À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

03/09/2010

Un été financier pourri

Olivier Chazoule

Il va y avoir du sang dans la rue

C’est par cette phrase élégante et mesurée que Larry Kudlow, le présentateur vedette de CNBC la chaine américaine de finance internationale diffusée dans le monde entier et regardée par tous les banquiers et Hedge Funds managers de la planète, a ouvert son émission quotidienne d’hier.

Le gourou de Wall Street faisait référence à la débâcle du marché financier américain au cours du mois d’août qui vient de s’achever en faisant du mois passé le plus mauvais mois d’août financier américain depuis 2001.

Aux États-Unis on parle partout de Double-Dip Récession, soit double-récession ou encore double plongeon de récession.

Pourquoi ?

D’abord l’immobilier.

Le krach de 2007 continue de faire des ravages.

Mais maintenant une seconde vague de krachs immobiliers balaie l’Amérique et se superpose à la première vague. On s’était familiarisé avec la notion de subprime, voici maintenant que les prêts immobiliers consentis aux particuliers aisés, riches, voire très riches s’effondrent également. Les emprunteurs ne peuvent plus rembourser car ils ont perdu leur emploi ou leur société ou commerce a fait faillite.

Aujourd’hui, un prêt immobilier résidentiel sur sept n’est plus payé par ses emprunteurs (prêts consentis aux familles pour leur habitation).

40,5 millions d’Américains sur 311 millions, soit 13% de la population, vivent de food stamps, littéralement timbres de nourriture, qui remplacent les soupes populaires des années Trente, créées lors de la Grande Dépression.

Les prêts commerciaux (prêts immobiliers de bureaux ou prêts utilisés pour financer la construction d’immeubles d’habitation) voient augmenter de manière alarmante les défaillances de remboursement.

Le taux de chômage américain est de 9,7% selon les critères classiques. Mais aujourd’hui même les cercles officiels et les statisticiens économiques retiennent unanimement le taux énorme de 18% !

Ce chiffre inclut les chômeurs inscrits, ceux qui ne prennent pas la peine de s’inscrire car ils ne toucheraient aucune allocation, et tous ceux qui sont trop découragés pour continuer à chercher du travail après des années de recherche inlassables et infructueuses.

Les marchés financiers américains plongent, même si tous les dix jours ils remontent de quelques centaines de points dans la journée pour piquer du nez à nouveau pendant deux semaines.

Une nouvelle forme de folle spéculation vient d’être mise à jour par la SEC (Securities and Exchange Commission) qui régule les marchés financiers des Etats-Unis, comme le fait l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) en France.

Ces nouveaux instruments de spéculation sont les quote stuffings qui ont joué un rôle prépondérant dans le flash crash du 6 mai dernier à Wall Street lorsque le Dow Jones perdit 700 points en quelques minutes. Ce sont les grandes banques et les Hedge Funds qui placent électroniquement, via des super-computers et serveurs, des ordres d’achat ou de vente d'actions boursières et autres valeurs mobilières en quantités énormes et retirent ces mêmes ordres en l’espace de quelques millièmes de seconde, permettant des profits démurées à la marge [on joue énormément très vite sous forme d’allers-retours, ce qui fait une quantité de petits profits qui d’additionnant créent des profits au montants quasi-illimités].

Ces manœuvres interdisent aux petits épargnants toute compétition puisque ces derniers n’ont pas les moyens techniques de faire la même chose.

Comme les États-Unis restent la première puissance économique du globe et New York est toujours la première place financière devant Londres (avec des zigs zags mensuels), ce qui s’y passe se passe simultanément dans tous les pays de la planète.

Ce qui est modérément réjouissant.

Le reste du monde suit, ou précède d’ailleurs, avec des effets secondaires ou induits (ripples effects) qui partent dans des sens diamétralement opposés : le Yen est au plus haut face au Dollar, à un niveau jamais atteint depuis 15 ans. Le Dollar et l’Euro se tirent la barbichette, pendant que le Yuan chinois est dramatiquement sous-évalué.

Les conséquences de cette volatilité sur le commerce mondial sont explosives : avec des monnaies qui varient les unes par rapport aux autres avec une telle amplitude en si peu de temps, il est impossible de fixer des prix à l’exportation et à l’importation qui aient un sens économique. La couverture à terme des transactions internationales sur les marchandises devient encore plus indispensable, mais plus coûteuse, voire prohibitive, accentuant encore les distorsions des échanges globaux.

Il y a 25% de chômeurs chez les jeunes Français et 40% de chômeurs chez les jeunes Espagnols. Alors qu’on croyait la crise contenue, depuis trois jours l’Italie et l’Irlande sont de nouveau attaquées quotidiennement par les Hedge Funds sur leur dette nationale, comme le sont la Grèce, le Portugal et bien d’autres pays.

Les Banques centrales, elles, perdent la tête, Ben Bernanke, le Chairman de la FED (Federal Reserve Bank américaine) à déclaré mardi en substance que tout allait bien et qu’il fallait donc se préparer au pire et prendre des mesures d’urgence. Jean-Claude Trichet, le Président de la BCE (Banque Centrale Européenne) a à peu près dit la même chose le même jour. Et la BCJ ou BOJ (Banque centrale du Japon) s'est réunie d’urgence lundi matin pour tenter de colmater un bateau financier et monétaire percé de toutes parts. Résultat ? Une accalmie de 4 heures sur le marché du Yen, qui ensuite est reparti à la hausse de plus belle, désorganisant l’économie du Japon, troisième puissance économique du monde.

Apres une telle avalanche de catastrophes financières au mois d’août, que faut-il attendre du mois de septembre ?

Si on le demande à Larry Kudlow on a toutes les chances d'entendre à nouveau :
Blood in the Street

Du sang dans la Rue
(C’est-à-dire du sang à Wall Street, la Rue du Mur)

Encourageant.

http://olivierchazoule.blogspot.com/2010/09/un-ete-financier-pourri.html

Des millions d'enfants sans couverture santé aux Etats-Unis

Cinq millions d'enfants sont privés de toute couverture santé aux Etats-Unis alors qu'ils pourraient bénéficier du système Medicaid ou du programme Childrens Health Insurance (CHIP), selon une étude publiée vendredi dans la revue Health Affairs.

http://www.lexpress.fr/actualites/2/des-millions-d-enfants-sans-couverture-sante-aux-etats-unis_916917.html

La Défenseure des enfants critique l'utilisation des Centres éducatifs fermés

La Défenseure des enfants a mené une étude sur le programme des Centres éducatifs fermés (CEF), sous l’angle de l’adéquation du dispositif aux droits fondamentaux des enfants et aux attentes du législateur au regard de l’organisation de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Créés par la loi du 9 septembre 2002, les CEF ont pour objectif d’accueillir, en alternative à l’incarcération, des adolescents multiréitérants ou récidivistes âgés d’au moins 13 ans et soumis à une mesure pénale contraignante de type contrôle judiciaire, mise à l’épreuve ou aménagement de peine.
Si cette étude confirme l’intérêt de ce programme à bien des niveaux, elle soulève également de nombreuses questions dont les deux principales tiennent au profil des adolescents accueillis et à l’appauvrissement du dispositif éducatif global de la PJJ. En effet, le nombre de CEF est en augmentation progressive (40 en juillet 2010). En revanche, les autres structures de la PJJ et du secteur associatif habilité sont en baisse constante, tout comme le nombre d'enfants délinquants d’au moins 13 ans dont le juge des enfants est saisi. Or, la Défenseure des enfants a pu constater que le profil des adolescents confiés aux CEF ne correspondait pas forcément à celui de jeunes récidivistes ou multiréitérants puisque, sur le plan national, plus du quart (26 %) des jeunes accueillis n’aurait aucun casier judiciaire et aurait commis ses premières infractions depuis moins d’un an. Ce pourcentage est de 42 % si on ajoute les adolescents n’ayant que deux condamnations à leur actif (qui sont majoritairement des condamnations à une mesure éducative et non à une peine).
Cette dérive tient à plusieurs causes parmi lesquelles l’absence d’autre solution alternative à l’incarcération, du fait des nombreuses fermetures d’établissements autres que les CEF, et la volonté de marquer symboliquement la gravité de l'acte par une réponse ferme et immédiate sans prendre en compte la réalité de la personnalité de l’adolescent, de son environnement et de son parcours. Il en résulte un dommage direct pour ces adolescents qui se trouvent ainsi stigmatisés, étiquetés « délinquants difficiles » et se voient souvent fermer la porte des autres types d’établissements.
Lire le résumé et le rapport complet de la Défenseure des enfants.

http://www.laurent-mucchielli.org/

Un grand problème en forte augmentation : le chômage des jeunes

Le rapport publié par la DARES (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, au ministère du travail) au début du mois d'août indique que l'impact de la crise est extrêmement fort. L'année 2009 a connu les suppressions d'emploi les plus importantes des 50 dernières années. Après les CDD et les Intérims, variables d’ajustement habituelles de l’emploi aux variations de l’activité économique, ce sont désormais les CDI qui sont également touchés. Conséquence de cette évolution : entre l'été 2008 et l'été 2010, nous sommes passés à peu près de 3 à 4 millions de chômeurs. Et les premières victimes de cette évolution sont les hommes, aux deux extrêmes de la pyramide des actifs : les jeunes de moins de 25 ans et les plus de 50 ans. La plus forte hausse est cependant celle du chômage des jeunes. Et parmi eux, ce sont évidemment les moins diplômés qui sont le plus concernés (et sont notamment concentrés dans les quartiers dits "sensibles"). Mesuré 1 à 4 ans après la sortie de leur formation initiale, le taux de chômage des jeunes sans diplôme ou avec un simple brevet des collèges atteint désormais 50 % dans le mode de calcul ordinaire de l'INSEE. Jamais, au cours des 30 dernières années, il n'a été aussi élevé (cliquer ici pour voir le graphique). Au delà de l'impact sur la délinquance des jeunes (en particulier sur le retardement de la sortie de la délinquance), la question de l'emploi est absolument fondamentale pour les jeunes en ce sens qu'elle conditionne toute leur intégration dans la société et toute leur installation dans la vie adulte. Voilà un vrai grand problème national sur lequel les responsables politiques sont pourtant bien peu bavards, d'autant que les limites du "RAS jeunes" paraissent de plus en plus évidentes.

Voir le dossier sur la jeunesse réalisé par Cécile Van de Velde à La Documentation française.

http://www.laurent-mucchielli.org/

Retour sur un été sécuritaire en 5 chroniques

A la demande du quotidien L'Humanité (et sa formule "L'invité de la semaine"), nous avons rédigé 5 très courtes chroniques en forme de retour sur un été sécuritaire où messieurs Sarkozy, Hortefeux, Estrosi et Ciotti ont rivalisé dans les petites phrases cherchant à stigmatiser les Français "d'origine étrangère", puis les "gens du voyage", puis les parents dont les enfants commettent des infractions, puis les élus locaux qui n'adoptent pas avec assez d'enthousiasme la vidéosurveillance ou qui ne triplent pas immédiatement les effectifs de police municipale... Nous publions également ces chroniques ici, au fur et à mesure des jours de la semaine où elles paraissent dans le journal.
http://www.laurent-mucchielli.org/

Chiffres invérifiables, amalgames et contre-vérités sur les Roms : un scandale d'Etat ?

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a tenu une conférence de presse sur "les évacuations de camps illicites" le lundi 30 août. Pour justifier la très médiatique campagne actuelle d'expulsion des "Roms", il y a annoncé que "la délinquance de nationalité roumaine" à Paris aurait augmenté de 138 % en 2009, et de 259 % en 18 mois. Il a également ajouté : "Aujourd'hui, à Paris, la réalité est que près d'un auteur de vol sur cinq est un Roumain", a dit M. Hortefeux, et "un vol commis par un mineur sur quatre l'est par un mineur roumain". Passons sur l'amalgame pourtant évident entre Roms et Roumains. Signalons un problème majeur : ces chiffres sont totalement invérifiables, nul n'a pu consulter la fameuse "étude des services de police" sur laquelle le ministre de l'Intérieur dit se fonder. De nombreux journalistes ont tenté en vain d'en savoir plus, se faisant renvoyer par leurs différents interlocuteurs (cabinet du ministre, direction centrale de la police judiciaire, préfecture de police) dans un petit jeu de ping-pong ou de "c'est pas moi, c'est l'autre" qui les a manifestement agacés (voir par exemple les articles de Rue 89 et de NouvelObs.com). Finalement, ils se sont tournés vers l'Observatoire national de la délinquance qui n'en savait pas davantage et où on leur a suggéré que ces statistiques étaient peut-être issues du STIC. Ce serait un comble puisque ce fichier est tout sauf fiable (voir le dossier consacré à ce sujet). Bref : personne ne sait rien.
Nous pouvons néanmoins étudier les quelques données statistiques qui sont publiques et vérifiables, et en tirer deux enseignements.
1) Tournons nous d'abord vers les statistiques de police, les plus connues. Elles ne distinguent que les nationaux des étrangers, sans donner le détail des nationalités concernées. Rien sur les Roumains donc. Par ailleurs, pour évaluer ici le poids de la délinquance des étrangers, il faut évidemment en retirer les "infractions à la police des étrangers" telles que le défaut de papiers en règle, qui dépendent beaucoup des contrôles au faciès et qui ne sont en quelque sorte qu'une délinquance administrative. Ceci fait, on peut alors calculer la part des étrangers parmi les personnes "mises en cause" (suspectées) pour l'ensemble des crimes et délits. Or cette part a baissé en 2009 (12,5 %) par rapport à 2008 (13,5 %). Si donc la délinquance des Roumains avait si fortement augmenté que le dit le ministre, elle aurait du baisser encore plus fortement chez d'autres étrangers. On aimerait savoir lesquels...
2) Etudions ensuite une statistique de justice, hélas peu connue. Le recensement des condamnations prononcées par les tribunaux français contient, lui, le détail des nationalités. Les deux dernières années publiées sont 2007 et 2008. Et entre ces deux dates, le nombre de personnes de nationalité roumaine condamnées a baissé d'environ 6 % (passant de 4 562 à 4 300 personnes). Ainsi, les deux seuls indices fournis par les statistiques publiques contredisent radicalement les tendances annoncées par le ministre.
Par ailleurs, au chapitre des contre-vérités, les ministres de l'Intérieur et de l'immigration répètent qu'ils ne font qu'appliquer la loi. Or, sur ce point également, ils viennent d'être démentis deux fois. D'abord par le tribunal administratif de Lille. Le 27 août, ce dernier a en effet annulé quatre arrêtés de reconduite à la frontière qui avaient été pris pour sanctionner une "occupation d'un terrain privé" constituant selon la préfecture un "trouble à l'ordre public". Ce que le tribunal a donc rejeté en application d'une jurisprudence antérieure de la cour d'Appel de Versailles. Ensuite, c'est le ministre roumain de l'intérieur qui a déclaré qu'aucun des Roms rapatriés de France vers la Roumanie à la fin du mois d'août n'était fiché par la police française ou roumaine. Voilà qui donne raison aux mises en garde exprimées par la vice-présidente de l'Union européenne, par la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance du Conseil de l'Europe et par le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU.
N'en jetons plus et posons cette question : à force d'intoxication, de mensonge et d'incitation à la xénophobie, tout démocrate ne devrait-il pas voir dans cette opération politique lancée contre les Roms au mois d'août 2010 un véritable petit scandale d'Etat ?

http://www.laurent-mucchielli.org/

Le vice rapporte gros en bourse... et la vertu?

Laura Raim

Reuters / Jean-Philippe Arles

Aux Etats-Unis, le sulfureux Vice Fund qui investit dans le tabac, l'alcool, les casinos et l'armement ne connaît pas la crise. En face, les fonds éthiques peuvent-il faire le poids?

Le vice, ça paye. Surtout en temps de récession. C'est ce que prouvent les résultats du "Vice Fund", qui a progressé de 4,2% depuis le début de l'année, alors que le S&P 500 a chuté de 3,5%. Créé en 2002 par l'Américain Dan Ahrens, ce fonds investit dans quatre catégories de "sin stocks": le tabac, l'alcool, l'armement, et les jeux d'argent. Il est en quelque sorte l'opposé des "fonds éthiques". Apparus aux Etats-Unis dans les années 20, "ces fonds ont été conçus pour répondre aux valeurs morales des Quakers, explique Dominique Blanc, responsable recherche ISR chez Novethic. Ils excluaient donc les secteurs liés au tabac, à l'alcool, aux armes et à la pornographie."

"Il y aura toujours une guerre quelque part"

Une erreur, selon Dan Ahrens, qui expliquait à l'époque de la fondation de Vice Fund que "quel que soit l'état de l'économie, les gens n'arrêteront ni de boire, ni de fumer, ni de jouer". Il n'y a qu'à demander confirmation au ministre des finances russe, qui a encouragé mercredi ses concitoyens à consommer de la vodka et des cigarettes. Par ailleurs, "il y aura toujours une guerre quelque part, assurait-il. Et elle se fera avec des armes américaines".

Surtout, les actions du péché offrent des retours sur investissement plus importants que les autres titres car leur mauvaise image tire leurs prix à la baisse. C'est ce que révèlent les chercheurs Marcin Kacperczyk et Harrison Hong dans une étude. En effet, une grosse partie des investisseurs institutionnels aurait des réticences à miser explicitement sur ce type de valeurs.

Attention, aussi cynique qu'il puisse paraître, Dan Ahrens ne manque pas complètement d'éthique. D'abord, il imprime ses prospectus sur du papier recyclé. Ensuite, s'il "pense que les gens doivent investir pour gagner de l'argent", pas pour se donner bonne conscience, il n'exclut pas qu' "une fois qu'ils ont gagné de l'argent, ils peuvent en reverser aux bonnes oeuvres".

En France, un tel fonds n'existe pas. Mais à voir les cours de bourse des valeurs de l'armement ou des boissons alcoolisées, il faudrait peut-être songer à l'inventer. Alors que le Cac 40 a baissé de 9% depuis janvier, l'action de Pernod Ricard est en hausse de 4%, et celle de Dassault aviation de 14%. Mais gare à la tentation de trop généraliser : Dreamnex, le spécialiste du charme sur Internet, est en effet en chute de 21%.

L'investissement socialement responsable résiste

Reste à savoir si la vertu est aussi rémunératice. Problème, la comparaison avec les fonds éthiques est difficile. Notamment en France parce qu'il n'existe quasiment plus de fonds qui se définiraient uniquement par le choix de secteurs d'activité. C'est plutôt l'investissement socialement responsable, l'ISR, qui est en vogue. La France compte 305 fonds de ce type selon le recensement de Novethic. Ces produits, qui n'excluent pas forcément des secteurs en particulier, doivent avant tout répondre à certains critères, sociaux, environnementaux et de gouvernance. L'an dernier, les encours s'élevaient à 50,7 milliards d'euros, un chiffre en hausse de 70% en un an, selon l'enquête de l'institut de recherche. Parmi ces fonds ISR, il y en a 69 qui excluent en plus certains business jugés immoraux.

Chez Meeschaert Asset Management, qui a créé le premier fonds éthique de France en 1983, le tabac, l'alcool, l'armement et la pornographie sont bannis. L'un des produits, "Ethique et partage", reverse une partie des frais ainsi que l'intégralité des dividendes au Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD). Comment s'en sort-il ? Il est en baisse de 3,11% depuis le début de l'année, ce qui signifie quand même une surperformance par rapport à l'indice de référence des actions européennes, le MSCI euro, qui chute de 9,4%.

Difficile, malgré tout, de tirer des conclusions sur la performance globale de "l'éthique" en général, puisque chaque fonds réussit plus ou moins bien, que ce soit en fonction du talent du gérant ou du secteur privilégié. Le cycle peut influer aussi. "Certains fonds dits thématiques, qui se concentrent par exemple sur l'énergie verte, ont tendance à surperformer en période de croissance, explique Dominique Blanc, mais à souffrir en temps de crise quand le crédit s'assèche".

http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/le-vice-rapporte-gros-en-bourse-et-la-vertu_238259.html

Les patrons américains qui ont le plus licencié sont les mieux payés

D'après une étude de Institute for Policy Studies, les 50 PDG qui ont le plus coupé dans leurs effectifs pendant la crise ont gagné en moyenne 42% de plus que leurs pairs du S&P 500 en 2009.

Les PDG qui ont licencié le plus d'employés pendant la récession sont ceux qui ont été les mieux rémunérés en 2009. Une étude du Institute for Policy Studies révèle en effet que les 50 patrons qui ont le plus coupé dans leurs effectifs ont gagné en moyenne 12 millions de dollars, soit 42% de plus que leurs pairs du S&P 500.

Pour en citer quelques uns, William Weldon, de Johnson&Johnson, a empoché 25,6 millions de dollars alors que sa firme a renvoyé 9000 salariés. Mark Hurd, qui a surtout fait l'actualité dernièrement pour ses histoires de harcèlement sexuel, a aussi supprimé 9000 postes avant de quitter Hewlett Packard avec un "package" de 40 millions de dollars. Le patron de Wal Mart Michael Duke a engrangé 19,2 millions alors que 13350 personnes ont pris la porte. Les patrons de Walt Disney, IBM et Ford, Verizon figurent également parmi les "costcutters" bien récompensés. Certes, le salaire de tous les patrons a baissé en 2008 puis en 2009. Mais leur rémunération représente quand même le double de la moyenne des années 90, relativise le rapport.

Il relève par ailleurs que 36 patrons sur 50 ont annoncé les plans sociaux alors que leur groupe était dans le vert. Les profits ont même augmenté en moyenne de 44% en 2009. Pour les auteurs du rapport, cela montre que les patrons ont licencié puis "resserré l'étau sur les salariés restants pour booster les profits et maintenir leur paye". Il faut dire qu'avec un taux de chômage record de 10%, "les employeurs n'ont pas de mal à exiger des heures supplémentaires de leurs salariés", explique Robert Pozen, professeur à la Harvard Business School dans le New York Times. De fait, ce sont bien les réductions de coûts et la hausse de la productivité qui ont tiré les profits à la hausse, aussi bien en 2009 qu'en 2010. Car les ventes, elles, sont freinées par une consommation en berne. Pour l'ensemble de 2009, les dépenses de consommation ont reculé de 0,4%, soit leur plus forte baisse depuis 1938...

Selon le New York Times, le fait de faire des profits malgré un chiffre d'affaires en baisse s'inscrit en fait dans une tendance plus longue aux Etats-Unis. Chez Ford, par exemple, les recettes ont chuté de 20 milliards de dollars depuis 2005, année où le constructeur était en pertes. Pourtant, il devrait gagner 5 milliards en 2010. Son secret ? Sa masse salariale a fondu de quasiment la moitié en cinq ans.

Si les dépenses de consommation ont augmenté plus que prévu en juillet, le chômage persistant empêche les revenus des ménages de véritablement décoller. D'ailleurs, en termes réels, le revenu a reculé en juillet pour la première fois depuis janvier, de 0,1%. Pas de quoi rassurer les entreprises sur la solidité de la reprise américaine. Celles-ci ne se pressent donc pas pour embaucher à nouveau et préfèrent utiliser les profits pour rémunérer les actionnaires... et les patrons.

http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/les-patrons-americains-qui-ont-le-plus-licencie-sont-les-mieux-payes_238321.html

Les poids morts de la croissance américaine

Béatrice Mathieu

Le rythme de l'activité aux Etats-Unis est désormais retombé au dessous de sa tendance de moyen terme. La faute à la crise persistante de l'immobilier et au chômage qui vont peser durablement sur la consommation des ménages.

A deux mois des élections de mi-mandat, un vent mauvais souffle sur la présidence Obama. Sur le front de la croissance notamment. Une batterie d'indicateurs publiés récemment donne la photographie d'une économie vacillante : plongeon des ventes de logements, confiance en berne, recul des immatriculations, perspectives de production chancelantes dans l'industrie, nouvelle flambée des saisies immobilières... L'accélération de l'activité, qui avait été manifeste en début d'année, est bel et bien terminée et la locomotive américaine devrait afficher une croissance inférieure à 2% en rythme annuel au second semestre 2010, une vitesse largement inférieure à sa tendance de moyen terme. Reflétant cette dégradation de la conjoncture, la Bourse déprime. Le S&P 500 a perdu 10% par rapport à son pic d'avril. Un rechute qui n'aide pas les ménages à restaurer leur situation financière.

Car ce qui est au coeur de la rechute américaine, c'est le consommateur. Même si les ménages recommencent à épargner, l'ajustement de leur bilan est loin d'être terminé : le recul de l'endettement n'est pas suffisant pour compenser leur perte de richesse. De fait, alors que les prix de la pierre continuent de plonger, le taux de défaut sur les crédits immobiliers approche désormais 10%. Après la vague des « subprimes », ce sont les prêts dits « Alt A », de qualité moyenne, qui pourraient plomber le bilan des banques.

La consommation des ménages n'est donc pas près de redémarrer, d'autant que le chômage n'a pas atteint son point haut. Pour restaurer leur profit, les entreprises américaines ont massivement licencié et le taux de chômage pourrait atteindre 9,7% à la fin de l'année... plus qu'en France ! Or le système d'indemnisation américain est bien moins généreux. 45% des chômeurs américains sont sans emploi depuis maintenant plus de six mois, soit 20 points de plus que lors de la précédente récession. Or une bonne partie d'entre eux vont sortir du système d'indemnisation d'ici la fin de l'année augmentant d'un seul coup le taux de pauvreté. Pas de quoi doper la croissance.

http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/les-poids-morts-de-la-croissance-americaine_238369.html

The Effect of Immigrants on U.S. Employment and Productivity

Giovanni Peri

Immigration in recent decades has significantly increased the presence of foreign-born workers in the United States. The impact of these immigrants on the U.S. economy is hotly debated. Some stories in the popular press suggest that immigrants diminish the job opportunities of workers born in the United States. Others portray immigrants as filling essential jobs that are shunned by other workers. Economists who have analyzed local labor markets have mostly failed to find large effects of immigrants on employment and wages of U.S.-born workers (see Borjas 2006; Card 2001, 2007, 2009; and Card and Lewis 2007).

This Economic Letter summarizes recent research by Peri (2009) and Peri and Sparber (2009) examining the impact of immigrants on the broader U.S. economy. These studies systematically analyze how immigrants affect total output, income per worker, and employment in the short and long run. Consistent with previous research, the analysis finds no significant effect of immigration on net job growth for U.S.-born workers in these time horizons. This suggests that the economy absorbs immigrants by expanding job opportunities rather than by displacing workers born in the United States. Second, at the state level, the presence of immigrants is associated with increased output per worker. This effect emerges in the medium to long run as businesses adjust their physical capital, that is, equipment and structures, to take advantage of the labor supplied by new immigrants. However, in the short run, when businesses have not fully adjusted their productive capacity, immigrants reduce the capital intensity of the economy. Finally, immigration is associated with an increase in average hours per worker and a reduction in skills per worker as measured by the share of college-educated workers in a state. These two effects have opposite and roughly equal effect on labor productivity.

The method

A major challenge to immigration research is the difficulty of identifying the effects of immigration on economic variables when we do not observe what would have happened if immigration levels had been different, all else being equal. To get around this problem, we take advantage of the fact that the increase in immigrants has been very uneven across states. For example, in California, one worker in three was foreign born in 2008, while in West Virginia the comparable proportion was only one in 100. By exploiting variations in the inflows of immigrants across states at 10-year intervals from 1960 to 2000, and annually from 1994 to 2008, we are able to estimate the short-run (one to two years), medium-run (four years), and long-run (seven to ten years) impact of immigrants on output, income, and employment.

To ensure that we are isolating the effects of immigrants rather than effects of other factors, we control for a range of variables that might contribute to differences in economic outcomes. These include sector specialization, research spending, openness to trade, technology adoption, and others. We then compare economic outcomes in states that experienced increases in immigrant inflows with states that did not experience significant increases.

As a further control for isolating the specific effects of immigration, we focus on variations in the flow of immigrants that are caused by geographical and historical factors and are not the result of state-specific economic conditions. For example, a state may experience rapid growth, which attracts a lot of immigrants and also affects output, income, and employment. In terms of geography, proximity to the Mexican border is associated with high net immigration because border states tend to get more immigrants. Historical migration patterns also are a factor because immigrants are drawn to areas with established immigrant communities. These geography and history-driven flows increase the presence of immigrants, but do not reflect state-specific economic conditions. Hence, economic outcomes associated with these flows are purer measures of the impact of immigrants on economic variables.

The short- and the long-run effects of immigrants

Figure 1
Employment and income

Employment and income

Immigration effects on employment, income, and productivity vary by occupation, job, and industry. Nonetheless, it is possible to total these effects to get an aggregate economic impact. Here we attempt to quantify the aggregate gains and losses for the U.S. economy from immigration. If the average impact on employment and income per worker is positive, this implies an aggregate “surplus” from immigration. In other words, the total gains accruing to some U.S.-born workers are larger than the total losses suffered by others.

Figures 1 and 2 show the response of key economic variables to an inflow of immigrants equal to 1% of employment. Figure 1 shows the impact on employment of U.S.-born workers and on average income per worker after one, two, four, seven, and ten years. Figure 2 shows the impact on the components of income per worker: physical capital intensity, as measured by capital per unit of output; skill intensity, as measured by human capital per worker; average hours worked; and total factor productivity, measuring productive efficiency and technological level. Some interesting patterns emerge.

Figure 2
Capital intensity, hours per worker, and total factor productivity

Communication/manual skills among less-educated U.S.-born workers

First, there is no evidence that immigrants crowd out U.S.-born workers in either the short or long run. Data on U.S.-born worker employment imply small effects, with estimates never statistically different from zero. The impact on hours per worker is similar. We observe insignificant effects in the short run and a small but significant positive effect in the long run. At the same time, immigration reduces somewhat the skill intensity of workers in the short and long run because immigrants have a slightly lower average education level than U.S.-born workers.

Second, the positive long-run effect on income per U.S.-born worker accrues over some time. In the short run, small insignificant effects are observed. Over the long run, however, a net inflow of immigrants equal to 1% of employment increases income per worker by 0.6% to 0.9%. This implies that total immigration to the United States from 1990 to 2007 was associated with a 6.6% to 9.9% increase in real income per worker. That equals an increase of about $5,100 in the yearly income of the average U.S. worker in constant 2005 dollars. Such a gain equals 20% to 25% of the total real increase in average yearly income per worker registered in the United States between 1990 and 2007.

The third result is that the long-run increase in income per worker associated with immigrants is mainly due to increases in the efficiency and productivity of state economies. This effect becomes apparent in the medium to long run. Such a gradual response of productivity is accompanied by a gradual response of capital intensity. While in the short run, physical capital per unit of output is decreased by net immigration, in the medium to long run, businesses expand their equipment and physical plant proportionally to their increase in production.

How can these patterns be explained?

The effects identified above can be explained by adjustments businesses make over time that allow them to take full advantage of the new immigrant labor supply. These adjustments, including upgrading and expanding capital stock, provide businesses with opportunities to expand in response to hiring immigrants.

This process can be analyzed at the state level (see Peri and Sparber 2009). The analysis begins with the well-documented phenomenon that U.S.-born workers and immigrants tend to take different occupations. Among less-educated workers, those born in the United States tend to have jobs in manufacturing or mining, while immigrants tend to have jobs in personal services and agriculture. Among more-educated workers, those born in the United States tend to work as managers, teachers, and nurses, while immigrants tend to work as engineers, scientists, and doctors. Second, within industries and specific businesses, immigrants and U.S.-born workers tend to specialize in different job tasks. Because those born in the United States have relatively better English language skills, they tend to specialize in communication tasks. Immigrants tend to specialize in other tasks, such as manual labor. Just as in the standard concept of comparative advantage, this results in specialization and improved production efficiency.

Figure 3
Communication/manual skills among less-educated U.S.-born workers

Communication/manual skills among less-educated U.S.-born workers

Note: The data on average communication/manual skills by state are from Peri and Sparber (2009), obtained from the manual and communication intensity of occupations, weighted according to the distributional occupation of U.S.-born workers.

If these patterns are driving the differences across states, then in states where immigration has been heavy, U.S.-born workers with less education should have shifted toward more communication-intensive jobs. Figure 3 shows exactly this. The share of immigrants among the less educated is strongly correlated with the extent of U.S.-born worker specialization in communication tasks. Each point in the graph represents a U.S. state in 2005. In states with a heavy concentration of less-educated immigrants, U.S.-born workers have migrated toward more communication-intensive occupations. Those jobs pay higher wages than manual jobs, so such a mechanism has stimulated the productivity of workers born in the United States and generated new employment opportunities.

To better understand this mechanism, it is useful to consider the following hypothetical illustration. As young immigrants with low schooling levels take manually intensive construction jobs, the construction companies that employ them have opportunities to expand. This increases the demand for construction supervisors, coordinators, designers, and so on. Those are occupations with greater communication intensity and are typically staffed by U.S.-born workers who have moved away from manual construction jobs. This complementary task specialization typically pushes U.S.-born workers toward better-paying jobs, enhances the efficiency of production, and creates jobs. This task specialization, however, may involve adoption of different techniques or managerial procedures and the renovation or replacement of capital equipment. Hence, it takes some years to be fully realized.

Conclusions

The U.S. economy is dynamic, shedding and creating hundreds of thousands of jobs every month. Businesses are in a continuous state of flux. The most accurate way to gauge the net impact of immigration on such an economy is to analyze the effects dynamically over time. Data show that, on net, immigrants expand the U.S. economy’s productive capacity, stimulate investment, and promote specialization that in the long run boosts productivity. Consistent with previous research, there is no evidence that these effects take place at the expense of jobs for workers born in the United States.

Giovanni Peri is an associate professor at the University of California, Davis, and a visiting scholar at the Federal Reserve Bank of San Francisco.


References

Borjas, George J. 2006. “Native Internal Migration and the Labor Market Impact of Immigration.” Journal of Human Resources 41(2), pp. 221–258.

Card, David. 2001. “Immigrant Inflows, Native Outflows, and the Local Labor Market Impacts of Higher Immigration.” Journal of Labor Economics 19(1), pp. 22–64.

Card, David. 2007. “How Immigration Affects U.S. Cities.” University College London, Centre for Research and Analysis of Migration Discussion Paper 11/07.

Card, David. 2009. “Immigration and Inequality.” American Economic Review, Papers and Proceedings 99(2), pp. 1–21.

Card, David, and Ethan Lewis. 2007. “The Diffusion of Mexican Immigrants during the 1990s: Explanations and Impacts.” In Mexican Immigration to the United States, ed. George J. Borjas. Chicago: The University of Chicago Press.

Peri, Giovanni, and Chad Sparber. 2009. “Task Specialization, Immigration, and Wages.” American Economic Journal: Applied Economics 1(3), pp. 135–169.

Peri, Giovanni. 2009. “The Effect of Immigration on Productivity: Evidence from U.S. States.” NBER Working Paper 15507.

http://www.frbsf.org/publications/economics/letter/2010/el2010-26.html

Prosperity or Plunder? Nigeria Slipping at an Oily Crossroads

Jason Hickel

"Disaster" doesn't begin to describe the troubled oil scene in Nigeria. Last June, in the immediate wake of the BP spill in the Gulf of Mexico, the New York Times ran an article exposing a crisis in Nigeria that should have been capable of piquing the conscience of even the most hardened oil barons. It revealed that -- because of an endemic lack of regulatory oversight and corporate irresponsibility -- the Niger Delta has suffered the equivalent of the Exxon-Valdez oil spill every year for the past fifty years. The scale of the vast damage done to this fragile ecosystem is beyond comprehension for those of us who merely read about it from afar. But the people who live in the Delta experience it as everyday injustice that has systematically destroyed their livelihoods and forced them to flee their homes. To make matters worse, while international oil companies in Nigeria pump up to 900 billion barrels of black gold out of the Delta each year, the region's residents remain mired in intractable poverty -- 71% of them live below the poverty line of $1 per day.

It's no wonder, then, that the Delta has spawned a continuous series of rebel movements since as early as the 1970s. The situation first came to the world's attention in 1990, when well-known writer Ken Saro-Wiwa and a group of Ogoni activists took on the Anglo-Dutch company Shell and its state backers, demanding a fairer share of the oil wealth for the region's people and protection from further environmental damage. Their demands were modest: they asked only for water, electricity, roads, education, and greater control of their resources. But the state's response was brutal: in 1994, President Abacha convened a puppet court to arrest and try the activists, and summarily executed Saro-Wiwa and eight of his comrades. This was only the most flagrant example of an ongoing trend in Nigeria, where the state devotes itself to protecting the interests of its foreign investors against those of its own citizens. Indeed, in Nigeria, citizens are considered little more than an obstacle to the accumulation of foreign capital by oily elites.

By the time when Abacha died and Obasanjo assumed the presidency in 1999, the Nigerian government and its corporate partners had plundered an oil bonanza worth about $280 billion and had left the economy in utter ruins. Nigerian citizens were significantly poorer that year than they had been at the start of the oil boom 30 years before, and the average income per capita was less than one third what it had been in 1980. It was this context that occasioned a new wave of resistance by rebel groups, such as the Movement for Equality in the Niger Delta (MEND), who have asserted themselves by sabotaging oil installations and kidnapping corporate representatives. And not without some success: the upheaval in the Delta region has reduced petroleum production by as much as 50%, resulting in a major loss of revenue to the state.

Recognizing that the situation was spiraling out of control, the government of Nigeria set up a committee in 2000 to begin drafting recommendations for the reform of the petroleum industry. The result was the omnibus Petroleum Industry Bill (PIB) that is currently wending its way through the National Assembly. The government has been promoting the PIB as a shining example of global best practice, claiming that it will remake the Nigerian petroleum industry from one of the most opaque in the world to one of the most transparent.

There is no question that the PIB implements some important reforms. For example, it dismantles the notoriously corrupt Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) and divides its various functions (policy, regulation, and commerce) between a constellation of separate independent agencies in order to reduce conflicts of interest. In addition, the PIB provides for a more transparent bidding process, and dissolves a whole set of "confidentiality" measures in order to put licenses, leases, and contracts in the sphere of public scrutiny.

The PIB also introduces a number of changes in the fiscal system that governs the petroleum sector. It will require all companies involved in upstream operations to pay new taxes, including a Company Income Tax and a National Hydrocarbon Tax. It also mandates a higher government take of both onshore and offshore oil fields. But these provisions mean absolutely nothing by themselves. Sure, the Nigerian state is going to get a fairer cut of the resources it rightfully owns, but there's no promise that this new revenue windfall will translate into anything resembling equitable development or poverty remediation for Nigeria's huge underclass. In fact, if history is anything to go by, the extra money in state coffers will mean little more than extra opportunities for government elites to plunder it.

The PIB answers this critique with what has become its most popular provision by far: "Host Community Dividends." The idea is to give Delta residents who are impacted by oil and gas activities a 10% stake in the ownership of the assets and acreages, and to guarantee a 10% rate of return on that stake. This translates into a shocking $5,000 dividend per person per year. These dividends will be managed through community Trusts, which will employ Fund Managers to advise individuals on how best to use their money -- i.e., as investments or as cash withdrawals.

But the dividend payments hinge on one telling condition. If anyone vandalizes industry assets, engages in infrastructural sabotage, or stages civil unrest that harms the interests of oil companies, the community will forfeit their checks for the year. The dividends, in other words, are cynically designed to buy off dissidents with the express goal of reaching maximum production levels of 4 billion barrels per day by 2012. It's no surprise, then, that very little thought has gone into how to translate the $1 billion of annual dividend payments into meaningful development outcomes. Like the transparency and anti-corruption measures, the dividends are merely designed to create a façade of legitimacy for an industry beleaguered by PR nightmares, and to further grease the wheels of the elite oil bonanza that has been underway for decades. They do not in and of themselves provide solutions to the central problem: unjust distribution of revenues within an overwhelmingly rent-based economy.

The PIB misses a monumental opportunity to finally make Nigeria's oil work for the good of common Nigerians. A reform bill dedicated to this task would include a different set of provisions altogether. Here are five brief suggestions:

1) An independent monitoring agency -- like Global Witness or Publish What You Pay -- should be invited to ensure that oil and gas companies actually pay the taxes that they owe. Corporate tax avoidance is the main source of capital flight from the continent.

2) Royalties, taxes, and revenues from oil should be paid into an independently audited account, with audits available to the public on a quarterly basis. From this, 10% of all income should be designated to a Future Generations Fund -- following the Norwegian model -- to provide an investment base that will last until long after the oil is gone. Like Norway, the Fund should retain an Ethics Advisor to ensure that its investments meet conscientious environmental and labor standards, and promote local growth wherever possible.

3) 20% of net oil income should be designated specifically for economic diversification. Using oil money to subsidize more sustainable sectors like agriculture and manufacturing would both create widespread local employment (which the oil industry does not) and wean the state away from its dependence on rents to rely instead on taxes paid by a growing middle class. This is crucial to restoring the social compact and citizen-state accountability so woefully lacking in rentier economies and would create the basis for a viable economy in the post-petroleum era.

4) 50% of net oil income should be designated for "priority sectors" such as education, health, infrastructure, and rural development. Local Content rules should require that all such projects tier up over a set period to at least 80% local contracts and labor, and should require investment in local capacity where it proves too poor to meet these standards.

5) Environmental regulations should be raised to meet the highest first-world standards. Both foreign and national oil companies should be held strictly accountable for remediating the legacy of massive destruction they have wrought in the Delta region over the past 50 years, and should be required to pay into an escrow account designed to cover the costs of future spills and other environmental damage.

The obvious objection to the first and last of these measures would be that they would act as a disincentive for much-needed foreign direct investment. But this is simply not true, despite the threatening rhetoric spun by Shell, Total, Chevron, and Exxon, the majors involved in Nigerian oil. The Gulf of Guinea currently boasts 10% of the world's proven reserves, and Nigeria controls the vast majority of it. The US, encouraged by Israel, has recently been training its gaze on African oil as a way of disentangling itself from politically compromising dependencies on Middle Eastern sources. African oil has become crucial to strategic geopolitics; stricter environmental, labor, and tax regulations are not going to change that.

Now is the time for African states to harness their common resources for the good of their common people, to transform a playground for elite plunder into a generator of equitable prosperity. But Nigeria's PIB falls far short of this radical vision of reform. The legislators who are reviewing it now should demand much, much more.

http://mrzine.monthlyreview.org/2010/hickel030910.html

Didier Lestrade : "Aujourd’hui, la seule visibilité gay est celle de la souffrance, de la victime"

Le cercle des contributeurs à A11 [1] est un petit monde sans grande originalité : hors révélation de dernière minute, les contributeurs sont tous platement hétérosexuels [2]. Et alors, tu demandes ? Et alors rien, sinon qu’il est certains combats, thèmes ou cultures qui nous restent un brin étrangers. On les regarde avec sympathie, on les soutient de facto, mais on en ignore de plus ou moins larges pans.
Il en est ainsi de la culture gay, généralement absente de nos pages. A titre personnel, je n’y connais pas grand-chose. Hors quelques clichés (l’arc-en-ciel, Freddy Mercury & Klaus Nomi, les jolies moustaches, la house-music, le Pacs, la Gay-pride, les émeutes de Stonewall etc). Et quelques célèbres porte-paroles. Dont – on y arrive – Didier Lestrade. Figure connue. Parce que j’ai déjà feuilleté Têtu, le mensuel qu’il a lancé voilà 15 ans, première revue généraliste française à destination de la communauté LGBT (« Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres »). Qu’il fut l’un des piliers d’Act Up, association souvent combative et rentre-dedans. Que je manque rarement ses écrits publiés (toujours avec style) sur le net, sur l’excellent webzine Minorités ou sur son blog. Et parce que – enfin – il a du chien, plutôt grande gueule et jamais convenu.

Didier Lestrade ne mâche pas ses mots. En interview [3]. Et dans ses articles, où il a toujours joyeusement étrillé les bonnes consciences, n’hésitant pas à dire des vérités que pas grand monde ne veut entendre (notamment au sujet du sida). Jusqu’à heurter : certains forums ne sont pas tendres à son égard (euphémisme), et l’homme ne laisse pas indifférent, notamment au sein des communautés LGBT. Un statut qui lui plait bien et qu’il cultive joyeusement. A preuve, le très court portrait de lui disponible sur le site de Minorités [4] et qui se termine sur ces mots : « On dit qu’il est méchant, en fait il dit juste ce qu’il pense. » Pas mieux.

Si Didier Lestrade a régulièrement défrayé la chronique, ce n’est pas seulement parce qu’il a une grande (et photogénique) gueule. Beaucoup trop réducteur. Depuis son arrivée à Paris en cette sainte année 1977, il est surtout monté en première ligne de la plupart des combats hexagonaux liés à la communauté LGBT, notamment en matière de lutte contre le sida (choses qu’il évoque dans l’entretien, je ne m’attarde pas), tout en multipliant les ouvrages (cinq à ce jour) et publications diverses. D’Act Up à Têtu, de Magazine au clubbing house, des polémiques avec Guillaume Dustan sur le « bareback » [5] aux colonnes de Rolling Stone, Mister Lestrade « a toujours été en dehors du placard, comme gay, comme séropositif ou comme activiste » (dixit Minorités, again). Désormais installé en Normandie, un peu retiré des affaires, il a gentiment accepté de répondre (par mail) à quelques questions. A lire ses réponses, le constat tombe, implacable (et revigorant) : le méchant Lestrade continue à dire ce qu’il pense.

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Tu parles de « marasme gay » pour définir la situation actuelle de la scène LGBT et de son militantisme. Pourquoi un tel constat ?

Bon, il ne faut pas croire que je parle UNIQUEMENT de marasme gay, je suis bien conscient de ce qui fonctionne, de ce qui se développe, des nouveautés qui font que la vie gay est beaucoup plus facile aujourd’hui qu’avant. Mais il y a une désaffection, c’est vrai, et je ne suis pas le seul à le dire, tout le monde dit ça. Demandez à n’importe quel gay s’il a l’impression de vivre dans une ambiance gay sympa, novatrice, sexy, positive, ils rigoleront tous. Surtout en France. A l’étranger, il y a une énergie. A Paris, les gays font souvent la gueule, c’est pour ça qu’ils vont si souvent à l’étranger. Certains disent qu’ils veulent quitter la France, comme certains Maghrébins disent qu’ils veulent quitter la France. Il y a un malaise, comme si ça ne servait plus à rien de s’exprimer, de réfléchir, de regarder les choses d’une manière gay. Il y a une uniformité gay qui ressemble à l’uniformité japonaise : on tape sur le clou qui dépasse. Je crois que cette minorité sexuelle est désormais marquée par l’envie de refuser le conflit, le radicalisme, le débat, la confrontation des idées.

Un œil profane comme le mien aurait tendance à penser que si la culture gay a longtemps été à la pointe de la création artistique en musique, peinture ou littérature, elle semble désormais noyée dans la masse, sans aspérité. Comme si après une longue période d’inventivité, elle versait désormais dans le mainstream. Tu partages cet avis ?

Oui, bien sûr, c’est ce qui déconcerte les gays. Ils sont absorbés par l’anonymat qu’ils ont toujours voulu vivre. La banalité est une belle chose, je n’ai rien contre. J’adore le banal. Mais on ne peut pas faire avancer les choses sans s’exposer. Et la grande majorité des gays, surtout ceux qui ont le pouvoir, ne veut pas s’exposer. C’est pour ça qu’on parle beaucoup d’homophobie. On ne parle que de ceux qui ont des problèmes, ceux qui sont agressés, comme ces lesbiennes qui ont été tabassées récemment, ou ce couple de gays dans l’Aude qui est martyrisé par un village. Il faut se mobiliser pour aider ceux qui souffrent toujours de l’homophobie. Mais les gays classe A, surtout dans notre pays, ne veulent pas faire leur coming out. Du coup, la seule visibilité gay est celle de la souffrance, de la victime. Et c’est un cercle vicieux. Les gays privilégiés ne veulent pas être associés aux gays persécutés. Et les gays persécutés ne voient qu’un seul moyen pour accéder à la célébrité : encore plus de victimisation. C’est le mainstream français, alors qu’à l’étranger on n’arrête pas de parler de tel ministre qui fait son coming out, de tel chanteur qui dit des trucs vraiment intéressants, de tel fagzine qui révolutionne la presse gay, etc.

Tu insistes sur le fait que la communauté LGBT aurait perdu son humour et son second degré, que désormais elle se prendrait trop au sérieux. C’est irréversible ?

Non, bien sûr, si on regarde ce qui s’est passé avec les Blacks. A un moment, il fallait être politiquement correct et les artistes noirs ont développé une auto-dérision, particulièrement contre le côté PC des idées. Bien sûr, dès que quelqu’un prononce un discours homophobe ou borderline, il est accusé, aux États-Unis aussi. Mais il y a des moyens de dépasser ça et d’affirmer que, dans la minorité à laquelle on appartient, on peut parler à ses semblables, à ses frères et à ses sœurs, à son « peuple » comme dit Larry Kramer, en toute liberté. C’est très politique, de dépasser le politiquement correct. Donc là, en France, on est dans une période intermédiaire, pendant laquelle personne ne veut sortir sa tête du trou, l’important étant de ne pas se faire remarquer. Mais tout est cyclique, et il y aura une nouvelle génération qui va dire « fuck this » à cet auto-contrôle, surtout chez les gays, et les anciens comme moi qui finiront par dire « fuck this » aussi, parce qu’ils ne se sont pas créés en tant que gays pour fermer leur gueule.

Dans un entretien donné à la revue Rendez-vous en 2007, tu déclarais : « En fait, l’obsession de l’homophobie est consensuelle dans un milieu associatif LGBT qui se déchire avec rage. C’est le dénominateur commun qui permet de ne pas aborder les questions plus graves : si les gays sont vus sans cesse sous l’angle victimaire, est-ce que cela les dégage de leurs responsabilités en termes de prévention du sida et de santé publique ? Non. Et ça, personne ne le dit. Une minorité ne doit pas seulement exiger, elle doit nourrir la société par sa réflexion et ses efforts, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. » Tu estimes que les communautés LGBT ont démissionné du débat public ? Si oui, comment faire pour inverser la tendance ?

Oui, ils ont démissionné dans le sens où ils considèrent que tout tourne autour des élections présidentielles de 2012. Ils considèrent que le lobby a été fait, que tous les partis politiques sont au courant des demandes et des attentes LGBT. Ils attendent. Le problème, c’est que ça ne suffit pas et on le voit très bien aux USA avec Obama qui, deux ans après son élection, n’a toujours pas avancé sur « Don’t Ask Don’t Tell », sur le mariage gay, sur le sida, comme il n’a pas avancé sur pleins d’autres sujets à l’image de Guantanamo ou Israël. Donc il n’y a pas de pression politique, il y a de moins en moins une pression associative, la culture… Forget it, et tous les réseaux gays décisionnaires, comme je le disais plus haut, ceux qui sont dans les ministères, au parlement, dans les médias, tout ce réseau très important qui pourrait faire avancer le débat public et ne le fait pas. Tous ces gays et lesbiennes se connaissent, se voient tout le temps au restaurant ou ailleurs, ils savent exactement ce qu’ils faut faire. Bouger le petit doigt. Mais le feront-ils ?

Au sujet de « l’affaire » Frédéric Mitterrand, tu as tenu à rappeler que la génération dont il provenait – qui a précédé la tienne d’une dizaine d’années –, avait commencé à vivre son homosexualité à une époque où l’homophobie était beaucoup plus virulente. Dans le même temps, tu as aussi pointé une certaine tendance à la posture victimaire dans les milieux LGBT contemporains. Comme si, aujourd’hui, les combats du passé étaient un peu dépassés. Les épisodes d’homophobie affleurant dans le "débat" politique français (Boutin, Vanneste...) ne représenteraient plus un réel danger, seraient des survivances isolées ?

Franchement, je vais dire un truc que je n’ai jamais écrit avant, mais je me demande vraiment pourquoi les gays ont rendu célèbres Boutin et surtout Vanneste. Vanneste, si les gays n’étaient pas là, personne ne saurait qui c’est. Personne. Donc je sais que dans les mouvements politiques, il faut un punching ball pour faire avancer le débat et utiliser ces personnes comme un exemple de ce que l’on ne veut plus voir. Mais on les rend beaucoup plus puissants car ce sont des punching balls, précisément. L’énergie que l’on dépense sur eux, ce n’est pas un entrainement comme quand on va boxer après. Non, chez les gays, on tape sur Boutin et Vanneste et après on rentre chez soi, mission accomplie. Les filles, le ring est par là ! Vous voulez vous battre contre un vrai adversaire, pas un punching ball !

[6]

Franchement, dans toutes les sociétés, il y a le con qui va dire les choses homophobes et il faut les dénoncer. Mais, après un certain temps, il faut se moquer d’eux et les laisser parler. La vraie cible est ailleurs et il faut avoir le courage de mettre la barre plus haut, là où est la vraie nuisance. Le militantisme gay, en ce moment, je l’ai déjà dit, et entré dans sa période « âge bête ». Comme les ados.

A l’inverse, dans Un Universalisme si particulier, Christine Delphy, parlant du féminisme, évoque un "retour de bâton" : selon elle, il y aurait une glorification de la situation actuelle, une idée dominante et dangereuse affirmant que l’égalité a été atteinte et qu’il n’y a plus lieu de lutter pour le droit des femmes. Observe-t-on la même chose avec les luttes LGBT ?

Oui, et c’est ça qui est formidable. Il y a tellement d’exemples qui montrent que la crise politique gay est parallèle à ce qui se passe dans d’autres courants contestataires. Je crois que dans ces mouvements militants, car c’est bien de ça dont on parle, l’important est de passer à la Nouvelle Star en tant que gay ou trans. Ils veulent autre chose, comme les flash mobs où on s’embrasse. Je n’arrête pas de dire que je comprends que les jeunes gays en aient marre d’Act Up, du sida, de ce qui a été glorieux dans les années 90. C’est normal. Ils doivent se comparer à la période la plus brillante du militantisme gay de tous les temps. Comment on fait pour dépasser ça ? Ben, on invente. Et si l’époque actuelle n’est pas à l’invention, alors je n’ai rien compris. Il y a tellement d’outils pour faire quelque chose qui se remarque, qui ait un impact, et il faut que ce soit les jeunes qui le fassent.

Tu as participé à la création de la branche parisienne d’Act-Up en 1989. Depuis, tu sembles toujours avoir été impliqué dans les combats de cette association que tu as aussi présidée. Quel regard portes-tu sur toutes ces années de militantisme ? Quels sont désormais les grands enjeux d’Act-Up et, partant, les chantiers essentiels de la lutte contre le sida ?

Je suis heureux de ces années, bien sûr. Je le regarde avec douceur, car je commence même à oublier comment j’en ai bavé, à quel point ça a été dur, ça été long, ça a duré trop longtemps. Ces centaines et ces centaines et ces centaines de réunions. 13 années compactes, jusqu’au dégoût. Mais avec le succès des trithérapies au bout de ce travail. Maintenant, Act Up, ça fait longtemps que je dis que c’est une farce. Ils sont nuls sur tout, et ça fait partie de la technocratie sida, celle du Sidaction, de tout ce caca institutionnel.

[7]

Tu parles de "recul" au niveau de la prévention du sida, et cela ne semble pas faire l’unanimité. Est-ce que ton livre The End [8], publié en 2004, a contribué à faire évoluer les mentalités ? Ou bien as-tu l’impression de prêcher dans le désert, sachant que ce combat semble beaucoup moins médiatisé qu’il ne le fut à une période ?

Il y a vraiment un recul puisque les cas de contamination chez les gays augmentent dans tous les pays « riches ». Je ne sais pas si The end a contribué à faire évoluer les mentalités, ce ne fut pas un succès de librairie, mais il a eu une bonne couverture médiatique et ça a permis de poser ces questions auprès du grand public. J’ai écrit ce livre en grande partie parce que j’en avais marre d’entendre des gens me dire qu’ils ne comprenaient pas ce que je disais ou que je n’argumentais pas assez mon propos. Donc cet essai a rassemblé toutes mes idées de l’époque, et celles des opposants aussi et je crois sincèrement que c’est un des rares livres gays qui aborde ce sujet dans le monde car il y a eu finalement très peu de livres anglo-saxons contre le bareback.

Tu t’es beaucoup impliqué dans la dénonciation du « barebacking » dans les milieux gay, et la polémique que tu as eu à ce sujet avec Guillaume Dustan a fait couler beaucoup d’encre. Depuis ce débat agité qui remonte à une dizaine d’années, les pratiques ont-elles évolué à ce sujet ? Ou bien les conduites à risque se sont-elles multipliées, normalisées ?

Certains me disent que ce combat n’a servi à rien, surtout depuis la mort de Dustan. Je crois que les gays ont besoin de s’affronter entre eux sur des sujets politiques importants et je ne vois rien de plus important que la réduction de l’épidémie du sida. Il y a dix ans, avec Dustan, on était dans la conceptualisation du bareback, aujourd’hui, on est dans le vécu au jour le jour de ce dont Dustan parlait. Les conduites à risques se généralisent, ça ne pose plus vraiment de débat, c’est comme ça. Les sociologues le décrivent comme une sorte de « prix à payer », de proximité accordée avec le risque pour vivre pleinement sa vie sexuelle de gay. C’est sûrement ça. Faut-il payer un tribut de 7 000 personnes infectées par an pour que les gays et les hétéros puissent baiser tranquilles ? Le seul espoir dans cette affaire, c’est que l’on incite très fortement les gays à se dépister, puisqu’ils représentent le noyau dur de l’épidémie dans les pays riches. Et espérer qu’en traitant un maximum de personnes séropositives, on étouffe le virus dans ces réservoirs de population. C’est ce qu’on appelle le Treatment as Prevention, ou TasP.

Est-ce que désormais la plupart des combats à mener (contre le sida, contre l’homophobie...) ne se situeraient pas hors de l’hexagone, voire hors du monde occidental ?

Bien sûr, c’est ce qui mobilise une grande partie du militantisme désormais. Il suffit de voir les grandes conférences internationales comme celle qui a eu lieu à Vienne cet été, les sujets de prévention chez les gays occidentaux sont très minoritaires. Ce qui est le plus important, forcément, c’est ce qui arrive à la majorité des personnes infectées, dans les pays en voie de développement. Dans ces pays, on fait face à des situations complètement dramatiques. Mais il y a un hic au niveau politique. Les pays émergents ont réussi à prendre la première place des sujets sida (l’accès aux soins, les génériques, tout ça) et du coup, c’est très difficile de parler des problèmes des gays et des malades du sida des pays riches, qui disposent de tout pour lutter contre l’homophobie et le VIH. Et ça facilite la vie de tous ceux qui ne se prononcent pas sur les sujets de l’homophobie ou du sida car ils ont l’argument de dire : « Mais c’est à l’étranger qu’il faut agir ! »

Dans un échange de mails, tu me parlais de cette volonté de décloisonnement des luttes, volonté qui à mon sens transparait clairement dans le travail de Minorités (et sur ton blog). Est-ce que la lutte pour les droits des homosexuels n’a pas trop longtemps été repliée sur elle-même, autiste ?

Non, je ne crois pas. On devait faire ce travail et il faut toujours le faire. Personnellement, moi je n’avais pas envie de m’engager, j’ai passé une grande partie de ma vie à être très égoïste. Mais je l’ai fait parce que j’avais l’impression de ne pas avoir le choix. Il fallait approfondir ce que ça voulait dire d’être gay, ce qu’on pouvait faire avec cette identité, et les responsabilités énormes que cela sous-entend : faire son coming out, assumer sa place dans la société, lutter contre le sida, faire avancer les choses et les lois, obtenir des droits. C’est toujours cette idée selon laquelle on peut, parfois, changer la société en partant de la minorité. En Afrique du Sud, le mariage gay a été possible parce que la constitution a décidé que tout le monde aurait les mêmes droits. Il ne faut pas oublier que je suis de la dernière génération des pieds-noirs. Je suis né en Afrique, avec la guerre d’indépendance. Ma place dans l’histoire coloniale est très nette. Je trouve normal d’avoir passé ma vie à m’occuper des gays et du sida, mais à un moment, je dois travailler aussi sur mes origines, sur la signification du racisme chez les gays, sur ce que je peux faire pour aider les Noirs et les Arabes de ce pays. Ce n’est pas de la culpabilité, c’est l’espoir de voir, avant de mourir, les changements que j’espérais voir quand j’étais jeune. J’ai souffert et je souffre encore beaucoup de cette ségrégation. Je voudrais avoir beaucoup plus d’amis noirs ou arabes. J’ai besoin de leur présence, je veux apprendre.

Avec Minorités , tu sembles être passé à quelque chose de moins « frivole » et festif que quand tu écrivais dans Libé, Rolling Stone ou Têtu. Surtout, tu sembles avoir tiré les leçons de cet autre constat que tu tirais dans l’entretien avec Rendez-vous quand tu déclarais : « Mon avis définitif, c’est que les gays, en tant que minorité, souffrent beaucoup moins que les autres minorités non visibles de la société, comme les Arabes et les Noirs. Il faut arrêter de se plaindre. » Il faudrait tirer parti d’une situation privilégiée (asso efficaces, présence dans les médias) pour rebondir sur d’autre luttes ?

J’ai plein d’amis qui me reprochent de ne plus être aussi fun qu’avant. Ils reconnaissent la nécessité de s’engager, mais au fond, ils regrettent l’époque où j’étais plus drôle, plus dans l’idée de la fête. Après tout, c’est lors de ces fêtes que j’ai rencontré la majorité de mes amis, donc quand on s’éloigne de l’amusement pour être toujours dans le rôle du mec qui râle sur ça et sur ça, c’est fatiguant. Et je crois réellement qu’on est arrivé à un niveau acceptable pour les gays, les derniers sondages sur l’acceptation des gays par la société montrent bien que l’on n’est pas dans une situation d’homophobie d’il y a 20 ans. C’est pour ça que je ne suis pas très sensible aux news actuelles, du genre l’article récent du Monde qui montrait qu’il y avait une remontée de l’homophobie à l’école. Par rapport à quand ? Vous voulez que je vous rappelle comment c’était en 1975 ou en 1990 ? C’est précisément parce que ça va mieux chez les gays que je pense avoir le droit de me tourner vers d’autres minorités, où il se passe déjà plein de choses dont on ne parle pas assez dans les médias et la culture, pour faire une jonction entre ce que l’on a fait chez les gays et le sida, et ce qui se passe dans les banlieues ou sur l’Islam. Je refuse que le point de vue gay sur ces sujet soit réservé à une domination de l’esprit républicain franchouillard de Macé Scaron et Caroline Fourest.

Je me doute que tu ne dois pas apprécier des masses le propos, mais penses-tu que le livre (controversé) de Walter Ben Michaels, La Diversité contre l’égalité (dont Article11 parlait ici), recèle des parts de vérité ? A force de mener des luttes mono-centrées sur des minorités, on en oublierait les luttes sociales et économiques ?

Oui, bien sûr. Peut-être même que tout ce travail sur les minorités est de la poudre aux yeux, une perte de temps, un piège pour ne pas s’attaquer aux sujets centraux. Mais je suis ce que je suis, j’ai toujours travaillé sur la marge et je ne suis pas du tout intéressé par l’idée de travailler pour les décideurs, la classe politique, le pouvoir quoi. Je n’y crois plus, je ne suis pas dans l’idée des « tous pourris », mais je suis juste à 5 mètres de ça. La crise économique de 2007 nous a fait basculer dans une énorme déception politique et j’ai déjà écrit que si j’avais 25 ans aujourd’hui, je crois que je m’échapperais, je partirais de ce monde occidental pour aller trouver un refuge dans un endroit où ce pouvoir capitaliste est moins puissant.

Tu t’es senti proche du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) lancé par Guy Hocquenghem et d’autres en 1971 ? Cette volonté de mêler radicalité politique et revendications minoritaires ne manque-t-elle pas aujourd’hui ? Il n’y a plus vraiment de pavés dans la mare...

Non, je n’étais pas particulièrement proche de ça. Je savais que ça existait, je savais que c’était bien, mais j’appartenais à la génération d’après, et on avait clairement envie de s’amuser. Donc je connais très bien le sentiment d’oubli volontaire répandu partout chez les gays, je l’ai connu. Une manière de penser : pas la peine de s’inquiéter, ils vont faire le boulot militant… pendant que je m’amuse. J’étais punk gay, puis disco queen, et puis… En fait, je les respectais beaucoup, je savais que je pouvais m’amuser grâce à eux, je n’ai jamais dit ou écrit des trucs négatifs sur le FHAR. Je crois que ça m’a influencé inconsciemment, pour arriver aux années Act Up. A partir de 1986, je me suis senti à cran sur tous les sujets gay ou sida, et c’est peut-être là que la connaissance du FHAR et du GLH (Groupe de Libération Homosexuelle) est revenue. Mais j’ai quand même été beaucoup plus influencé par les mouvements militants anglo-saxons. Ce qui m’intéressait, c’était la radicalité politique, les revendications minoritaires ET l’efficacité médiatique. Et ça, c’est Act Up-New York qui l’a vraiment inventé. Le FHAR, c’était le bordel. Or, nous à Act Up, on a créé l’association avec l’espoir très précis de ne pas se laisser emporter par le bordel. On voulait faire une machine efficace. On était des pragmatiques en colère.

Notes

[1] Puisqu’on en parle, je t’annonce que les publications du site ne seront plus quotidiennes désormais. Faute à cette satanée version papier dont on a clamé partout l’imminence de la publication : pour tenir cet engagement, il va falloir qu’on espace un chouïa nos billets et entretiens. Bref, désormais, ce sera une publication tous les deux jours - sauf glorieuses exceptions (quotidiennes ?).

Et aussi : Joyeuse rentrée !

[2] Voire bisexuels pour les plus avancés, mais ce n’est même pas sûr…

[3] Pour illustration, cet entretien réalisé par Vice (magazine plus trendy-branchouille tu meurs mais parfois intéressant), qui a pondu pour l’occasion le meilleur titre du monde : « Didier Lestrade est le fondateur du meilleur magazine pédé de tous les temps - Et il n’a rien contre le mot pédé. » Maudite concurrence…

[4] À qui, incorrigible numérico-kleptomane, j’ai également emprunté l’illustration de vignette.

[5] Pratique revendiquée du sexe débridé sans protection.

[6] Vanneste, chic type.

[7] Œuvre du peintre américain Keith Harring réalisée pour Act Up.

[8]

http://www.article11.info/spip/spip.php?article887

Manifestation : non à la politique du pilori !

Face à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale par le gouvernement, cet appel invite les citoyens à manifester le samedi 4 septembre. L’occasion de rappeler que nul n’a le droit « de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République ». Découvrez tous les RDV d’action en France, de Agen à Tourcoing.



Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité

Les plus hautes autorités de l’État ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Roms et Gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. Voici que le président de la République accrédite aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale.

Ce qui est à l’œuvre dans cette démarche ne s’inscrit pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sûreté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires. Ni pour instituer des peines de prison automatiques, contraires aux principes fondamentaux du droit pénal, à l’indépendance de la justice et à l’individualisation des peines.

La Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République.

Notre conscience nous interdit de nous taire et de laisser faire ce qui conduit à mettre en péril la paix civile.

Nous appelons à une manifestation le samedi 4 septembre 2010, place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, afin de fêter le 140e anniversaire d’une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle.

Pour signer l’appel

Voir la liste des premiers signataires

Liste des manifestations prévues :

- Agen : samedi 4 septembre, boulevard de la République/ place Jasmin, à 10h00.

- Aix-en-Provence : samedi 4 septembre, rassemblement place de la Rotonde, à 11h00 (à confirmer).

- Alès : samedi 4 septembre, devant le théâtre, à 17h00.

- Angers : samedi 4 septembre, rassemblement place du Général Leclerc devant le palais de Justice, à 10h30.

- Avignon : samedi 4 septembre, boulevard Limbert devant la préfecture, à 10h30.

- Beauvais : samedi 4 septembre, place Jeanne d’Arc, à 14h00.

- Bordeaux : samedi 4 septembre, rassemblement place de la République / ou / sur le parvis des droits de l’Homme, devant le palais de justice, à 10h30 (à vérifier).

- Bourg-en-Bresse : samedi 4 septembre, au carrefour des rues Charles Robin, Foch, et du Bd de Brou, 14h00.

- Bourges : samedi 4 septembre, manifestation devant le monument de la Résistance, place du 8 mai, à 11h00.

- Bressuire (79) : samedi 4 septembre 2010, place Notre-Dame Bressuire 10h30 cercle de silence, 11h00 rassemblement citoyen, prises de paroles des organisations participantes, 11h30 défilé jusqu’à la sous-préfecture avec dépôt d’un communiqué commun.

- Brest : samedi 4 septembre, place de la Liberté, à 10h30.

- Cannes : samedi 4 septembre, rassemblement devant le monument aux morts et la mairie, à 14h30.

- Châteauroux : samedi 4 septembre, place de la République devant l’arbre des droits de l’Homme, à 17h00.

- Colmar : samedi 4 septembre, avenue de la République, devant l’entrée administrative de la Préfecture du Haut-Rhin, à 14h30.

- Dijon : samedi 4 septembre place Darcy, à 14h00.

- Grenoble : samedi 4 septembre, manifestation avec deux points de départ la gare de Grenoble (à 14h30) et la place du marché de la Villeneuve (à 14h00), point de jonction des deux cortèges est à la place André Malraux.

- Hénin-Beaumont : samedi 4 septembre 2010, rassemblement devant l’Hôtel de Ville d’Hénin-Beaumont à 16h30. Manifestation dans les rues du centre de la ville. Retour devant l’Hôtel de Ville pour rassemblement militant et festif qui fera alterner des prises de parole et des chansons républicaines.

- Le Havre : vendredi 3 septembre, manifestation devant la sous préfecture du Havre + départ en car pour aller manifester à Paris le 4 septembre.

- Lille : vendredi 3 septembre, rassemblement sur le Parvis des droits de l’Homme, à 18h00.

- Limoges : samedi 4 septembre, place de la République, à 14h00.- Lyon : samedi 4 septembre, place des Terreaux, à 14h00.

- Lyon : samedi 4 septembre, place Gabriel Péri, à 14h00.

- Mantes-la-Jolie : samedi 4 septembre, devant le palais de Justice, à 11h00.

- Marseille : samedi 4 septembre, rassemblement unitaire sur le Vieux Port, à 14h30.

- Montpellier : samedi 4 septembre, place de la Comédie, à 10h00.

- Metz : samedi 4 septembre, rassemblement place de la République, côté rue Winston Churchill, à 14h30.

- Mont-de-Marsan : samedi 4 septembre, place Saint Roch, à 11h00.

- Mulhouse : samedi 4 septembre, place de la Réunion, à 14h00.

- Nancy : samedi 4 septembre, manifestation place Stanislas, devant la préfecture, à 14h00.

- Nantes : samedi 4 septembre, place du Commerce, à 15h00.

- Nice : samedi 4 septembre, Place Garibaldi, à 14h00.

- Nîmes : samedi 4 septembre, rassemblement devant la médiathèque/Maison carrée, à 14h00.

- Orléans : samedi 4 septembre, place d’Arc, 15h00.

- Paris : samedi 4 septembre, place de la République, à 14h00.

- Pau : samedi 4 septembre, place de l’Hôtel de ville, à 11h00

- Périgueux : samedi 4 septembre, devant l’arbre de la Liberté (poste centrale), à 11h00.

- Poitiers : samedi 4 septembre, devant le palais de Justice, à 14h00.

- Reims : samedi 4 septembre, rassemblement devant la fontaine de la Solidarité, place d’Erlon, à 14h00.

- Rennes : samedi 4 septembre, place de la Mairie, à 14h00.

- Roanne : samedi 4 septembre, devant la sous-préfecture, à 10h00.

- Rodez : samedi 4 septembre, devant la préfecture, à 10h00.

- Rouen : samedi 4 septembre, à l’église Saint-Sever, à 14h00 (ou 14h30) (à vérifier).

- Saint-Denis de La Réunion : samedi 4 septembre, sur la place des droits de l’Homme Champ Fleuri, à 14h00.

- Saint-Brieuc : samedi 4 septembre, départ de la manifestation en haut de la rue Saint-Guillaume, près du manège, à 11h00.

- Saintes : samedi 4 septembre, rassemblement place Bassompierre, à 11h00.

- Strasbourg : samedi 4 septembre, place Kleber, à 16h00.

- Toulon : samedi 4 septembre 2010, manifestation place de la Liberté, à 10h00.

- Toulouse : samedi 4 septembre, manifestation esplanade des droits de l’Homme, place du Salin, à 10h30.

- Tourcoing : samedi 4 septembre 2010, rassemblement devant le Parvis de l’Hôtel de Ville de Tourcoing, à 11h00, avec prise de parole des organisations. Le défilé se poursuivra jusqu’au Parvis de l’église Saint-Christophe.

- Tours : samedi 4 septembre, place Jean Jaurès, à 15h00.

En attente d’informations : Mende, Perpignan, Saint-Etienne, Chambéry, Saint-Nazaire, Niort, la Rochelle/Rochefort, Royan, Strasbourg, Clermont-Ferrand, Aix-en-Provence, Bayonne/Pau, Chaumont, Salon de Provence.

http://www.bastamag.net/article1138.html

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