se divisent très vite. C’est un peu le procédé que l’on utilise pour la culture du yaourt que l’on réalise d’ailleurs aussi dans un bio-réacteur. mais dans ce contexte la cellule a été tellement bouleversée dans son environnement et sa croissance qu’elle croit comme une cellule cancéreuse. 
Et c’est sur ces cellules au rendement très élevé que l’on cultive les virus. Seulement pour fabriquer le vaccin il faut extraire à nouveau les virus de ces cellules sur lesquelles ils ont été implantés. Et il peut donc se produire que durant le processus de fabrication du vaccin des restes de cellule cancéreuse demeurent dans la préparation. Comme cela se produit dans la fabrication classique avec les oeufs. On sait ainsi que dans le cas d’une vaccination de la grippe classique des effets secondaires peuvent apparaître chez les personnes qui sont allergiques à l’ovalbumine que l’on trouve dans le blanc d’oeuf.
Il ne peut donc pas être exclu que des protéïnes, restes d’une cellule cancéreuse présentes dans un vaccin fabriqué par bio-réacteur, n’engendre une tumeur sur la personne vaccinée. Selon un vrai principe de précaution il faudrait donc, avant qu’un tel produit ne soit autorisé sur le marché, avoir la certitude à 100% que de tels effets sont réellement exclus.

Et cela n’a pas été fait ?

Wolfgang Wodarg. On ne l’a pas fait. L’AME ( Agence Européenne du Médicament), une institution sous la responsabilité du commissaire européen à l’économie, basée à Londres, qui donne les autorisations de mise sur le marché des vaccins en Europe, a donné son feu vert à la commercialisation de ce produit en arguant, en l’occurrence, que ce mode de fabrication ne constituait pas un risque « significatif ». 
Cela a été très différemment apprécié par de nombreux spécialistes ici en Allemagne et une institution indépendante sur le médicament, qui ont au contraire alerté et fait part de leurs objections. J’ai pris ces avertissements au sérieux. J’ai étudié le dossier et suis intervenu dans le cadre de la commission santé du Bundestag dont j’étais alors membre pour que le vaccin ne soit pas utilisé en Allemagne. J’ai fait savoir que je n’étais certainement pas opposé à l’élaboration de vaccins avec cette technique. Mais qu’il fallait d’abord avoir une garantie totale d’innocuité. Le produit n’a donc pas été utilisé en Allemagne où le gouvernement a résilié le contrat avec novartis.

Quel est le nom de ce vaccin ?

Wolfgang Wogart. Obta flu.

Mais cela veut dire que dans d’autres pays européens comme la France le produit peut être commercialisé sans problème ?

Wolfgang Wogart. Oui , il a obtenu l’autorisation de l’AME et peut donc être utilisé partout dans l’Union Européenne.

Quelle alternative entendez vous faire avancer pour que l’on échappe à de nouveaux scandales de ce type ?

Wolfgang Wogart. Il faudrait que l’OMS soit plus transparente, que l’on sache clairement qui décide et quelle type de relation existe entre les participants dans l’organisation. Il conviendrait aussi qu’elle soit au moins flanquée d’une chambre d’élue, capable de réagir de façon très critique où chacun puisse s’exprimer. Ce renforcement du contrôle par le public est indispensable.

N’est ce pas la question d’un autre système capable de traiter une question qui relève en fait d’un bien commun aux citoyens de toute la planète qui affleure ?

Wolfgang Wodarg. Pouvons nous encore laisser la production de vaccins et la conduite de ces productions à des organisations dont l’objectif est de gagner le plus possible d’argent ? Ou bien la production de vaccins n’est-elle pas quelque chose du domaine par excellence , que les Etats doivent contrôler et mettre en œuvre eux même ? C’est la raison pour laquelle je pense qu’il faut abandonner le système des brevets sur les vaccins. C’est à dire la possibilité d’une monopolisation de la production de vaccin par un rand groupe. Car cette possibilité suppose que l’on sacrifie des milliers de vies humaines, simplement au nom du respect de ces droits monopolistiques. Vous avez raison , cette revendication là a pris en tout cas pour moi l’aspect de l’évidence.

Entretien réalisé par Bruno Odent

http://www.humanite.fr/2010-01-07_Societe_Grippe-A-L-implacable-requisitoire-du-depute-Wodarg

Reporters de naguère et d’aujourd’hui

FRÉDÉRIQUE ROUSSEL

Combien sont-ils et qui sont-ils, ces journalistes laminés par la crise de la presse, conspués par la majorité virtuelle, peu enviés au fond, alors qu’on pensait qu’ils incarnaient encore un certain rêve ? L’Observatoire des métiers de la presse (1), en partenariat avec la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP), a publié fin 2009 une étude qui révèle les grandes lignes de l’évolution de la profession, au sein de laquelle les statistiques ne sont pas monnaie courante.

Une stagnation du nombre des journalistes

Si le trait le plus saillant du monde journalistique français résidait dans son expansion, relevait le sociologue Erik Neveu en 2004, il semble qu’elle soit aujourd’hui remise en cause. En 2008, 37 811 journalistes encartés ont été comptabilisés, soit 73 de plus qu’en 2007. Un rien par rapport aux décennies précédentes qui ont vu le nombre de journalistes croître de 60% entre 1980 et 1990, puis de 19,9% jusqu’en 1999, pour ralentir entre 2000 et 2008. L’inflexion de la courbe est sensible depuis 2002, alors même que la Commission a assoupli ses critères d’attribution. Les difficultés, que rencontre la presse, participent sans doute à cette stagnation, qui est peut-être le présage d’un déclin.

De plus en plus de femmes

Certes, les hommes sont plus nombreux, mais la part de leurs consœurs ne cesse de grandir. En 1965, les femmes ne représentaient que 15,3% des journalistes, contre 44% en 2008. Mais, relève l’étude, «si les femmes sont de plus en plus nombreuses à intégrer la profession, des inégalités professionnelles perdurent». Plus de femmes sont en CDD, plus de femmes sont demandeurs d’emploi. Et les inégalités de salaires demeurent.

De plus en plus vieux

En 2008, la moyenne d’âge était de 42,2 ans, contre 40,5 ans en 2000, et plus du tiers des journalistes ont plus de 45 ans… La profession ne se renouvelle pas beaucoup, apparemment.

Stabilité des pigistes, augmentation de la précarité

Côté pigistes, le constat est le même que pour le nombre total de journalistes : leur part dans la profession, 18,1% en 2008, est relativement stable. «Cette stabilisation rompt avec l’augmentation continue de leur nombre observée dans les décennies précédentes : en 1975, 8,5% des journalistes étaient pigistes et 14,7% en 1990.» La presse écrite représente leur principal secteur d’activité, plus particulièrement la presse magazine et la presse spécialisée. Mais l’étude souligne que ces chiffres ne décrivent qu’imparfaitement la montée de la précarité dans la profession. Beaucoup de pigistes ne tirent pas la majorité de leurs ressources du journalisme et ne sont donc pas comptabilisés. «C’est une population hétérogène et fragile, difficile à quantifier et dont les motivations sont souvent diverses, estime Olivier Pilmis, auteur d’une thèse consacré en partie à la sociologie économique de la pige. Les données existantes montrent que la population des pigistes augmente plus vite que la population de journalistes.»

De plus en plus de diplômés

Une minorité de journalistes (14,8% en 2008) est passée par l’une des douze écoles actuellement reconnues par la profession. Cette proportion augmente doucement. Sur les 2 116 entrants dans la profession en 2008, 324 sont diplômés d’une formation reconnue. L’étude souligne que le fait de «passer par une école reconnue ne garantit pas l’accès à un CDI».

Presse écrite au top

La presse écrite représente toujours le premier secteur d’emploi des journalistes avec un taux de 69,4%. Mais les nouveaux titulaires de la carte travaillent de plus en plus à la télévision (16% en 2008), ainsi qu’en radio (9,5% en 2008).

(1) www.metiers-presse.org

http://www.liberation.fr/medias/0101612627-reporters-de-naguere-et-d-aujourd-hui

Água vai ficar mais cara em Lisboa

Ecole, état, le retour de l'ancien régime

Elisabeth de Fontenay - philosophe

Vous avez choisi de mettre l’accent sur les manifestations de la crise dans le secteur de l’éducation…

Cette crise qui éclate existe en fait depuis que j’enseigne. Je l’ai toujours connue et aucun gouvernement n’a réussi à prendre les choses à bras-le-corps. Je dirai même, alors que je vote à gauche, que la gauche a été pire que la droite, il suffit d’évoquer Allègre ! Il s’agit d’une crise en profondeur dont l’origine est à chercher dans un certain effondrement des idéaux, des valeurs de la République.

L’école, avec le service militaire fut constitutive de la République. Le service militaire n’en parlons pas, cela n’est pas, ce n’est plus le sujet. Quant au modèle de l’école républicaine, il ne fonctionne plus. Depuis longtemps, nous vivons dans un système de libertés purement- formelles dans lequel la démagogie a remplacé la démocratie.

De moins en moins d’enfants des classes défavorisées accèdent aux grandes écoles : on peut vraiment parler d’un effet d’effondrement des principes. Un mot me hante depuis très longtemps, un mot de Rabaud Saint-Étienne qui était un conventionnel et qui, à juste titre, déclarait à la Convention : « Citoyens, notre histoire n’est pas notre code ».

Ce qui voulait dire ?

Il voulait dire qu’il fallait liquider les institutions de l’Ancien Régime. Il disait en quelque sorte : nous inventons notre code, nous sommes au commencement, nous sommes désormais les auteurs de notre histoire.

Eh bien ! Je prétends que l’histoire est jusqu’à un certain point notre code, que ce qui a été mis en place par la Convention, aussi bien l’hôpital que les départements et préfectures, l’école, l’armée, et bien d’autres institutions, cela constitue encore notre code.

Et si, pour ne prendre que cet exemple, l’on continue à détruire les règles en quoi consistent, entre autres, les concours, nous reviendrons au système du piston, aux recommandations, aux pratiques occultes d’avant que ne soit créée, en 1945, l’École Nationale d’Administration : pour entrer à la Cour des Comptes, au Conseil de l’État, à l’Inspection des Finances, il fallait en passer par des entretiens avec les hommes du sérail.

Le résultat en aura été la soumission massive des hauts fonctionnaires au régime de Vichy. Même si les exigences qui ont présidé à la fondation de cette école sont désormais quasi oubliées, ce n’est pas un hasard si Nicolas Sarkozy supprime le concours de sortie de l’Ena, injuste certes comme tous les concours, mais reposant sur des règles strictes.

La conséquence en est que tout va fonctionner de nouveau comme avant la guerre, que les postes seront distribués à la tête du candidat et que, de nouveau, les grandes dynasties de la bourgeoisie et de la haute fonction publique « placeront » leurs enfants en toute impunité. Ce n’est qu’un exemple, mais il est particulièrement significatif.

La crise touche-t-elle la notion même de collectivité ?

L’idéal de l’école républicaine, c’était que chaque enfant, chaque adolescent puisse développer le meilleur de lui-même, puisse aller au bout de ses possibilités. Le critère unique maintenant, c’est celui de la rentabilité : on professionnalise à outrance.

Je ne sais pas ce que vont devenir des disciplines comme la littérature, la philosophie, l’histoire, dans des universités autonomes qui seront soutenues financièrement par les entreprises. Vous vous souvenez de ce qui s’est passé devant le Panthéon ? De jeunes professeurs de français se sont se relayés pour lire l’intégralité de La Princesse de Clèves, en réponse à Nicolas Sarkozy qui a dit que c’était lamentable de mettre ce livre au programme d’un concours destiné aux fonctionnaires. Il est évident que les critères de rentabilité et de professionnalisation de l’enseignement font qu’il n’y aura plus aucune place pour un enseignement de culture
.
Que devient un monde sans culture ?

L’enseignement de la littérature, de la philosophie et de l’histoire- devra tôt ou tard disparaître alors que ces disciplines sont des apprentissages à la fois de la logique, de la syntaxe, de l’épaisseur du temps et du maniement de la langue. C’est avec l’aide de l’école, que s’aggravera à la fois le dépé-ris-sement du français et de ce qu’on appelle le politique.

Et de la langue dépend la capacité de penser…

Oui, je le redis, il y a un effondrement intellectuel majeur qui va de pair avec un effondrement politique. L’effondrement politique s’exprime en particulier dans le compassionnel à tout-va, qui tient lieu d’analyse politique.

Mais cela va avec un effondrement intellectuel. Quand on voit le prestigieux lettré qu’est Alain Badiou faire un cours sur Nicolas Sarkozy à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm – où ont enseigné quand même Althusser et Derrida ! – en comparant ce président de la république élu démocratiquement à Pétain, ce qui est une idiotie politique, et en le traitant de singe, ce qui est une injure qui s’apparente au racisme.

Quand on sait que ce cours à l’École Normale est paru en livre, on se dit que ce grand intellectuel, ce grand philosophe qu’est Alain Badiou porte une responsabilité extrêmement grave dans l’effondrement dont je parle, qui n’est pas simplement dû à un processus, mais aussi à des accès de légèreté esthétisante, ludique, de la part des enseignants et des intellectuels.

Vous êtes une spécialiste de Karl Marx. L’analyse marxiste retrouve-t-elle une certaine pertinence ?

Je ne suis spécialiste de rien du tout, je suis une éclectique. Mais oui, il faut penser à Marx et avec lui. Un de ses ouvrages a pour titre Misère de la philosophie et c’était une réponse à un livre de Proudhon, Philosophie de la misère. Il me semble qu’il y a une grande misère de la philosophie face à la réalité et à l’actualité.

Pourquoi  ? Parce que le philosophe se doit d’être spéculatif. Or la spéculation intellectuelle n’est pas sans ressembler à la spéculation financière ! On joue avec les concepts, et on décolle de la réalité effective. Je relisais hier le livre 1 du Capital de Marx ainsi que les fameux Manuscrits de 44. Ils donnent des clés pour comprendre le sens profond de cette fameuse crise, à cette différence près que le capitalisme est devenu maintenant un capitalisme financier, purement financier, purement spéculatif, ce dont on n’avait pas l’idée à l’époque.

Mais, la manière dont Marx parle de l’argent comme d’une abstraction exsangue, comme d’une sorte de fétichisme, et de son fonctionnement comme d’une quasi-théologie est très éclairante. Nous sommes en effet confrontés à une fantasmagorie de chiffres qui ne correspondent plus à quoique ce soit de réel, qui filent comme une maille et qui finissent par détricoter le monde.

La manière dont Marx critique, par exemple dans Les Manuscrits de 44, le libéralisme d’Adam Smith, reste d’une actualité extraordinaire. Le libéralisme nous a menés à cette organisation du chômage qui est, à mes yeux, une exaction collective ou individuelle aussi grave qu’un crime de sang. Quand des actionnaires prennent le pouvoir et décident de la restructuration d’une entreprise, qui en passe par le licenciement d’un certain nombre de personnes – je dis bien « personnes » et pas « salariés », ils commettent un véritable délit, et qui n’est jamais sanctionné !

J’insiste sur ce point parce que dans l’état d’esprit- compassionnel où nous sombrons, à propos des guerres, des génocides, des assassinats, nous oublions trop facilement qu’un homme mis au chômage, quelqu’un qui a travaillé, quelques fois pendant quarante ans dans la même entreprise et qui est licencié, est victime d’une sorte d’homicide bien que le sang ne coule pas. Et c’est avec terreur, bien sûr, que je me rappelle que dans la société communiste totalitaire, il n’y avait pas de chômage et que les crimes économiques étaient sanctionnés par la peine de mort.

La religion de l’argent aurait entraîné des sacrifices humains ?

On peut dire ça comme ça si vous voulez. Un mathématicien de renom dénonçait récemment le scandale de ces gens qui ne faisaient plus des mathématiques que pour les appliquer à la finance – et pour obtenir les brillants résultats qu’on sait ! – et qui avaient complètement profané tout ce qui fait le caractère admirable des mathématiques, leur totale abstraction spéculative, certes, mais en même temps leur côté contemplatif.

Alors qu’avec les traders, il s’agit là vraiment des mathématiques misent au service de ce que les philosophes de l’École de Francfort ont appelé « la raison instrumentale », c’est-à-dire mise au service du profit immédiat de quelques-uns. Le profit de quelques-uns assassine socialement, humainement tous les autres. Il y a donc une analogie entre la spéculation théologique, la spéculation philosophique et la spéculation financière. Mais seule la troisième a le pouvoir de briser des vies humaines.

Cela fait tout de même une différence !

Appliqué à la spéculation financière, cela donne les résultats que nous voyons à l’œuvre. Dans le cas de la spéculation théologique, ça ne dérange plus beaucoup de monde, Dieu merci ! Dans le cas de la philosophie, je pense que ce côté spéculatif peut mener certains de mes collègues, de mes amis, à décoller complètement de la réalité et à adopter ces postures théoriques qui ont formé des Pol Pot.

N’oublions jamais que Pol Pot a été étudiant dans nos universités parisiennes. Je ne nie pas que l’abstraction soit une bonne chose, elle sert à forger des concepts, lesquels permettent de saisir le réel. Elle est nécessaire et notre enseignement de la philosophie est aussi et surtout, un enseignement d’exercice à l’abstraction et au concept.

Toutefois, quand cette abstraction devient hypercritique, ultra-révolutionnaire, qu’elle se met à filer toute seule, il n’y a plus de garde-fou. On peut dire que tout cela a une vertu utopique, donc critique de l’état présent des choses mais, malheureusement, des étudiants, des enseignants prennent- certains chercheurs et certains professeurs au mot…

Cela conduit-il à une déconnexion du corps et de l’esprit ?

L’abstraction généralisée, le nihilisme de la spéculation financière et de la spéculation révolutionnaire font que beaucoup de gens ne peuvent plus supporter cette uniformisation mutilante, ce qui a pour conséquence de les rejeter vers le communautarisme et l’offre de concret qu’il propose.

Il y a du reste lieu de s’effrayer quand on voit que des gens qui sont des spéculateurs financiers avertis peuvent en même temps être extrêmement communautaristes et fréquenter assidûment les sites religieux d’Internet, ce qui mène cette abstraction mutilante à son terme.

C’est comme si l’on ne pouvait plus retrouver son corps, sa généalogie, sa vie de tous les jours, sinon par une plongée dans la communauté et ses pratiques, ce qui représente une régression alarmante par rapport à l’idéal républicain dont je parlais.

Comment sort-on de l’abstraction ?

J’ai le sentiment profond qu’on a affaire à un processus et qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Mais ce n’est pas parce qu’on est désespéré qu’il ne faut pas avoir la volonté de changer les choses. Donc je dirai qu’il y a des actions partielles, modestes peut-être, qui permettent en tout cas de corriger certains effets de ce processus.

C’est-à-dire ?

Je pense qu’un professeur qui enseigne dans une classe de banlieue difficile, et qui, pour faire comprendre à ces enfants sans héritage ce que c’est que la poésie, leur propose de s’exercer à écrire des poèmes sur le modèle des lais de Marie de France – je parle ici d’une enseignante en classe de quatrième, que je connais bien –, je pense qu’un tel professeur, c’est quelqu’un qui résiste héroïquement au processus et à ses collaborateurs : comme la cavalerie polonaise contre les Panzer.

Beaucoup de nos enseignants sont remarquables. Ils ont reçu une formation de haut niveau, ils excellent dans leur discipline, et face à la situation désastreuse où on les a placés, ils essaient et ils parviennent, localement, partiellement, à sauver ce qui peut l’être, à transmettre l’esprit de ce qu’ils ont reçu.

Il faut résister à l’impératif de rentabilité…

Il faut bien sûr, mais on ne peut y résister que de façon segmentaire. Dans l’état de découragement où je me trouve, je me raccroche, bien que je me méfie de tout messianisme, à Barack Obama qui me semble incarner une véritable espérance.

De la même façon, vous allez peut-être sourire, j’observe- avec beaucoup de sympathie les initiatives de Martin Hirsch, petit-fils du Commissaire au Plan du général de Gaulle, médecin, conseiller d’État, ancien président d’Emmaüs, homme de gauche, et qui essaie de réaliser des réformes modestes et essentielles dans un gouvernement de droite.

C’est un exemple d’actions discrètes, non spectaculaires, d’engagements sérieux, de compromis entre l’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction. Toutes propositions gardées, Barack Obama et Martin Hirsch me donnent un peu d’espoir.

Pensez-vous que le redressement général puisse passer par le politique ?

L’idée d’une solution politique et sociale qui soit radicale et globale a fait son temps. On a affaire à un processus contre lequel la gauche et la droite sont également impuissantes à réagir. Plus, elles l’accompagnent sans état d’âme.

Et puis il y a l’Europe, cet organe obstacle. Elle nous a peut-être, jusqu’à un certain point, sauvés économiquement, mais elle empêchera de plus en plus notre école de fonctionner selon nos critères fondamentaux : le modèle, l’exception française, par exemple, de la classe terminale de philosophie est en voie de disparition.

Il n’y a donc que des solutions partielles. Peut-on aller au-delà ? Je ne le crois pas. Chacun doit faire son travail, dans sa profession, là où il est, car faire son travail, c’est résister. Enseigner les lettres aujourd’hui, enseigner l’histoire aujourd’hui, c’est résister. Encore faudrait-il que la mastérisation de la formation des enseignants n’aboutisse pas à quelque chose de désastreux, de misérable, c’est-à-dire que ceux-ci ne soient plus formés comme ils pouvaient l’être quand on attendait d’eux qu’ils soient les meilleurs pour apporter le meilleur au plus grand nombre.

Peut-on déterminer le moment où s’est mis en route ce processus de dissociation dont vous parlez ?

Au moment de Galilée. C’est à ce moment-là que l’universalisme et l’abstraction ont pris en charge le monde et que toute la science s’est mathématisée. L’abstraction croît à partir de la Renaissance elle triomphe évidemment au XVIIe siècle. Mais si l’on prend les choses sur un autre plan, on peut dire que tout a commencé avec la guerre de 14. Le désastre, la dissociation ont commencé à ce moment d’industrialisation de la guerre…

Vous pouvez développer un petit peu…

La guerre renseigne très bien sur l’état d’une civilisation. Comment peut-on juger une culture, un pays, une nation ? À la manière dont elles font la guerre. En 1914, la guerre a changé de visage en se technicisant et en provoquant une brutalisation extrême des rapports humains. Et cela s’est produit aussi bien du côté allemand que du côté français et allié.

Quand on a passé deux ans dans les tranchées, on n’est plus le même homme et quand on revient à sa terre, la terre n’est plus la même. Quand je parle de l’abstraction, je ne parle pas simplement de l’abstraction financière, je parle, à la manière heideggérienne, de l’abstraction technique, de la technoscience qui s’est emparée de tout, s’est emparée de la guerre, de l’agriculture, de l’élevage.

Et si vous voulez une date plus récente, il est absolument évident que l’extermination pratiquée par les nazis a poussé à l’extrême la barbarie abstraite ou l’abstraction barbare, puisqu’on a tué des hommes, des femmes et des enfants de la façon la plus technicienne, la plus industrielle : on ne les a pas tués, on les a détruits, éliminés…

Comment revenir au concret ?

Lorsque je parle de retour au concret, je ne veux pas dire du tout retour au pays réel, comme je l’ai lu ces jours-ci dans un journal pour justifier une grande « pétition des pétitions » contre Sarkozy : retour au pays réel, maurrassisme des gens de gauche ! Loin de moi l’idée organiciste du retour à la terre, à la paysannerie, à « sa » région !

Simplement, je le redis, chaque fois que quelqu’un, dans son domaine, essaie de lutter contre l’abstraction meurtrière, c’est-à-dire renonce à gagner un peu plus d’argent pour adopter des manières d’être et de faire qui soient moins barbares, un pas est fait vers une forme de réparation de l’humanité.

Je prendrai deux exemples. Celui de l’abattage industriel et de la négligence cruelle des employés des abattoirs vis-à-vis des dispositions en vigueur. Et celui de la correction des copies par les professeurs : il y a des manières assassines et il y a une manière humaniste de corriger les copies. Que chacun donc, à sa place, fasse son travail et dans l’époque calamiteuse où nous nous trouvons, cela mérite de s’appeler résistance. Et l’esprit de résistance, c’est pour moi l’idéal absolu.

http://www.marianne2.fr/Ecole,-etat,-le-retour-de-l-ancien-regime_a183385.html

UE: les salaires gelés… sauf à Bruxelles

Slovar - Blogueur associé

La Commission européenne va faire un recours devant la Cour européenne de justice contre la décision des 27 Etats membres de n'octroyer aux fonctionnaires communautaires que la moitié de l'augmentation qui était prévue. Une action dénoncée par Slovar.

Si la situation de l’emploi est de plus en plus tendue dans l’Union Européenne, il faut bien avouer que celle des salaires ne vaut pas mieux. En effet, il devient quasiment impossible de parler d’augmentation des salaires pour cause de rigueur et de « faible inflation ».

D’ailleurs, le gouvernement français a appliqué cette rigueur en annonçant que : Le SMIC ne serait réévalué que de 0,5 % . Cette hausse du SMIC 2010 représente, selon le ministère du Travail : « un gain net de pouvoir d’achat pour les salariés payés au SMIC de 1,3% puisque l’inflation sur la même période devrait être de 0,4% ».

Il faut dire que la Commission Européenne et la BCE ont l’oeil sur tous les « dérapages » qui pourraient intervenir dans les pays membres. C’est probablement au titre de l’exemplarité budgétaire et de la modération salariale, qu’on apprend que : « Les fonctionnaires européens iront devant la Cour européenne de justice pour obtenir l’augmentation de salaire qu’ils réclament. Du moins, la Commission le fera pour eux ! » écrit Euronews. Pardon ? Et oui.

La Commission du pouvoir d'achat

« La Commission européenne a décidé mercredi d’attaquer en justice les pays de l’UE, pour annuler leur décision de diviser par deux la hausse salariale légale des fonctionnaires des institutions européennes. "La Commission a confirmé la décision d’aller devant la Cour (de justice européenne de Luxembourg) pour un recours contre la décision" des 27 pays européens, a annoncé la porte-parole de la Commission, Pia Ahrenkilde Hansen.

Cette décision a été prise à l’unanimité, a-t-elle précisé. Le Conseil des 27 Etats européens avait décidé à l’unanimité en décembre l’octroi d’une revalorisation salariale brute de 1,85% pour les quelque 50.000 fonctionnaires et contractuels (au statut plus précaire) des institutions européennes. Soit la moitié de la hausse légale de 3,7% qui leur était mécaniquement promise.(...)

Elle est calculée mécaniquement sur l’évolution des salaires de la fonction publique de huit Etats (représentant 76% du PIB de l’UE), durant l’année précédente, ainsi que sur l’inflation à Bruxelles.
La Commission a donc estimé que la décision des pays de l’UE n’est pas en conformité avec la loi. Nombre de pays ont refusé avec véhémence la hausse prévue de 3,7%, en pleine crise économique. Certains ont en effet récemment réduit les salaires de leur fonction publique pour réduire leur déficit.
» Source Romandie - 06 janvier 2010

Quand Bruxelles défendait la rigueur

Sidérant, lorsqu’on connaît les prises de position de le Commission toujours très sourcilleuse en termes de droit social ou même de politique budgétaire ! Car, il ne faut pas oublier que c’est de la commission qu’est partie la fameuse directive « Bolkestein » qui est censée mettre tous les services en concurrence dans l’UE

« Après l’adoption de la directive Bolkestein, un règlement européen (593/2008/CE du Parlement européen et du Conseil du 17 juin 2008 sur la loi applicable aux obligations contractuelles), qui s’applique donc directement aux Etats membres, a, sans bruit, mis en place un dispositif similaire au « principe du pays d’origine » Source Politis

Et comme l’explique Jean-Jacques Chavigné le jeudi 31 décembre 2009 dans Démocratie & Socialisme

« Le gouvernement Sarkozy a décidé de faire le moins de bruit possible autour de cette transposition et a renoncé à faire voter une loi-cadre pour la transposer en droit français. (...) L’objectif de ce projet de directive, rédigée dès 2003, était l’instauration d’un marché unique des services dans l’Union européenne, non en harmonisant par le haut les législations sociales des Etats-membres mais en les nivelant vers le (...) 2006-2009 : la Commission européenne transforme la directive McCreevy en clone de la directive Bolkestein
(...) Le "principe du pays d’origine" avait disparu du texte de la directive McCreevy (...) Ce règlement prévoit, en effet, que "les parties contractantes sont libres de choisir la loi applicable au contrat". Ainsi, un travailleur letton envoyé travailler en France par son entreprise pourra, « librement », choisir que lui soit appliqué le droit social letton
»

Autre chantre des bas salaires, Jean-Claude Trichet, le Président de la Banque centrale européenne, n’a pas hésité en janvier 2008 à intervenir dans le débat, pour s’opposer à des hausses de salaires, comme nous l’expliquait Euractiv :

« M. Trichet craint en effet que les risques de cette perspective à moyen terme pour l’évolution des prix impliquent la possibilité d’une hausse des salaires plus importante que prévue, en considérant les capacités limitées et les évolutions positives des marchés de l’emploi. "Tout plan d’indexation des salaires nominaux sur les prix devrait être supprimé". »

Des fonctionnaires choyés

Alors, devant cette initiative/décision de la Commission, il est assez normal de se demander : Quel est le statut des ces « damnés de la terre » ? On peut en trouver la réponse sur le site de la Commission Européenne à la page : « Les fonctionnaires de la Commission Européenne ».

« À la Commission, l’échelle des traitements de base s’échelonne d’environ 2 300 euros par mois pour un fonctionnaire AST 1 nouvellement recruté à quelque 16 000 euros par mois pour un fonctionnaire comptabilisant quatre années d’ancienneté au grade le plus élevé (AD 16). (...) Les salaires de base sont indexés annuellement en fonction de l’inflation et du pouvoir d’achat constatés dans les États membres.
Les fonctionnaires qui ont dû quitter leur pays pour venir travailler à la Commission ont droit à une indemnité de dépaysement équivalente à 16 % de leur traitement de base.
Certaines allocations sont accordées aux fonctionnaires sur la base de leur situation familiale. Celles-ci comprennent une allocation de foyer, une allocation pour enfant à charge, une allocation scolaire et une allocation préscolaire. Ces allocations permettent de couvrir les coûts liés à l’entretien d’une famille lorsque l’on travaille pour une organisation internationale.
»

Mais, on sait aussi concilier la vie professionnelle et la vie familiale.

« Une série de mesures a été mise en place pour faire en sorte que les conditions de travail à la Commission permettent de mener sainement sa vie professionnelle et sa vie personnelle et familiale. Celles-ci sont centrées sur le congé parental et le congé pour raisons familiales, une solide infrastructure en matière de garde et de scolarisation des enfants (voir les informations sur les écoles européennes) et une organisation du travail moderne. »

On notera en particulier que : « les mères ont droit à vingt semaines de congé de maternité et les pères à dix jours de congé de paternité sans perte de rémunération. Par ailleurs, il est aussi prévu un congé parental de six mois par enfant, rémunéré à hauteur d’une indemnité mensuelle de base »

Et préserver un certain art de vivre ...

« La Commission suit une approche globale pour ce qui concerne tous les aspects du bien-être au travail : les membres du personnel de la Commission et leur famille ont accès à de nombreux clubs de loisirs, sportifs ou culturels (athlétisme, danse, théâtre, arts et échanges linguistiques, pour n’en citer que quelques-uns). »

Et le site de conclure : « La nature de ses attributions et son environnement de travail multiculturel font de la Commission une organisation unique au monde. Quel que soit votre profil, la Commission est active dans une si vaste palette de domaines que vous avez toutes les chances d’y trouver un emploi qui vous convienne parfaitement »

On allait le dire ! Allez, au lieu de pester comme un jaloux de base, pourquoi ne poseriez-vous pas votre candidature à la commission européenne ?

Bien que ce soit apparemment difficile : « Les services de la Commission cherchent les candidats appropriés pour remplir les postes vacants, après examen des candidatures internes ». Et, si vous êtes embauchés, profiter du ... meilleur syndicat de salariés d’Europe !

http://www.marianne2.fr/UE-les-salaires-geles-sauf-a-Bruxelles_a183390.html

Les invraisemblances de l’attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit

Mireille Delamarre

Des incohérences dans cette affaire remettent en cause la version officielle simpliste colportée par les médias serviles. Obama a besoin de justifier sa prochaine guerre… au Yémen. Cette opération sous faux pavillon tomberait donc à pic. Explications.

Du déjà vu

Souvenez-vous le 22 décembre 2001, Richard Reid l’homme à la chaussure bourrée d’explosifs était arrêté pour avoir tenté selon les autorités officielles de faire sauter un avion de l’American Air Lines, le vol 63 venant de Paris à destination de Miami. Cette fois, à Noël, huit ans plus tard, Umar Farouk Abdul Mutallab, un Nigérian de 23 ans, a lui essayé de faire sauter un avion américain de la Cie Northwest Airlines le vol 253, reliant Amsterdam à Détroit aux USA.

Tous deux ont utilisé le même type d’explosif le PETN (pentaerythritol), tous deux ont été maîtrisés par des passagers des vols qu’ils étaient supposés faire exploser, et dans les deux cas également, les autorités responsables de la sécurité aéroportuaire en ont profité pour resserrer les contrôles des passagers. Dans le cas de Reid, l’obligation d’enlever ses chaussures et autres mesures de fouilles approfondies, et dans le cas d’Umar, interdiction de se lever pendant une heure avant l’atterrissage et d’autres restrictions aux libertés de mouvement à venir.

Autre similitude entre l’affaire Reid et celle d’Umar, l’environnement politique particulièrement volatile. Pour Reid cela s’est passé juste après les attaques du 11 Septembre à New York alors que l’Administration Bush se préparait déjà depuis plusieurs mois à attaquer et occuper l’Afghanistan et l’Irak. Dans le cas d’Umar, le moment est lui aussi politiquement sensible puisqu’Obama vient de lancer une grande offensive en Afghanistan avec de larges débordements au Pakistan, a ordonné récemment à l’aviation américaine « d’aider » les forces armées du gouvernement yéménite à bombarder de soi-disant repères de « terroristes » d’Al Qaïda, où, selon ce que colportent les médias proguerre, Umar aurait reçu un « entraînement » dans l’utilisation d’explosifs.

Le fiasco de sa tentative pour allumer ce que les passagers du vol 253 ont eux-mêmes qualifié de « pétard », semble démontrer soit que ce type d’ « entraînement » n’est pas sérieux, soit en fait que cette histoire d’ « entraînement » au Yémen est tout simplement bidon. Reid n’avait pas réussi lui non plus à faire détonner ses explosifs placés dans sa chaussure.

L’affaire Umar, des incohérences évoquant une opération sous faux pavillon

Le père d’Umar, le Dr Umaru Mutallah, l’un des plus importants banquiers nigérians, ancien ministre de l’Économie du Niger, a contacté l’ambassade US et rencontré des responsables de la CIA de même que des hauts fonctionnaires de l’agence des services de renseignement de son pays et les a prévenus que son fils représentait un danger. Alors pourquoi Umar a-t-il été autorisé à monter à bord d’un avion en partance pour les US. Les autorités américaines disent qu’il était dans une banque de données d’individus surveillés, mais pas sur la liste de ceux interdits de vol malgré les alertes de son père.

Autre incohérence : Umar, qui n’avait pas de passeport, a pu prendre le vol 253, dans des circonstances pas claires du tout. Un passager de ce vol, Kurt Haskell, a livré un témoignage des plus accablants sur la manière dont Umar a pu monter à bord de cet appareil.

« J’étais à proximité du terroriste quand il a été contrôlé à l’aéroport d’Amsterdam tôt à Noël. Ma femme et moi-même nous jouions aux cartes directement devant le bureau d’enregistrement. C’est ce que j’ai vu (et j’ai fait cette déclaration au FBI quand nous avons été retenus à la douane) :

« Un homme de type indien, en costume élégant, âgé d’environ 50 ans s’est approché du comptoir d’enregistrement avec le terroriste et a dit « cet homme a besoin de monter à bord de ce vol et il n’a pas de passeport » Ces deux personnages n’étaient guère assortis vu que le terroriste était un homme petit, noir, qui semblait être très pauvre et avoir environ 17 ans (je crois qu’il en a 23, mais il ne les faisait pas). L’idée que c’étaient des terroristes ne m’a pas effleuré, j’ai juste pensé qu’ils formaient un couple bizarre. Le contrôleur de billet a dit « vous ne pouvez pas monter à bord sans passeport ». L’indien a alors répondu, « il vient du Soudan, nous faisons cela tout le temps. » Ce que j’ai compris de cette phrase est qu’il est difficile d’obtenir un passeport au Soudan et que c’était une sorte de stratagème pour susciter la sympathie. Le contrôleur de billet a alors dit : « vous devrez en discuter avec mon directeur » et il a envoyé les deux hommes dans un hall plus bas. Je n’ai plus revu l’indien, il n’était pas sur le vol. Le fait que le terroriste n’ait pas dit un mot pendant cet échange était aussi quelque-chose de bizarre. Quoi qu’il en soit, au final, le terroriste a pu monter dans l’avion. Je ne sais pas si c’était grâce à un pot de vin ou simplement dû à la sympathie du responsable de la sécurité. ».

Pourtant, les contrôles de sécurité à l’aéroport d’Amsterdam sont réputés très stricts les passagers sont même soumis à un interrogatoire personnel.

Autre témoignage troublant sur cette tentative pour faire exploser en vol un avion américain : ce qu’a dit Jasper Shuringa, le passager qui a bondi de son siège pour maîtriser Umar et éteindre le début d’incendie :

« Il tremblait. Il n’a opposé aucune résistance. C’est tout simplement difficile de croire qu’il était en train d’essayer de faire sauter l’avion. Il était en transe. Il avait très peur. »

Le fait qu’il n’ait pas résisté laisse planer de sérieux doutes sur ses capacités de « jihadiste » tout comme Reid d’ailleurs. Les deux semblaient présenter au moment des faits des attitudes et comportements de personnes sous l’emprise de stupéfiants.

La narration officielle simpliste faite de ces évènements et colportée complaisamment par les médias de masse commence à s’effriter alors que de nouvelles informations émergent.

Un an à peine après son investiture, Barack Obama a endossé la politique étrangère de « guerre contre le terrorisme » (ou « guerre contre Al Qaïda ») de Bush II en ce qui concerne les états que les US qualifient de « voyous » comme le Yémen et la Somalie.

Au Yémen, selon le New York Times, la CIA est déjà très active depuis plus d’un an dans le cadre d’opérations clandestines et la formation d’agents gouvernementaux de contre insurrection. Dans les 18 mois à venir, le gouvernement US va dépenser 70 millions de $ pour financer le déploiement et l’entrainement de forces spéciales US et pour équiper les forces armées yéménites, soit le double de ce qui avait été dépensé auparavant.

L’administration Obama essaie de développer des relations de vassalité avec l’actuel président du Yémen, Ali Abdullah Saleh. Ce pays occupe une position stratégique dans la péninsule arabique et selon Christopher Boucek, spécialiste du Yémen à la Carnegie Endowment for International Peace à Washington « les problèmes de sécurité au Yémen ne sont pas l’affaire du seul Yémen… ce sont des problèmes régionaux et ils affectent également les intérêts occidentaux ». Autrement dit, l’interventionnisme guerrier américain a trouvé une nouvelle proie : ce pays pauvre, instable, dont les dirigeants sont facilement manipulables.

Les USA se sont fait une spécialité d’attaquer ce genre de pays faible stratégiquement bien situé.

Obama peut compter sur « l’opposition » à Washington pour lui faire endosser cette nouvelle « guerre de nécessité ». Certains sénateurs faucons républicains, mais aussi Joe Lieberman, un sioniste américain à l’avant-garde de toutes les initiatives guerrières des US, ont déjà exigé d’Obama qu’il lance une attaque « préventive » contre ces « nids de terroristes d’Al Qaïda » au Yémen.

Mais, l’opinion publique américaine, majoritairement contre de nouvelles guerres, n’est pas prête à accepter une nouvelle guerre de « nécessité ». Pour finir de la persuader d’échanger liberté contre fausse sécurité, le totalitarisme qu’il soit le fait d’un président blanc ou noir adopte toujours les mêmes méthodes : faire régner la terreur au besoin en montant de fausses attaques, ce que l’on appelle une opération sous faux pavillon.

L’affaire Umar – montée en épingle par des médias dont le rôle principal c’est de battre le rappel des troupes comme le fait si bien le New York Times qui s’évertue à vendre à cette opinion publique américaine une attaque « préventive » contre un pays repère de « terroristes » – présente des éléments troublants qui font penser à ce genre d’opération.

http://www.geostrategie.com/2310/les-invraisemblances-de-l%E2%80%99attentat-manque-du-vol-amsterdam-detroit

« Année du renouveau », nouvelles régressions

Voilà que nous avons entamé « l’année du renouveau », selon l’appellation saugrenue de Sarkozy. Ce qui se renouvelle, surtout, c’est l’activité destructrice du gouvernement et du patronat. La taxe carbone – qui n’est qu’un prétexte « écologique » pour transférer le fardeau de la fiscalité sur les ménages, et compenser ainsi le cadeau fait aux capitalistes par la suppression de la taxe professionnelle – réapparaîtra sous une forme légèrement modifiée. Les suppressions de postes dans l’Education nationale et les hôpitaux se poursuivront, elles aussi, tout comme le harcèlement des chômeurs et la répression des travailleurs sans papiers. De même, les retraites sont de nouveau dans le collimateur. Effectivement, à bien des égards, 2010 ne sera qu’un « renouvellement » de ce que nous avons subi en 2009, en 2008, en 2007 et bien au-delà !

Sarkozy prétend que 2009 a été « une année difficile pour nous tous ». Tous ? Il est permis d’en douter. Le chef de l’Etat a joui pleinement – tout au long de l’année – de l’énorme augmentation de salaire qu’il s’est accordée, en début de mandat. Peu de travailleurs peuvent se payer des repas au Fouquet’s – qui, soit dit en passant, est loin d’être le restaurant le plus cher fréquenté par le président. Après ses vacances de luxe à la charge de ses amis, après ses déplacements en grande pompe qui remplissent trois ou quatre avions aux frais de la collectivité, on nous a annoncé le « renouvellement » de la totalité des huit avions de la flotte présidentielle. En outre, Sarkozy ne voyait pas pourquoi il n’aurait pas, à sa disposition exclusive, un avion aussi luxueux que l’Air Force One du président des Etats-Unis. D’où une dépense de 185 millions d’euros pour l’aménagement spécial d’un A330. Le coût de l’heure de vol, sur cet engin, sera de 20 000 euros, contre 12 000 euros pour un A319. Les extravagances de Nicolas Sarkozy, en ces « temps difficiles », ne s’arrêtent pas là. Nous pourrions également parler des dîners diplomatiques à 5000 euros par tête, lors du sommet de l’Union pour la Méditerranée.

Mais il n’y a pas que Sarkozy. Les banquiers – renfloués avec l’argent public – affichent des bilans dorés. Comme l’ensemble de la classe capitaliste, ils ne souffrent pas de la crise. Les capitalistes n’en sont pas les victimes, mais la cause. La crise ne tombe pas du ciel. Elle est la conséquence de l’action des capitalistes pour défendre leurs profits. Quand ils délocalisent une entreprise, provoquant la ruine de centaines de familles, ils le font pour en augmenter la rentabilité. Les profits grimpent en même temps que le nombre de chômeurs. Tout le système « fonctionne » au détriment de la majorité de la population. Des emplois disparaissent massivement. Les plus durement touchés sont les salariés en CDD et autres contrats précaires. Les salaires stagnent ou baissent, les primes, les intéressements et autres avantages sautent. Rares sont les salariés qui n’ont pas vu leurs revenus baisser d’une façon ou d’une autre. L’augmentation des prix de pratiquement tous les produits de consommation courante – quoi qu’en disent les statistiques officielles – est une évidence pour tout le monde. Année après année, mois après mois, le pouvoir d’achat de l’euro dégringole.

Quelles sont les perspectives sociales et politiques qui découlent de cette situation ? Il y a en ce moment, il est vrai, une certaine désorientation, un sentiment d’impuissance, chez nombre de travailleurs, y compris dans la couche politiquement et syndicalement la plus active de la classe ouvrière. Ce n’est pas difficile à expliquer. La crise les a pris de court. Aucune des directions des grandes organisations syndicales et politiques ne les avait prévenus de ce qui les attendait. En outre, malgré d’immenses manifestations, malgré des grèves, des occupations d’usines, rien ne semble pouvoir arrêter le rouleau compresseur de la régression sociale. Par expérience, ils doutent fort que les dirigeants actuels des partis de gauche soient une alternative crédible. Lorsqu’elle a été au pouvoir, depuis 1981, la gauche n’a été que le masque temporaire derrière lequel le système capitaliste continuait de tourner, comme toujours.

Les événements actuels en Iran et dans plusieurs pays latino-américains, où l’on assiste à une entrée massive de la population dans l’arène politique, peuvent sembler impensables en France ou dans d’autres pays européens. Mais ceci n’est qu’une impression superficielle. En Iran, au Venezuela ou en France, les mêmes lois historiques s’appliquent. Lorsque l’ordre existant fait la démonstration, sur une période plus ou moins longue, de son incapacité à répondre aux besoins essentiels de la masse de la population, et lorsque cette masse réalise qu’il ne s’agit pas d’une crise passagère, surmontable au moyen de quelques réformes, alors vient à l’ordre du jour une confrontation majeure entre les classes. Le mouvement communiste et syndical doit s’y préparer.

http://www.lariposte.com/Annee-du-renouveau-nouvelles-regressions-1309.html

La guerra invisible

Los manuales de muchos celulares, computadoras y videojuegos deberían añadir: “Este aparato contribuyó a la muerte de cinco millones de seres humanos en la República Democrática del Congo”

Justo Planas

A los efectos legales, incluso de la Organización de las Naciones Unidas, desde el 2003 en la República Democrática del Congo (RDC) no hay guerra. El enfrentamiento armado que más muertes ha provocado después de la Segunda Guerra Mundial se refleja en los medios de comunicación como un tema distante y poco atractivo, aun cuando en esta nación cada dos días ocurre un genocidio semejante al del 11 de septiembre en Estados Unidos sin que casi nadie lo sepa.

Cada 24 horas el ginecólogo congolés Denis Mukwege atiende a alrededor de 10 mujeres violadas. Muchas de las pacientes, algunas de ellas niñas de solo tres años de edad, llegan a su consulta con las entrañas destruidas por las bayonetas o las estacas. En la RDC, el terrorismo sexual es también un arma de guerra.

En el 2004, más de 100 civiles morían diariamente en ese país por causa de enfrentamientos militares, enfermedades prevenibles o curables, y sobre todo por la escasez de alimentos. Las cifras no han disminuido.

Según datos de la ONU, casi un millón de personas abandonaron sus hogares en los dos últimos años. Los que todavía permanecen en ellos se han quedado en varias ocasiones sin pertenencias, incluso sin casa, como resultado de los constantes saqueos de cualquier bando militar.

La Guerra Mundial Africana

Así se le conoce también a la Segunda Guerra del Congo, no solo porque en ella participaron nueve países del continente, sino también porque en los enfrentamientos han muerto alrededor de 4 millones de personas, casi el 90% de ellas por hambre y enfermedades curables. Según la versión oficial, comenzó en 1998 y terminó en el 2003. Pero todavía hoy la RDC no respira la paz, y sus ciudadanos sufren los abusos de militares extranjeros desde mucho antes de su inicio oficial.

Algunas potencias del primer mundo costean las incursiones de Uganda y Ruanda, a partir de enmascaradas “contribuciones al desarrollo”. A esta última nación la agencia de ayuda británica DFID le prometió en el 2000 un préstamo de 95 millones de dólares. Pero ¿qué necesidad tiene de ayuda el gobierno ruandés si en el 2001 invirtió 60 millones en operaciones militares contra el Congo?

Sucede que en la RDC existe el 80% del coltán del planeta, un escaso recurso que algunos consideran el mineral del siglo XXI, y una pieza clave en la fabricación de casi todos los dispositivos electrónicos modernos; no obstante, los congoleses apenas han podido explotarlo en beneficio propio. Su vecina Ruanda ha tenido mejor suerte; apenas cuenta con yacimientos de este material, pero le reportan cada mes 20 millones de dólares. ¿Cómo es posible?

Algunas organizaciones internacionales, entre ellas la ONU, han acusado a 34 empresas transnacionales por comprarle a esta nación el coltán que extrae ilegalmente del Congo; entre ellas IBM, Nokia, Intel y Motorola. Sin embargo, ni las máximasautoridades de sus países de origen han tomado medidas, ni los grandes medios de comunicación han divulgado la noticia.

No en balde, el ex presidente norteamericano George H. Bush (padre) es uno de los principales accionistas de la American Mineral Fields, involucrada en el asunto. Sam Bodman, secretario de Energía durante la gubernatura de Bush hijo, lideró a su vez Cabot Corp, otra de las compañías desenmascaradas por la ONU después de una investigación de tres años. Y Nicole Seligman, la actual vicepresidenta ejecutiva de Sony, fue en su tiempo consejera legal de Bill Clinton. Era de esperar entonces que en Estados Unidos, el Departamento de Estado se negara a investigar la relación que existe entre sus compañías y la guerra en el Congo.

Para naciones como Alemania, Francia y Bélgica también resulta demasiado peligroso comprometer sus industrias electrónicas. Podrían ganarse otra catástrofe como la de Sony, que tuvo que aplazar la segunda versión de Play Station porque en Brasil, Australia y Tailandia —sus principales exportadores— comenzó a escasear el coltán. Incluso la Misión de las Naciones Unidas en la RDC, creada para establecer la paz, ha dejado desde su llegada al Congo una estela de descontentos. No han sido pocas las

manifestaciones civiles que piden su retirada. Algunos afirman que los cascos azules se han sumado al tráfico, otros aseguran que apoyan a las tropas enemigas.

Sobre su existencia pesa una pregunta tan rotunda como cualquier evidencia: ¿Cómo es que sus casi 20 mil efectivos apertrechados con armas modernas no han logrado neutralizar el conflicto entre una guerrilla fabricada y las fuerzas del gobierno? Tal parece que para estos soldados de paz la recompensa en papel verde importa más que la misión encomendada por la ONU.

Por las fronteras de la RDC se escapan seis millones de dólares en coltán cada día. No obstante, las potencias que terminan enriqueciéndose con esta sangría no les hacen préstamos para que pague a sus soldados y compre municiones. ¿Cómo hacerlo, si esta guerra es la pieza clave de su negocio?

En cambio, Ruanda y Uganda aparecen en todas las revistas importantes (que se reducen a las del primer mundo con propietarios millonarios) como los ejemplos de desarrollo en África. Los países primermundistas y sus organismos como el Banco Mundial y el FMI hasta les han cancelado parte de la deuda externa. Además, el presidente ruandés Paul Kagame, quien recibió entrenamiento militar en Estados Unidos, es considerado un estadista modélico.

En verdad, Kagame ha logrado, con una astucia modélica, exportar el coltán congolés como si fuera de Ruanda, aunque las ventas sumen ya el doble de las reservas de sus yacimientos; y cuando la astucia no le alcanza, sus compradores le prestan un poco y declaran que sus adquisiciones provienen de Brasil o Tailandia.

Los billetes piadosos

A pesar de las amenazas occidentales, el gobierno de la RDC apostó por acuerdos con la República Popular China, y ganó. Las multinacionales europeas y norteamer icanas le pagan entre el 5 y el 12% del valor de las riquezas que extraen en su territorio. En realidad, pagan solo algunas, porque otras las toman clandestinamente debido al escaso control de las autoridades.Mientras, Beijing les ofrece el 30%, además de la construcción de hospitales, puertos, carreteras... China ha invertido 6 mil millones de dólares en el Congo, cuando toda la comunidad internacional en conjunto solo llega a 900 millones. En este scenario, los intereses de las grandes potencias se vieron afectados y decidieron transformar sus estrategias en el Congo.

En pocos meses, Ruanda le retiró su apoyo al líder de la oposición militar de la RDC, Lauren Nkunda, sobre quien pesa desde el 2005 una orden de búsqueda y captura. Como no hacía desde 1998, se alió al gobierno congolés y en una operación conjuntalograron detenerlo, aunque todavía permanece en Cisenyi (Ruanda) sin fecha de extradición.

Pero en un acto de mimetismo político, para que el negocio siga en las mismas manos, el Congreso Nacional para la Defensa del Pueblo, que operaba bajo la dirección de Nkunda, se convirtió en un partido político oficial, y algunos de sus miembros se alistaron en el ejército nacional.

De todas formas, como la mano de hierro lleva ahora guantes de seda, los nuevos amigos planearon una visita de cortesía. El Presidente francés pasó en marzo por el Congo y dijo que esta nación debía repartir sus riquezas con los vecinos, a la vez que sugería que los minerales de Kivu “deben ser explotados conjuntamente por el Congo y Ruanda”.

Hillary Clinton no quiso quedarse atrás y en su gira africana aconsejó: “La comunidad internacional tiene que evitar que la riqueza mineral del Congo acabe en las manos de quienes alimentan la violencia”. Seguro que fue un momento de amnesia histórica.

El millón de niños huérfanos en la RDC, las mujeres violadas, los hambrientos, ninguno de ellos la escuchó. Pero deben estar esperando lo mismo. “Si el Congo se quedara de una vez sin recursos...”, deben pensar. Pero eso no va a suceder en largo tiempo. Han tenido la desgracia de nacer en una de las regiones más ricas en recursos naturales del mundo.

http://www.trabajadores.cu/materiales_especiales/columnistas/justo-planas-cabreja/la-guerra-invisible

Dubai, la nueva Torre de Babel

Un emirato del Golfo en que opulencia y crisis económica marchan de la mano

Juan Dufflar Amel

Tan elevada como espectacular, la Torre Burj Califa, la más alta del mundo, recién inaugurada en Dubai, es la multimillonaria deuda pública de este pequeño estado del Golfo, integrante de los Emiratos Árabes Unidos, en el que opulencia y crisis económica marchan de la mano en paradójico contraste.
Los EAU forman un conjunto de estados situados al sudeste de la península arábiga en el Golfo Pérsico (Oriente Medio), integrado por siete emiratos: Abu Dabi, Ajmán, Dubái, Fujaira, Ras el Jaima, Sarja y Um el Kaiwain. Limitan con Omán al sureste y al norte, y con Arabia Saudita al oeste y sur.
La construcción de este monumental complejo inmobiliario de 828 metros de altura y 190 pisos, se realizó a un costó mil 500 millones de dólares y en su ceremonia de inauguración participaron seis mil invitados.
La Torre es considerada una obra magistral de arquitectura, otra de las maravillas del mundo moderno y el símbolo del desmedido crecimiento de Dubai. La enorme mole de acero y vidrio supera en unos 300 metros al que hasta entonces fuera el rascacielos más alto del mundo, la torre Taipei 101, en Taiwan, construida en 2004 con una altura de 508 metros.
Burj Califa es el elemento central de un gigantesco programa inmobiliario de 20 mil millones de dólares del nuevo barrio Downtown Burj Dubai", que incluye 30 mil apartamentos y el mayor centro comercial del mundo.
Según las autoridades del país se espera que este sea el último de los majestuosos proyectos que le han dado fama al pequeño emirato, entre ellos una isla artificial en forma de palmera construida por el gigante inmobiliario Nakheel, señalado por sus críticos como responsable en parte de las dificultades financieras de Dubai.
El esplendor de la Torre, una verdadera “ciudad vertical” concebida para estimular las inversiones inmobiliarias, no pudo ocultar las dificultades económicas por la que atraviesa el país, cuya deuda pública supera los 100 mil millones de dólares.
Un hecho significativo es que durante la fastuosa ceremonia, el edificio, que iba a llamarse Burj Dubai, fue rebautizado Burj Califa en honor al emir de Abu Dhabi y presidente de los Emiratos Arabes Unidos, Khalifa ben Zayed al-Nahayan, que aportó a Dubai 25 mil millones de dólares para evitar la bancarrota de la ciudad-estado.
Las insuficiencias financieras de Dubai sacudieron a los centros bursátiles de poder internacional cuando el 25 de noviembre pasado el emirato pidió la moratoria de pago de miles de millones de dólares ligadas a la Dubai World y sus unidades inmobiliarias.
En Dubai, país de los petrodólares, junto a la magnificencia de los más de 640 rascacielos, perviven focos de una gran pobreza y casi un millón de inmigrantes asiáticos, que habitan en barracones y dormitorios colectivos,enfrentan la inflación y la escasez de alimentos en la capital comercial de los opulentos Emiratos Árabes.
Si el “boom” de los altos precios del petróleo que hace dos años superaron los 130 dólares por barril convirtió a Dubai en un hervidero de construcciones que dieron empleo a más de 700 mil trabajadores inmigrantes -en su mayoría asiáticos- y fuente de mano de obra barata, su abrupta caída generó una contracción económica que obligó al gobierno al no cumplimiento de sus compromisos financieros y a solicitar una suspensión de los pagos de sus deudores.
Nada en esta “capital mundial del derroche”, parecía indicar que una crisis financiera estaba sumiendo al planeta en la recesión, pero el anuncio de la mora solicitada por Dubai, fue un llamado de alerta acerca de su situación económica.
El denominado “milagro de Dubai” languidece ahora tras el temor
a un “crash” inmobiliario, que ahuyenta la inversión extranjera, un decisivo factor de desenfrenado crecimiento en los últimos seis años impulsado por los altos precios del petróleo, que le ha permitieron expandir los sectores inmobiliario, financiero y turístico.
La Torre Burj Califa es más bien un remedo de la antigua Torre de Babel, en la que opulencia y pobreza no hablan el mismo idioma.

http://www.trabajadores.cu/materiales_especiales/columnistas/juan-dufflar-amel/dubai-la-nueva-torre-de-babel-columnista

El primer ministro de Letonia acude a una adivina para conocer el futuro económico de su país

El primer ministro de Letonia, Valdis Dombrovskis, confesó hoy que acudió a una adivina con la esperanza de saber qué destino le espera a su país, cuya economía registra la mayor caída de toda la Unión Europea.

"No me atrevo a pronosticar el futuro. Fui a una adivina, pero creo que sus predicciones no fueron del todo precisas", declaró a la emisora capitalina SWH el jefe del Gobierno, sin aclarar qué fue lo que le dijo exactamente la futuróloga.

La crisis económica ha golpeado con extrema dureza la economía letona (la más afectada por la recesión en toda la UE), con una tasa de desempleo que en noviembre del año pasado alcanzó el 22,3 por ciento, según datos recientes de la oficina estadística de la UE, Eurostat.

En términos interanuales, el Producto Interior Bruto de Lituania registró un desplome en los últimos doce meses de más del 19 por ciento.

http://www.publico.es/internacional/284190/primer/ministro/letonia/acude/adivina/conocer/futuro/economico/pais

Des soldats américains partagent leur prise de conscience

Mondialisation.ca, Le 8 janvier 2010

Une intervention remarquée de Mike Prysner, jeune vétéran de la guerre d’Irak, lors d’un récent colloque organisé par l’association "Vétérans d’Iraq contre la guerre" (IVAW) appelant la population à la lucidité. Celle de reconnaître qui sont les véritables instigateurs de cette guerre, de ces guerres, initiées et entretenues sur base de motifs fallacieux, au mépris de toute dignité humaine et dans l’hypocrisie générale. Mise en ligne le 01/01/2010. Sous-titrage : Jean-Luc Guilmot - www.vigli.org



"Let the Plunder Begin": The Return of Robert Rubin

Mike Whitney - Global Research, January 8, 2010

"Capitalism is the astounding belief that the most wickedest of men will do the most wickedest of things for the greatest good of everyone." John Maynard Keynes

There's no denying that the economy is getting better, but will it last? Many economists don't think so, including experts at opposite ends of the ideological spectrum, like Paul Krugman and Martin Feldstein. They think the economy will begin to fizzle sometime in the latter part of 2010 when Obama's $787 billion fiscal stimulus runs out and consumers are forced to pick up the slack in demand. That's a safe bet, too, considering that unemployment will still be somewhere in the neighborhood of 9 percent and households will still be digging out from the $13 trillion they lost during the crisis. And the fact that the Fed is planning to end its quantitative easing (QE) program in early April, doesn't help either. That will just suck more liquidity out of the system and push long-term interest rates higher. When that happens, housing prices will fall, inventory will rise, and a surge in foreclosures will put more pressure on the banks balance sheets. That's why the pros are so glum, because they know the economy needs a second dose of stimulus to stay on track, but the politicos are dead-set against it. Congress is afraid of the backlash from voters in the upcoming midterm elections. They'd rather drive the economy back into recession then risk losing their jobs.

Despite the propaganda in the media, stimulus works. In fact, Goldman Sachs attributes all of last quarter's (positive) growth to Obama's stimulus. Here's how Nobel prize winning economist Joseph Stiglitz sums it up in his China Daily article "Harsh lessons we may need to learn again":

"Keynesian policies do work. Countries, like Australia, that implemented large, well-designed stimulus programs early emerged from the crisis faster. Other countries succumbed to the old orthodoxy pushed by the financial wizards who got us into this mess in the first place.

Whenever an economy goes into recession, deficits appear, as tax revenues fall faster than expenditures. The old orthodoxy held that one had to cut the deficit - raise taxes or cut expenditures - to "restore confidence." But those policies almost always reduced aggregate demand, pushed the economy into a deeper slump, and further undermined confidence."

When consumers are forced to cut back on spending, because they're too far in debt or worried about their jobs, the government has to step in and make up the difference or the economy goes into a tailspin. The deficits need be big enough to maintain aggregate demand while the private sector regains its footing. Otherwise, consumer spending declines, which lowers earnings and forces businesses to lay off more workers. It's a viscous circle. But if the stimulus is distributed wisely, multipliers kick in and help to lift the economy out of the doldrums. Here's a good breakdown of how it works from an article in the New York Times:

"Every dollar of additional infrastructure spending means $1.57 in economic activity, according to Moody’s, and general aid to states carries a $1.41 "bang" for each federal buck. Even more effective are increases for food stamps ($1.74) and unemployment checks ($1.61), because recipients quickly spend their benefits on goods and services.

By contrast, most temporary tax cuts cost more than the stimulus they provide, according to research by Moody’s. That is true of two tax breaks in the stimulus law that Congress, pressed by industry lobbyists, recently extended and sweetened — a tax credit for homebuyers (90 cents of stimulus for each dollar of tax subsidy) and extra deductions for businesses’ net operating losses (21 cents). " ("New Consensus Sees Stimulus Package as Worthy Step " Jackie Calmes and Michael Cooper, New York Times)

So far, the stimulus has done exactly what it was designed to do; give the economy a big enough boost to get through a deflationary rough patch. Unemployment is flattening out, manufacturing is expanding again, the stock market keeps climbing higher, and a recent survey of individual investors shows the highest ratio of bulls-to-bears since 2007. That's a good start, but the economy is still weak and needs more help. So why are policymakers so eager to take the patient off the ventilator before he can breathe on his own again?

Politics, that's why.

The congress is worried about voter rage at the ballotbox, but that doesn't explain why Obama has started moaning about slashing deficits in the middle of a severe slump. The administration's agenda is entirely different than congress's. The White House economics team is trying to garner support for policies that will strap the faltering economy into a fiscal straightjacket and pound the green shoots into mush. All the railing against deficits is just empty blather backed by junk economics.

Here's ex-Treasury Secretary Robert Rubin--one of the chief architects of the global financial crisis--articulating the position of his proteges at 1600 Pennsylvania Ave.

Robert Rubin: "Putting another major stimulus on top of already huge deficits and rising debt-to-GDP ratios would have risks. And further expansion of the Federal Reserve Board's balance sheet could create significant problems.... Today's economic conditions would ordinarily be met with expansionary policy, but our fiscal and monetary conditions are a serious constraint, and waiting too long to address them could cause a new crisis....

First, there must be sound fiscal and monetary policies. The United States faces projected 10-year federal budget deficits that seriously threaten its bond market, exchange rate, economy, and the economic future of every American worker and family. Those risks are exacerbated by the context of those deficits: a low household-savings rate, even after recent increases; large funding requirements for federal debt maturities every year; heavy overweighting of dollar-denominated assets in foreign portfolios; worsened fiscal prospects in the decades after the current 10-year budget period; and competing claims for capital to fund deficits in other countries." ("Getting the Economy back on track" Robert Rubin, Newsweek)

Interesting. Rubin admits that the recession "would ordinarily be met with expansionary policy", but suggests that he has a better remedy than stimulus. Does that make sense? After all, it was Keynes counter-cyclical public spending (stimulus) that just produced positive GDP for the first time in 4 quarters, whereas, it was Rubin's deregulation of the financial system that pushed the global economy to the brink of disaster. There's no question of whose theory is more credible or likely to work. Even so, it's worth considering what Rubin has to say, because it clarifies the views of Obama's chief economics advisors Geithner and Summers. After all, the trio is joined at the hip.

Rubin again: "The American people are growing increasingly concerned about deficits, creating a public environment more conducive to political action. And the Obama administration, in my view, has a deep understanding of the critical importance of addressing this issue..... "

Indeed. So, Obama has already joined the ranks of the deficit terrorists.

Rubin again: "As President Obama and the other G20 leaders warned, restrictive trade measures in response to the current crisis could lead to highly destructive trade wars. For the long run, we should continue pursuing the open markets that the Peterson Institute for International Economics, a Washington think tank, estimates have added $1 trillion to America's current GDP."

So Rubin is working for Peterson? That explains everything. Here's an excerpt from a Dean Baker article which appeared in the UK Guardian this week:

"Peter Peterson is a Wall Street billionaire and former Nixon administration cabinet member who has been trying to gut Social Security payments and Medicare for at least the last quarter of a century. He has written several books that warn of a demographic disaster when the baby boomers retire. These books often include nonsense arguments to make his case. For example, in one of the books making his pitch for cutting social security as matter of generational equity, Peterson proposes reducing the annual cost of living adjustment." (Guardian)

Ah ha! So, the real goal is to slash spending to impose onerous austerity measures that will lay the groundwork for dismantling critical social programs, like Social Security, Medicaid and Medicare. That's why Rubin is working hand-in-hand with his allies in and out of the White House. It has nothing to do with what's best for the country. It's another looting operation spearheaded by the same band of Wall Street pirates who just blew up the financial system.

Rubin again: "For American workers, sustained growth is the most powerful force for higher wages and greater personal economic security....The dynamism of American society, its flexible labor and capital markets, its entrepreneurial spirit and the sheer size of its economy, are great strengths for succeeding in a rapidly transforming global economy....Finally, in an increasingly interdependent world, transnational issues key to all of us can only be addressed through effective global governance."

Yada, yada, yada. More free trade, more outsourcing, more off-shoring, more lost jobs, more structural adjustment (at home, this time) more privatization, more screwball globalist Utopianism. It's all right out of the Neoliberal playbook, corporate America's sacred text. And it looks President Moonbeam is marching in lockstep with the rest of the hucksters.

Face it; the Obama administration is less interested in engineering a strong recovery than they are with micromanaging a protracted downturn. That's because a long drawn-out mini-Depression puts the Rubin troupe right where they want to be---with one hand choking the life out of the economy while the other steals whatever is left in the national vault.

La guerre contre le terrorisme est destinée à faire peur aux gens, pas à les protéger (The Guardian)

Gary Younge

Ainsi donc, il n’y avait aucune bombe à retardement qui faisait tic-tac. Aucune nécessité d’infliger des tortures pour soutirer des informations qui auraient permis de sauver in extremis la civilisation tout entière. Aucune nécessité de procéder à des écoutes téléphoniques, de construire des prisons spéciales ou de violer le droit international. Aucun innocent à faire enlever chez lui et à expédier vers l’autre côté de la planète et à soumettre à la torture de la noyade. Il s’avère que les drones, les bombes d’une demi-tonne, les invasions et les occupations n’étaient pas nécessaires.

En fait, lorsque le moment est arrivé, pour éviter une atrocité terroriste les autorités américaines n’ont même pas eu besoin d’aller chercher l’information. Le père du terroriste s’est présenté lui-même à l’ambassade des Etats-Unis au Nigeria pour les avertir que son fils, Umar Farouk Abdulmutallab, avait disparu et qu’il pouvait se trouver en compagnie de terroristes yéménites.

Entretemps, l’Agence de Sécurité Nationale US savait qu’Al Qaeda au Yémen préparait un Nigérian non identifié pour une attaque contre les Etats-Unis. Et pour couronner le tout, voilà Abdulmutallab lui-même, un Nigérian de 23 ans à destination de Détroit qui achète son billet en espèces, n’enregistre pas de bagages et ne fournit aucune adresse de contact. Pendant sept ans le gouvernement américain a manipulé l’opinion publique avec ses niveaux d’alertes terroristes multicolores. Mais lorsque tous les voyants étaient au rouge, il n’a rien fait.

Qualifier cette tentative « d’échec systémique », comme Barack Obama vient de le faire, est à la fois vrai et incorrect. Car une telle qualification ne fait que ramener toute l’étendue de l’amoralité, de la malveillance politique et de l’inconscience stratégique constante qui caractérise la réaction américaine aux attentats du 11/9 à une simple erreur de gestion.

« Le terrorisme est avant tout la peur du prochain attentat, » explique Arjun Appadurai dans “Fear of small numbers”. Pendant les années Bush, le terrorisme était couramment employé à des fins de contrôle social, de mobilisations militaires et électorales. Dans le même temps, les moyens administratifs qui auraient pu permettre d’empêcher la prochaine attaque faisaient cruellement défaut. En un mot comme en cent, la stratégie anti-terroriste de Bush n’était pas destinée à protéger les gens mais à les effrayer.

Afin de galvaniser la nation en prévision d’une guerre à l’étranger et d’endormir la population en prévision d’une répression à domicile, l’administration précédente a monté une menace terroriste qui était devenue omniprésente dans le temps, apocalyptique par son ampleur et imminente par nature. Ce n’est qu’à partir de là qu’ils ont pu opposer les droits de l’homme et la sécurité, comme s’ils étaient non seulement contradictoires mais mutuellement incompatibles.

Al Qaeda ne s’est pas fait prier. Dans un tel état de crise permanente, ce sont les terroristes et les réactionnaires qui prospèrent. Les terroristes arrivent à créer un climat de peur ; les gouvernements réussissent à exploiter cette peur et étendre leurs pouvoirs.

« Je suis absolument convaincu que la menace à laquelle nous sommes actuellement confrontée, celle d’un terroriste au milieu d’une ville avec une arme nucléaire, est très réel et que nous devons employer des mesures exceptionnelles pour la gérer, » a dit l’ancien vice-président Dick Cheney.

Le problème c’est que, même selon leurs propres critères douteux, aucune de ces « mesures exceptionnelles » n’a jamais marché. Aucune nouvelle loi n’était nécessaire pour empêcher le 11/9. Si les services d’immigration, le FBI et la CIA avaient fait correctement leur travail, les attaques auraient pu être évitées.

Néanmoins, au lendemain du 11/9, le gouvernement US s’est lancé dans la « détention préventive » d’environ 5000 hommes sur foi de leur lieu de naissance et a procédé ensuite à 19000 « interviews volontaires ». Au cours de l’année suivante, plus de 170.000 hommes de 24 pays à majorité musulmane et de la Corée du Nord ont eu leurs empreintes digitales relevées et ont été interrogés dans le cadre d’un programme « d’enregistrement spécial ». Il n’en est sorti pas une seule condamnation pour terrorisme.

Mais le pli était pris pour les années à venir : écoutes téléphoniques, enlèvements extraordinaires, tortures, opérations clandestines. Ceux qui d’habitude critiquent le gouvernement se sont mis à exiger plus de pouvoirs pour le gouvernement, même lorsque les résultats étaient pour ainsi dire nuls. Lorsqu’on les confrontait à ce résultat lamentable, leur seule réponse était la menace de la prochaine attaque. « La prochaine fois, la preuve pourrait survenir sous la forme d’un champignon nucléaire » a déclaré Condoleezza Rice, qui a ajouté : « Eux, il leur suffit de réussir une seule fois. Nous, nous sommes obligés de réussir à chaque fois. » Cette dernière semaine, même une réussite "de temps en temps" aurait été déjà pas mal.

Il n’y a pas grand-chose à défendre ici. La responsabilité pour Abdulmutallab revient à Obama. Il a été au pouvoir depuis plus longtemps que Bush lorsque ce dernier a reçu le rapport du FBI intitulé « Ben Laden est déterminé à attaquer les Etats-Unis sur leur territoire ». L’administration Bush était peut-être plus alarmiste et agressive, mais malgré ses tons rassurants, Obama n’a pas touché à l’appareil de répression que Bush a mis en place. Obama s’est exprimé en faveur de procès devant des commissions militaires pour les prisonniers de Guantanamo tandis que son chef de la CIA a exprimé sa volonté de maintenir les enlèvements extraordinaires. Pendant ce temps, les photos des tortures et les documents décrivant ces « interrogatoires poussés » restent sous scellés.

« Leon Panetta a été enrôlé de force par ceux qui ont mené la croisade en faveur de la mise en place du programme d’interrogatoires, » a déclaré un ancien officier de la CIA au Washington Post. Présenter la guerre en Afghanistan comme la ligne de front de la guerre contre le terrorisme est un bon exemple de délire. Al Qaeda est désormais plus présent au Pakistan, un pays allié des Etats-Unis, qu’en Afghanistan et la dernière menace est venue du Yémen. Le terrorisme est une stratégie, pas un lieu – les bombardements massifs et les occupations ou conquêtes échoueront, inévitablement.

Etant donné la nature du terrorisme, on peut prédire avec une macabre certitude qu’une autre attaque aura lieu. Avant le 11/9, il y a eu l’attentat d’Oklahoma City et avant cela un autre attentat au World Trade Center. Dans un pays où le fait de tirer sur des innocents dans une école, université, église ou café est un acte relativement courant, il va sans dire qu’un seul individu perturbé et armé, avec ou sans objectif précis, peut réaliser un bon petit carnage. Si plusieurs forment une équipe et ont des moyens, les dégâts peuvent être énormes. Tout ce que les autorités peuvent raisonnablement espérer, c’est de limiter les risques.

Les Etats-Unis ont fait le contraire. Grâce à la guerre et la torture, ils ont fait gonfler le nombre de personnes qui aimeraient leur faire du mal. On a beaucoup parlé de la radicalisation d’Abdulmutallab lors de son séjour à Londres. Mais il a bien fallu le radicaliser avec quelque chose. A Abou Ghraib, Haditha, Fallujah et ailleurs, les Etats-Unis ont fourni de nombreuses raisons.

Pendant ce temps, il apparait que dans les services de renseignement qui sont censés combattre le terrorisme, lorsqu’un terroriste potentiel attire l’attention, il est repéré par tous les radars. Et pourtant, étrangement, trop souvent, il arrive à passer inaperçu.

Alors au lieu de réduire le risque, les politiciens l’invoque. « S’il y a 1 % de chances que des scientifiques Pakistanais aident Al Qaeda à construire une arme nucléaire, » a déclaré Cheney un jour, « nous devons agir comme s’il s’agissait d’une certitude. Ce n’est pas une question d’analyse, mais de riposte. » Mais c’est justement parce que leurs analyses sont tellement fausses que leurs ripostes sont si inadaptées. Si les choses ne s’améliorent pas, il y a un gros risque que la campagne US contre le terrorisme se répète : d’abord comme une farce, ensuite comme une tragédie.

http://www.guardian.co.uk/global/20...

http://www.legrandsoir.info/La-guerre-contre-le-terrorisme-est-destinee-a-faire-peur-aux-gens-pas-a-les-proteger-The-Guardian.html
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