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06/06/2009

"La sortie de la récession promet d'être lente"

Entretien avec Michel Aglietta : professeur d'économie à Paris X et conseiller scientifique au Cepii.

Au-delà des conséquences de la libéralisation financière, cette crise est d'abord celle d'un modèle de croissance inégalitaire, explique Michel Aglietta. Son impact sur l'activité sera durable. De nouveaux modes de régulation vont devoir émerger.

Entretien paru dans "La Crise", un hors-série pour comprendre la pire crise depuis les années 1930 :
  • - Origines, développements, conséquences
  • - L'Etat pompier : les politiques de relance en France et ailleurs
  • - Le capitalisme et ses crises : histoire et théorie
  • - Après la crise : ce qui doit changer

La crise actuelle sonne-t-elle la fin du modèle de croissance observé ces vingt dernières années?

Oui. La libéralisation financière avait modifié la gouvernance d'entreprise et consacré la prépondérance de l'actionnaire: à partir de la fin des années 1980, le business model des firmes a été orienté vers la création de valeur pour l'actionnaire. Parallèlement, la mondialisation a vu son champ s'étendre avec l'effondrement de l'URSS et la montée des pays dits "émergents". Ces deux phénomènes ont entraîné une transformation profonde de la répartition des revenus, donc de la régulation macroéconomique de la croissance: l'ouverture mondiale crée un marché du travail beaucoup plus vaste, avec un excès global d'offre de main-d'oeuvre, une accentuation de la concurrence sur le marché des biens, une forte pression sur les revenus salariaux, parallèlement à une extension du capital qui permet la hausse des profits. Le compromis qui avait été conclu dans les années d'après-guerre entre salariés et capitalistes a été brisé.

Les évolutions des salaires réels et de la productivité ont été déconnectées, entraînant une modification de la répartition des revenus. Comment entretenir dans ces conditions la croissance dans les pays riches? Il a fallu stimuler la consommation par le crédit. D'où, aux Etats-Unis surtout, une baisse profonde de l'épargne et une hausse de l'endettement. De même, les entreprises ont cherché à travailler avec le moins de capital possible, pour en augmenter la valeur actionnariale. Cette hausse tendancielle de l'endettement privé sur longue période a provoqué des crises intermédiaires, crises qui ont été étouffées par l'action des banques centrales, surtout celle de la Réserve fédérale américaine sous Alan Greenspan. De sorte que durant ces vingt dernières années, le taux d'endettement global n'a jamais baissé.

Enfin, ce régime de croissance fondé sur la dette a été favorisé par l'innovation financière: on est passé d'un modèle où les banques portaient le risque des crédits qu'elles accordaient à un modèle de transfert du risque. Cette utilisation systématique des marchés dérivés a permis aux banques de libérer du capital pour faire davantage de crédits, puisqu'elles ne portaient plus le risque. Ce fut surtout le cas des banques d'investissement indépendantes ou logées dans des groupes bancaires plus larges.

Quelles vont être les conséquences de la crise pour la croissance?

L'ensemble des conditions de crédit va devenir durablement plus difficile parce que les banques doivent réduire la taille de leurs bilans et que des réglementations plus strictes vont se mettre en place. Par ailleurs, les agents non financiers vont aussi se désendetter. Le piège est une récession qui se nourrit d'elle-même par interaction de la baisse des revenus et de celle de l'endettement. Elle ne peut être amortie que par la dépense publique. La sortie de la récession promet d'être une phase de croissance lente, car l'élimination des mauvaises créances dans une crise bancaire prend entre trois et cinq ans, même si la crise est bien gérée par la puissance publique.

Au-delà de la crise, la réglementation financière est indispensable pour éviter les excès du crédit, mais elle ne suffira pas à refonder un système capitaliste capable de faire de la croissance régulière. La croissance ne pouvant plus être dopée par l'endettement, il va falloir que le revenu salarial se remette à progresser en ligne avec la productivité. Pour le dire autrement, le degré d'inégalité atteint dans les sociétés occidentales est devenu un frein à la croissance. La prise de conscience commence: on voit les réactions provoquées par les excès de revenu des dirigeants et la dénonciation des effets pervers de systèmes de rémunération censés accroître la valeur actionnariale. Les gros investisseurs pourraient se rendre compte que leurs exigences excessives de rendement leur ont finalement fait perdre de l'argent...

La manière dont on a géré les économies au cours des vingt dernières années va être remise en cause. Des évolutions se dessinent, par exemple en faveur d'un système d'assurance publique de santé aux Etats-Unis. La fiscalité est aussi un outil essentiel de la répartition des revenus: il faudra revenir sur les cadeaux fiscaux systématiques qui ont été faits aux plus riches pendant des années. Vers quel modèle va-t-on? Il faut se souvenir que le New Deal n'a été qu'une succession d'expérimentations. Il n'y a pas eu de plan préconçu. La cohérence n'est apparue qu'a posteriori.

Quel regard portez-vous sur la gestion de la crise?

Les pouvoirs publics ont toujours été en retard d'un coup parce qu'ils n'ont pas compris d'emblée que les crises étaient endogènes, liées au cycle financier (voir encadré page 161). Ils ont réagi au lieu d'anticiper. Dans une première phase, on a cru à une crise locale que les banques seraient capables de surmonter. Les gouvernements ont estimé que le problème n'était pas de leur ressort mais de celui des banques centrales, qui ont effectivement fourni de façon concertée des liquidités. La leçon, à ce stade - en mars 2008 -, était qu'un prêteur international en dernier ressort était nécessaire, et que ce rôle ne pouvait être tenu que par un club de banques centrales.

C'est alors que les difficultés se sont aggravées aux Etats-Unis: la faillite de Bear Stearns qui est intervenue a révélé une crise de solvabilité sous-jacente. On s'est rendu compte de la fragilité des banques d'investissement, qui fonctionnent avec un capital volontairement très réduit, se financent à court terme par des lignes de crédit ou du papier commercial, et portent des actifs qui peuvent être très risqués. La réaction a été le sauvetage de Bear Stearns et la mise à la disposition, par la Fed, d'une ligne de crédit spéciale pour les banques d'investissement. Mais il s'agissait toujours d'une gestion en réaction à un événement.

En juillet, les grosses agences, Freddie Mac et Fannie Mae, très sous-capitalisées, ont à leur tour vacillé. Or ces agences étaient le pivot du système financier américain. Henry Paulson, le secrétaire au Trésor, ne voulait pas les nationaliser. Il a pris une demi-mesure, en espérant qu'elle rassurerait les détenteurs de la dette des agences - ce qui ne fut pas le cas. D'où, en août, des ventes massives de titres qui ont provoqué la baisse du dollar, car elles dépendaient beaucoup du financement étranger, chinois en particulier. C'est ce qui a finalement conduit le gouvernement à les nationaliser en septembre.

Sous l'influence de députés républicains et de conseillers de George W. Bush, il a été décidé de "faire un exemple", en laissant Lehman Brothers faire faillite. Le pari a été perdu: ce fut la crise systémique générale. Les autorités américaines ont compris que les mesures à prendre devaient concerner l'ensemble des banques. Il a alors fallu mobiliser d'énormes ressources publiques. Mais, même à ce stade, les gouvernements du Vieux Continent pensaient que les banques européennes étaient à l'abri... jusqu'à ce que le gel du financement bancaire leur fasse prendre conscience que la crise était globale. Ces retards ont coûté cher à l'économie réelle. En réagissant plus vite, on aurait pu limiter le rationnement du crédit et peut-être éviter la récession.

La situation est pourtant très différente de celle de 1929!

La différence entre ces deux crises n'est pas dans leur logique interne, mais dans l'attitude des Etats, leur capacité de réponse, les institutions qui permettent d'agir sur le système financier. Il y a eu, entre 1930 et 1933, plusieurs vagues de faillites bancaires en chaîne, alors qu'aujourd'hui, les autorités veillent avant tout à éviter les faillites. Dans les années 1930, la crise de liquidité généralisée est allée jusqu'à son terme: la fragmentation des relations internationales, financières d'abord (le retrait des capitaux à court terme américains des banques d'Europe centrale, qui a entraîné l'effondrement des systèmes bancaires autrichien et allemand), puis politiques, avec l'échec de la conférence de Londres en 1933, suivi des replis protectionnistes, de l'arrêt du commerce international et, finalement, de l'implosion de l'économie mondiale qui a conduit à la guerre.

Aujourd'hui, la réaction est très différente: après quelques cafouillages, la crise de liquidité a été traitée par un plan concerté, ample et cohérent. On peut penser que la globalisation va se poursuivre, les gouvernements semblent avoir compris l'importance de la coordination, et il existe des institutions internationales, même si elles ne sont pas encore bien adaptées aux tâches qu'on attend d'elles. Enfin, les pays émergents pèsent beaucoup plus lourd dans l'économie mondiale que ceux des années 1930, qui étaient étroitement dépendants des matières premières: les cours avaient baissé dès avant 1929, provoquant notamment l'effondrement des économies d'Amérique latine. Les émergents d'aujourd'hui sont lancés dans des stratégies de croissance, et si leurs économies ne sont pas découplées de celles des pays riches, elles possèdent cependant une grande capacité de résistance.

Quel sera le coût des plans de sauvetage pour la collectivité?

Ces coûts ne se révéleront qu'a posteriori. La plus grande partie des énormes sommes en jeu dans les plans des gouvernements consiste en garanties, non en dépenses: il n'est pas sûr que les Etats aient à les faire jouer. Les opérations de recapitalisation, elles, vont entraîner une importante augmentation des dettes publiques. Au départ, elles n'ont pas d'effet budgétaire, car ce sont des opérations en capital, non des opérations budgétaires. Mais il y aura des dépenses budgétaires supplémentaires dans les années qui viennent, pour payer les intérêts sur cette dette. Le coût final pour les Etats dépendra de la profondeur et de la durée de la récession. En Suède [le pays a connu une grave crise bancaire au début des années 1990, NDLR], il a été limité à environ 3% du produit intérieur brut (PIB) parce que le gouvernement a réussi, d'une part, à relancer l'économie en dévaluant et, d'autre part, à revendre ses participations assez rapidement dans de bonnes conditions. Mais, en Indonésie, le coût de la crise financière a été estimé à 25% du PIB.

Au total, la dette publique va très probablement augmenter, d'autant que l'Etat devra faire face à des coûts environnementaux et à des problèmes démographiques. On entre donc dans un monde où la socialisation de l'économie va progresser. Le genre de vision du capitalisme qui prône l'Etat minimal et la disparition tendancielle de la dette publique a vécu.

Peut-on parler du grand retour de l'Etat dans la finance?

Pas comme propriétaire. Ce qui se passe aujourd'hui n'a rien à voir avec les nationalisations de 1981. Il s'agit d'une entrée temporaire dans le capital d'entreprises financières pour leur permettre de renforcer leurs bilans; les Etats tenteront ensuite de revendre au mieux leurs participations. Leur vrai rôle est d'imposer des règles de comportement aux institutions financières: elles ne les adopteront pas spontanément. Le contrôle public doit être plus intrusif. La crise a montré qu'il n'y a pas assez de contre-pouvoirs à l'intérieur des banques. Les Etats - disons les instances publiques de régulation - devraient agir pour que se mette en place une action correctrice précoce afin de repérer les dérapages. Ils veilleront à ce que le contrôle des risques soit effectif. Pour cela, il faudra que la surveillance publique puisse s'exercer jusqu'au coeur même des institutions financières. Et que ce ne soient pas elles, comme hier, qui dictent les règles: aux Etats-Unis, les lobbies ont dépensé beaucoup d'argent pour faire annuler le Glass-Steagall Act (1) et permettre aux banques commerciales de faire le métier de banque d'investissement.

Deux conceptions des crises

Les crises peuvent être vues de deux façons. Dans la conception néoclassique standard, ce sont des chocs exogènes qui surviennent sur des marchés efficients et autorégulés, mais qui sont parfois d'une ampleur telle que le réajustement peut être chaotique. Dans la conception keynésienne, au contraire, ce sont des chocs endogènes, liés à l'instabilité intrinsèque de la finance dans un système capitaliste, surtout quand il s'agit d'une finance de marché, désintermédiée: se crée alors un cycle d'interaction entre le développement du crédit, la hausse des valeurs et l'engouement collectif caractérisé par des comportements mimétiques.

Dans cette deuxième hypothèse, confirmée par des historiens comme Charles Kindleberger et par les travaux statistiques récents du FMI ou de Kenneth Rogoff, les crises sont récurrentes et présentent des mécanismes communs. Dans celle de 1929, comme dans la crise actuelle, on voit se déployer l'innovation financière: à l'époque, c'était le crédit sur titres (avec une hausse artificielle des cours boursiers pour accroître la valeur des collatéraux); aujourd'hui, ce sont la titrisation des prêts immobiliers et les dérivés de crédit. Dans les deux cas, le crédit de marché se développe plus rapidement que le crédit des banques commerciales traditionnelles.

La politique monétaire elle aussi est remise en cause...

On a désormais compris que la stabilité financière ne pouvait pas être traitée au coup par coup, mais qu'elle devait être une préoccupation permanente, dans tout le cycle. Alan Greenspan a géré l'instabilité financière de manière asymétrique. Puisque, dans sa logique libérale, les marchés s'autorégulent et que les crises sont exogènes, il fallait les traiter quand elles éclataient. L'expansion très rapide du crédit, à ses yeux, n'était pas une anomalie. Cependant, la Fed a fini par réagir: entre mai 2004 et le printemps 2007, elle a remonté son taux directeur de 1% à 5,5%. Mais elle n'a pas pu faire remonter les taux longs, en raison de l'avalanche d'épargne en provenance du reste du monde qui se déversait sur le marché obligataire américain et alimentait la bulle immobilière. On s'est aperçu alors que la globalisation créait des mécanismes qui réduisaient l'efficacité des politiques monétaires nationales. C'est une réalité dont les banques centrales n'ont pas encore tiré les enseignements. A partir de 2004, l'augmentation de la masse monétaire mondiale a été due, pour les quatre cinquièmes, à celle des réserves de change et non à l'expansion du crédit intérieur.

Cela veut dire que pour gérer le cycle financier, les taux d'intérêt ne suffisent pas. Il faut un autre instrument: une provision en capital, dont le montant serait déterminé globalement, en fonction du rapport entre l'endettement total des banques et le PIB du pays. Cette provision, destinée à parer au risque systémique et à jouer un rôle contracyclique, serait répartie forfaitairement entre les banques. Il ne s'agit pas d'une régulation microéconomique comme les règles dites de "Bâle 2", mais d'une politique macroéconomique, qui relève de la politique monétaire et devrait donc être gérée par les banques centrales.

Et au niveau international, quelles sont les régulations nécessaires?

Ce qui est indispensable, d'abord, c'est l'universalité des règles imposées aux banques. Cela implique absolument de mettre les places off-shore [les paradis fiscaux] sous la loi commune. Sinon, les arbitrages réglementaires continueront. Ces règles doivent s'étendre également aux grands pays émergents. Mais il y a aussi un aspect macroéconomique à la coordination. La mécanique qui a mené à la crise était fondée sur l'accrochage des monnaies de ces pays au dollar. Or il y a des forces qui les poussent à sortir du système de change actuel. Ils ont besoin de retrouver un contrôle monétaire sur leur demande intérieure, mais ils ne le peuvent pas s'ils ancrent leur monnaie sur une devise étrangère.

La solution serait donc d'aller vers des changes plus flexibles. Mais cela veut dire aussi davantage d'instabilité des changes, et pas seulement entre les monnaies occidentales. De nouvelles crises pourraient advenir du fait du change si on ne coordonne pas mieux les politiques économiques. Se posera donc le problème de la gouvernance monétaire mondiale, ce qui pourrait être le rôle du Fonds monétaire international (FMI) ou d'un organe du type G7 élargi.

Notes

(1) Banking Act de 1933 qui avait notamment instauré aux Etats-Unis une séparation entre les métiers de banque de dépôts et de banque d'investissement.

Trente-septième faillite bancaire aux USA depuis le début 2009

La Bank of Lincolnwood s'est déclarée en faillite, vendredi. Elle est la 37e institution bancaire américaine à être mise en faillite depuis le début de cette année.

Une partie des actifs de cette petite banque de l'Illinois va être rachetée par la Republic Bank of Chicago.

Le rythme des faillites bancaires s'est accéléré en 2009, la récession dans laquelle sont entrés les Etats-Unis voici un an et demi continuant de faire des victimes dans le secteur des institutions financières.

Au total, on a dénombré 25 faillites de banques en 2008, contre seulement trois en 2007.

challenges.fr - 06.06.09

Le pistolet autorisé dans les bars du Tennessee

Les clients des bars et restaurants du Tennessee pourront bientôt venir armés de leur pistolet ou de leur revolver, en vertu d'une nouvelle loi adoptée par le Parlement régional, en dépit du veto du gouverneur.

A compter du 14 juillet, ces armes seront autorisées dans les établissements qui ne les interdiront pas, mais la loi maintient l'interdiction de consommer de l'alcool lorsque l'on porte une arme de poing.

Sur les quelque 218.000 détenteurs d'un permis de port d'arme de poing au Tennessee, 278 ont perdu leur licence l'an dernier, selon les données officielles. Depuis 2005, près de 1.200 personnes ont perdu ce permis.

Trente-sept autres Etats des Etats-Unis disposent de lois similaires.
challenges.fr - 06.06.09

Begar quiere despedir al 70% de su plantilla

La constructora Begar empeora su situación a medida que pasan los días. La empresa que preside José Luis Ulibarri, uno de los imputados en el caso Gürtel, la trama de corrupción del PP, sigue sin lograr refinanciar su deuda con la banca y roza la suspensión de pagos, como confirman fuentes del sector y financieras. En este escenario, la empresa prepara un expediente de regulación de empleo (ERE) para des-pedir al 70% de la plantilla.

Serían 860 trabajadores afectados por el ERE, 270 fijos y 590 contratados por obra, según ha anunciado la compañía castellanoleonesa a los sindicatos en una reunión el pasado martes y, por carta desde anteayer, a los trabajadores, informa Efe. El motivo es "la falta de financiación". Como ya avanzó Público, Begar está en una situación financiera límite.

La intención de Ulibarri es presentar el ERE "en diez o quince días", según el secretario de la Federación de Construcción de CCOO en Castilla y León, Benito del Val, quien añade que "los bancos han cerrado el grifo; la empresa no tiene capacidad financiera y está abocada a cerrar".

La mayoría de bancos y cajas acreedores, salvo quizá Caja España a la que la empresa debe unos 100 millones, no están dispuestas a salvar a Ulibarri.

Por otro lado, el apoyo que tenía el empresario en el PP se ha desintegrado desde que el juez Garzón le declaró imputado en la trama de corrupción que se investiga. Una muestra de ello es que la Junta de Castilla y León, uno de los principales clientes de Begar, le ha retirado un contrato, según fuentes del sector, y está advirtiendo a otras constructoras que han formado una unión temporal de empresas (UTE) con Begar que se preparen para asumir su parte del contrato. El Gobierno autonómico no confirmó estos datos.

Impagos

La constructora de Ulibarri, que ha creado en los últimos años su propio imperio audiovisual en Castilla y León, no ha pagado el salario de mayo a sus trabajadores. A esto se une que lleva tiempo incurriendo en impagos con proveedores hasta el punto de que tiene 3.242 registrados en el Registro de Aceptaciones Impagadas. Aunque la cantidad se limita a 37,8 millones y la deuda total de Begar supera los 500 millones, según las fuentes consultadas.

Público.es - 05.06.09

Trabalhadores da Platex esperam que salários sejam pagos até 15 de Junho

Os trabalhadores da Platex, em Tomar, decidiram, esta sexta-feira, esperar até 15 de Junho antes de decidir se entregam um pré-aviso de greve, na expectativa de que o salário de Maio seja saldado até essa data.

Aquilino Coelho, do Sindicato dos Trabalhadores da Construção e Madeiras, disse à agência Lusa que os trabalhadores aprovaram esta sexta-feira, em plenário, uma resolução em que aceitam esperar até 15 de Junho pelo pagamento integral do salário de Maio, uma vez que receberam até agora apenas 300 euros relativos a esse mês.

Frisando que o facto de metade dos trabalhadores da IFM se encontrarem em “lay-off” a meio tempo não permite que a empresa se atrase no pagamento dos salários, Aquilino Coelho disse esperar que a situação seja resolvida «no mais curto espaço de tempo».

Os trabalhadores da Platex iniciaram a 18 de Maio uma concentração frente à porta da empresa, que suspenderam nove dias depois, dando um prazo até esta sexta-feira, dia em que voltaram a encontrar-se depois de se terem reunido, quinta-feira, com a administração da empresa.

Além do pagamento dos salários em atraso, os trabalhadores insistem na garantia de apoios do Estado a uma empresa que, tanto a administração como os sindicatos, têm garantido que é viável.

A 25 de Maio, os trabalhadores da Platex, que emprega 226 pessoas, deslocaram-se a Lisboa, tendo sido recebidos nos Ministérios da Economia e do Trabalho.

TSF - 05.06.09

Sindicatos exigem retroactivos nas pensões

O Governo ainda não esclareceu como ou quando vai corrigir a norma que está a penalizar as novas pensões. Os sindicatos exigem que o valor das pensões atribuídas desde o início de 2008 seja corrigido.

As três estruturas sindicais da função pública exigem que o Governo corrija o valor das pensões atribuídas aos funcionários que se aposentaram desde o início de 2008. Ou seja, a mais de 30 mil pessoas.

Em causa está uma alteração ao Estatuto de Aposentação, em vigor desde Janeiro do ano passado, que, segundo o provedor de Justiça, está a penalizar as pensões.

A norma veio antecipar o acto determinante para aposentação: a data de referência passou a ser a do momento em que a Caixa Geral de Aposentações recebe o requerimento. Porém, a alteração não salvaguardou a relevância do trabalho prestado depois desse momento. Nos meses em que aguardam a aprovação da aposentação os funcionários estão, na prática, a fazer descontos que não são contabilizados para o cálculo da pensão.

Confrontado com a questão, o Governo comprometeu-se a alterar a lei, tal como o DN ontem noticiou. O Ministério das Finanças continua, contudo, sem esclarecer como ou quando.

"A correcção devia ter sido feita ontem", defende Bettencourt Picanço, do Sindicato dos Quadros Técnicos do Estado (STE), salientando que "não há nenhuma razão para o processo não estar concluído antes do final da legislatura". O presidente do STE considera "óbvio" que, tendo a norma prejudicado as novas pensões, estas devam agora ser corrigidas.

Eugénio Rosa defende que o Governo deve acrescentar à lei uma norma que salvaguarde a relevância do trabalho prestado depois do pedido de aposentação. Também o responsável do gabinete técnico da Federação Nacional de Sindicatos, da Frente Comum, defende que a alteração deve contemplar retroactivos. "Isto deve ser feito rapidamente. O encargo não é assim tão grande. Nas pensões altas deve implicar 10 ou 15 euros", afirma.

A Fesap é a única estrutura sindical que admite que a alteração possa estar concluída depois do final desta legislatura, por considerar que a decisão pode criar "dificuldades" na gestão do orçamento da Caixa Geral de Aposen- tações. José Abraão pede, por isso, uma correcção "tão rápida quanto possível", que contemple as pensões já atribuídas ." Não faz sentido as pessoas serem prejudicadas por atrasos relativamente aos quais não têm culpa absolutamente nenhuma. A correcção só se compreende com retroactivos", declara.

D.N. - 06.06.09

05/06/2009

EEUU alcanza la mayor tasa de paro en 26 años

El índice de desempleo en Estados Unidos subió cinco décimas en mayo y se situó en el 9,4% de la fuerza laboral, según ha informado el Departamento de Trabajo estadounidense.

A pesar de que este índice de desempleo es el mayor desde agosto de 1983, el mes pasado la economía tuvo una pérdida neta de unos 345.000 puestos de trabajo , mucho menos que los 500.000 calculados por los analistas.

La economía estadounidense ha tenido una pérdida neta promedio de 643.000 puestos de trabajo durante los seis meses previos, pero la disminución de empleo en mayo fue la menor desde septiembre.

Durante el mes de mayo otras 787.000 personas se sumaron a las filas de los desempleados que sumaron 14,5 millones, según el informe del gobierno.

El índice de desempleo entre los hispanos en EEUU subió del 11,3% al 12,7 por ciento en mayo, y entre los negros bajó del 15% al 14,9% en el mismo período.

El informe muestra, asimismo, que continúa la disparidad en el impacto del desempleo entre hombres y mujeres. El índice de desempleo entre los hombres subió del 10 por ciento en abril al 10,5% en mayo; entre las mujeres subió del 7,8 al 8% en el mismo período.

Público.es - 05.06.09

García Lorca

Naseer Shamma

نصير شمة يعزف غارسيا لوركا


Naseer Shamma was born in 1963, in Al Kut, Iraq. He is one of the greatest oud players

MONTHLY REVIEW! - 04.06.09

La protestation étudiante:

Sous la direction de Bertrand Geay chez Raisons D'Agir

Au printemps 2006, une mobilisation étudiante et lycéenne de grande ampleur, au centre d'un mouvement interprofessionnel réunissant la quasi-totalité des grandes organisations syndicales, conduisait au retrait du « contrat première embauche » (CPE). Cette victoire marquait une rupture après des années de reculs sur le terrain de la défense de l'Etat social et permettait d’espérer en la reprise du « mouvement social ».

Cette mobilisation de la jeunesse scolarisée a surpris et démenti la représentation commune d'une jeunesse « dépolitisée » et repliée sur elle-même. Surgissait au contraire une génération intéressée aux questions sociales et économiques, préoccupée de son avenir, et soucieuse de la conduite des choses politiques.

Produit d'une recherche collective, cet ouvrage dissèque de l’intérieur le déroulement de cette mobilisation en s’appuyant sur un dispositif d’enquêtes multiples, à la fois monographique et statistique, local et national. La décomposition analytique de ce qui apparaît comme une sorte de « fait social total » devient possible : toute une série d'aspects traités le plus souvent de façon séparée peuvent être saisis dans leur logique d’ensemble, et l’on est en mesure de comprendre ce qui conduit d'ordinaire la jeunesse scolarisée à supporter le sort qui lui est fait ou, dans certaines circonstances, à ne plus l'accepter.
Ces analyses se révèlent précieuses pour comprendre la crise du système scolaire et universitaire, ainsi que les mouvements qui sont en train de se développer face à des réformes actuelles. - Transferência

Las supuestas rigideces laborales

Vicenç Navarro

Ha sido una constante del pensamiento económico liberal el atribuir el elevado desempleo en España a las supuestas rigideces del mercado de trabajo. Consecuencia de la enorme influencia de tal pensamiento en la vida política del país, se han aprobado y desarrollado ya cinco reformas del mercado de trabajo, que lo han ido desregulando cada vez más. El desempleo, sin embargo, ha continuado siendo el más elevado de la Unión Europea de los Quince, UE-15 (el grupo de países de semejante nivel de desarrollo económico al español), con incrementos muy notables en los momentos de recesión, como ahora.

Como era de esperar, este aumento del desempleo ha originado, una vez más, llamadas a una mayor desregulación del mercado de trabajo que tendría como consecuencia (dígase lo que se diga) el abaratamiento de los costes del despido. Entre estas llamadas está la del manifiesto “Propuesta para la reactivación laboral en España” firmado en su mayoría por economistas de sensibilidad liberal, que ha sido promovido por el Gabinete de Estudios del Banco de España –el Vaticano del pensamiento liberal de España- así como por las fundaciones financiadas por la Banca y por las Cajas de Ahorro de España, y, también, por la Patronal (la CEOE), que ha añadido su voz a tal coro liberal. Así, el Presidente de la Comisión de Política Económica de la CEOE, el Sr. Luis Feitó, en el Círculo de Economía de Cataluña subrayó que el elevado desempleo en España se debía a las rigideces laborales, consecuencia del excesivo poder de los sindicatos, que al aferrarse en la defensa de los que tienen contratos fijos, dificultan la creación de empleo, pues los empresarios son reacios a contratar más trabajadores, temerosos de que no podrán despedirlos una vez contratados.

El problema con tales teorías liberales es que los hechos no las avalan. El secretariado económico de la OCDE (el club de países más ricos del mundo) había sido en su día el mayor promotor de la desregulación de los mercados de trabajo como medida necesaria para reducir el desempleo. En su famoso informe Employment Outlook 1999, había indicado que el hecho de que el desempleo promedio de los países de la UE-15 hubiera sido mayor (durante el periodo 1980-1999) que el de EEUU, se debía a que los mercados de trabajo de aquellos países eran más rígidos y regulados que los de EEUU. Tal postulado fue ampliamente criticado a los dos lados del Atlántico, pues era fácil demostrar que sus tesis eran erróneas: el desempleo promedio en los países que constituirían la UE-15 había sido menor que en EEUU durante el periodo 1960-1980, sin que hubiera habido un cambio significativo en el nivel de regulación de los mercados de trabajo. En realidad, éstos eran más desregulados y flexibles en los países de la UE-15 en el periodo 1980-2000 (cuando el desempleo creció más), que en el periodo 1960-1980 (cuando el desempleo en aquellos países fue menor que en EEUU). Las diferencias no podían explicarse, pues, por los distintos grados de flexibilidad de los mercados de trabajo, sino por las diferentes políticas macroeconómicas seguidas a los dos lados del Atlántico, siendo éstas más expansivas y keynesianas en EEUU que en la UE, que a partir de los años ochenta siguió políticas restrictivas, en lugar de expansivas, resultado del establecimiento de la UE. Tal evidencia forzó a que la OCDE corrigiera su tesis, reconociendo en su último informe (2006) que “de nuestros análisis de los países de la OCDE podemos afirmar que el impacto de las medidas proteccionistas de empleo (lo que los liberales llaman rigideces laborales) es estadísticamente insignificante para explicar el nivel de desempleo en un país de la OCDE” (OECD Employment Outlook 2006. p. 212).

El crecimiento de la economía española ha dependido predominantemente, desde los años noventa, de la construcción y del turismo. El colapso de la economía del ladrillo, debido al estallido de la burbuja especulativa basada en la alianza de la banca y cajas de ahorro, por un lado, con la industria inmobiliaria y de la construcción, por el otro, y con el apoyo activo del estado español (alianza sobre la cual, el manifiesto no dice nada), ha jugado un papel clave para el crecimiento del desempleo, creando, a su vez, el problema del crédito (el más caro de la UE, del cual el manifiesto guarda silencio), responsable también de la ralentización económica, de la recesión y del elevado desempleo. A estas causas se añade la enorme debilidad del sector público en España, con un escaso desarrollo, no sólo del capital humano, sino del capital social (la red de servicios y transferencias públicos que aseguran la protección y cohesión social de un país), que es fundamental para crear empleo, mejorar la productividad del país y aumentar su riqueza. Tal protección y cohesión social es esencial para garantizar la seguridad de la fuerza de trabajo, y su colaboración para alcanzar la deseada flexibilidad laboral. En la UE, los países que tienen mayor protección social (los países escandinavos y Holanda) son los que tienen mayor flexibilidad y también menor desempleo (el gasto promedio en protección social en aquellos países es 30% del PIB). Es erróneo e injusto pedirle a la clase trabajadora en España (cuyo gasto en protección social es sólo 19% del PIB, el menor en la UE-15, después de Irlanda, con el 18%) que abandone la escasa protección que tiene a través de sus convenios colectivos (con el coste del despido) para conseguir aquella deseada flexibilidad (argumentando erróneamente que ello reducirá el desempleo). España e Irlanda, los países que están destruyendo más empleo en la UE, son también los países con menor protección social. Irlanda, por cierto, tiene un mercado de trabajo incluso más desregulado (tal como está pidiendo el manifiesto liberal) del que tiene España, y ello no ha disminuido el crecimiento de su desempleo. El mundo empresarial y financiero español, que se han opuesto a la expansión del gasto público y de la protección social, prefiere conseguir la flexibilidad laboral a lo duro, facilitando el despido del trabajador. De ahí el elevado desempleo.

Rebelion - 05.06.09

Las fotos vetadas por Berlusconi

Verónica Lario, primera dama italiana, afirmó hace un mes que bajo el influjo de su marido, Silvio Berlusconi, la política italiana se ha convertido en una "basura impúdica", donde sólo cuenta el físico y la televisión, y en la que "muchos padres están dispuestos a cerrar los ojos para ofrecer sus vírgenes al dragón".

Sus palabras desencadenaron un terremoto político que no ha cesado de crecer. En ese contexto, el fotógrafo sardo Antonello Zappadu, de 51 años, que entre 2007 y enero de 2009 fotografió Villa Certosa, la espléndida mansión sarda de Berlusconi, se ha convertido en el principal testigo de cargo.

Zappadu no es un paparazzo, es un reportero y ha preferido proteger la identidad de las personas que aparecen en las imágenes. Por eso, todos los rostros que se ven en estas páginas son irreconocibles porque fueron pixelados por él. Todos, salvo el del propio Berlusconi. Su reportaje refleja cómo es el ambiente en Villa Certosa, con quién se relaciona y cómo vive sus ratos de expansión el primer ministro italiano. La finca ocupa una extensión de 60 hectáreas y se encuentra cerca de Porto Rotondo, la zona más turística de la Costa Esmeralda.

La semana pasada, Zappadu intentó vender su reportaje gráfico a Panorama, una de las revistas vinculadas al imperio mediático de Berlusconi, por 1,5 millones de euros. La revista rechazó pagar ese dinero por las fotos y Berlusconi y sus abogados denunciaron a Zappadu ante la fiscalía y ante el Defensor de la Privacidad por "violación de la intimidad e intento de estafa".

A raíz de la denuncia, el fiscal secuestró todo el archivo de Zappadu, incluidas las imágenes tomadas en lugares de acceso público como el aeropuerto sardo de Olbia.

Esas fotografías han dado origen además a la investigación sobre el presunto uso indebido por parte de Berlusconi de los vuelos de Estado.

El reportero asegura que "prácticamente cada fin de semana", aviones de oficiales pilotados por el 31º Escuadrón de la Aeronáutica Italiana depositaban en el aeropuerto de la Costa Esmeralda a los amigos, artistas, bailarinas y velinas (azafatas televisivas) del primer ministro.

En agosto de 2008, Berlusconi aprobó un reglamento nuevo por el que los vuelos de Estado se extendía a diferentes categorías de acompañantes, en función de las necesidades del primer ministro.

Las fotos de Zappadu atestiguan que cuatro meses antes de entrar en vigor la norma, Berlusconi viajó a Olbia con su amigo el cantante napolitano Mariano Apicella y una supuesta bailaora flamenca.

La oposición sostiene que Berlusconi ha triplicado los gastos y movimientos de pasajeros que originaban esos vuelos en la etapa de Romano Prodi (2007-2008).

Además, según el documento oficial de Aviación Civil al que ha tenido acceso este diario, una orden de presidencia del Gobierno decidió el 4 de junio de 2008 que cinco aviones y helicópteros privados de Berlusconi, a nombre de la compañía Alba y del consorcio de Helicópteros Fininvest, pasaran a ser cualificados desde ese momento como vuelos oficiales del Estado italiano.

Las fotos de Villa Certosa revelan que en la mansión se vive un ambiente desinhibido, vigilado por fuertes medidas de seguridad. El propio Silvio Berlusconi declaró que un hombre que aparece en las fotos de Zappadu es el ex primer ministro checo Mirek Topolanek. Este diario no ha podido comprobar la identidad del hombre que aparece desnudo en una de las imágenes.

El País - 04.06.09

Lo que está en juego en la crisis

Michel Husson - Lo que está en juego en la crisis

Rebelion - 05.06.09

Européennes : Assez de dissimulations !

Michel Soudais

Au lieu d’amuser le bon peuple avec les pages d’écriture de notre cher Président et de sa complice d’outre Rhin, le JDD aurait été plus utile (mais est-ce son objectif ?) en nous révélant ce que ces deux compères et leur acolytes européens nous préparent dans la vie réelle.

Le document que je vous invite à découvrir et à lire n’a été présenté sur aucune chaîne de télévision, ni sur aucune radio. Pas un journal de référence (vous savez ceux qui entretiennent des correspondants à Bruxelles) n’en a soufflé mot. Seul l’Humanité en a révélé, paraît-il [1], la teneur. Celle-ci est bien différente de l’Europe censée nous protéger promise par Sarkozy et Merkel dans leur tribune commune dont toute la presse s’émerveille.

Publié le 28 avril sous la référence 8250/09 [2]il émane du Conseil européen (chefs d’Etat et de gouvernement). Ce qui signifie qu’il a été discuté et approuvé par eux. Nicolas Sarkozy ne peut pas ignorer à Paris ce qu’il a accepté à Bruxelles.
Il rassemble les recommandations que fait le Conseil européen (sous le contrôle et les conseils de la Commission européenne, après que le Parlement ait formulé un avis) aux pays de l’Union pour les politiques à mettre en œuvre de manière coordonnées.
C’est pourquoi sa lecture est éclairante sur ce que le gouvernement nous prépare. On y trouve consigné en effet, dans les grandes lignes, les principales orientations et réformes sur lesquelles le gouvernement s’est engagé sans, bien évidemment, en faire la moindre publicité dans le cadre de la campagne européenne. Il ne manquerait plus que les électeurs soient informés !

Baisse des salaires

S’agissant de la zone euro (pages 86 à 89), on y apprend que pour ces messieurs (et Mme Merkel) « le potentiel de croissance des Etats membres de la zone euro est fortement tributaire de l’intensification des réformes visant à faciliter les ajustements du marché du travail et à renforcer la concurrence dans le secteur des services ». Rien que ça, cela ne me dit rien qui vaille.
D’ailleurs, « dans les économies caractérisées par d’importants déséquilibres extérieurs, l’évolution des coûts du travail doit tenir compte des positions concurrentielles intrazone ». Si comme moi vous ne comprenez pas tout ce charabia, je pense que vous avez au moins compris qu’on va baisser vos salaires pour les aligner sur les plus bas.
Il est aussi demandé aux Etats membres d’appliquer rapidement « les dispositions législatives communautaires », de veiller (malgré la crise), de mettre leur administration et leurs finances publiques au service des « intérêts d’un marché unique dynamique et concurrentiel », de respecter le pacte de stabilité et de croissance, de mettre de la flexicurité et de la flexibilité partout…

Croissance zéro des dépenses publiques...

Les recommandations spécifiques faites à la France sont aux pages 30 à 32. Après évaluation par la Commission et le Conseil de la compatibilité des mesures de relance de l’activité économique avec le pacte de stabilité et de croissance, on y découvre que « des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer l’assainissement budgétaire à moyen terme, renforcer la concurrence dans les secteurs de l’énergie et du fret ferroviaire ainsi que dans les professions réglementées, pour moderniser encore (sic) le marché du travail et augmenter les possibilités de formation professionnelle ».
Plus précisément, « le Conseil recommande à la France de poursuivre la mise en œuvre des réformes structurelles ». C’est ainsi qu’il préconise une « croissance zéro des dépenses publiques » qui « devrait aller de pair avec une nouvelle amélioration (resic) des systèmes de retraite ». En clair, attendez-vous à apprendre qu’il faudra travailler plus longtemps pour des retraites plus faibles.
Autre préconisation du Conseil : « Améliorer encore (re-resic) le cadre global régissant la concurrence », tout particulièrement dans les « industries de réseau (gaz, électricité et fret ferroviaire », ce qui veut dire plus de privatisation ou de libéralisation dans ces secteurs avec les démantèlements que cela implique pour des entreprises comme EDF ou GDF [3]. Mais aussi « en assouplissant les réglementations restrictives appliquées aux secteurs et professions réglementées, en particulier dans le secteur des services ». Traduction : le gouvernement Sarkozy est prié de transcrire au plus vite dans le droit français la directive Bolkestein.
Pour finir et afin de « moderniser encore (re-re-resic) le marché du travail » le Conseil demande de « réduire la segmentation entre les différents types de contrat ». Un seul contrat flexible pour tous, c’est le grand rêve des libéraux et du Medef !

Vous ne serez pas étonnés d’apprendre qu’à la demande du gouvernement, le débat sur le prochain Conseil européen, prévu le 4 juin à l’Assemblée nationale, a été déprogrammé hier. Il est reporté au 10 juin, trois jours après le scrutin...

[1] Je ne l’ai pas trouvé en kiosque.

[2] Vous pouvez le télécharger ici.

[3] C’est les Verts qui vont être contents. Ils détestent tellement le nucléaire qu’ils veulent tuer EDF avec.

politis.fr - 03.06.09

Allemagne - Au pays des «jobs à un euro»

Mathieu Magnaudeix

Le quotidien en ligne français, Mediapart, consacre un article sur la situation sociale en Allemagne, en l’occurrence en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Un article qui mérite lecture. (Réd.)

Andreas s'est fait porter pâle. Le dentiste l'a opéré d'une rage de dents, il n'ira pas travailler. Six heures par jour, cinq jours sur sept, Andreas coupe des planches de bois dans une association. «Ils en font des étagères». Avec ce job, il gagne 9 euros par jour. Un euro cinquante par heure. Andreas, chômeur de longue durée, est un des 300’000 «travailleurs à 1,5 euro». Chaque mois, il touche en plus la somme forfaitaire versée aux chômeurs après un an sans emploi: 351 euros [soit 537 CHF] pour une personne seule.

Andreas fait sa tournée dans Wattenscheid. Une lettre à porter à l'agence pour l'emploi. Un saut à la mutuelle pour se faire rembourser les 25 euros du dentiste. Une visite à la poste pour payer le téléphone: 23,91 euros, «ils m'ont déjà envoyé un avertissement, je dois payer sinon j'aurai des pénalités». Plus tard, il ira faire ses courses au supermarché discount. Il n'a que l'embarras du choix, Wattenscheid regorge de magasins à bas prix. «Je vis avec très peu. Plus de sorties, plus de lectures.» Andreas devait être beau garçon. Il trottine comme un aïeul. Il n'a que 48 ans.

A Wattenscheid (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), les chômeurs sont légion. Dans ce quartier de Bochum, grande ville industrielle de la Ruhr, la région symbole du miracle économique allemand d'après-guerre, il y avait des mines de charbon: à deux pas du centre-ville s'élève la «Holland», aujourd'hui mangée par la végétation. Toutes ont fermé.

A quelques kilomètres, Nokia a supprimé près de 3000 emplois pour délocaliser en Roumanie. Opel a déjà licencié, et voilà que Bochum tremble pour son usine, alors que le constructeur automobile vient d’être racheté par le canadien Magna. «La classe moyenne n'existe quasiment plus. Avant, je voyais des patrons de société passer fièrement dans la rue, maintenant ils font la queue à l'agence pour l'emploi, comme tout le monde», explique une petite dame outrageusement maquillée: l'ancienne directrice de la rédaction du journal local.

A Wattenscheid, ce quartier de Bochum, un habitant sur cinq – ils sont 75’000 – vit d'«Hartz IV»: l'allocation universelle que touchent les chômeurs comme les nécessiteux, 351 euros, somme modulée en fonction des revenus du couple, de son patrimoine et du nombre d'enfants — le loyer et le chauffage sont remboursés par l'agence pour l'emploi. «Hartz IV» est devenu synonyme de pauvreté. L'allocation tire son nom de son inventeur: Peter Hartz, ancien DRH (directeur des ressources humaines) de Volkswagen (VW).

Peter Hartz était un ami du chancelier d'alors, le social-démocrate Gerhard Schröder. C'est lui qui a imaginé la réforme de l'agence pour l'emploi, entrée en vigueur le 1er janvier 2005. L'économie mondiale prospérait, la crise n'était pas encore là. Dans la compétition mondiale, le modèle social allemand devait être adapté, professaient alors les politiques.

La réforme devait réduire le chômage de longue durée, encourager les moins qualifiés à reprendre un travail. Peter Hartz avait avancé des mesures radicales : fusion de l'aide sociale et de l'allocation-chômage, restriction des conditions d'indemnisation. En échange, il proposait de mieux suivre les chômeurs, de les aider à retrouver un emploi, même mal payé. C'est à cette époque qu'ont fleuri les «jobs à 1 euro» comme celui d'Andreas, les «petits boulots».

Gina est en recherche d'emploi. Et elle travaille. Dix heures par semaine, 8 euros par heure, du ménage dans une entreprise de Bochum. En Allemagne, elle occupe ce qu'on appelle un «job à 400 euros»: jusqu'à 400 euros, son patron est exonéré de charges. Elle aussi, mais du coup elle ne cotise pas pour la retraite et l'assurance-maladie. Encore un héritage du duo Hartz-Schröder. Gina aimerait travailler plus. Son patron ne veut pas, il n'y a pas intérêt. La marge de manœuvre de Gina est réduite. «Quand ils ont recruté, ils ont reçu une centaine de candidats, ça a duré deux jours. Ils n'avaient que l'embarras du choix.»

Si les postulants ont afflué, c'est que ce boulot était plutôt bien payé. En Allemagne, il n'y a pas de salaire minimum. Les rémunérations sont négociées dans les branches professionnelles, entre patrons et syndicats. Ce modèle typique était au cœur du «pacte social» forgé dans l'immédiat après-guerre. Une économie industrielle robuste, des amortisseurs sociaux généreux: le diptyque avait soutenu le miracle économique, divine surprise qui avait permis de redresser un pays ruiné et dévasté.

Soixante-quatre ans après la guerre, ce consensus social se délite. De plus en plus d'entrepreneurs ne s'affilient pas aux fédérations patronales ou alors comme membres associés, ce qui leur permet de ne pas appliquer les salaires négociés. En 2007, 52% des salariés étaient payés selon les conditions négociées dans leur branche: c'était encore 66% en 1996 rappelle la chercheuse Odile Chagny dans la revue de l’IRES. Résultat, une «dualisation de l'économie» toujours plus grande. D'un côté, ceux qui bénéficient encore des salaires négociés (conventionnels) – de moins en moins. Derrière la vitre de l'aquarium, les salariés à temps partiel, les CDD (Contrat à durée déterminée), les intérimaires, les travailleurs à leur compte (des vais-faux indépendants – réd).

A l'Est, une coiffeuse gagne 3,05 euros par heure

Dans un même secteur, d'une entreprise à l'autre, les disparités de salaire sont énormes. La caissière d'un supermarché peut être payée 12 euros parce que son entreprise applique le tarif négocié, sa collègue de la chaîne concurrente moitié moins. Dans Allemagne de troisième classe [voir l’ouvrage qui a pour titre : Deutschland Dritter Klasse de Julia Friedrichs, Eva Müller et Boris Baumholt] une enquête sur la pauvreté tout juste publiée. Le lecteur français y découvre avec stupéfaction les salaires horaires d'employés de l'Est: l'abatteur de viande de Saxe (4,50 euros), le jardinier de Thuringe (3,22 euros), la coiffeuse du Brandebourg (3,05 euros.

«Les rangs des pauvres grossissent. Ceux qui ont un travail vivent avec la peur, car ils ne sont qu'à quelques mois de la dégringolade. Du jour au lendemain, ils peuvent se retrouvent avec rien, ou presque», tonne Martin Reucher. Avocat atypique. Son cabinet est situé dans une zone d'activités, sur la voie rapide à la sortie de Bochum, à côté d'un magasin de décoration. A la robe de l'avocat propre sur lui, il préfère le pull zippé et la veste en cuir: Martin Reucher le rocker défend les «Hartz IV» devant les tribunaux. Il trouve la loi inique, veut l'anéantir par le droit. Quelque 700 dossiers s'entassent sur son bureau, deux de plus par jour.

Les chômeurs de Bochum se donnent le mot, son nom passe d'étage en étage dans les escaliers des HLM. «La loi Hartz est tellement mal ficelée qu'elle est attaquable de toutes parts», dit l'avocat. Les procès contre la loi se multiplient: pour la seule ville de Berlin, 9424 procès ont été recensés en 2008, 28% de plus que l'année précédente. Les tribunaux sont débordés.

L'avocat décrit un service de l'emploi toujours plus intrusif. Des agents s'invitent au domicile des chômeurs, épluchent les relevés de compte. Ouvrent les frigos pour compter les pots de confiture: «S'il n'y en a qu'un, ils en concluent que cette colocation est en fait un couple.» Dans ce cas, les allocations peuvent être revues à la baisse car l'un des deux habitants gagne assez pour entretenir l'autre.

Avec la réforme Hartz, les services communaux de l'aide sociale et les agences pour l'emploi ont été fusionnés. Raison invoquée, lutter au plus près contre le chômage. «Le pouvoir est descendu beaucoup plus bas dans la structure bureaucratique, analyse Martin Reucher. Les fonctionnaires ont désormais un pouvoir incroyable.»

Les sanctions pleuvent: l'administration ponctionne une partie des 351 euros si elle estime que la recherche d'emploi n'est pas assez active, demande aux chômeurs de changer d'appartement parce que le leur est trop cher. «La moitié de mes mandants sont malades psychiquement, un quart souffre de troubles graves. Imaginez leur schizophrénie: ils doivent se comporter comme s'il y avait un marché du travail, alors qu'il n'y a pas d'offres!» Martin Reucher craint que la crise ne fasse exploser la marmite sociale.

L'Allemagne découvre ses pauvres

Dans Allemagne de troisième classe, les auteurs – trois journalistes qui ont découvert cette «nouvelle pauvreté» en tournant des reportages pour la télévision – décrivent des constellations encore ignorées par beaucoup. Ils défrichent le champ quasi inexploré de la pauvreté extrême, des familles dont tous les membres vivent d'Hartz IV, des journées passées à allumer des cigarettes, l'abrutissement devant la télévision.

D'après eux, l'Allemagne a changé de visage le 9 août 2002. Ce jour-là, Peter Hartz remettait au chancelier Schröder son rapport, prélude à la «plus grande réforme sociale de la République fédérale». «Ce fut le jour où progressivement une nouvelle classe sociale est née: la classe des précaires, des gens d'en dessous, des gens en trop.»

On bascule vite dans Hartz IV, le chômage n’est indemnisé qu’un an, deux pour les plus de 50 ans. Les 660 euros que touchent en moyenne les 6,7 millions d'allocataires d'Hartz IV sont inférieurs au seuil de pauvreté (880 euros). Selon une étude récente de l’IAB (Institut für Arbeitsmarkt- und Berufforschung), qui dépend de l'agence fédérale pour l'emploi, un Allemand sur cinq a eu recours à Hartz IV au moins un mois depuis 2005. Le dispositif ressemble à une trappe à pauvreté: 40% des bénéficiaires sortis du système y ont eu recours un an après.

Les économistes disent que les réformes Schröder du marché du travail ont fait émerger la «pauvreté cachée». Ces pauvres à découvert atterrissent chez Manfred Baasner. Gentil papy à moustache, ancien chef d'entreprise, il dirige en homme d'affaires les Tafel (table) de Wattenscheid, qui sont l'équivalent des Restos du cœur en France.

On est mardi, c'est distribution de nourriture. Des gens de tous les âges, des hommes et des femmes, des couples de retraités impressionnés qui se chuchotent à l'oreille. Des Allemands de souche, des Turcs, des Russes..., tous avancent sans un bruit, piochent légumes et fruits dans des caisses de plastique vert.

Il y a dix ans, les Tafel de Wattenscheid distribuaient repas et vêtements pour quelques marginaux, «souvent des SDF», raconte Baasner. Aujourd'hui, il recense 8000 bénéficiaires. La structure est devenue, selon Manfred Baasner, le plus grand Tafel d'Allemagne. «Certains samedis, il y a 1500 personnes», dit-il en montrant son petit empire pour les pauvres, un ancien magasin de bricolage qu'il n'en finit pas de retaper.

Le SPD tente de renouer avec les victimes de ses réformes

Celui qui est pauvre le voulait bien, se sont longtemps dit les Allemands. Le pays s'est penché sur sa propre misère quand les médias ont évoqué ces 2,5 millions d'enfants qui vivent dans des familles démunies. Il commence tout juste à se préoccuper de celle des adultes.

Le 19 mai 2009, une fédération d’associations sociale, le Paritätische Wohlfhartsverband (PW) publiait une étude sur la pauvreté.

Grande première, les chiffres étaient détaillés Etat (Land) par Etat, ville par ville. Le lendemain, cet «atlas de la pauvreté» faisait la une de la presse. «Quand vais-je devenir pauvre ? Un Allemand sur 7 menacé», annonçait en énormes lettres blanches sur fond noir le quotidien populaire Bild. «Des territoires entiers risquent de dépérir, l'Ouest n'est pas épargné», renchérissait la Tageszeitung de Berlin. Que la carte ait mis en avant la désolation économique de certaines zones de l'Est, notamment près de la frontière polonaise, passe encore. Mais que l'Ouest, lui aussi, ait ses ghettos de pauvres! Inimaginable il y a encore quelques années...

«L'Allemagne risque d'imploser», affirment les responsables du PW. Les inégalités de revenus sont devenues béantes. «L'évolution est effrayante», affirmait l'an dernier l'économiste Markus Grabka dans l'hebdomadaire Der Spiegel. Le chercheur de l’institut DIW (Deutsche Institut für Wirtschaftsforschung) de Berlin a calculé qu'entre 1992 et 2006, le revenu des 10% les plus pauvres a baissé de 13%, tandis que celui des plus riches s'est accru d'un tiers.

A partir de 2000, les inégalités de revenus ont explosé. Gerhard Schröder, fils d'ouvrier, a été élu en 1998: c'est sous ses deux mandats que le grand fossé s'est creusé. A l'approche des législatives de septembre, les héritiers de Schröder tentent de renouer avec les précaires et les bas salaires, premières victimes des réformes Hartz. Le SPD promet d'instaurer un Smic de 7,50 euros si son candidat, l'actuel ministre des affaires étrangères, Frank Walter Teinmeier, est élu chancelier.

Dans chaque ville, les affiches de campagne du parti montrent une femme de chambre en train de dresser un lit. On y lit : «Pour qu'elle aussi puisse vivre de son salaire».

La ficelle est vraiment trop grosse. Dans les sondages, le SPD est régulièrement donné perdant: même pauvres, les électeurs ont de la mémoire.

encontre.org - 05.06.09

« L’Europe est prise en étau entre néo et ultralibéraux »

Thomas Lemahieu

Dans L’Europe sociale n’aura pas lieu (Raisons d’agir Éditions), François Denord et Antoine Schwartz revisitent cinquante ans de construction libérale de l’Union européenne. Salutaire et décapante, leur thèse nous invite à mettre les doigts dans cet engrenage, mais pour l’arrêter enfin…

Libre-échange, atlantisme et technocratie : les traits essentiels de l’Union européenne telle qu’elle existe aujourd’hui ont été élaborés dès l’origine, gravés dans le marbre et consolidés de traité en traité. À rebours des contes et légendes de la construction européenne, François Denord et Antoine Schwartz, auteurs de L’Europe sociale n’aura pas lieu (Raisons d’agir Éditions, 7 euros), montrent, faits et citations à l’appui, que, derrière leurs rêves pacifistes, les « pères fondateurs » réalisent une autre utopie, bien plus décisive pour le visage de l’Union européenne : celle du néolibéralisme. Dans leur ouvrage concis et dense, les deux jeunes chercheurs (en sociologie pour le premier, en sciences politiques pour le second) dressent une galerie de portraits des « éminences grises », presque toujours sous influence américaine, partisans du despotisme éclairé et de l’ouverture des marchés. Très convaincants, ils vont chercher, du côté des « ordolibéraux » allemands d’abord, et des têtes pensantes de l’École de Chicago dans une moindre mesure, les racines politiques du néolibéralisme particulier qui s’est imposé dans l’Union européenne : un grand marché basé sur le fameux principe de la « concurrence libre et non faussée », animé et surtout protégé par les interventions permanentes d’institutions, comme la Commission, placées hors de portée de tout contrôle démocratique.

Au fil de leur livre, ils font aussi le procès de la conversion d’une partie de la gauche, socialiste et social-démocrate, aux canons libéraux de l’Union européenne. Une adhésion immédiate, là encore, volontaire et même enthousiaste : « Moi, socialiste, j’aimerais mieux une Europe libérale que pas d’Europe du tout, et je pense que nos amis libéraux aimeraient mieux une Europe socialiste que pas d’Europe du tout », expliquait André Philip à la fin des années 1940. Et Denord et Schwartz, qui exhument cet aveu programmatique et annonciateur des renoncements ultérieurs, d’observer : « Cette réciprocité, ses "amis libéraux" n’eurent jamais à la rendre. » Alors que les rois de la procrastination en matière d’« Europe sociale » rivalisent d’ingéniosité pour promettre une fois de plus des lendemains qui chanteront à tue-tête selon la couleur du Parlement européen, alors que le PPE et le PSE ont fini par se retrouver autour de l’expression typiquement néolibérale d’« économie sociale de marché », peut-être le temps est-il venu d’obliger les prosélytes du libre-échange et les zélateurs de la mondialisation capitaliste à démontrer qu’ils préféreraient une « Europe sociale » à pas d’Europe du tout…

Dans votre livre, L’Europe sociale n’aura pas lieu, vous jetez une lumière crue sur le rôle des néolibéraux, aussi déterminant qu’ignoré la plupart du temps, dans l’histoire de la construction européenne. Dès les fondations, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le cadre de l’Europe libérale actuelle est-il vraiment tout tracé ?

Antoine Schwartz. L’histoire de la construction européenne est fréquemment racontée à la manière d’une fable, avec ses héros, les « pères fondateurs », qui sont toujours généreux, courageux, désintéressés et apolitiques. Selon ce récit, le projet européen se limiterait à la recherche de la paix et à la réalisation de grandes aspirations humanistes. À travers une relecture critique, nous montrons la dimension proprement conservatrice et anti-progressiste d’un projet porté, dès le départ, par des élites atlantistes qui défendent les intérêts économiques du patronat et qui sont enserrées dans les enjeux géopolitiques de la guerre froide… Dans ce contexte, on comprend vite que le trait essentiel qui caractérise les conceptions des « pères fondateurs » n’est pas précisément l’humanisme.

François Denord. À nos yeux, l’Europe actuelle ne correspond pas à une sorte de déviation du projet des « pères fondateurs », mais plutôt à son aboutissement. Elle s’est toujours réalisée par la voie technocratique : Jean Monnet estimait que certaines grandes décisions politiques n’avaient pas à être soumises à la volonté des peuples ou de leurs représentants. L’unification de l’Europe se caractérise aussi par son inspiration néolibérale. Là aussi, c’était visible dès le début : Monnet disait que créer la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), ce n’était pas instaurer du dirigisme ou de la planification, mais plutôt organiser la concurrence entre les pays sur un marché donné. Or, s’il y a bien une politique centrale de l’Union européenne aujourd’hui, c’est celle de la concurrence.

Dès les négociations sur le traité de Rome, rappelez-vous, la question d’une harmonisation sociale, préalable à l’ouverture des marchés, est posée…

Antoine Schwartz. En France, le Quai d’Orsay l’avait envisagée. Des hommes politiques de premier plan comme Pierre Mendès France estimaient que c’était une condition nécessaire avant d’accepter de réaliser ce grand marché commun. Chez les petits patrons, accepter l’ouverture brutale de l’économie au jeu de la concurrence n’avait rien d’évident. Mais toutes les velléités ont buté sur le refus du patronat allemand. Et cette harmonisation sociale est restée le cadavre dans le placard, comme un mirage inatteignable, quelque chose qui va sans arrêt revenir sur le tapis, mais sans jamais voir le jour. Évidemment, une des raisons pour lesquelles le patronat et les néolibéraux se révèlent immédiatement de fervents partisans de la construction européenne, c’est justement parce qu’il n’y a pas d’harmonisation sociale. L’Europe leur apparaît comme le moyen de dompter les économies administrées et de mater les revendications salariales.

François Denord. Plus tard, l’idée d’Europe sociale reviendra dans la bouche de Jacques Delors : il a expliqué que, lui, il voulait introduire des critères sociaux dans le traité de Maastricht, mais que, malheureusement, les autres n’avaient pas voulu l’écouter. Lionel Jospin demandera que le pacte de stabilité soit contrebalancé par une politique sociale et de croissance et, du coup, on parlera d’un pacte de stabilité et de croissance… Au fond, à chaque étape, sur le plan social, les progrès réalisés sont toujours extrêmement minces.

Vous évoquiez le refus de toute harmonisation sociale, décrété dès le départ par le gouvernement de la RFA… En France, l’influence du néolibéralisme allemand sur la construction européenne semble passablement méconnue. Pourriez-vous nous éclairer ?

François Denord. On minimise souvent le rôle de l’Allemagne dans la construction européenne. Or, c’est un pays qui a la particularité de s’être reconstruit, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, non pas par une voie d’économie socialisante, mais par une voie libérale. Et l’Allemagne va très rapidement devenir la principale puissance économique de l’ouest de l’Europe. Elle aura une voix prépondérante dans tous les débats sur les questions d’organisation économique et sociale. L’« ordolibéralisme », comme on l’appelle en Allemagne, est un peu particulier : c’est un néolibéralisme dans lequel le rôle de l’État est très important pour encadrer la concurrence et permettre au marché de fonctionner effectivement. On va lutter contre les ententes entre les entreprises, contre les cartels. C’est un trait central de la communauté européenne qui continue d’exister aujourd’hui, quand la Commission condamne Intel pour abus de position dominante, ou les chantiers navals de Gdansk parce qu’ils touchent des aides de l’État polonais. Le traité de Rome est marqué par cette conception : on construit un marché qu’on encadre par un certain nombre de lois contenues dans les articles du traité, et on donne naissance à des institutions qui vont protéger ce marché… Au premier rang de ces institutions, il y a la Commission, chargée de s’assurer que la concurrence est bel et bien libre et non faussée sur le territoire européen.

Ironie de l’histoire ou symbole cruel : les néolibéraux allemands forgent à cette époque l’expression « économie sociale de marché » qui fait désormais florès jusque dans les rangs des socialistes européens…

François Denord. Oui, et en avril 2008, on voit même le PS français plaider pour une « économie sociale de marché » à laquelle il ajoute la précision « et écologique »… En réalité, « économie sociale de marché », cela signifie une économie de marché qui, pour exister, a besoin d’un certain nombre de conditions institutionnelles et sociales. C’est dans ce sens-là que l’entendent les concepteurs de l’expression, les ordolibéraux allemands. Chez eux, ça va assez loin : afin de protéger l’économie sociale de marché, il convient de mener des politiques de société. Cela signifie qu’on va demander aux individus d’avoir des comportements conformes à ce que requiert l’économie de marché : ils doivent être responsabilisés, ils doivent être individuellement propriétaires, etc. Dès lors, c’est sûr qu’une économie sociale de marché, ça n’a rien à voir avec le socialisme ! Peut-être est-ce un terme très séduisant qui a permis plus tard le ralliement de la social-démocratie à l’économie sociale de marché, mais on devrait dire « économie de marché » ou « libéralisme économique », car ça revient exactement au même.

Il n’y a pas de tournant, expliquez-vous, le néolibéralisme est là dès les origines de l’Union européenne. Mais n’y a-t-il pas une accélération à la fin des années 1970 ?

François Denord. En réalité, les États peuvent s’abstenir pendant un certain nombre d’années de suivre les règles du traité de Rome. C’est manifeste sur le plan industriel : ils ne cessent d’enfreindre les règles au cours des premières décennies. À la fin des années 1970, l’Union européenne incite même les États à ne pas respecter ses canons libéraux en période de crise. C’est le paradoxe de cette époque : on a déjà des traités néolibéraux et atlantistes, mais les États parviennent encore à ne pas respecter les règles. L’histoire se précipite après 1979, avec l’« arrêt cassis de Dijon », rendu par la Cour de justice des communautés européennes (CJCE), et la préparation de l’acte unique. Dans l’équilibre entre les États et l’Union européenne, c’est l’Union européenne qui va prendre le pas et qui va devenir un moteur des transformations.

Antoine Schwartz. L’acte unique fait pencher la balance. C’est un traité fondamental, imaginé et impulsé par un lobby patronal, l’European Round Table of Industrialists (ERT). Ce sont les représentants des grandes entreprises qui en écrivent le script et qui le conçoivent ouvertement comme un instrument pour réaliser un marché qui favorisera les multinationales. Et c’est un nouveau paradoxe : qui va être le principal porte-parole de l’acte unique, le grand instigateur du marché unique ? C’est un socialiste, aujourd’hui célébré : Jacques Delors. Or, dans le fond, l’acte unique porte en germe la monnaie unique et, plus grave encore, il préfigure la libéralisation de la circulation des capitaux, dont on voit bien aujourd’hui combien elle pèse dans les enjeux actuels.

C’est de cette époque aussi que date une grande innovation, déterminante dans le cours libéral de la construction européenne : le principe de reconnaissance mutuelle qui met en concurrence les législations…

François Denord. C’est un coup de génie juridique et on pourrait dire que, dès que ce principe émerge, la directive Bolkestein est dans les tuyaux. Selon cette conception, on n’aura jamais besoin d’harmoniser quoi que ce soit, on n’a qu’à reconnaître la validité de chacun des droits dans les autres États. Et du même coup, on organise une concurrence sur tous les plans entre les États membres.

Antoine Schwartz. Cette Europe prétend sans arrêt unir : unir les peuples, unir les citoyens… Mais en fait, elle les divise, elle ne cesse de les opposer : elle oppose les protections sociales entre elles, elle oppose les travailleurs entre eux et place l’économie sous pression… Elle met en concurrence les législations sociales et finalement les sociétés elles-mêmes…

Si l’on se fie à cette analyse, ne peut-on pas considérer que Margaret Thatcher, souvent présentée en France comme isolée, voire marginalisée, se trouve en fait au coeur de la construction néolibérale de cette Europe ?

François Denord. Bien sûr. Dans le livre, on revient sur cette opposition construite dans les années 1980 entre la vision de Margaret Thatcher et celle de Jacques Delors. À nos yeux, ce sont les deux facettes de l’Union européenne : vous avez d’un côté le grand marché et rien que le marché, et de l’autre, le marché d’abord, en attendant de faire mieux… C’est soit quelqu’un qui est pour une libéralisation de grande ampleur, soit quelqu’un qui accepte une libéralisation de grande ampleur en priant pour que, plus tard, on fasse une Europe un peu sociale.

Antoine Schwartz. Il y a, je pense, une opposition réelle entre eux, parce que Jacques Delors n’avait pas le même rêve d’Europe que Margaret Thatcher, mais ce qui est intéressant, c’est que, dans la réalité, ils se sont mis d’accord pour impulser ensemble l’acte unique européen et parachever l’Europe des marchés.

François Denord. Les positions thatchériennes, ou même, aujourd’hui, celles d’un Vaclav Klaus, le président de la République tchèque, souvent présentées comme « europhobes », sont en vérité tout à fait conformes. Dans l’Union européenne, on est pris en étau entre les néolibéraux et les ultralibéraux qui refusent toute intervention « bureaucratique ». Et au mieux, il s’agit de trouver une position entre deux bornes bien précises : économie sociale de marché et économie de marché tout court. Tout le « débat » est là.

Dans certains cercles ultralibéraux, un personnage comme Vaclav Klaus est en passe de devenir une idole parce qu’il refuse absolument toute idée d’Europe simplement politique. Ces gens sont caricaturaux sans doute, mais sont-ils vraiment marginaux ?

François Denord. L’Union européenne a réalisé l’ambition des néolibéraux pendant cinquante ans… Mais c’est vrai qu’aujourd’hui certains rivalisent de radicalité et en appellent à une nouvelle phase : l’Europe a dépossédé les États de leurs attributions économiques, et le temps serait maintenant venu de déposséder l’Union européenne de ses attributions économiques. Les tenants de cette position existent, mais ils sont tout de même assez minoritaires. Au contraire, avec la crise, c’est, je pense, le modèle originel, et néolibéral, de l’Europe : la Commission organise les marchés, élabore des codes de bonne conduite et veille, à travers les législations, à leur bon fonctionnement…

Comment l’Europe sociale aura-t-elle lieu, malgré tout ?

Antoine Schwartz. Croit-on qu’un simple changement de majorité au Parlement européen permettrait d’instituer cette Europe sociale ? On en parle tout au long de notre livre, les fondements de cette Union néolibérale peuvent être rassemblés en trois piliers : le libre-échange, le monétarisme et la concurrence. Ce sont ces trois piliers qu’il faut abattre si l’on prétend réaliser l’Europe sociale à laquelle peuvent aspirer des dizaines de millions de salariés et de citoyens européens. L’une des thèses que lsoulève, c’est que, sans doute, le gouvernement d’un État membre qui aurait les ambitions d’une politique progressiste serait lui-même bloqué, dans une situation presque d’impuissance, étant donné que les traités lui coupent les deux bras, budgétaire et monétaire. En voulant mener une politique différente, ce gouvernement serait amené lui-même à provoquer une crise, à rechercher d’autres soutiens et à poser les bases d’une renégociation des traités.

François Denord. Aujourd’hui, cela paraîtrait un acte politiquement scandaleux, incroyable, qu’un État puisse dire : « Non, j’arrête avec cette ligne-là, je n’en veux pas, j’en voudrais une autre. » Mais on oublie que, quand le général de Gaulle a voulu mettre son poids dans la balance, il a gagné des choses ; quand Margaret Thatcher l’a fait, elle a obtenu des résultats… Et Nicolas Sarkozy prétend aujourd’hui peser de tout son poids, mais en réalité, ce qu’il fait adopter, c’est un mini-traité qui n’est que la confirmation des traités précédents et qui ne change strictement rien à l’architecture européenne. On nous rebat les oreilles avec les perspectives de plus d’Europe sociale, de plus d’Europe politique, de plus d’Europe démocratique, mais en même temps, on nous pond un mini-traité dans lequel la Banque centrale européenne est toujours aussi indépendante, dans lequel la coordination des politiques économiques n’existe toujours pas dans l’Union européenne, etc. C’est toute l’ambivalence des positions en apparence « volontaristes » des gouvernants actuels.
L'Humanité - 02.06.09

Proximité familiale et organisation résidentielle de la parentèle dans les élites d’une ville d’Europe du Sud - L’exemple de Naples

Thomas Pfirsch

De nombreuses études ont souligné l’importance de la proximité résidentielle entre membres d’une même famille en Europe du Sud. Mais rares sont les travaux qui ont étudié ce phénomène au sein des classes supérieures, où la proximité familiale atteint pourtant des taux records, et à une échelle intra-urbaine, alors que les formes d’agrégation familiale dépendent fortement du contexte urbain. C’est sur cette importance des effets de la position sociale et des structures urbaines sur la proximité familiale en Europe du Sud que voudrait insister cet article, en se limitant à un milieu précis, celui des classes supérieures napolitaines. L’enquête s’est fondée sur le croisement de sources quantitatives avec une campagne d’entretiens ayant permis de reconstituer avec précision le parcours résidentiel de 50 parentèles de la vieille bourgeoisie napolitaine dans la ville sur quatre générations. Il en ressort que si les formes de proximité familiale observées dans les classes supérieures de la ville (« quasi-cohabitations » en immeuble et regroupements en rues voisines) renvoient bien à des modèles culturels sud-européens, elles revêtent aussi de fortes spécificités car il s’agit de vastes concentrations familiales durablement reproduites dans les mêmes quartiers de centre-ville sur plus de trois générations. Outre les mécanismes « familiaux » du marché du logement, ce sont donc aussi l’emprise patrimoniale sur la ville et la position des familles étudiées dans un cycle d’intégration urbain qui expliquent leur forte concentration dans l’espace. - PDF
articulo.revues.org - Hors série 1 | 2009

Administração Regional de Saúde do Norte confirma que estão a aumentar os casos de tuberculose em Resende

Etats-Unis : La crise du système de santé affecte de plus en plus les femmes

Natascha Grimmelshausen - world socialist - Mondialisation.ca - 4 juin 2009

Le système de santé américain, inefficace et coûteux, pose un réel problème à des millions de travailleurs. La crise économique mondiale avec son lot de licenciements de masse et d'attaques contre les programmes sociaux ne fait qu'aggraver les problèmes endémiques des services médicaux. Les femmes et les enfants sont parmi les personnes les plus touchées par cette crise.

Selon l'American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG, association des gynécologues et obstétriciens) environ 47 millions de personnes aux Etats-Unis n'ont pas d'assurance maladie. L'ACOG prévoit que ce chiffre s'élèvera à plus de 54 millions d'ici 2019. « Le coût de la couverture médicale augmente dix fois plus vite que le salaire américain médian, ce qui rend quasiment impossible à bien des familles de souscrire à une assurance maladie et de survivre, » a dit dans un communiqué de presse Douglas H Kirkpatrick, le président d'ACOG.

Dans le contexte de la pire récession depuis la grande dépression de 1929, il est probable que la perte de l'assurance maladie pour les individus isolés et les familles se fera à un rythme beaucoup plus rapide. Non seulement on assiste à la suppression de millions d'emplois fournissant une assurance maladie, mais de nombreux travailleurs en activité sont confrontés à des cotisations plus élevées ou à la perte de l'assurance maladie du fait que leur employeur cherche à réduire les coûts.

Les rangs qui ne cessent de grossir des personnes ne disposant pas de l'assurance maladie, soit un cinquième de la population, sont moins en mesure d'avoir recours aux soins préventifs étant donné leurs coûts prohibitifs. Ces dépenses, pour soins dentaires, examens de routine, rendez-vous chez le médecin et dépistages de problèmes médicaux potentiels, sont évitées au profit du règlement de factures, paiement d'hypothèques ou de dettes. De ce fait, le diagnostic pour ces personnes non assurées sera beaucoup plus tardif et à un stade plus avancé de la maladie et l'intervention médicale après diagnostic sera moins adéquate. Même lorsqu'il y a traitement, les coûts énormes engendrés peuvent plonger la personne non couverte dans des dettes durant des années.

Les femmes sans assurance maladie aux Etats-Unis

Parmi les personnes ne jouissant pas d'une assurance maladie aux Etats-Unis en 2006, le rapport de l'ACOG signale que 45 pour cent étaient des femmes. Du fait qu'une proportion élevée de femmes a tendance à dépendre de la couverture médicale de leur mari, ce sont elles les perdantes lorsque les entreprises n'assurent plus la couverture familiale ou augmentent les cotisations. Elles perdent aussi leur couverture médicale en cas de divorce ou de décès de leur mari. Les femmes entre 55 et 65 ans sont 20 fois plus que les hommes susceptibles de ne pas être assurées selon l'ACOG.

Treize pour cent des femmes enceintes n'ont pas d'assurance maladie selon le rapport de l'ACOG. Cela peut avoir des effets immédiats comme à long terme sur la mère et l'enfant. La mère ne cherchera peut-être pas à avoir un suivi prénatal, ce qui peut représenter un risque pour elle-même ou le foetus en cas de carence en vitamines, minéraux et autres nutriments. Cela peut sérieusement mettre en danger voire causer la mort du foetus ou de la mère si une complication n'était pas détectée à temps.

Avec l'augmentation du nombre de femmes enceintes non couvertes par l'assurance maladie, le risque de mortalité infantile augmente aussi. Selon un communiqué de presse de Centers for Disease Control (CDC, centres de contrôle des maladies) d'octobre 2008, le taux de mortalité infantile était de 6,22 (mort de foetus à 20 semaines de gestation ou plus pour 1 000 naissances normales et morts de foetus.) Le « Factbook » de la CIA estime à 6,26 ce taux pour 2009, ce qui le place au 28e rang mondial des pays industrialisés, derrière Cuba et juste avant la Croatie et la Slovaquie.

Une autre facette de cet énorme problème est l'important écart existant entre femmes blanches et noires en matière de mortalité infantile. En 2005, le taux de mortalité infantile aux USA concernant les femmes blanches non hispaniques était de 4,79, ce qui est quasiment le même que celui des femmes asiatiques ou des îles du Pacifique où le taux de mortalité infantile s'élève à 4,78.

C'est un taux nettement moins important que celui des femmes noires non hispaniques dont le taux de mortalité infantile est de 11,13 soit un chiffre choquant. Les Indiennes d'Amérique et les femmes natives de l'Alaska ont un taux similaire à celui des femmes blanches non hispaniques, avec 6,18 et les femmes hispaniques à 5,46. Le centre national des statistiques de santé du CDC explique qu'un risque plus important d'accouchements avant terme chez les Afro-américaines explique en grande partie ce taux élevé de mortalité infantile parmi ces femmes.

L'augmentation du prix des contraceptifs

De nombreuses jeunes femmes étudiantes, couvertes ou non par l'assurance maladie, comptent sur les dispensaires de leur université pour leur fournir la pilule à un prix modique ainsi que les examens médicaux annuels. Ces programmes ont été confrontés à des coupes budgétaires du fait de la crise économique. Simultanément, les compagnies pharmaceutiques sont en train d'augmenter les prix pour ces centres dans les universités. Auparavant, les dispensaires universitaires pouvaient recevoir des médicaments à prix réduit, mais la Loi relative à la réduction du déficit qui a pris effet en janvier n'a pas renouvelé cette prestation.

Selon le magazine Time, de nombreuses étudiantes doivent payer entre 30 et 50 dollars par mois pour la pilule, au lieu de 3 à 10 dollars auparavant. Cela incite les jeunes femmes soit à cesser de prendre la pilule soit à se priver d'autre chose dans leur budget pour pouvoir la prendre. Les femmes qui n'ont pas d'assurance maladie sont aussi beaucoup moins à même de subir des examens médicaux annuels ou des tests de prévention, dont les coûts sont souvent hors de portée des étudiantes. Sans ces tests, les femmes courent un plus grand risque de ne pas être dépistées ou de l'être trop tard pour des problèmes graves tels les kystes ovariens, les maladies sexuellement transmissibles, le cancer de l'utérus, les maladies inflammatoires pelviennes ou l'infertilité.

Augmentation du taux d'avortement

Les cliniques du planning familial d'Illinois font état d'un nombre record de procédures d'avortement pour janvier de cette année. Leur président Steve Trombley a déclaré que bon nombre de ces avortements sont motivés par la crise économique, bien que l'organisation n'ait pas publié de données sur la question. Dans les cliniques du planning familial de la région de St Louis, il y a eu une augmentation de près de 7 pour cent des avortements dans la seconde moitié de 2008 par rapport à l'année précédente.

Certaines femmes retardent les avortements durant le premier trimestre de grossesse car elles ont besoin de davantage de temps pour réunir l'argent nécessaire. Selon le San Francisco Chronicle, retarder au deuxième trimestre un avortement augmente le prix, du simple au double, et augmente aussi les risques encourus par les femmes.

Pessoal da função pública há oito anos com recibo verde

Os inspectores do Instituto Português de Acreditação (IPAC) estão a recibos verdes há oito anos e exigem a "regularização dos vínculos laborais". O Sindicato dos Trabalhadores da Função Pública do Sul e Açores (STFPSA) vai reunir-se dia 16 de Junho com a tutela, até porque existem mais casos: "Há mais de dez mil funcionários públicos precários", denuncia Rafael Louro, da estrutura sindical.

"São todos os trabalhadores do IPAC que estão numa situação precária, além de que são poucos para o trabalho que têm. Mas há mais de dez mil pessoas nestas condições distribuídas pelos vários organismos da função pública", sublinha este dirigente do STFPSA.

Os trabalhadores do IPAC estavam afectos ao serviço de acreditação do Instituto Português da Qualidade, cuja cisão, em 2004, fez com que fossem para o novo instituto. São 13 pessoas que respeitam um horário de trabalho, têm tarefas predefinidas, férias e subsídios, mas são considerados trabalhadores independentes.

Inês Judas é um desses funcionários e conta que estão fartos de promessas. "A justificação para a não integração foi a falta do mapa de pessoal, mas este já foi aprovado e continuamos numa situação precária", protesta.

As tutela diz que a integração está dependente de um concurso público, ao qual estão impedidos de concorrer na primeira fase. É que, segundo a Lei 12-A/2008, o certame deve ser aberto em primeiro lugar aos funcionários públicos e eles não têm vínculo. São trabalhadores independentes.

Inês diz que além de estarem a trabalhar sem um vínculo laboral, reduziram os efectivos, o que os tem obrigado a prolongar o horário de trabalho. E o mapa de pessoal prevê 25 pessoas e estão 13.

Os trabalhadores lançaram uma petição online dirigida aos ministérios da Economia e Inovação e das Finanças, que recolheu 900 assinaturas. Sublinham que a situação "ameaça seriamente a competência técnica do Instituto, o que poderá inviabilizar a função de acreditação em Portugal", incluindo a nível internacional. O Ministério das Finanças remete explicações para o de Economia, mas ninguém estava disponível.

D.N. - 05.06.09

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