À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

15/05/2010

Rassurer les marchés financiers et les spéculateurs, ou les démanteler ?

Jacques Nikonoff

Après le « sommet » européen qui s’est tenu à Bruxelles du 7 au 9 mai 2010 à propos de la crise de l’Union européenne, jamais la confusion n’avait été aussi profonde. Il se dit et s’écrit n’importe quoi. La tâche n’est pas facile pour les citoyens de base qui veulent tenter de suivre les évènements, comprendre les décisions prises et en saisir le sens. D’autant que la matière n’est pas d’un accès aisé et que personne ne fait vraiment d’efforts pour la rendre accessible aux gens de tous les jours.

julien

Toutes ces questions, complexes mais assimilables à qui fait l’effort de comprendre, deviennent un enjeu politique de masse. Ou plus exactement doivent le devenir. Car il devient chaque jour un peu plus probable que la campagne de l’élection présidentielle de 2012 – qui a déjà commencé – soit menée sur le thème de la dette publique. Ce sera l’intérêt de Sarkozy et de Strauss-Kahn si, par malheur, il était le candidat du PS. Sans parler des seconds couteaux que sont Bayrou et de Villepin qui n’ont rien à dire et qui trouveront là un excellent terrain.

Essayons d’y voir clair :

I.- SE MÉFIER DES GRANDS MÉDIAS

Les grands médias, une nouvelle fois, se distinguent par leur partialité au service des puissants, leur absence totale d’esprit critique, leur caractère moutonnier et souvent leur incompétence. Des tombereaux d’âneries s’abattent sur une population désorientée.

Le lundi 10 mai 2010, au lendemain de cette réunion de Bruxelles, il était impossible de comprendre quoi que se soit en écoutant les émissions matinales des radios ou des télévisions. La lecture des journaux ne faisait qu’aggraver le malaise. Qu’on en juge :

* À la Une de Libération du 10 mai 2010 : « L’Union a proposé hier soir un méga-plan de secours de 500 milliards d’euros ».

* À la Une des Échos du 10 mai 2010 : « Les ministres des Finances prêts à mobiliser 600 milliards d’euros pour calmer les marchés financiers ».

* À la Une du Figaro du 10 mai 2010 : « Sarkozy et Merkel ont proposé hier soir un plan d’aide d’au moins 500 milliards d’euros ».

* À la Une du Monde daté du mardi 11 mai 2010 : « Un fonds de 750 milliards ».

Quel est le bon chiffre : 500, 600, 750 milliards d’euros ? Rappelons à ceux qui valsent allègrement avec les milliards – l’écart entre le bas et le haut de la fourchette est de 250 milliards !- que le financement d’un salaire moyen, cotisations sociales incluses, est de 40 000 euros par an. Avec 250 milliards d’euros il est donc possible de financer 6,25 millions de salaires !

Le Monde a étalé son incompétence, sur un sujet essentiel, dans son éditorial de Une du numéro daté du mardi 11 mai 2010. On peut lire en effet que Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, « a dû se résoudre à ce que son institution achète directement des emprunts d’État – ce qui revient à ‘‘monétiser’’ la dette – après avoir totalement écarté cette éventualité trois jours auparavant ».

Mais non ! Les auteurs de cet éditorial confondent marché primaire et marché secondaire des obligations. Le marché primaire est le marché du neuf, comme pour les voitures neuves, où l’on émet les obligations pour la première fois. Il y a « monétisation » lorsque ce sont les banques centrales et non les marchés financiers qui achètent les obligations directement à l’État. C’est ce que font de nombreuses banques centrales aux États-Unis, Japon, Grande-Bretagne, Suisse… Sauf la BCE !

Le marché secondaire est celui des titres d’occasion, là aussi comme pour les voitures, où celui qui a acheté un titre neuf (sur le marché primaire) peut le revendre (sur le marché secondaire) à celui qui voudra bien l’acheter. La décision prise par la BCE n’est absolument pas d’acheter les titres directement aux États lorsque ces derniers les émettent sur le marché primaire, mais de les acheter aux banques, sur le marché secondaire. Pas seulement pour aider les États, mais pour aider les banques en leur évitant une dévalorisation de leurs créances !

Une telle erreur commise par un journal qui se veut « de référence » traduit bien la confusion de la période. Elle est inexcusable. Elle jette le doute sur tout ce que peut écrire ce journal qui s’est bruyamment réjouit de l’austérité et dont l’action militante européiste est bien connue.

Ainsi, ceux qui voulaient se faire une idée des décisions prises à Bruxelles le week-end du 7 au 9 mai 2010 ne pouvaient compter pratiquent sur personne, ni sur les radios, ni sur les télévisions, ni sur les journaux. Pour comprendre, il était nécessaire d’aller à la source, sur les sites Internet de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne, de la Présidence de la République, du ministère des Finances… En mettant bout à bout des informations parfois exprimées dans un langage obscur, et à condition de disposer de plusieurs heures, il n’était pas possible de parvenir à ses fins !

La matière brute disponible, le mardi 11 mai 2010 en fin de matinée, était insuffisante et ne permettait pas de se faire une opinion précise sur les détails des décisions prises :

* La « Déclaration des chefs d’État ou de gouvernement de la zone euro » du 7 mai 2010.

* La conférence de presse du Président de la République française tenue à Bruxelles le 8 mai 2010.

* Le compte rendu de la « Participation de la France au dispositif de soutien aux États-membres de la zone euro » du ministère Finances du 9 mai 2010.

* Le communiqué de presse du Conseil de l’Union européenne du 10 mai 2010.

* Le communique de presse de la BCE, en anglais, du 10 mai 2010.

* Le communiqué de presse du Conseil extraordinaire des 9 et 10 mai 2010.

* Le compte rendu de la réunion ECOFIN du 10 mai 2010 fait par la Commission européenne.

II.- LES DÉCISIONS PRISES À BRUXELLES LE WEEK-END DU 7 AU 9 MAI 2010 REVIENNENT À INSTAURER L’HYPER-AUSTÉRITÉ

Selon le compte rendu de la réunion ECOFIN fait par la Commission européenne du 10 mai 2010, « Le Conseil et les États-membres ont décidé d’arrêter un ensemble complet de mesures pour préserver la stabilité financière en Europe, y compris un mécanisme européen de stabilisation financière d’un montant total pouvant atteindre 500 milliards d’euros ». Ces décisions peuvent être classées en deux catégories : les décisions opérationnelles et les décisions de bla-bla.

A.- Les décisions opérationnelles prises à Bruxelles

Ce sont trois décisions opérationnelles qui ont été prises à Bruxelles :

1.- « Assainissement » des finances publiques

« Assainissement », dans la langue du système de Bruxelles, signifie austérité, rigueur, plan d’ajustement structurel ou tout autre synonyme. Les pays de l’Union européenne et particulièrement ceux de la zone euro avaient été plongés dans l’austérité, on leur promet aujourd’hui l’hyper-austérité.

Dans leur « Déclaration » du 7 mai 2010, les chefs d’État ou de gouvernement de la zone euro appellent en effet la Commission et le Conseil ECOFIN à respecter le pacte de stabilité et de croissance. De la même manière, dans le communiqué de presse du Conseil extraordinaire des 9 et 10 mai 2010, il est indiqué « nous saluons et soutenons sans réserve l’engagement du Portugal et de l’Espagne d’arrêter de nouvelles mesures d’assainissement importantes en 2010 et 2011 et de les présenter au Conseil ECOFIN du 18 mai ». Il s’agit d’un message très clair aux marchés indiquant que ces deux malheureux pays, dirigés par des socialistes, avaient accepté l’hyper-austérité, les Vingt-Sept les suppliant de faire un geste, d’être sympas, et de laisser ces pays en paix puisque leurs dirigeants venaient de décider de saigner leur peuple.

2.- Mise en place d’un « mécanisme européen de stabilisation »

Le communiqué de presse du Conseil extraordinaire des 9 et 10 mai 2010 précise que « ce mécanisme est fondé sur l’article 122, paragraphe 2, du traité et sur un accord intergouvernemental entre les États-membres de la zone euro. Son activation est subordonnée à une stricte conditionnalité, s’inscrit dans le cadre d’un soutien conjoint de l’UE et du FMI, et est soumise à des modalités et à des conditions semblables à celles fixées par le FMI ». Il est tout à fait clair – c’est écrit – que l’Union européenne est devenue, par ce plan, l’annexe européenne du FMI. Toutes les décisions prises dans le cadre du « mécanisme européen de stabilisation » auront des « conditionnalités » (l’hyper-austérité). Ce plan est en réalité un « plan d’ajustement structurel », comme ceux du FMI de triste mémoire, qui ont servi à imposer le néolibéralisme, avec le succès que l’on sait, dans de nombreux pays.

Ce « mécanisme européen de stabilisation » comporte deux volets : « un soutien financier pour les États-membres qui connaissent des difficultés en raison de circonstances exceptionnelles échappant à leur contrôle » et relevant de l’article 122-2 ; et une entité ad hoc qui pourra emprunter sur les marchés financiers.

a.- Soutien financier pour les États-membres qui connaissent des difficultés en raison de circonstances exceptionnelles échappant à leur contrôle

Ce mécanisme « sera maintenu aussi longtemps que nécessaire », un montant de 60 milliards d’euros est prévu et « l’activation du mécanisme est subordonnée à une stricte conditionnalité ». Le communiqué de presse du Conseil extraordinaire des 9 et 10 mai 2010 précise que « Ce mécanisme ne remet pas en cause le mécanisme existant de soutien financier à moyen terme des balances des paiements des États n’appartenant pas à la zone euro ». La garantie se fera « avec les ressources propres de l’Union » selon le compte rendu de la réunion ECOFIN du 10 mai 2010 fait par la Commission européenne.

Un fonds similaire existe déjà, doté de 50 milliards d’euros, pour les pays non membres de la zone euro connaissant des difficultés de balance des paiements. Il avait servi en 2008, pour 6,5 milliards d’euros, à la Hongrie. Les sommes sont immédiatement mobilisables. Une fois les 60 milliards consommés, le second dispositif sera activé.

b.- Entité ad hoc qui pourra emprunter sur les marchés financiers

Cette entité sera « garantie […] par les États-membres jusqu’à un montant de 440 milliards d’euros ». Elle prendra fin après une période de trois ans. Le FMI « participera au dispositif de financement » pour un montant correspondant « à la moitié au moins de la contribution de l’UE » (communiqué de presse du Conseil extraordinaire des 9 et 10 mai 2010). Le FMI va abonder les prêts européens au moins à hauteur de 50%, soit 250 milliards d’euros.

Ce sera une société de droit britannique, de type « Special Purpose Vehicule » (une société ad hoc), méthode souvent utilisée aux États-Unis par exemple dans les opérations de titrisation. C’est le SPV qui émettra des obligations dont le capital, comme pour les emprunts d’État, sera garanti par les pays de la zone euro.

Faisons nos comptes :

* 60 milliards mobilisables immédiatement

* 440 milliards pouvant être empruntés

* 250 milliards du FMI

Cela fait 750 milliards, dont 500 milliards de l’Union européenne, plus les 110 milliards pour le seul plan concernant la Grèce. En dollars, cela fait près de 1 000 milliards de dollars !

3.- La mobilisation de la BCE

La BCE va acheter, sur le marché secondaire, des obligations d’État des pays membres de la zone euro.

Selon le compte rendu de la réunion ECOFIN du 10 mai 2010 fait par la Commission européenne, « la Banque centrale européenne a pris une série de mesures exceptionnelles sur les marchés de la dette et des devises ». Dans un communiqué du même jour, la BCE confirme qu’elle a décidé « d’intervenir sur les marchés de la dette publique et privée, pour garantir la liquidité dans les segments qui ne fonctionnent pas de manière appropriée ».

Et d’après le compte rendu de la réunion ECOFIN du 10 mai 2010 fait par la Commission européenne, « dans le but de neutraliser l’impact de ces opérations sur les marchés de la dette, la BCE mènera à bien des opérations spécifiques pour réabsorber la liquidité injectée dans le système, de manière à ce que la position de la politique monétaire de l’organisme ne soit pas touchée ».

Traduction : pour éviter de gonfler la masse monétaire lors de ces opérations d’achat de titres de dette des États sur le marché secondaire, la BCE vendra d’autres titres qu’elle détient en portefeuille pour un montant équivalent.

B.- Les décisions de bla-bla prises à Bruxelles

Il s’agit de « paroles verbales », de pure rhétorique, comme nous en avons l’habitude, du même style que celles faites à partir de novembre 2008 au moment de l’ancienne crise financière, à propos de la « moralisation du capitalisme ». Il y a peu, Sarkozy avait même dit que la crise était « finie » ! On voit, aujourd’hui, les résultats de ces efforts de « moralisation ».

1.- Renforcement de la « gouvernance » économique

Dans leur « Déclaration » du 7 mai 2010, les chefs d’État ou de gouvernement de la zone euro décident de renforcer la « gouvernance » de la zone euro et demandent au président européen de rapporter pour le 12 mai 2010. Les points suivants devraient être abordés :

* La « surveillance économique et la coordination des politiques dans la zone euro, y compris en suivant de près les niveaux d’endettement et l’évolution de la compétitivité ».

* « Renforcer les règles et procédures pour la surveillance des États-membres de la zone euro, y compris par un renforcement du pacte de stabilité et de croissance et par l’instauration de sanctions plus efficaces ».

* La mise en place d’un « cadre solide pour la gestion des crises ».

Toutes ces mesures étaient déjà prévues dans les traités, tandis que l’Eurogroupe avait les moyens de les mettre en œuvre.

2.- « Réglementation des marchés financiers et lutte contre la spéculation »

Dans leur « Déclaration » du 7 mai 2010, les chefs d’État ou de gouvernement de la zone euro décident de « progresser rapidement en matière de réglementation et de surveillance des marchés financiers », notamment les « produits dérivés ». Il faudra, en outre, « se pencher sur le rôle des agences de notation ».

Les promesses n’engagent que ceux qui les croient, n’est-ce pas ?

III.- DES DÉCISIONS QUI SONT UNE FUITE EN AVANT AUX EFFETS DE COURT TERME

Les conclusions suivantes peuvent être tirées du plan de Bruxelles :

* Désobéissance européenne en matière monétaire.

* Désobéissance européenne en matière budgétaire.

* Un coup de bluff.

* Les anticipations de la contagion vont-elle être « auto-réalisatrices » ?

* Ces sommes servent à « sauver » non pas les États ou leur population, mais leurs créanciers.

* L’austérité va aggraver la situation économique et sociale et susciter à terme de nouvelles offensives des marchés financiers.

1.- Désobéissance européenne en matière monétaire

La décision prise par la BCE d’acheter des titres de dette des États membres de la zone euro sur le marché secondaire – en réalité imposée à la BCE par les chefs d’États et de gouvernements – a quelque chose de réjouissant même si elle est ambigüe. Elle remet en ca use, en effet, le mythe de l’ « indépendance » de la BCE. Elle montre que c’est toujours le pouvoir politique qui est le maître à bord, même si tout est fait pour camoufler cette réalité et faire semblant (les appuis répétés des autorités européennes à la BCE dans tous leurs communiqués). La photo qui a circulé dans les journaux où l’on voit M. Trichet dans un bureau avec M. Sarkozy et Mme Merkel est symbolique : M. Trichet venait aux ordres. Et c’est très bien ainsi.

La décision imposée à la BCE évite la dévalorisation des actifs des banques ce qui est une bonne chose, même si les banques devront rendre des comptes sur leurs responsabilités dans les crises de ces dernières années. Cette décision contribue en outre à faire baisser le niveau des taux d’intérêt pour les emprunts d’État des pays ciblés par les spéculateurs (Grèce, Portugal, Espagne…). Dès le lundi 10 mai 2010, d’ailleurs, les taux sur les emprunts grecs à 10 ans avaient baissé à 6,6% contre plus de 12% le vendredi 7 mai. Quant au taux des obligations à deux ans qui était de 19% le vendredi, il était redescendu à 5,6% le lundi. C’est bien la preuve qu’il est possible d’agir efficacement contre les marchés financiers.

La décision imposée à la BCE est la seule qui ait un caractère relativement positif dans le vaste plan d’ajustement structurel décidé par les oligarques de Bruxelles. Si les statuts de la BCE sont respectés à la lettre, ils ne le sont plus dans l’esprit car c’est quand même une façon détournée, pour la BCE, d’acheter la dette des États de la zone euro. Cela revient indirectement à financer les États. Or la BCE se refusait jusqu’à présent à prendre cette décision. C’est pourtant ce que fait la Fed depuis toujours, ainsi que d’autres banques centrales.

C’est une forme de désobéissance européenne !

Mais les conditions de nouvelles attaques spéculatives sont réunies quand on lit le Wall Street Journal du 11 mai 2010 qui estime que la BCE, après avoir accepté d’acheter des titres de dette alors qu’elle se refusait à le faire une semaine avant, « fait monter les doutes sur son indépendance ».

En outre, on déplace le risque des pays les moins bien notés, vers les pays mieux notés qui vont voir leurs taux d’intérêt augmenter. C’est parfaitement logique puisque ces pays, comme la France et l’Allemagne, supportent l’essentiel des garanties apportées au fonds de 440 milliards d’euros, et donc augmentent leur risque.

2.- Désobéissance européenne en matière budgétaire

Prétendre résoudre l’endettement des États par un nouvel endettement est une manière de contourner les critères de Maastricht qui prévoient une dette publique maximale autorisée de 60% du PIB. Il est cocasse de tenter de résoudre un endettement par un nouvel endettement. Cela s’appelle de la « cavalerie ». Comme pour la BCE, c’est une façon hypocrite de ne pas respecter les traités dans l’esprit, tout en les respectant à la lettre. Ce jésuitisme conduit à ,créer une entité juridique spéciale qui va emprunter sur les marchés et donc s’endetter. Ce ne sont donc pas les États qui s’endettent !Ces derniers apportent seulement leur garantie aux emprunts.

Mais c’est encore de la désobéissance européenne !

3.- Un coup de bluff

Ce plan est comme la menace nucléaire, il est dissuasif ; il peut fonctionner – à court terme – à condition de ne pas s’en servir. Le programme de la BCE d’achat de titres d’État de la zone euro sur le marché secondaire vise ainsi à ne pas utiliser les autres mesures, les 60+440+250 milliards d’euros. Mais que se passera-t-il quand il faudra réellement mettre la main à la poche et sortir des milliards qui ne sont pour l’instant que virtuels ? Tout le montage est conçu pour gagner du temps. Mais combien de temps va-t-il tenir ?

4.- Les anticipations de la contagion vont-elle être « auto-réalisatrices » ?

Avec son plan, l’UE a pris acte du risque d’insolvabilité, en plus de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal, pays qui sont plusieurs fois cités dans les documents officiels. C’est une anticipation qui est correcte, mais elle risque d’être auto-réalisatrice. L’Union européenne anticipe la contagion. Les marchés vont donc comprendre : « on nous donne 750 milliards d’euros » ! Ce montant correspond aux besoins du Portugal, de l’Espagne et de l’Irlande, la Grèce ayant déjà eu son plan. Selon la banque Natixis, par exemple, un plan de sauvetage de l’Espagne couterait entre 400 et 500 milliards d’euros. Du coup, on ne voit pas ce qui retiendrait les marchés financiers de repartir à l’assaut, une fois la bulle médiatique du plan de Bruxelles dissipée.

5.- Ces sommes servent à « sauver » non pas les États ou leur population, mais leurs créanciers


Avec ce plan, rien n’est fait pour améliorer le sort des populations, bien au contraire. C’est un plan qui vise à améliorer le sort des banques. Une nouvelle fois. On a traité la crise de liquidité, il reste la crise de solvabilité. Et les banques, quand elles jugeront le moment venu, mordront une nouvelle fois la main qui les nourri.

6.- L’austérité va aggraver la situation économique et sociale et susciter à terme de nouvelles offensives des marchés financiers

Le plan de Bruxelles n’a aucune chance de donner des résultats positifs en termes de développement économique, écologique et social. Ne s’attaquant pas aux causes profondes de la crise – la déflation salariale – il crée les conditions d’une nouvelle crise, même si un calme relatif peut se produire à court terme. Écrasés par l’hyper-austérité, les pays de l’Union européenne ne pourront pas rétablir l’équilibre de leurs finances publiques dans ces conditions. Les marchés financiers pourront alors reprendre leurs opérations spéculatives.

Avec le plan de Bruxelles, nous sommes déjà dans la désobéissance européenne, mais de droite ; il faut passer à la désobéissance européenne de gauche !

IV.- LA SOLUTION À LA CRISE DU SYSTÈME DE BRUXELLES : L’HYPER-AUSTÉRITÉ POUR L’HYPER-CLASSE

Il faut un plan de développement économique, écologique et social, financé par une baisse de la rémunération du capital : l’hyper-austérité pour l’hyper-classe. Il faut une réponse systémique. Celle-ci doit marcher sur ses deux jambes : des mesures pour modifier le fonctionnement et les politiques de l’Union européenne, qui ne peuvent que s’inscrire dans le long terme ; des mesures de ruptures avec l’Union européenne décidées par des pays ou de petits groupes de pays, qui sont des mesures de court terme.

A.- Des mesures pour modifier le fonctionnement et les politiques de l’Union européenne, qui ne peuvent que s’inscrire dans le long terme

Ces propositions, s’inscrivant dans le cadre de l’Union européenne, sont absolument nécessaires pour faire bouger les lignes. Et il est probablement possible de les faire bouger. Mais elles présentent néanmoins trois inconvénients qui justifient de les articuler avec des perspectives de court terme :

* Dans une Union européenne dominée par la droite qui dirige la plupart des pays membres, il parait difficile d’imposer une politique de gauche. Si les circonstances le permettent, ce ne peut être que sur des sujets relativement marginaux. Il est difficilement envisageable que les droites, à l’échelle européenne, se mettent à conduire des politiques différentes de celles qu’elles mènent dans leurs pays. Ce n’est pas impossible, mais le facteur temps empêche de faire reposer une stratégie politique sur ces aléas et ces hypothèses hautement improbables.

* Pour transformer en profondeur le fonctionnement, l’organisation et les politiques de l’Union européenne, il faut changer les traités. Or, pour y parvenir, il faut l’accord unanime des Vingt-Sept, à la virgule près. Ce n’est probablement pas impossible, mais quand ? Là encore le facteur temps est un handicap à la définition d’une perspective politique claire.

* Tout modifier d’un coup, ou engager des modifications partielles, une fois que les Vingt-Sept seront tous d’accord, est une stratégie politique illisible pour la population qui ne voit pas de perspective. Cette stratégie donne l’impression d’une succession de vœux pieux et étale son impuissance.

C’est pourquoi, sans renoncer à la réflexion sur une « autre Europe », il faut absolument définir des mesures de court terme, de gauche, susceptibles d’entrainer l’adhésion de la population. Tout de suite.

B.- Des mesures de ruptures avec l’Union européenne décidées par des pays ou de petits groupes de pays, qui sont des mesures de court terme

Il n’est pas possible, dans le cadre de cet article, d’entrer dans le détail. Ce sera pour les jours et les semaines qui viennent. Mais il est possible de montrer les lignes d’action que chaque pays peut suivre, seul ou avec d’autres, pour se sortir de la crise, à partir d’une vision de gauche, internationaliste :

* Annuler les plans d’austérité pour la population, décréter l’hyper-austérité pour l’hyper-classe.

* Refuser les prêts conditionnés par l’hyper-austérité.

* Sortir de l’euro et revenir aux monnaies nationales.

* Dévaluer.

* Annoncer le défaut de paiement pour les pays concernés.

* Nationaliser la politique monétaire (la Banque centrale achète une partie des emprunts d’État…).

* Nationaliser les banques et les compagnies d’assurance (et, du coup, démanteler les marchés financiers comme les dérivés de crédits, encadrer le crédit…).

* Contrôler les mouvements de changes.

* Contrôler les mouvements de capitaux.

* Organiser une relance keynésienne basée sur un grand emprunt national servant à amorcer le financement du droit opposable à l’emploi.

* Prendre des mesures protectionnistes, si nécessaire, dans le cadre universaliste de la Charte de La Havane (il existe un protectionnisme de gauche comme il y avait un « non » de gauche lors du référendum de 2005 !).

La conclusion est simple : il faut, à court terme, désobéir à l’Union européenne pour créer les conditions d’une transformation totale de ses fondements et de son fonctionnement ; à défaut d’y parvenir, il faudra sortir de l’Union européenne. Quant à l’euro, il apparait désormais de plus en plus clairement qu’il faut l’abandonner sous sa forme actuelle de monnaie unique pour en faire une monnaie commune. La crise grecque représente l’heure de vérité pour tout le monde, notamment pour la gauche européenne.

V.- APRÈS LES BANQUES, IL FAUT SAUVER LA GAUCHE QUI SEMBLE TOTALEMENT DÉPASSÉE PAR LES ÉVÈNEMENTS

Une nouvelle fois, la confusion entre la droite et la gauche est à son comble. Cette situation alimente l’abstention, le vote d’extrême droite, les replis nationalistes et la xénophobie. Après l’attitude lamentable des députés socialistes qui ont voté le plan d’austérité pour la Grèce, il faut relever le courage et la clairvoyance politiques des députés du PCF, du PG et de quelques Verts qui ont refusé d’organiser une solidarité à l’envers : celle des Grecs vis-à-vis des banques qui les étranglent.

L’éditorial de Patrick Lehyaric, député européen du Front de gauche et directeur de l’Humanité (L’Humanité, 11 mai 2010) n’en est que plus étrange et soulève la question d’un changement d’orientation du PCF.

Il estime que « La création, enfin, d’un fonds d’entraide et de solidarité européenne que nous avions souhaitée, marque un tournant important dans l’histoire de la construction européenne. Elle vient tard, malheureusement ». Cette analyse ne correspond pas à la réalité des décisions prises dans le plan de Bruxelles. Ce n’est pas un fonds visant à aider les pays mais à aider les banques. Par ailleurs, on ne peut pas être d’accord avec ce plan comme semble l’être Patrick Lehyaric, car il s’agit d’un gigantesque plan d’ajustement structurel.

Le directeur de l’Humanité poursuit : « Si cet outil servait réellement à racheter des dettes insupportables des États et d’autres institutions publiques et à créer des conditions de leur refinancement à très bas taux d’intérêt en lien avec la Banque centrale européenne, ce serait utile ». Ce n’est pas du tout ce qui est prévu, ces fonds prêteront dans les mêmes conditions qu’à la Grèce.

« La question de l’utilisation et de l’orientation de ce fonds doit donc maintenant faire l’objet de la mobilisation des populations pour qu’il soit orienté vers des objectifs sociaux, de sécurisation du travail et de développement humain durable, et non pas pour rassurer les pieuvres du capitalisme international ». Hormis le caractère abstrait de ces propos, personne ne se mobilisera dans cette perspective qui apparait vaine. Pourquoi M. Sarkozy, M. Berlusconi, Mme Merkel et consorts changeraient-ils d’orientation du tout au tout ? Sous l’effet de quelles forces sociales ? Quand ?

« Reprendre la main et agir en faveur d’une grande initiative politique européenne pour élaborer un nouveau traité pour une Europe sociale, solidaire, écologique et pacifique ». Pourquoi pas, mais un nouveau traité nécessite l’accord des Vingt-Sept et de nombreuses années pour se mettre d’accord. D’ailleurs, cela fait déjà de nombreuses années que ce slogan est avancé, sans que le moindre début de commencement d’un nouveau traité n’ait vu le jour ! Ce n’est donc pas pour demain. Attention à ne pas donner l’impression de botter en touche sans rien proposer à court terme.

« La Banque centrale européenne doit devenir un instrument public […] pour impulser un crédit de type nouveau ». Même chose : il faut l’accord des Vingt-Sept, à la virgule près. Si on se limite à ce genre de propositions, on désespère la population qui ne voit aucune perspective crédible dans un horizon accessible.

Le problème n’est donc pas de « rassurer » les marchés financiers mais de les démanteler. Et d’agir de façon articulée au niveau européen et au niveau national.

http://www.mecanopolis.org/?p=17018&type=1

"Vivemos um tempo de grande violência contra os trabalhadores"

A CGTP vai realizar uma manifestação nacional em Lisboa, no próximo dia 29 de Maio, para protestar contra o pacote de medidas de austeridade do Governo. "Vivemos um tempo de grande violência contra os trabalhadores", afirmou o líder da central, Manuel Carvalho da Silva.

A realização da manifestação foi ontem confirmada pelo plenário nacional de sindicatos da confederação sindical. No final, Carvalho da Silva referiu que esta poderá não ser a única acção de protesto da CGTP. "Todas as formas de luta são hipótese", referiu, sem pormenorizar planos e datas. "Queremos dar passos sustentados."

Por entre a promessa de que a Intersindical irá continuar a mobilizar os trabalhadores, Carvalho da Silva criticou os planos do Governo para reduzir o défice, defendendo que a central não pactua com este tipo de políticas. "As medidas têm que ser justas e a repartição dos sacrifícios não pode ser esta. Mais uma vez, quem vai ser penalizado são os trabalhadores e as famílias."

O líder da CGTP defende que "há que tributar a riqueza onde ela está, porque há, em Portugal, muita riqueza que não é tributada."

http://economia.publico.pt/Noticia/carvalho-da-silva-critica-plano-de-austeridade_1437373

É uma ousadia o PS e PSD apresentarem-se como salvadores da pátria

CGTP apela à mobilização dos portugueses no protesto de 29 de Maio

CGTP apela a uma "forte manifestação de indignação" da população portuguesa

Milhares de gregos protestam em Atenas contra medidas de austeridade

Padre Jardim Moreira aponta ataque à dignidade dos mais pobres

CGTP apela a forte mobilização para manifestação de 29 de Maio

Bruxelles instaure une dictature économique dans la zone euro

Le président de la Commission, José Manuel Barroso, se garde bien de parler de « gouvernement économique ». Il a d’ailleurs raison, car le terme exact serait plutôt « dictature économique ». Le projet a le mérite d’être clair : à brève échéance, les budgets des pays de la zone euro seront entièrement contrôlés et décidés par un « triumvirat », composé de la Commission européenne, de la Banque Centrale Européenne et de l’Eurogroupe. Le Parlement de Strasbourg sera totalement écarté des décisions, même à titre consultatif. Les pays récalcitrants se verront amender par Bruxelles, et leurs droits de vote seront suspendus.

C’est bien sûr la crise grecque et les attaques en cours contre le Portugal et l’Espagne qui servent de prétexte à cette abolition pure et simple de la démocratie européenne, préparée de longue date (1) et que la récente ratification du Traité de Lisbonne (2) permet de mettre en oeuvre aujourd’hui.

Barroso tombe le masque : l’Europe aura un régime policier

« Les États membres doivent avoir le courage de dire s’ils veulent une union économique ou pas », a prévenu mercredi José Manuel Barroso, dans un discours d’une brutalité insensée. « S’ils ne veulent pas d’une union économique, alors il faut oublier l’union monétaire. Nous devons nous attaquer aux racines du problème : le renforcement de la coordination des politiques économique ». Le message est limpide : qui n’est pas avec nous est contre nous. C’est donc bien un régime policier qui est en train de se mettre en place. La crise actuelle est utilisée pour constitutionnaliser le libéralisme, ce qu’aucune résolution démocratique n’aurait concédé, et la souveraineté des nations et des peuples est, de fait, morte et enterrée.

L’Allemagne, qui, comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises (3), dans un jeu de poker menteur, avait laissé entendre qu’elle était attachée aux souverainetés nationales – une stratégie qui n’avait pour seul objectif d’imposer son diktat – a finalement retrouvé ses penchants impérialistes naturels. La chancelière allemande, Angela Merkel, a parlé d’un « pas important dans la bonne direction », même si « cela signifie que les droits du Parlement soient quelque peu remis en cause ». Quelque peu ? Il faut se pincer pour le croire.

La France fait presque pire, par la voix de son secrétaire d’État aux Affaire européennes, Pierre Lellouche, qui a déclaré : « C’est la contrepartie du plan européen de sauvetage. La discipline de chacun devient l’affaire de tous. Bruxelles aura le droit de surveiller tous les comptes ».

D’autres collabos mondialistes se sont empressés de soutenir le projet, tel Pierre Moscovici, député socialiste et ex-ministre des Affaires européennes, pour qui « la commission semble enfin se réveiller. C’est une idée juste ».

Même son de cloche de la part du vendu Daniel Cohn-Bendit, eurodéputé d’Europe-Ecologie, qui affirme, sans en avoir honte, « que l’UE décide [des budgets] ne me choque pas ».

Que faire ?

La stabilitätkultur allemande semble donc avoir gagné la partie, au moins provisoirement. Néanmoins, la bataille ne fait que commencer. La proposition du « triumvirat » ne manquera de provoquer de furieux débats dans les États membres. En Espagne, au Portugal et en Italie, la contestation s’organise.

A l’heure où nous terminons la rédaction de cet article, nous apprenons qu’une bombe vient d’exploser à Athènes (voir l’article et la vidéo sur notre forum), devant la prison de haute sécurité de Korydallos, où sont notamment incarcérés des membres de l’organisation 17-Novembre.

Rarement, à l’échelle d’un continent, les temps n’ont été aussi pré-révolutionnaires.

Plus que jamais, nous devons garder à l’esprit ce fait d’expérience que l’action de quelques individus, ou de groupes humains très restreints, peut, avec un peu de chance, de rigueur, de volonté, avoir des conséquences incalculables.

Mecanopolis

Sur le même sujet, lire également L’Europe donne son feu vert aux spéculateurs

Les citations de José Manuel Barroso, Angela Merkel, Pierre Lellouche, Pierre Moscovici et Daniel Cohn-Bendit sont issues des quotidiens Libération et Le Monde du 13 mai 2010

Notes :

1. Dès la préparation du traité de Maastricht, Jacques Delors, alors président de la Commission, avait proposé, en 1991, que Bruxelles puisse autoritairement décider des budgets des Etats membres. L’Allemagne, alors occupée par sa réunification (avec la RDA), avait refusé.

2. Le traité de Lisbonne a renforcé les pouvoirs de la Commission européenne et donné une existence juridique à l’Eurogroupe.

3. Lire notre article du 18 mars

http://www.mecanopolis.org/?p=16973

CGTP “convoca” trabalhadores de todas as forças partidárias para a “manif” do dia 29

A CGTP-IN apelou hoje, sábado, à participação dos trabalhadores portugueses de todas forças partidárias na Manifestação Nacional agendada para 29 de maio, em protesto contra as medidas de austeridade do Governo que classifica de "violentas para os trabalhadores".

"Ou há da parte dos trabalhadores portugueses uma mobilização forte ou teremos, semana após semana, mais um pacote que se vão somando aos detrás. Se houver protesto dos trabalhadores vai haver travagem", disse o secretário geral da CGTP, Carvalho da Silva, no final da reunião da comissão executiva da CGTP-IN e do seu plenário de sindicatos.

A reunião tinha como objectivo analisar as medidas anunciadas pelo Governo para reduzir o défice e decidir que respostas dar.

De manhã, reuniu-se a comissão executiva da Intersindical, que elaborou uma resolução aprovada por unanimidade no plenário dos sindicatos na qual é defendida a intensificação dos trabalhadores e analisado o pacote de medidas do Governo.

http://jn.sapo.pt/PaginaInicial/Economia/Interior.aspx?content_id=1570935

GEAB N°45: Crise systémique globale – Du « coup d'Etat de l'Eurozone » à l'isolement tragique du Royaume-Uni

la dislocation géopolitique mondiale accélère son rythme

Comme anticipé par LEAP/E2020 dans les GEAB N°40 (Décembre 2009) et N°42 (Février 2010), le Printemps 2010 marque bien un point d'inflexion de la crise systémique globale, caractérisé par son aggravation brutale du fait de l'ampleur insoutenable des déficits publics (voir GEAB N°39, Novembre 2009) et de l'inexistence de la reprise tant annoncée (voir GEAB N°37, Septembre 2009). Les dramatiques conséquences sociales et politiques de ces évolutions reflètent par ailleurs bien le début du processus de dislocation géopolitique mondiale, comme anticipé dans le GEAB N°32 (Février 2009). Enfin, les récentes décisions prises par les dirigeants de la zone Euro confirment les anticipations de LEAP/E2020, inverses du discours dominant de ces derniers mois, sur le fait que non seulement l'Euro n' « exploserait pas » à cause du problème grec, mais qu'au contraire la zone Euro sortirait renforcée de cette étape de la crise (1). On peut même estimer que depuis la décision de la zone Euro, sorte de « coup d'Etat de l'Eurozone » soutenu par la Suède et la Pologne, de créer ce vaste dispositif de protection des intérêts de 26 Etats membres de l'UE (2), la donne géopolitique en Europe a radicalement changé. Parce qu'elle va à l'encontre des préjugés qui façonnent leur vision du monde, il va bien entendu falloir quelques mois à la plupart des médias et opérateurs pour se rendre compte que derrière l'apparence d'une décision budgétaro-financière purement européenne, il s'agit d'une rupture géopolitique à l'impact mondial.

Accroissement actuel des dettes nationales pour les USA, le  Royaume-Uni, l'Euroland et le Japon (en vert : % de la dette par rapport  au PIB / en rouge : augmentation prévue de la dette pour 2009 et 2010 /  en jaune : données pour l'Allemagne) - Source :
Accroissement actuel des dettes nationales pour les USA, le Royaume-Uni, l'Euroland et le Japon (en vert : % de la dette par rapport au PIB / en rouge : augmentation prévue de la dette pour 2009 et 2010 / en jaune : données pour l'Allemagne) - Source :
Coup d'Etat de l'Eurozone à Bruxelles : Les Etats fondateurs de l'UE en reprennent le contrôle

Nous analysons donc en détail dans ce GEAB N°45 les nombreuses conséquences pour les Européens et pour le monde de ce qui peut être appelé le « coup d'Etat » de l'Eurozone au sein de l'UE : face à l'aggravation de la crise, les Seize ont effet pris le contrôle des leviers de l'UE, construisant de nouveaux outils qui ne laissent plus d'autre choix aux autres membres que de suivre ou de s'isoler dangereusement. Dix des onze autres Etats membres ont décidé de suivre, à l'image des deux plus importants d'entre eux, la Suède et la Pologne qui ont choisi de participer activement au dispositif mis en place par l'Eurozone (les huit autres sont actuellement, soit en train de négocier leur entrée dans la zone Euro comme l'Estonie dès 2011 (3), soit assistés directement par la zone Euro comme la Lettonie, la Hongrie, la Roumanie, …). C'est une (r)évolution que notre équipe avait bien anticipée depuis plus de trois ans. Récemment nous avions même précisé qu'il fallait s'attendre à une évolution rapide de la position de la zone Euro une fois les élections régionales allemandes et l'élection législative britannique passées. Cependant, nous n'avions pas imaginé qu'elle se ferait en quelques heures, ni avec une telle audace quantitative (son montant de 750 Milliards €, soit 1.000 milliards USD) et qualitative (prise de contrôle de l'UE par l'Eurozone (4) et bond en avant en terme d'intégration économique et financière).

Toujours est-il que, sans le savoir et sans qu'on leur ait demandé leur avis, 440 millions d'Européens environ viennent d'entrer dans un nouveau pays, l'Euroland, dont certains partagent déjà la monnaie, l'Euro, et dont tous partagent désormais l'endettement et les moyens communs de surmonter les problèmes importants qu'il pose dans le contexte de la crise systémique globale. Les choix budgétaires et financiers effectués lors du Sommet du week-end du 8 Mai en termes de réponse à la crise de l'endettement public européen peuvent être appréciés différemment selon l'analyse que l'on fait de la crise et de ses causes. Et LEAP/E2020 développe ses propres analyses en la matière dans ce GEAB N°45. Mais, il n'est plus discutable qu'une rupture radicale de la gouvernance de l'Europe vient de prendre place : une gouvernance collective continentale vient d'émerger brutalement, ironiquement, 65 ans exactement après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, célébrée d'ailleurs en grande pompe à Moscou le même jour (5) et au moment de la célébration de la fête de la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, l'ancêtre commun de l'UE et de l'Euroland. Cette simultanéité n'est pas une coïncidence (6) et marque une étape importante dans la dislocation géopolitique mondiale et la reconstitution de nouveaux équilibres globaux. Sous la pression des évènements déclenchés par la crise, l'Eurozone a ainsi entrepris de prendre son indépendance par rapport au monde anglo-saxon dont les marchés financiers restent encore l'expression. Ces 750 Milliards € et cette nouvelle gouvernance européenne (des 26) constituent la mise en place d'un rempart contre les prochaines tempêtes générées par l'endettement insupportable de l'Occident, et qui vont affecter le Royaume-Uni puis les Etats-Unis (cf. GEAB N°44, créant des désordres dont la « crise grecque » n'aura donné qu'un faible aperçu.


Le FME privera à terme le FMI de 50% de sa principale contribution, celle des Européens

A ce propos, LEAP/E2020 souhaite rappeler une vérité que la plupart des médias ignorent depuis plusieurs semaines : contrairement au discours dominant, le FMI c'est d'abord et avant tout de l'argent européen. En effet, un Dollar sur trois du FMI est apporté par les Européens, contre seulement un sur six pour les USA (leur part a été divisée par deux en 50 ans). Et l'une des conséquences des décisions européennes de ces derniers jours, c'est que cela ne sera plus le cas très longtemps. Notre équipe est convaincue que d'ici trois ans au plus tard, quand il sera temps de pérenniser en Fonds Monétaire Européen le fonds d'intervention créé les 8 et 9 Mai 2010, l'UE réduira d'autant sa contribution au FMI. On peut estimer dès maintenant que cette réduction de la contribution européenne (hors UK) sera d'au moins 50% : cela permettra au FMI de devenir plus global en rééquilibrant automatiquement les parts des BRIC, et en obligeant dans la foulée les USA à abandonner leur droit de veto (7) ; mais cela contribuera également à le marginaliser fortement puisque l'Asie a déjà créé son propre fonds d'intervention d'urgence. C’est un exemple qui illustre combien les décisions européennes du début mai 2010 sont grosses de changements géopolitiques d'envergure à l'échelle des toutes prochaines années. Il est d'ailleurs peu probable que la plupart des décideurs impliqués dans le « coup d'Etat de l'Eurozone » aient bien compris les implications de leurs décisions. Mais personne n'a jamais dit que l'Histoire était principalement écrite par des gens qui comprenaient ce qu'ils faisaient.

Evolution des contributions au FMI par pays/zone (1948-2001) -  Source : FMI / Danmarks National Bank - 2001
Evolution des contributions au FMI par pays/zone (1948-2001) - Source : FMI / Danmarks National Bank - 2001
Le Royaume-Uni : isolé désormais face à une crise historique

L'une des causes et des conséquences à la fois de cette évolution, c'est la complète marginalisation du Royaume-Uni. Son affaiblissement accéléré depuis le début de la crise, concomitant à celui de son parrain américain, a créé la possibilité d'une reprise en main complète et sans concessions de l'évolution du projet européen par les Continentaux. Et cette perte d'influence renforce en retour la marginalisation de la Grande-Bretagne puisque les élites britanniques sont piégées dans le déni de réalité qu'elles ont également fait partager à leur peuple. Aucun des partis britanniques, pas même à ce stade les Libéraux-Démocrates pourtant plus lucides que les autres forces politiques du royaume, ne peut envisager revenir sur des décennies de discours accusant l'Europe de tous les maux et affublant l'Euro de toutes les tares. En effet, même si leurs dirigeants se rendaient compte de la folie d'une stratégie consistant à isoler chaque jour un peu plus la Grande-Bretagne alors même que la crise mondiale passe à la vitesse supérieure, ils se heurteraient à cet euroscepticisme public qu'ils ont entretenu au cours des années passées. L'ironie de l'Histoire a encore été bien présente au cours de ce week-end historique des 8/9 Mai 2010 : en refusant de se joindre aux mesures défensives et protectrices communes de l'Eurozone, les élites britanniques ont de facto refusé d'attraper la dernière bouée de sauvetage qui passait à leur portée (8). Le continent européen va maintenant se contenter de les regarder essayer de trouver les 200 Milliards € dont leur pays a besoin pour boucler le budget de cette année (9). Et si les dirigeants londoniens pensent que les spéculateurs de la City auront des états d'âmes pour briser la Livre sterling et vendre les Gilts, c'est qu'ils n'ont pas bien compris l'essence même de la globalisation financière (10), ni consulté les nationalités de ces mêmes opérateurs (11). Entre Wall Street qui est prêt à tout pour attirer les capitaux mondiaux (il suffit de demander à la place suisse ce qu'elle pense de la guerre que se livrent les places financières mondiales), Washington qui se démène pour aspirer toute l'épargne mondiale disponible et un continent européen qui s'est dorénavant placé sous la protection d'une monnaie et d'un endettement communs, les jeux sont déjà faits. Nous n'en sommes toujours qu'à l'étape du drame, car les principaux acteurs anglais n'ont pas encore compris le piège dans lequel ils se sont enfermés ; d'ici quelques semaines, nous passerons à la tragédie britannique car, à l'été, tout le Royaume-Uni aura identifié le piège historique dans lequel le pays s'est placé tout seul.

Ainsi, au moment où l'Euroland émerge à Bruxelles, le Royaume-Uni se débat avec un Parlement indécis, l'obligeant à passer par un gouvernement de coalition qu'il n'a pas connu depuis 1945 et qui conduira le pays à de nouvelles élections d'ici la fin 2010.


Des élites et un peuple britannique dans la difficulté qui vont devoir « penser l'impensable »

Quoiqu'en disent les protagonistes de la coalition qui s'installe à la tête du Royaume-Uni, LEAP/E2020 estime en effet très improbable que cette alliance puisse durer plus de quelques mois. La structure très disparate des deux partis concernés (les Conservateurs comme les Libéraux sont très divisés sur nombre de sujets), conjuguée aux décisions impopulaires, conduit cet attelage tout droit vers des crises internes à chaque parti et donc à une chute du gouvernement. Les Conservateurs vont d'ailleurs jouer cette carte car, à la différence des Libéraux-Démocrates, ils ont les moyens financiers de « se payer » une nouvelle campagne électorale d'ici fin 2010 (12). Mais, l'écueil sous-jacent le plus dangereux est d'ordre intellectuel : pour éviter la tragédie qui s'annonce, le Royaume-Uni va devoir « penser l'impensable », reconsidérer ses convictions profondes sur son identité insulaire, sa « nature » trans-atlantique, son rapport à un continent désormais en voie d'intégration complète, lui qui depuis des siècles pense le continent en terme de division. Pourtant la problématique est simple : si le Royaume-Uni a toujours estimé que sa puissance dépendait de la division du continent européen, alors en toute logique, au vu des évènements en cours, il doit désormais reconnaître qu'il s'achemine vers l'impuissance … et en tirer les conclusions pour lui aussi effectuer un « saut quantique ». Si Nick Clegg semble équipé intellectuellement pour faire ce saut, ni les Conservateurs de David Cameron, ni les élites britanniques dans leur ensemble ne paraissent encore mûres. Dans ce cas, la Grand-Bretagne devra hélas en passer par la case « tragédie » (13).

En tout état de cause, ce week-end des 8/9 mai 2010 en Europe plonge nombre de ses racines directement dans la Seconde Guerre Mondiale et ses conséquences (14). C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques de la crise systémique globale telle qu'annoncée par LEAP/E2020 en Février 2006 dans le GEAB N°2 : elle met « fin à l'Occident tel qu'on le connaît depuis 1945 ».

Une autre de ces caractéristiques est l'envolée du cours de l'or (en particulier par rapport au Dollar US), face à la crainte croissante concernant l'ensemble des monnaies fiduciaires (voir GEAB N°41, Janvier 2010) (15) ; car, pendant que tout le monde parle de l'évolution de l'Euro par rapport au Dollar US, le Dollar reste à ses niveaux historiques les plus bas quand il est mesuré par rapport à ses principaux partenaires commerciaux (voir graphique ci-dessous), signe de la faiblesse structurelle de la devise américaine. Dans les mois à venir, comme anticipé par GEAB, l'Euro va retrouver son niveau d'équilibre de moyen terme, au-dessus de 1,45$/€.

Dans ce numéro, avant de présenter ses recommandations concernant les devises, la bourse et l'or, LEAP/E2020 analyse ainsi plus en détail la pseudo-reprise américaine qui est essentiellement une vaste opération de communication destinée en interne à faire repartir la consommation des ménages (tâche impossible désormais) et en externe à éviter l'affolement des créditeurs étrangers (au mieux ce seront quelques trimestres de gagnés). Les Etats-Unis prétendent ainsi pouvoir échapper à une brutale cure d'austérité, comme les autres pays occidentaux ; alors qu'en fait de reprise, c'est une « déprise » ou une « unrecovery » comme le titre avec humour Michael Panzner dans un article exemplaire publié le 27/04/2010 dans Seeking Alpha.

Evolution du Dollar Index rapporté aux principaux partenaires  commerciaux, et de l'index des hausses et baisses cumulées du Dollar par  rapport aux huit devises principales - Source : BCA Research,  Bloomberg, JP Morgan Chase, 04/2010
Evolution du Dollar Index rapporté aux principaux partenaires commerciaux, et de l'index des hausses et baisses cumulées du Dollar par rapport aux huit devises principales - Source : BCA Research, Bloomberg, JP Morgan Chase, 04/2010
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Notes:

(1) La faiblesse très relative de l'Euro par rapport au Dollar US constitue un énorme avantage compétitif pour les exportations de l'Eurozone et handicape au contraire les tentatives américaines de réduire le déficit commercial du pays (d'ailleurs le déficit commercial US s'est accru en Mars 2010). Les prochains mois vont voir cette détérioration s'accentuer. Source : AP/NDTV, 12/05/2010

(2) Le Royaume-Uni s'est en effet de facto placé hors de cette protection. Pour notre équipe, c'est une étape de plus franchie par le Royaume-Uni en direction de la crise historique dans laquelle il va se débattre, tout seul, à partir de l'été 2010. Même le Financial Times s'est fait l'écho de ce risque croissant. S'il faut faire une comparaison avec la crise du système bancaire de 2008, le Royaume-Uni ressemble de plus en plus à Lehman Brothers, pilier d'un système qui refuse de s'avouer qu'un opérateur si central puisse être aussi dangereusement affaibli et qui finit par provoquer un effondrement du système lui-même. Pour pousser l'analogie une étape plus loin, demandez vous qui va jouer le rôle d'AIG dans les semaines et mois qui suivront ? Source : CNBC, 11/05/2010

(3) C'est en Juillet 2010 que la décision finale sera prise. Source : France24, 12/05/2010

(4) Le 9 Mai 2010, les 27 ministres des finances de l'UE ont en effet été sommés d'endosser les décisions du sommet de l'Eurozone qui avait réuni la veille les seize chefs d'Etat et de gouvernement de la zone Euro, faute de quoi l'Eurozone agirait seule et laisserait donc les onze autres pays dépourvus de protection face à la crise financière. Seul le Royaume-Uni, par réflexe et du fait de sa crise politique, a refusé le « diktat » mais sans être en mesure de s'y opposer comme il aurait pu le faire il y a encore un an, avant que son influence ne commence à s'effondrer.

(5) Source : RFI, 09/05/2010

(6) Non pas que Moscou ait quoique ce soit à voir avec les décisions prises à Bruxelles les 8 et 9 Mai

(7) Source : Bretton Woods Project, 19/03/2008

(8) A ce sujet, LEAP/E2020 voudrait tordre le cou à la fable monétaire qui circule à longueur de médias économiques et reprise en cœur par la plupart des économistes : le fait de pouvoir dévaluer sa monnaie à « volonté » n'est pas du tout un facteur d'indépendance, ni un instrument constructif de sortie de crise ; bien au contraire. D'une part, ces dévaluations sont imposées par les « marchés », c'est-à-dire par des forces extérieures au pays dont la dernière préoccupation est l'intérêt du peuple concerné par la dévaluation ; d'autre part, ces dévaluations conduisent inévitablement à un appauvrissement du pays et à sa dépendance croissante vis-à-vis de ses partenaires aux devises plus fortes qui, dans un système de libre circulation des capitaux, peuvent acheter les « bijoux de famille » du pays à peu de frais. Le processus en cours dans l'Eurozone, qui impose en effet de difficiles cures d'austérité, est entrepris dans un cadre collectif avec pour objectif de permettre aux Etats concernés de rétablir des finances publiques saines tout en préservant les grands équilibres du modèle socio-économique européen. Face à l'Eurozone, le FMI n'est qu'un acteur secondaire, qui n'est là que pour apporter un peu d'expertise technique et quelques dizaines de milliards d'Euros d'appoint, dizaines de milliards qui sont une part bien modeste de la grosse contribution des Européens au FMI en 2010 : plus de 30% du total, contre à peine plus de 15% pour les Etats-Unis.

(9) Et ce n'est pas parce que c'est un Français qui le dit publiquement, à savoir Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité française des Marchés Financiers et ancien ministre des Affaires européennes, que c'est nécessairement faux. Source : Le Figaro, 11/05/2010

(10) Comme le souligne fort justement Paul Mason dans son article publié sur la BBC le 11/05/2010, les réactions des marchés vont affecter le Royaume-Uni et, en matière d'obligations, à la différence des actions, la taille des opérateurs peut faire toute la différence.

11) Il va être très intéressant de suivre le conflit avec la City que la coalition au pouvoir à Londres déclare vouloir ouvrir en annonçant qu'elle va morceler les grandes banques britanniques d'ici un an. Source : Telegraph, 12/05/2010

(12) Source : DailyMail, 04/05/2010

(13) Et nous ne nous attardons même pas sur l'émergence croissante de la « question anglaise » au sein d'un Royaume de plus en plus désuni suite aux « dévolutions » successives qui autonomisent de plus en plus l'Ecosse, le pays de Galles et l'Ulster. Il faut lire à ce sujet le très intéressant article de Tim Luckhurst, publié le 09/05/2010 dans The Independent.

(14) Et même au-delà puisque David Cameron (43 ans) est le plus jeune premier ministre britannique depuis 200 ans et George Osborne (38 ans) le plus jeune Chancelier de l'Echiquier depuis 125 ans. Cela suffira-t-il ? Rien n'est moins certain puisque les lecteurs du GEAB savent que nous estimons que la crise remet en cause un ordre du monde établi il y a près de quatre cents ans, instituant la City de Londres comme place financière mondiale. Peut-être faudra-t-il aller chercher des dirigeants britanniques aux qualités inconnues depuis plus de quatre cents ans ? Source : Telegraph, 12/05/2010

(15) Signe des temps, l'Emirates Palace, l'hôtel le plus luxueux d'Abou Dhabi, vient de mettre en place le premier distributeur automatique de mini-lingots d'or, en lieu et place des traditionnels distributeurs de billets. Source : CNBC, 13/05/2010

Samedi 15 Mai 2010

http://www.leap2020.eu/GEAB-N-45-est-disponible--Crise-systemique-globale-Du-coup-d-Etat-de-l-Eurozone-a-l-isolement-tragique-du-Royaume-Uni_a4653.html

Belgique - Carrefour: 14 magasins fermés ce samedi matin

Quatorze magasins Carrefour sont restés portes closes ce samedi matin pour protester contre les plans de restructuration du groupe de distribution en Belgique.

Les magasins paralysés sont les hypers de Waterloo-Centre, de Jambes, et Malines-Nord, ainsi que les supermarchés de Jette, Brusilia-Schaerbeek, Rixensart, Bruges, Marius Renard (Anderlecht), Uccle-Vanderkindere et Uccle Gatti de Gamond, Eghezée, Jodoigne, Belgrade et Houdeng-Goegnies, a indiqué samedi matin le porte-parole du groupe, Laars Vervoort.

Vendredi, une dizaine de magasins de l'enseigne avaient déjà fait grève. Le personnel entend protester contre les modalités de la restructuration programmée par la direction.

Confronté à des problèmes de rentabilité en Belgique, Carrefour prévoit la fermeture et la franchisation de plusieurs de ses magasins, le licenciement de quelque 1.500 personnes, et le changement de commission paritaire pour le personnel restant.

http://www.lalibre.be/economie/actualite/article/582917/carrefour-14-magasins-fermes-ce-samedi-matin.html

Crítica y emancipación

Revista Latinoamericana de Ciencias Sociales (Primer semestre 2010)

Sumario Raza y racismo: Los cauces profundos de la raza latinoamericana: una relectura del mestizaje. Historizando raza: propuestas conceptuales y metodológicas. Julio Arias y Eduardo Restrepo Rita Laura Segato Análisis del discurso del racismo Teun A. van Dijk “Raza”, mestizaje y poder: horizontes coloniales pasados y presentes. Catherine Walsh Diálogos Latinoamericanos: “Yo partí de cómo se comunicaba la gente en la calle”: trayectorias intelectuales y posiciones políticas. Entrevista de Eduardo Restrepo a Jesús Martín Barbero El discurso sobre la sierra del Perú: la fantasía del atraso. Víctor Vich El nuevo constitucionalismo latinoamericano. Algunas reflexiones preliminares. Roberto Gargarella No es que la democracia esté perdida: está bien guardada y mal buscada. Waldo Ansaldi Perspectivas: Algunas observaciones históricas sobre la hegemonía. Perry Anderson Revistas de Nuestra América: Investigación social y socioprudencia en torno a la Revista Mexicana de Sociología en su 70 aniversario. Rafael Óscar Uribe Villegas Lecturas Críticas: Desigualdad, cultura y poder A propósito de La apropiación. Destejiendo las redes de la desigualdad de Luis Reygadas. Máximo Badaró y Alejandro Grimson XXIII Asamblea General América Latina y el futuro de las políticas emancipatorias. Álvaro García Linera Elementos para pensar la reconfiguración del campo político boliviano. María Teresa Zegada C. ¿Hacia una nueva reconfiguración de lo global-nacional? Historia, repetición y salto cualitativo. Márgara Millán
Ver texto completo en la Biblioteca Virtual

http://168.96.200.112/clacso/novedades_editoriales/libros_clacso/buscar_libro_detalle.php?id_libro=441&campo=programa&texto=18



"La crisis capitalista y las luchas contrahegemónicas: alternativas y perspectivas"

Conferencia de François Houtart




Buenos Aires, Argentina, 11 de Marzo de 2010.

http://www.clacso.org.ar/clacso/areas-de-trabajo/area-academica/comunicacion-audiovisual/recursos-audiovisuales/videos/registros-audiovisuales/videos/conferencia-de-francois-houtart-1

Pablo González Casanova alerta sobre embates contra el pensamiento crítico

En este momento las ciencias sociales y el pensamiento crítico enfrentan tres problemas centrales: la destrucción de los recursos naturales, la imposibilidad para que el sistema actual de dominación resuelva los problema mínimos de una mayoría de la sociedad, y el peligro de una guerra con armas sin precedentes en la historia de la humanidad, señaló Pablo González Casanova, sociólogo y profesor emérito de la Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM) durante la conferencia Ciencias sociales y pensamiento crítico: cambios y continuidades.

Con esa disertación concluyó el ciclo de mesas redondas El pensamiento crítico y las ciencias sociales, organizado por el ex rector de la UNAM, como parte de las actividades por el aniversario 80 del Instituto de Investigaciones Sociales de esa casa de estudios.

Fase destructiva

Uno de los puntos centrales de la reflexión propuesta por González Casanova es hasta qué punto se van a practicar las ciencias sociales de la misma forma que hace cinco décadas en un momento de cambios fuertes en los que se han dado proyectos emancipadores de calidad que son aportaciones de muchos pueblos. Entre ellos citó el caso de Cuba o los pueblos indios de Chiapas con los Caracoles que ponen en práctica novedosas técnicas de organización.

En medio de estos cambios tenemos muchas probabilidades de lograr avances, pero es necesario tener mucha fuerza porque la lucha no se está dando nada más en el campo de las armas, sino en el campo de las ideas y utilizan todos los medios disponibles para destruir a aquel que no acepta las ideas que se les están imponiendo.

Respecto de los escollos a los que se enfrentan las ciencias sociales y el pensamiento crítico, González Casanova dijo: vemos cómo hay tres problemas: el peligro de que desaparezca la vida en la Tierra, el peligro del ecocidio, de la destrucción de la Tierra; el de una humanidad que está sufriendo en su inmensa mayoría, y el peligro de una guerra con armas que no tienen precedente en la historia de la humanidad y que es mucho más probable de lo que podemos imaginar por el control de los recursos que buscan los países altamente industrializados (Estados Unidos en un 80 por ciento) frente a los demás países.

El ex director de la Facultad de Ciencias Políticas y Sociales subrayó: Hay cosas que son imposibles, y una de ellas es que el capitalismo resuelva los problemas de la humanidad. Ahora parece estar en una fase muy destructiva y esos aparatos militares que están haciendo son de locos.

Locura armamentista

“El problema relacionado con el peligro de tipo nuclear y de guerra –prosiguió González Casanova– es muy claro cuando uno ve cómo han quedado los acuerdos sobre armamentos. El más reciente de Obama tiene un techo de armamentos nucleares de mil 500 unidades. Esta es la locura absoluta porque nada más con un cohetazo de esos la capa de ozono puede abrirse más.

Creo que hay ocho países con armas nucleares, muchos apoyados por Estados Unidos o por la ex Unión Soviética, que han perfeccionado sus sistemas de lanzamiento.

En tal contexto tenemos la alternativa más rica en la historia de las ideas sobre la emancipación humana porque ya tenemos la experiencia de la que carecían los otros, no sólo de cómo forjar teóricamente una alternativa al mundo en que vivimos. Cada quién va a escoger qué hace en las ciencias sociales. Y si éstas le parecen muy peligrosas yo le aconsejaría que se dedique a las ciencias naturales.

Las actividades por el 80 aniversario del Instituto e Investigaciones Sociales continuarán el 18 y 19 de mayo con el séptimo Coloquio Anual del Seminario Académico Perspectiva Democrática: discutir la democracia hoy. Mayores informes la página electrónica www.iis.unam.mx

http://www.jornada.unam.mx/2010/05/15/index.php?section=cultura&article=a05n1cul

México: Continúa la precarización laboral; trabajadores no tienen prestaciones ni seguridad social

Uno de cada dos empleos generados en el último año fue creado en actividades informales, en las que los trabajadores no gozan de prestaciones, sueldos fijos ni acceso a la seguridad social, indicó un informe oficial.

La precarización laboral ha sido la tónica del mercado de trabajo en este gobierno. En el transcurso de la actual administración federal, el universo de mexicanos que obtiene su ingreso de actividades informales creció en un millón 65 mil personas, indicó una encuesta del Instituto Nacional de Estadística y Geografía (Inegi) divulgada ayer. En el mismo periodo, el empleo en el sector formal aumentó en 662 mil 564 plazas, según el registro de altas del Instituto Mexicano del Seguro Social (IMSS).

Entre marzo de 2009 y el mismo mes de este año, el empleo total creció en 718 mil 144 plazas, de las que 364 mil 808, que equivalen a 50.7 por ciento del total, correspondió al sector informal, apuntó el Inegi.

El resultado de la Encuesta Nacional de Ocupación y Empleo en el primer trimestre de este año, elaborada por el Inegi, da cuenta de que la recuperación del mercado de trabajo es lenta y que continúa el deterioro de las condiciones laborales, opinaron analistas.

Continúan el deterioro en la calidad del empleo, opinaron Arturo Vieyra y Sonia Machain, analistas de Banamex.

Los datos: entre el primer trimestre de 2009 y el mismo de este año la población económicamente activa (PEA) aumentó en 888 mil 200 personas, hasta alcanzar 46.1 millones de personas, de acuerdo con los datos del Inegi. En el periodo, 718 mil 144 personas hallaron una ocupación y de ellas la mitad, es decir, 364 mil 808, lo hicieron en actividades informales, añadió. El resto, 170 mil jóvenes, se incorporaron a las filas del desempleo.

El registro de altas del IMSS da cuenta de que entre marzo de 2009 y el mismo mes de 2010, el número de empleos formales creció en 301 mil 230 personas.

Dos indicadores adicionales dan cuenta del deterioro en la calidad del empleo, apuntaron los analistas de Banamex. Uno de ellos, la llamada tasa de condiciones críticas, que ubica el porcentaje de la PEA que trabaja menos de 35 horas a la semana, o que trabaja más de ese tiempo pero percibe menos del salario mínimo, se sostuvo en niveles altos: 12.18 por ciento de la población económicamente activa (5.9 millones de personas), nivel similar al de hace un año

El otro indicador mencionado por los especialistas fue el de la población que se desempeña en la economía informal, a la que el Inegi define como a las personas ocupadas que trabajan para una unidad económica que opera a partir de los recursos del hogar pero sin constituirse como empresa, de modo que la actividad no tiene una situación identificable e independiente de ese hogar.

La informalidad siguió en aumento a lo largo del último año. En el primer trimestre de 2010 fue equivalente a 28.58 por ciento de la población económicamente activa. La cifra implica que prácticamente una de cada tres personas en edad y condición de trabajar en el país lo hace en actividades ajenas a los sistemas de protección social y con recursos generados en el mismo hogar. Esto es, en empleos de escaso valor agregado y baja productividad.

Es el sector informal el que ha logrado crear una barrera de contención a la pérdida de empleos en este gobierno. Al finalizar el cuarto trimestre de 2006, cuando inició la actual administración federal, 11.4 millones de personas se desempeñaban en el sector informal, cifra que creció a 12.5 millones en marzo pasado. En ese periodo, la informalidad absorbió 1.1 millones de plazas, de acuerdo con los datos del Inegi.

La tendencia al deterioro se ha mantenido. En el primer trimestre de este año, la tasa de ocupación en el sector informal fue de 28.58 por ciento, mayor a 28.21 del mismo periodo de 2009. También es mayor a la del cuarto trimestre de 2009, que fue de 28.49 por ciento de la población económicamente activa.

http://www.jornada.unam.mx/2010/05/15/index.php?section=economia&article=023n1eco

Quand la technocratie opte pour le virtuel et ignore la réalité…

Daniel Vanhove - Mondialisation.ca, Le 15 mai 2010

Revenons sur l’explosion de la plate-forme pétrolière survenue il y a quelques semaines dans le golfe du Mexique, et dont les médias nous parlent étrangement peu, malgré les 11 victimes qui y ont laissé leur vie.

Les « experts & spécialistes » en ingénierie pétrolière s’agitent, moins fiers qu’à leur habitude tant le désastre semble inévitable… Ceux-là mêmes qui ont toujours réponse à tout, paraissent cette fois dépassés par l’ampleur de ce qu’ils ont de plus en plus de mal à cacher. Poussée par les vents, la nappe de pétrole s’avance inexorablement vers les côtes américaines, présage d’une catastrophe écologique d’une ampleur inédite dont l’écosystème particulièrement fragile des bayous (voir : article dans le Monde) mettra probablement plusieurs années à se remettre… Malgré la tentative de pose d’un premier dôme pesant 100 tonnes, malgré la pulvérisation par avion de produits dissolvants, malgré des kilomètres de barrages flottants, aucun de ces « experts & spécialistes » n’a de réponse efficace pour arrêter la fuite du puits à 1.500m de profondeur, ni pour contrer l’étendue visqueuse et délétère qui commence à souiller les côtes de Louisiane (à peine remise des suites de l’ouragan Katrina), avant celles probables du Mississipi, d’Alabama, de Floride,… Le désastre risque d’être à la hauteur de la prétention suffisante du puissant lobby pétrolier qui depuis des décennies, empoisonne impunément la planète, tant du point de vue des pollutions diverses et répétées que de celui des guerres innombrables menées un peu partout sous de fallacieux prétextes, pour arracher à la terre et à la mer, cet or baptisé « noir » et qui n’a sans doute jamais aussi bien porté son nom. L’on nous explique qu’en théorie, une vanne de sécurité « aurait dû couper le flux de pétrole remontant du puits, en cas de problème ». Seulement voilà : en pratique, la vanne n’a pas fonctionné. Et ce n’est pas la première fois, paraît-il. Faut-il encore s’en étonner ? Et dès lors, que penser si un accident de ce genre devait survenir dans une centrale nucléaire !? Evidemment, les « experts & spécialistes » de la question nucléaire nous diront que cela ne peut se produire, tant les mesures de sécurité sont garanties… Et si vous avez le malheur de leur rappeler le désastre de Tchernobyl – il y a plus de 20 ans de cela, et la zone désertique est toujours hautement contaminée, sans parler des milliers de victimes directes et indirectes dont on ne dit presque rien, et pour cause ! – ils s’empresseront de leur hauteur, de vous répondre qu’il s’agissait-là d’une technologie de l’Est, ou en d’autres mots, que la nôtre, celle de l’Occident prétentieux, est sans commune mesure avec celle des autres… Un peu comme ce que les « experts & spécialistes » de chez BP essaient de nous raconter aujourd’hui, si vous voyez ce que je veux dire… Un ami m’expliquait l’autre jour que c’était le revers de la médaille : le pétrole que les yankees volaient en Irak, ils le reperdaient en partie dans leurs eaux territoriales à raison de 800.000 litres par jour… Un autre me disait que c’était « bien fait pour eux » et que « malheureusement, il fallait que l’on passe par-là pour conscientiser un minimum tous ces irresponsables… » Reste à savoir si les responsables de cette catastrophe seront jugés et condamnés pour leur crime. Rien n’étant réglé, affaire à suivre…

Un peu plus loin sur la planète, d’autres « experts & spécialistes » nous ont dernièrement démontré pareille suffisance en paralysant l’espace aérien nord européen pendant près d’une semaine, pour cause de nuage volcanique. Entraînant des pertes financières dépassant largement le milliard d’euros pour une économie déjà à la traîne – le secteur du tourisme est la première industrie en Europe – sans prendre les précautions élémentaires de prélèvements dans l’air pour confirmer ou infirmer ce qu’un modèle informatique projetait comme données théoriques. Il est vrai que presque chaque jour l’on peut voir à quelles incroyables absurdités notre société contemporaine nous conduit : nous accordons désormais plus de crédit et de valeur au virtuel qu’à la stricte réalité des choses. N’a-t-on pas assisté à pareille bêtise lors de la pandémie annoncée d’une grippe H1N1 – après l’aviaire qui déjà s’était dégonflée telle une baudruche deux ans auparavant – censée décimer des populations entières par millions d’individus ? Et à quelles facéties n’assiste-t-on pas dans les dossiers tels que le changement climatique, les OGM , l’énergie nucléaire, … toutes matières déclarées par les tenants du pouvoir, théoriquement sans risque ? Mais, ne nous est-il pas répété depuis l’enfance, tel un mantra et quoi qu’il advienne, que demain sera meilleur qu’aujourd’hui ? Fondement même de toutes les religions, idéologies, et croyances faciles dans d’éternelles promesses, à défaut d’affronter les réalités toujours complexes du quotidien ? Loin d’être réglé, le problème du volcan islandais pourrait encore se rappeler à nous pendant de longs mois, voire quelques années, paraît-il. Ici aussi, affaire à suivre…

Dans le même temps, un peu plus au Sud de l’Europe, se déroule un autre drame : celui du risque d’une banqueroute d’un pays… premier peut-être d’une série désignée par d’autres « experts & spécialistes » tout aussi arrogants sous le patronyme peu amène de PIGS (porcs, en anglais) et regroupant le Portugal, l’Italie, la Grèce et l’Espagne. La Grèce fait ainsi les frais d’une nouvelle cacophonie européenne où depuis des mois, les élites se succèdent aux diverses tribunes qui leur sont offertes pour déclarer « qu’il faut aller vite » pour aider un pays de la zone euro. Pour celles et ceux qui ignoraient ce que « vite » signifie dans le langage d’une bureaucratie aussi pléthorique qu’incompétente, ils sont désormais renseignés ! Lamentable ! C’était sans compter les dissensions habituelles et le manque de solidarité de certains membres de l’UE. Au point qu’après les incessants atermoiements de ses plus hautes autorités, nous assistons ces derniers jours, à une course contre la montre, pour tenter de calmer les marchés qui ne s’embarrassent pas de ces vains discours – les réactions étant d’ailleurs souvent inversement proportionnelles à ces déclarations officielles. Il faut dire que l’enjeu est de taille : c’est le système dans son ensemble qui paraît sur le point de vaciller, avec le risque évoqué sur tous les continents désormais, de la disparition éventuelle de l’euro… avant celui d’une Europe décidément trop vieille pour s’adapter au monde actuel et régulièrement tentée de se replier sur soi. Même le président Obama a dû appeler la chancelière allemande A. Merkel à deux reprises le week-end dernier, pour la presser d’accepter une solution crédible avant l’ouverture « des marchés » lundi matin, afin d’éviter le pire. Le pire ? Comprenez : une réévaluation trop forte du dollar par rapport à l’euro, ce qui à terme ralentirait les exportations américaines. La « monnaie unique » sauve donc le soldat dollar. Bravo aux (ir)responsables politiques et à leur cohorte d’ « experts & spécialistes » qui ont la prétention de nous gouverner ! Résultat : d’après nombre d’intervenants sur la question, la crédibilité de l’euro reste menacée parce que les fondements mêmes d’une économie européenne s’articulant sur des disparités telles que l’illustrent la puissante Allemagne et la Grèce précaire ne sont en rien résolus. Ainsi donc, après des mois de tergiversations les gouvernements des 27 soutenus par le FMI (Fond Monétaire International, le pompier-pyromane de service) ont-ils accouché d’un accord pour se pourvoir d’outils financiers théoriques afin de protéger l’euro et les pays européens les plus fragiles. Le total des sommes prévues pour défendre l’euro des spéculateurs avoisine les 750 milliards d’euros. Cela sera-t-il suffisant ? L’avenir… et les marchés nous le diront. Pour information, l’ONG Tax Justice Network estime à 11.000 milliards de US$ le montant des fortunes privées placées dans les paradis fiscaux (cfr. l’article du Monde Diplomatique d’avril 2010 dénonçant l’impunité qui prévaut dans la lutte contre la corruption généralisée, sous le titre : « 0,025% de condamnations pour corruption », par Eric Alt). C’est dire où se trouvent les abondantes réserves d’argent bien réel pour les Etats… À une et une seule condition : qu’ils s’unissent dans une même volonté politique d’éradiquer ce vol éhonté et ruineux pour n’importe quelle économie… ce qui ne semble toujours pas à l’ordre du jour, malgré les beaux discours d’une moralisation de la finance. Une fois encore, entre la théorie et la réalité, affaire à suivre…

Mais ce qui n’est pas dit dans ce pitoyable scenario, c’est que ces hordes d’« experts & spécialistes », payés comme des princes, dont il faut rappeler qu’ils sont improductifs aux économies des pays – dans le sens où ils ne créent pas de richesse, de valeur ajoutée – n’ont pas été capables malgré leur surnombre, de surveiller, d’analyser, de comprendre, de pointer et de corriger les manquements, les erreurs et les malversations graves d’un pays dont certains responsables aidés par quelque organisme financier de renom, ont triché pour entrer dans la zone euro…

Et ce qui n’est pas dit dans ce fiasco, c’est que quoi qu’il arrive à la « monnaie unique » ou à certains pays surendettés, ces planqués auront tant gagné pendant les années où ils se sont outrageusement payés avec l’argent public – ou en d’autres mots, avec nos deniers – que peu importe ce qu’il adviendra, ceux-là seront largement à l’abri des crises gravissimes qui pourraient survenir et auxquelles la grande majorité ne pourra faire face…

Et ce qui n’est toujours pas dit à la population pourtant en droit de savoir, c’est que malgré les habituels discours qui lui sont tenus au moment des campagnes électorales ou des crises majeures, rien n’a changé en ce qui concerne les économies parallèles, le laisser-faire en matière de régulation financière, le scandale des bonus et parachutes dorés, et les paradis fiscaux où l’argent est brassé à flots, sans souci pour les banques qui y ont toutes leurs filiales, visibles ou camouflées…

Enfin, ce qui n’est pas dit non plus, c’est qu’encore et toujours, la majorité de ces truands en cols blancs ne seront probablement pas inquiétés pour leurs malversations et fausses déclarations. Ils jouiront comme d’autres avant eux et sous toutes les latitudes, d’une impunité due à leurs statuts passés et à leur fortune, les protégeant de toute poursuite. Ceux-là n’auront peut-être même aucun regret. C’est un sentiment qu’ils ne connaissent plus depuis longtemps. Ces « seigneurs » se sentent intouchables et l’impunité dont ils jouissent n’est pas prête de tomber puisqu’ils sont souvent à la source même des lois protectrices qui les prémunit de ce genre de situation. En revanche, vous et moi, pour un mauvais stationnement, une roue sur un trottoir, une poubelle sortie avant l’heure, un document administratif rentré hors délai, et j’en passe… sommes vidéo-surveillés, rappelés à l’ordre et devons souvent nous acquitter d’amendes ou de poursuites judiciaires bien injustes… pour si peu de choses. Et vous et moi pouvons bien descendre de temps en temps dans la rue pour manifester notre mécontentement face à ce deux-poids deux-mesures, les tenants du pouvoir n’en ont cure, déclarant même sans vergogne à l’image du président français que « dorénavant même quand il y a la grève, plus personne ne s’en aperçoit… »

Dans ces diverses situations survenues à quelques semaines d’intervalle, une constante émerge cependant. Celle des conditions toujours plus précaires de la grande majorité des citoyen(ne)s qui n’ont d’autre choix que de subir les décisions de cette dictature d’« experts & spécialistes » en leurs matières respectives, avec cette conclusion que l’on peut en tirer : que nous sommes vraiment entourés de têtes pleines de certitudes et d’arrogance, mais hélas de têtes rarement bien faites ni à la hauteur des décisions qui s’imposent pour une saine, intelligente et juste gestion de la chose publique!

Ce que les citoyen(ne)s dénoncent, ce n’est pas tant le train de mesures qu’il faut parfois se résigner à prendre face aux difficultés passagères du quotidien, que l’injustice dans la part que chacun y prend, et les inégalités qui en découlent ! Est-ce donc si difficile à comprendre ? Et quoi de plus normal alors que face aux discours officiels qui nous sont tenus et relayés abondamment par les médias sous contrôle, nous restions vigilants, lucides, critiques et préférions la résistance et les alternatives, aux lendemains qui s’annoncent sombres, avant peut-être le délitement final qui risque bien de tout embraser !?
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