À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.
09/10/2010
Exploitation du consommateur et aliénation du client
Alexandra Perronet
La phase actuelle d’accumulation capitalistique tend à faire de la consommation non seulement une sphère de reproduction des rapports sociaux, mais un lieu de production des forces de travail. Partant de ce postulat, cet article se propose de montrer comment les pratiques de consommation structurent les rapports sociaux de production. Selon l’auteur, il s’agit d’une question à la fois pratique et symbolique : la consommation détermine tant l’organisation des rapports sociaux que le développement d’un imaginaire social. - Texte
Alexandra Perronet, « Exploitation du consommateur et aliénation du client », Articulo - revue de sciences humaines [En ligne], Textes d'intervention, 2006, mis en ligne le 17 juillet 2006, consulté le 09 octobre 2010. URL : http://articulo.revues.org/941
Splendeur et misère du périurbain
Articulo – Revue de sciences humaines - 5 | 2009
- Yves Bonard, Sébastien Lord, Laurent Matthey et Filippo ZanghiIntroductionPeri-urban splendor and misery
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Le périurbain : quelles représentations ?
- Andrée Fortin et Carole DesprésNature et biographie résidentielleThe exurban choice in Quebec
- Claudia BoulianeLire Moi non de Patrick GoujonThe Silence of Cement, or Reading Patrick Goujon’s Moi non
- Gérald Billard et Arnaud BrennetotAnalyse géoéthique du discours médiatique à propos de l’espace périurbain en FranceDoes suburbia have bad press? A geoethical analysis of media discourse on suburban areas in France
- Franziska PufeLes complexes résidentiels sécurisés dans l'espace périurbain de Miami : Une approche sémiotique et iconographique
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Le périurbain : territoires de relégation ou d’ascension sociales ?
- Lionel RougéSuburban settlement: confinement and empowerment
- Marie Goyon et Nathalie OrtarQuelle promotion sociale dans le périurbain ?Home desire, residential trajectories and social advancement in exurbia
- Marie Peretti-Ndiaye et Rémi Tréhin-LalanneLes pionniers vieillissants de MaurepasNew cities, forty years later
- Hélène SteinmetzChoix résidentiels distinctifs et processus de valorisation d’un quartier pavillonnaire ancien de la grande couronne parisienne.How to distinguish oneself in suburban areas?
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Le périurbain : un espace sous tension ?
- Emeric LambertLe projet SénartMaking the suburban city
- Jean-Marc ZaninettiSt. Bernard Parish, the crisis of a suburban territory
- Sandra Breux et Laurence BhererLifestyles and municipal policies: a perspective on suburban space in Montreal
- Sandra ThomannLe cas des relations de cohabitation au sein d’un lotissement à Puyricard dans la Communauté d’agglomération du Pays d’Aix (France)Generational stratification in suburban spaces: opportunity for community harmony?
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http://articulo.revues.org/826
Culture et culturalisme - Quelques précisions terminologiques
Collectif Manouchian
En matière de lutte contre les discriminations racistes plus que dans n’importe quel autre domaine, les mots employés ne sont ni neutres ni anodins. Au contraire, ils sont surchargés de sens et sont révélateurs des discours et des postures contradictoires qui s’affrontent les unes les autres : les mécanismes et les logiques qui les animent doivent pouvoir être repérées. Extraites d’un Glossaire critique des notions liées aux discriminations racistes, les remarques qui suivent se proposent plus précisément de définir la notion de culture, et de critiquer ses usages actuels. À l’heure où le plus pauvre et le plus douteux des culturalismes est remis au coeur du débat politique, médiatique et intellectuel, à la faveur notamment de l’inquiétante Opération Hugues Lagrange, il nous a paru utile de les republier.
Culture
Le concept de « culture » est un des plus difficiles à définir. Plus de mille définitions au moins sont cumulables dans les différents travaux en sciences sociales et dans les multiples dictionnaires. Le terme « culture » désigne tout à la fois des produits artistiques ou culinaires, des manières d’être, des façons de réagir face à l’imprévu, des modalités pour forger du lien social, des rituels face aux différents moments de l’existence, etc. La culture est donc un rapport au monde, à soi et à l’autre, qui se traduit sous de multiples formes.
Chaque individu n’a pas une culture mais des cultures, et il est porteur d’un ensemble de cultures, se rattache à, peut appeler et mobiliser, différentes appartenances culturelles.
La culture est un processus dynamique, toujours en mouvement, même si chacun a l’illusion de percevoir une culture figée, comme sur un mouvement arrêté sur une photo. La culture est la manière dont un groupe social donné apporte des réponses aux questions socio-anthropologiques fondamentales (l’homme et sa place dans les groupes qu’il construit) et s’adapte aux défis que lui pose son environnement (social et naturel) : la relation entre les individus et les sexes, les groupes sociaux, le rapport à l’Autre, la mort, le sens de la vie, la nature, la place occupée par l’homme dans l’univers, etc. Ces grandes questions sont universelles tandis que les réponses varient selon les groupes sociaux considérés (à un moment donné). Il y a ainsi autant de cultures qu’il y a de réponses apportées dans le temps et dans l’espace par les différents groupes qui nous ont précédés ou qui coexistent, et qui nous suivront.
À cette définition de la culture s’oppose une autre que nous qualifierons d’« essentialiste », et qui donne naissance au culturalisme : la culture serait une essence portée par chaque groupe et société (et qui les spécifieraient en conséquence) depuis la nuit des temps jusqu’à aujourd’hui et pour demain. Cette définition de la culture, quel que soit son raffinement ou sa relativisation, a servi historiquement à justifier de nombreux processus de domination fondés sur une hiérarchisation des cultures et civilisations : esclavage, colonisation, nazisme, etc.
Culturalisme
Le contexte historique de naissance du culturalisme dans les sciences sociales est celui des années 30. Il se développe en anthropologie et en psychanalyse, en opposition au racisme biologique et à l’ethnocentrisme dominant. Des anthropologues comme Margaret Mead et des psychanalystes comme Ruth Benedict démontrent par des études comparatives que nombres de traits et de comportements attribués à une « nature » (le sexe, la race, etc.) sont des productions sociales. Le culturalisme consiste donc alors à critiquer le naturalisme, idéologie justificatrice des inégalités et des dominations dans le contexte contexte de l’époque, marqué par l’impérialisme occidental.
L’affirmation du « relativisme culturel » permet alors de remettre en cause deux des axes des idéologies de dominations de cette période : l’évolutionnisme anthropologique (situant les différentes cultures sur une échelle de civilisation) et l’ethnocentrisme (jugeant les autres cultures à partir de la sienne en la postulant comme supérieure). L’idéologie coloniale, avec entre autre sa fameuse « mission civilisatrice », résume à la caricature le paradigme dominant contre lequel se construit le culturalisme.
L’expérience du nazisme puis la décolonisation viennent rendre illégitimes les explications biologistes et naturalistes. Dans ce nouveau contexte historique, le racisme tend à se réapproprier le terme de culture en l’essentialisant, c’est-à-dire en confondant les « cultures » avec des « natures » : l’argumentation n’est plus biologiste mais culturelle, mais la culture est définie avec tous les attributs de ce que les racistes biologistes appelaient « nature » (fixité et anhistoricité, homogénéité et absence de contradiction, hiérarchisation ou apartheid).
Quelques décennies plus tard, l’extrême droite – et en particulier son outil idéologique, le « Club de l’horloge » – systématiseront le processus en récupérant la revendication du « droit à la différence » pour le transformer en assignation à la différence. Le relativisme culturel, méthode et outil favorisant l’égalité et l’émancipation, tend dans ce nouveau contexte historique à se muter en principe absolu, négateur des interactions inégalitaires, et ce faisant les justifiant et les reproduisant.
Le culturalisme contemporain tend donc à se transformer en idéologie de la domination : la vision culturaliste contemporaine tend à produire l’autre en le réduisant à une différence non pas biologique mais culturelle [1]. La culture est un facteur explicatif majeur (éventuellement masqué), mais elle est aussi une forme euphémisée de la biologie, parce qu’elle est figée, voire naturalisée. Et puisque la culture est un facteur figé, elle n’est pas susceptible de modifications, d’influences, de formes composites, de formes nouvelles et émergentes, et les formes culturelles sont renvoyées à leur origine culturelle – ce qui exclut toute invention culturelle qui fait du neuf avec du vieux, voire même éventuellement du neuf avec du neuf.
Le concept de « culture » est un des plus difficiles à définir. Plus de mille définitions au moins sont cumulables dans les différents travaux en sciences sociales et dans les multiples dictionnaires. Le terme « culture » désigne tout à la fois des produits artistiques ou culinaires, des manières d’être, des façons de réagir face à l’imprévu, des modalités pour forger du lien social, des rituels face aux différents moments de l’existence, etc. La culture est donc un rapport au monde, à soi et à l’autre, qui se traduit sous de multiples formes.
Chaque individu n’a pas une culture mais des cultures, et il est porteur d’un ensemble de cultures, se rattache à, peut appeler et mobiliser, différentes appartenances culturelles.
La culture est un processus dynamique, toujours en mouvement, même si chacun a l’illusion de percevoir une culture figée, comme sur un mouvement arrêté sur une photo. La culture est la manière dont un groupe social donné apporte des réponses aux questions socio-anthropologiques fondamentales (l’homme et sa place dans les groupes qu’il construit) et s’adapte aux défis que lui pose son environnement (social et naturel) : la relation entre les individus et les sexes, les groupes sociaux, le rapport à l’Autre, la mort, le sens de la vie, la nature, la place occupée par l’homme dans l’univers, etc. Ces grandes questions sont universelles tandis que les réponses varient selon les groupes sociaux considérés (à un moment donné). Il y a ainsi autant de cultures qu’il y a de réponses apportées dans le temps et dans l’espace par les différents groupes qui nous ont précédés ou qui coexistent, et qui nous suivront.
À cette définition de la culture s’oppose une autre que nous qualifierons d’« essentialiste », et qui donne naissance au culturalisme : la culture serait une essence portée par chaque groupe et société (et qui les spécifieraient en conséquence) depuis la nuit des temps jusqu’à aujourd’hui et pour demain. Cette définition de la culture, quel que soit son raffinement ou sa relativisation, a servi historiquement à justifier de nombreux processus de domination fondés sur une hiérarchisation des cultures et civilisations : esclavage, colonisation, nazisme, etc.
Culturalisme
Le contexte historique de naissance du culturalisme dans les sciences sociales est celui des années 30. Il se développe en anthropologie et en psychanalyse, en opposition au racisme biologique et à l’ethnocentrisme dominant. Des anthropologues comme Margaret Mead et des psychanalystes comme Ruth Benedict démontrent par des études comparatives que nombres de traits et de comportements attribués à une « nature » (le sexe, la race, etc.) sont des productions sociales. Le culturalisme consiste donc alors à critiquer le naturalisme, idéologie justificatrice des inégalités et des dominations dans le contexte contexte de l’époque, marqué par l’impérialisme occidental.
L’affirmation du « relativisme culturel » permet alors de remettre en cause deux des axes des idéologies de dominations de cette période : l’évolutionnisme anthropologique (situant les différentes cultures sur une échelle de civilisation) et l’ethnocentrisme (jugeant les autres cultures à partir de la sienne en la postulant comme supérieure). L’idéologie coloniale, avec entre autre sa fameuse « mission civilisatrice », résume à la caricature le paradigme dominant contre lequel se construit le culturalisme.
L’expérience du nazisme puis la décolonisation viennent rendre illégitimes les explications biologistes et naturalistes. Dans ce nouveau contexte historique, le racisme tend à se réapproprier le terme de culture en l’essentialisant, c’est-à-dire en confondant les « cultures » avec des « natures » : l’argumentation n’est plus biologiste mais culturelle, mais la culture est définie avec tous les attributs de ce que les racistes biologistes appelaient « nature » (fixité et anhistoricité, homogénéité et absence de contradiction, hiérarchisation ou apartheid).
Quelques décennies plus tard, l’extrême droite – et en particulier son outil idéologique, le « Club de l’horloge » – systématiseront le processus en récupérant la revendication du « droit à la différence » pour le transformer en assignation à la différence. Le relativisme culturel, méthode et outil favorisant l’égalité et l’émancipation, tend dans ce nouveau contexte historique à se muter en principe absolu, négateur des interactions inégalitaires, et ce faisant les justifiant et les reproduisant.
Le culturalisme contemporain tend donc à se transformer en idéologie de la domination : la vision culturaliste contemporaine tend à produire l’autre en le réduisant à une différence non pas biologique mais culturelle [1]. La culture est un facteur explicatif majeur (éventuellement masqué), mais elle est aussi une forme euphémisée de la biologie, parce qu’elle est figée, voire naturalisée. Et puisque la culture est un facteur figé, elle n’est pas susceptible de modifications, d’influences, de formes composites, de formes nouvelles et émergentes, et les formes culturelles sont renvoyées à leur origine culturelle – ce qui exclut toute invention culturelle qui fait du neuf avec du vieux, voire même éventuellement du neuf avec du neuf.
P.-S.
Ce texte est extrait d’un Glossaire critique des notions liées aux discriminations racistes, disponible dans son intégralité sur le site Les figures de la domination. Nous le reproduisons avec l’amicale autorisation des auteur-e-s.
À lire aussi : Saïd Bouamama, « La dialectique tradition / modernité : impasses et avatars d’une réduction culturaliste » et Denys Cuche, La notion de culture en sciences sociales, La Découverte, 2001.
À lire aussi : Saïd Bouamama, « La dialectique tradition / modernité : impasses et avatars d’une réduction culturaliste » et Denys Cuche, La notion de culture en sciences sociales, La Découverte, 2001.
Une belle leçon d’histoire de France... ... et de vocabulaire
Collectif Les mots sont importants
Après la rentrée scolaire et universitaire, notre secteur « Éducation populaire » vous propose à son tour une reprise des cours : après l’indispensable leçon de morale de Soeur Caroline Fourest, la débonnaire leçon de libéralisme de Nicolas Demorand, l’amusante leçon de courage physique d’Éric Besson, la virtuose leçon de culbute idéologique d’Aurélie Filippetti et la nécessaire minute universaliste du professeur Mélenchon, sans oublier nos modules « métiers du livre » et « laïcité à la française », voici une édifiante leçon d’histoire, tout aussi illustrée que les précédentes, et tout aussi accessible aux tout-petits. Elle permet de mesurer avec bonheur les immenses progrès accomplis ces dernières décennies par notre douce et démocratique France, dans de nombreux domaines : la photographie couleur, le design du « mobilier urbain » et enfin, bien entendu, le vocabulaire. Pour ce qui concerne le respect des droits humains... disons que ce n’est pas le sujet de notre leçon d’aujourd’hui.
Après la rentrée scolaire et universitaire, notre secteur « Éducation populaire » vous propose à son tour une reprise des cours : après l’indispensable leçon de morale de Soeur Caroline Fourest, la débonnaire leçon de libéralisme de Nicolas Demorand, l’amusante leçon de courage physique d’Éric Besson, la virtuose leçon de culbute idéologique d’Aurélie Filippetti et la nécessaire minute universaliste du professeur Mélenchon, sans oublier nos modules « métiers du livre » et « laïcité à la française », voici une édifiante leçon d’histoire, tout aussi illustrée que les précédentes, et tout aussi accessible aux tout-petits. Elle permet de mesurer avec bonheur les immenses progrès accomplis ces dernières décennies par notre douce et démocratique France, dans de nombreux domaines : la photographie couleur, le design du « mobilier urbain » et enfin, bien entendu, le vocabulaire. Pour ce qui concerne le respect des droits humains... disons que ce n’est pas le sujet de notre leçon d’aujourd’hui.
Document 1 : Années 1970
Document 2 : années 2010
Document 2 : années 2010
P.-S.
Crédits photo : MRAP (document 1) et Mohamed Rouabhi (document 2).
IMF Calls for Huge New Round of Bank Bailouts
Global Research, October 8, 2010
The IMF is calling for a huge new round of bank bailouts.
As the Telegraph noted yesterday:
Lenders across Europe and the US are facing a $4 trillion refinancing hurdle in the coming 24 months and many still need to recapitalise, the Washington-based organisation said in its Global Financial Stability Report. Governments will have to inject fresh equity into banks – particularly in Spain, Germany and the US – as well as prop up their funding structures by extending emergency support.
Prop up their funding structures?
Virtually all leading independent economists have said that the too big to fails must be broken up, or the economy won't be able to recover, and that smaller banks actually lend more into the economy than the mega-banks (and see this).
And the leading monetary economist told the Wall Street Journal that this was not a liquidity crisis, but an insolvency crisis. She said that Bernanke is fighting the last war, and is taking the wrong approach. Nobel economist Paul Krugman and leading economist James Galbraith largely agree.
The Telegraph continues:
“Progress toward global financial stability has experienced a setback since April ... [due to] the recent turmoil in sovereign debt markets,” the IMF said. “The global financial system is still in a period of significant uncertainty and remains the Achilles’ heel of the economic recovery.”
Turmoil in sovereign debt markets necessitating another round of bailouts?
This is amusing, given that it was the last round of bailouts which caused the sovereign debt crisis in the first place.
Specifically, the Bank for International Settlements – often described as a central bank for central banks (BIS) – slammed the failure of the Fed and other central banks to force companies to write off bad debts years ago.
BIS also warned that the Fed and other central banks were simply transferring risk from private banks to governments, which could lead to a sovereign debt crisis.That is what caused the sovereign debt crisis in the first place!
And BIS cautioned that bailouts could harm the economy (as did the former head of the Fed's open market operations).
The Telegraph continues:
Although banks have recognised all but $550bn of the $2.2 trillion of bad debts the IMF estimates needed to be written off between 2007 and 2010, they are still facing a looming funding shock that will need state support. “Nearly $4 trillion of bank debt will need to be rolled over in the next 24 months,” the report says.
$2.2 trillion? In reality, Tyler Durden, Mike Shedlock, Edward Harrison, Reggie Middleton, Max Keiser and many other savvy financial commentators would put the number closer to $20-40 trillion in bad debts. And they say that one of the main problems with the world economy is that the banks are hiding the real amounts of their debts (and the fact that they are totally insolvent), so that they can have the taxpayers bail give them a number of bailouts.
In other words, the big banks are saying, "The economy is unexpectedly not doing well, so we need another bailout."
And the banks and their water-carriers in the central banks, IMF and other agencies will repeatedly say the same thing over a number of years to slowly get the banks' $20-40 trillion dollars worth of debt mopped up by the taxpayer.
See how that works? If people knew that the giant banks have created a black hole of debt large enough to suck most of the world economy into it, and that the debt was created through fraud and wild gambling and speculation, demands to break up the giant banks and imprison their management would be overwhelming.
So they hide it.
Instead, they leak out a little information about their debt in dribs and drabs over the course of many months and years, acting surprised that there's still debt on their books due to "unexpected" conditions in the economy. The party line is and will continue to be that these conditions aren't their fault, but are due to the bad housing market, or unemployment, or other conditions "out there in the economy" and not of their making. And, of course, bailouts are needed to deal with these "unforeseen" events.
Sound far-fetched?
Remember, the largest U.S. banks have repeatedly gone bankrupt due to wild speculation, and the government helped to cover it up. Many top analysts have said the U.S. banks are insolvent (see this, for example). And the big banks have hidden huge liabilities in "off balance sheet" accounts.
Continuing on:
The IMF adds: “Without further bolstering of balance sheets, banking systems remain susceptible to funding shocks that could intensify deleveraging pressures and place a further drag on public finances and the recovery.”
Intensify deleveraging pressures?
Deleveraging is what we need to stabilize the economy.
As I've previously noted:
The New York Federal published a report in July entitled "The Shadow Banking System: Implications for Financial Regulation".
One of the main conclusions of the report is that leverage undermines financial stability:
Securitization was intended as a way to transfer credit risk to those better able to absorb losses, but instead it increased the fragility of the entire financial system by allowing banks and other intermediaries to “leverage up” by buying one another’s securities. In the new, post-crisis financial system, the role of securitization will likely be held in check by more stringent financial regulation and by the recognition that it is important to prevent excessive leverage and maturity mismatch, both of which can undermine financial stability.
And as a former economist at the New York Fed, Richard Alford, wroterecently:
On Friday, William Dudley, President of FRBNY, gave an excellent presentation on the financial crisis. The speech was a logically-structured, tightly-reasoned, and succinct retrospective of the crisis. It took one step back from the details and proved a very useful financial sector-wide perspective. The speech should be read by everyone with an interest in the crisis. It highlights the often overlooked role of leverage and maturity mismatches even as its stated purpose was examining the role of liquidity.
While most analysts attributed the crisis to either specific instruments, or elements of the de-regulation, or policy action, Dudley correctly identified the causes of the crisis as the excessive use of leverage and maturity mismatches embedded in financial activities carried out off the balance sheets of the traditional banking system. The body of the speech opens with: “..this crisis was caused by the rapid growth of the so-called shadow banking system over the past few decades and its remarkable collapse over the past two years.”
In fact, every independent economist has said that too much leverage was one of the main causes of the current economic crisis.
Federal Reserve Bank of San Francisco President Janet Yellen said recently that it’s “far from clear” whether the Fed should use interest rates to stem a surge in financial leverage, and urged further research into the issue.“Higher rates than called for based on purely macroeconomic conditions may help forestall a potentially damaging buildup of leverage and an asset-price boom”.
And as Nouriel Roubini said last year,"This is a crisis of solvency ... But true deleveraging has not begun yet because the losses of financial institutions have been socialized". I.e. that last round of bailouts prevented deleveraging.
And remember, money from the last round of bailouts wasn't exactly used for the best purposes as far as the economy is concerned. As I pointed out in May:
The $700 billion dollar TARP bailout was a massive bait-and-switch. The government said it was doing it to soak up toxic assets, and then switched to saying it was needed to free up lending. It didn't do that either. Indeed, the Fed doesn't want the banks to lend.
As I wrote in March 2009:
As I wrote in March 2009:
The bailout money is just going to line the pockets of the wealthy, instead of helping to stabilize the economy or even the companies receiving the bailouts:
Bailout money is being used to subsidize companies run by horrible business men, allowing the bankers to receive fat bonuses, to redecorate their offices, and to buy gold toilets andprostitutes
A lot of the bailout money is going to the failing companies'shareholders
Indeed, a leading progressive economist says that the true purpose of the bank rescue plans is "a massive redistribution of wealth to the bank shareholders and their top executives"
The Treasury Department encouraged banks to use the bailout money to buy their competitors, and pushed through an amendment to the tax laws which rewards mergers in the banking industry (this has caused a lot of companies to bite off more than they can chew, destabilizing the acquiring companies)
And as the New York Times notes, "Tens of billions of [bailout] dollars have merely passed through A.I.G. to its derivatives trading partners".
***
In other words, through a little game-playing by the Fed, taxpayer money is going straight into the pockets of investors in AIG's credit default swaps and is not even really stabilizing AIG.
***
In other words, through a little game-playing by the Fed, taxpayer money is going straight into the pockets of investors in AIG's credit default swaps and is not even really stabilizing AIG.
http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=21353
What's Missing in the Talk About Education Reform
Sam Smith
Unanswered in all the noise about "education reform" is why, over the past decade, America's establishment has become so obsessed with controlling public education, a complete reversal of two centuries of American faith in locally controlled schools.
There are answers that the op-eds will give you, such as the need to compete in the global marketplace, but this is pretty weak stuff and not the raw material for major presidential policy under two administrations.
There are answers that can be found in the general shift in government towards data as a worthy substitute, or delaying tactic, for action. As long as you're assessing something you don't actually have to do anything about it.
Then there's the milking of the cash cow of testing. For example, the Washington Post now gets the bulk of its profits from the Kaplan education division, profits bolstered by the paper's constant editorial boosting of the test tyrants. And Neil Bush started a company designed to help students pass the tests of his brother's No Child Left Behind policy.
Certainly there is precedent for this, such as the efforts to privatize Social Security and subsidize health insurance companies, all part of a three decades rip-off of public programs by private industry.
But how, for example, does one explain that this effort has been carried out with such an extraordinary absence of knowledgeable educators or skilled teachers? What has happened is as if we had tried to reach the moon with space vehicles designed by economists, lawyers and corporate buddies of the president.
It has, in the end, a hopeless mush of sleaze, stupidity and statistical static, all having remarkably little to do with real education.
There is, however, an even more disreputable matter lurking in the background that has not been exposed, debated or confronted - namely growing evidence that the assault on public education is part of an urban socio-economic cleansing that has long been underway as the upper classes attempt retrieve the cities they surrendered to the poor many decades ago.
For several decades, I followed this phenomenon as a journalist in my hometown of Washington, DC. It was a topic seldom mentioned in the corporate media and not polite to mention at all in the better parts of town.
In 2006 I wrote,
"Part of the socio-economic cleansing of the capital city - still underway - included draconian measures to discourage the minority poor from staying in DC. Some of these were fiscal -- such as a tax break for predominately white first-time homeowners but no breaks for the lower income blacks pushed out by them. But they also included a variety of punitive measures including new restrictions on jury trials, increased lock-ups such as for trivial traffic offenses, stiffer sentencing, soaring marijuana arrests, a halving of the number of court-appointed defense attorneys, increased penalties for pot possession, and the shipping of inmates to distant prisons."
And in 2007:
"This is a 60% black city undergoing socio-economic cleansing. One suburban county has so many black former DC residents that it is known here as Ward 9. But it's no joke. Here are just a few of things that have happened: Huge budget cuts of which 60% of the burden fell on the poor; closing of four of the city's ten health clinics; slashing the number of public health workers; cutting the budget for libraries, city funded day care centers, welfare benefits, and homeless shelters; creation of a tax-subsidized private "charter" school system; dismantling the city's public university including a massive cut in faculty, destruction of the athletic program and elimination of normal university services; selling the city's public radio station to C-SPAN; transferring prisoners to private gulags hundreds of miles away; a dramatic increase in the number of lock-ups including for traffic stops; and the subjugating of the elected school board to an appointed board of trustee."
There were other signs: the destruction of public housing units, the removal of a homeless shelter from the center city, and even a blockade of a crime- hit black neighborhood - with entry permitted only for approved cause - not unlike apartheid South Africa or the Israelis in the West Bank - about which the liberal gentry class said nothing.
In other words, it was absolutely clear and absolutely unmentionable that the upper classes - both white and black, incidentally - wanted the city back again and were using a plethora of tactics to achieve this goal, especially after our energy consciousness increased and it became apparent that the suburbs were no longer the favored haven, but the ghettos of the future.
Furthermore, it was clear that satisfying this goal was behind most of the major new city programs, ranging from the subway to the baseball stadium - only please always call it economic development rather than getting rid of the poor.
Public education "reform" fit the plan in some ways. For example, although it was widely claimed that charter schools did not discriminate in their selection of students it was obvious that parents - a central factor in any child's ability to learn - differed drastically between those with enough ambition to apply for a charter school seat and those either indifferent or with too much else on their mind. The charter schools were in this way a subtle part of socio-economic cleansing as they helped to reduce the old public facilities to what were once called "pauper schools."
Then there was the carefully crafted schemes for closing "failing" public schools. But there is far more to schools than aggregate test scores. They help define a community, anchor its loose pieces to common ground, and provide a place for children to meet and play in a decent and clean environment.
Describing DC's plans to close eleven schools (mostly in order to build condos), DC Statehood Party activist Chris Otten argued a few years ago, "There are lots of ways we can use our publicly owned properties -- homeless services and shelters, child care, before- and after-school care, services for children with special needs, transitional housing and permanent affordable housing, health care, literacy programs, training for jobs and workforce readiness, senior services, gardening and green spaces, recreation. It's outrageous that Mayor Fenty would rather transfer them to his friends and other well-connected and powerful real estate and development interests."
But Fenty and other mayors were not only willing to get rid of such schools, they were wiling to damage community in the process and force young residents to travel far away from their community and its values. It was not only bad educationally cruel it was mean to the communities as a whole.
But these schools were located on suddenly valuable ground and so the government stole from the children and their parents and gave to the developers.
But there was something more at work.
It took the recent DC mayoral election to make me realize that I had been putting too much emphasis on educational considerations in examining what was happening. What I had missed was that the war on schools was not designed to bring the upper classes into the education system but primarily as a a marketing tool to bring the upper classes and corporations back to the cities. The message was, as with crime sweeps, baseball stadiums and the subway. It was now safe, folks, to live here.
In DC, the battle peaked between incumbent mayor Adrian Fenty, who with his school chancellor Michelle Rhee was strongly committed to the Bush-Obama school model, and his opponent and strong critic, Vincent Gray.
Eddie Elfanbeen did a precinct by precinct analysis of the contest. Some 31 precincts gave Fenty 75% or more of the vote while 53 gave him 25% or less. All of the top Fenty precincts were heavily white while all the top Gray precincts were heavily black. But more significant perhaps was that the former were all upscale precincts while the latter were at the lower end of the income scale. .
This year Fenty got 80% of upscale white Ward 3 and 16% of far poorer and black Ward 8.
Rhee and the school system was obviously a factor. As Natalie Henerson pointed out in the Atlantic, "Among white Democrats, 68 percent said Rhee is a reason to support Fenty. Fifty-four percent of black Democrats cite her as a reason to vote against the mayor, according to a Washington Post poll. In an earlier August poll by Clarus Research, Rhee got her most unfavorable ratings from black women, only 15 percent of whom viewed her favorably."
Now, here's the hooker. Only five percent of the public school system consists of white students. So why did it matter so much? For example, why did heavily gay precincts - with a constituency least likely to ever use the school system - give over 70% of their vote to Fenty?
It seems that it mattered because school test scores represent a symbol that the city is getting the poor under control or out of the way. It was not about educating the city's young but about marketing to the city's newcomers. Another poll, for example, found that Fenty won overwhelmingly the vote of those who had lived in DC less than ten years and Gray those who had lived there longer.
Thus, it was not unlike the crime war phenomena. Back in the nineties I noted that "Between 1985 and 1988, in the wake of the revived drug war, murders in Washington, DC soared from 145 a year to 369. During this period, the city's office of criminal justice planning did an unusually detailed analysis of homicides. The report illustrates [that] it was virtually impossible to be killed in Washington if you were a young white girl living in upscale Georgetown on an early Thursday morning in July. If, on the other hand, you were a young black 20-year-old male living in low-income Anacostia, dealing drugs on a Saturday night in June, your chances of being killed were far greater than the overall statistics would suggest. And if you were not buying or selling drugs at all, your chances of being killed in DC were about the same as in Copenhagen."
But being safe and feeling safe are two different things. And, as with crime, it was important for effective marketing to be seen as keeping the problem population under control.
To be sure, whatever appeal school "reform" had, it was not matched by the facts. For example, here are DC's scores according to the National Assessment of Educational Progress broken down by income class (based on food stamp eligibility). Since 2002 4th Grade reading scores have improved a modest 4 percent for low income groups and 8 percent for others. But the gap between poor and others actually increased by 32 percent. Scores for 8th graders showed even less improvement with low income scores edging up a mere 1 percent and other income groups improving by only 2 percent. The gap between them increased by 19 percent.
Several things to note here. The overall improvement was minimal - but half as much for the poor as the better off. Furthermore, the gap between the scores of the better off and the poor actually widened by far more than the overall improvement percentage. So, as 8th grade reading improved 2% for the better off between 2002 and 2009, the gap between these two groups increase by 19%. Obviously, we are not talking about better education here.
And DC was far from alone. Just recently it was reported that in Massachusetts, 57 percent of public schools had fallen short of the yearly progress standard.
Diane Ravitch has noted other flaws in the school reform con:
"A study released days ago by Sean Corcoran of New York University showed that a teacher who was ranked at the 43rd percentile, using student test scores, might actually be at the 15th percentile or the 71st percentile because the margin of error in this methodology is so large.""Privately managed charter schools do not get better results on average than regular public schools. Some are excellent, some are awful, but most are no better than their public counterparts. Even the Superman movie admitted that only one in five (actually, only 17%) of charters get great test scores. Twice as many charters (37%) are even worse than the neighborhood public school.""One group of teachers in Nashville was offered bonuses up to $15,000 if they raised students' math scores; another, the control group, was offered nothing. The average teacher pay is about $50,000, so this was a significant incentive to get higher scores. Over the three years of the study, both groups produced the same results."
Of DC, Leigh Dingerson wrote recently:
"There’s nothing remarkably visionary going on in Washington. The model of school reform that’s being implemented here is popping up around the country, heavily promoted by the same network of conservative think tanks and philanthropists like Bill Gates, Eli Broad, and the Walton Family Foundation that has been driving the school reform debate for the past decade. It is reform based on the corporate practices of Wall Street, not on education research or theory. Indications so far are that, on top of the upheaval and distress Rhee leaves in her wake, the persistent racial gaps that plague D.C. student outcomes are only increasing. . ."Despite glowing reports from the adoring media, D.C.’s education miracle is a chimera at best. . . "
But that, it turns out, was probably the point: to create a political illusion that would support the city's myth, sell real estate, and attract new residents and businesses. Just as it didn't matter that Washington's Metro was designed in a way that actually increased rather than reduced street traffic, it didn't matter that school reform didn't improve things. It only had to seem to change things.
Meanwhile the real city remained.
In 2008, one in five DC residents was poor, a higher rate than in any year since 1997-98. Since the late 1990s, some 27,000 more DC residents fell into poverty. Thirty-two percent of the District of Columbia's children live in poverty, nearly twice the national average. And in 2008 there were over 52,000 families on the waiting list for affordable housing.
But perhaps most important for the educational system, and discussion about it, is something hardly ever discussed: in the first decade of this century, employment among residents with a high school diploma fell to the lowest level in nearly 30 years. Just 51 percent of DC residents at this education level were working.
Every one in the system - parents, teachers, students - knew this reality and reacted accordingly. This, more than any other factor, defined public education in DC. But few wanted to face it.
After all, the poor don't balance your budget. Cutting their services and shoving them out into new suburban ghettos can. And they certainly don't attract tax-paying residents and businesses. So you talk the talk of education reform but walk the walk of socio-economic cleansing.
http://www.counterpunch.org/smith10082010.html
Des microbes et des hommes. Guerre et Paix aux surfaces muqueuses
Philippe Sansonetti - Chaire de Microbiologie et maladies infectieuses. Leçon inaugurale prononcée le jeudi 20 novembre 2008
Notre corps héberge dix fois plus de bactéries qu’il ne contient de cellules. Leur activité est indispensable à note organisme. Il existe ainsi entre l’homme et les microbes une véritable symbiose dont les mécanismes complexes ne peuvent être décryptés qu’avec les moyens de la génétique moléculaire. Mais ces bactéries provoquent aussi des maladies infectieuses et parasitaires : elles tuent environ quinze millions de personnes chaque année dans le monde. Pour mettre au point des traitements et des vaccins efficaces, il faut comprendre comment elles déjouent les défenses de notre organisme, il faut déchiffrer les règles de la guerre et de la paix entre les microbes et les hommes. - Texte
La crisis financiera. Guía para entenderla y explicarla
Juan Torres López con la colaboración de Alberto Garzón Espinosa
Nos dijeron que la economía estaba en crisis debido al alto precio del petróleo que estaba encareciendo la mayoría de la producción, a los dos meses la crisis era porque éste había bajado su precio a la mitad. Contaban que la economía iba bien cuando el precio de la vivienda estaba a unos niveles que ningún joven podía acceder a ella y en cambio se contabilizaban tres millones de casas vacías en España, hasta nos hacían felices porque los que teníamos vivienda ahora éramos ricos debido a la subida de los precios, y en realidad lo que sucedía era que nuestros hijos no podían comprar una. Nos inquietaban con el peligro de que explotara la burbuja inmobiliaria que provocaría la caída de los precios, a pesar de que esa hubiera sido la única forma de que algunos pudiesen comprarse una casa. Durante toda la vida habíamos pensado que un
signo de mala situación económica era que subieran los precios de los productos que necesitábamos, pero ahora dicen que con la crisis bajarán y eso es todavía peor. Hace diez años recomendaban que nos hiciéramos un plan de pensiones privado porque el sistema público no estaría en condiciones de garantizar el pago de nuestra jubilación y ha resultado que ha sido el sistema público el que ha tenido que rescatar al privado de la bancarrota. En nuestra sociedad, los “expertos” en economía vienen a ser como los brujos de las tribus salvajes que advertían de una terrible sequía dos semanas antes de que el poblado se inundara por
unas torrenciales lluvias, y a pesar de eso seguían considerados como los sagrados adivinos cuando dejaba de llover. - La crisis financiera. Guía para entenderla y explicarla
signo de mala situación económica era que subieran los precios de los productos que necesitábamos, pero ahora dicen que con la crisis bajarán y eso es todavía peor. Hace diez años recomendaban que nos hiciéramos un plan de pensiones privado porque el sistema público no estaría en condiciones de garantizar el pago de nuestra jubilación y ha resultado que ha sido el sistema público el que ha tenido que rescatar al privado de la bancarrota. En nuestra sociedad, los “expertos” en economía vienen a ser como los brujos de las tribus salvajes que advertían de una terrible sequía dos semanas antes de que el poblado se inundara por
unas torrenciales lluvias, y a pesar de eso seguían considerados como los sagrados adivinos cuando dejaba de llover. - La crisis financiera. Guía para entenderla y explicarla
¿Están en peligro las pensiones públicas?
Vicenç Navarro, Juan Torres López, Alberto Garzón Espinosa
Los cambios sociales de los últimos años han sido extraordinarios. Se ha producido una gran revolución tecnológica que ha traído consigo nuevas formas de producir, nuevas relaciones laborales, modos de gobernar diferentes y un reparto de las rentas y de los frutos del progreso mucho más desigual e injusto. En el capitalismo de la postguerra había un equilibrio de poderes que permitió mantener potentes estructuras de bienestar pero en los años setenta el mundo empresarial se rebeló frente a este estado de cosas. Con el liderazgo de políticos como Pinochet, Reagan y Tatcher se aplicaron políticas neoliberales que han dado lugar a un capitalismo sin bridas ni limitaciones que no admite contemplaciones a la hora de apostar por las rentas financieras y del capital en perjuicio de los trabajadores y amplios sectores de las clases populares. - ¿Están en peligro las pensiones públicas?
Federações de estudantes insatisfeitas com atrasos na atribuição de bolsas
Estas federações indicaram que as regras técnicas para a atribuição de bolsas aos estudantes do Ensino Superior ainda não foram apresentadas e por isso ainda ninguém recebeu este apoio.
As federações de estudantes do Ensino Superior de todo o país vão decidir de que forma vão protestar contra o atraso na atribuição de bolsas de estudo numa reunião de urgência marcada para segunda-feira.
A Federação Académica do Porto diz que as regras técnicas do novo regulamento para a atribuição destas bolsas ainda não foram apresentadas pela Direcção-geral do Ensino Superior, o que faz com que nenhum aluno tenha ainda recebido este apoio.
Ouvido pela TSF, o presidente desta federação indicou que os alunos estão «há de um mês à espera» que estas regras sejam apresentadas «para que as candidaturas possam ser analisadas e os estudantes que já estavam no sistema possam ver o seu valor actualizado».
«Sem as regras técnicas, este processo não é possível e não existem bolsas de estudo este ano. Os estudantes do primeiro ano têm as candidaturas a correr, os outros as candidaturas ainda não começaram a ser analisadas», acrescentou Ricardo Morgado.
Este dirigente associativo confirmou ainda que «os que já estavam no sistema e que pediram para continuar no sistema de Acção Social este ano» ainda não viram os seus valores «reanalisados e actualizados».
08/10/2010
Polygamie : «Le Point» et la fabrication sociologico-médiatique d’une panique morale
Eric Fassin
C’est Arrêt sur images qui l’a révélé, le 1er octobre : au moment de « briser le tabou » de la polygamie, Le Point vient d’être pris « en flagrant délit de bidonnage ». Dans un dossier choc, en couverture de son numéro du 30 septembre (« Immigration, Roms, allocations, mensonges : ce qu’on n’ose pas dire »), le magazine consacre une double page à la polygamie. L’article (« Un mari, trois épouses ») repose pour l’essentiel sur le témoignage de Bintou, la troisième épouse d’un Malien de Montfermeil naturalisé français. Or Bintou n’existe pas : c’est un certain Abdel qui lui a prêté sa voix au téléphone, en imitant (mal !) un accent de femme noire, pour piéger un journaliste pressé de confirmer les clichés sur les banlieues. Et Abdel le prouve en filmant l’entretien, petit bijou comique diffusé par Arrêt sur images. Faute d’autres familles polygames sous la main, le reporter tombe dans le piège : après un simple entretien téléphonique, il n’hésite pas à décrire « la jeune femme au joli visage légèrement scarifié de chaque côté des yeux ».
Quand la fausse Bintou soupçonne son fils, qui « sèche les cours », de voler de l’argent, l’article ne recule pas davantage devant le lien de causalité : « Samba est-il en train de mal tourner parce qu’il vit dans une famille polygame ? C’est la question qui immanquablement trotte dans la tête. » Pourquoi ? La phrase suivante donne la réponse, que les analyses développées sur ce blog laissaient attendre : « Dans son livre “Le Déni des cultures”, le sociologue Hugues Lagrange pointe une surdélinquance chez les jeunes d’Afrique sahélienne, où 30% des chefs de famille sont polygames. Une situation qu’il explique notamment par l’absence du père, les tensions au sein du foyer générées par les rivalités entre épouses et la promiscuité qui pousse les enfants dans la rue. Le chercheur dit tout haut ce que les policiers disent tout bas depuis des années. »
Il y a quelques mois, Brice Hortefeux accusait de polygamie un commerçant nantais musulman, Lies Hebbadj, dont la femme portait le voile intégral, allant jusqu’à le menacer de déchéance de nationalité. Toutefois, la formulation du problème se cherchait encore : fallait-il le situer dans l’islamisme du commerçant nantais, dans son escroquerie aux allocations familiales, ou dans ses violences à l’égard d’une de ses compagnes ? Aujourd’hui, le discours a pris forme, en passant des Maghrébins aux Noirs – soit d’Abdel à Bintou : le problème de la famille polygame, c’est qu’elle serait cause de délinquance.
Manipulations médiatiques
Informé de la supercherie par Arrêt sur images, le journaliste du Point, Jean-Michel Décugis, se déclare « catastrophé » : « Je travaille depuis vingt ans sur la banlieue. C’est la première fois que ça arrive et c’est tout à fait désolant. » « Ça » ? Le manque de rigueur du journaliste, ou sa révélation publique ? Loin de plaider coupable, en effet, il contre-attaque bientôt : s’il reconnaît dans Libération s’être « fait piéger comme un débutant », il menace en retour : « on va attaquer en diffamation » ! Le communiqué que publie le site du Point est sur la même ligne : « Nous avons été victimes d’un coup monté par ce que l’on appelle un “ fixeur”. Un “ fixeur” est une personne qui permet aux journalistes de récupérer des témoignages dans les cités. Celui-ci voulait visiblement régler ses comptes avec les médias. » Et de conclure sur une note inquiétante : « Le Point se fait un devoir d’enquêter sur les raisons de cette manipulation et de mettre à jour les intérêts qu’elle sert. »
Arrêt sur images s’était déjà intéressé à l’importation du « fixeur » dans la pratique médiatique en banlieue, et son journaliste Dan Israel en rappelle aujourd’hui l’origine : « le terme qui désigne habituellement les aides et accompagnateurs des journalistes à l’étranger, notamment dans des pays dangereux ». Les cités seraient donc des zones périlleuses, comme le suggère d’ailleurs le reporter du Point pris en défaut : « Cela fait vingt ans que je me rends dans les cités, que je fais du terrain, que je prends des risques ». Sa mésaventure lui donne raison : l’enquête sur la polygamie, clé de la délinquance, était certes périlleuse … mais le danger inattendu de cette enquête téléphonique est venu du « fixeur » lui-même – Abdel. Ce jeune webmaster de Clichy a en effet choisi, pour une fois, de renverser le regard, en prenant le journalisme pour objet. Et de révéler ainsi « ce qu’on n’ose pas dire », soit, pour retourner le titre de la longue analyse du Point, « tabous et clichés » médiatico-sociologiques.
Faut-il s’en étonner ? Jean-Michel Décugis n’est guère sensible à cette démarche : « le système médiatique est critiquable, je suis le premier à le critiquer, mais là, il [Abdel] fait son gag, mais il n’y a aucun discours derrière pour étayer ce qu’il entend dénoncer. » Voire. Abdel déclare en effet, le même jour : « J’ai décidé de piéger un journaliste. Dans mon entourage, nous sommes plusieurs à être outrés de la façon dont on parle de Clichy-sous-Bois dans les médias. » Bref, « les médias nous ont mis une étiquette sur le dos. » C’est pourquoi, ajoute Abdel, « quand j’ai appris que le journaliste cherchait des familles polygames, ça m’a rendu fou. Quoi, après toute l’histoire du voile, on allait nous sortir le coup de la polygamie ! » Du coup, « je lui ai pondu une histoire basique, complètement dans le cliché. » Et de préciser son intention : « Je veux montrer que les médias ne font plus leur travail d’investigation, mais ils filtrent et créent l’info. »
L’autorité du terrain
Abdel a donc fait œuvre de journaliste en prenant pour objet, non pas la banlieue, mais la construction médiatique de son image. Grâce à lui, on comprend mieux comment se fabrique l’information. En effet, le journaliste du Point met en avant, pour se dédouaner, le rôle d’une autre intermédiaire, Sonia Imloul, présidente de l’association Respect 93 : alors qu’il cherchait à rencontrer une femme de polygame, « c’est elle qui m’a parlé d’Abdel, qu’elle a présenté comme un ami. » De même, le patron de l’hebdomadaire, Franz-Olivier Giesbert, évoque dans Le Nouvel Observateur un « contact recommandé par une personne faisant autorité. » Pourquoi Sonia Imloul fait-elle autorité – du moins sur ce sujet ? L’hebdomadaire le rappelle, elle est « l’auteure d’un rapport sur la polygamie pour l’Institut Montaigne ». Ce think tank patronal avait organisé une réflexion aboutissant à un colloque, le 4 décembre 2009 : « Qu’est-ce qu’être Français ? » C’était pendant le « grand débat » sur l’identité nationale lancé par le ministère de l’immigration, Éric Besson, qui y avait d’ailleurs remplacé le président de la République. Or l’Institut Montaigne venait de publier en novembre cette note sur la polygamie.
Revendiquant déjà de briser un « tabou », Sonia Imloul y mettait en garde contre ce « danger ». Mais ses neuf pages ne révélaient aucune information nouvelle. Au contraire, la responsable associative dénonçait le manque de données : « personne ne peut dire aujourd’hui, même avec une marge d’erreur importante, combien il y a de familles polygames en France. » Elle ajoutait même : « En l’absence de données fiables, on ne sait pas si la fin des regroupements familiaux pour les familles polygames décidée par la loi d’août 1993 a marqué un coup d’arrêt à ce phénomène ou si il a retrouvé une nouvelle vitalité depuis. » Sans doute citait-elle Jean-Christophe Lagarde, maire Nouveau Centre de Drancy : « autre idée fausse, répandue de façon nauséabonde par certains, notamment pendant les émeutes de 2005 : les enfants de ces familles polygames généreraient plus de violence, de délinquance que les autres. C’est faux et c’est absurde ».
Mais c’était seulement pour appeler à de vraies enquêtes : « On aimerait suivre l’élu de Seine-Saint-Denis, mais là encore nous n’en savons pas assez sur les comportements individuels et collectifs induits par la polygamie. » On aurait pu penser qu’à défaut de données statistiques, Sonia Imloul disposait d’un savoir de terrain. Or dans cette note, pour éclairer ses remarques générales, elle s’appuyait exclusivement sur des témoignages déjà publiés par ailleurs, en particulier dans la presse – à l’exception peut-être d’une anecdote qui ne correspond guère à l’expérience de la polygamie : « Témoignage d’un magistrat demandant à un enfant comment s’appelle sa mère : “laquelle?”, lui répond l’enfant. » Depuis quand les enfants d’hommes polygames ne savent-ils pas qui est leur mère ? Si Sonia Imloul connaissait la polygamie africaine, elle s’abstiendrait de cette citation…
Et c’est ici que l’ingénieuse supercherie d’Abdel sert de révélateur. Le Point publie en effet sur son site l’explication de Sonia Imloul, sans doute sommée de rendre des comptes : « J’avais besoin, lorsque je préparais mon rapport sur la polygamie, d’entrer en contact avec des familles polygames, notamment sur Montfermeil (Seine-Saint-Denis). » On découvre donc qu’elle n’en connaissait pas. « Dans ce cadre-là, on m’a mis en contact avec Abdel (un “ fixeur” qui permet de récupérer des témoignages dans les cités). » Sonia Imloul, l’autorité sur laquelle se fonde le journaliste, a les mêmes méthodes de travail que lui. « Lorsque j’ai su que Le Point travaillait sur le sujet, j’ai proposé au magazine de le mettre en contact avec une famille polygame à Montfermeil. » Mais en réalité, c’est avec Abdel qu’elle propose le rendez-vous : autrement dit, elle ne connaît toujours pas de famille polygame. Bref, de la polygamie, Sonia Imloul ne semble rien connaître que ce qu’on en dit dans les médias – ou que lui raconte son « fixeur »; elle sait seulement que c’est un grave problème.
On voit ainsi se constituer « l’effet de réel » qui fonde l’autorité du récit médiatique. Le journaliste s’autorise du « terrain » ; mais pour recueillir ses témoignages, il dépend d’un « fixeur ». Comment savoir alors qu’il s’agit d’un informateur autorisé ? C’est qu’il le rencontre par l’intermédiaire d’une « autorité » en matière de polygamie. Celle-ci s’autorise pour sa part du « terrain » associatif, mais son savoir semble surtout fondé sur la lecture de la presse ; en tout cas, son contact avec la réalité est médiatisé par le même « fixeur ». Du moins jouit-elle d’une autorité médiatique, qui tient sans doute à sa reconnaissance par l’Institut Montaigne… Pour que le cercle de l’illusion autorisée se referme, il manque encore une pièce dans le dispositif : les terrains associatif et journalistique sont en effet confortés par le terrain sociologique, qui sert à légitimer par son expertise cette construction si détachée de la réalité.
La légitimation sociologique
En matière de polygamie, sans doute Le Point peut-il citer Christian Saint-Étienne : la France attire selon lui trop d’immigrés qui « viennent y chercher une protection sociale inconditionnelle ». Les conséquences en seraient inquiétantes : « De véritables réseaux amènent ainsi sur notre territoire des femmes africaines qui, après avoir accouché, pourront, de proche en proche, faire venir une tribu polygame [sic]. » Le phénomène n’aurait rien de marginal : « C’est le principal moteur de l’immigration d’Afrique noire depuis une quinzaine d’années. Or notre système social n’est pas construit pour intégrer ces familles parfois illettrées. Elles vont alors vivre dans des ghettos tandis que leurs enfants connaîtront souvent l’échec scolaire et la relégation, source de violence. » Toutefois, on pourrait douter de la compétence, sur ce sujet, du titulaire de la chaire d’économie industrielle au CNAM. C’est ici qu’intervient l’expertise sociologique d’Hugues Lagrange, qui est le pivot du dossier du Point : en dehors de l’entretien d’une page qui lui est consacré, il est cité maintes fois – y compris, on l’a vu, dans l’article sur Bintou, qui lui attribue le constat d’une « surdélinquance chez les jeunes d’Afrique sahélienne, où 30% des chefs de famille sont polygames. »
Sans revenir sur l’ensemble des thèses du Déni des cultures, il n’est pas inutile de reprendre les divers propos de ce sociologue sur la polygamie. Le chiffre que cite Le Point provient semble-t-il d’une enquête sur des hommes de la vallée du Sénégal vivant en France dans des foyers, publiée par l’OCDE en 1983 (pp. 172-3)… En fait, sans s’attacher à de tels chiffres, l’ouvrage s’attache plutôt aux corrélations : un tableau le donne à lire, les enfants de familles polygames auraient, de loin, les résultats scolaires les plus bas, et les taux de délinquance les plus élevés (pp. 134-5). Comment ces familles polygames sont-elles repérées par le sociologue ? Dans un entretien que publie Le Nouvel Observateur le 30 septembre, celui-ci répond à la question – et le passage mérite d’être cité dans son intégralité :
N. O. - Vous faites aussi un lien direct entre la polygamie et la délinquance. Comment pouvez-vous le démontrer, alors que nous ne disposons d’aucune donnée fiable sur ce phénomène ?
H. Lagrange. - C’est vrai, mais je donne une estimation. J’ai fait un choix d’échantillonnage qui comprend tous les élèves de 6e. Nous leur avons demandé combien ils ont de frères et sœurs. Nous disposions aussi des dates de naissance de ces derniers. Alors quand nous constations plusieurs naissances séparées de moins d’un an dans une famille, nous supposions de la polygamie.
H. Lagrange. - C’est vrai, mais je donne une estimation. J’ai fait un choix d’échantillonnage qui comprend tous les élèves de 6e. Nous leur avons demandé combien ils ont de frères et sœurs. Nous disposions aussi des dates de naissance de ces derniers. Alors quand nous constations plusieurs naissances séparées de moins d’un an dans une famille, nous supposions de la polygamie.
N. O. - Vous n’avez quand même pas fondé vos résultats sur des suppositions ?
H. Lagrange. - Quand vous avez plus de douze enfants, des naissances qui arrivent en même temps, ce qui se passe assez fréquemment parmi les enfants issus de l’immigration malienne... C’est un critère de repérage qui fonctionne sans coup férir.
H. Lagrange. - Quand vous avez plus de douze enfants, des naissances qui arrivent en même temps, ce qui se passe assez fréquemment parmi les enfants issus de l’immigration malienne... C’est un critère de repérage qui fonctionne sans coup férir.
N. O. - Sur 4 439 adolescents, combien sont issus d’un père polygame ?
H. Lagrange. - Environ 65. Mais prenons les choses dans l’autre sens. Au Val-fourré à Mantes, on compte à peu près 80 familles polygames (toutes ne figurent pas dans mon échantillon). La moyenne d’enfants par famille étant de 15, ça fait à peu près 1 200. Sur 3 500 collégiens, ça représente donc un tiers.
Il y a de quoi s’étonner : l’échantillon donne 65 enfants issus d’un père polygame pour 4439 adolescents – soit moins d’1,5%. Pourquoi prendre « les choses dans l’autre sens », sinon pour gonfler les chiffres et arriver à « un tiers », au prix d’une approximation grossière (15 enfants par famille) ? D’autant plus, comme l’a fait remarquer le sociologue Laurent Mucchielli dans France-soir, que ce résultat « ne peut pas être vrai car, que je sache, tous ces enfants ne sont pas des collégiens. Ils peuvent avoir entre 0 et 18 ans. » Il ne s’agit pas seulement d’une erreur de calcul, mais bien plutôt d’une volonté de grossir le problème.
Les chiffres peuvent-ils ainsi être manipulés, au gré des besoins ? Comment déterminer alors si la polygamie est un problème, ou non ? La comparaison avec l’entretien que donne Hugues Lagrange à 20minutes, publié le même jour que celui du Nouvel Observateur, laisse songeur : le discours change ici du tout au tout.
En parlant de «la polygamie» dans ces familles et de leur lien avec les émeutes urbaines de 2005, ne craignez-vous pas de les stigmatiser?
Au cours de mon enquête, conduite sur le terrain pendant dix ans, j’ai seulement constaté que les villes où l’installation de familles originaires du Sahel était traditionnellement plus forte étaient celles où les incidents ont éclaté. Par ailleurs, la polygamie n’est pas le problème, c’est un aspect très secondaire. Elle concerne une famille pour 10.000.
Vous pointez aussi la taille des fratries, plus importante que celles des familles issues de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb…
C’est en effet le premier problème. Il faut consacrer beaucoup de temps à chaque enfant pour qu’il réussisse à l’école. La différence d’âge entre les époux est aussi problématique puisqu’elle nuit à l’autorité parentale, plaçant les époux dans des places asymétriques. L’autoritarisme des pères, enfin, a une incidence sur le reste de la famille. Méprisés en France, ils reportent sur leurs femmes leurs frustrations et mettent les fils aînés au-dessus des mères. Cela fait des catastrophes éducatives.
Pourquoi ce changement d’ordre de grandeur, et en conséquence d’argument ? Une famille pour 10 000 ? Pas dans l’échantillon étudié, à l’évidence ; mais dans quelle population ? Et comment le sait-on ? Peut-être Hugues Lagrange, qui ne s’en explique pas, s’appuie-t-il cette fois sur la note déjà citée de Sonia Imloul : « Ainsi une étude de l’INED, fondée sur une grande enquête sur les populations immigrées en France datant de 1992, estima-t-elle le nombre de familles polygames à 8 000, pour 90 000 personnes concernées, soit 11 à 12 personnes par famille environ. Un rapport de la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme s’est risqué en mars 2006 à une estimation de 16 à 20 000 familles, soit jusqu’à 200 000 personnes. » En tout cas, le sociologue délaisse son échantillon, pourtant censé fonder sa « démonstration ».
Dans Le Point du même 30 septembre, Hugues Lagrange dénonce « l’idéologie » qui présiderait au discours sur l’immigration, en opposant à « l’angélisme » supposé de la gauche son « réalisme » : « J’ai choisi de me confronter aux réalités du terrain, en m’appuyant sur des données inédites concernant 4500 adolescents en échec scolaire dans les collèges de région parisienne et autour de Nantes, que j’ai moulinées avec les données judiciaires concernant les mineurs mis en cause. C’est le genre de travail que vous ne faites qu’une fois dans votre vie. » Mais on le voit, en tout cas lorsqu’il s’agit de polygamie, Hugues Lagrange abandonne ses propres résultats. C’est ce qui lui permet de passer de passer d’1,5% (dans son échantillon) à 1/3, ou au contraire à 1/10 000.
Un effet de réel
En réalité, au-delà des aspects techniques du calcul, on comprend surtout, grâce à Abdel, comment fonctionne la construction médiatique des « banlieues » : à défaut d’être fondée en réalité, elle se réclame d’un terrain – celui du reportage ou de la pratique associative, voire de l’expérience policière ; autrement dit, elle s’autorise d’un effet de réel. Les enquêtes de la sociologie pourraient contredire cette illusion, comme un retour du réel. Mais il n’en est rien : le chercheur qui inspire aujourd’hui le discours médiatique sur la polygamie revendique justement de réagir contre la sociologie telle qu’elle se fait, en l’accusant de « déni ». Et s’il a tant d’autorité en dehors du champ scientifique, c’est bien sûr que cette rupture permet de renouer avec le sens commun, soit de briser les tabous pour renouer avec les clichés.
Or c’est devant les images télévisées des émeutes de 2005 qu’Hugues Lagrange a trouvé la clé des enquêtes qu’il menait déjà depuis 1999, comme il le confie au Nouvel Observateur : « Pendant les émeutes de 2005, j’ai regardé la télévision. C’était peut-être un biais mais j’ai vu beaucoup de visages noirs, plus que leur proportion dans la population. Tout le monde le sait, 70% des villes de plus de 50 000 habitants qui ont connu des émeutes possèdent une ZUS (Zone urbaine sensible)... Et qui habite dans ces zones ? En Seine-Saint-Denis, on compte environ quatre Maghrébins pour un Noir. Alors, si en 2005 je voyais autant de Noirs sur les images, ça valait le coup de se demander pourquoi ils étaient à l’avant-garde des émeutiers ? » Dans son livre, il ne se contente plus de ce constat : il en fait un principe d’interprétation, et la question devient une réponse. Au-delà des images, il rejoint ainsi les discours politiques, de Bernard Accoyer à Gérard Larcher, qui en 2005 expliquaient les violences des jeunes par les dysfonctionnements des familles polygames. L’image fait preuve.
La démonstration est inconséquente, et Hugues Lagrange peut tour à tour minimiser ou maximiser l’importance de la polygamie ? Peu importe. On en retient la réalité (supposée) d’un problème. Car l’autorité de son discours, il la puise dans l’évidence d’un sens commun de droite – qu’il contribue en retour à légitimer, y compris à gauche. Pour rompre ce cercle vicieux, ce que fait aujourd’hui Abdel, quand il prend la parole et se filme lui même, c’est introduire le doute sur pareilles logiques d’autorité. Le « fixeur » nous invite ainsi à prendre le faux bon sens d’un « nouveau réalisme », avide de briser les « tabous », non pour la vérité, mais pour ce qu’il est – une construction médiatico-politique, qui vient de se trouver, avec le livre d’Hugues Lagrange, une légitimation sociologique providentielle. Au lieu de le dénoncer, Le Point devrait donc le remercier, et avec lui, les médias devraient ensemble célébrer la contribution d’Abdel à la critique démocratique de l’opinion.
http://www.mediapart.fr/club/blog/eric-fassin/041010/polygamie-la-fabrication-sociologico-mediatique-d-une-panique-morale
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