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01/06/2009

Deutsche Telekom est poursuivi par un "rapace sexuel"

Après l'espionnage de salariés, de journalistes et de syndicalistes, on apprend que l'opérateur téléphonique a constitué des dossiers détaillés sur la vie privée et sexuelle de managers étrangers, notamment une manager de sa filiale croate, qualifiée de "rapace sexuel".

Nom de code : « Maya ». Profil sexuel : « véritable rapace femelle doté d'importants besoins sexuels » qui à « la réputation d'être une partenaire particulièrement expérimentée et inventive » et « sait y faire avec les hommes âgés ». C'est ce qu'affirme le rapport d'observation (Personal screening) sur une manager de la filiale croate de DT, livré le 22 avril 2004 par un bureau de détectives aux services de sécurité de Deutsche Telekom.

Outre ces détails très privés, le dossier contient noms et renseignements sur ses contacts professionnels et privés, sa famille ou encore sa situation financière. Le rapport aurait été réalisé après que Maya a été pressentie pour occuper un poste élevé dans l'encadrement supérieur. Publiées la semaine dernière par le Handelsblatt, ces informations font depuis scandale en Croatie. Cela, d'autant plus que de nombreuses personnalités du monde de la politique et des affaires apparaissent nommément dans le dossier « Maya ».

Espionnage contre corruption ?

Toujours selon le Handelsblatt, la manager croate, qui se réserve la possibilité de porter plainte, s'est adressée directement à René Obermann, patron de Deutsche Telekom, pour que lui soit communiqués tous les dossiers la concernant. Du côté de Deutsche Telekom, l'embarras est total et l'on évoque la situation particulière dans les pays de l'est pour justifier cet espionnage poussé à l'extrême de la vie privée d'une personne.

Cette fois-ci, les recherches ne se sont en effet pas limitées au contrôle de déclarations sur l'honneur ou de la validité du diplôme d'un candidat, une pratique assez courante dans les grandes entreprises allemandes. Selon un ancien responsable de la sécurité de Deutsche Telekom, cité par le Handelsblatt, « il est évident que dans ces pays, une entreprise doit savoir avec qui elle a à faire », estime celui-ci qui confirme que ces pratiques sont monnaies courantes dans toute la zone des Balkans.

Les services secrets mis à contribution

Cet ancien responsable fait référence au haut niveau de corruption qui existe souvent dans les anciennes entreprises d'Etat et les administrations locales. La filiale hongroise de Deutsche Telekom, Magyar Telekom, est elle-même dans la ligne de mire de la SEC, le gendarme de Wall Street, depuis qu'un contrôle de gestion externe a révélé des versements douteux de plusieurs millions d'euros. Deutsche Telekom a précisé que, en dehors de cas particuliers, la pratique du « personnal screening » n'est pas le genre de la maison et a été officiellement désavouée à la fin de l'année 2004.

Ce nouveau développement de l'affaire DT ne fait que commencer. En effet, le dossier Maya n'est pas unique en son genre et d'autres plaintes pourraient être portés par les personnes espionnées. Enfin, certains documents du dossier proviennent clairement du Bundesnachrichtendienst (BND), les services secrets allemands, et mettent ainsi à jour des « coopérations » pas très légales.

Thomas Schnee, Berlin - 29/05/2009

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