Aline Robert
Les montants disparus avoisineraient 3 millions de tonnes de CO2, pour une somme de plus de 200 millions d'euros.
« Cette fois, il y a le feu ! » s'exclamait mercredi soir un expert du CO2 après l'ordre donné par la Commission européenne de fermer tous les registres du CO2, au moins jusqu'au 26 janvier. Une première qui s'explique par de nouveaux vols de quotas en République tchèque et sans doute en Grèce, après la disparition en Roumanie fin novembre de 1,6 million de quotas appartenant au cimentier suisse Holcim. « Les attaques étaient concertées. Elles se sont déroulées sur plusieurs jours, dans le but de voler des crédits pour les revendre sur le marché spot », indique la Commission. Les codes informatiques des registres, sortes de banques centrales de CO2, ont été forcés et les quotas, désignés par un numéro et donc totalement traçables, ont été expédiés sur d'autres comptes. Treize pays ont du suspendre toutes leurs opérations sur le CO2. En France le registre géré par la Caisse des dépôts est resté ouvert.Au total, les montants disparus avoisineraient 3 millions de tonnes de CO2, pour une somme de plus de 200 millions d'euros. Selon nos informations, Barclays Capital, un des gros acteurs du marché, a, depuis le début de l'année, interrompu toute opération sur le marché au comptant (spot) du CO2, afin d'éviter de se retrouver avec des quotas volés. En revanche, la banque est toujours active sur le marché à terme, sur les quotas pour livraison fin 2011, 2012 ou 2013. « En onze mois, on espère que les problèmes auront été résolus », précise Trevor Sikorski, expert du marché du CO2 chez Barclays Capital à Londres. « C'est un jeu de mistigri, c'est le dernier qui les aura sur son compte qui aura perdu. Pour l'instant, il y a une enquête en Roumanie, mais en l'absence de jugement, les quotas tournent, ce qui fait peur aux acteurs du marché », explique Stéphane Colin, directeur de Sagacarbon. Depuis l'épisode de la fraude à la TVA sur le marché du CO2, qui aurait allégé les caisses des États européens de plus de 5 milliards d'euros selon Europol, dont plus de 1,5 milliard d'euros en France, le marché du CO2 est devenu la cible préférée des escrocs en col blanc.
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