À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

03/12/2011

Urgence d’un changement civilisationnel face à la nouvelle ruée minière mondiale, entretien avec William Sacher

Maxime Combes

En 2008, les éditions Ecosociété publiaient Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique d’Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher, révélant les agissements hautement critiquables des sociétés minières et pétrolifères canadiennes en Afrique. Les multinationales minières canadiennes Barrick Gold (premier producteur d’or mondial) et Banro poursuivent la maison d’édition ainsi que les trois auteurs pour diffamation en leur réclamant un total de 11 millions de $ canadiens, dans ce qu’il y a lieu de qualifier de poursuites-bâillon (appelées SLAPP en anglais). Le procès est prévu pour cet automne. Derrière ce procès, ce sont la liberté d’expression, le droit à l’information, le droit à la participation au débat public sans intimidation et la possibilité de publier des travaux de recherches de qualité et sans complaisance, qui sont remis en cause.
Afin de soutenir (http://slapp.ecosociete.org/) les auteurs et la maison d’édition, et pour contribuer à lever le voile sur les agissements des entreprises minières sur la planète, Mouvements publie une interview de William Sacher, réalisée par Maxime Combes dans le cadre du projet Echo des Alternatives (www.alter-echos.org) qui explique comment le Canada est devenu un véritable "paradis judiciaire et réglementaire" pour les entreprises minières. Il contribue ainsi à une "nouvelle ruée minière" visant à satisfaire les besoins croissants en matières premières de nos modèles de consommation, sans tenir compte des conséquences environnementales, sociales et démocratiques sur les populations directement impactées par l’extraction. Là où, au contraire, un "changement de paradigme civilisationnel" serait nécessaire.

Mouvements : À l’échelle internationale, on observe une véritable ruée minière, que ce soit pour l’or, l’argent, le cuivre ou des métaux plus rares et spécifiques, dont les prix ne cessent d’ailleurs de s’accroître sur les marchés internationaux. Comment l’expliquer ? Y a-t-il des régions particulièrement concernées ? Lesquelles ?
William Sacher : Nous sommes en effet dans une nouvelle ère minière. La production de nombreux minéraux a explosé au cours des dix dernières années, tandis que les dépenses d’exploration dans l’industrie atteignent des sommets [1].
Il est possible d’isoler une série de facteurs explicatifs. Tout d’abord, il y a la croissance soutenue des pays dits « émergents » (e.g l’lnde, la Chine). L’augmentation de la demande de biens de consommation, l’explosion immobilière et les grands travaux nécessaires à l’industrialisation galopante que connaissent ces pays exercent une forte pression sur la demande mondiale en minéraux de tous types [2].
Un autre facteur important concerne le commerce des métaux précieux, et tout particulièrement le recours à l’or comme valeur-refuge. La Chine veut se constituer un stock d’or [3] afin de soutenir sa monnaie, se positionner face à la menace d’éventuelles crises ultérieures et de dévaluation de ses réserves de change. Les États, les grandes institutions financières, les fonds d’investissements, ou encore les particuliers se tournent aussi vers le métal précieux. À ceci s’ajoute la possibilité de retours sur investissements conséquents, ce qui a déclenché une vague spéculative sur le métal jaune, et l’inévitable prolifération de produits financiers dérivés. Résultat : les cours de l’or explosent. Nombreuses sont les sociétés d’exploration (dénommées juniors) qui surfent sur cette vague, en promettant des gains records à leurs éventuels investisseurs [4].
On peut également citer l’augmentation vertigineuse de la demande liée à l’avènement des ordinateurs et téléphones portables personnels, des consoles de jeux vidéos, etc., ou encore l’accroissement continu des dépenses militaires mondiales [5]. Les équipements de défense high-tech requièrent des alliages spéciaux à base de métaux rares comme le titane ou les métaux du groupe platine, auxquels il faut bien entendu ajouter l’uranium. L’avenir de ce dernier fait d’ailleurs l’objet de grandes spéculations. Dans ses applications civiles, en particulier comme source alternative d’énergie aux énergie fossiles, le métal radioactif n’a sans doute pas dit son dernier mot, bien qu’il n’ait pas particulièrement le vent en poupe ces derniers temps. Il faudra voir si le souvenir de Fukushima pourrait s’estomper aussi rapidement que celui de Tchernobyl.
Enfin, d’une manière générale, les grands pays consommateurs sont soucieux d’assurer leurs approvisionnements ou de parer à d’éventuelles pénuries, et s’emploient à sécuriser leur accès à des minéraux économiquement et stratégiquement sensibles qu’ils ne peuvent substituer, et dont les gisements se situent en grande majorité hors de leurs frontières [6]...
Cette nouvelle fièvre minière se déploie sur tous les continents. Certes, les veines s’épuisent dans les régions minières traditionnelles. Néanmoins, les nouvelles techniques et les prix élevés permettent encore d’extraire de façon rentable les gisements de faible concentration. C’est la raison pour laquelle il y a un regain de projets d’exploitation dans des pays comme le Canada ou l’Australie. Cela dit, l’Amérique Latine, l’Afrique ou encore l’Indonésie se trouvent particulièrement exposées à cette nouvelle avancée de la frontière d’exploitation, vers des territoires encore vierges d’exploitation industrielle, et souvent écologiquement et culturellement sensibles. Dans nombre de pays constituant ces parties du monde, les réformes néolibérales impulsées par la Banque Mondiale au cours des deux dernières décennies ont créé des cadres d’investissement très favorables aux transnationales minières (en termes légaux, de fiscalité et de soutien gouvernemental), et ont institutionnalisé leurs droits. S’en est suivi une invasion massive d’entreprise minières étrangères dans les pays de ces régions.
Mouvements : Arrêtons-nous sur la volonté des pays les plus puissants, Etats-Unis, Europe et Chine en tête, de "sécuriser l’accès aux ressources". Pouvez-vous nous en dire plus sur les stratégies qu’ils développent et par quels moyens ils parviennent à leur fin ?
William Sacher : La Chine aurait investit 9,2 milliards $ dans 33 opérations minières à l’étranger en 2009-2010 [7], notamment en Afrique et en Amérique Latine. Les chinois sont d’autant plus en position de force que leur pays est un gros producteur de minerais et dispose à la fois d’énormes liquidités pour développer les projets miniers, et des capacités techniques faisant défaut dans de nombreux pays du Sud, où ils octroient des prêts à taux réduits en échange de contrats miniers signés avec ses entreprises minières d’État.
Une autre stratégie consiste à acquérir des entreprises minières étrangères. Des sociétés juniors de Toronto ou de Londres sont déjà tombées entre les mains des chinois. Des offres hostiles ont même récemment été faites sur des sociétés majors canadiennes (e.g Equinoxe et Lundin mining).
Une troisième voie suivie par la Chine privilégie les alliances stratégiques avec des sociétés occidentales, dans le cadre de projets d’exploitation mixtes. Les entreprises chinoises étant moins frileuses que les institutions financières occidentales pour financer les projets miniers, notamment suite à la récente crise et la relative chute des cours, les juniors de Toronto y voient un moyen de se développer quand toutes les autres portes se ferment.
Quant à l’Europe et aux États-Unis, ils s’appuient sur les cadres imposés dans les pays géologiquement riches par les institutions financières internationales ou d’autres formes d’organisation commerciale (OMC, traités de libre-échange, …) et même de coopération ou d’aide au développement. Pour optimiser ces politiques de flexibilisation, l’Union Européenne s’est dotée en 2008 d’une stratégie dénommée l’Initiative sur les Matières Premières, dont l’objectif est notamment de veiller à s’approvisionner à bon marché en minéraux dans les pays du Sud Global [8]. Par ailleurs, des capitaux Etatsuniens contrôlent la majorité des grandes sociétés minières de Toronto, et d’autres à Londres ou à Sydney, l’exploitation minière étant largement sous domination anglo-saxonne, et leur garantie d’accès à de nouveaux gisements repose largement sur la capacité de déploiement des sociétés juniors, authentique version moderne des conquistadores de l’époque coloniale hispanique. Mais, comme nous l’avons mentionné, cette hégémonie est de plus en plus contestée par les appétits chinois.
L’ingérence militaire permet aussi aux États-Unis de maintenir un contrôle serré sur nombre de ressources minérales, tandis que l’Europe n’écarte pas cette solution si la conjoncture l’exige [9]. On invoque souvent le pétrole, mais la présence militaire de l’OTAN et des États-Unis en Afghanistan et au Pakistan est sans doute à interpréter aussi dans ce sens. On peut enfin citer la République Démocratique du Congo, dont la déstabilisation à la fin des années 90 serait, selon de nombreux analystes, l’œuvre de l’intelligence et l’armée américaine et aurait eu pour dessein l’accaparement des immenses gisements congolais.
Mouvements : Quelles sont les conséquences de cette ruée minière ? Pourquoi voit-on aujourd’hui tant de mines à ciel ouvert au détriment des mines souterraines traditionnelles ? Quelles sont les conséquences environnementales d’une telle exploitation ? Quelles réactions suscitent-elles auprès des populations locales ?
William Sacher : Cette soif accrue pour les minéraux se traduit par la généralisation d’un nouveau modèle d’extraction, bien loin de l’image d’Épinal du chercheur d’or et de son tamis : celui de la méga-exploitation minière. Ce type d’exploitation concerne les gisements où les minéraux « utiles » se trouvent en très faibles concentrations. Dans ce contexte, les mines souterraines continuent de représenter une alternative rentable dans certains cas, mais la tendance actuelle est le recours aux mines à ciel ouvert, plus rentables, et aux dimensions inouïes : des cratères de plusieurs km de diamètre et de plusieurs centaines de mètres de profondeur.
Les techniques d’extraction se sont perfectionnées (avec, par exemple, le recours quasi-systématique au cyanure dans les mines d’or) et, même si, à l’image des sables bitumineux dans l’industrie pétrolière, les besoins énergétiques et en eau liés à ce type d’exploitation sont colossaux, les prix des minéraux en hausse constante permettent d’exploiter avec de telles méthodes. Les déchets générés, souvent toxiques, s’en trouvent démultipliés au point d’atteindre des proportions inimaginables. Une seule mine, OK Tedi en Papouasie Nouvelle-Guinée, génère chaque jour 200 000 tonnes de déchets, soit plus de que toutes les villes du Japon, de l’Australie et du Canada réunies [10]. Pour les métaux courants moins d’1% de la roche est traitée, les 99% restant se convertissant en déchets. Dans le cas de l’or, le ratio frise l’absurde, puisqu’on exploite actuellement des gisements contenant moins de 0.5 grammes d’or par tonnes de roches traitées.
Les risques sont énormes en termes de pollution chronique et accidentelle des eaux et des sols, par drainage minier acide, métaux lourds, et autres substances toxiques, ou encore par le bruit et la poussière, et les conséquences généralement dramatiques tant pour les écosystèmes environnants qu’en terme de santé publique [11] Le gigantisme de ce modèle d’exploitation pose un problème pour la science : celui de son incapacité à diagnostiquer et à prévoir avec précision tous ses effets en terme d’extension spatiale et temporelle, due à la complexité des systèmes naturels ainsi physiquement et chimiquement perturbés (les phénomènes à représenter sont multilinéaires et souvent chaotiques). Ceci pose un vrai problème en terme d’héritage laissé aux générations futures.
Quant aux impacts socio-économiques, ils sont tout aussi difficiles à caractériser, bien qu’on sache que l’activité minière (et les infrastructures d’énergie et de transport qu’elle requiert), s’accompagne souvent d’une série de conséquences psycho-socio-economico-culturelles irréversibles pour les communautés affectées. Elle détruit les économies locales et les bases matérielles des cultures autochtones, tout en implantant de nouveaux imaginaires de consommation. Elle marginalise les femmes, les agriculteurs et les populations autochtones, ces dernières étant particulièrement menacées : nombre de gisements encore inexploités sont situés sur leurs territoires. Il convient également de mentionner les impacts en terme de santé publique dus aux pollutions engendrées (auxquels il faut ajouter l’alcoolisme, la toxicomanie, la prostitution, et la forte prévalence des MST).
Enfin, les pays su Sud qui décident d’opter pour un modèle économique d’extraction-exportation s’exposent à une certaine condamnation au « sous-développement » et à la pérennisation de leur statut d’enclave coloniale, malgré l’illusion de « développement » que peut représenter l’industrie minière. Se développe plutôt une économie nationale rentière aux mains de l’oligarchie locale autour d’un secteur extractif hypertrophié, tandis que les autres secteurs de l’économie ne profitent pas de la manne. À cela il faut ajouter la fragilisation systématique des conditions d’exercice de la démocratie, la prévalence de la corruption, ou encore l’aboutissement à des conflits armés, une série de tares que l’universitaire américain Terry Karl qualifie de « paradoxe de l’abondance » [12].
Face à cette nouvelle phase « d’accumulation par dépossession » du Capital minier, pour reprendre les termes de David Harvey [13], basée sur la marchandisation, la prédation et la destruction de l’environnement, et perpétuant la domination des grands centres économiques de la planète sur leurs périphéries, des centaines de communautés se trouvent en résistance de part le monde. Elles dénoncent la fuite en avant de ce modèle en s’appuyant le plus souvent sur l’écologie politique, l’économie sociale et les cosmovisions autochtones.
Mouvements : Vous qualifiez le Canada de "paradis judiciaire et réglementaire" pour les entreprises minières. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? En quoi cette situation concerne l’ensemble des citoyens de la planète et pas les seuls citoyens canadiens ?
C’est un concept que nous développons avec mon collègue Alain Deneault pour tenter d’expliquer les raisons pour lesquelles le Canada se trouve aujourd’hui en position de leader mondial de l’industrie minière.
Au cours des dernières décennies, le Canada s’est progressivement mué en un havre privilégié pour l’industrie minière à l’échelle mondiale, une sorte de Suisse du domaine extractif. Pas moins de 75 % des sociétés minières de la planète sont canadiennes, bien que leurs capitaux soient australiens, belges, israéliens, suédois, étatsuniens, etc. Nous avons identifié 6 caractéristiques principales qui font la particularité de cette législation de complaisance :
1. La possibilité de spéculer sans entraves sur les ressources minières, grâce à la Bourse de Toronto et sa réglementation permissive, historiquement taillée sur mesure ;
2. L’investissement massif de fonds publics via des agences gouvernementales et l’incitation soutenue par le gouvernement auprès des particulier à investir dans le secteur minier via de multiples congés fiscaux ;
3. La couverture politique et judiciaire systématique des sociétés minières au point d’offrir une impunité de fait face aux multiples externalités générées. Malgré les nombreuses allégations d’abus qui pèsent sur les sociétés de Toronto de part le monde en matière de violations de droits humains, de criminalité financière, de pollution massive ou encore d’association avec des chefs de factions armées accusés de crimes de guerre, les sociétés du secteur ne sont jamais inquiétées par les tribunaux canadiens ;
4. Rendre justiciable uniquement les acteurs critiques. C’est une conséquence de la préséance du droit à la réputation sur celui de la liberté d’expression. Au Canada, cette dernière est largement menacée par l’instrumentalisation des tribunaux de la part des sociétés minières. Chercheurs universitaires, journalistes, auteurs ou encore militants se voient poursuivis en diffamation, même s’ils ne font que citer des sources publiques crédibles ;
5. Développer une propagande intérieure, en particulier au sein de l’éducation. Les universités se trouvent noyautées et potentiellement bâillonnées par l’omniprésence des financements de la recherche provenant largement de l’industrie minière ;
6. Assurer une diplomatie de complaisance dans les pays où les sociétés minières canadienne sont présentes, ce qui se révèle dans les pays du Sud un lobby minier officieux.
C’est cet État que nous proposons de le qualifier de "paradis judiciaire et réglementaire" de l’industrie extractive mondiale, par analogie avec le concept de paradis fiscal.
Les affres de la législation canadienne ont des répercussions partout sur la planète. Les sociétés inscrites dans ce havre minier sévissent en Amérique latine, en Afrique, en Asie, en Europe de l’Est et même dans les DOM-TOM français (cf le cas du projet aurifère à Kaw en Guyane). Le Canada leur offre sa couverture et son soutien, et constitue la plateforme idéale à partir de laquelle des projets miniers sont pilotés à travers le monde. Mais l’Europe n’est pas en reste. Nombre de projets miniers financés par la Banque Européenne d’investissement, ou encore des agences de financement nationale telle que l’AFD et sa filiale Proparco, ont été à l’origine développés par des juniors canadiennes. Les économies européennes, et celle de la France en particulier, sont hautement dépendantes de cette exploitation de minerais à grande échelle, utilisés dans tous les secteurs de l’économie : agriculture, construction, transports, électronique.
Mouvements : Vous êtes extrêmement critique de l’industrie minière. Pourtant, n’est-il pas possible de réguler ce secteur et développer des mines socialement et écologiquement responsables ?
William Sacher : Les stratégies discursives de l’industrie minière et des gouvernements qui la soutiennent sont efficaces pour convaincre le grand public d’une telle possibilité. Le secteur minier soigne son image. La sémantique est luisante comme les couvertures de papier glacé des rapports annuels : on parle de « responsabilité sociale », « développement durable », « codes d’éthiques volontaires », etc.
Cependant, l’histoire récente de l’exploitation minière parlent d’elle-même. Au Canada, pays qui se targue souvent de pratiquer les meilleurs standards en la matière, 10.000 mines abandonnées menacent les réseaux hydrographiques de pollutions aux métaux lourds, et il n’existe aucune mine ayant été fermée avec les décontaminations qui s’imposent.
Malgré toutes les précautions qu’on pourrait prendre, les inévitables impacts sociaux et environnementaux du modèle d’exploitation à l’œuvre sont à l’image de son gigantisme. Comme je l’ai mentionné, dans de nombreux cas, ils sont même incommensurables. Dans ce domaine, il est urgent de se démarquer de tout dogme techno-scientifique ou autre mythe du progrès, auxquels s’accrochent les sociétés minières. Prétendre qu’il est possible de « restaurer » un site d’extraction minière est une véritable gageure, puisqu’on ne sait pas exactement ce qu’on détruit. Quant aux conditions de travail, redevances et autres impôts, ce sont sans doute les domaines où il serait le plus aisé d’améliorer la situation (en général, l’industrie minière paie très peu d’impôts).
Cependant, considérer les conséquences environnementales, même si elles étaient contrôlables, ou la question fiscale, de façon isolées est insuffisant pour répondre à votre question. Pour tenter d’être complet, il est nécessaire d’examiner les conditions économiques, politiques, légales, et sociologiques globales de l’avènement de l’actuel modèle d’exploitation minière. Pour de nombreux pays du Sud, l’implémentation (ou la pérennisation) d’un modèle « extractivo-exportateur » se fait dans un contexte de domination économique de la part des pays importateurs. D’une manière générale, l’exploitation minière est le fait d’une oligarchie transnationale qui dispose, avec les paradis fiscaux et bancaires, d’outils pour se soustraire aux obligations imposées par les États de droits, même les plus fortement institutionnalisés. Quant aux gouvernements de ces derniers, leur marge de manœuvre est souvent réduite tant ils sont assujettis aux intérêts de puissantes sociétés transnationales. Enfin, l’existence d’un paradis judiciaire comme le Canada permet aux sociétés minières de répondre aux exigences de rentabilité de leurs actionnaires en se livrant à une gestion environnementale et sociale exécrable, sans jamais être inquiétées par la justice.
Mouvements : Quelles sont vos préconisations ?
William Sacher : Une première voie à explorer serait celle du recyclage intensif des minéraux déjà extraits, une grande partie se trouvant d’ailleurs dans nos déchets. Cela dit, le recyclage est lui-même coûteux en énergie et éventuellement polluant.
Ainsi, la remise en question de notre mode de développement et d’exploitation des ressources naturelles est incontournable. Mais cette remise en question va bien au-delà d’une réduction de la consommation. Bien entendu, on peut se cantonner au carcan libéral et exiger l’abolition des paradis fiscaux et bancaires, l’information libre et transparente des agents économiques, ou encore le contrôle des marchés. Mais la crise systémique aux multiples dimension à laquelle nous sommes confrontés (alimentaire, écologique, économique, énergétique, migratoire, etc.), nous montre qu’il apparaît urgent de remettre en question la modernité et son bagage techno-scientifique, de définir un nouveau rapport à la nature, de prendre en compte les générations futures et de leur droit à disposer d’un environnement sain, bref changer de paradigme « civilisationnel », tant s’accumulent ses limites à travers les preuves de sa capacité de destruction de multiples formes de richesses mettant en péril les conditions de de la continuité de la vie humaine à moyen terme.

Notes

[1] 13 milliards de dollars en 2008, soit près de 7 fois plus qu’en 2002, cf. La montée en puissance des acteurs miniers des pays émergents, Secteur privé et développement, la revue de PROPARCO, numéro 8, janvier 2011.
[2] La Chine, par exemple, doit importer 75% de ses besoins en cuivre et 50% de son fer et 30% de son plomb et de son zinc, cf. « Comment la Chine Profite de la Crise », HEC Eurasia Institute, mars 2009.
[3] La Chine a augmenté son stock d’or de 75% depuis 2003, portant ses actifs à plus de 1000 tonnes (ce qui est peu comparé aux États-Unis (8000 tonnes), ou d’autres pays fortement industrialisés comme la France, l’Allemagne ou l’Italie, qui possèdent chacun entre 2000 et 3500 tonnes), « China admits to building up stockpile of gold », Financial Post, Toronto, 24 avril 2009.
[4] L’or représente à lui seul 40% des dépenses totales d’exploration de l’industrie minière, cf Rapport sur la situation de l’industrie minière canadienne faits et chiffres, Association Minière du Canada, 200, p. 29.
[5] plus de 1.500 milliards de $ en 2009, une augmentation de 49% par rapport à 2000, cf. « 2009, année record pour les dépenses militaires mondiales », Le Monde, 2 juin 2010.
[6] À titre d’exemple, l’est de la République Démocratique du Congo, pays en proie à une guerre civile depuis près de 15 ans, détient près de 60% des réserves mondiales de cobalt.
[7] « Influence croissante de l’Asie dans la production minière mondiale », Deloitte et Touche, Montréal, 2010.
[8] « Ressources naturelles : mettre l’Union européenne et sa politique commerciale sur les matières premières hors d’état de nuire », AITEC, Oxfam Deutschland, WEED, Traidcraft Exchange (UK), Comhlámh (Irelande), février 2011.
[9] cf. intervention d’Elmar Brook, Commission des affaires étrangères au parlement européen,
[10] Scrapping Mining Dependence, Payal Sampat, State of the World 2003, The WorldWatch Institute.
[11] on se souvient par exemple de Baia Mara en Roumanie en 2000.
[12] The paradox of plenty : Oil booms and petro-states, Terry Karl, Berkeley, Los Angeles et Londres, London, California University Press.
[13] « The ’New’ Imperialism : Accumulation by Dispossession », David Harvey, Socialist Register, Vol. 40.
http://www.mouvements.info/Nouvelle-ruee-miniere-contre.html

Capitalism and the Accumulation of Catastrophe

John Bellamy Foster

Over the next few decades we are facing the possibility, indeed the probability, of global catastrophe on a level unprecedented in human history. The message of science is clear. As James Hansen, the foremost climate scientist in the United States, has warned, this may be “our last chance to save humanity.” In order to understand the full nature of this threat and how it needs to be addressed, it is essential to get a historical perspective on how we got where we are, and how this is related to the current socioeconomic system, namely capitalism.… | more |  

http://monthlyreview.org/

Workers and Peasants Are the Voice of the Egyptian Revolution

Egyptian Federation of Independent Trade Unions

The Egyptian Federation of Independent Trade Unions and all its 139 affiliated unions, with their collective membership of 1,670,000, call on the Egyptian people (youth, workers and peasants) to block any attempts to prevent the implementation of the demands of the revolution through the recreation of the old regime by its criminal tools.
Therefore the Federation announces the following:
1. The trial of all those implicated in violence and killing of revolutionaries, since the beginning of the January revolution until now, must begin immediately before revolutionary courts acting with the legitimate authority of the 25 January Revolution.
2. We reject the appointment of Dr. Kamal al-Ganzoury as Prime Minister of Egypt.
3. We demand an immediate start to the process of handing over power to a civilian presidential council and a national salvation government which is to be chosen by the genuine revolutionaries in Tahrir Square.
Lastly:
We call on all workers and peasants to participate in the Egyptian revolution in all the workplaces and in all the 'Tahrir Squares' across the country, because the great Egyptian people, which made the revolution against Mubarak's corrupt regime, must displace the rest of his remaining followers.
Great people of Egypt!  The workers and peasants of Egypt and her honourable revolutionaries are preparing to build a national democratic civil state in which the demands of our revolution will be realised:
Bread -- Freedom -- Social Justice
All power to the people --
Glory to the martyrs and to the great people of Egypt!
 Egyptian Federation of Independent Trade Unions

http://mrzine.monthlyreview.org/2011/egypt011211.html

Coup d’Etat contre la démocratie

Jérôme Duval - Mondialisation.ca, Le 2 decembre 2011

L’austérité contre la démocratie
Chancelante, la démocratie fait pâle figure et tend à s’effondrer avec un bipartisme institutionnalisé au service des créanciers en toile de fond. Partout en Europe, c’est vers la même politique d’austérité voulue par les technocrates du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE) que l’on se dirige. Non seulement la preuve est faite à travers l’exemple grec que ça ne marche pas (du moins pour la population), mais en plus on s’assure, quand on daigne célébrer des élections, de mettre en place ces politiques quel que soit le gagnant des urnes. Le peuple n’a plus le choix, la politique économique est ficelée d’avance par les créanciers comme en Irlande ou au Portugal à la veille des élections. La troïka (composée de la Commission européenne, de la BCE et du FMI) impose ses politiques, le candidat vainqueur des urnes n’étant là que pour les appliquer, trompant l’électeur sur la supposée distinction partisane en matière économique.
En Espagne, Mariano Rajoy, l’héritier d’Aznar, n’a pas osé dévoiler les futures mesures d’austérité qui risquait de lui porter préjudice lors de sa campagne. A peine élu, alors qu’il est sous pression pour dévoiler la composition de son gouvernement avant sa prise de fonction |1|, il s’entretient avec les grands banquiers du pays : Isidro Fainé de La Caixa, Francisco González de la deuxième banque espagnole BBVA et Rodrigo de Rato, président de Bankia et ancien directeur général du FMI… Les grandes banques créancières de la dette espagnole tiennent les rennes, Mariano Rajoy gesticule.
Il s’agit bien d’une dictature qui s’impose, comme en Grèce où l’extrême droite fasciste (parti Laos) s’immisce au pouvoir sans avoir été mandatée par le peuple. Par ailleurs, on assiste à l’éviction des responsables politiques qui au lieu d’être jugés pour leurs politiques antisociales, lesquelles n’ont jamais été mentionnées dans leurs programmes électoraux, se retrouvent libérés de la vindicte populaire après avoir fait le sale travail. A ce titre, Berlusconi jouit d’une sortie plutôt heureuse et beaucoup auraient sans doute préféré le voir emprisonné pour tous les méfaits qu’il a fait subir à son peuple avec comme préalable l’obligation de rembourser l’argent détourné et volé au contribuable.
BCE, Italie, Grèce, le bal des chaises musicales des anciens de Goldman Sachs
Un chantre de la privatisation à la tête de la BCE
Coûte que coûte, même au prix de sacrifices humains inouïs, l’idéologie capitaliste avide de profit renforce sa domination partout en Europe. Durant le mois de novembre 2011 plusieurs responsables de la débâcle financière européenne sont mis en place sans avoir pour autant été élus. Mario Draghi vient d’être nommé président de la BCE, Lucas Papadémos est parachuté à la tête de l’Etat grec et Mario Monti remplace au pied levé un Berlusconi devenu trop impopulaire pour diriger l’Italie. Aucun de ces personnages n’a été soumis au vote, pas de programme compromettant, pas de campagne permettant de soulever le débat. Pourtant chacun d’eux a eu une part de responsabilité dans la crise qu’ils prétendent résoudre, notamment au sein de la sulfureuse banque d’affaires américaine Goldman Sachs, reine des arnaques astronomiques. Mario Draghi en tant que vice-président pour l’Europe de Goldman Sachs Internationale, Lucas Papadémos en tant que gouverneur de la Banque centrale hellénique et Mario Monti comme conseiller international de Goldman Sachs ont tous trois provoqué à des degrés divers le déclanchement de la crise en Europe en aidant à la falsification de comptes de la dette grecque et en spéculant sur celle-ci |2|. Ils portent de lourdes responsabilités dans la crise qui se développe en Europe et doivent à ce titre être démis de leurs fonctions et répondre de leurs actes devant la justice.
En Grèce, celui qui a aidé à falsifier les comptes prétend les assainir
Alors qu’il voulait à tout prix se maintenir au pouvoir et retarder la tenue d’élections générales en proposant un referendum au peuple grec qui clame sa démission, Georges Papandreou a dû plier sous les pressions venant de toute part jusqu’à l’intérieur de son propre gouvernement. Rappelons qu’un mois à peine après l’élection de Papandreou en octobre 2009, Gary Cohn, numéro 2 de Goldman Sachs, débarque à Athènes, accompagné d’investisseurs dont John Paulson qui sera au cœur de ce qu’on surnommera le scandale Abacus… |3|
Favori des milieux d’affaires, des banquiers et des partenaires internationaux, Lucas Papadémos, quitte la vice-présidence de la BCE pour devenir le nouveau premier ministre en Grèce sans pour autant avoir été élu. Il fut gouverneur de la Banque centrale hellénique entre 1994 et 2002 et a participé à ce titre à l’opération de trucage des comptes perpétré par Goldman Sachs. A noter que le gestionnaire de la dette grecque n’est autre qu’un certain Petros Christodoulos, un ex-trader de Goldman Sachs.
Le doute n’est plus permis quant à la perte de souveraineté en Grèce : pour faire suite aux missions régulières de la troïka (BCE, CE, FMI) qui visitent les ministères de la capitale, c’est une mission permanente qui va élire domicile à Athènes pour mettre en place, contrôler et superviser la politique économique du pays. Le gouvernement n’a qu’à bien se tenir ! Pour achever la muselière, la troïka prévoit un nouveau plan d’endettement alors que le premier mémorandum (prêt de 110 milliards d’euros en mai 2010), anti constitutionnel puisque non approuvé par le Parlement, n’a pas fini d’être remboursé. L’étau de la dette se resserre inexorablement sur le peuple grec.
En Italie, après plus d’une décennie de décadence démocratique, le conseiller de Coca Cola donne le coup de grâce
Avec près de 9 années passées à la présidence du Conseil, l’empire Berlusconi, troisième fortune d’Italie |4|, a profondément marqué la vie politique. Son règne signe la décadence et l’agonie d’une démocratie à bout de souffle. Devenu la risée de la presse internationale pour ses affaires de moeurs, accablé par des histoires de corruptions sans fin et jouissant d’une popularité en chute libre, Berlusconi démissionne de son poste de président du Conseil le 12 novembre 2011 plutôt que de convoquer des élections anticipées. Le lendemain, le président italien Giorgio Napolitano désigne l’ex-commissaire européen Mario Monti pour prendre la relève au pied levé. Il faut dire qu’il venait de le nommer sénateur à vie quelques tours plus tôt, le 9 novembre 2011. Mario Monti obtient une large majorité à la Chambre des députés le 18 novembre 2011 (556 voix contre 61 pour 617 votants). Ne craignant pas le cumul des mandats, en plus d’être le nouveau premier ministre, il se nomme également ministre de l’Économie. Mario Monti n’a aucune légitimité pour imposer la politique d’austérité aux italiens. C’est un putsch !
Conseiller pour les affaires internationales de Goldman Sachs depuis 2005 (en qualité de membre du Research Advisory Council du Goldman Sachs Global Market Institute), Mario Monti est nommé commissaire européen au Marché intérieur en 1995, puis commissaire européen à la Concurrence à Bruxelles (1999-2004). Il est président de l’Université Bocconi à Milan, membre du comité de direction du puissant club Bilderberg, du think tank neolibéral Bruegel fondé en 2005, du præsidium de Friends of Europe, think tank influent basé à Bruxelles, et conseiller de Coca Cola. En mai 2010, il parvient à la présidence du département Europe de la Trilatérale, un des plus prestigieux cénacles de l’élite oligarchique internationale.
Comme l’écrit Giulietto Chiesa dans le quotidien de gauche Il Fatto Quotidiano |5|, il vient pour "rééduquer" les Italiens à la religion de la dette. Au sein de son gouvernement, il s’entoure de banquiers et son ministre des Affaires étrangères, Giulio Terzi di Sant’agata, a été Conseiller politique auprès de l’Otan avant de devenir ambassadeur à Washington. Par ailleurs, un nouveau superministère chargé du Développement économique, des Infrastructures et des Transports est confié à Corrado Passera, PDG de la banque Intesa Sanpaolo.
Partout, les intérêts privés de l’oligarchie financière ultra conservatrice et amie de Washington sont placés avant ceux des populations. Ces gouvernements fantoches obéissent aux diktats de la finance, obligeant les citoyens à payer une dette injuste dont ils ne sont pas redevables puisqu’elle ne leur a pas profité. Le salut ne peut venir que d’en bas, faisons nôtre le slogan grec : « Nous ne devons rien, nous ne vendons rien, nous ne payerons rien  » |6| !

Notes

|1| Sa prise de fonction est prévue à partir du 20 décembre. Comme il est d’usage au Royaume, le roi devrait être le premier informé de son gouvernement.
|2| En effet, Goldman Sachs perçoit une rémunération du gouvernement grec en tant que banquier conseil tout en spéculant sur la dette du pays. Le tableau est d’ailleurs probablement le même avec la banque d’affaire JP Morgan qui aide l’Italie à optimiser ses comptes. Marc Roche, La banque, comment Goldman Sachs dirige le monde, Albin Michel, 2010, p.19.
|3| Ibid, p.23.
|4| 118ème fortune mondiale, la famille Berlusconi détient 7,8 milliards de dollars, Forbes, http://www.forbes.com/wealth/billio...
|5| Giulietto Chiesa, E’ il governo Napolitano-Monti-Goldman Sachs, 12 novembre 2011, Il Fatto Cotidiano. Version française, Courrier International, 14 novembre 2011, Super Mario, l’homme qui roule pour la BCE, http://www.courrierinternational.co...
|6| Appel Sol – Syntagma, http://www.cadtm.org/Appel-Sol-Syntagma

Pourquoi l’école française est-elle si inégalitaire ?

L’école française est inégalitaire parce que la société l’est aussi. Et parce que le système éducatif favorise les plus favorisés. Une analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Extrait du magazine Alternatives Economiques.


Sur les 81 élèves entrés à l’Ecole nationale d’administration (Ena) en 2009, seuls quatre avaient un parent ouvrier. En troisième cycle à l’Université, les fils et les filles d’ouvriers ne sont pas mieux lotis : ils ne représentent que 4,5 % des doctorants. Ces inégalités sociales ne commencent pas dans l’enseignement supérieur : elles sont au contraire le résultat d’un processus observable dès la petite enfance. Ainsi, en sixième, le score moyen en mathématiques des enfants de cadres est déjà supérieur de 16 points à celui des enfants d’ouvriers.
Le caractère inégalitaire de l’école française n’est pas nouveau. Ce que l’on mesure en revanche de mieux en mieux, c’est que le système hexagonal est l’un des plus inégalitaires parmi les pays riches. Tel est notamment l’un des enseignements du Programme international pour le suivi des élèves (dit "Pisa") mené par l’OCDE auprès de 470 000 jeunes de 15 ans dans 65 pays.
Un culte du diplôme
L’enquête de 2006 l’avait déjà montré pour les mathématiques [1], mais l’analyse a été confirmée par les résultats de l’enquête 2009 dans le domaine de la compréhension de l’écrit. Le système français en ressort à nouveau marqué par des disparités particulièrement fortes de performances scolaires entre les élèves. En outre, l’enquête fait apparaître une hausse des écarts entre élèves par rapport aux résultats antérieurs : en France, la part des plus mauvais élèves et des meilleurs s’accroît. A l’inverse de ce qui se passe dans la plupart des pays de l’OCDE, où c’est au contraire le groupe des élèves moyens qui tend à augmenter. Bref, non seulement l’école française est inégalitaire, mais elle l’est de plus en plus.
Ces inégalités scolaires sont tirées notamment par un culte du diplôme particulièrement fort dans notre pays. Les diplômes y exercent en effet une emprise plus importante que dans d’autres pays sur le destin social des individus au-delà de l’école elle-même [2]. Dans un contexte de "lutte des places", cette survalorisation des diplômes aiguise la compétition scolaire en la chargeant d’enjeux encore plus lourds, et la rend d’autant plus impitoyable pour les plus faibles.

La France, championne des inégalités sociales à l’école

Impact du milieu social sur le score en compréhension de l’écrit, données 2009. Pour un score moyen de 500 points.
Par ailleurs, ces inégalités de réussite ne sont pas la contrepartie d’un niveau plus élevé des élèves : si l’on en juge par ses résultats dans les différents domaines explorés par les enquêtes Pisa (mathématiques, sciences, compréhension de l’écrit), le modèle scolaire hexagonal présente des performances très moyennes par rapport aux autres pays riches examinés par les enquêtes Pisa. Comme l’a montré la sociologue Nathalie Mons [3] les pays qui réussissent le mieux sont ceux qui cherchent au contraire à élever le niveau moyen en unifiant au maximum les parcours.
Le poids d’une société inégale
D’où viennent ces inégalités scolaires ? D’abord du milieu social d’origine. Avec la Nouvelle-Zélande, la France est le pays riche au sein duquel les origines sociales des élèves ont l’impact le plus fort sur leurs résultats : une variation d’un point (sur 100) de l’indice de milieu social fait varier le score des élèves de 50 points (pour une moyenne de 500 points), contre 38 points en moyenne dans l’OCDE. Pourtant, la société française est loin d’être la plus inégalitaire parmi ces pays, du moins si l’on en juge par les disparités de revenu par exemple. Pour comprendre la force des inégalités sociales en matière scolaire en France, il faut cependant dépasser ce niveau d’observation.
La montée du chômage et son maintien à un niveau particulièrement élevé en France, ainsi que la précarisation de l’emploi et l’instabilité qui en résulte, ont fragilisé les familles du bas de l’échelle sociale et joué sur les résultats scolaires de leurs enfants. Ainsi, par exemple, une famille qui ne présente pas les garanties nécessaires pour accéder à un logement suffisamment grand ne met pas ses enfants dans la meilleure situation pour réussir à l’école : comme l’ont montré les économistes Eric Maurin et Dominique Goux, le surpeuplement du logement exerce en effet une influence négative sur les résultats scolaires [4]. De même, seuls ceux qui en ont les moyens peuvent payer à leurs enfants des cours privés pour tenter d’améliorer leurs bulletins scolaires, aidés en cela par de substantielles réductions d’impôts.
Ensuite, la ségrégation sociale croissante au niveau des territoires fait que les "bons" élèves se retrouvent de plus en plus souvent dans les mêmes établissements et les "mauvais" dans d’autres. Or, on sait que lorsque mauvais, moyens et bons élèves sont réunis dans les mêmes classes, c’est un puissant facteur de progrès pour les plus faibles. La mixité scolaire est en ce sens un élément central de la diminution des inégalités sociales à l’école.
Un système élitiste et inefficace
Face aux inégalités sociales, le système éducatif ne peut pas tout. De fait, le rôle premier d’un système d’enseignement est d’éduquer les élèves, et non de rapprocher leurs milieux. Sauf à soustraire les enfants à leur famille dès le plus jeune âge, il doit toujours composer avec les atouts inégaux liés à ce milieu social.
Il pourrait cependant faire nettement mieux. Peu ou prou, tous les pays connaissent une crise de l’emploi et les inégalités sociales à l’école ne sont pas récentes… La singularité française est de cultiver un système élitiste qui n’a rien de républicain. Sa justification s’appuie d’ailleurs sur un passé largement idéalisé. Contrairement à l’image d’Epinal, l’école des années 1950 n’a jamais profité massivement aux couches sociales défavorisées. Le mythe du boursier élevé aux plus hautes dignités est l’équivalent du self made man américain : il existe, certes, mais dans des proportions très limitées et sert surtout à justifier le maintien des inégalités.
Dans les années 1970 et 1980, pour rattraper le retard considérable qu’elle avait pris en matière d’éducation, la France a ouvert les portes de ses collèges et lycées au plus grand nombre. Mais elle n’est pas allée au bout de cet effort. Contrairement aux souhaits des réformateurs de l’époque, la façon de faire l’école a peu évolué, notamment dans l’enseignement secondaire. Celui-ci est resté marqué par la forte place réservée aux savoirs académiques, la dévalorisation des savoirs professionnels et techniques et le fétichisme de l’évaluation permanente. Au total, collèges et lycées ont continué et continuent encore de favoriser les enfants de diplômés : un élève dont le père est enseignant a quatorze fois plus de chances d’obtenir le bac général que celui dont le père est ouvrier non qualifié, selon le ministère de l’Education nationale. Et ces inégalités se poursuivent dans l’enseignement supérieur : l’université généraliste reçoit presque deux fois moins de moyens par étudiant que les grandes écoles sélectives ; trop peu, en tout cas, pour développer des premiers cycles de grande qualité et des conditions d’études dignes de ce nom.
Une crise des moyens
Les mesures prises depuis plus de dix ans en France ont encore dégradé la situation. Les dispositifs de soutien pour les plus défavorisés - des zones d’éducation prioritaire jusqu’au soutien individuel - se sont développés avec des moyens très réduits. Au nom de l’échec d’un "collège unique" qui n’a jamais eu les moyens de réussir, on a progressivement recréé des filières de sélection précoces à partir de la classe de troisième, qui constituent un puissant facteur d’inégalités sociales. La réduction du nombre d’enseignants, en particulier dans les réseaux d’aides aux élèves en difficulté (Rased), pénalisent encore les plus défavorisés. Enfin, sans surprise, l’assouplissement de la carte scolaire n’a fait que renforcer la ségrégation scolaire.
Tout porte à croire que cette situation ne changera pas de sitôt, en tout cas aussi longtemps que le contexte économique et social sera marqué par les effets de la crise et des politiques budgétaires restrictives. De plus, parents et enseignants ont été échaudés par un nombre considérable de "vraies-fausses" réformes, qui ont rarement été construites autour de l’intérêt de l’enfant. Et les forces sociales qui défendent le statu quo scolaire occupent le terrain médiatique…
Extrait de du magazine Alternatives Economiques - Hors-série n° 088 - février 2011.

http://www.inegalites.fr/spip.php?article1478&id_mot=31

Trabalhadores do Público rejeitam "layoff" proposto pela administração

Os trabalhadores do Público rejeitaram a proposta de "layoff" apresentada pela administração do jornal, a qual engloba 21 trabalhadores, entre os quais 16 jornalistas.

Os trabalhadores reunidos hoje, em plenário, repudiaram, por unanimidade, a proposta feita pela administração e dizem mostrar-se disponíveis “para negociarem alternativas que ajudem a equilibrar as contas da empresa”, segundo um documento a que o Negócios teve acesso.

Por outro lado, não descartando qualquer forma de luta caso a administração não se mostre disponível a negociar, os colaboradores do jornal “exigem saber qual é a estratégia de crescimento da empresa e a estratégia de mudança do jornal”.

A administração do "Público", além da proposta de “layoff”, propôs uma redução salarial a trabalhadores com rendimentos brutos superiores a 1.600 euros. Com estas medidas e, também, cortes de produção, a administração do título dirigido por Bárbara Reis tem o objectivo de chegar a cortes de dois milhões de euros em custos. 

http://www.jornaldenegocios.pt/home.php?template=SHOWNEWS_V2&id=523365

Trabalho e Estado social

Carvalho da Silva

Grande parte dos problemas com que o país e a União Europeia se debatem têm a sua origem na secundarização da economia sustentada no valor do trabalho e na sua substituição pela economia da financeirização. Dir-me-ão, e com verdade, que esse é um problema global e que a génese de tal "evolução" se funda nas características genéticas do sistema capitalista e na sua actual fase de domínio da ideologia neoliberal.
Grande parte dos problemas com que o país e a União Europeia se debatem têm a sua origem na secundarização da economia sustentada no valor do trabalho e na sua substituição pela economia da financeirização. Dir-me-ão, e com verdade, que esse é um problema global e que a génese de tal "evolução" se funda nas características genéticas do sistema capitalista e na sua actual fase de domínio da ideologia neoliberal.
Tomando a mudança enunciada, coloco em relevo que a economia da financeirização foi implementada com a muleta da ideologia da tecnocracia, que torna não racionais todas as opções que não se expliquem pelo lucro imediato, controlado e apropriado pelos detentores de poderes dominantes. Todas as variáveis deste processo são traduzidas em números, tratados da forma mais fria possível mesmo que se trate de pessoas, sem contabilização de custos sociais, culturais, ambientais, políticos ou económicos a prazo.
O trabalhador é atirado para a condição de "suplemento" que se acrescenta à "técnica", debaixo de uma "racionalidade material" absoluta, ou seja, servindo a "máquina" ou o processo de acumulação da riqueza. A riqueza tem de se formar, circular e chegar ao destinatário que dela se apropria sem ganhar "gorduras", o que significa sem contribuir para o bem comum.
Os manipuladores da absolutização do conceito de inovação tecnológica ignoram propositadamente o papel dos seres humanos na manipulação das tecnologias e, acima de tudo, secundarizam a inovação social. Ora, é a inovação das práticas sociais que pode transformar positivamente a sociedade, designadamente gerindo bem a inovação tecnológica.
A correcta colocação do valor e do lugar do trabalho é hoje um desafio exigente para recentrar o papel, a estruturação e funcionamento da economia.
O trabalho é factor de produção. Ele tem de ser valorizado na concepção do emprego, nas formas da sua retribuição e na organização da sua prestação, nos processos de organização da vida dos trabalhadores, das famílias e da sociedade. Mas o trabalho é também actividade socialmente útil; factor fundamental de socialização; expressão de qualificações e espaço da sua construção; fonte de direitos sociais e de cidadania; direito universal que afirma dignidade e valorização humana; gerador das condições de acesso aos estilos de vida que a sociedade vai moldando; actividade humana desafiada a cuidar do ambiente e dos valores ecológicos; e também, pode ser factor de alienação económica, ideológico-política e até religiosa.
Os quadros de direitos e deveres dos trabalhadores, dos patrões (empresas), da responsabilidade colectiva dos povos referenciada como compromisso colectivo nos estados, têm de emanar desse lugar do trabalho.
Para perceber e interpretar as novas questões sociais há que sacudir a submissão da economia à financeirização e ao absolutismo da técnica e ter presente que Estado social è direito à saúde, à educação e formação, à segurança e protecção social, à justiça, a condições de vida digna fora e dentro do trabalho.
É também neste exercício que podemos encontrar respostas para a defesa e revitalização do Estado social, que jamais pode ser reinventado pelo individualismo institucionalizado que impera na sociedade. Temos de ir buscar meios para o sustentar captando a riqueza onde ela se forma ou circula, antes de ser indevidamente apropriada. Essa extraordinária conquista (Estado social) é, em parte, causa/efeito das dimensões daquela centralidade.
Perante as invocações da crise e das inevitabilidades procuremos construir as formas possíveis e coerentes de solidariedade, mas não se caia na perigosa ilusão de substituir o Estado social por formas de solidariedade do passado, que não consideram a cidadania e o universalismo como indispensáveis à democracia.
O Estado social, neste sistema em que vivemos, sustenta-se no Estado como força centralizadora, na "economia do trabalho" e nos compromissos capital/trabalho. E tem relações fortíssimas com o Estado-Nação, com o Estado de Direito Democrático e com o Direito do Trabalho.

http://www.jn.pt/Opiniao/default.aspx?content_id=2164224&opiniao=Carvalho%20da%20Silva

02/12/2011

Trabalhadores portugueses da construção civil fizeram greve nos Alpes franceses

Trabalhadores portugueses da construção civil fizeram greve nos Alpes franceses. Eles queixam-se do patrão, da falta de pagamento de salários e da má qualidade da comida.


http://tv1.rtp.pt/noticias/?t=Trabalhadores-portugueses-da-construcao-civil-fizeram-greve-nos-Alpes-franceses.rtp&headline=20&visual=9&article=505118&tm=6

Fundos de Pensões da banca – negócio para os banqueiros, bomba relógio para a Segurança Social

O governo acabou de tomar a decisão de integrar parte dos fundos de pensões da banca na Segurança Social, decisão que se integra numa operação mais vasta de apoio aos banqueiros, onde se inclui todo o processo de “recapitalização da banca” para o qual foram disponibilizados 12.000 milhões de euros de recursos públicos.
Num tempo em que aos trabalhadores e aos reformados cortam nos salários e nas reformas, roubam subsídios e retiram direitos, sempre com o argumento de que o País não tem dinheiro, esta decisão vem confirmar que, para os banqueiros, vai todo o apoio apesar das suas responsabilidades na crise ou das ameaças de corte de crédito à actividade produtiva.
No fundo os banqueiros querem mais, sempre mais.
É neste quadro que avaliamos e condenamos a decisão de integrar parte dos fundos de pensões da banca na Segurança Social, destacando três aspectos que sustentam a nossa posição.
1- A decisão do governo de integrar uma parte (5.800 milhões de euros), dos fundos de pensões da banca na Segurança Social - a parte referente aos compromissos assumidos com o pagamento das reformas aos actuais reformados -, obedecendo a uma imposição inscrita no Pacto de Agressão assumido com a UE e o FMI, de redução do défice das contas públicas para 5,9% no final de 2011, vai igualmente ao encontro do interesse dos banqueiros, que há muito procuram libertar-se dos compromissos assumidos no âmbito dos fundos de pensões, nomeadamente o pagamento das reformas.
Desde 2003 que os governos do PS e PSD, com ou sem o CDS, têm vindo a utilizar os fundos de pensões - dos CTT; da CGD; da NAV; da ANA e mais recentemente da PT, num valor global de mais de 7.800 milhões de euros - com o único objectivo de tapar buracos do Orçamento do Estado e reduzir o défice orçamental.
Bem se pode dizer que uns – os banqueiros - contribuem para abrir os “buracos” no Orçamento e aumentar o défice das contas públicas e ainda são apoiados com os dinheiros públicos, outros, os trabalhadores, tapam os buracos e ainda por cima são penalizados através do corte de direitos e do agravamento dos seus impostos.
Tudo indica que dos 5.800 milhões de euros, perto de 50% serão contabilizados como receita extraordinária do Estado e o resto servirá para pagar dívida pública aos bancos, pelo que esta verba só não entrará onde deveria entrar, ou seja nas contas da Segurança Social. Afinal uma parte significativa do dinheiro sai dos fundos de pensões para voltar a entrar nos próprios bancos.
Este é de facto mais um grande negócio para os banqueiros, apesar das suas reclamações.
Desta forma teremos a Segurança Social a pagar as reformas a partir do próximo dia 1 de Janeiro – em 2010 o valor destas reformas totalizou mais de 600 milhões de euros -, mas nem um só euro dos fundos a transferir entrará nas contas da Segurança Social. Esta é mais uma operação de descapitalização da Segurança Social, cujas consequências não deixarão de ser utilizadas no futuro para justificar mais medidas restritivas nos apoios sociais.
2- Os banqueiros, que sempre geriram os activos dos fundos de pensões a seu belo prazer, sem grande fiscalização diga-se, por parte do Instituto de Seguros de Portugal, conseguem agora, numa altura em que os activos que constituem os fundos estão claramente desvalorizados (fala-se numa desvalorização de mais de 30%), passar para o regime geral de Segurança Social os compromissos assumidos com os reformados da banca para mais umas dezenas de anos e simultâneamente, livrarem-se de uma parte da divida pública que tinham adquirido e sobre a qual tinham especulado.
Estamos perante o previsível efeito de uma bomba relógio que é introduzida no regime geral de Segurança Social, que pode deixar um rasto de problemas com sérias consequências na sua sustentabilidade financeira, afectando assim todos os reformados: sejam os actuais e futuros da banca, sejam todos os outros trabalhadores que já estão ou venham a integrar o regime geral.
Acresce que, como é sabido, uma parte das responsabilidades irá permanecer nos fundos de pensões. Como será garantido no futuro – na componente que continua na posse da banca - o pagamento das prestações sociais a todos os bancários, incluindo alguns compromissos com reformados e familiares que não passam para a Segurança Social, nomeadamente a diferença entre o valor da reforma paga pela Segurança Social e o valor que resulta dos aumentos decididos no âmbito da contratação colectiva dos bancários?
É que o fundamental, os activos que ficam nos fundos de pensões são lixo tóxico e não há nenhuma garantia de que os bancos os actualizem de acordo com os compromissos assumidos.
3- Na actual situação, em que o poder político está submetido aos interesses do poder económico, a única certeza que os trabalhadores e reformados da banca podem ter, é a de que a transferência dos fundos será sempre realizada sem nenhuma garantia de manutenção dos direitos adquiridos e à custa da fragilização da sustentabilidade financeira da Segurança Social e quem sairá beneficiado do negócio será o elo mais forte, os banqueiros.
No passado dia 17 de Novembro, na declaração do Secretário Geral do PCP sobre a situação da banca, chamámos a atenção para o facto dos fundos de pensões da banca constituírem um património autónomo, exclusivamente afecto à realização de um ou mais planos de pensões e que a constituição desses fundos resultam de um processo negocial entre bancos e sindicatos, com os regulamentos desses fundos a serem incluídos nos vários instrumentos de contratação colectiva existentes, pelo que qualquer decisão que não respeite a vontade dos trabalhadores que têm muito dinheiro seu nos fundos de pensões, é ilegal.
A falta de transparência em todo o processo de negociações é sintomático de uma postura de quem não está de consciência tranquila em relação ao que está a fazer ao país e aos trabalhadores. O PCP tudo fará para obrigar o governo a divulgar todos os pormenores do negócio. O governo tem de dar conhecimento de quais os valores envolvidos, como foram actualizados os fundos de acordo com os compromissos assumidos com os reformados da banca, bem como do valor das tabelas actuariais, nomeadamente a tabela de mortalidade e sobretudo quais os impactos negativos e a dimensão dos riscos para a Segurança Social no futuro.
Estas são razões suficientes para que o PCP se oponha a mais esta negociata entre o governo e os banqueiros e não deixará de a combater por todo os meios ao seu alcance, nomeadamente chamando o decreto-lei à apreciação parlamentar.

http://www.pcp.pt/fundos-de-pens%C3%B5es-da-banca-%E2%80%93-neg%C3%B3cio-para-os-banqueiros-bomba-rel%C3%B3gio-para-seguran%C3%A7a-social

Gran Bretaña: La mayor huelga del sector público desde 1926

El miércoles 30 de noviembre de 2011 se inscribirá en el calendario de las grandes movilizaciones sociales en Gran Bretaña: la mayor huelga desde 1926 afectó al gobierno Cameron. Más de 2,5 millones de asalariados/as del sector público fueron a la huelga y apoyados por amplios sectores de la población, salieron a la calle. Según una encuesta de opinión de la BBC, el 61% de las personas interrogadas apoyaron la huelga, y el 79% de los jóvenes entre 18 y 24 años. Fueron 26 sindicatos los que convocaron a la huelga; en el sector de la salud, 400.000 asalariados/as participaron; se cerraron 18.342 centros escolares; un 90% de los trabajadores de las aduanas e impuestos participaron en la huelga; miles de manifestaciones tuvieron lugar en todo el país. Cifras que hablan por ellas mismas.

Una dirigente sindical, ante la crítica repetida de los conservadores por el "precio que deberían pagar los contribuyentes" por el cierre de un día de las escuelas, respondió con un tono republicano: "Se cerró las escuelas, por orden del gobierno, con motivo del matrimonio principesco de Kate y William el 29 de abril de 2011."

La campaña contra la huelga de la prensa tabloide (sensacionalista, amarilla) como el Sun o Daily Mail fue de una violencia típica de clase, recordando la tonalidad del thatcherismo más duro, contra los sindicatos y el movimiento militante de preparación de este día de huelga que reunió a los profesores, los bomberos, los barrenderos, los trabajadores sociales, los aduaneros, etc. El tema era simple: "Los huelguistas serán los responsables de una acentuación de la crisis." Mientras que estos últimos manifestaban su determinación de no ser las víctimas sociales de una política de austeridad y de una distribución de la riqueza social producida cada vez más desigual.

El argumento del gobierno y los tabloides resultaba tanto más ridículo, cuanto que se publicaba una investigación en el momento de la huelga que confirmaba que el retroceso de la producción en el sector manufacturero, en noviembre, era el más importante desde el verano 2009. Lo que no deja ninguna duda sobre la recesión que va a afectar a la economía británica, como el resto de las economías capitalistas, en 2012. Rob Dobson, jefe economista de Markit (centro de estudio económico del mundo de los negocios), afirma: "La tasa de declinación de la producción es la más rápida desde 2009, eso en el momento en que la contracción de los pedidos del mercado interior y los mercados exteriores sigue acentuándose. Se perdieron por lo tanto empleos a un ritmo más brusco desde hace dos años, ya que los empresarios reducen las capacidades de producción en relación con las perspectivas económicas que se obscurecen." (The Guardian, 1 de diciembre de 2011). En el mismo momento, el gobierno Cameron anuncia la supresión, en los próximos años, de 710.000 puestos de trabajo en el sector público. El martes 29 de noviembre, un día antes de la huelga, el Ministro de Hacienda George Osborne, con el desprecio de los que desprecian a los asalariados y apostaban por el fracaso de la huelga, declaraba que las reducciones de puestos en el sector público no serían de 400.000 sino de 710. 000. Además, en el momento en que la inflación es del 5,4%, hizo hincapié en la necesidad de reducir los salarios y las jubilaciones, prolongando al mismo tiempo la edad para jubilarse. El diario conservador Daily Telegraph (portavoz del gobierno), aclaraba el 29 de noviembre sobre la guerra social en marcha: seis años de sangre y lágrimas, un nivel de vida en caída, un desempleo en alza. Difícil, ante este futuro, dar crédito al discurso ideológico del gobierno: "Encontrar la motivación para sacar al Reino Unido de la crisis".

La situación social puede describirse a partir de los siguientes datos:

1° un joven de cada cinco está actualmente desempleado, un aumento del 13% desde el año pasado. Tanto que el diario Times debió titular: "Generación desempleo".

2° las previsiones de "crecimiento" de los economistas, contrariamente a las predicciones del gobierno Cameron, apuntan por debajo del objetivo declarado oficialmente (0,5% en 2011 y no 0,9%); y la caída se acentuará en 2012.

3° la dinámica de las desigualdades sociales entre "ricos y pobres" vuelve a la era victoriana, como ha escrito Le Figaro (París, 22 de noviembre de 2011): "La riqueza se concentra así cada vez más en las manos de algunos. En 1979, el 0,1% de la población mejor remunerada recibía un 1,3% de las rentas del país. En 2007, recibían un 6,5%, una cifra que podría ascender al 14% en 2035, "equivalente al nivel conocido en la época de la Inglaterra victoriana", en el siglo XIX. El artículo se refiere al informe final de la Comisión High Pay, de sobra comentado por la prensa británica.

4° la relación entre los alquileres (alquileres directos o pago de los intereses hipotecarios) y los ingresos es cada vez más tensa. Una investigación sobre la pobreza indica que un tercio de los jefes de familia reducen los gastos de alimentación y calefacción para no perder su techo. Una lectura del estudio hecho por Save the Childrens sobre la situación social de los niños en el Reino Unido permite ver mejor la crisis de importantes capas sociales, en un país que tiene a Londres como uno de los primeros centros financieros del mundo.

5° una cuarta parte de los padres declaran haberse endeudado para mantener a sus niños en buena salud; eso en el momento en que la restricción de los gastos en el sector de la Salud Pública es uno de los objetivos declarados del gobierno Cameron.

Es en relación con esta situación social y la brutalidad de la cura de austeridad que se puede comprender una movilización que rebasó con mucho el objetivo de defensa de las jubilaciones. Aunque este objetivo haya desempeñado ciertamente un papel en la movilización de algunos sectores de profesores que nunca habían hecho huelga.

No solamente los piquetes fueron masivos y sólidos; sino que la determinación de los asalariados del sector público podía medirse por la adhesión a la huelga en todos los sectores, desde los enfermeros del Bristol Real Infirmary hasta los empleados de las pompas fúnebres. El número de carteles en los lugares de trabajo y de consignas sindicales es también una ilustración. Finalmente, la huelga fue de 24 horas, de medianoche a medianoche.

La prensa tabloide y la más "sofisticada" también, no solamente habían denunciado la huelga, como se ha dicho, sino que predecían un fracaso. Luego del día 30 de noviembre, se un intento por disminuir el impacto así como la importancia de la huelga. La sorpresa está a la altura de un cierto pánico. El sentimiento que el gobierno, sus ministros y los grandes medios de comunicación mienten, se extiende a través de las distintas entrevistas a los huelguistas.

El dirigente laborista Ed Miliband rompió el piquete ante el Parlamento, lugar sagrado de la política del Partido Laborista, el único espacio legítimo de oposición para él. Lo que seguramente suscitará una pesadilla para los que leyeron la obra de su padre, el socialista Ralph Miliband (1924-1994), sobre el parlamentarismo del laborismo: "Parliamentary Socialism: A Study of the Politics of Labour, Allen & U., 1961" (1). La actitud del Partido Laborista causó no solamente la incomprensión en amplios sectores de asalariados/as, sino también una reacción de cólera política en otro sector de trabajadores/as.

La traducción a nivel político de esta huelga y sus consecuencias, constituye un elemento importante para una reflexión internacionalizada sobre la constitución de polos sociales y políticos que desarrollan perspectivas socialistas revolucionarias a través de las experiencias de lucha acumuladas.
1) Nota de Correspondencia de Prensa: Ralph Miliband en castellano: "El Estado en la sociedad capitalista" (Siglo XXI, 15ª edición, México, 1991); "Socialismo para una época de escépticos" (Siglo XXI, México, 1997).

http://www.argenpress.info/2011/12/gran-bretana-la-mayor-huelga-del-sector.html

La Commission Trilatérale contrôle le gouvernement Obama

Patrick Wood

L’oligarchie US défend ses intérêts de classe et garde le contrôle du pouvoir politique à l’échelle nationale en s’appuyant sur des sociétés secrètes telles que les Skull & Bones ou des clubs sélects comme le Council on Foreign Relations (CFR). Au plan international, elle utilise des groupes élitistes, par exemple le groupe de Bilderberg qui cherche à intégrer à son projet les oligarchies d’autres pays pour l’émergence d’une gouvernance mondiale. Notre collègue Patrick Wood explique comment fonctionne la Commission Trilatérale, une autre pièce de ce système complexe, dont le rôle a récemment été remis en lumière avec la nomination du chef de sa section Europe, Mario Monti, comme Premier ministre italien.

Pendant ses dix premiers jours de sa présidence, Barack Obama a nommé onze hauts fonctionnaires issus de la Commission trilatérale à des postes clés de son administration, introduisant ainsi une puissante force extérieure dans le leadership de son gouvernement, mais avec un agenda de base qui porte plutôt préjudice aux citoyens des États-Unis.
Outre ces nominations, Obama a appelé à la Maison-Blanche plusieurs membres illustres de la Commission trilatérale, dont Zbigniew Brzezinski, son principal conseiller en politique extérieure. Brzezinski est cofondateur de la Commission (1973) avec David Rockefeller.
Kissinger, l’ex-Secrétaire d’État étasunien est la véritable cheville ouvrière de l’oligarchie US.

La Commission trilatérale a une grande responsabilité dans l’état actuel du monde. Elle fut constituée en 1973 comme un forum mondial de « penseurs », devenus les artisans du tournant multinational pris par le capitalisme dans le sens d’une radicalisation du courant de pensée keynésien le plus classique de l’économie : rôle de l’État, intensification de l’exploitation mondiale du travail, hégémonie militaire mondiale des pays les plus riches de la planète et de leurs compagnies transnationales.
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Henry Kissinger avec Sarah Palin, John McCain, Hillary Clinton et George Bush Jr.
La Trilatérale est une sorte de grand parti politique mondial. D’après son site Web, elle fut créée par des personnalités du Japon, de l’Union européenne, et d’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) dans le but de promouvoir et de construire une coopération plus étroite entre les principales régions démocratiques et industrialisées du monde [en opposition au camp socialiste de l’époque] pour partager les responsabilités dans la direction d’un système international élargi.
Selon sa liste officielle, la Commission trilatérale compte 424 membres, dont 87 seulement sont États-uniens. Ainsi, au cours de ses deux premières semaines à la Maison-Blanche, le nombre de représentants gouvernementaux désignés par Obama constitue 12 % de la représentation des États-Unis à la Commission. Il entretient bien d’autres liens avec la Trilatérale, comme par exemple la présence en qualité de membre permanent de William Jefferson Clinton, le mari de la Secrétaire d’État, Hillary Clinton. Voici les onze personnes désignées par Obama :
- Tim Geithner, secrétaire au Trésor
- Susan Rice, ambassadrice auprès des Nations unies
- le général James L. Jones, conseiller à la Sécurité nationale
- Thomas Donilon, conseiller pour les questions de Sécurité nationale
- Paul Volker, président de la Commission pour la reprise économique
- L’amiral Dennis C. Blair, directeur du Renseignement national
- Kurt M. Campbell, secrétaire d’État adjoint pour l’Asie et le Pacifique
- James Steinberg, Député secrétaire d’État
- Richard Haass, envoyé spécial du Département d’État
- Dennis Ross, envoyé spécial du Département d’État
- Richard Holbrooke, envoyé spécial du Département d’État
L’administration Obama et la Commission trilatérale entretiennent bien d’autres liens. À titre d’exemple, signalons que le groupe informel de conseillers du secrétaire au Trésor, Tim Geithner, réunit les membres de la Commission : E. Gerald Corrigan, banquier et ancien président de la Réserve fédérale ; Paul Volker, aujourd’hui à la tête pensante de la relance économique d’Obama ; Alan Greenspan, le dernier responsable de la Réserve fédérale, et Peter G. Paterson, éminent banquier et investisseur.
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Frais émoulu de l’Université, Geithner se mit immédiatement au service du « trilatéraliste » Henry Kissinger, aux bureaux Kissinger & Associates. Un autre membre de la Commission trilatérale, le général Brent Scowcroft, un commerçant devenu banquier, fut conseiller officieux d’Obama et mentor de l’actuel secrétaire à la Défense Robert Gates. Robert Zoelick, ancien secrétaire au Commerce et actuel président de la Banque mondiale nommé sous l’administration G.W. Bush, est lui aussi membre de la Commission.
Le site Web signale : « La Commission trilatérale est composée de près de 400 noms illustres du monde des affaires, des médias, des universités, des services publics (à l’exception des ministres de cabinets nationaux actuels), des syndicats et d’autres organisations non gouvernementales des trois régions. Trois présidents (un dans chacune des trois régions du monde susmentionnée), des présidents régionaux, un vice-président et des directeurs constituent la direction de la Commission Trilatérale, en collaboration avec un Comité exécutif incluant une quarantaine d’autres membres ».
Depuis 1973, la Commission trilatérale se réunit régulièrement en séances plénières pour discuter de manifestes politiques élaborés par ses membres. Les politiques sont débattues jusqu’à obtention d’un consensus. Les membres regagnent leurs pays respectifs pour appliquer ou faire appliquer les politiques ainsi approuvées par consensus. L’objectif initial du groupe était l’instauration d’un « Nouvel ordre économique international » [ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation]. Son discours actuel encourage une « coopération plus étroite entre les régions industrialisées démocratiques dominantes du monde, qui assument des responsabilités partagées dans la conduite d’un système international élargi ».
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Prix Nobel de la Paix (comme Obama), Henry Kissinger est impliqué dans plusieurs génocides.
Depuis l’administration Carter, les membres de la Commission trilatérale ont exercé leur influence à de hauts postes contrôlés par le gouvernement des États-Unis : six des huit derniers présidents de la Banque mondiale ; les présidents et les vice-présidents des États-Unis (à l’exception d’Obama et de Biden) ; plus de la moitié de l’ensemble des secrétaires d’État des États-Unis ; et les trois quarts des secrétaires à la Défense.
Durant la période 2009-2012, l’agenda de la Commission reposera sur deux grandes convictions. Premièrement, la Commission trilatérale est appelée à jouer un rôle plus important que jamais pour préserver la direction partagée des pays riches dans un système international élargi. Deuxièmement, la Commission « élargira son cadre pour refléter des changements plus vastes dans le monde ». Ainsi, le Groupe japonais s’est transformé en Groupe Asie-Pacifique, qui inclut des membres venus de Chine et d’Inde, tandis que des personnalités du Mexique ont rejoint le Groupe Amérique du Nord (Canada et États-Unis). Et le Groupe Europe continue d’augmenter avec l’élargissement de l’Union européenne.

Mise à jour de Patrick Wood (d’August Review.com)

La question de l’« influence indue » nous interpelle, lorsque l’on constate le nombre de membres de la Commission trilatérale nommés à des postes élevés au sein de l’administration Obama. Ils ont la mainmise sur des domaines liés à nos besoin nationaux les plus urgents : crise financière et économique, sécurité nationale et politique extérieure.
Le conflit d’intérêts est flagrant. Avec 75 % des membres non-US, quelle influence cette écrasante majorité continue-t-elle d’exercer sur les 25 % restant ? Par exemple, lorsque Chrysler s’est placé sous la protection et le contrôle de la loi états-unienne sur les faillites dans le cadre du plan de sauvetage de l’administration Obama, un accord a été conclu à la hâte avec le groupe italien Fiat pour sauver cette compagnie. La personne désignée pour conclure l’accord fut le secrétaire au Trésor ou ministre des Finances Timothy Geithner, membre de la Commission trilatérale. Seriez-vous surpris si on vous disait que le président de Fiat, Luca di Montezemolo, est lui aussi un membre de la Commission ? Le Congrès aurait dû interdire ce partenariat au moment où il a été suggéré.
Beaucoup des membres européens de la Commission trilatérale sont aussi de hauts dirigeants de l’Union européenne. À quelles oscillations politiques et économiques sont-ils soumis par la branche états-unienne ?
Si on faisait un sondage sur la question, la grande majorité des ressortissants US diraient que les affaires des États-Unis leur appartiennent, et qu’ils doivent se fermer à toute influence étrangère dictée par des programmes non étasuniens. Mais l’immense majorité des citoyens US n’a pas la moindre idée de ce qu’est la Commission trilatérale, et encore moins de l’énorme pouvoir qu’elle a usurpé depuis 1976, quand Jimmy Carter a été le premier membre de la Trilatérale élu président des États-Unis.
À la lumière de la crise financière actuelle sans précédent, les « trilatéralistes » seraient voués à l’exécration s’ils lisaient les déclarations de Zbigniew Brzezinski (cofondateur de la Commission avec David Rockefeller) consignées dans son livre paru en 1971 intitulé « Entre deux âges : le rôle de l’Amérique à l’ère technotronique ». Brzezinski signalait : « La nation-État, en tant qu’unité fondamentale de la vie organisée de l’homme, a cessé d’être la principale force créatrice : les banques internationales et les corporations transnationales sont [à présent] les acteurs et les architectes au sens que prenaient autrefois ces termes appliqués à la nation-État ». [Autrement dit, il a jeté au placard les concepts de base d’État-nation, de souveraineté des pays et du rôle de l’État dans la société, pour défendre la vision d’un monde gouverné par les banques et les corporations transnationales].
C’est exactement ce à quoi nous assistons dans toutes les sphères. Les banques et les corporations mondiales sont des cercles qui se resserrent autour de la nation-État, y compris les États-Unis. Elles n’ont aucun respect pour aucun processus, ni pour le Congrès, ni pour la volonté des peuples.
Pourquoi ont-elles maintenu les citoyens US dans l’ignorance sur un sujet qui ébranle les fondations mêmes de notre pays ?

La Trilatérale contrôle les grands médias

La réponse est simple : on compte parmi les patrons des grands médias de nombreux membres de la Commission trilatérale, et ils peuvent détourner les informations pertinentes mais dérangeantes. Parmi ces décideurs figurent :
- David Bradley, président d’Atlantic Media Company.
- Karen Elliot House, ex-vice-président senior de Dow Jones & Company, et éditrice du Wall Street Journal, qui appartient à Rupert Murdoch.
- Richard Plepler, coprésident de HBO.
- Charlie Rose, de PBS, Service public de radio et télévision des États-Unis.
- Fareed Zakaria, rédacteur du Newsweek

- Mortimer Zuckerman, président de l’U.S. News & World Reports.
Il existe beaucoup d’autres connexions avec la haute direction des médias, résultant de l’appartenance ou de la participation aux leviers de commande des transnationales et de l’actionnariat commun. Pour plus d’information, consulter mon livre publié originalement en 1978 « Trilaterals Over Washington », disponible [en anglais] en format électronique et gratuitement sur www.AugustReview.com. Ce site contient aussi beaucoup d’articles qui traitent divers aspects de l’hégémonie de la Commission trilatérale aux Etats-Unis et dans le monde.
Sources :
« August Review.com », 30 janvier 2009, « Obama : Trilateral Commission Endgame », par Patrick Wood.
Etudiant chercheur Sarah Maddox.
Tuteur : Peter Phillips, Université d’Etat de Sonoma.
Patrick Wood (August Review.com) / Réseau Voltaire / Projet censuré.
http://www.voltairenet.org/La-Commission-Trilaterale-controle
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