À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

10/10/2009

Auchan aurait payé moins que le Smic : 1 400 salariés aux Prud'hommes

Stéphanie Maurice

"On postait 36h45 et on était payé que 35 heures. Les heures de pause n'étaient plus payées depuis le passage aux 35 heures
", expliquent Sandrine, Corinne et Claudine. Ce qui fait que le Smic horaire n'était plus dans les clous, 5% de moins que le montant légal. Ce matin, c'était la première audience de conciliation entre Auchan et l'avocat des 1 400 salariés qui ont assigné l'enseigne.

Ils sont une soixantaine à avoir fait le déplacement ce matin, aux Prud'hommes de Lannoy, près de Roubaix. Sous les bannières CGT et CFDT, il y a une majorité de femmes, hôtesses de caisse à Dunkerque, Valenciennes, Lille, Amiens aussi. "Rien qu'à notre magasin de Grande-Synthe, l'inspection du travail a compté 983 infractions", s'exclame Claudine. Surtout, elles se sentent "trahis, pas considérées." Elles gagnent en moyenne 850 euros par mois, à temps partiel : elles ont calculé qu'Auchan leur doit dans les 3 400 euros, grapillés pendant cinq ans. Guy Laplatine, le délégué CFDT, s'amuse : "Ce n'est pas cela qui va ruiner la première fortune de France, ne vous inquiétez pas". Un employé, à proximité, persifle : "Ils vont nous dire de placer l'argent dans Valauchan". Valauchan c'est le fond d'actions maison, là où la très grande majorité des salariés reversent leur participation annuelle. Sandrine, 30 ans de carrière comme hôtesse de caisse, s'indigne : "Cette boîte, elle a été montée par nous, et ce sont les salariés, avec Valauchan, qui ont servi de banque. On nous disait qu’on était des actionnaires. Maintenant, nous savons que ce n’est qu’une vaste blague."

Ils regrettent tous à demi-mots le temps du paternalisme, incarné par Gérard Mulliez, le patriarche, désormais à la retraite. Il a été remplacé par son neveu Vianney Mulliez. "Un financier", soupire les salariés. "Rentabilité, rentabilité, ils ne pensent plus qu'à cela maintenant. Vous parlez à un collègue dans la réserve, on grince des dents."

Il est 11h30, les avocats des deux parties sortent sur le perron. Pour Auchan, Me Laurent Marquet de Vasselot insiste sur la politique salariale ambitieuse du groupe "27% au-dessus du Smic", en comptant les primes d'intéressement, individuelle et le 13e mois. Et déclare être confiant : "C'est un contentieux assez technique sur l'assiette de calcul du salaire minimum. Nous sommes sûrs d'avoir appliqué la loi." Le procès est fixé au 2 avril prochain.

Libération - 10.10.09

Sem comentários:

Related Posts with Thumbnails