À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

22/01/2011

Sondeurs et conflits d’intérêts

Les sondeurs font les sondages, les commentent et conseillent leurs clients. Il est arrivé qu’on s’inquiète de ce cumul dans un cas précis : peuvent-ils conseiller honnêtement c’est-à-dire également les candidats, partis, dirigeants politiques et entreprises qui sont concurrents entre eux ? Les sondeurs ont toujours assuré qu’il fallait leur faire confiance, qu’ils ne mélangeaient pas leurs activités et savaient rester honnêtes avec chacun de leurs interlocuteurs. Faire confiance ? Si on faisait confiance, le droit n’existerait pas. Il est vrai qu’il n’existe pas réellement en matière de sondages. Faire confiance ? Face à tout soupçon, les médecins impliqués dans l’affaire du Mediator auraient répliqué que les financements du laboratoire Servier ne les avaient nullement influencés dans leur travail au ministère de la Santé. Dans le monde médical, les conflits d’intérêts sont connus, publiés et continuent.
Sans doute les sondages ne font-ils pas de morts. Cela justifie moins qu’on s’attaque à des conflits d’intérêts. Il faut la colère d’un homme politique vaincu pour mettre en cause violemment un sondeur sur un plateau de télévision au soir d’une élection comme le fit Nicolas Sarkozy à l’égard de Pierre Giacometti qu’il menaçait de révélations sur ce que les téléspectateurs ne comprirent pas tous. Le sondeur pâlit, se tut et ne fut pas dénoncé comme conseiller occulte de Jacques Chirac, futur élu, alors qu’il était le commentateur attitré de la chaîne de télévision [1]. A sa manière, la menace était un compliment pour celui qui conseilla Nicolas Sarkozy pour l’élection de 2007 avant de créer un cabinet de conseil travaillant pour la présidence de la République. Petits arrangements entre amis. Mais la démocratie y trouve-t-elle son compte ?
Sondeurs, commentateurs et conseillers, cela va-t-il forcément ensemble ? En tout cas sans dommages. En d’autres termes, les sondeurs ne devraient-ils pas se contenter de faire des sondages ? Il n’y a en effet aucune nécessité à ce qu’ils en fassent l’analyse. Ils ne démontrent guère de science dans l’exercice, lui donnant un caractère répétitif et peu éclairant. Ils sont forcément portés à prendre au sérieux leurs produits les plus contestables, à leur appliquer les schèmes d’explication les plus obsolètes du positivisme et ainsi à donner à la politique l’aspect pauvre d’une compétition centrée sur les personnes et les questions caricaturées. En somme, ils n’envisagent la politique que sous l’angle des sondages. Un exercice où n’entre jamais ce qui différencie le travail scientifique du travail de sondeur : la critique de l’instrument et de la méthode. Le mal est si avancé et donc la vision si évidente qu’il faut faire un effort intellectuel pour en mesurer la portée.
Bien sûr, il devrait revenir aux journalistes de faire le commentaire des sondages. Ou plutôt d’en intégrer des données, si nécessaire, dans leurs commentaires. Tel un scribe, le journaliste recopie souvent le rapport du chargé d’études ou, à tout le moins, en sélectionne quelques passages. Un genre banal d’écriture consiste à consulter successivement plusieurs sondeurs et à enfiler leurs points de vue comme un collier de perles. Vertu prêtée au pluralisme ou à l’addition, l’auteur semble croire que la lumière en sortira. On connaît l’argument des journalistes : ils n’ont pas le temps. On connaît aussi celui des sondeurs et leur justification : les journalistes n’y comprennent rien. Ils n’ont pas toujours tort alors qu’on lit parfois les lignes surprenantes de journalistes laissés à eux-mêmes ou tout à coup enthousiasmés par une opération audacieuse. Ainsi cette addition de l’impopularité du couple présidentiel comme un pourcentage cumulé des impopularités de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni. Soit 115 %. S’agissait-il d’une plaisanterie ? Il suffit de se reporter au texte, de se frotter les yeux pour constater que la journaliste n’a pas compris que les chiffres n’étaient pas cumulables [2].
Quant à l’expertise, qu’est-ce qui qualifie les sondeurs ? Les conseillers ou spin doctors ne sont pas forcément sondeurs mais l’application des méthodes du marketing importe dans la politique les méthodes quantitatives et les principes de la segmentation des populations. Une opération neutre ? Il est deux façons d’aborder la question : l’une, empirique, consiste à écouter les discours des conseillers en risquant de frémir devant leur cynisme volontaire ou involontaire – il est vrai que les risques sont réduits par la confidentialité – ; l’autre consiste à analyser les effets de la vison statistique des peuples à la manière d’une raison graphique [3]. Dans ces opérations de connaissance, le peuple objectivé devient un peuple objet. Lorsque les deux fonctions de sondeurs et de conseillers sont cumulées, il est encore clair que le premier ne pousse pas le second à prendre ses distances critiques à l’égard des sondages. Comment s’étonnerait-on que les sondages soient pris au sérieux au-delà de tout sérieuse raison ?

Notes

[2] Cf. Le Monde, 2 janvier 2011.
[3] Cf. Jack Goody, La raison graphique. La domestication de la pensée sauvage, Paris, Editions de minuit, 1977.

http://www.observatoire-des-sondages.org/Sondeurs-et-conflits-d-interets.html

Fábrica têxtil fechada por não pagar a conta da eletricidade

60 minutes - l'attaque sioniste contre le "Mavi Marmara"

« Je te raconterai l’histoire de ce roi, mort de n’avoir pas pu te rencontrer… »


Il y a ceux qui racontent des histoires pour s’endormir et ceux qui se racontent des histoires pour ne pas se réveiller. Il y a en moi, un peu des deux « Je te raconterai l’histoire de ce roi, mort de n’avoir pas pu te rencontrer… » Et puis ce roi, êtes-vous bien sûr, qu’il était libre de ses mouvements… Il fut peut-être empêché par ses courtisans de remonter jusqu’à moi… et puis j’aimerais bien savoir qui c’est ? Un roi… un roi…il ne peut y avoir qu’un, pas deux… Gbagbo ou Ouattara ? Aucun des deux n’a été et ne sera jamais « le roi » mais deux tours d’ivoire qui se disputent la même gloire. La leur. Attendez, ce n’est pas moi qui raconte des histoires « Je te raconterai l’histoire de ce roi, mort de n’avoir pas pu te rencontrer… » Et puis j’y crois pas. Ça pue la récup, je ne suis pas dupe. Il est probablement mort pour d’autres raisons qui ne sont ni sues ni connues, des raisons qui tuent les entêtés et les têtus… Et puis pourquoi voulait-il me rencontrer ? Peut-être pour me révéler le secret le mieux gardé ? Celui qui lui a permis de régner sans partage sur des oiseaux qu’il a enfermé dans une cage et traité pendant 23 ans comme des otages… Non… ne me dite pas que l’homme de Carthage savait ce qu’il faisait et faisait ce qu’il voulait… peut-être ? Mais il ne pouvait pas aller au-delà… parce qu’il a feint d’ignorer en les privant de pain de seigle, que ses prisonniers étaient des aigles qui pouvaient supporter le regarde du soleil sans jamais baisser les yeux… « Je te raconterai l’histoire de ce roi, mort de n’avoir pas pu te rencontrer… » Ça y est… je crois que j’y suis… Il ne peut s’agir que de cette fille qui a succédé à son père pour nous réapprendre à tous qu’il n’y a pas d’autre repère que le père, d’autre leurre que le leurre, ni d’autre peur que la peur de la peur… la mienne… donc la nôtre. Mais ces poètes mentent trop, aucun roi n’est mort faute de pouvoir accéder jusqu’à moi. En vérité, aucun d’entre eux n’a jamais cherché à me rencontrer… ni de près, ni de loin.ni ne l’ont pas pu… parce qu’ils ne l’ont pas voulu. Et ils ont tout fait pour m’éviter, me fuir ou m’ignorer. Parce que je suis… la VOIX DU PEUPLE Vox Populi ! « Je te raconterai l’histoire de ce roi, mort de n’avoir pas pu te rencontrer… » 
 
http://www.tueursnet.com/2011/01/vox-populi/

Blair appelle l’Occident à attaquer l’Iran

L’histoire finira, un jour ou l’autre, par rendre grâce à Tony Blair d’avoir prouvé, par les faits, à quel point est fantaisiste  le concept de «justice internationale», aux yeux du monde occidental. Appelé, une seconde fois, en l’espace de quelques mois, à s’expliquer, devant une commission d’enquête parlementaire, sur les errements d’une guerre, froidement, déclenchée, sur la foi d’un gigantesque mensonge, l’ancien Premier ministre persiste et signe : il défend, avec fougue, le bien fondé d’un conflit, qui a coûté la vie à des centaines de milliers de civils innocents, qui a fait de l’Irak, pays souverain et indépendant, un Etat fantôme, à la merci du bon vouloir de ses occupants. Au terme de quatre heures de débats techniques fastidieux, retransmis, en direct, à la télévision, Blair n’a cessé de tourner autour du pot : à la question de savoir si la guerre contre l’Irak entrait dans la légalité, en l'absence de résolution explicite des Nations unies, il a daigné répondre; à celle concernant sa tentative délibérée de manipuler l’opinion publique, sur la présence, jamais avérée, d'armes de destruction massive irakiennes, sa réponse fut tout autant évasive. Et quid de son alignement, sur les néo-conservateurs américains, de ses relations plus que privilégiées avec leur chef de bande, George W. Bush, de ce fameux sommet Bush-Blair, tenu 11 mois avant l’invasion où il a prôné une approche «tout feu, tout flamme» contre Saddam? Blair ne souffle mot. Pis encore, dans sa plaidoirie de belliciste patenté, pour qui la guerre est un mode de vie, une manière d’être au monde, et non pas cette expérience horrible, au cours de laquelle, on est témoin des actes d'une violence terrifiante et épouvantable, il réserve même une place à l’Iran. L’ancien Premier ministre demande, ainsi, que l'Occident, dixit, « en finisse avec la politique de l'autruche  qu’il affiche à l’égard de l’Iran» et qu’il «agisse, fermement, pour contrecarrer les projets prêtés à ce pays», bref, qu’il se lance dans une nouvelle aventure. A M. Blair et à tous les nostalgiques d’un Moyen-Orient «fumant», «brûlant», «saignant», c’est Mme Rose Gentle qui répond.  Mère de l’un des 179 soldats britanniques, tombés, en Irak, elle a interpelé Blair, vendredi, en pleine séance du parlement, en ces termes : « Ayez honte, vos mensonges ont tué mon fils. J'espère que vous pourrez vivre avec ça ». La remarque est trop éloquente, pour qu’on y ajoute d’autres commentaires ! 
 
http://www.alterinfo.net/Blair-appelle-l-Occident-a-attaquer-l-Iran_a54144.html 

Les Tigres de papier

Quelques réflexions sur le fonctionnement, les manipulations et la censure de nos grands  médias.

En 1964, les grands médias ont répandu l’information que les Nord-vietnamiens avaient attaqué deux destroyers américains dans le golfe du Tonkin – le Maddox et le Turner Joy.
En 2008, a été révélé l’existence d’un rapport de la NSA (Agence de sécurité nationale) gardé secret depuis des années. Dans ce rapport, un historien de l’agence apporte la preuve définitive de ce qu’on savait déjà depuis longtemps : que les services gouvernementaux US avaient délibérément falsifié des comptes rendus militaires pour faire croire à une agression nord-vietnamienne. La manipulation a servi de prétexte : elle a entraîné le vote par le Congrès américain de la résolution dite “du golfe du Tonkin”, du 7 août 1964, permettant au président Johnson de déclencher une guerre qui a officiellement tué 58.226 soldats américains et fait plus d’un million de victimes vietnamiennes.
Près de quarante ans plus tard, après le premier conflit de 1990-1991 résultant de l’invasion irakienne du Koweit, les Etats-Unis et leurs alliés ont déclenché en 2003 la guerre à Saddam Hussein, son renversement et l’occupation de son pays, sur la base de mensonges fabriqués de toutes pièces et désormais mondialement reconnus, concernant les armes de destruction massive qui n’ont jamais existé et les achats d’uranium au Nigeria qui n’ont jamais eu lieu.
Là aussi, les informations de Bush et de son équipe ont servi de prétexte : elles se sont révélées inventées par la suite, mais elles ont permis de lancer l’opération militaire, et ont été répandues par les grands médias sans l’ombre d’une hésitation.
Entre ces deux preuves dramatiques du conditionnement de l’opinion publique par une propagande mensongère, comment peut-on raisonnablement penser qu’une troisième opération n’ait pas suivi le même schéma ? Tout le monde n’en est pas encore convaincu, mais une floraison de témoignages, de rapports et de documents prouvent, depuis quelques années, que le même terrible mécanisme a fonctionné pour démembrer une Yougoslavie gênante et diaboliser le peuple qui voulait défendre son Etat fédéral, les Serbes. Tous les prétextes invoqués pour leur déclarer la guerre – depuis les tirs sur la foule du marché de Markalé en Bosnie jusqu’à l’exécution imaginaire de civils du village de Racak au Kosovo, en passant par le soi-disant massacre de prisonniers musulmans de Srebrenica – se sont révélés de tendancieuses exagérations ou des faux grossiers. Mais eux aussi ont été répandus par les grands médias et ont servi de prétextes au déclenchement de la plus grande agression militaire en Europe depuis la Seconde guerre mondiale : le bombardement de l’ex-Yougoslavie.
Nous voici donc en présence d’une formidable machine qui n’a cessé de se perfectionner. La calomnie politique existe depuis toujours. Elle a pour but d’attribuer à l’adversaire qu’on veut détruire des crimes qu’il faut punir, et de fournir au justicier les raisons morales de son combat contre le mal. Ce qui est nouveau, c’est la puissance et la sophistication des moyens employés, d’une part ; de l’autre, la docilité avec laquelle les grands médias acceptent la version inventée. Il est évident que la pression des premières accroît la servilité de la seconde. Plus forte est la propagande, plus convaincants sont ses arguments, et plus grand est le nombre d’informateurs qui les acceptent sans sourciller.
Comment est-ce que cela fonctionne ? Comment l’information devient-elle message orienté ?
Disons, pour simplifier son parcours, que nous avons affaire à une équation à trois facteurs : l’émetteur, le médiateur, le récepteur.
1) L’émetteur, ce sont les sources de l’information. Déjà, à ce niveau, le pouvoir exerce son influence. En zone de conflits, les journalistes sont triés par les militaires, enfermés dans des pools, limités dans leurs déplacements sous le prétexte qu’on ne peut pas les protéger. On efface ainsi les atrocités de la guerre en empêchant de les constater. Dans certains cas de black-out décidé en raison d’une situation hors de contrôle, on interdit carrément la présence de tout informateur. C’est ce qui s’est passé dans le golfe du Mexique, ou les polices fédérales et locales américaines ont collaboré de façon scandaleuse avec les forces de sécurité du pétrolier BP pour empêcher tout compte rendu effectué sur place de la catastrophique marée noire. Les reporters sur le terrain ont tous témoigné qu’on leur bloquait l’accès aux zones polluées et qu’ils étaient réduits à n’entendre que les communiqués officiels. Ca, c’est la négation totale, l’omerta, la loi du silence. On applique une vieille formule, attribuée au président Queuille : “La politique ne consiste pas à résoudre les problèmes, mais à faire taire ceux qui les posent.” C’est-à-dire, en fin de compte, à les supprimer. C’est comme si un étudiant à qui l’on demande de résoudre un problème, déchirait le papier sur lequel le problème est écrit au lieu d’en chercher la solution.
D’autres techniques sont plus subtiles. Dans la vie courante, les interviews de personnalités sont soigneusement calibrées à l’avance par le choix d’interlocuteurs accrédités. Cela va des questions posées à une vedette, filtrées par son manager ou son attaché de presse, jusqu’à l’interrogation d’un chef d’Etat, dont les services éliminent tout imprévu. Comme le dit un humoriste : “Le président va donner une conférence de presse à 15 heures ; à 13 heures, vous pourrez passer prendre la copie de vos questions.”
En effet, comme on ne peut jamais faire totalement confiance aux journalistes, il vaut mieux leur indiquer ce qu’ils doivent dire. Le 21 juillet dernier, la société des journalistes du Figaro a dénoncé un compte rendu de l’audition de l’ex-comptable de Liliane Bettencourt comme étant “un PV tronqué, assorti d’un article non signé, qui participait à l’évidence de la stratégie de communication élaborée à l’Elysée.” Un exemple parmi d’autres de la masse de nouvelles savamment ciblées que diffusent les cellules spécialisées dans la promotion, les relations publiques ou la propagande. Pendant la guerre dans l’ex-Yougoslavie, selon les aveux officiels, le responsable de la communication du gouvernement de Tony Blair, Alastair Campbell, dirigeait une équipe spécialement chargée d’inventer chaque jour un incident pouvant noircir l’image des Serbes. C’était facile, les Serbes n’ont jamais rien compris aux relations publiques et donc n’arrivaient jamais à faire croire à leurs démentis. Les Croates et les musulmans, eux, plus malins, ont fait appel à de grandes firmes américaines de relations publiques, comme Rudder Finn, qui se sont vantées d’avoir retourné l’opinion juive aux USA en faisant croire à l’antisémitisme de Belgrade et à une volonté de conquête de la “Grande Serbie” qui n’a existé que dans leur imagination. Elles l’ont fait en diffusant à grande échelle des enquêtes imaginaires et des reportages fabriqués. Un travail que font désormais couramment des officines spécialisées dans le publireportage ou des unités de psy-ops (opérations psychologiques) dans les armées.
Les latins distinguaient ces deux façons de baillonner la vérité : suggestio falsi, suppressio veri. Le pouvoir, et les responsables de l’info qui se plient à ses désirs, utilisent les deux : ils peuvent répandre le mensonge, ou dissimuler la vérité. Et c’est efficace. La conformité au système va de l’obéissance aux ordres à la routine des clichés à la mode. Ceux-ci constituent un ensemble culturel imbibé d’un néo-libéralisme à dominante américaine, dont les thèmes majeurs sont la mondialisation, l’Europe, le sauvetage des banques, la lutte contre le terrorisme et la sécurité. Pas de quoi enthousiasmer les auditeurs ou les lecteurs, mais de quoi fournir une matière tendancieuse à toutes les rédactions.
Le journaliste irlandais Claude Cockburn a résumé avec esprit l’interventionnisme gouvernemental. Il a dit : “Ne croyez aucune information avant qu’elle ne soit officiellement démentie.” Et il était encore en deçà de la réalité. Il ne savait pas qu’un Sarkozy, à l’image du dictateur d’une république bananière, allait exiger personnellement le renvoi d’un rédacteur en chef de Paris-Match qui lui déplaisait ou nommer lui-même les grands patrons de l’info, comme Philippe Val à la tête de France-Inter, s’assurant ainsi un service après vente parfaitement contrôlé.
2) Le médiateur, ce sont les supports. Chaînes de télévision, radios, journaux et magazines. Ce qu’on appelle les médias. C’est à leur niveau que l’information est la plus vulnérable. D’abord parce que ses grands supports écrits vivent sous perfusion permanente de l’argent public. Le montant des aides directes à la presse – de l’ordre de 1,4 milliard d’euros – représente 12 % de son chiffre d‘affaires annuel. Or la matière plus ou moins brute de l’information arrive des reporters, des envoyés spéciaux, des agences ou des correspondants locaux. Avant d’être présentée au public, elle est “traitée”, mise en forme, par les directions et les rédactions en chef. Comme tout produit, l’information a son producteur (le journaliste), son grossiste (l’agence de presse), son détaillant (le journal) et son client (le lecteur). C’est au niveau du détaillant – le support – qu’a lieu cette mise en forme. Or, ne serait-ce qu’en raison de cette dépendance économique du support, ce traitement de l’information subit plus ou moins volontairement à ce niveau – outre la censure directe, comme celle du soit-disant “secret-défense” – les suggestions ou les pressions du pouvoir. Quand, dans les années de la présidence gaulliste, le directeur du journal télévisé, Edouard Sablier, m’a confié une émission de débats sur la chaîne unique de l’époque, j’ai été convoqué au ministère de la Culture pour qu’on me communique la liste des personnes à interviewer. J’ai réalisé quatre émissions ainsi “inspirées” et j’ai donné ma démission. Les directives sont aujourd’hui moins grossières, mais elles existent toujours, sous la forme d’indications appuyées ou de propositions persuasives.
Ces influences occultes sont complétées par une censure indirecte, une autocensure, comme celle que s’imposent à eux-mêmes les responsables de médias, en évitant de parler de sujets tabous. L’armée, la police, l’Eglise ont été, pendant des lustres, exonérés de toute critique ou investigués avec précaution. Il était traditionnellement dangereux de parler mal des forces de l’ordre ou de la religion. Aujourd’hui, cela l’est toujours. Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a par exemple porté plainte récemment contre deux sites internet qu’il accusait de médire de la police. La critique est même de plus en plus périlleuse en ce qui concerne les religions, en particulier la foi musulmane. Toute mise en question de l’islam est édulcorée pour ne pas offenser les croyants, au point de passer sous silence les crimes du fanatisme confessionnel. A un degré moindre, la politique de notre gouvernement et la prise de position de la majorité de nos “élites” étant résolument atlantistes, il est peu recommandé de s’écarter d’une ligne favorable à l’empire américain. La “pensée unique” est là pour raboter les dissidences et imposer le droit chemin. Si l’on ajoute à cela la peur distillée par une croissance exponentielle des poursuites en diffamation, intentées pour des propos qui auraient paru anodins il y a seulement quelques décennies, on a l’image de médias prudents, où la référence est remplacée par la révérence et où les armes de distraction massive sont devenus le quotidien de la désinformation.
Le “Quatrième pouvoir”, ainsi édenté, souffre en plus de trois poisons qui achèvent de l’affaiblir : la confusion des genres, les connivences et le mimétisme.  
La confusion des genres est la teinture d’idéologie qui dénature le compte rendu. En France, à la différence des pays anglo-saxons, l’information se sépare très difficilement de la politique. On connaît la différence traditionnelle entre le news et les views, c’est-à-dire entre la nouvelle et l’opinion. Chez les anglo-saxons, les deux se distinguent nettement dans des pages ou des rubriques séparées. Chez nous, les deux sont très souvent fondus dans la vanité des grands acteurs des médias, qui se veulent tous éditorialistes ou chroniqueurs avant d’être de simples rapporteurs de la réalité. Ce sont eux qui forment ce que Régis Debray a appelé la médiacratie, cette couche particulière de vedettes de la plume qui régissent notre profession par leurs signatures connues, leurs commentaires qui font autorité à l’antenne ou sur le papier, et leur présence incessamment répétée dans les débats de la télévision ou de la radio.
Les connivences résultent de trois mécanismes bien implantés chez nous.
Le premier est la complicité de gens connus qui n’aiment fréquenter que des pairs partageant leur célébrité. C’est le ciment de la médiacratie. Les patrons des chaînes, des radios et de la presse, avec leur cohorte d’affidés et d’employés supérieurs, se connaissent tous, déjeunent ensemble dans les meilleurs restaurants, se concertent, nouent ensemble leurs intrigues, apaisent leurs rivalités, échafaudent leurs projets. Ce cocon au sommet s’assure d’une information aseptisée, adaptée aux clichés dominants, conforme à ses intérêts. Il ne faut ni agacer le pouvoir, ni troubler une opinion publique convenablement conditionnée. Là est la source principale de la “pensée unique” qui imbibe l’ensemble de notre information. 
Le second mécanisme s’articule autour d’une des notions à la base de notre métier : celle du scoop. Pour être le premier – et pour quelques instants le seul – à donner une information, il faut agir vite, ce qui supprime souvent la vérification. Mais surtout il faut avoir des contacts, souvent haut placés, parfois secrets. Ce genre de relations se paye. Par la discrétion, mais aussi par un retour de reconnaissance. On ne compromet pas un politicien qui vous a bien renseigné, on ne défavorise pas une source qui s’est révélée utile. Beaucoup de mes confrères pratiquent le renvoi d’ascenseur qui limite parfois leurs enquêtes en interdisant de contrarier celui qui vous a fait une révélation.
Le troisième mécanisme se fonde sur la vénalité des stars. Nous touchons là à un germe de pourrissement profond de notre métier. La publicité. Non seulement elle est indispensable à la survie des médias, et par là ne peut pas s’empêcher d’influer sur leur contenu, mais elle est un élément permanent de corruption des journalistes les mieux intentionnés. Ayant été l’invité d’opérations de ce genre, je peux vous assurer que les voyages d‘information organisés par de grandes firmes industrielles ont de quoi faire flageoler les consciences les plus pures : endroits paradisiaques, restaurants de luxe, déluge de cadeaux en tous genres, gratifications en nature (pour ne pas dire parfois en espèces), rien n’est épargné pour soudoyer les bonnes volontés. On peut comprendre qu’il est difficile au retour de décrire comme une guimbarde le nouveau modèle du fabricant d’automobiles qui vous a si bien traité ou de qualifier de toxiques les derniers produits d’un géant de l’alimentation qui vous a si généreusement gâté.
Le symbole de cette inquiétante collusion entre l’information et la publicité est l’organisme qui se veut le représentant d’une partie de notre profession, et dont la plupart des médiacrates sont membres : le Presse Club de France. Je ne veux l’accuser de rien – d’autant moins que j’en fais partie parce que son restaurant est sympathique et qu’il accorde des réductions aux porteurs de cartes de presse – mais le fait que sa riche installation, comportant salles de conférences, matériels de projection, studios d’enregistrement, bibliothèque, et autres facilités confortables, soit entièrement financée par la grande industrie, ne semble pas une garantie crédible de l’indépendance totale du travail de ses habitués.
Citons enfin, pour clore ce paragraphe bassement matériel, ce qu’on appelle les “ménages”, c’est-à-dire la participation de ces présentateurs grassement rémunérés de la télévision qui se baptisent encore journalistes, aux promotions commerciales dans lesquelles ils jouent les animateurs de foire pour des honoraires disproportionnés. Jouer les camelots de luxe est un prolongement de notre métier que n’avaient pas prévu Albert Londres, ni même Pierre Lazareff ou Jean Prouvost.
Le mimétisme, enfin, est devenu pratiquement une maladie. Le traitement d’un événement important se fait de la même façon par tout le monde en un raz de marée d’imitations réciproques. Personne ne peut reprocher aux professionnels de couvrir cet événement aussi complètement que possible : c’est leur métier et leur devoir. Mais ce qui ressort du déferlement de nouvelles à propos d’une catastrophe, d’un conflit, ou d’un tournant majeur de la géopolitique mondiale, c’est trop souvent une identité d’interprétation. Les grands médias disent tous la même chose sur les causes, le contexte, les acteurs ou les conséquences. Et lorsque toutes les explications concordent, et que cet ensemble homogène est infléchi en un sens particulier pour des raisons politiques (on retrouve le poids de la pensée unique et le travers de la confusion des genres), on assiste à une véritable campagne de conditionnement de l’opinion publique qui fausse complètement la fonction du journalisme. D’autant plus que participent à l’offensive des éléments “extérieurs” qui n’ont rien de journalistique : une foule d’experts, d’intellectuels, de politiciens, plus spécialisés dans le commerce des idées (quand ils en ont) que dans la relation des faits. C’est ainsi qu’on a assisté à des mobilisations massives au service de “causes” déséquilibrées par leur partialité : la diabolisation des Serbes, la défense passionnée des minorités tchétchènes ou tibétaines, la dénonciation des réticences aux référendums sur l’Europe, la prévention exagérée de la grippe, le spectre du réchauffement climatique ou les prises de position acharnées et opposées dans le Proche-Orient. A chaque fois, un rouleau compresseur s’est mis en route, écrasant toute objection. Ce n’est plus du journalisme, c’est de l’intoxication.
3) Le récepteur, enfin, c’est le public. Tout le monde connaît la chute spectaculaire de la diffusion des grands médias écrits. Au début du XXe siècle, les quotidiens généralistes français diffusaient plusieurs millions d’exemplaires, et comptaient encore des dizaines de titres après la Libération. Aujourd’hui, ils ne sont plus que quatre – Ouest-France, Le Parisien, Le Monde et Le Figaro – à péniblement atteindre les 400.000 exemplaires. De 3,8 millions de quotidiens vendus en en 1974, on est passé à 1,9 million en 2007.
Bien sûr, cette désaffection des lecteurs a de multiples causes. L’apparition de l’internet, la concurrence de la télévision, la naissance des journaux gratuits, la réduction des budgets publicitaires, pour n’en citer que quelques-unes. Mais à voir le succès qui ne se dément pas de l’organe qu’on peut considérer comme le meilleur de la presse française – Le Canard Enchaîné – on peut se demander à juste titre si le contenu de nos médias ne joue pas, lui aussi, un rôle déterminant. Ce n’est pas un hasard si Jean Yanne, qui savait bien représenter la gouaille populaire, disait : “Je ne mens jamais, sauf quand je lis le journal à haute voix.”
Est-ce à dire que tous les journaux mentent ? Non, bien sûr, ce n’est pas si simple. Beaucoup de mes confrères exercent leur métier en respectant un vieil adage : “L’impartialité est un rêve, l’honnêteté est un devoir.” Le problème est que les plus honnêtes sont à la base, et que la probité professionnelle se raréfie en montant dans la hiérarchie. Et cette hiérarchie, dont l’argent tue bien souvent la conscience, génère une information faussée responsable en grande partie de la désaffection de son public.
En fin de compte, la combinaison d’un journalisme coulé dans le moule culturel de l’atlantisme néo-libéral de nos dirigeants, perméable aux pressions du pouvoir, orienté par une médiacratie plus ou moins vénale, poussé à la déférence par les menaces sur la liberté d’expression, plus attaché à fouiller l’intimité des notables qu’à explorer l’actualité et présenté au public par des médias aux réactions généralement similaires, n’est pas de nature à exalter les foules. Le Monde est devenu le terne porte-parole de la bonne conscience bourgeoise, le sirop de droite du Figaro rivalise en sucrerie avec la confiture de gauche de Libération, et Paris-Match salive chaque semaine devant les célébrités en sortant son pot de pommade mondain. Ne parlons pas des tirages de la presse “people” qui écrasent ceux des illustrés classiques, témoignant de la primauté du spectacle en trompe-l’œil sur le tableau de la réalité.
Même l’internet, support désormais indispensable de l’information indépendante, ne secoue l’inertie qu’avec du retard. On a vu signaler récemment – notamment dans Libération – les révélations de WikiLeaks sur le naufrage militaire américain en Afghanistan, mais il a fallu vraiment le choc d’un énorme scoop – la découverte de milliers de documents internes de l’armée US – pour réveiller nos journaux. Alors que nous publions depuis des années le même genre de témoignages sur les guerres honteuses de l’empire dans notre mensuel B. I. sans susciter le moindre écho dans les grands médias. 
Ce journalisme léthargique et boiteux est condamné avec le système qui l’a secrété. En attendant qu’il disparaisse, on peut rappeler ce qu’un vieux sage, Lao Tseu, a dit, il y a bien longtemps : “Les vraies paroles ne sont pas belles, les belles paroles ne sont pas vraies” . Notre acquis le plus précieux aujourd’hui est l’internet. Il faut en préserver la liberté à tout prix. Tout n’y est pas utilisable, loin de là. Nous devons y appliquer les méthodes de tri et de vérification qui sont la déontologie de notre métier. Mais à défaut de bouleversement social – qui est plus l’affaire des militants que des journalistes – il nous aide souvent à remplacer la langue de bois de nos grands médias par un peu de vérité. Et comme disait Lénine ­– qui n’a pas toujours respecté sa belle formule : “Seule la vérité est révolutionnaire”.
Louis DALMAS 

http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/les-tigres-de-papier-87601

Payer les fonctionnaires à la performance ! Indignez-vous !

De quoi parle t-on ? Est-ce que le ministre va désormais payer les professeurs en fonction du nombre d'élèves qui accèdent en classe supérieure ? Va récompenser davantage les PV pour excès de vitesse que l'arrêt du grand banditisme ? Va demander aux aides soignantes de laver 10 "vieux" à l'heure au lieu de 8 actuellement ? Va payer les juges en fonction du nombre d'affaire traitées dans le mois ? Est-ce que les gardiens de prisons seront rémunérés en fonction du nombre de prisonniers qu'ils pourront entasser dans une cellule ?
Allons ! Ce n'est pas parce que les méthodes du secteur privé produisent des ravages dans les organisations qu'il faut les étendre dans le secteur public. (Risques psychososiaux-suicides)
Des jeunes managers sortis frais moulus des écoles, sans aucune expérience des hommes, veulent imposer aujourd'hui, des méthodes apprises hier, et qui sont abandonnées dans le secteur privé par les entreprises qui ont pu en mesurer toutes les conséquences sociales.
La rémunération au mérite, la récompense pourrait éventuellement s'envisager pour un groupe, une équipe. Par exemple on pourrait récompenser le personnel d’un service des urgences hospitalières qui prend en charge les malades en moins de quinze minutes ; le personnel des établissements scolaires en fonction du nombre d’élève qui réussissent leurs examens ; les universités en fonction du nombre de jeunes ayant trouvé un emploi dans les six mois qui suivent leur licence, leur master ou leur doctorat ; la brigade de police qui a fait baisser le taux d’acte de délinquance dans un quartier ; Etc., etc.
Tout aussi bien, on pourra récompenser, par notre vote, un gouvernement qui trouvera un emploi et un toit pour chacun des citoyens !
La performance, c’est le résultat d’un travail collectif, d’une réflexion collective, d’une organisation collective dans laquelle chaque salarié apporte ses idées, ses réflexions, ses initiatives et son expérience.
En écartelant les équipes, le service public s’effondrera. Rappelons que c’est un des objectifs de ceux qui gouvernent le monde avec la complicité d’un système bancaire maffieux. Ce n’est pas pour autant que tous les imbéciles doivent applaudir !
Pour évaluer le travail et le récompenser il faut le comprendre et lui donner les moyens de s’achever. Or, le travailleur n’est plus apprécié en fonction de sa valeur professionnelle mais au regard du taux d’accomplissement d’objectifs individuels imposés par l’institution. L’isoler ne peut que le fragiliser et donc réduire la performance collective.
Enfin, la récompense, c’est ce qui s’ajoute au salaire. Le rapport sur l’intéressement collectif dans la fonction publique commandé par le Premier Ministre[1] avait précisé que « l’intéressement collectif n'est un succès que s'il apporte aux agents un supplément de rémunération. Il ne s’agit donc pas de redéployer des primes préexistantes, mais d’offrir aux bénéficiaires un revenu additionnel ».
Or, le gouvernement et tous ceux qui l’applaudissent, veulent faire de l’intéressement un outil de management, d’individualisation, une rémunération au mérite ou chacun devra s’extraire de l’anonymat collectif pour démontrer qu’il est le meilleur. Un outil de management, broyeurs d’hommes, comme dans le secteur privé.
C’est donc en toute connaissance de cause que le Gouvernement décide d’instaurer dans la fonction publique l’évaluation individualisée des performances, l’intéressement collectif et une prime de fonctions et de résultats. Ces outils conduisent à l’impasse sociale, à la destruction du collectif de travail.
Je méprise ceux qui font le choix de détruire le service public à travers la maltraitance des hommes qui le servent. Ils sont indignes de la République !
Messieurs ! Lorsque vous assistez aux funérailles des victimes de vos décisions, à côtés des veuves, des veufs et des orphelins, vous avez la posture de celui qui revient toujours sur les lieux de son crime !
Gardarist

[1] Rapport Diefenbacher sur l’intéressement collectif dans la fonction publique-mai 2009

 http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/payer-les-fonctionnaires-a-la-87584

Le jeu préféré des grands patrons

plansocial
Avertissement : sens de l’humour exigé !!!
Sorti fin octobre 2010, « Plan social, le jeu préféré des grands patrons » est en effet un jeu de cartes (pour les grands) ouvertement cynique et grinçant, et surtout politiquement incorrect.
Sorti du petit esprit fertile et un brin provocateur du rennais Stéphane Corcoral, rebaptisé John-Harvey Marwanni et officiant au sein de la prestigieuse Marwanni Production, basée à Paradise (Californie), ce jeu fait un tabac depuis sa sortie en novembre 2010. Il est d’ailleurs en rupture de stock et actuellement en cours de réimpression.
Les règles du jeu sont simples : chaque joueur se transforme en actionnaire, et chacune des cartes représente un salarié, ouvrier qualifié, employé, technicien, cadre supérieur… Le premier joueur qui parvient à se débarrasser de tous ses salariés réussit son Plan social, et gagne le droit de délocaliser dans un pays totalitaire à main d’œuvre bon marché. Pour parachever le tout, les illustrations sont totalement ringardes et caricaturales, et les salariés affublés de titres loufoques : poseuse d’amiante, travailleuse sans papiers, responsable des accidents du travail, hôtesse d’accueil à deux ans de la retraite, représentant en armes d’autodéfense, mouleur de saucisses et autres affineurs d’OGM.
Vous l’aurez compris, ce jeu est à prendre au moins au troisième degré, même si en ces temps de crise, il peut paraître difficile, pour certains, d’apprécier ce genre de provocation. Mais le succès rencontré est aussi révélateur d’un sentiment de ras-le-bol généralisé devant la mondialisation galopante et son cortège de plans sociaux et licenciements. Mais aussi et surtout, il signifie que les salariés et plus largement encore, les consommateurs que nous sommes ne sont plus prêts à se laisser berner par les grands discours libéralistes qui nous ont été serinés pendant des années, tentant de nous faire croire (gober ?) que la mondialisation était la panacée, et nous ferait vivre dans un monde meilleur ! Grands discours d’ailleurs sur lesquels tout le monde revient (même l’Europe…), de façon plus ou moins explicite, pour essayer de remettre un peu d’ordre et de freiner la disparition de notre industrie et de nos emplois.
Sur des sujets aussi sérieux, un peu d’humour ne peut pas faire de mal, non ? Ah, et j’allais oublier, ce jeu est bien entendu entièrement conçu et fabriqué en France !

http://www.hexaconso.fr/blog/

Les dernières frasques libertaires et déontologiques de BHL

Julien Salingue

Encore BHL ? Oui, encore ! Mais pourquoi un tel acharnement ? Parce que l’année 2011 débute en fanfare pour le philosophe en chemise blanche, décidément sur tous les fronts. Et parce que cette fausse grandeur est en charge de la surveillance de plusieurs médias. Pauvres médias !
BHL a-t-il aidé à la censure de Stéphane Hessel ?
C’est en tout cas ce qu’affirme Richard Prasquier, Président du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF), dans un éditorial publié le 13 janvier sur le site du CRIF. Richard Prasquier se félicite de l’annulation d’une conférence qui devait se dérouler à l’Ecole Normale Supérieure, en présence de Stéphane Hessel, mais aussi, entre autres, d’Elisabeth Guigou, de Benoît Hurel (Syndicat de la Magistrature), de Leïla Shahid (représentante de la Palestine à Bruxelles) ou encore de Michel Warshawski (militant israélien). Le thème de la conférence était la solidarité avec les militants de la campagne de boycott d’Israël poursuivis en justice.
Le CRIF affirme que c’est grâce à son action que la directrice de l’ENS, Monique Canto-Sperber, a décidé d’annuler la conférence. Et, au détour d’une phrase, rend hommage à Valérie Pécresse, au rectorat de Paris, « ainsi qu’à Claude Cohen Tanoudij, Prix Nobel de Physique, Bernard Henri Lévy et Alain Finkielkraut, tous anciens élèves de l’Ecole Normale Supérieure ». La phrase ne souffre d’aucune ambiguité : les trois « anciens » seraient, comme la Ministre et le rectorat, intervenus auprès de la direction de l’ENS. BHL, ami d’Israël, aurait-il participé de près ou de loin à ce qui ressemble à s’y méprendre à une atteinte à la liberté d’expression ?
Pendant 5 jours, BHL ne réagit pas à l’éditorial de Richard Prasquier. C’est le 18 janvier, alors que « l’affaire » commence à faire du « buzz » (nous y reviendrons dans un prochain article), qu’il se signale. D’une curieuse manière. C’est en effet au Nouvel Obs, et non au CRIF, que BHL fait parvenir le démenti qui suit :
« Je rentre des Etats-Unis et apprends qu’un débat autour de l’opération BDS a été annulé à l’Ecole Normale. Contrairement à ce que laisse entendre votre site, je ne suis intervenu ni auprès de Madame Canto-Sperber ni auprès de quiconque pour recommander l’annulation de ce débat. Je suis, par principe, même et surtout quand le désaccord est profond, partisan de la confrontation des points de vue - pas de leur "annulation" ».
Dont acte.
Dont acte ? Ou presque.
De deux choses l’une :
- soit le CRIF dit la vérité, et BHL tente désespérément de se démarquer de cette initiative peu glorieuse, probablement en raison du « buzz » qu’elle a suscité.
- soit le CRIF ment. Mais dans ce cas, pourquoi BHL qui, chacun le sait, se sent très concerné par tout ce qui le concerne, a-t-il attendu 5 jours avant de réagir ? Pourquoi ne pas avoir exigé qu’un erratum soit publié sur le site de ceux qui sont à la source de cette « mauvaise » information, et non sur le site du Nouvel Obs, qui s’est contenté de la relayer ? Et pourquoi Richard Prasquier n’a-t-il pas, à l’heure où nous écrivons, changé la moindre virgule de son éditorial du 13 janvier ?
Autant de questions qui, pour l’instant, demeurent sans réponse. On ne doute pas que l’affaire ne manquera pas de connaître de nouveaux développements et rebondissements. A l’image d’une autre affaire impliquant BHL, celle qui l’oppose à Bernard Cassen.
BHL salit de nouveau Bernard Cassen...
Nous l’avions rapporté dans un précédent article : dans son bloc-notes du 23 décembre, BHL commettait une bourde infamante : confondre, en évoquant les « Assises contre l’islamisation de l’Europe », Bernard Cassen, ancien directeur du Diplo, et Pierre Cassen, animateur de Riposte Laïque. Cette utile confusion avait permis à Bernard-Henri de remettre au goût du jour un de ses thèmes favoris : les passerelles entre « rouges » et « bruns ». Si la bourde a été rapidement corrigée, BHL n’a toujours pas présenté ses excuses à Bernard Cassen. Bien au contraire...
En effet, dans son bloc-notes du 6 janvier, il remet le couvert, évoquant « le double procès que [lui] intentent, pour le même article, un groupuscule d’extrême droite et un ancien du Monde diplo ». Par un (pas très) subtil procédé rhétorique, BHL réussit finalement là où il avait échoué deux semaines plus tôt : amalgamer Bernard Cassen et l’extrême-droite. L’usage de l’expression « double procès  » est en effet lourde de sens : Cassen et le Bloc Identitaire n’étaient peut-être pas côte-à-côte aux « Assises », mais ils le sont désormais dans une croisade commune contre le philosophe en chemise blanche. En somme, BHL, adepte de la prophétie auto-réalisatrice, avait raison avant tout le monde. Soyons certains que cette clairvoyance ne manquerait pas, si l’affaire devait prendre une tournure judiciaire, d’être saluée par les tribunaux.
… et offre une tribune au Bloc Identitaire
Tribunaux que la direction du Point semble vouloir éviter, puisqu’elle a accordé au Bloc Identitaire, sympathique groupement de jeunes gens épris de valeurs progressistes, un droit de réponse aux approximations de Bernard-Henri Lévy. Comme nous l’avions signalé, l’accusation de « tentative d’assassinat contre Jacques Chirac » portée contre le Bloc Identitaire était des plus contestables : le Bloc Identitaire en tant que tel n’existait pas à l’époque, et c’est Maxime Brunerie, un proche de l’ancêtre du Bloc, Unité Radicale, qui avait tenté de tirer sur le chef de l’Etat.
Le Bloc identitaire a donc pu, grâce à la rigueur de BHL, s’adresser, entre autres, au lectorat du Point. Une audience quantitativement inédite pour une organisation qui, bien qu’elle récuse le terme de groupuscule, n’a pas franchement pignon sur rue. Et même si Bernard-Henri a rédigé une « mise au point » à la suite du droit de réponse, le résultat est là : BHL aura offert, à cause de la démesure et de l’emphase habituelles de ses propos, une formidable tribune au Bloc, sans aucun doute ravi de cette publicité à moindres frais. Nous présentons à BHL toutes nos félicitations, auxquelles nous nous empressons d’en ajouter d’autres, au sujet de son courage et de sa lucidité quant à la révolution tunisienne.
BHL et la Tunisie, épisode 1 : le résistant de la 26ème heure
Les quelques motivés qui suivent l’actualité du philosophe médiatique ont constaté qu’il a été, durant de longues semaines, silencieux sur la situation en Tunisie. Et soudain, le miracle est arrivé.
Le 13 janvier, (veille du départ de Ben Ali), depuis les USA où il se trouve alors, Bernard-Henri-Lévy lance – sur l’antenne d’Europe 1 – un appel dont le retentissement dépasse, et de loin, l’Appel de Londres lancé par le général de Gaulle. Le site « officieux » de BHL se charge, dès le lendemain, de mettre en valeur cette initiative. Les bonnes causes sont avant tout celles qui sont bonnes à la promotion de BHL-Moi-Je.
Extrait : « Les Tunisiens vivent leur 1789. Et Bernard-Henri Lévy est de ceux qui ont compris que, pour gagner une bataille comme celle-ci, le net est aujourd’hui un outil incontournable. Il sait les risques juridiques qu’il prend. Mais que faisaient d’autres ceux et celles de ses ainées qui, naguère, signaient des appels pour l’avortement ou pour l’insoumission dans la guerre d’Algérie. C’est la même logique, toujours ». Quand BHL ne met pas lui-même en scène sa légendaire modestie, ses amis se chargent de le faire pour lui.
Mais quelle est donc la prouesse qui nous a valu ce modeste éloge ? Le résistant BHL a posté un message sur Twitter via le compte de sa revue La règle du jeu : « Hackers de tous les pays, unissez-vous. Soutenez les Anonymous. Piratez, bloquez les sites officiels de la Tunisie de Ben Ali. BHL ». Les Anonymous sont des hackers qui, depuis plusieurs semaines, multipliaient les attaques informatiques contre les sites du régime tunisien… sans avoir attendu le réveil de BHL.
Et pourtant, toujours sur le site, on apprend que, malgré le retard à l’allumage de BHL, son « Tweet » « a fait le tour de la toile ». Vérification faite, le tour fut rapide, comme en témoigne cette capture d’écran, réalisée plus de 48 heures après la publication de l’appel :

Un écho international à la hauteur du courage de Bernard-Henri, résistant de la 26ème heure.
BHL et la Tunisie, épisode 2 : arabes, musulmans, même combat !
Après la chute de Ben Ali, Bernard-Henri ne tient plus en place. Dans son Bloc-Notes du 18 janvier, titré « leçons tunisiennes », il tire, à chaud, ses premiers bilans de la révolte populaire. On apprend ainsi que l’un des éléments notables du soulèvement tunisien est qu’il s’agit d’une « insurrection arabe » (c’est la 2ème « leçon ») : « Eh oui. Rappelez-vous ceux qui nous disaient qu’il y a des peuples faits pour la révolte et d’autres qui ne le sont pas ». Pour BHL, les événements de Tunisie sont la démonstration qu’il n’y a pas de peuple imperméable aux principes démocratiques : « les principes démocratiques sont des principes universels ». Même les Arabes, donc ! Saluons le courage avec lequel Bernard-Henri se défend contre la droite xénophobe et néo-coloniale...
Suit alors une prophétie quasi-planétaire : « Aujourd’hui, la Tunisie. Demain, la Libye de Kadhafi. La Syrie de la famille Assad. Peut-être l’Iran d’Ahmadinejad ». Une déclaration qui nous vaudra peut-être un erratum de plus puisque, cher Bernard-Henri, les Iraniens ne sont pas Arabes : ce sont des Perses. Mais c’est vrai qu’après tout la majorité d’entre eux sont aussi des musulmans. L’amalgame est d’autant plus fâcheux qu’il est courant chez ceux que BHL prétend pourfendre dans sa chronique, « ces apôtres de la guerre des civilisations pour qui l’idée même d’un pays musulman et, en particulier, arabe ouvert aux droits de l’homme était une contradiction dans les termes ». On espère que Bernard-Henri saura, avant de nous infliger ses prochaines « leçons » politico-philosophiques, réviser ses leçons d’histoire-géographie.
Selon les fans de BHL, BHL triomphe aux Etats-Unis
Cette approximation est peut-être une conséquence de l’épuisant séjour de BHL aux USA, destiné à promouvoir le livre coécrit avec Michel Houellebecq, Ennemis Publics : une tournée qui, d’après le site de la revue de BHL, fut, comme l’annonce le titre de l’article qui lui est consacré, un « Triomphe, aux USA, pour Bernard-Henri Lévy et Michel Houellebecq ». Promotion réussie d’un livre, dont on nous dit qu’ « il semble qu’il soit parti pour faire un tabac ».
En témoigneraient, notamment, les critiques de la presse écrite états-unienne. Maria de França, qui a signé l’article de La règle du jeu, mentionne ainsi « la critique, excellente, signée par Sam Munson dans le Wall Street Journal ». Une critique, il est vrai, plutôt élogieuse. Puis l’article évoque « Les deux critiques, moins favorables mais importantes, signées, dans le New-York Times, par Dwight Garner (page culturelle quotidienne) et Ian Buruma (supplément Livres du week end) ».
Les extraits qui suivent, tirés de la critique de Ian Buruma, montrent ce que La règle du jeu appelle une critique « moins favorable » :
- « On peut lire ce livre, un dialogue entre deux célèbres auteurs français, comme un roman comique, une brillante satire traitant de la vanité des écrivains […] ».
- « Le running gag qui imprègne l’ensemble de la discussion est cette vaine prétention selon laquelle BHL, l’intellectuel le plus célébré et le plus médiatique [1] en France, et […] l’auteur de best-sellers Michel Houellebecq, seraient détestés, persécutés et méprisés par à peu près tout le monde […] ».
- « Ce qui est hilarant […] est l’usage des hyperboles […] ».
Et encore :
- « [A propos de la façon dont BHL revendique ses « engagements » (Daniel Pearl, Ayaan Hirsi Ali, Sarajevo, etc)] : c’est ce que les Allemands appellent un Hochstapler, quelque chose qui se situe entre le vantard et l’imposteur, une célèbre figure comique dans la littérature européenne. (...) »
- « Tout est brillamment exécuté. Mais je crains d’avoir à dire que rien de tout ceci n’est destiné à être lu comme un roman comique. Tout est fait avec le plus grand sérieux du monde ».
Etc.
Une critique « moins favorable » ? BHL et ses amis ont, décidément, le triomphe modeste, et manient tout aussi bien l’euphémisme que l’hyperbole. C’est sans doute cela, le « style BHL », complément indispensable de la rigueur et de la probité qu’il met au service du microcosme médiatique et de sa surveillance.
Parole de pape
Un style dont l’emphase et la solennité tiennent en général lieu d’argumentation.
Dans son bloc-notes du 6 janvier, BHL professe : « Benoît XVI est parfaitement fondé à dire que les chrétiens sont, aujourd’hui, à l’échelle de la planète, le groupe religieux "en butte au plus grand nombre de persécutions" ». Aucun chiffre, aucune enquête, ne viennent étayer ce propos nuancé. Il faut dire que la source de BHL est connue pour sa modération et son objectivité.
Rideau.
Julien Salingue (avec Henri et Serge)

Notes

[1] en français dans le texte

http://www.acrimed.org/article3520.html

Pour les Portugais, la rigueur ne fait que commencer

Sur fond de crise économique et de pression des marchés, les Portugais votent dimanche 23 janvier pour le premier tour de l’élection présidentielle. Ils redoutent les effets de l’austérité budgétaire.

Sur fond de crise économique et de pression des marchés, les Portugais votent dimanche 23 janvier pour le premier tour de l’élection présidentielle. Ils redoutent les effets de l’austérité budgétaire

«La TVA augmente/nos prix n’augmentent pas ». En lettres majuscules et couleurs vives, l’affichette trône à la vue de tous au-dessus de la caisse enregistreuse, à l’entrée d’un magasin de cosmétiques de Lisbonne.

« Les affaires ont été bonnes en fin d’année, explique la propriétaire, mais c’était artificiel car beaucoup ont anticipé leurs achats afin d’éviter la hausse de la TVA au 1er janvier. » Selon elle, «2011 s’annonce très difficile, entre la baisse des rémunérations des fonctionnaires, le gel des salaires dans le privé et la diminution des aides sociales. Du coup, on essaie de limiter les dégâts.»

Pas sûr que cela s’avère efficace. Alors que l’activité a progressé mieux que prévu en 2010, une récession est attendue cette année au Portugal, et le gouvernement vient de faire voter un budget d’austérité drastique, afin de redresser ses comptes et de rassurer les marchés.

« Du jour au lendemain, en début d’année, les gens ont déserté les magasins », s’exclame ce chauffeur de taxi en empruntant l’avenue de la Liberté, une artère commerçante de Lisbonne, vidée de ses piétons comme de ses embouteillages. Il a l’intention d’aller voter pour l’élection présidentielle ce dimanche, « mais je ne sais pas encore pour qui, soupire-t-il. Je suis désabusé vis-à-vis de nos responsables politiques de tous bords, qui ont mal géré l’économie depuis plus de quinze ans. »

Le plus dur reste à venir

Les difficultés du pays, Isabel Jonet en relève des traces depuis un an. Aux avant-postes. « Chaque jour ou presque, une boutique ferme ses portes dans ce quartier d’Alcântara, constate la présidente de la Banque alimentaire, qui a son siège ici. Les gens s’appauvrissent, alors ils se rabattent sur les grandes surfaces où les prix sont plus abordables. »

À l’extérieur, des bénévoles chargent les camionnettes à destination des associations caritatives de la ville, dans un ballet incessant. « Nous recevons des nouvelles demandes en permanence, de la part de familles qui n’arrivent plus à payer leurs factures, voire à rembourser leur crédit immobilier, décrit Isabel Jonet. Nous les orientons vers des organismes de soutien mais le problème, c’est que les aides sociales se réduisent. »

Les chiffres du chômage – 11 % de la population active en novembre 2010 –, sont en dessous de la réalité, estime-t-elle. « Beaucoup de personnes cumulent deux emplois. Si elles en perdent un, elles ne sont pas comptabilisées parmi les chômeurs mais le manque à gagner est énorme ! Et de nouvelles catégories, comme les jeunes diplômés, ont du mal à trouver du travail. »

Tous les Portugais s’accordent à le dire : le plus dur reste à venir. « Récemment, raconte un chef d’entreprise, une chaîne de télévision a organisé un débat intitulé “2010, l’année où la facture est arrivée”. Maintenant, il va bien falloir payer ! »

Textile, chaussure, ameublement, des secteurs en souffrance

Manuel Carvalho da Silva, secrétaire général de la CGTP, la principale centrale syndicale, dresse un sombre état des lieux. « Les secteurs en souffrance sont le textile, la chaussure, l’ameublement et les machines-outils, décrit-il depuis son bureau, au cinquième étage d’un immeuble avec vue sur l’océan. Les structures de petite taille sont les plus affectées. »

L’an dernier, des milliers de petites entreprises familiales ont dû mettre la clé sous la porte. À l’Université catholique de Lisbonne, Joao Borges de Assunçao, professeur d’économie, précise que «la crise a commencé par le Nord, où est implantée la quasi-totalité du textile. Aujourd’hui, ce secteur commence à relever la tête mais c’est au tour de Lisbonne, et plus largement du Sud, d’être touchés car c’est là que l’on trouve le plus de fonctionnaires. »

Les professionnels du textile, eux, espèrent avoir déjà payé leur écot. Avec 95 % des entreprises du secteur, Vila Nova de Famalicao, à 40 kilomètres au nord de Porto, vit au rythme de cette industrie, engagée dans une profonde mutation depuis 1991. De 300 000 salariés (directs), elle n’en emploie plus que 155 000 désormais, orientés vers une production à plus forte valeur ajoutée, pour survivre face à la concurrence chinoise.

« Malgré une reprise de la croissance et de nos exportations en 2010, le secteur a continué à détruire des emplois (– 4 % sur les neuf premiers mois de 2010, par rapport à la même période de 2009), et cette tendance devrait se poursuivre cette année », précise Paulo Vaz, directeur général de l’association du textile et de l’habillement du Portugal.

"L’année sera difficile et la contestation sociale peut se manifester"

Les syndicats redoutent une accentuation de la rigueur par le gouvernement socialiste de José Socrates. Et ne comptent pas sur Anibal Cavaco Silva, le président actuel, élu sous les couleurs de la droite pour renverser la vapeur. « Je crains que, s’il est réélu dimanche à la tête du pays, il amorce un virage socialement offensif, affirme Manuel Carvalho da Silva. Car même s’il a peu de pouvoir, le chef de l’État exerce toujours une forte influence sur les choix nationaux », affirme le syndicaliste.

Il compte organiser de nouvelles manifestations, après celle du 24 novembre. Luis, retraité de la marine marchande, partage son opinion. « Il y a quelques jours, le président sortant a déclaré à la télévision que le pays pourrait traverser une grave crise économique et sociale. C’est la première fois qu’il s’exprime ainsi. Les restrictions budgétaires risquent de se poursuivre, analyse-t-il, surtout si le pays est contraint de faire appel à l’aide financière de l’Europe et du FMI. »

Au gouvernement, on s’en tient aux mesures déjà annoncées. « L’année sera difficile et la contestation sociale peut se manifester, admet Pedro Lourtie, secrétaire d’État aux affaires européennes. Si nous expliquons notre stratégie, alors on peut espérer que la population comprenne. Les citoyens savent que cette crise mondiale et européenne exige des mesures sévères. »
Marie DANCER

http://www.la-croix.com/Pour-les-Portugais-la-rigueur-ne-fait-que-commencer/article/2452803/4077

Si vous pensez que l'éducation coûte trop cher, tentez l'ignorance.

Indignés, ils agissent. Carté au PCF et donc pas franchement adepte de la politique actuelle, Michel Ascher, chef d'établissement à la retraite a, fin décembre, littéralement explosé. ...
« Quand j'ai su que les recteurs se verront attribuer une prime de 15  000 à 22 000 E par an s'ils atteignent leurs objectifs, c'est-à-dire, vu le contexte, s'ils parviennent à supprimer le plus de postes possible, un sentiment de colère m'a envahi. Je me suis dit : "Que faire ?" Déchirer mes palmes académiques (1) dans la rue ? J'ai préféré expédier le 22 décembre au ministre un courrier dans lequel je lui renvoyais mes palmes. » En l'occurrence, le diplôme. «  Je n'ai jamais eu la médaille, car il faut la payer. » Précisant que l'idée lui était déjà venue en début d'année «  suite à la réforme qui envoie des professeurs devant des classes sans les former ». Concluant sa missive ainsi : « Je ne peux, Monsieur le ministre, que vous transmettre l'expression de ma profonde tristesse. » Également chef d'établissement à la retraite, Michèle Lequarré, « jamais cartée, pas politisée », va faire de même. « C'est une souffrance de voir comment on défait l'Éducation nationale. »

Appel aux collègues

Concernant le cas de la prime aux recteurs, Michel Ascher estime que c'est « leur agiter des louis d'or pour qu'ils suivent la ligne  ». « On a connu des recteurs qui résistaient un peu. Et on pouvait débattre. Je me souviens avoir pris ma voiture pour aller justifier à l'inspecteur qu'il fallait me maintenir une classe. On a discuté toute la matinée et à la fin il m'a dit que j'avais raison. » Ils appellent leurs collègues chefs d'établissement à suivre leur démarche. « Au moins les retraités, Et même des collègues en activité, s'ils en ont le courage. » Car selon eux, l'heure est grave. Citant Abraham Lincoln : « Si vous pensez que l'éducation coûte trop cher, tentez l'ignorance. »
L. D.
1. Une décoration que les chefs d'établissement obtiennent souvent, plus rarement les professeurs.

http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2011/01/22/article_ils-rendent-leurs-palmes.shtml

Novas regras deixam um quarto dos bolseiros do superior sem apoio

Valores preliminares apontam também para quebra no valor médio das bolsas de estudo. Associações académicas exigem renegociação das normas técnicas.

O número de estudantes a beneficiar de bolsa de estudo para frequentar o ensino superior pode diminuir cerca de 25 por cento este ano. Nem todas as universidades concluíram ainda o processo de análise das candidaturas, mas os resultados já apurados permitem antever uma quebra nessa ordem de grandeza, que também atinge o valor médio dos apoios do Estado. Os universitários dizem que a culpa é das novas regras de cálculo e querem renegociá-las com o Governo.

A Universidade do Minho foi a primeira a fechar o processo de análise e a começar a pagar o valor definitivo das bolsas de estudo. Segundo os Serviços de Acção Social (SAS) daquela universidade, foram atribuídas menos 1370 bolsas de estudo do que no ano lectivo anterior, o que representa uma quebra de 25 por cento. O PÚBLICO teve acesso aos números preliminares de outras quatro instituições de ensino, que representam um terço dos 70 mil estudantes bolseiros no país.

Na Universidade do Porto (UP), a maior em número de alunos do país (são actualmente 31 mil), a diminuição do número de estudantes beneficiários da acção social atinge os 30 por cento, um valor que ainda pode sofrer alterações dado que apenas foram analisadas metade das candidaturas (três mil, num total de seis mil). "Os dados ainda não estão consolidados e não podemos extrair uma conclusão com segurança", diz o administrador dos SAS da UP, João Carvalho.

Também os SAS da Universidade de Coimbra entendem ser prematuro fazer comparações, mas os resultados já apurados revelam que o número de bolsas atribuídas baixa mais de dez por cento. O valor sobe no Instituto Politécnico do Porto (IPP), onde 40 por cento dos seis mil alunos bolseiros vão perder o apoio.

Os SAS das universidades contactadas invocam três motivos para o indeferimento dos processos de candidatura, sendo que o excesso de rendimento do agregado familiar face à nova fórmula de cálculo é o que mais vezes é apontado. Mas há milhares de estudantes que estão a ficar de fora do sistema por não terem feito a prova de rendimentos da forma correcta. Outro motivo avançado pelos SAS é a falta de aproveitamento académico, que o novo regulamento de atribuição de bolsas colocou num mínimo de 50 por cento dos créditos.

Os processos já analisados nestas instituições apontam também para uma quebra do valor médio das bolsas de estudo pagas aos estudantes. No Minho, os alunos recebem cerca de 190 euros, contra os 216 euros do ano passado; em Coimbra, a bolsa baixou de uma média de 210 euros para 202; e na UP e no IPP a quebra do valor do apoio é de 15 por cento.

Para o Ministério da Ciência, Tecnologia e Ensino Superior (MCTES) é ainda cedo para fazer uma avaliação dos resultados das candidaturas às bolsas de estudo, uma vez que os números ainda não são definitivos. Caso a tendência verificada nas instituições onde já são conhecidos resultados se mantenha, o número de estudantes a perder o apoio a nível nacional poderá chegar a ultrapassar os 15 mil.

"Foi sempre esse limiar que apontámos quando as novas regras de cálculo das bolsas foram divulgadas", sublinha o presidente da Associação Académica da Universidade do Minho (AAUM), Luís Rodrigues. Os estudantes não têm dúvidas de que as normas técnicas publicadas em Outubro, que tornaram mais exigentes as condições mediante as quais os alunos podem ser apoiados, são o principal motivo para a quebra no número de bolseiros.

"Não podemos aceitar que os apoios ao ensino superior sofram um corte mais acentuado que os restantes sectores do país", diz Luís Rebelo, presidente da Federação Académica do Porto - a maior do país -, que ontem mesmo se reuniu com o secretário de Estado do Ensino Superior para lhe dar conta da necessidade de revisão das regras de cálculo das bolsas. Posição semelhante tem a Associação Académica de Coimbra (AAC), que aponta a necessidade de "voltar a calcular as bolsas ainda este ano".

"Este é um processo prioritário e queremos começar a discuti-lo o mais rapidamente possível", diz Eduardo Melo, presidente da AAC, que também vai pedir uma reunião com urgência ao ministério de Mariano Gago.Estudantes à espera há três meses

A maioria dos estudantes do ensino superior continua à espera que lhes sejam pagos os valores definitivos das bolsas de estudo. O processo de análise de candidaturas prolonga-se desde Outubro, altura em que foram publicadas as normas técnicas que definem os critérios de atribuição dos apoios e a fórmula de cálculo dos mesmos.

Os 44 mil estudantes do ensino superior que tiveram direito a bolsa de estudo no ano passado receberam, desde Novembro, o valor mínimo da propina (98,6 euros). A situação vai manter-se pelo menos até ao final do mês, uma vez que os serviços académicos da maioria das universidades e politécnicos ainda estão a analisar os processos de candidatura.

"As candidaturas começaram a ser vistas em Outubro, quando devia ter sido em Maio", critica Luís Rebelo, da Federação Académica do Porto, atribuindo responsabilidade ao Ministério do Ensino Superior por ter homologado as normas técnicas já com o ano lectivo a decorrer. "Por muito boa vontade e empenho que os SAS colocassem no processo, dificilmente os resultados sairiam atempadamente."
http://www.publico.pt/Educa%C3%A7%C3%A3o/novas-regras-deixam-um-quarto-dos-bolseiros-do-superior-sem-apoio_1476552?all=1

21/01/2011

Funcionários públicos começam a fazer contas ao novo orçamento e não escondem indignação

Décidément, travailler est une bien piètre façon de gagner sa vie

Capturée sur la page d'accueil du site d'une l'émission télévisée, cette accroche publicitaire m'a aussitôt fait penser à Gérard Mestrallet, qui vient d'empocher 584.000 euros en une journée sans verser une goutte de sueur (tout juste, peut-être, dans une bouffée d'avidité, a-t-il eu les mains moites).

Monsieur Mestrallet est le PDG du groupe français d'énergie GDF-Suez. Mais avant d'y revenir, intéressons-nous à la pub ci-contre, désavouant le slogan le plus célèbre de l'homme qui, grâce à cette monumentale imposture, réussit voici quatre ans à se faire élire à la tête du pays. Hélas, il semble qu'une imposture en vaille bien une autre.

Au moment où je rédige ces lignes, elle figure en page d'accueil du site de "Ce soir ou jamais". Sinon, c'est «David, 32 ans, commercial», qui se vante d'avoir «fait 3.500 € le mois dernier avec le Forex». Forex = FOReign EXchange market ou "marché des devises".

Bien sûr, j'ai cliqué dessus. Et voilà ce que ça donne.
En quelques leçons via un "kit d'apprentissage", Devenez un Vrai Trader ! nous dit-elle, TANT IL EST VRAI QUE LE TRAVAIL NE PAIE PLUS... Pour compenser cette lacune à laquelle personne ne souhaite remédier, on réactive le fantasme de la fortune-éclair. Sauf qu'ici, ça en jette un peu plus que le Loto.

Le RSA "activité" des winners

Attention, il ne s'agit pas de quitter son emploi mais d'améliorer ses fins de mois, même si ce "temps libre" exploité de la façon "la plus lucrative au monde" pourrait, à terme, vous y inciter... Voyez Gérard Mestrallet : bien qu'il puisse se le permettre (nous y reviendrons), il ne cèdera pas son siège. Pour lui, c'est une question de prestige… et d'opérations hautement lucratives à renouveler tant qu'il restera en poste.

Pour l'apprenti-trader, même très doué, garder son emploi est aussi une question de prestige. Car être chômeur et jouir de la solidarité nationale ou toucher un RSA "activité" pour compléter son misérable salaire, c'est tellement dégradant. Non ! Autant "conquérir le marché" et jouir des mouvements spéculatifs (dont les conséquences sont, au final, assumées par la solidarité nationale, que ce soit en revenus de transfert ou en opérations de sauvetage. Mais comme cela se passe de manière indirecte et que le futur trader en herbe ne fait pas le lien, il n'éprouve aucune culpabilité. Pire : il n'y voit rien de déshonorant, trouve ça "moderne" et plutôt ludique, hein).

C'est vrai : quand on voit les bonus que ces messieurs se palpent, ça met en appétit et on se dit qu'on pourrait bien essayer d'en croquer un petit bout. Après tout, ils font partie du club très fermé des winners que la crise n'a même pas touchés et dont Gérard Mestrallet est membre.

44 années de Smic en une journée

Gérard Mestrallet, 61 ans, arrivait déjà en tête du palmarès des plus gros salaires de pédégés des groupes publics avec 3,3 millions gagnés en 2009. Mais plus on en a, plus il en faut. Jeudi 13 janvier — qui fut tout sauf noir pour ce fin boursicoteur —, Monsieur Mestrallet a exercé ses stock-options en acquérant 39.977 actions GDF-Suez au tarif unitaire préférenciel de 12,39 € pour les revendre aussitôt au prix du marché, soit 27 € pièce, empochant illico 584.453 euros. Quel virtuose ! Dire que tant d'abrutis s'échinent une vie entière pour un même résultat... A quelques encablures de la retraite, grâce aux largesses de son entreprise et aux miracles de la Bourse, Monsieur Mestrallet ne finira pas sur la paille.

D'ailleurs, Gérard Mestrallet adore ses actionnaires (dont l'Etat français, qui passent avant le désendettement de son groupe et, cela va sans dire, avant ses salariés) : avec 20,3 milliards reversés pour un taux de redistribution de dividendes de 69%, GDF-Suez est le troisième fleuron du CAC 40 qui les a le mieux bichonnés ces cinq dernières années derrière Total, rentier du pétrole, et France Télécom, expert en suicides.

Pour relancer l'économie, dire qu'il y a des fâcheux comme Frédéric Lordon, qui propose de fermer la Bourse et d'en finir avec la finance actionnariale. Que tous les parasites, petits ou gros, se rassurent : c'est pas demain la veille !

Sophie Hancart

http://www.actuchomage.org/2011012113952/Social-economie-et-politique/decidement-travailler-est-une-bien-pietre-facon-de-gagner-sa-vie.html

Tribunal impede corte de 10 por cento nos salários na Universidade do Porto

O Tribunal Administrativo e Fiscal do Porto aceitou a providência cautelar interposta pelo Sindicato dos Professores do Norte e proibiu a Universidade do Porto de executar o “corte indiscriminado de 10 por cento em todos os salários”, informou o sindicato.

Em nota hoje divulgada, o sindicato informa que o “Tribunal Administrativo e Fiscal do Porto aceitou a providência e ordenou a citação da Universidade do Porto, com menção expressa de proibição de execução do referido corte indiscriminado de 10 por cento em todos os salários”.

A Universidade do Porto, contactada pela agência Lusa, declarou que ainda não foi notificada da decisão e esclareceu que essa “aplicação seria apenas efectuada aos docentes em tempo parcial" e que estes "ainda não entregaram a declaração de rendimentos totais dos seus ordenados”.

Esclareceu também que “essa medida, dos 10 por cento, não é só” específica a esta instituição de ensino e “advém da lei orçamental imposta pela Direcção-Geral do Orçamento.

De acordo com a página de internet do Sindicato dos Professores do Norte, “em mensagem de 6 de Janeiro de 2011, a reitoria da Universidade do Porto informou as Unidades Orgânicas que, no mês de Janeiro, aplicaria um corte salarial de 10 por cento, de forma indiscriminada, a todos os seus colaboradores (docentes, investigadores e funcionários)”.

“Apesar de estar prevista a regularização da situação, em Fevereiro, esta medida é manifestamente ilegal, discricionária e agrava a própria aplicação dos cortes, já de si injustos, determinados pelo Orçamento do Estado, o que não lembraria nem a Salomão!”, sustenta o Sindicato dos Professores do Norte.

O sindicato refere ainda que o “facto de a reitoria não conhecer todos os suplementos que os seus colaboradores, eventualmente, auferem fora da instituição não justifica o ato discricionário anunciado”.

“Ao invés, poderia a reitoria aplicar os cortes impostos pela lei com base nos vencimentos por que é responsável, remetendo para o mês seguinte a execução dos cortes sobre eventuais suplementos. Alertado por vários sócios, o Sindicato dos Professores do Norte intentou uma providência cautelar com o objectivo de impedir a implementação desta medida”, assinala a nota.
 
http://www.publico.pt/Educa%C3%A7%C3%A3o/tribunal-impede-corte-de-10-por-cento-nos-salarios-na-universidade-do-porto_1476516

Hungry and jobless, Tunisian masses rebel


A popular uprising in the North African state of Tunisia since mid-December has driven President Zine El Abidine Ben Ali, who had ruled the Western-allied government for 23 years, into exile. Ben Ali fled on Jan. 14 after tens of thousands of workers and youths attacked the Ministry of the Interior and other government buildings in the capital of Tunis and in the city of Carthage.
Protesters in Tunisia.

Protesters in Tunisia.
When a street vendor who was attacked by police committed suicide by self-immolation on Dec. 17, it unleashed this enormous struggle. Defying tear gas and even live fire from the security forces that killed between 50 and 100 people, thousands also demonstrated in dozens of Tunisia’s provincial cities until they brought down a repressive head of state.
The courage of the Tunisian people and their success in the first step of a continuing struggle has aroused solidarity and hope worldwide. It has sparked protest in neighboring countries like Algeria and Egypt, where high prices and unemployment have hit hard. It has also aroused interest in Europe, where a year of strikes and protests has not yet stopped “austerity” programs aimed at depriving the working class of its rights.
Tunisian protest in Vienna.

Tunisian protest in Vienna.
Photo: Anti-Imperialist Camp
Initially Prime Minister Mohammed Ghannouchi was appointed to succeed Ben Ali. By the next day, however, on Jan. 15, the speaker of the Parliament replaced the former head of state of this country of 10.4 million people. That same day the army seized the airport near Tunis and then moved into the capital in an attempt to restore state control of the streets.
Militias suspected of being tied to Ben Ali have opened fire on the population and have clashed with the regular army, according to some reports. Popular and neighborhood groups have formed self-defense forces to protect their communities.
New government shaky
Because Ben Ali’s ruling Constitutional Democratic Rally (RCD) political party was still represented in the new leadership, it immediately drew criticism and protest from the masses. This new group announced on Jan. 16 that it would form a government of national unity to bring in representatives of opposition parties, professional groups and trade union officials.
The RCD officials invited moderate opposition parties into the coalition government. These are the Democratic Progressive Party and the Democratic Forum for Labor and Freedoms. Al-Jazeera journalist Ayman Mohyeldin reported Jan. 16, “We know the incoming national unity government will have three members of the opposition. It will include some technocrats, independents, and economists and some figures from Tunisian labor and trade unions. Some of those have still to be determined.”
As of Jan. 18, the political parties banned by the Ben Ali regime — those who were strongest in opposition — were excluded from the proposed government of national unity.
These parties include the Hizr ut-Tahrir, a Pan-Islamic organization formed in 1953 in Palestine that has affiliates throughout the region; another Islamic party, the Hizb al-Nahda or Renaissance Party, which has some electoral support inside the country; and a left organization, the Tunisian Workers’ Communist Party (PCOT), which grew out of the student movement and was formed in 1986.
In an interview with Al Jazeera on Jan. 17, PCOT leader Hamma Hammami, who had been freed from prison Jan. 14 during the mass uprising, said, “This is a national government which has nothing national about it. It’s intended to conserve the old regime in power with all of its authoritarian institutions in place. This is why people are taking to the street with a new slogan ‘we don’t want the RCD’.”
The General Labor Union of Tunisia (UGTT) has been repressed over the last two decades by the ruling RCD party. However, over the last three years there has been independent trade union activity, particularly in the Gafsa mining basin, where industrial actions have taken place since 2008.
By Jan. 18, three leaders of the UGTT opposition parties who had accepted cabinet posts resigned. Two cabinet members who were RCD leaders resigned from that party. The situation was still fluid.
Military and security forces split
Since the rebellion began throughout Tunisia, there seems to have been a split between leaders within the security forces presumed to be more loyal to ousted president Ben Ali and the military, headed by Gen. Rachid Ammar. The head of the security forces, Ali Seriati, was reportedly arrested on Jan. 15 while trying to flee over the border with Libya.
There were claims the following day of gun battles outside the presidential palace in Carthage between elements still loyal to Ben Ali, on one side, and the regular military on the other. Interior Minister Rafik Belhaj, who had been relieved of his duties by Ben Ali earlier in the week in an effort to calm protests, was also reported to have been detained.
With rising tensions between the military and the security forces, people are arming themselves for protection against state violence. Al-Jazeera correspondent James Bay reported, “In between the roadblocks, we were coming across large groups of people who had their own home-made weapons, axes and steel bars.”
Whither Tunisia and North Africa?
Protesters said all Jan. 17 that they wanted more than just Ben Ali’s departure. The demands of the youth and workers have been centered on the need for full employment and the control of inflation stemming from the impact of the global economic crisis. Ayesha Sabavala, deputy editor of the Economist Intelligence Unit based in London, told Al-Jazeera, “If the interim government doesn’t quickly implement measures to reduce the level of unemployment and increase standards of living, we are going to see more of these protests.”
Demonstrations on Jan. 14 and 15 focused on the hated Ministry of the Interior and other government buildings. The new interim administration, which is still controlled by the ruling RCD party, will not willingly give up control of the police and army — the state. Nor will leading officials within the political establishment give up their posts unless, like Ben Ali, they see no other alternative when faced with a concerted, organized mass force.
In neighboring Algeria, demonstrations have also been taking place since late December. Four young Algerians tried to burn themselves to death, as did one person in Egypt and one in Mauritania. These developments in North Africa impact U.S. and French imperialism, which have both escalated their military and economic involvement in the region over the last several years.
The outcome of these developments in Tunisia and throughout the region will depend upon the degree of organization and political determination of the workers and youth. Will the Tunisian masses rejuvenate a national democratic revolution inside the country that will be anti-imperialist in its orientation? The anti-colonial and neocolonial histories of both Tunisia and Algeria have encompassed left tendencies that have operated both within the trade union movement and among the youth.
Washington has targeted North Africa in its so-called “war on terrorism.” Revolutionary developments there can lead to new military interventions, and anti-imperialists and anti-war activists here will have to oppose imperialist intervention. The outcome of these developments in the region portends much for the international working-class struggle against the worsening economic crisis throughout the world.
Throughout the past year European workers have held massive demonstrations and general strikes protesting austerity programs connected with the worsening global economic crisis. In Portugal, Italy, France, Spain, Ireland and even Greece, where demonstrations and rebellions have been the most widespread and militant, the actions of the workers and youth have not yet stopped the austerity programs, let alone forced the governments out of office.
The developments in Tunisia over the last month have gone further than any other series of demonstrations and rebellions against the crisis of world capitalism in the countries of Europe. While the situation in North Africa is more extreme, workers and youth in all the capitalist states throughout the world also face high rates of unemployment and rising costs of living.
The potential for the seizure of power by the workers or a coalition of progressive forces with strong and decisive proletarian involvement would prove to be a monumental political development with international implications. Such a demonstration of revolutionary organization and political direction would set a precedent for a general response of the international working class to the current global economic crisis.
Historical lessons
As Russian revolutionary V.I. Lenin wrote in a letter to the Central Committee of the Russian Social Democratic Labor Party in September of 1917, prior to the successful seizure of power by the Bolsheviks, “To be successful, insurrection must rely not upon conspiracy and not upon the party, but upon the advanced class. That is the first point.”
Lenin continues saying that “insurrection must rely upon a revolutionary upsurge of the people. That is the second point. Insurrection must rely upon that turning point in the history of the growing revolution when the activity of the advanced ranks of the people is at its height, and when the vacillations in the ranks of the enemy and in the ranks of the weak, half-hearted and irresolute friends of the revolution are strongest. That is the third point.”
He then notes that “these three conditions for raising the question of insurrection distinguish Marxism from Blanquism [referring to a French revolutionary who focused on insurrection by a small group]. Once these conditions exist, however, to refuse to treat insurrection as an art is a betrayal of Marxism and a betrayal of the revolution.” (Lenin, “Marxism and Insurrection”)

http://www.workers.org/2011/world/tunisia_0127/
Related Posts with Thumbnails