À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

16/01/2010

EEUU desclasifica un documental sobre la operación que fracasó en Palomares

El Archivo de Seguridad Nacional estrenó hoy en Internet el documental "Operation Headstart" (1959), producido por las Fuerzas Aéreas de EEUU para demostrar la fiabilidad de su estrategia frente a un hipotético ataque de la URSS y que condujo al incidente nuclear de Palomares, al sur de España.

El filme fue, junto a "Development of the Soviet Ballistic Missile Threat" (1960) y "SAC Command Post" (1963-1964), uno de los tres estrenados hoy en la web del Archivo de Seguridad Nacional, un grupo privado localizado en la Universidad George Washington.

Esta organización obtuvo estos filmes en aplicación de la Freedom of Information Act que permite solicitar y acceder a información inédita o clasificada de los registros de la administración de EEUU. En "Operation Headstart" los mandos militares explican los pormenores de la respuesta aérea de EEUU ante la amenaza de que los soviéticos pudieran lanzar misiles balísticos de largo alcance.

El plan que consistía en tener permanentemente en vuelo bombarderos B-52 cargados con armamento nuclear con el fin de contraatacar incluso aunque sus enemigos hubieran inutilizado las bases terrestres. Este planteamiento exigía la práctica de repostar en el aire y prolongados tiempos de misión para las tripulaciones.

A pesar de la presentación recogida en el documental, la estrategia sufrió varias revisiones posteriores por los altos mandos y la operación aérea fue desechada después de dos accidentes parecidos en España y Dinamarca en 1966 y 1968, respectivamente.

El suceso de Palomares

El 17 de enero de hace 38 años, un B-52, con cuatro bombas nucleares de 1,5 megatones a bordo, y un avión cisterna de la base estadounidense de Morón (Cádiz) colisionaron en vuelo sobre el pueblo de Palomares (Almería). Tres de las bombas fueron localizadas poco más tarde en tierra y la cuarta fue encontrada un mes después por un pescador local.

Como resultado del suceso se vertió al mar plutonio, uranio y americio, aunque se evitó la catástrofe.

Este fue el motivo por el que el entonces ministro de Información y Turismo, Manuel Fraga Iribarne, y el embajador de EEUU en España, Angier Biddle Duke, se bañaron en las aguas de Palomares para demostrar que no había contaminación en esa zona de la costa mediteránea.

"Operation Headstart" fue seguido por "Development of the Soviet Ballistic Missile Threat" y posteriormente se creó "SAC Command Post", documentales propagandísticos pensados para convencer sobre la capacidad disuasoria de EEUU y, en el segundo caso, para contrarrestar la mala publicidad que recibía el Ejército desde Hollywood sobre la gestión de los recursos nucleares.

La novela de Harvey Wheeler y posterior película "Fail-Safe" (1962), sobre una guerra accidental causada por la falta de control sobre los arsenales, y el filme "Dr. Strangelove or How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb", sátira sobre un conflicto nuclear iniciado deliberadamente por un general psicótico de las Fuerzas Aéreas, movieron a los mandos a realizar "SAC Command Post". El filme finalmente no fue hecho público y, aunque no se conocen con certeza las razones, los analistas especularon con que podría haber sido contraproducente y haber incrementado las tensiones con Moscú.

http://www.publico.es/espana/286091/eeuu/desclasifica/documental/operacion/fracaso/palomares

The Pulsing Heart of SAC

U.S. Air Force Special Film Project 1236, "SAC Command Post," n.d, Produced by Air Force Audio Visual Service (Military Airlift Command), 1365th Photo Squadron
Air Force Index Card
Source: National Archives, Motion Pictures Unit, Record Group 342

Very little information is currently available about the production of "SAC Command Post" by the the 1365th Photo Squadron, and no evidence has surfaced that it was ever shown. The film provides a detailed picture of the Strategic Air Command's command-and-control system lodged in the lower levels of SAC headquarters at Offutt Air Force Base, near Omaha, Nebraska. Describing tight civilian control over decisions to use nuclear weapons, the film emphasizes SAC's place in the chain of command and the mechanisms for preventing the "unauthorized launch" of bombers and missiles that could start a nuclear war.




The Missile Gap

U.S. Air Force Film Report 103, "Development of the Soviet Ballistic Missile Threat," 1960, produced by Air Photographic and Charting Service, Secret
Air Force Index Card
Source: National Archives, Motion Pictures Unit, Record Group 342

This film, depicting a once secret Air Force briefing on the prospective Soviet missile and bomber threat in the years ahead, illuminates the difficulties of intelligence analysis.

Delivered by Director of Warning and Threat Assessment, Office of Assistant Chief of Staff for Intelligence, Col. Linscott A. Hall, and one of his assistants, Lt. Colonel Joel Parks, the briefing was representative of Air Force intelligence thinking at the height of the "missile gap" controversy over the degree of the Soviet ICBM buildup. The intended audience for the briefing may have been other intelligence agencies, senior officials in the Pentagon, and possibly civilians and officers who worked on nuclear targets, so they would have their agency's angle on the prospective threat.



Airborne Alert

Air Force Film Report 33, "Operation Headstart", 1959, produced by Air Photographic and Charting Service (component of Military Air Transport Service)
Air Force Index Card
Source: National Archives Motion Pictures Unit, Record Group 342


Si on prenait un peu aux riches, ça ferait combien pour les pauvres ?

Jean Gadrey

Question politiquement incorrecte quand on est gouvernés par des riches, mais je la pose. Calculs et scénarios sur la base de chiffres officiels qui ont fait de gros progrès (merci au CNIS et à l’Insee), mais qui sous-estiment probablement encore un peu les revenus des très riches.

En 2007, en France, les 10 % les plus riches avaient un « niveau de vie » moyen de 50 778 euros par an et par « unité de consommation (uc) » ou « équivalent adulte isolé » (voir ci-dessous), soit 4231 euros par mois. Quant aux 10 % les plus pauvres, ils avaient en 2007 un niveau de vie par uc de 7698 euros, soit 641 euros par mois. DONC 6,6 FOIS MOINS. Source de ces chiffres

Parenthèse technique. Pour l’Insee, le niveau de vie d’une personne est égal au revenu disponible du ménage (après impôts directs) divisé par le nombre d’unités de consommation (uc). On attribue 1 uc au premier adulte du ménage, 0,5 uc aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 uc aux enfants de moins de 14 ans. Avec cette définition, toutes les personnes d’un ménage ont le même « niveau de vie ». En moyenne, on a en France 1,6 uc par ménage, avec des écarts (que j’ignore) selon les niveaux de vie. Les raisons pour lesquelles on adopte des conventions aussi abstraites tiennent, par exemple, au fait que deux personnes vivant en « ménage » sous le même toit, ont un niveau de vie supérieur à celui de deux personnes ayant les mêmes revenus mais vivant isolément. Fin de la parenthèse.

Décidons arbitrairement de prélever 10 % des revenus des 10 % les plus riches. En moyenne. Car on peut (et on doit) faire du progressif, mais peu importe ici. Il continueront à vivre très bien, merci. J’en fais partie, je sais. Cela fait un prélèvement de 423 euros par mois EN MOYENNE par uc (équivalent adulte).

Premier scénario. On transfère le tout aux 10 % du bas de l’échelle (le premier « décile »), là aussi en attribuant plus à ceux qui ont le moins. Ils voient progresser leur niveau de vie moyen de 66 %, ce qui change leur vie : ils passent en moyenne de 641 euros par uc, bien en dessous du seuil de pauvreté (908 euros pour une personne seule en 2007) à 1064 euros par uc.

Second scénario. On peut (et on doit), en conservant la progressivité, décider d’utiliser cette « redistribution solidaire des revenus » pour améliorer le sort des 20 % du bas de l’échelle, à raison par exemple de 2/3 de la somme prélevée pour le premier décile (soit 282 euros par uc et par mois), et 1/3 pour le second décile (dont le niveau de vie moyen était de 938 euros par uc et par mois). On améliore alors le niveau de vie du premier décile de 44 % (niveau de vie de 923 euros en moyenne à l’arrivée) et celui du second de 15 % (1079 euros en moyenne à l’arrivée).

Cet exercice hypothétique et abstrait – car il y a de nombreuses façons possibles de réaliser de tels transferts de revenus, en passant en partie par la réduction des inégalités de salaires et autres « revenus primaires », et en partie par de vrais impôts et prestations sociales - ne vaut que sur un point. Il prouve qu’en réduisant de façon modérée les hauts revenus, on pourrait ERADIQUER LA PAUVRETE MONETAIRE EN FRANCE et améliorer la situation matérielle de ceux qui sont un peu au dessus du seuil de pauvreté, sans toucher aux revenus de l’immense majorité, et sans invoquer le besoin de croissance. Le rapport entre les niveaux de vie moyens des déciles du haut et du bas passerait de 6,6 (4231/641) à 4,1 (3808/923) dans le second scénario, celui qui se propose d’améliorer le sort des 20 % du bas).

Si nos élites ne gravitaient pas, presque toutes, du côté des 10 % du haut, et assez souvent du côté des 1 % les plus fortunés et de leurs réseaux, il y a longtemps que cela aurait été envisagé. Qui plus est, ce serait excellent pour la fameuse « relance de la consommation ».

Au fait, combien représenterait au total cette « redistribution solidaire » aux effets sociaux immenses ?

Une ponction de 5 078 euros par an et par uc (équivalent adulte) en moyenne, pour environ 10 % d’un total de 41 millions d’uc, cela fait un peu plus de 20 milliards d’euros. Mais à combien se monte la perte annuelle de ressources fiscales liée aux réductions successives de l’impôt sur le revenu depuis 2000, sans même parler d’autres cadeaux ? Réponse : autour de 30 milliards d’euros, dont les deux tiers ont bénéficié exclusivement aux 10 % les plus riches. Les deux tiers de 30 milliards, c’est… 20 milliards ! Calculs à la louche, mais pas besoin de petite cuillère pour ces ordres de grandeur.

Ce « transfert solidaire » reviendrait donc à peu près à reprendre aux 10 % les plus riches les cadeaux fiscaux qu’on leur a offerts sur un plateau depuis dix ans.

- « Allo, la Gauche ? »
- « Tous nos opérateurs sont en ligne électorale, veuillez rappeler ultérieurement ».

Annexe
Revenu disponible = revenus d’activité, revenus du patrimoine et prestations sociales (y compris les retraites et les indemnités de chômage), nets des impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, CSG et CRDS).

http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2010/01/11/si-on-prenait-un-peu-aux-riches-ca-ferait-combien-pour-les-pauvres/

Il faut protéger le travail contre les délocalisations

Maurice Allais - prix Nobel d’économie

« Tout libéraliser amène les pires désordres », constate le prix Nobel d’économie Maurice Allais, qui se définit comme « libéral et socialiste », préoccupé à la fois par « l’efficacité de la production » et de « l’équité de la redistribution des richesses ». Il est « fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières », tonne-t-il, car le commerce international est un moyen et non une fin en soi : le « chômage résulte des délocalisations, elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaires... À partir de ce constat, ce qu’il faut entreprendre en devient tellement évident ! Il est indispensable de rétablir une légitime protection. » Déplorant la quasi unanimité en faveur de la mondialisation qui prévalait avant la crise, Maurice Allais dénonce « un pourrissement du débat et de l’intelligence, par le fait d’intérêts particuliers souvent liés à l’argent », et rappelle que malgré ses demandes répétées, les médias ont toujours refusé de donner la parole au seul Nobel d’économie français.

Le point de vue que j’exprime est celui d’un théoricien à la fois libéral et socialiste. Les deux notions sont indissociables dans mon esprit, car leur opposition m’apparaît fausse, artificielle. L’idéal socialiste consiste à s’intéresser à l’équité de la redistribution des richesses, tandis que les libéraux véritables se préoccupent de l’efficacité de la production de cette même richesse. Ils constituent à mes yeux deux aspects complémentaires d’une même doctrine. Et c’est précisément à ce titre de libéral que je m’autorise à critiquer les positions répétées des grandes instances internationales en faveur d’un libre-échangisme appliqué aveuglément.

Le fondement de la crise : l’organisation du commerce mondial

La récente réunion du G20 a de nouveau proclamé sa dénonciation du « protectionnisme » , dénonciation absurde à chaque fois qu’elle se voit exprimée sans nuance, comme cela vient d’être le cas. Nous sommes confrontés à ce que j’ai par le passé nommé « des tabous indiscutés dont les effets pervers se sont multipliés et renforcés au cours des années » (1). Car tout libéraliser, on vient de le vérifier, amène les pires désordres. Inversement, parmi les multiples vérités qui ne sont pas abordées se trouve le fondement réel de l’actuelle crise : l’organisation du commerce mondial, qu’il faut réformer profondément, et prioritairement à l’autre grande réforme également indispensable que sera celle du système bancaire.

Les grands dirigeants de la planète montrent une nouvelle fois leur ignorance de l’économie qui les conduit à confondre deux sortes de protectionnismes : il en existe certains de néfastes, tandis que d’autres sont entièrement justifiés. Dans la première catégorie se trouve le protectionnisme entre pays à salaires comparables, qui n’est pas souhaitable en général. Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire. C’est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières. Mais c’est aussi vrai avec des pays plus proches, y compris au sein même de l’Europe. Il suffit au lecteur de s’interroger sur la manière éventuelle de lutter contre des coûts de fabrication cinq ou dix fois moindres - si ce n’est des écarts plus importants encore - pour constater que la concurrence n’est pas viable dans la grande majorité des cas. Particulièrement face à des concurrents indiens ou surtout chinois qui, outre leur très faible prix de main-d’œuvre, sont extrêmement compétents et entreprenants.

Il faut délocaliser Pascal Lamy !

Mon analyse étant que le chômage actuel est dû à cette libéralisation totale du commerce, la voie prise par le G20 m’apparaît par conséquent nuisible. Elle va se révéler un facteur d’aggravation de la situation sociale. À ce titre, elle constitue une sottise majeure, à partir d’un contresens incroyable. Tout comme le fait d’attribuer la crise de 1929 à des causes protectionnistes constitue un contresens historique. Sa véritable origine se trouvait déjà dans le développement inconsidéré du crédit durant les années qui l’ont précédée. Au contraire, les mesures protectionnistes qui ont été prises, mais après l’arrivée de la crise, ont certainement pu contribuer à mieux la contrôler. Comme je l’ai précédemment indiqué, nous faisons face à une ignorance criminelle. Que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ait déclaré : « Aujourd’hui, les leaders du G20 ont clairement indiqué ce qu’ils attendent du cycle de Doha : une conclusion en 2010 » et qu’il ait demandé une accélération de ce processus de libéralisation m’apparaît une méprise monumentale, je la qualifierais même de monstrueuse. Les échanges, contrairement à ce que pense Pascal Lamy, ne doivent pas être considérés comme un objectif en soi, ils ne sont qu’un moyen. Cet homme, qui était en poste à Bruxelles auparavant, commissaire européen au Commerce, ne comprend rien, rien, hélas ! Face à de tels entêtements suicidaires, ma proposition est la suivante : il faut de toute urgence délocaliser Pascal Lamy, un des facteurs majeurs de chômage !

Plus concrètement, les règles à dégager sont d’une simplicité folle : du chômage résulte des délocalisations, elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaires... À partir de ce constat, ce qu’il faut entreprendre en devient tellement évident ! Il est indispensable de rétablir une légitime protection. Depuis plus de dix ans, j’ai proposé de recréer des ensembles régionaux plus homogènes, unissant plusieurs pays lorsque ceux-ci présentent de mêmes conditions de revenus, et de mêmes conditions sociales. Chacune de ces « organisations régionales » serait autorisée à se protéger de manière raisonnable contre les écarts de coûts de production assurant des avantages indus a certains pays concurrents, tout en maintenant simultanément en interne, au sein de sa zone, les conditions d’une saine et réelle concurrence entre ses membres associés.

Un protectionnisme raisonné et raisonnable

Ma position et le système que je préconise ne constitueraient pas une atteinte aux pays en développement. Actuellement, les grandes entreprises les utilisent pour leurs bas coûts, mais elles partiraient si les salaires y augmentaient trop. Ces pays ont intérêt à adopter mon principe et à s’unir à leurs voisins dotés de niveaux de vie semblables, pour développer à leur tour ensemble un marché interne suffisamment vaste pour soutenir leur production, mais suffisamment équilibré aussi pour que la concurrence interne ne repose pas uniquement sur le maintien de salaires bas. Cela pourrait concerner par exemple plusieurs pays de l’est de l’Union européenne, qui ont été intégrés sans réflexion ni délais préalables suffisants, mais aussi ceux d’Afrique ou d’Amérique latine.

L’absence d’une telle protection apportera la destruction de toute l’activité de chaque pays ayant des revenus plus élevés, c’est-à-dire de toutes les industries de l’Europe de l’Ouest et celles des pays développés. Car il est évident qu’avec le point de vue doctrinaire du G20, toute l’industrie française finira par partir à l’extérieur. Il m’apparaît scandaleux que des entreprises ferment des sites rentables en France ou licencient, tandis qu’elles en ouvrent dans les zones à moindres coûts, comme cela a été le cas dans le secteur des pneumatiques pour automobiles, avec les annonces faites depuis le printemps par Continental et par Michelin. Si aucune limite n’est posée, ce qui va arriver peut d’ores et déjà être annoncé aux Français : une augmentation de la destruction d’emplois, une croissance dramatique du chômage non seulement dans l’industrie, mais tout autant dans l’agriculture et les services.

De ce point de vue, il est vrai que je ne fais pas partie des économistes qui emploient le mot « bulle ». Qu’il y ait des mouvements qui se généralisent, j’en suis d’accord, mais ce terme de « bulle » me semble inapproprié pour décrire le chômage qui résulte des délocalisations. En effet, sa progression revêt un caractère permanent et régulier, depuis maintenant plus de trente ans. L’essentiel du chômage que nous subissons -tout au moins du chômage tel qu’il s’est présenté jusqu’en 2008 - résulte précisément de cette libération inconsidérée du commerce à l’échelle mondiale sans se préoccuper des niveaux de vie. Ce qui se produit est donc autre chose qu’une bulle, mais un phénomène de fond, tout comme l’est la libéralisation des échanges, et la position de Pascal Lamy constitue bien une position sur le fond.

Crise et mondialisation sont liées

Les grands dirigeants mondiaux préfèrent, quant à eux, tout ramener à la monnaie, or elle ne représente qu’une partie des causes du problème. Crise et mondialisation : les deux sont liées. Régler seulement le problème monétaire ne suffirait pas, ne réglerait pas le point essentiel qu’est la libéralisation nocive des échanges internationaux, Le gouvernement attribue les conséquences sociales des délocalisations à des causes monétaires, c’est une erreur folle.

Pour ma part, j’ai combattu les délocalisations dans mes dernières publications (2). On connaît donc un peu mon message. Alors que les fondateurs du marché commun européen à six avaient prévu des délais de plusieurs années avant de libéraliser les échanges avec les nouveaux membres accueillis en 1986, nous avons ensuite, ouvert l’Europe sans aucune précaution et sans laisser de protection extérieure face à la concurrence de pays dotés de coûts salariaux si faibles que s’en défendre devenait illusoire. Certains de nos dirigeants, après cela, viennent s’étonner des conséquences !

Si le lecteur voulait bien reprendre mes analyses du chômage, telles que je les ai publiées dans les deux dernières décennies, il constaterait que les événements que nous vivons y ont été non seulement annoncés mais décrits en détail. Pourtant, ils n’ont bénéficié que d’un écho de plus en plus limité dans la grande presse. Ce silence conduit à s’interroger.

Un prix Nobel... téléspectateur

Les commentateurs économiques que je vois s’exprimer régulièrement à la télévision pour analyser les causes de l’actuelle crise sont fréquemment les mêmes qui y venaient auparavant pour analyser la bonne conjoncture avec une parfaite sérénité. Ils n’avaient pas annoncé l’arrivée de la crise, et ils ne proposent pour la plupart d’entre eux rien de sérieux pour en sortir. Mais on les invite encore. Pour ma part, je n’étais pas convié sur les plateaux de télévision quand j’annonçais, et j’écrivais, il y a plus de dix ans, qu’une crise majeure accompagnée d’un chômage incontrôlé allait bientôt se produire, je fais partie de ceux qui n’ont pas été admis à expliquer aux Français ce que sont les origines réelles de la crise alors qu’ils ont été dépossédés de tout pouvoir réel sur leur propre monnaie, au profit des banquiers. Par le passé, j’ai fait transmettre à certaines émissions économiques auxquelles j’assistais en téléspectateur le message que j’étais disposé à venir parler de ce que sont progressivement devenues les banques actuelles, le rôle véritablement dangereux des traders, et pourquoi certaines vérités ne sont pas dites à leur sujet. Aucune réponse, même négative, n’est venue d’aucune chaîne de télévision et ce durant des années.

Cette attitude répétée soulève un problème concernant les grands médias en France : certains experts y sont autorisés et d’autres, interdits. Bien que je sois un expert internationalement reconnu sur les crises économiques, notamment celles de 1929 ou de 1987, ma situation présente peut donc se résumer de la manière suivante : je suis un téléspectateur. Un prix Nobel... téléspectateur, Je me retrouve face à ce qu’affirment les spécialistes régulièrement invités, quant à eux, sur les plateaux de télévision, tels que certains universitaires ou des analystes financiers qui garantissent bien comprendre ce qui se passe et savoir ce qu’il faut faire. Alors qu’en réalité ils ne comprennent rien. Leur situation rejoint celle que j’avais constatée lorsque je m’étais rendu en 1933 aux États-Unis, avec l’objectif d’étudier la crise qui y sévissait, son chômage et ses sans-abri : il y régnait une incompréhension intellectuelle totale. Aujourd’hui également, ces experts se trompent dans leurs explications. Certains se trompent doublement en ignorant leur ignorance, mais d’autres, qui la connaissent et pourtant la dissimulent, trompent ainsi les Français.

Cette ignorance et surtout la volonté de la cacher grâce à certains médias dénotent un pourrissement du débat et de l’intelligence, par le fait d’intérêts particuliers souvent liés à l’argent. Des intérêts qui souhaitent que l’ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu’il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinationales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d’un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu’il appauvrit la majorité de la population française mais aussi mondiale.

Question clé : quelle est la liberté véritable des grands médias ? Je parle de leur liberté par rapport au monde de la finance tout autant qu’aux sphères de la politique.

Deuxième question : qui détient de la sorte le pouvoir de décider qu’un expert est ou non autorisé à exprimer un libre commentaire dans la presse ?

Dernière question : pourquoi les causes de la crise telles qu’elles sont présentées aux Français par ces personnalités invitées sont-elles souvent le signe d’une profonde incompréhension de la réalité économique ? S’agit-il seulement de leur part d’ignorance ? C’est possible pour un certain nombre d’entre eux, mais pas pour tous. Ceux qui détiennent ce pouvoir de décision nous laissent le choix entre écouter des ignorants ou des trompeurs.

(1) L’Europe en crise. Que faire ?, éditions Clément Juglar. Paris, 2005.

(2) Notamment La crise mondiale aujourd’hui, éditions Clément Juglar, 1999, et la Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance : l’évidence empirique, éditions Clément Juglar, 1999.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2956

Portugal, um país desigual

Eugénio Rosa

"Uma das características da sociedade portuguesa é precisamente a profunda desigualdade que se tem agravado nos últimos anos que, com a crise actual e com o aumento do desemprego, têm tendência a piorar nos próximos anos se as graves assimetrias regionais não forem efectivamente combatidas, o que não se consegue fazendo só mais auto-estradas e TGV´s. Para além de ser um problema social grave, elas constituem um obstáculo importante ao crescimento económico e ao desenvolvimento, porque estão associadas ao baixo poder de compra da maioria da população." - PORTUGAL, UM PAÍS DESIGUAL PARA OS PORTUGUESES

http://www.eugeniorosa.com/Sites/eugeniorosa.com/Documentos/2009/4-2010-Um-Pais-Desigual.pdf

Compare o salário mínimo português com os da UE e dos EUA

Consulte a infografia interactiva da VISÃO perceba a diferença entre os valores do salário mínimo que se praticam em Portugal e na União Europeia e nos Estados Unidos


Portugal não está exactamente na cauda da Europa no que respeita ao Salário Mínimo Nacional. Mas fica bem longe dos países que nos estão geograficamente mais próximos.

Entre os Estados-membros e os candidatos à entrada na UE, os salários mínimos mais baixoa situam-se nos países de Leste, cabendo o recorde à Bulgária. Já na Europa Ocidental e do Sul, todos os nossos vizinhos têm "mínimos" bem mais altos do que o nosso, incluindo Espanha. Até o tradicional companheiro de Portugal nos últimos lugares das estatísticas europeias, a Grécia, dispõe de um valor mais alto. Para já não falar da Irlanda, outro antigo desfavorecido europeu, que tem agora um salário mínimo só ultrapassado pelo Luxemburgo.

Nota: Em Portugal, como nos outros países, os valores foram calculados sobre 14 meses (incluem férias e 13ª mês).

http://aeiou.visao.pt/compare-o-salario-minimo-portugues-com-os-da-ue-e-dos-eua=f543243

La miseria y el paro hunden al este industrial de Ucrania

Ana Tsukanova

El este rusófono de ucrania, verdadero motor económico del país, ha sufrido duramente el embate de la crisis global. El paro se ha disparado y los sueldos se han desplomado con la caída a plomo de la demanda a las acerías y de la industria pesada que marca la vida de sus ciudades.

Desde las ventanas de su mísera casita, Olexandre Fiodorov contempla las chimeneas de la gigantesca acería de la que ha sido despedido recientemente, como tantos miles de trabajadores en el bastión industrial del este de Ucrania. «Fui despedido el 8 de enero, Todo el taller donde trabajaba ha sido suprimido», cuenta este joven parado de 36 años de edad.

A cientos de metros de su hogar, que no dispone de agua corriente, la silueta sombría de la acería Azovstal destaca en un paisaje desolado en el que incontables chimeneas escupen humo. La industria pesada, concentrada en esta región y motor de las exportaciones del país, ha sido alcanzada de lleno por la crisis con una brusca caída de la demanda de sus productos.

En Mariupol, ciudad de 500.000 habitantes y cuya vida está marcada por Azovstal y por otra gran acería, Illitch, así como por la fábrica de de maquinaria Azovmach, sus habitantes sobreviven con fuertes bajadas de los salarios cuando no han perdido el empleo.

«Desde finales de 2008 comenzaron a reducir el trabajo a 15 días al mes, con la correspondiente reducción de los sueldos», cuenta Leonid, electricista de Azovmach que perdió su empleo en mayo pasado.

La indemnización que recibe, 700 hryvnias (60 euros) al mes frente a su antiguo salario de 2.500 hryvnias (210 euros) no apaga ni de lejos su angustia. «Es muy duro, falta dinero hasta para la alimentación».

Ya no hay obras

Olexy Kostyliov, 34 años, se inscribió en las listas del paro en agosto. El sector de la construcción, en el que trabajaba, se ha hundido por la crisis. «Antes había un centenar de grandes obras en Mariupol. Ahora sólo quedan dos y los que trabajan en ellas ganan mucho menos». «Es casi imposible encontrar trabajo. Lo único que hay son empleos de guardias de seguridad por 800 hryvnias (65 euros) al mes», suspira.

Las estadísticas oficiales no pueden ocultar la evidencia. «Antes de la crisis recibíamos 2.500 ofertas al mes, período en el que se registraban 1.300 parados. Teníamos que acudir a otras regiones para buscar especialistas», recuerda con nostalgia el director de la agencia para el empleo local, Yuri Tchupine. «La tendencia ahora es la inversa. Tenemos 300-500 ofertas de empleo para 4.500 demandantes de trabajo y buscamos puestos vacantes en toda Ucrania».

Igor Simonik, responsable de un sindicato local, confirma esta tendencia y asegura que a muchos parados no les queda otra que ir a buscar trabajo a Rusia o a Europa Occidental.

Autoridades y expertos insisten en dar mensajes optimistas, asegurando que la economía habría tocado fondo y que registraría una ligera recuperación. Se apoyan para ello en previsiones del BM que auguran un incremento del 2,5% del PIB en el año que acaba de comenzar (el índice bajó un 15% en 2009).

Escaso consuelo para los habitantes de Mariupol. «Los precios suben, los salarios se desploman y esto va de mal en peor», sentencia resignado un taxista local.

http://www.rebelion.org/noticia.php?id=98782

Funcionários Guiné-Telecom ameaçam com greve devido a 12 meses de salários em atraso

Os funcionários da Guiné Telecom, sem salários há 12 meses, ameaçam desligar o sistema de comunicação com o exterior se a sua situação não for “rapidamente resolvida”, disse hoje Guerra Sambu, porta-voz do comité sindical da empresa luso-guineense.

“Há 12 meses que os funcionários da Guiné Telecom não recebem os salários. A administração tem-se mostrado incapaz de resolver o problema. O Governo e a Portugal Telecom, como patronato, também se têm mostrado passivos perante o nosso sofrimento”, afirmou Guerra Sambu, em conferência de imprensa.

Segundo o sindicalista, há mais de um ano que os dois accionistas têm anunciado e adiado simultaneamente a reunião do Conselho de Administração da empresa mista luso-guineense.

O porta-voz dos trabalhadores da empresa acusa a Portugal Telecom e o Governo da Guiné-Bissau de falta de vontade na resolução do problema, afirmando mesmo que “existe uma estratégia deliberada dos accionistas para aniquilar a empresa”.

O sindicalista acusa a Portugal Telecom de “manobras dilatórias” e responsabiliza o Governo da Guiné-Bissau “de falta de estratégia” perante o seu parceiro português.

Segundo Guerra Sambu, os dois accionistas da empresa também “não se entendem nos valores da dívida” do Estado guineense à Guiné Telecom.

“A Portugal Telecom diz que é uma dívida de cerca de 22 biliões de Francos CFA (cerca de 30 milhões de euros), enquanto o Governo da Guiné-Bissau diz que é uma dívida de 16 biliões de CFA”, referiu o porta-voz.

Guerra Sambu considerou que, independentemente da dívida, é fundamental que o Governo da Guiné-Bissau encontre formas de pagar aos funcionários, uma vez que o Executivo já iniciou a liquidação da chamada dívida interna.

Caso contrário, os funcionários da Guiné Telecom irão avançar para ciclos de greves que poderão paralisar por completo a comunicação da Guiné-Bissau com o exterior, avisou Sambu.

O pré-aviso de greve vai ser entregue segunda-feira.

“Será uma greve sem precedentes porque irá paralisar todo o sistema de comunicação internacional, até os telemóveis poderão ser afectados porque grande parte da comunicação desse sistema passa pela Guiné Telecom” destacou o porta-voz dos trabalhadores.

A Guiné Telecom, empresa luso-guineense fundada em 1989, mas declarada tecnicamente falida, conta com 280 trabalhadores efectivos e 80 contratados.

http://economia.publico.clix.pt/noticia.aspx?id=1418058

15/01/2010

Les interviews de Pascale Fourier - 2008/2009

Interview du 18/11/08 : Jacques Sapir
1 - La fin du modèle néo-libéral ?
2 - Protectionnisme et crise de 29
3 - Esquisses de la suite de la crise...et solutions possibles...
Interview du 19/11/08: Emmanuel Todd
1 - Pour un protectionnisme européen
2 - Nation...et protectionnisme européen
Interview du 06/03/09: Gaël Brustier
1- Quand le PS se revendique de la social-démocratie
2- Les socialistes, les altermondialistes et les autres...
Interview du 06/03/09: Frédéric Lordon
1- Crise: l'urgente nécessité de la nationalisation intégrale des banques
2- La crise est celle du "capitalisme de basse pression salariale"
3- Crise: Protectionnisme?...
4- Crise: Monnaie, Union Européenne... et pommes de terre
Interview du 09/03/09: Samir Amin
1- Dynamique du capitalisme en crise
2- Oligopoles et rente de monopole
3- Le capitalisme financiarisé ennemi de la démocratie
Interview du 18/11/08: Christian Laval
1- Le libéralisme, ce n'est pas moins d'Etat, mais un Etat au service de la concurrence
2- Libéralisme: la transformation de la nature de l'Etat lui-même
3- L'UE, une construction ordo-libéral
4- Mise en concurrence généralisée et démocratie
Interview du 15/05/09: Aurélien Bernier
1- Pourquoi prôner la désobéissance européenne est une nécessité
2- Dissoudre la Gauche.... ou prôner la désobéissance européenne : un vrai choix ...
Interview du 15/09/09: Jean-Pierre Chevènement
1- La Nation est-elle obsolète?
2- Les socialistes, la Nation et l'Europe...

http://www.jaidulouperunepisode.org/Les_interviews_de_Pas...

http://j-ai-du-louper-un-episode.hautetfort.com/

ChampPénal - Vol. VI | 2009

La rubrique Varia regroupe tous les articles qui ne font pas partie d'un dossier thématique. Ces articles peuvent cependant être soit entièrement indépendants, soit réagir à ou compléter un dossier thématique paru précédemment. Pour cette rubrique, les contributions acceptées par le comité de lecture de la revue sont publiées tout au long de l'année, sans périodicité fixe.
http://champpenal.revues.org/7074

ITALY: African migrants rebel against racist attacks

Monica Moorehead

The worldwide capitalist economic crisis is hitting tens of millions workers hard to one degree or another, be they in the poorer nations or the rich capitalist countries. Many of these workers are forced to migrate from their beloved homelands to look for work that will provide a decent wage to help them and their families survive.

Immigrants are amongst the most exploited and oppressed workers. They make tremendous profits for the capitalists. Not only do the bosses pay them starvation wages with no benefits, but many face political and social injustice, especially racism. The recent developments in Rosarno, Italy, are a prime example of this outright bigotry and repression.

don’t let them kill. 6 are dead.’ " border="0">

In Italy sign reads: ‘We are people like you,
don’t let them kill. 6 are dead.’

On Jan. 7, African migrants, including some from Nigeria and Togo, rebelled against racist attacks by white Italians and the police in this working-class town near the western coast of Calabria. Many of these workers, who are both documented and undocumented, work in the citrus groves in the poorly developed southern part of the Italian peninsula.

Characterized as “rioting” by bourgeois news sources in order to demonize the justifiable nature of the rebellion, some African immigrants were provoked to rebel when an immigrant was shot by a vigilante in a nearby city. It has been reported that organized crime figures helped to instigate the attacks.

The immigrants used rocks to fight back and torched cars against the vigilantes and the police. Some migrants were shot with pellet fire and beaten with metal rods, warranting surgery.

On the weekend of Jan. 10, more than 1,000 African workers were transported to detention centers, which are nothing more than jails, for an indefinite amount of time with no charges.

Thousands of African workers pick fruit during the harvest season for many hours a day for less than $200 a week. This is work that many native-born Italians feel would be degrading for them to do.

The rebellion reflects the deepening economic crisis in Italy and Europe in general: In the absence of a strong anti-racist, pro-working class movement against the bosses, migrants are being scapegoated for the loss of jobs. Public statements and policies of the xenophobic, right-wing government of Silvio Berlusconi have given the green light for these racist attacks to intensify.

Treated as social outcasts, these African migrants are forced to live in makeshift shanty towns with much of the housing being subhuman. On behalf of the tourist industry, a majority of these makeshift houses have been bulldozed at the same time these workers are being detained.

A spokesperson for the International Organization for Migration in Italy, Flavio Di Giacomo, commented, “This event pulled the lid off something that we who work in the sector know well but no one talks about: That many Italian economic realities are based on the exploitation of low-cost foreign labor, living in subhuman conditions, without human rights.” (New York Times, Jan. 11) He went on to describe the conditions of the African migrants as “semi-slavery.”

The Italian section of the Anti-imperialist Camp, commenting on the rebellion of the African workers in Rosarno, while recognizing the extreme poverty of the region, made it clear that “We must be on the side of the Black laborers, no ifs or buts. ... It is a good thing that they have risen in rebellion, demonstrating that if they are human beings, the others are no more than pigs.” (campoantimperialista.it)

This is not the first time that African migrants have been targeted in southern Italy. In 2008, six Ghanians were killed, execution-style, resulting in a rebellion near Naples.

http://www.workers.org/2010/world/italy_0121/

SAN FRANCISCO: 140 arrested to demand hotel workers’ contract

Joan Marquardt

At least 1,000 San Francisco hotel workers and supporters rallied, marched and picketed during downtown evening rush hour on Jan. 5, kicking off a boycott of the upscale Hilton San Francisco hotel. Working without a contract since Aug. 19, the 9,000 union workers at more than 30 of the fanciest San Francisco hotels continued their fight for a new contract during the last months of 2009 right into 2010.

disobedience in front of the
Hilton San Francisco. " border="0">

Protest and sit-down/civil
disobedience in front of the
Hilton San Francisco.
WW photo: Joan Marquardt

Sitting down in front of the main lobby doors, workers in UNITE HERE Local 2, members of the S.F. Labor Council, AFL-CIO President Richard Trumka and many other union workers and community supporters — 140 people in all — were arrested and cited for “trespassing.”

Community organizations like California Universal Healthcare/Single Payer Now, the Filipino Community Center and Jobs With Justice organized their members to participate. The Day Labor Program of San Francisco had two banners, including one written in Spanish carried by a Women Day Laborers contingent. Unions came out in numbers showing spirited solidarity with the hotel workers. Unions represented included the Transit Workers Union, Service Employees International Union Local 87 janitors, United Transportation Union Local 1741 school bus drivers, the Sailors’ Union of the Pacific, the Marine Firemen’s Union, the California Nurses Association and the United Educators of San Francisco.

A leaflet distributed to passersby and hotel guests read: “The Hilton Corporation ... has made $2.15 billion in profits since 2006 to 3Q 2009, thanks to the hard work of people like us. ... Yet Hilton wants to pretend none of this matters. This company is trying to churn out even more profits by squeezing workers like us. In wage and benefit agreements over the last several decades, we have forgone larger wage increases to keep our medical benefits affordable for ourselves and our families. Now Hilton is pushing proposals that would make health care unaffordable, or would make us slash our coverage.”

The San Francisco hotel workers will continue to fight alongside the more than 40,000 other union hotel workers across the U.S. Hotel workers in Los Angeles and Chicago are currently working without contracts; and in Minneapolis; Monterey, Calif.; Washington, D.C.; and Honolulu; as well as Vancouver and Toronto, Canada; the hotel workers will see their current contracts expire soon. They are united and they will fight!

For more information, see: www.unitehere2.org.

http://www.workers.org/2010/us/hotel_0121/

Los corsarios del crimen

Bajo una relación contractual, la Agencia Central de Inteligencia de los Estados Unidos empleó como sicarios internacionales a mercenarios de la empresa militar privada Blackwater

Luis Jesús González

La exigencia de las autoridades de la ciudad germana de Hamburgo al gobierno federal del esclarecimiento “total y absoluto” de un plan de asesinato de un ciudadano alemán, fraguado por la Agencia Central de Inteligencia de Estados Unidos, pone al descubierto la vigencia de los viejos métodos de la CIA y sus vínculos con mercenarios, presentados hoy bajo el eufemismo de contratistas privados.

Sustentada por recientes declaraciones del fundador de la Xe Services LLC, Erik Prince, a la revista Vanity Fair, la demanda del gobierno conservador de Hamburgo reclama de Washington los detalles del complot para asesinar al ciudadano de origen sirio Mamoun Darkazanli, entre 1993 y 1998, cuando Osama Bin Laden aún disfrutaba de sus glorias como luchador contra los soviéticos en Afganistán se ignoraba la existencia de Al Qaeda y varios de los que más tarde formarían parte de la llamada célula de Hamburgo no habían pisado aún suelo alemán.

Al calor de las revelaciones emergen los nexos de los servicios de inteligencia norteamericanos con la empresa militar Xe Services LLC, denominada anteriormente Blackwater, nombre al que tuvo que renunciar a finales del 2007, cuando el escándalo suscitado por el asesinato de 17 civiles en Iraq obligó un cambio de la imagen exterior de la firma.

A lo anterior se añade la publicación en el diario The New York Times de que la CIA contrató en el 2004 los servicios de Blackwater para cazar en otras naciones a supuestos miembros de Al Qaeda y más recientemente, un ex agente norteamericano develó al mismo periódico que casi desde el surgimiento de la empresa militar privada sus relaciones con los servicios de inteligencia son “tan fraternales que la firma de contratistas parecía una extensión de la agencia”.

Otras declaraciones de Prince, aparecidas en su página personal de Facebook, agrega que entre las solicitudes de la CIA se incluyó la eliminación física del científico nuclear paquistaní, Abdul Qader Khan, creador de la primera arma atómica de Pakistán y héroe nacional de su país, crimen que no llegó a cometerse porque a última hora alguien no identificado en Washington “eligió no apretar el disparador”.

Sin embargo, y para consternación de cientos de millones de norteamericanos, las acusaciones de Prince demuestran que la CIA conoció y espió por intermedio de contratados los proyectos de futuros atacantes con suficiente antelación para interrumpir los planes en una fase embrionaria, pero —al parecer— aún no eran lo suficientemente enemigos para interceptarlos o esperaba que apuntaran a otro objetivo.

Considerado uno de los promotores del egipcio Mohamed Atta y de otros implicados en el secuestro de los aviones impactados contra las Torres Gemelas de Nueva York el 11 de septiembre del 2001, Darkazanli figura en las listas de sospechosos de apoyar el terrorismo por las Naciones Unidas, la Unión Europea y el Departamento del Tesoro de los Estados Unidos. El gobierno alemán lo encarceló durante nueve meses en el 2004, pero al mismo tiempo negó en dos ocasiones su extradición a España tras los atentados terroristas contra el servicio ferroviario de Madrid del 11 de marzo de ese año.

Refugiado en Hamburgo en la década de los 80 del pasado siglo, Darkazanli estableció en el elegante barrio de Uhlenhorst la empresa Sonderpost, dedicada a la comercialización de piezas electrónicas y repuestos mecánicos de todo tipo. En 1990, obtuvo la ciudadanía alemana, aunque está impedido de salir legalmente del país, pues su pasaporte alemán expiró hace más de cuatro años.

Definidos por su líder como luchadores contra los musulmanes y la fe islámica, las fuerzas élites de Blackwater emplean el indicativo de Caballeros Templarios y adoptan reglas que parecen extraídas de las novelas de caballería de la Edad Media, aunque en realidad, sus métodos recuerdan más las prácticas de los corsarios, tanto por sus astronómicos salarios, que alcanzan hasta los mil 500 dólares diarios, como por sus métodos para expandir cualquier crimen al amparo de patentes imperiales.

http://www.trabajadores.cu/materiales_especiales/columnistas/luis-jesus-gonzalez/los-corsarios-del-crimen

CARING FOR AMERICA: How Home Care Workers Are Changing the Face of American Labor

Eileen Boris and Jennifer Klein

"She is the face of home care: For forty-seven years, single mother Evelyn Hawks has looked after her developmentally disabled daughter, Hester Brown. A former data entry operator, Hawks, who is African American, provides the kind of care her adult child requires under California’s In Home Supportive Services (IHSS) program, which pays for her efforts. The work is hard, the income just enough to rent a tiny one-bedroom apartment in central Los Angeles. But Hawks says that the sacrifice is worth keeping her daughter out of an institution. Shortly after taking office in 2003, Governor Arnold Schwarzenegger attempted to balance the state budget by eliminating personal attendant services for children like Hester when a parent rather than a stranger performs the labor of care. A coalition of disability rights activists, organized seniors, and trade unionists beat back his assault on IHSS." -
CARING FOR AMERICA: How Home Care Workers Are Changing the Face of American Labor

http://mrzine.monthlyreview.org/

La leçon d’Haiti

Fidel Castro Ruz

Voilà deux jours, à partir de six heures de l’après-midi à Cuba, mais déjà de nuit en Haïti du fait de sa position géographique, les chaînes de télévision ont commencé à informer qu’un violent séisme de catégorie 7,3 à l’échelle Richter, avait frappé sévèrement Port-au-Prince, l’épicentre ayant été repéré dans une faille tectonique située en mer à seulement quinze kilomètres de la capitale haïtienne où 80 p. 100 de la population vit dans des maisons de pisé et de torchis.

Les nouvelles ont continué d’arriver presque sans interruption pendant des heures. Les images manquaient, mais on disait que de nombreux bâtiments publics, des hôpitaux, des écoles et des installations plus solides s’étaient effondrés. J’ai lu qu’un séisme force 7,3 équivalait à l’énergie libérée par une explosion de quatre cent mille tonnes de TNT.

Les descriptions étaient tragiques. Les blessés en pleine rue réclamaient en criant des secours médicaux, au milieu des ruines sous lesquelles des familles étaient ensevelies. Personne n’a pu toutefois, durant bien des heures, transmettre la moindre image.

La nouvelle a surpris tout le monde. Nous étions nombreux à écouter de fréquentes informations sur des cyclones et de grandes inondations en Haïti, mais nous ignorions que notre voisin courait des risques de fort tremblement de terre. C’est alors qu’on a appris que le dernier grand séisme survenu dans cette ville remontait à deux cents ans en arrière, quand elle ne comptait sans doute que quelques milliers d’habitants.

À minuit, le chiffre de victime était encore approximatif. De hauts fonctionnaires des Nations Unies et plusieurs chefs de gouvernement parlaient de ces événements bouleversants et annonçaient l’envoi de secouristes. Comme des troupes des Nations Unies de divers pays étaient déployées en Haïti dans le cadre de la MINUSTAH, des ministres de la défense évoquaient des pertes éventuelles parmi leurs personnels.

C’est réellement hier matin, mercredi, que des nouvelles attristantes ont commencé à arriver au sujet d’énormes pertes humaines dans la population, et des organisations comme les Nations Unies signalaient que certains de leurs bâtiments s’étaient effondrés, une expression qui ne dit rien en soi ou qui peut au contraire signifier beaucoup.

Des nouvelles toujours plus bouleversantes au sujet de la situation dans ce pays frère ont continué d’arriver pendant des heures. Les chiffres de victimes mortelles variaient selon les sources de trente à cent mille. Les images sont désolantes. Cette catastrophe a reçu une large divulgation mondiale, et de nombreux gouvernements sincèrement émus s’efforcent de coopérer dans la mesure de leurs moyens.

Toute tragédie bouleverse de bonne foi un grand nombre de personnes, surtout quand il s’agit de désastre naturel. Mais rares sont sans doute celles qui se demandent : pourquoi Haïti est-elle un pays si pauvre ? Pourquoi sa population dépend-elle à presque 50 p.100 des envois de fonds familiaux en provenance de l’étranger ? Pourquoi n’analysent-elles pas aussi les réalités qui ont conduit à la situation actuelle en Haïti et à ses énormes souffrances ?

Le plus curieux de cette histoire, c’est que personne ne rappelle à aucun moment qu’Haïti a été le premier pays où quatre cent milles Africains victimes de la traite et de l’esclavage des Européens se soulevèrent contre trente mille Blancs, maîtres de plantations de canne à sucre et de café, déclenchant la plus première grande révolution sociale sur notre continent. Ils écrivirent des pages d’une gloire insurpassable. Ils mirent en déroute le général de Napoléon le plus éminent.

Haïti est le pur produit du colonialisme et de l’impérialisme, de plus d’un siècle d’utilisation de ses ressources humaines aux travaux les plus durs, des interventions militaires et de la ponction de ses richesses.

Cet oubli historique ne serait pas aussi grave que le fait réel qu’Haïti constitue une honte de notre époque, dans un monde où l’immense majorité des habitants de la planète continue d’être exploitée et mise à sac.

Des milliards de personnes en Amérique latine, en Afrique et en Asie souffrent de carences semblables, quoique toutes ne les subissent peut-être dans des proportions aussi élevées qu’en Haïti.

De situations comme celles de ce pays ne devraient exister nulle part sur la Terre, et pourtant des dizaines de milliers de villes et de villages y connaissent des conditions semblables, voire pires, à cause de l’ordre économique et politique international injuste qu’on a imposé au monde. La population mondiale n’est pas seulement menacée par des désastres naturels comme celui d’Haïti, qui est un pâle reflet de ce que les changements climatiques peuvent provoquer, bien que ces risques aient été vraiment tournés en dérision à Copenhague.

Il est juste de dire à tous les pays et à toutes les institutions qui ont perdu des citoyens ou du personnel dans le désastre naturel d’Haïti : nous ne doutons pas que vous ferez les plus grands efforts pour sauver des vies et soulager la douleur de ce malheureux peuple ; nous ne pouvons vous rendre coupables du phénomène naturel qui vient d’y avoir lieu, bien que nous soyons en désaccord avec la politique qu’on a suivie vis-à-vis d’Haïti.

Je ne peux m’empêcher de le dire : il est temps de chercher des solutions réelles et véritables pour ce peuple frère !

Dans le domaine de la santé et d’autres, Cuba, bien que pays pauvre en butte à un blocus, coopère depuis des années avec le peuple haïtien. Environ quatre cents médecins et spécialistes de la santé lui prêtent des services gratuits. Nos médecins travaillent tous les jours dans 227 des 337 communes du pays. Par ailleurs, au moins quatre cents jeunes Haïtiens se sont formés comme médecins dans notre pays. Ils travailleront maintenant auprès des renforts que nous avons dépêchés hier pour sauver des vies dans cette situation critique. On peut donc mobiliser sans efforts spéciaux jusqu’à un millier de médecins et de spécialistes de la santé qui sont presque tous déjà sur place et prêts à coopérer avec n’importe quel État qui souhaiterait sauver des vies haïtiennes et soigner des blessés.

De nombreux autres jeunes Haïtiens font actuellement des études de médecine à Cuba.

Nous coopérons aussi avec le peuple haïtien dans d’autres domaines à notre portée. Aucune autre forme de coopération ne sera toutefois plus digne de porter ce nom que celle de la bataille dans le monde des idées et dans l’action politique pour qu’on mette fin à la tragédie sans borne que souffrent de nombreuses nations comme Haïti.

La chef de notre brigade médicale a informé : « La situation est difficile, mais nous avons déjà commencé à sauver des vies. » Tel était le message laconique qu’elle a pu envoyer quelques heures après son arrivée, hier, à Port-au-Prince à la tête de renforts médicaux.

Elle a fait savoir tard dans la nuit que les médecins cubains et les Haïtiens diplômés de l’École latino-américaine de médecine (ELAM) de La Havane étaient en train de se déployer dans le pays. Ils avaient déjà soigné à Port-au-Prince plus de mille blessés, après avoir refait fonctionner d’urgence un hôpital qui ne s’était pas effondré et en recourant, en cas de besoin, à des tentes. Ils se préparaient à installer sans retard d’autres centres de soins d’urgence.

Nous somme fiers à juste titre de la coopération que les médecins cubains et les jeunes médecins haïtiens formés à Cuba prêtent à leurs frères d’Haïti en ces moments tragiques !

http://www.legrandsoir.info/La-lecon-d-Haiti.html

Harald Welzer : Les Guerres du climat. Pourquoi on tue au XXIe siècle

Bernard Gensane

Il s’agit là d’un ouvrage aussi important que passionnant. Les conclusions politiques laissent parfois un peu à désirer, mais la démarche sociologique est de premier plan. Et puis, disposer d’un point de vue d’outre-Rhin, en la matière, permet de réfléchir à partir d’autres référents, d’autres hiérarchies aussi.

Ce livre répond brillamment à la question cruciale : pourquoi fait-on la guerre aujourd’hui, et qui la fait ? L’auteur articule, de manière puissante et subtile, les questions écologiques, les problèmes de libertés individuelles et collectives, et la responsabilité historique de la violence impérialiste.

Autant s’en convaincre : les guerres d’aujourd’hui et de demain, par delà la captation de l’eau et de l’air pur, viseront à asservir le plus grand nombre et à asseoir toujours plus la domination du capitalisme transnational.

On sait bien que qui contrôle le passé contrôle le présent et l’avenir. L’idéologie dominante a donc gommé l’histoire meurtrière de l’exploitation, de la colonisation, de l’esclavage pour nous faire croire que l’état des choses, c’est-à-dire un Occident “ naturellement ” dominant, a toujours été et sera toujours. Seulement, le réchauffement climatique, le pompage sans vergogne des énergies fossiles et des autres ressources du sous-sol et du sol sont responsables du déséquilibre grandissant entre les pays industrialisés et les régions les plus pauvres. Pour pérenniser cette injustice, le capitalisme mondialisé s’en prend de moins en moins directement aux États. Il met en branle, selon Welzer, « des entreprises comportant de longs enchaînements d’actions et des acteurs nombreux, la violence étant déléguée, remodelée, invisible. » Les guerres du XXIe siècle sont post-modernes et post-héroïques, au sens où « elles ont l’air d’être menées à contrecœur ». Il est vrai qu’il est devenu de plus en plus difficile d’annoncer fièrement que l’on va anéantir un peuple.

L’auteur analyse longuement comment l’Occident délègue sa violence meurtrière « à des entreprises de sécurité et de violence privée ou, pour la protection des frontières, en repoussant celles-ci vers l’extérieur, dans des pays économiquement et politiquement dépendants. » Il cultive également l’art d’anticiper : le coupable est nommé avant même qu’il ait pu agir, qu’il s’agisse d’un président irakien ou d’un citoyen lambda londonien (ou parisien) piégé dans l’entrelacs d’un réseau toujours plus serré de caméras de surveillance. Ainsi, en 2010, la France comptera 1 million de ces caméras, avec l’assentiment de la majorité de la population.

Grâce au 11 septembre 2001, la classe dirigeante étatsunienne s’est lancée dans la « guerre contre le terrorisme ». L’auteur explique longuement ce que cela signifie. La particularité de cette guerre est qu’elle n’a pas de destinataire, « le “ terrorisme ” n’étant pas un sujet mais, au mieux, un phénomène social, ou tout simplement une figure de rhétorique. » Certes, il existe des individus ou des groupes usant de méthodes terroristes, fort peu dispendieuses au demeurant. L’attentat contre le World Trade Center a coûté environ 500000 dollars et a causé plusieurs milliards de dollars de dégâts. Le dernier attentat manqué par le militant islamiste nigérian Oumar Farouk Abdoulmoutallab (si tant est que cet attentat n’ait pas été une manipulation de plus des services secrets étatsuniens) est, par ailleurs, la confirmation d’une tendance lourde : les terroristes islamistes ne proviennent pas de pays islamistes mais des pays occidentaux. Ils sont intégrés, instruits et leurs familles ne sont pas particulièrement religieuses. À l’inverse des militants extrémistes des années soixante-dix qui ciblaient leurs victimes (un magistrat, un chef d’entreprise, des sportifs de haut niveau), ils visent à faire du chiffre en s’en prenant à des gares ferroviaires, des marchés, des tours. Suscitant des effets psychologiques considérables, ces attentats permettent aux autorités des pays démocratiques d’imposer des mesures de sécurité bafouant le droit : tortures de prisonniers, camps jouissant de l’exterritorialité, centres d’interrogatoires clandestins situés dans des pays “ amis ”, arrestations illégales, détentions préventives de milliers d’individus. Le cercle devient alors vraiment vicieux : une société ayant sombré dans la hantise et la pratique de la terreur renforce le terrorisme international. Welzer craint que cette dialectique soit l’une des caractéristiques dominantes du XXIe siècle. Pour l’auteur, la guerre contre le terrorisme est une guerre de conviction, sans que les antagonistes concluent jamais la paix. Le problème est que ces conflits influent gravement sur nos cadres référentiels, avec, par exemple, ces fondamentalismes en miroir, comme on le voit aux États-Unis où, sous couvert de débats pseudo-scientifiques sur le créationnisme ou la théorie de l’évolution, se propage un christianisme virulent, jusqu’en Europe (un Sarkozy se signe en public et donne la prééminence à l’enseignement de l’Église sur l’enseignement républicain).

La lutte contre le “terrorisme” et son pendant, la “sécurité”, renforcent le capitalisme.

L’auteur nous dit qu’en 2006 les pouvoirs publics étatsuniens ont dépensé 545 dollars par foyer pour “ protéger ” les citoyens par le biais de 100000 contrats signés avec des entreprises privées. Ces sociétés, et le gouvernement, œuvrent donc dans les coulisses de la politique, en marge de la démocratie. En Europe, Frontex, l’agence pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières des États membre de l’UE, avec son statut extraparlementaire et ses missions régaliennes, n’empêche en rien les migrations dues à la misère, aux régimes dictatoriaux et, plus récemment, au changement climatique.

La mondialisation capitaliste a permis aux grandes entreprises, aux fonds d’investissement et de couverture (hedgefunds) de s’émanciper du contrôle des États-nations. Elle s’est constituée et se renforce chaque jour davantage de manière transnationale en imposant à tous ce modèle d’action, cette manière de se situer dans le monde : le PDG d’une marque automobile, l’informaticien spécialisé, l’ouvrier immigré clandestin, tous représentent de façon on ne peut plus disparate « l’asymétrie mondialisée des champs d’activités et des possibilités de revenus ».

Les conflits dominants du XXIe siècle seront donc, écrit l’auteur, « des conflits mondiaux de classes, des conflits mondiaux de convictions et des conflits mondiaux autour des ressources. Et comme il n’existe pour l’instant ni acteurs transnationaux particulièrement efficaces, ni un monopole interétatique de la violence, il n’y a actuellement guère de possibilités de réguler ces conflits à la fois anciens et nouveaux. »

Dès 1995, on estimait à 25 millions les réfugiés écologiques, contre 22 millions de réfugiés politiques. Pour éliminer l’Autre, on a toujours su créer des métaphores : les Juifs étant considérés comme des parasites nuisibles au sens biologique par les Nazis, on les tuait en utilisant logiquement un pesticide, le Zyklon B. Au Rouanda, on a massacré comme on se débarrasse de mauvaises herbes, « couper » étant synonyme de tuer (sous les sabots du cheval d’Attila, l’herbe ne repoussait pas non plus). Une des causes du génocide rouandais fut la surpopulation. On a encore en mémoire le fantasme nazi du Lebensraum, avec sa nécessité d’exterminer pour donner plus de place aux Allemands. L’auteur nous rappelle que, bien qu’on ait pu pousser le principe de solution rationnelle des problèmes au point de faire apparaître comme logique la créations d’usines à exterminer, cela n’était pas prévu ni dans les théories de la modernité ni dans la conscience des gens qui y vivaient.

La guerre du Darfour restera peut-être la première guerre climatique, entre les paysans sédentaires “ africains ” et les nomades éleveurs “ arabes ”. Des conflits existaient entre eux depuis 70 ans. Ils ont été accrus par l’érosion des sols et l’accroissement continu du cheptel. Des changements climatiques déclenchèrent le conflit. Le manque de pluie (la grande sécheresse des années soixante-dix) eut pour conséquence que les régions du Nord devinrent impropres à l’élevage et que les éleveurs furent poussés vers le Sud, se transformant pour la première fois en nomades à part entière. Les populations furent directement touchées. Point de versements compensatoires pour elles du fait de la désertification. Ces vingt dernières années, les guerres en Afrique ont coûté au continent l’équivalent des aides au développement.

En Afghanistan, l’état de guerre qui perdure implique le risque que 80% du pays pourraient être touchés par l’érosion des sols. 70% des forêts ont disparu, 50% des terres agricoles ne sont plus cultivées. Et l’on sait que, 30 ans après la guerre du Vietnam, les forêts ne sont pas reconstituées et que la biodiversité est durablement altérée.

Ailleurs, la salinisation réduit les surfaces cultivées. Des eaux qui constituaient des frontières naturelles sont asséchées, ce qui entraîne des risques de guerre. Un conflit couve depuis longtemps entre l’Afghanistan et l’Iran, dû à ce que les Talibans, en 1998, ont fermé les vannes d’un barrage sur le fleuve Hilmand, privant ainsi d’eau la zone lacustre de Hamoun en Iran. On connaît mieux le cas du Jourdain qui n’apporte plus d’eau jusqu’à la Jordanie qui lui doit son nom. Israël se sert de l’eau pour asservir les peuples qui l’entourent.

Dans un autre registre, les marchés internationaux de matières premières et les infrastructures d’approvisionnement – surtout les gazoducs – constituent un terrain très sensible d’“ insécurité globalisées ”.

La fonte des glaces polaires est le prodrome de violences à venir. Les gigantesques gisements de matières premières dont on connaît l’existence sous les glaces seront bientôt accessibles et le droit de les exploiter fait depuis longtemps l’objet de contestations. Le Royaume-Uni a revendiqué un millions de kilomètres carrés de l’Antarctique, ce qui déplaît souverainement à l’Argentine et le Chili.

Les conséquences du changement climatique, des catastrophes naturelles, sont imprévisibles car ils sont, selon la classification de l’auteur, des phénomènes “ écosociaux ”. Souvenons-nous que la chute de la dictature de Somoza fit suite à un tremblement de terre, ou que des hivers glaciaux qui empêchaient les récoltes et des hivers trop doux qui firent pourrir le blé sur pied furent l’une des causes de la Révolution française. Plus récemment, des Africains ont été chassés par des constructions, voire de simples projets de barrages ; ou bien ils ont fui des guerres civiles pour atterrir dans des camps ou des cités gigantesques comme Lagos. D’autres réfugiés choisissent le détroit de Gibraltar, dont la traversée ne fait que 13 kilomètres de large. Plusieurs milliers de personnes s’y sont noyées.

Face à ces problèmes plus ou moins visibles, la classe dominante mondiale a déployé une parade idéologique et pratique qui, si elle est efficace de son point de vue, ne résoudra rien : le développement durable. Comment en est-elle arrivée à ce choix ?

En partant du fait, explique l’auteur, qu’il y a “ nous ” et “ eux ”. Le discours dominant environnementaliste se gargarise du “ nous ” : nous sommes confrontés à tel échéance, « we are the world ». Ce « nous » est censé représenter l’humanité, mais l’humanité n’est pas un acteur, c’est une abstraction. Il n’y a pas de “ nous ” socialement concrétisable entre le bobo parisien qui travaille dans la publicité et se rend au bureau à vélo et la caissière banlieusarde en CDD qui doit s’infliger trois heures de voiture par jour pour aller à son travail et en revenir. Malgré tout, “ nous ” avons pris conscience des problèmes, “ nous ” allons les régler pour notre confort et notre profit, même si cela doit créer d’autres problèmes pour “ eux ”.

Depuis 1945, 90% des guerres (plus de 200) se sont déroulées hors de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Ceci a favorisé la vision occidentale selon laquelle les guerres sont avant tout un problème d’autres sociétés, en particulier de celles qui, en matière de forme étatique, n’ont pas encore atteint le niveau des pays de l’OCDE. Mais rien ne dit que les autres pays pourront tous adopter le modèle et le processus de développement de l’OCDE : à échelle historique, ce processus n’a que 250 ans (l’être humain en société 40000) et s’il s’achève un jour prochain, ce ne sera pas la fin de l’histoire.

On a tendance à voir ce que font “les autres” (souvenons-nous de Samuel Huntington et de son concept du « choc des civilisations »), mais, souligne l’auteur, « non le rôle que nous jouons dans ce contexte d’actions que les civilisations forment ensemble et dont elles vivent les conflits en commun ». Si l’on a grandi dans un monde où il n’y a jamais eu de guerre, où jamais les infrastructures n’ont été détruites par un séisme, où jamais n’a sévi la famine, on considérera la violence de masses, le chaos, la pauvreté comme des problèmes prévus pour d’autres. Pour Welzer, les cadres référentiels constitués lors de phases de relatives stabilité ne sont pas à l’épreuve des crises ou des catastrophes, mais tout au plus des petites irrégularités comme une forêt qui brûle ou une rivière qui déborde. C’est pourquoi, dans de telles régions, la moindre crue sera « la crue du siècle ». Après la catastrophe de Tchernobyl, on a vérifié que les gens manifestaient d’autant moins d’inquiétude par rapport au nucléaire qu’ils vivaient près d’une centrale. Et puis il y a les retombées économiques… Les changements environnementaux sociaux et physiques ne sont pas perçus dans l’absolu, mais toujours seulement de façon relative à un propre point d’observation donné. Le jour de la prise de la Bastille, Louis XVI nota dans son Journal : « Rien ». Il exprimait simplement son regret qu’en ce 14 juillet qui fit trembler le monde, il était revenu bredouille de la chasse.

L’ordre peut très vite s’écrouler, y compris dans les démocraties, du fait de changements environnementaux brutaux, comme on l’a vu en Grèce avec les incendies des forêts. Lorsqu’on constate la vitesse avec laquelle se sont déroulés les processus ethniques en Yougoslavie (l’auteur souligne que la modernisation et la violence de masse sont étroitement liés, que les purifications ethniques peuvent être concomitantes de processus de démocratisation), lorsqu’on note dans quel délai incroyablement bref la société allemande s’est nazifiée, on se rend compte combien est ténue l’hypothèse d’une stabilité des sociétés modernes. La catastrophe sociale de l’Île de Pâques, à propos de laquelle on se perd toujours en conjectures, n’a pas commencé lorsque le dernier arbre fut abattu sur l’île. L’extermination des Juifs n’a pas commencé avec la construction d’Auschwitz.

N’en déplaise à Claude Allègre, le réchauffement climatique n’est pas un mythe, même s’il faisait plus chaud au Groenland en 1400 qu’en 1850. Typhons et ouragans seront de plus en plus fréquents et en des endroits de plus en plus inhabituels. Les populations les plus durement frappées sont et seront celles qui ont jusqu’ici émis le moins de gaz à effet de serre, alors que les plus grands pollueurs seront probablement ceux qui pâtiront le moins des conséquences. Alors que le nord de l’Europe pourra profiter de nouvelles possibilités de culture (fruits, vignes), les régions méditerranéennes seront de plus en plus touchées par la sécheresse et la pénurie d’eau.

Que propose les tenants du “ capitalisme vert ” ?

Ils suggèrent de mettre dans l’essence de plus en plus de carburants d’origine végétale afin de retarder le moment où le pétrole sera épuisé. Des forêts pluviales seront abattues pour faire place à des champs d’oléagineux. C’est déjà le cas dans de nombreux pays d’Amérique du Sud ou d’Asie, et cela va souvent de pair avec la captation violente des terres et avec l’expulsion de la population autochtone. Pendant ce temps, le capitalisme vert veut nous faire croire que les changements sociaux commencent dans les petites choses, les changements de comportement, ce qui permet d’exempter d’obligations les acteurs corporatifs et politiques. Tout le monde peut faire quelque chose, dès sa prochaine lessive.

Or le salut ne se trouve que dans des politiques concertées et démocratiques. L’auteur donne quelques exemples. La Norvège utilise la manne de son pétrole en investissant dans des équipements à long terme, ce qui permettra aux générations suivantes d’atteindre le haut niveau de vie actuel et de profiter des prestations sociales de l’État. La Suisse, malgré son relief montagneux, présente aujourd’hui le réseau de transports publics le plus dense du monde. Chaque Suisse fait en moyenne 47 trajets en chemin de fer par an, contre 14 pour les autres Européens. Deux vrais exemples d’identité nationale… Le capitalisme mondialisé est, quant à lui, dénué de sens et produit un monde vide de sens. La bêtise de ceux qui veulent à tout prix prendre le train du libéralisme, même teinté de vert, ne leur permet pas de comprendre que, comme disait Einstein, les problèmes ne peuvent être résolus avec les modèles de pensée qui ont conduit à eux.

Les fonds de placement étiquetés “ développement durable ” usent de l’argument selon lequel les entreprises actives dans ce domaine se développeront mieux que l’ensemble du marché. Les investisseurs privés peuvent, avec ces fonds, non seulement profiter du réchauffement climatique, mais avoir en même temps la bonne conscience de faire quelque chose contre lui.

La catastrophe de la Nouvelle-Orléans en 2005, rappelle l’auteur, avait été décrite dans la revue Scientific American en octobre 2001. Le chamboulement humain créé par Katrina permit à la gouverneuse de la Louisianne Kathleen Blanco d’instaurer le droit martial et de donner instruction à la garde nationale de tirer sur les pillards. C’est de cette catastrophe que date le concept de réfugié climatique : 250000 anciens habitants de la Nouvelle-Orléans n’y sont pas retournés (surtout des Noirs, des pauvres). Katrina, ou les conséquences d’une catastrophe moins naturelles qu’on l’a dit sur la démographie et la structure sociale d’une grande ville.

Mais, explique Welzer, le concept de catastrophe naturelle est un raccourci sémantique abusif : « la nature n’est pas un sujet, elle n’est pas susceptible de vivre des catastrophes, elle peut tout au plus causer des événements catastrophiques pour les humains, ayant donc des conséquences sociales parce que déjouant leurs attentes et excédant leurs capacités de réaction. Dans la catastrophe apparaît non l’état exceptionnel d’une société, mais seulement une dimension, d’habitude cachée au quotidien, de son existence. Sur cette base, il ne faudrait pas étudier uniquement ce qui cimente les sociétés, mais aussi ce qui les fait exploser. »

Qu’on se le tienne pour dit : l’évolution du climat va entraîner une accumulation de catastrophes sociales qui produiront des états ou des modèles sociaux, temporaires ou durables, sur lesquels on ne sait rien, faute de s’y être jusqu’ici suffisamment intéressé. Le problème est que « les études qui traitent des catastrophes naturelles ressortissent aux sciences de la nature, tandis que c’est le silence du côté des sciences humaines et sociales, comme si n’entraient pas dans leurs compétences des phénomènes comme l’implosion des sociétés, les conflits autour des ressources, les migrations massives, les insécurités, les angoisses, les radicalisations, les économies de guerre et de violence. »

Harald Welzer. Les Guerres du climat. Pourquoi on tue au XXIe siècle (traduit de l’allemand par Bernard Lortholary). Paris : Gallimard, 2009.

http://www.legrandsoir.info/Harald-Welzer-Les-Guerres-du-climat-Pourquoi-on-tue-au-XXIe-siecle.html
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