À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

07/10/2011

Pierre Bourdieu entretiens avec Pascale Casanova

Pierre Bourdieu, « Si le monde social m’est supportable, c’est parce que je peux m’indigner. » entretien mené par Antoine Spire assisté de Pascale Casanova et de Miguel Benassayag, entretien réalisé en 1989-1990 pour la télévision.
Aube
2002

audio: Le bon plaisir de Pierre Bourdieu
27 janvier 2002
par Pascale Casanova
1ère diffusion : 23/6/90
Avec les témoignages de Jacques Derrida, Jérôme Lindon, Georges Duby, Tassadit Yacine, Pierre Encrevé, Loïc Wacquant, Haruhisa Kato et Denis Podalydès.


écouter un extrait de l'émission du jeudi 7 mars 2002, Bourdieu et la littérature
Rediffusion de Flaubert vu par Bourdieu , Les jeudis littéraires, septembre 1992, par Pascale Casanova
avec Pierre Bourdieu, Antoine de Gaudemar, Pierre Lepape et Philippe Petit
L'espace littéraire international/ Pascale Casanova; sous la direction de Pierre Bourdieu 
 Thèse de doctorat : Sociologie : Paris, EHESS : 1997 
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voir également:
en ligne: Pierre Bourdieu, autour des Régles de l'art

en ligne: Publications de Pierre Bourdieu sur: le champ littéraire, le champ artistique, la musique

en ligne: Pierre Bourdieu, du réseau européen des artistes et des savants au mouvement social européen

Des littératures combatives. L'internationale des nationalismes littéraires. Sous la direction de Pascale Casanova
 
Hommage à l'Atelier littéraire/ lire et écouter Pascale Casanova

Chômage: la face cachée du "miracle économique allemand"

Marc Meillassoux (Berlin)

"[Les lois] Hartz IV rendent pauvre et malade", dit la pancarte de ce manifestant / IPON-BONESS

Record battu: jamais le taux de chômage n'a été aussi bas (6,9%) en Allemagne depuis la réunification. Un véritable "miracle économique". Sauf si l'on tient compte des millions de chômeurs radiés ou des précaires dépendants de l'aide sociale...
Premier volet de notre série sur "les failles et les défis du modèle allemand".

Les derniers chiffres du chômage en Allemagne sont tombés, et ils sont époustouflants. Avec officiellement 2,8 millions de chômeurs, soit 6,9% de sa population active, l’Allemagne a battu un nouveau record depuis la réunification. Une baisse spectaculaire depuis le pic historique atteint en janvier 2005, quand le nombre de demandeurs d’emplois atteignait 5,1 millions.
Mieux encore: Frank Weise, le directeur général de la Bundesagentur für Arbeit [l'équivalent du Pôle-emploi], assure que le marché du travail ne montre pas de signes d’essoufflement:
Le niveau du chômage est à son plus bas niveau depuis 1992 (…) la demande de main d’œuvre reste forte.
Au sens du Bureau international du travail (BIT), ce taux s'inscrivait même à 6,1% en juillet [dernier mois disponible pour des comparaisons], contre 9,9% en France ou 9,1% aux Etats-Unis.
Ces chiffres officiels masquent cependant de fortes disparités régionales: le chômage atteint 12,7% à Berlin contre 3,4% en Bavière, riche région du Sud en situation de plein emploi.

Le "Japon de l'Europe"

Pour Frank Weise, l'Allemagne récolte les fruits de ses "réformes structurelles", menées depuis le début des années 2000, pour contenir les salaires et rendre le marché du travail plus flexible. Mais, au-delà du "miracle économique allemand", des voix s’élèvent pour dénoncer un maquillage des chiffres et une précarité institutionnalisée par la dernière législation du travail.
Cette réforme du marché du travail allemand s’est faite dans un contexte particulier, à un moment où l’Allemagne et son économie étaient à bout de souffle. A l’époque, on parle même du "Japon d’Europe" en référence à la stagnation de la puissance japonaise déchue. Le coût de la réunification mais aussi  des niveaux de salaires élevés couplés à une croissance molle handicapent alors le "made in Germany".
En 2001, le Chancelier socialiste Schröder, qui voit se profiler la prochaine élection, décide de prendre le problème à bras le corps. Il fait appel à Peter Hartz, directeur des ressources humaines de Volkswagen, qui pense avoir trouvé la solution à la gabegie du système d’allocation. Ce seront les fameuses lois Hartz, dont la plus connue et la plus contestée est la Loi Hartz IV.

Herr Schröder und "Doktor Hartz"

Celui que toute l’Allemagne appelle bientôt "Doktor Hartz", veut s’attaquer au "chômage volontaire", et met en place un système contraignant de recherche d’emplois. Il instaure les fameux "Mini-Jobs", payés 400 euros par mois sans cotisations et donc sans assurance, et les "1 euro-jobs", essentiellement des travaux d’intérêt public.
Tout le système allemand d’allocation est remis à plat. Avant la réforme, les chômeurs ayant cotisé touchaient l’AG (Arbeitsolsengeld – ou Allocation chômage I), les chômeurs longue durée ou ayant perdu leurs droits touchaient l’AG II. Enfin, l’Aide sociale (Sozialhilfe) était distribuée aux personnes considérées comme très éloignées du marché du travail.
Après la réforme, les conditions pour toucher l’AG I se durcissent et la durée de versement passe de deux (voire trois) ans à une seule année. L’AG II et l’Aide Sociale sont fusionnés afin de réaliser des économies d’échelle, et sera dorénavant distribuée exclusivement par les nouveaux "jobs center". On connait la suite: des résultats impressionants, mais en trompe-l'oeil.

9 millions de précaires ?

Pourtant à l’instar de Brigite Lestrade, auteure d’une étude sur les réformes Hartz IV [Cerfa, Juin 2010] certains pointent la mise en place d’un système qui, par vases communicants, aurait progressivement fait passer plusieurs millions d’allemands des listes de chômeurs à ceux de "quasi-chômeurs" ou travailleurs pauvres. [Voir le 2ème volet de notre série: La compétitivité allemande? 20% de travailleurs pauvres]
La chercheuse estime à 6,6 Millions de personnes - dont 1,7 millions d’enfants - les bénéficiaires d’Hartz IV. Les 4,9 millions d’adultes sont en fait des chômeurs, des "quasi-chômeurs" [qui travaillent moins de 15 heures par semaine] ou des précaires. Les plus touchés sont les familles monoparentales et les seniors.
Ils ne figurent pourtant pas dans les chiffres du chômage, qui ne prennent en compte que les bénéficiaires de l’Arbeitsolsengeld I…
Une responsable de l’Arbeitsagentur d’Hambourg [Pôle-emploi allemand], souhaitant garder l’anonymat, ne cache pas sa colère:
Qu’on arrête de parler de miracle économique. Aujourd’hui, le gouvernement répète que nous sommes aux alentours de 3 millions de chômeurs, ce qui serait effectivement historique. La réalité est toute autre, 6 millions de personnes touchent Hartz IV, ce sont tous des chômeurs ou des grands précaires. Le vrai chiffre n’est pas 3 millions de chômeurs mais 9 millions de précaires.

Le chômage des séniors à la hausse

Intarissable, cette responsable évoque également l’arrivée d’un million de chômeurs supplémentaires dans les années à venir. Suite à la dernière réforme des retraites, l’âge légal de départ a été relevé de 65 à 67 ans. Or, près d’un million de salariés disposent d'un contrat qui leur assure un départ à la retraite à leur 65ème année.
Ils vont donc mécaniquement venir grossir les rangs des chômeurs. S’il s’agit d’un ajustement technique, les chiffres du chômage et les comptes sociaux pourraient se retrouver bouleversés pour une période de deux à trois années.
La question des chômeurs seniors est d’ailleurs le point le plus sensible de la réforme Hartz. Alors que le nombre de bénéficiaires de Hartz IV a officiellement reculé de 9,5% entre 2006 et 2009, la part des plus de 55 ans a, elle, augmenté de 17,7%. Avec pour conséquence un faible niveau de pension une fois à la retraite [A lire, le 3ème volet de notre série: Ces retraités allemands obligés de retourner au travail]

Chiffres "truqués"

Récemment la polémique a été relancée après que le quotidien Die Welt a rapporté, dans son édition du 27 septembre, que les chiffres du chômage des seniors sont "truqués". D’après le journal conservateur, un chômeur de plus de 58 ans sur deux n’est plus répertorié dans les chiffres de la Bundesagentur für Arbeit.
Par une magouille comptable et dialectique, le pôle emploi allemand aurait fait sortir 211.000 chômeurs seniors des listes. Le crédo du "Silberschatz" [littéralement, le "trésor de l’expérience" des seniors], chanté par la ministre du Travail, Urula Van der Leyen, qui répète que "les principaux bénéficiaires du redressement du marché du travail allemand sont les 58 ans et plus" a depuis pris du plomb dans l’aile.
Interpelé sur la question par le chef de file de la Linke Klaus Ernst, le porte-parole ministère du Travail a d’ailleurs dû reconnaître que
début 2011, seulement 43% des seniors bénéficiaires du chômage étaient enregistrés sur les listes.

Pénurie de main d'oeuvre

Enfin, lors de la parution des derniers chiffres du chômage, la ministre du Travail a souligné que "le réservoir des gens disponibles pour travailler baisse", notamment chez les jeunes. Une tendance qui peut être vue de deux manières:
  • elle est positive si l’on considère que le marché du travail allemand absorbe les travailleurs disponibles.
  • elle l’est moins si on considère la pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs d’activités et certains Länder.
Les récents propos polémiques de Frédéric Lefèvre ont d’ailleurs trouvé un écho en Allemagne. D’après le Secrétaire d'État chargé du Commerce, les difficultés françaises en matière de chômage s'expliquent en partie par une forte natalité, ce qui n'est pas le cas de l’Allemagne.
Certes maladroits – la démographie française, très enviée en Allemagne, est évidemment une chance – ses propos ne sont pas complètement infondés, et sont d’ailleurs partagés par les analystes allemands: un récent rapport du très sérieux institut de recherche berlinois DIW montre qu'il y a, actuellement, plus de sortants que d'entrants sur le marché, ce qui contribue à faire baisser mécaniquement le chômage.
Un avantage dans l'immédiat. Au risque d'une pénurie de main d'oeuvre dans les années à venir.

http://fr.myeurop.info/2011/10/04/chomage-la-face-cachee-du-miracle-economique-allemand-3478

Fétichisme de la marchandise digitale et exploitation cachée : les cas Amazon et Apple

Wu Ming 1 - Traduction Serge Quadruppani

Article11 avait interviewé deux membres de Wu Ming - dont Wu Ming 1, l’auteur de cet article - en octobre 2010. À lire ici pour en savoir plus sur ce réjouissant collectif.
Par ailleurs, la version originelle de ce texte, publiée sur le site des Wu Ming, est à lire ICI.
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La semaine dernière [1], The Morning Call, un quotidien de Pennsylvanie, a publié une enquête longue et détaillée, intitulée « Inside Amazon’s Warehouse », sur les terribles conditions de travail dans les entrepôts Amazon de la Lehigh Valley. Le reportage, résultat de mois d’interviews et de vérifications, est en train de faire le tour du monde et il a été repris par le New York times et d’autres médias mainstream. Le tableau est sombre : extrême précarité du travail, climat de chantage permanent et absence de droits, rythmes inhumains, avec vitesse redoublée d’un jour à l’autre (de 250 à 500 colis par jour, sans préavis), par une température qui dépasse les 40° et en une occasion au moins, a atteint les 45°, mesures disciplinaires aux dépens de ceux qui ralentissent le rythme ou, simplement, s’évanouissent (un rapport du 2 juin dernier évoque le chiffre de 15 travailleurs évanouis sous l’effet de la chaleur), licenciements « exemplaires » instantanés, le réprouvé étant raccompagné à la porte sous les yeux de ses collègues. Et ce n’est pas tout. Lisez-la toute entière, l’enquête. Elle en vaut la peine. La phrase-clé est prononcée par un ex-magasinier : « They’re killing people mentally and physically. »
À en juger par les commentaires en ligne, beaucoup tombent des nues, découvrant seulement maintenant qu’Amazon est une méga-corporation, et Jeff Bezos un patron qui – comme il est courant chez les patrons – veut réaliser des profits au mépris de toute autre considération sur la dignité, l’équité et la sécurité. Comme on aurait dû le soupçonner, le « miracle » Amazon (super-réductions, expéditions très rapides, « longue traîne » [2], offre apparemment infinie) repose sur l’exploitation de la force de travail dans des conditions vexatoires, dangereuses, humiliantes. Exactement comme le « miracle » Walmart, le « miracle » Marchionne [3] et tout autre miracle entrepreneurial que les médias nous ont proposés pendant des années. Ce qu’on vient d’écrire devrait être évident, et ne l’est pourtant pas. La révélation ne concerne pas une entreprise quelconque, mais Amazon, sorte de « bon géant » dont – en Italie aussi – on a toujours parlé de manière acritique, sinon adoratrice et populiste. The Morning Call a rompu l’enchantement. Il y a quelques jours encore, à quelques exceptions près, les médias (et les consommateurs eux-mêmes) achetaient rubis sur l’ongle la propagande d’Amazon. Désormais, on cherchera peut-être plus souvent confirmation, on fera les vérifications nécessaires, on ira voir les bluffs éventuels. Avec l’aggravation de la crise, le nombre de sceptiques semble augmenter.
Le problème des multinationales perçues comme moins « entrepreneuriales », plus « cool » et éthiquement – presque spirituellement – meilleures que les autres concerne beaucoup de compagnies associées à Internet de manière si étroite qu’on les identifie avec le réseau lui même. Autre cas typique : Apple.

iPhone, iPad, youDie

L’année dernière, une vague de suicides parmi les ouvriers de Foxconn a fait scandale – avant d’être enterrée sous des tonnes de sable et de silence. Dans les usines de cette multinationale chinoise sont assemblés iPad, iPhone et iPod [4]. En réalité, les morts avaient commencé avant, en 2007, et ont continué par la suite (le dernier suicide certain remonte à mai dernier ; un autre ouvrier est mort en juillet dans des circonstances suspectes). Au total, une vingtaine d’employés se sont tués. Des enquêtes de diverses origines ont indiqué parmi les probables causes les rythmes de travail infernaux, le manque de relations humaines à l’intérieur de l’usine et les pressions psychologiques émanant du management. Quelquefois, c’est même allé bien plus loin que des pressions psychologiques : le 26 juillet 2009, un salarié de 25 ans dénommé Sun Danyong, s’est jeté dans le vide après avoir subi un passage à tabac par une équipe de nervis de l’entreprise. Sun était soupçonné d’avoir volé ou perdu un prototype d’iPhone. Quelles solutions a adopté Foxconn pour prévenir de telles tragédies ? Eh bien, l’usine a notamment installé des « filets anti-suicide » [5].
Ces coulisses du monde Apple n’attirent pas beaucoup l’attention, en comparaison des bulletins médicaux de Steve Jobs ou de pseudo-événements comme l’ouverture, dans la très centrale via Rizzoli de Bologne, du plus grand Apple Store italien. À cette occasion, des gens ont passé la nuit dans la rue afin de pouvoir entrer dans le temple. Ceux-là ne savent rien du mariage de travail et de mort en amont de la marque qu’ils vénèrent. Dans le capitalisme, mettre la plus grande distance possible entre l’ « amont » et « l’aval » est l’opération idéologique par excellence.

Fétichisme, assujettissement, libération

Quand on parle de la Toile, la « machine mythologique » de nos discours – alimentée par l’idéologie que, de gré ou de force, nous respirons chaque jour – re-propose un mythe, une narration toxique : la technologie comme force autonome, sujet doué de son propre esprit, réalité qui évolue d’elle-même, spontanément et théologiquement. Au point que certains – on ne le rappellera jamais assez – ont eu la belle idée de poser la candidature d’Internet (qui, comme tous les réseaux et les infrastructures sert à tout, donc aussi à faire la guerre) au… Prix Nobel de la Paix.
Ce sont les rapports de classe, de propriété, de production qui sont occultés : on n’en voit que le fétiche. Le Karl Marx des pages sur le fétichisme de la marchandise [6] s’avère alors précieux : « Ce qui revêt ici pour eux la forme fantastique d’un rapport des choses entre elles est seulement un rapport social déterminé des hommes entre eux.  »
« Forme fantastique d’un rapport des choses entre elles ». Comme les ordinateurs interconnectés au niveau mondial. Derrière la fantasmagorie de la Toile, il y a un rapport social déterminé, et Marx entend : un rapport de production, un rapport d’exploitation. Sur de tels rapports, la rhétorique du Réseau jette un voile. On peut parler pendant des heures, des jours, des mois, de la Toile en n’effleurant qu’à l’occasion la question de qui en est propriétaire, de qui détient le contrôle réel des nœuds, des infrastructures, du hardware. On pense encore moins à la pyramide de travail – y compris para-esclavagiste – qui est incorporée dans les dispositifs que nous utilisons (ordinateur, Smartphone, Kindle) et des conséquences pour la Toile elle-même.
Il y a des multinationales qui, tous les jours (en ligne) exproprient des richesses sociales et (dans les coulisses) pressurent la main-d’œuvre aux quatre coins du monde, et pourtant, elles sont considérées comme… « moins multinationales » que les autres. Tant qu’on ne se rendra pas compte qu’Apple est comme Monsanto, que Google est à l’image de Novarti, que l’apologie d’une firme est la pratique narrative la plus toxique qui existe, qu’il s’agisse de Google, de Fiat, de Facebook, de Disney ou de Nestlé… tant qu’on ne se rendra pas compte de cela, nous resterons pris dans la Toile comme dans un filet.
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[ N.B.   : Pour éviter tout malentendu : je possède un Mac et je travaille bien avec. J’ai aussi un iPod, un Smartphone avec Android et Kindle. Ceux qui connaissent mon travail y ont vu à l’œuvre les modalités d’utilisation de la culture et de la Toile que je privilégie. Comme je l’expliquerai mieux ci-dessous, ma critique ne se concentre pas sur l’accusation d’ « incohérence » de l’individu et sur le comportement individuel du consommateur, sur lequel on a construit ces dernières années une rhétorique confusionniste, mais sur la nécessité de relier l’activisme en ligne avec les luttes qui surviennent « en amont », dans la production matérielle.]
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Par la faute du net-fétichisme, on met chaque jour l’accent sur les pratiques libératrices qui agitent la Toile – pratiques sur lesquelles, pour être clairs, nous autres Wu Ming parions chaque jour depuis vingt ans – en les décrivant comme la règle et on classe comme exceptions, implicitement, les pratiques assujettissantes : le Réseau utilisé pour sous-payer le travail intellectuel ; pour contrôler et emprisonner les personnes (voir ce qui s’est passé après les émeutes londoniennes) ; pour imposer de nouvelles idoles et fétiches alimentant de nouveaux conformismes ; pour véhiculer l’idéologie dominante ; pour les échanges du capitalisme financier en train de nous détruire. En ligne, les pratiques assujettissantes sont la règle autant que les autres. Et même, si on veut vraiment être précis, il faudrait les considérer comme la règle plus que les autres, si nous tenons compte de la généalogie d’Internet, qui a évolué à partir d’ARPAnet, réseau informatique militaire.
La question n’est pas de savoir si la Toile procure libération ou assujettissement : elle produit toujours, et depuis le début, les deux. C’est sa dialectique, un aspect est toujours là avec l’autre. Parce que la Toile est la forme que prend aujourd’hui le capitalisme, et le capitalisme est à chaque instant contradiction en procès. Le capitalisme s’affirma en libérant les subjectivités (des liens féodaux, des anciennes servitudes) et en imposant en même temps de nouveaux assujettissements (au temps discipliné de l’usine, à la production de plus-value). Dans le capitalisme, tout fonctionne ainsi : la consommation émancipe et esclavagise, engendre une libération qui est un nouvel assujettissement, et le cycle repart à un niveau plus élevé.

L’ éolipyle d’Héron

La lutte alors devrait se résumer ainsi : prendre appui sur la libération pour combattre l’assujettissement. Multiplier les pratiques libératrices et les utiliser contres les pratiques assujettissantes. Mais cela n’est possible qu’en cessant de penser à la technologie comme une force autonome et en reconnaissant qu’elle est modelée par les rapports de propriété et de production, et orientée par les relations de pouvoir et de classe. Si la technologie s’imposait en dehors de tels rapports, simplement parce qu’elle est innovatrice, la machine à vapeur serait entrée en usage dès le 1er siècle après J. C., quand Héron d’Alexandrie inventa l’éolipyle. Mais le mode de production antique n’avait pas besoin de machines, parce que toute la force de travail nécessaire était fournie par les esclaves, et personne ne put ou ne voulut imaginer une application concrète.
C’est le fétichisme de la technologie comme force autonome qui nous fait toujours retomber dans la vieille grille « apocalyptiques contre intégrés ». À la moindre esquisse de critique sur la Toile, on te traite d’ « apocalyptique » et on t’accuse d’incohérence et/ou d’obscurantisme. La première accusation, en général, prend la forme de phrases comme : « Tu n’es pas en train d’utiliser un ordinateur en ce moment même ? » ; « Tu ne les achètes pas toi aussi sur Amazon, tes livres ? » ; «  Tu n’aimes pas, toi aussi, les Smartphones ?  » etc. La deuxième repose sur d’inutiles petites leçons du genre : « Pense un peu si aujourd’hui, il n’y avait pas Internet… » De l’autre côté, tout discours sur les usages positifs d’Internet est accueilli par les « apocalyptiques » comme la servile propagande d’un « intégré ». Rappelons-nous toujours Héron d’Alexandrie. Son histoire nous enseigne que quand nous parlons de technologie, et plus précisément d’Internet, en réalité, nous parlons d’autre chose, c’est-à-dire de rapports sociaux.
En somme, revenons à la question : qui sont les maîtres d’Internet ? Et qui sont les exploités de la Toile et par la Toile ? Le découvrir n’est en fait pas si difficile : il suffit de lire les « normes d’utilisation » des réseaux sociaux auxquels nous sommes inscrits ; de se pencher sur les licences des logiciels que nous utilisons ; de taper sur un moteur de recherche l’expression « Net neutrality »… Et, cerise sur le gâteau, de garder à l’esprit des histoires comme celles des entrepôts Amazon et Foxconn. Ce n’est que de cette manière, je crois, que nous éviterons des bêtises comme la campagne « Internet for Peace » ou, pire, des récits prophétiques horribles pointant le « totalitarisme doux », comme celui émergeant de la célèbre vidéo de Casaleggio & Associati intitulée Gaia : The Future of Politics [7].
Ne nous faisons pas d’illusions : ce seront des conflits très durs qui établiront si l’évolution d’Internet correspondra à un primat de la pratique de libération sur celle d’assujettissement ou le contraire.

Le travail (de merde) incorporé dans la tablette

Ceux qui considèrent que la théorie marxienne de la valeur-travail ne tient plus dans le capitalisme d’aujourd’hui prennent souvent l’exemple de l’iPad pour valider leur position. Selon eux, le travail physique accompli par l’ouvrier pour assembler la tablette est peu de chose, la valeur de la tablette étant apportée par le logiciel et par les applications qui tournent autour, donc par le travail mental, cognitif, de conception et de programmation. Travail qui « s’échappe » de toutes parts, inquantifiable en termes d’heures de travail. Ceci mettrait en déroute l’idée marxienne selon laquelle – je simplifie violemment – la valeur d’une marchandise est donnée par la quantité de travail qu’elle incorpore, ou mieux : par le temps de travail socialement nécessaire pour la produire. Par « temps de travail socialement nécessaire  », Marx entend le temps moyen utilisé par les producteurs d’une marchandise donnée à une phase donnée du développement capitaliste.
Je ne suis pas un expert en économie politique, mais il me semble que ce sont deux niveaux qui coexistent. Peut-être la théorie de la valeur-travail est-elle trop vite abandonnée ? Je crois que son noyau de sens (noyau « philosophique » et très concret) perdure même avec le changement des conditions.
Aujourd’hui, le travail est beaucoup plus socialisé qu’au temps de Marx, et les processus productifs bien plus complexes (et le capital bien plus conditionné par les limites externes, c’est-à-dire environnementales). Pourtant, ceux qui avancent cet exemple raccourcissent le cycle et isolent l’acte de l’assemblage dans un seul iPad. Il faudrait prendre en considération la masse de travail le long de la totalité du cycle productif d’une fournée entière de tablettes (ou de laptop, de Smartphone, de e-reader, ce que vous voulez). Comme disait justement Tuco dans la discussion où a commencé à prendre forme la présente réflexion :
« Un des points essentiel est que toute la baraque ne pourrait jamais se mettre en mouvement pour produire cent iPad. Il faut en produire au moins cent millions. À première vue, il pourrait sembler que le travail intellectuel nécessaire pour développer le logiciel de l’iPad engendre par lui-même de la valeur, indépendamment du reste du cycle productif. Mais cela voudrait dire que la valeur engendrée par ce travail intellectuel est indépendante du nombre d’iPad qui sont produits. En réalité, il n’en est pas ainsi. S’il ne faisait pas partie d’un cycle qui prévoit la production dans des modalités fordistes de cent millions d’iPad, ce travail intellectuel n’engendrerait pratiquement aucune valeur. »
Ce point établi, pour considérer combien de travail va s’incorporer dans une tablette, on peut : 1) Partir de la découverte d’une matière première comme le lithium. Sans lui, il n’existerait pas de batteries rechargeables pour nos gadgets. Dans la nature, il n’existe pas de forme « pure » et le processus pour l’obtenir est coûteux et a un impact sur l’environnement (70 % des gisements mondiaux sont situés au fond des lacs salés de Bolivie, et le gouvernement bolivien n’a aucune intention de les brader. Outre ces problèmes géopolitiques, les tremblements de terre viennent encore compliquer la situation [8]) ; 2) Prendre en considération les nuisances subies par les travailleurs de l’industrie pétrochimique qui produit les polymères nécessaires ; 3) Considérer le travail sans garanties des ouvriers qui assemblent les dispositifs (sur la manière dont on travaille à Foxconn, on en a déjà parlé ci-dessus) ; 4) Arriver au travail (indigne, nocif, aux limites de l’inhumain) de ceux qui traitent la carcasse du laptop ou de la tablette dans quelque décharge africaine. S’agissant d’une marchandise à obsolescence rapide et surtout programmée, ce travail est déjà incorporé en elle, dès la phase de la conception.
En prenant tout cela en considération, on verra qu’en fait de travail physique (travail de merde, exploité, sous-payé, nocif, etc.), une fournée d’iPad en incorpore beaucoup, et avec lui une grande quantité de temps de travail. Et il ne fait pas de doute qu’il s’agit de temps de travail socialement nécessaire  : aujourd’hui les iPad se produisent ainsi et pas autrement. Sans ce travail, le general intellect appliqué qui invente et ajourne le logiciel n’existerait simplement pas. Donc, il ne produirait aucune valeur. Si « pour faire une planche, il faut du bois » ; pour faire la tablette, il faut un ouvrier (et avant encore, un mineur, etc.). Sans les ouvriers et leur travail, pas de valorisation de la marchandise digitale, pas de cotation d’Apple en bourse, etc. Actionnaires et investisseurs accordent du crédit à la pomme parce qu’elle produit, valorise et vend du matériel informatique et des gadgets, et, de temps en temps, fait un nouveau « coup », en mettant sur le marché un nouveau « petit bijou ». Et qui le fait, ce petit bijou ? Je ne suis pas en mesure de dire si une comptabilité précise en terme d’heures de travail est envisageable (je le répète : je ne suis pas un expert en économie politique). Mais je sais que quand nous jetons aux ordures un mobile qui fonctionne parfaitement parce que le nouveau modèle « fait plus de choses », nous jetons une portion de vie et de labeur d’une grande masse de travailleurs, souvent payés avec trois sous et – dans la meilleure des hypothèses – un coup de pied au cul.

Intelligence collective, travail invisible et média social

Ce que je suis en train de dire, Marx l’anticipait déjà dans le Chapitre VI inédit du Capital :
«  En se développant, les forces de production de la société, ou forces productives du travail, se socialisent et deviennent directement sociales (collectives), grâce à la coopération, la division du travail au sein de l’atelier, l’emploi du machinisme et, en général, les transformations que subit le process de production grâce à l’emploi conscient des sciences naturelles, de la mécanique, de la chimie, etc. appliquées à des fins technologiques déterminées, et grâce à tout ce qui se rattache au travail effectué à une grande échelle, etc. […]
Tout ce développement de la force productive du travail socialisé, de même que l’application au process de production immédiat de la science, ce produit général du développement social, s’opposent au travail plus ou moins isolé et dispersé de l’individu particulier, et ce d’autant que le tout se présente directement comme force productive du capital, et non comme force productive du travail, que ce soit celle du travailleur isolé, des travailleurs associés dans le process de production, ou même d’une force productive du travail qui s’identifierait au capital. 
 »
En substance, Marx dit que :
1) La nature collective et coopérative du travail vient à être réellement soumise (on traduit parfois par « subsumée ») au capital, c’est-à-dire que c’est une nature collective spécifique qui, avant le capital, n’existait pas. La « soumission réelle  » du travail au capital est opposée par Marx à la « soumission formelle », typique des débuts du capitalisme, quand le capital soumettait des typologies de travail pré-existantes : le tissage manuel, les processus du travail agricole, etc. « Soumission (ou subsussion) réelle  » signifie que le capital rend force productive une coopération sociale qui ne pré-existait pas à lui, parce que ne pré-existait à lui ni ouvriers, ni travail salarié, ni machines, ni nouveaux réseaux de transport et de distribution.
2) Plus le processus productif est avancé (grâce à l’application de la science et de la technologie), plus sera mystifiée la représentation (aujourd’hui, on dirait la narration) de la coopération productive.
Maintenant, cherchons à notre époque les exemples de cette formulation : la production de sens et de relations sur Internet n’est pas considérée comme force productive des travailleurs coopérants ; l’idéologie dominante permet encore moins de reconnaître le travail de l’individu singulier. Cette production est attribuée (de manière trompeuse, mythologique) directement au capital, à l’ « esprit d’entreprise » du présumé génie du capitaliste, etc. Par exemple, on dit que c’est grâce à une « intuition » de Mark Zuckerberg si aujourd’hui Facebook, bla bla bla. Tout aussi souvent, une telle production de sens est considérée, comme dit Marx, au sens de « force productive du travail qui s’identifierait au capital  ». Traduisons : l’exploitation est occultée derrière la façade d’un travail en réseau autonome, non subordonné, fait tout entier d’auto-entreprise et/ou de libre contrat, et/ou en tout cas beaucoup plus « cool » que les travaux « traditionnels », quand en fait la production de contenus en réseau progresse aussi grâce au travail très subordonné de masses de « nègres » - dans le sens d’auteurs-fantômes.
Existe-t-il, pour utiliser une expression marxienne, une Gemeinwesen, une tendance de l’être humain au commun, à la communauté, à la coopération ? Oui, elle existe. Il est toujours risqué d’utiliser cette expression, mais s’il y a un universel anthropologique, eh bien, c’est cet « animal convivial », compagnevole animale  : ainsi Dante traduit-il le zòon politikon d’Aristote (comme le rappelle Girolamo De Michele dans son dernier livre, Filosofia) et les neurosciences sont en train de démontrer que nous sommes… « câblés » pour la Gemeinwesen (découverte des neurones-miroirs, etc.). Aucun mode de production n’a, comme le capitalisme, à ce niveau de puissance, subsumé et rendu productive la tendance humaine à la coopération. Aujourd’hui, l’exemple le plus éclatant de coopération subsumée – et en même temps de travail invisible, non perçu comme tel –, ce sont les réseaux sociaux qui nous les fournissent.
Prenons l’exemple de Facebook. Pas parce que les autres réseaux sont « moins sauvages », mais parce que pour le moment, c’est le plus gros, celui qui fait le plus d’argent et qui est – comme le démontre la très récente vague de nouvelles options et applications – le plus enveloppant, invasif et expansionniste. Facebook avance comme s’il voulait englober tout le net, se substituer à lui. C’est le réseau social par excellence, donc, il nous fournit l’exemple le plus clair.
Tu es l’un des sept cents millions d’usagers de Facebook ? Bien, cela veut dire que presque chaque jour, tu produis des contenus pour le réseau : contenus de tout genre, en particulier des contenus affectifs et relationnels. Tu fais partie du general intellect de Facebook. En somme, Facebook existe et fonctionne grâce à des gens comme toi. De quoi Facebook est-il le nom, sinon de cette intelligence collective qui n’est pas le produit de Zuckerberg et compagnie, mais des usagers ?
Sur Facebook, tu fais du travail. Tu ne t’en rends pas compte, mais tu travailles. Tu travailles sans être payé. Ce sont d’autres qui se font de l’argent avec ton travail.
Ici, le concept marxien qui s’avère utile est celui de « surtravail ». Ce n’est pas un concept abscons : il signifie « la partie du travail qui, tout en produisant de la valeur, ne se traduit pas en salaire mais en profit pour le patron, en tant que propriétaire des moyens de production  ». Quand il y a du profit, cela veut dire qu’il y a du surtravail. Autrement, si toute la quantité de travail était rémunérée sur la base de la valeur qu’elle a créée, eh bien… ce serait le communisme, la société sans classes. Il est clair que le patron doit payer en salaires moins que ce qu’il va tirer de la vente des marchandises. « Profit » signifie cela. Ça signifie payer aux travailleurs moins que la valeur réelle du travail qu’ils accomplissent. Pour différents motifs, le patron peut ne pas réussir à les vendre, ces marchandises. Et donc ne pas réaliser de profits. Mais cela ne signifie pas que les travailleurs n’ont pas effectué de surtravail. La société capitaliste toute entière est basée sur la valeur et le surtravail.
Sur Facebook, ton travail est tout entier surtravail, parce qu’il n’est pas payé. Zuckerberg chaque jour vend ton surtravail, c’est à dire qu’il vend ta vie (les données sensibles, les caractéristiques de ta navigation, etc.) et tes relations, et gagne quotidiennement pas mal de millions de dollars grâce à elles. Parce que lui est propriétaire du moyen de production, toi non. L’information est marchandise. La connaissance est marchandise. Et même, dans le postfordisme, ou quel que soit le nom que nous voulons donner au présent stade du capitalisme, c’est la marchandise des marchandises. L’information est force productive et marchandise à la fois, exactement comme la force de travail. La communauté qui utilise Facebook produit de l’information (sur les goûts, sur les modèles de consommation, sur les tendances du marché) que le patron empaquette sous forme de statistiques et vend à des tiers et/ou utilise pour personnaliser la publicité, les offres et transactions de divers genre. En outre, le même Facebook, comme représentation du réseau de relations le plus étendu de la planète, est une marchandise. L’entreprise Facebook peut vendre des informations seulement si, en même temps et sans relâche, elle vend cette représentation d’elle-même. Une telle représentation aussi est due aux usagers, mais celui qui remplit son compte en banque, c’est Zuckerberg.
Évidemment, le genre de « travail » décrit ici n’est pas comparable, en terme de pénibilité et d’exploitation, au travail décrit dans les premiers paragraphes de ce texte. En outre, les usagers de Facebook ne constituent pas une « classe ». L’essentiel est que nous devons, à chaque moment, tenir en considération aussi bien les efforts pénibles à la base de la production de matériel informatique, que la privatisation prédatrice de l’intelligence collective qui a lieu en lien. Comme je l’écrivais ci-dessus : «  Les deux niveaux coexistent ». La valorisation dépend des deux activités, elles doivent être visualisées et analysées ensemble.

Il n’y a pas de dedans ni de dehors

Si après ce discours, on me demandait : « Alors, la solution, c’est d’être en dehors des réseaux sociaux ?  » ; Ou bien : «  la solution est d’utiliser seulement un logiciel libre ? » ; Ou encore : «  la solution est de ne pas acheter de machine ? » ; je répondrais que la question est mal posée. Certainement, construire à la base des réseaux sociaux différents, fonctionnant avec des logiciels libres et non basés sur le commerce des données sensibles et de relations, est une belle et bonne chose. Mais ça l’est aussi de maintenir une présence critique et informative dans lieux où vit et communique la majorité des personnes, peut-être en expérimentant des modes conflictuels d’utilisation des réseaux existants.
Voilà trop longtemps que dure l’hégémonie d’un dispositif qui « individualise » la révolte et la lutte, en mettant l’accent avant tout sur ce que peut faire le consommateur (ce sujet continuellement reproduit par des technologies sociales précises) : boycott, critiques, choix personnels plus radicaux, etc. Les choix personnels sont importants mais : 1) Trop souvent, cette manière de raisonner déclenche un concours à qui sera plus « cohérent » et le plus « pur », et il y aura toujours quelqu’un qui brandira des choix plus radicaux que les miens : le vegan attaque le végétarien, le frugivore attaque le crudiste qui attaque le vegan, etc. Chacun revendique d’être plus « dehors », plus « extérieur » à la valorisation, images tout à fait illusoires. 2) Le consommateur est le dernier anneau de la chaîne distributive, ses choix adviennent à l’embouchure, pas à la source. Et peut-être faudrait-il conseiller plus souvent la lecture d’un texte « mineur » de Marx, la Critique du progamme de Gotha, où est critiqué le « socialisme vulgaire », qui part de la critique de la distribution plutôt que de la production.
Je suis en train d’essayer d’expliquer depuis un certain temps que selon moi, les métaphores spatiales (comme le « dehors » et le « dedans ») sont inadéquates, parce qu’il est clair que si la question est «  où est le dehors ? » la réponse – ou l’absence de réponse – ne peut être que paralysante. Parce que la question l’est déjà.
Peut-être est-il plus utile de raisonner et de s’exprimer en termes temporels. Il s’agit de comprendre combien de temps de vie (combien de temps et combien de vies) le capital est en train de voler, et surtout comment il le fait en cachette (parce qu’un tel vol est présenté comme une « chose naturelle »), de devenir conscients des différentes formes d’exploitation, et donc de lutter dans le rapport de production, dans les relations de pouvoir, en contestant les arrangements propriétaires et la « naturalisation » de l’expropriation, pour ralentir les rythmes, interrompre l’exploitation, reconquérir des bouts de vie.
Ce n’est certes pas nouveau : autrefois, on appelait ça « lutte de classes ». En bref : les intérêts des travailleurs et ceux du patron sont différents et irréconciliables. Toute idéologie qui masque cette différence (idéologie entrepreneuriale, nationaliste, raciale, etc.) est à combattre. Pensons aux débuts du mouvement ouvrier. Un prolétaire travaille douze-quatorze heures par jour, dans des conditions effroyables, et son sort est même partagé par des enfants qui ne voient jamais la lumière du soleil. Qu’est-ce qu’il fait ? Il lutte. Il lutte jusqu’à ce qu’il arrache la journée de huit heures, le paiement des heures supplémentaires, les normes sanitaires, le droit d’organisation et de grève, la législation contre le travail des mineurs… Et il se réapproprie une partie de son temps, et affirme sa dignité, jusqu’à ce que ce que ces conquêtes soient remises en causes et qu’il lui faille lutter de nouveau.
Déjà, se rendre compte que notre rapport avec les choses n’est ni neutre ni innocent, y débusquer l’idéologie, découvrir le fétichisme de la marchandise, est une conquête : nous serons peut-être cocus de toute façon, mais au moins pas cocus et contents. Le mal demeure, mais pas l’escroquerie de se sentir libres dans un cadre où nous sommes exploités. Trouver toujours les dispositifs qui nous assujettissent, et les décrire en essayant de concevoir le moyen de les mettre en crise.
La marchandise digitale que nous utilisons incorpore de l’exploitation, devenons-en conscients. La Toile se dresse sur de gigantesques colonnes de travail invisible, rendons-les visibles. Et rendons visibles les luttes, les grèves. En Occident, on en parle peu, mais en Chine des grèves éclatent et éclateront de plus en plus. Quand un paumé devient un tycoon, allons voir sur quelles têtes il a marché pour arriver où il est, quel travail il a exploité, quel surtravail il n’a pas rémunéré. Quand je parle de « défitichiser le net », j’entends l’acquisition de cette conscience. Qui est la précondition pour être « dedans et contre », dedans de manière conflictuelle.
Et si nous sommes « dans et contre  » le net, peut-être pourrons-nous trouver le moyen de nous allier avec ceux qui sont exploités en amont. Une alliance mondiale entre « activistes digitaux », travailleurs cognitifs et ouvriers de l’industrie électronique serait, pour les patrons de la Toile, la plus épouvantable des nouvelles. Les formes de cette alliances, bien sûr, sont entièrement à découvrir.

Notes

[1] L’article est du 26/09/11.
[2] L’expression « longue traîne » (de l’anglais Long Tail, parfois traduite par « longue queue ») a été employée pour la première fois en 2004 par Chris Anderson dans un article de Wired pour décrire une partie du marché des entreprises telles qu’Amazon ou Netflix, qui vendent de nombreux produits, chacun en petite quantité. (Wikipédia).
[3] NdT : Patron actuel de la Fiat qui, à coups de chantage à l’emploi et de promesses impossibles à tenir, impose une régression du droit syndical dans les derniers établissements de l’entreprise en Italie (voir mon article de mars 2011 dans Le Monde Diplomatique.
[4] Trois jours après la publication de cet article en Italie, Amazon a présenté au monde sa tablette, Kindle Fire, conçue et construite pour faire concurrence à l’iPad. Il est parfaitement logique que Kindle Fire aussi soit fabriqué dans les établissements Foxconn. Les ouvriers mourront de l’envie (des autres) de la posséder.
[5] Pour approfondir ce thème, je conseille les liens rassemblés dans la page Wikipédia et la vision de la vidéo révélatrice Deconstructing Foxconn
[6]
[7] Casaleggio & Associati est l’agence de marketing dont est propriétaire Andrea Casaleggio, idéologue du mouvement populiste et poujadiste fondé par l’ex-comique Beppe Grillo.
[8] 70 % de la production actuelle d’un polymère indispensable aux batteries au lithium vient du Japon, et l’un des établissements qui le réalise a dû être fermé à la suite du tremblement de terre.

http://www.article11.info/spip/Fetichisme-de-la-marchandise

Vidéosurveillance : que voient les opérateurs derrière les caméras ?

La vidéosurveillance (« vidéoprotection » en langage officiel) fait l’objet d’une controverse croissante. D’un côté, le gouvernement ne cesse de réaffirmer son efficacité dans la lutte contre la délinquance et de dépenser des dizaines de millions d’euros pour encourager son implantation partout en France, au grand ravissement des sociétés commercialisant cette technologie. De l’autre, les chercheurs indépendants réalisent des études qui démontrent que la vidéo n’a qu’un impact marginal sur l’évolution de la délinquance, et que son coût est assez exorbitant pour les collectivités territoriales. Avec deux autres de ces collègues chercheurs indépendants, nous avions ainsi publié il y a quelques mois une tribune dans Le Monde parlant clairement d’une « gabegie ». La nouvelle recherche que vient de publier Tanguy Le Goff (téléchargeable ici) confirme de nouveau cette position critique.
Surveiller les surveillants
L'auteur est chercheur à l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région Île-de-France, ainsi que chercheur associé au CNRS (Cesdip). Pendant plusieurs mois, il a observé les dispositifs de vidéosurveillance dans deux communes de la première couronne parisienne.  La première est une commune plutôt bourgeoise de plus de 50 000 habitants, équipée d’une soixantaine de caméras et dotée d’un centre de supervision urbaine (CSU) fonctionnant 24h/24h et 7 jours sur 7 avec une équipe de 8 opérateurs placée sous la direction d’un chef de service. La seconde est une commune plutôt populaire comptant un peu moins de 30 000 habitants, équipée de 28 caméras et dans un centre de supervision comptant 3 opérateurs dont un chef de salle, dispositif volontairement limité en raison notamment de la présence de 300 autres caméras dans l’un des quartiers, gérées par un centre de vidéosurveillance propre aux bailleurs sociaux.
Ces deux dispositifs diffèrent d’un point de vue technique et dans leur mode d’organisation. L’un s’appuie sur une technologie considérée comme très performante mais avec des opérateurs n’ayant qu’une faible expérience. L’autre s’appuie sur une technologie plus ancienne mais avec des opérateurs expérimentés. Les contrastes entre les deux systèmes, aussi bien au niveau du nombre de caméras, de l’organisation des services et de leur positionnement, de l’ancienneté des opérateurs que de la différence du niveau technique des systèmes, reflètent bien la diversité des conditions dans lesquelles travaillent aujourd’hui, au sein de nombre de villes françaises, les opérateurs municipaux de vidéosurveillance.
L’illusion d’une surveillance continue
Que font ces opérateurs ? Ils ont un nombre important d’activités mais pas principalement celles où on les attend, à savoir sur la surveillance des espaces publics. L’observation des pratiques met en évidence qu’ils assurent bien un travail de surveillance, en regardant les écrans de manière passive (balayage des caméras) ou active (recherche du flagrant délit), mais cette surveillance ne participe que de manière limitée à une prévention des désordres. L’idée que les espaces vidéosurveillés sont en permanence sous la vigilance des opérateurs est une illusion pour de nombreuses raisons. D'abord parce que ces derniers ne consacrent en réalité qu’environ la moitié de leur temps de travail à la surveillance passive ou active, et que cette part de temps est de plus fortement limitée dans son efficience par différents facteurs :
* facteurs techniques : "Sur nos deux sites, chaque jour au minimum 5 % des caméras connaissent un problème technique qui les rend inutilisables" constate le chercheur. Ensuite, des caméras sont régulièrement mal réglées ou mal positionnées. Bref, des problèmes de maintenance se posent de façon quotidienne et occupent une partie du temps.
* facteurs météorologiques : la visibilité est fortement réduite en cas de forte pluie, de neige ou de gel, et lorsque les rayons du soleil couchant se réverbèrent sur les globes. Les opérateurs se plaignent aussi de l'insuffisance taille des arbres dont le feuillage peut empêcher la vue, de même que (en centre-ville) certains panneaux signalétiques voire même l'abondance des décorations de Noël...
On verra dans un instant les facteurs humains.
Un regard sélectif, voire discriminatoire
Par ailleurs, l’étude montre que ce regard des opérateurs est sélectif. Parmi la profusion d’informations et d’individus qui apparaissent sur leurs écrans, ils sont amenés à faire des choix entre les écrans et les images qu’ils décident prioritairement de regarder, et surtout entre les personnes qu’ils ciblent avec les caméras. Ce ciblage, forme de tri social de la population dans l’espace public, est moins fondé sur les comportements suspects d’individus que sur leur âge (les « jeunes ») et leur « apparence », plus précisément sur leur tenue vestimentaire. Ils exercent ainsi une forme de discrimination, bien souvent inconsciente, qui est d’autant plus forte qu’aucune formation sur les comportements suspects, sur la manière de cibler ne leur est délivrée, ni avant leur prise de poste ni même après. Or ce type de traitement discriminant est contraire à l’égalité républicaine.
De longues heures où il faut tuer l’ennui...
A côté de leur travail de surveillance passive ou active, les opérateurs sont orientés par l’action des policiers municipaux sur la voie publique ou par les affaires gérées par les policiers nationaux. Ces activités « connexes » vont de la relecture d’images à la gestion des appels téléphoniques du service de la police municipale en passant par la quête du flagrant délit. Surtout, les policiers municipaux et nationaux sollicitent de plus en plus les opérateurs de vidéosurveillance pour renforcer leur propre sécurité, améliorer leurs performances judiciaires ou calibrer leurs interventions. Toutes ces activités occupent une part importante dans le temps de travail des opérateurs. Elles mettent en évidence que leur travail dépend étroitement de l’activité des policiers. Sans eux, ils se trouvent dépourvus de relais avec le terrain, dépourvus de moyens de comprendre ce qui se joue sur une image et sans prise pour agir sur les délits ou incidents qu’ils repèrent. Dès lors, quand les policiers ne sont pas en action, quand ils ne fournissent pas de l’information aux opérateurs, quand les ondes radios sont muettes, tout particulièrement la nuit, l’ennui gagne les opérateurs. Durant ces longues plages horaires où rien ne se passe, où les opérateurs sont parfois seuls dans leur salle, ils cherchent à remplir le temps : pauses cigarette, détournement des usages des caméras à des fins personnelles, conversation téléphonique ou jeux sur son portable, sieste…
Un métier non valorisé
Pour toutes ces raisons, contrairement à l'idée véhiculée par les promoteurs de la vidéosurveillance, la démultiplication du regard sur l’espace public ne se traduit pas par une augmentation exponentielle du nombre de « flags » (flagrants délits) et d’arrestations. Si le regard des opérateurs est certes démultiplié par les caméras, du moins dans le petit périmètre géographique vidéosurveillé (une partie des centres-villes), il reste limité par les capacités physiques des opérateurs (le nombre de caméras qu’ils peuvent regarder en étant réellement attentifs aux images) ainsi que par toutes les raisons pratiques que l'on a déjà évoquées. Dès lors, quand bien même l’opérateur serait vraiment vigilant et motivé, les flags sont de l’ordre de l’exceptionnel. Rares sont les délits qu’ils repèrent donnant lieu à une intervention et, plus encore, à une arrestation par la police.
Ainsi, faiblement diplômés, se trouvant dans des statuts souvent précaires, rarement formés ne serait-ce qu’aux rudiments de la législation encadrant la vidéosurveillance des espaces publics, sans perspective d’évolution de carrière, les opérateurs de vidéosurveillance demeurent des acteurs à la périphérie des systèmes locaux de sécurité, non reconnus voire méprisés, alors même que l’outil dont ils ont la charge est aujourd’hui promu comme la pierre angulaire des politiques locales de prévention de la délinquance. Preuve une fois encore que, dans toute cette affaire de vidéosurveillance, l'on marche sur la tête ou l'on met la charrue avant les bœufs, pour des raisons sans doute à la fois idéologiques (le vieux fantasme sécuritaire de la surveillance intégrale), électorales (cela contente ceux qui éprouvent le plus le sentiment d'insécurité) et commerciales (car l’État subventionne de fait le secteur privé).

http://insecurite.blog.lemonde.fr/2011/10/02/videosurveillance-que-voient-les-operateurs-derriere-les-cameras/

Transición a nueva moneda de reserva mundial e intensa pugna por control del mercado europeo

Enrique Muñoz Gamarra

El mundo cruje. La coyuntura es excepcional. Hay un movimiento extraordinario en las estructuras mundiales. Todas las estructuras económicas (también las política e ideológicas) que sostienen el sistema imperialista están implicadas en esta situación, incluido, claro está, la de los denominados países BRICS. En definitiva el mundo ha ingresado a un periodo corto de transición orientada hacia una nueva moneda de reserva mundial. Pero, en este momento, debido justamente a la implosión de la economía europea, la voracidad imperialista esta centrada fuertemente en esta región. Hasta allí han ido las aves de rapiña imperialistas listas a engullirse los mejores activos físicos de Europa.


Y, en esto, se observan dos cumbres internacionales muy importantes que clarifican esta situación. Primero, la cumbre del Fondo Monetario Internacional (FMI) (reunión anual conjunta con el Banco Mundial) del 17 al 25 de septiembre de 2011 en Washington y, segundo, la cumbre de los BRICS, encabezado por la delegación China y efectuada, en paralelo a la cumbre anterior, entre el 23 y 24 de septiembre de 2011, también en Washington y ambos para ver la crisis europea. Resaltar esto es muy importante porque allí, me parece, se rompió el ordenamiento unipolar. Realmente son históricas estas dos cumbres.

Primero, implosión de la economía capitalista occidental.

De hecho, el control del 50 % de la producción manufacturera mundial, tambien de la producción petrolera y las cuantiosas reservas de oro contabilizadas en los cincuenta del siglo pasado en Norteamérica, son recuerdos del pasado. En esto es absolutamente cuestionable el último informe del Consejo Mundial del Oro, que en su publicación de agosto de 2011 habla de 8.133.5 toneladas de oro, cuando otras informaciones dan cuenta de un Fort Knox prácticamente vacía.

La economía estadounidense sigue hundiéndose. Algunas cifras al respecto son: crisis bancaria, sobre todo, por el debilitamiento del Bank of América, principal banco americano. Desde hace seis meses su crecimiento es de 0,7%. Su industria manufacturera está quebrada. Su inflación real, 11,4% y la oficial 3,8% (sobre esto recomiendo leer a Bob Chapman en Global Research, además, analizar el método de Paúl Volcker en la cuantificación de la inflación) (1). Déficit fiscal sobrepasa el billón de dólares desde hace tres años. Desempleo real, 20%, aunque oficialmente se maneja la cifra de 9.3%. Hay cerca de 45 millones de personas que viven de los cupones alimenticios. Y, lo más peligroso, se dice que casi la totalidad de los fondos de seguros y jubilación de la masa trabajadora estadounidense habría sido incluida en los 14 billones de deuda pública estadounidense y que alcanzaría nada menos el 40% de ese monto.

Eurozona en estado de implosión. Durante todo este tiempo las ambiciosas burguesías financieras estadounidenses (Wall Street) e inglesas (City londinense) han estado destruyendo la estructura económica de la eurozona. Decían que estaban estabilizando, pero, no, el asunto era la destrucción de su economía. En concreto estaban atacando los ingresos, la capacidad de consumo, los derechos laborales de la masa trabajadora y creando un estado de zozobra en toda Europa. En particular, Grecia ya está en default y en suspensión de pagos. Mientras España, Italia, Francia e Inglaterra esperan su turno.

China también empieza a sentir los resultados de la crisis. En efecto, china ha entrado a un periodo de desaceleración e inflación muy importante. Las estimaciones de inflación han crecido de 4,6 % a 5,3% en abril de este año (2011) debido a la incertidumbre que hay en la demanda externa desde la Unión Europea, el estancamiento económico de Estados Unidos y la caída de Japón. La misma prensa china dice al respecto lo siguiente: “China ya esta revalorizando de manera gradual su moneda, principalmente debido a que debe hacerlo para evitar la inflación dentro de su propia economía” (2).

Segundo, intensa pugna por el control del mercado europeo

Previo a un énfasis de la importancia de la economía europea en el sistema capitalista mundial, quisiera tomar nota de lo ocurrido en la última cumbre de ministros de economía de la Unión Europea (UE) realizada en la ciudad de Breslavia de Polonia (presidencia de turno polaca del 01 de julio al 31 de diciembre) el sábado 17 de septiembre de 2011, donde se vio el asunto de la crisis europea y en la que las partes se hicieron de oídos sordos y hasta cuestionaron los “consejos” de Tim Geithner, Secretario del Tesoro estadounidense, que por primera vez participaba en tan trascendental reunión y que, entre otras, puso en evidencia las duras fricciones existentes entre el euro y el dólar.

En efecto, allí, Geithner exigió que la eurozana ponga de inmediato sobre la mesa sus garantías efectivas para proceder con el rescate de Italia y España desde Washington, es decir, la entrega total de sus recursos productivos y su soberanía a la voracidad de las transnacionales estadounidenses. El presidente del Eurogrupo, Jean-Claude Juncker, no se aguanto más y dijo lo siguiente: “No se debate (en la Unión Europea) sobre el incremento o la expansión del mecanismo europeo de estabilidad financiera con un Estado no miembro de la eurozona”, se refería claramente a la intromisión de Estados Unidos en sus asuntos internos a través de Geithner. Y, esto fue aún más especificada por la ministra de finanzas de Austria, María Fekter, que dijo: “No creo que se justifique que alguien esté aquí para darnos lecciones de nada. Si se mira los datos macroeconómicos, Europa está mejor que ellos” (3). El asunto no podía ser más claro.

Con esto queda en el aire las altisonantes frases de “salvación del euro”, “salvación de la Unión Europea”, etc., que con gran desparpajo sostienen las hipócritas prensas occidentales. El desplazamiento de capital de corto plazo que hace poco desarrolló la FED estadounidense y los bancos de Inglaterra, Suiza y Japón, con el beneplácito de un sector del BCE, fueron para seguir manipulando el sistema financiero europeo desde este sector. En efecto, la “lluvia de dólares” del jueves 15 de septiembre de 2011, fueron, en realidad, “créditos de corto plazo”, se dice, para ganar tiempo, por espacio de 45 días, es decir, hasta el 05 de noviembre del presente año y en un monto de 400.000 millones de dólares que como sabemos fueron al traste e incluso dieron lugar posteriormente a una caída muy importante en las bolsas y en las cotizaciones de las principales monedas del mundo, particularmente, del euro.

Pero, lo cierto es que la Unión Europea (UE) desde un inicio ha estado sometida a Wall Street y la FED estadounidense. Las raíces las podemos encontrar en el Plan Marshall que Estados Unidos impuso a Europa tras la gran guerra. Por lo demás se sabe de sobra que antes de la instalación de la UE (2001) todas las monedas europeas fueron objeto de ataques mortíferos por parte del dólar americano. Luego con la instauración de la UE esto fue oficializado con los acuerdos de Maastricht que no fue, otra cosa, sino, un grillete, una especie de “Acuerdo Plaza” que frenaba el normal desenvolvimiento de la economía europea. Posiblemente un logro de la ingerencia estadounidense y sostenida sobre la base de la inexistencia de una burguesía financiera capaz de poner orden en esta región o, cuando menos, de ponerse de acuerdo en el establecimiento de una unidad política que maneje en mejores condiciones el conglomerado de la UE. Ni las burguesías financieras alemanas o francesas estaban en ese nivel. A ello debe agregarse la labor de zapa de Inglaterra, que no es parte de la eurozona, pero que tiene una gran influencia desde su quebrada bolsa especulativa (City londinense) junto a Wall Street, para desestabilizar el euro vía la introducción de los llamados capitales especulativos (Hedge Funds).

Estados Unidos y China están implicados en una fuerte manipulación de sus monedas. Esto está expresado en lo siguiente: por una parte, el dólar está excesivamente expandido, incurso en un paradigma especulativo sin precedentes que agobia al conjunto del sistema financiero mundial. Y, el yuan o renminbi chino, ajustado a ese dólar artificioso, como cabalgando sobre ella, mantiene a raya a este (dólar) infravalorando su valor y asegurando su existencia. Esta es una expresión absolutamente real de la actual guerra monetaria en ciernes por el control de mercados.

Fuerte presión estadounidense contra la eurozana. Sencillamente esto es intenso sobre todo cuando un sector de la eurozona apunta a los eurobonos al que los estadounidenses se oponen terminantemente ya que sería peligroso para sus intereses. Esto, en la medida en que la FED debe ser un único ente capaz de bombear billetes al sistema financiero mundial. No olvidemos que Estados Unidos desde el inicio de la presente gran crisis (2008) estableció el 0 % de intereses en sus préstamos, con lo cual ahogaba y llevaba a una situación extrema a Europa. En esto también se inscribe la fuga de capitales que desde inicios de agosto del presente año inician los capitales de corto plazo del mercado europeo. Según algunos analistas estos serían del orden de los 8 billones de dólares que debe ser refinanciada máximo en dos años (la mitad en un año). Una cifra asombrosamente muy grande que escapa a toda previsión, incluso, a las mismas reservas de China. (4). Por eso la FED y las otras bancas han ido hasta allí el 15 de septiembre de este año, que la prensa china denominaba “lluvia de dólares”, llevando capitales de corto plazo para amenguar esta situación que, como hemos dicho más arriba, fue un fracaso.

Tambien las agencias calificadoras estadounidenses se las juegan todas contra Europa. Estas siguen con sus informes en contra de los países europeos. Después de haber llevado a la condición de bonos basura los bonos de Grecia e Irlanda, ahora atacan a España, Italia, Francia, Inglaterra, etc. Esto se combina con el tráfico de información privilegiada al que tienen acceso estas agencias. La última nota que recibí sobre estos ataques refieren así: “La agencia internacional de calificación Fitch Ratings advierte en su reciente informe que la influencia conjunta de las fuerzas negativas del mercado y de los respectivos factores fundamentales hace crecer la presión sobre el ranking de los bancos franceses” (5). En esto tambien es bueno dar cobertura a la renuncia de Deven Sharma a la presidencia de la agencia calificadora Stándar & Poor’s, en cuyo mandato el 05 de agosto de 2011, Estados Unidos fue degradado por primera vez en la historia de su máxima categoría crediticia (6).

El otro gran protagonista del control del mercado europeo es China. Este país ya desde algún tiempo ha estado participando en la adquisición de bonos soberanos de deuda de Grecia, Irlanda y Portugal. Además esta en conversaciones con Italia. Por otra parte en su agenda está el pedido que le hizo a Europa apruebe su condición de economía de mercado lo más antes posible para calmar las exigencias de la Organización Mundial del Comercio (OMC).

Pero el asunto aquí es Alemania. Alemania es la columna vertebral de la Unión europea. Es el país mejor instalado. Allí están los capitales más grandes que controlan Europa. Pero en ellas esta cobijada una impresionante cantidad de capitales ficticios que no tienen valor. Son los mismos capitales sin valor bombeados desde la reserva federal estadounidense. Por eso hay fuertes pugnas a su interior que alcanzan incluso al Bundestag (parlamento alemán) y en el que peligra la continuidad de Ángela Merkel al frente del Estado Alemán. La crisis ha debilitado en extremo el poder de estas burguesías. Aquí es clave el BCE. Pero este banco esta en función de un sector de capitalistas alemanes y la FED estadounidense. Actúa a espaldas del conjunto de la UE. Son lamentables las actuaciones del presidente del BCE Jean-Claude Trichet y probablemente también de Mario Draghi que sustituirá a este último del 01 de noviembre de 2011 hasta el 31 de octubre de 2019.

Pero también hay sectores muy definidos “Pro-Europa” al interior del BCE que junto a Holanda y Austria se oponen a dispendios mayores (bombeo de capitales ficticios desde la FED estadounidense) que debilitan los capitales europeos. En Alemania este sector esta representado por miembros prominentes del Bundesbank (Jean-Claude Juncker, presidente del eurogrupo), también por Jürgen Stark, que fue economista jefe del BCE. En tanto Ángela Merkel quiere dar un poder ilimitado al Fondo Europeo de Estabilidad Financiera duplicando sus fondos, indudablemente, debe tener sus razones y defender a un sector determinado de capitalistas.

Pero lo cierto es que el BCE ha estado muy activo. Los datos al respecto son los siguientes: “Desde mediados de 2010 el BCE viene operando en el mercado secundario adquiriendo bonos devaluados de las deudas de los países que se acogieron a planes de ‘rescate’, como Grecia, Portugal e Irlanda” (7). Sobre esto, Bob Chapman dice lo siguiente: “el Banco Central Europeo (BCE) ya hizo una incursión ilegal en el mercado de bonos al comprar bonos italianos y españoles por valor de 55.000 millones de euros” (8). Esto, más o menos revela, que al interior de la eurozona hay sectores que tratan de romper su “Acuerdo Plaza”, de facto, que los ata permanentemente desde su origen. Se cuestiona a Maastricht porque indujo a la constricción de la economía productiva de Europa.

Tercero, gran movimiento de estructuras económicas mundiales e inicio de un periodo de transición hacia una nueva moneda de reserva internacional

Aunque la teoría de “Globalización”, trabajada en el Pentágono, tergiversaba en extremo el asunto de la mundialización de las transnacionales imperialistas, en el fondo, los bloques seguían existiendo por encima de estas divagaciones. No olvidemos que son partes centrales de este sistema. Pues, sencillamente, este nunca fue un bloque homogéneo. Y, en esto, las contradicciones interimperialistas son muy puntuales.

Así, en este marco, podemos enumerar los siguientes bloques: Primero, el bloque estadounidense y su subsidiaria Gran Bretaña. Segundo, el bloque chino. Tercero, el bloque de la eurozona, con sus dos sub-bloques, es decir, el sub-bloque alemán, el sub-bloque francés. Cuarto, el bloque indio. Quinto, el bloque de Japón. Sexto, el bloque ruso, etc. En si, cada bloque con su propia estructura.

Y, es precisamente aquí, donde hoy se siente un fuerte movimiento. Se oyen truenos en la estructura capitalista occidental desde los Estados Unidos (Wall Street), seguidas de Inglaterra (City londinense) y Japón, como un orden estructural no compacto que tratan de amalgamarse sobre la base estadounidense para seguir controlando la economía mundial y avanzan en un sentido oscilante y de colisión con las estructuras que encabeza China junto a los de India y Rusia inmersas en una situación de atracción a las fuerzas de la unión europea, en este caso, encabezada por Alemania que trata de salvar su control sobre esta región aunque en desventaja por las contradicciones de grupos de poder que allí impera. En realidad es un gran movimiento de reajuste de estructuras empujadas por los acontecimientos de la gran crisis en medio de la expansión China y el agotamiento de las fuerzas occidentales. Observar esto es muy importante.

Esto está expresado en los siguientes hechos:

En primer lugar el PBI mundial es de 60-65 billones dólares y la gran burbuja especulativa (banca en la sombra) que agobia el sistema financiero mundial es del orden de los 1,200 y 1,500 billones de dólares aproximadamente y, de los cuales, un tercio, es decir, 400 y 500 billones de dólares corresponderían a Europa (9).

Estados Unidos, siguiendo su lógica de dominio imperialista y gendarme internacional, quiere seguir manteniendo los espacios como estaban hasta hace poco. Está comprometida en una agresiva política de contención del ascenso chino. Cierto, que desde el ámbito económico la FED, el FMI y el resto de bancos, son muy importantes. Pero el dólar es la máxima expresión de su dominio.

Entre tanto China exige la apertura de mercados, particularmente, de Estados Unidos y Europa. Este país tiene premura en desembarazarse de los bonos estadounidenses, es decir, entendió que es urgente la diversificación de sus reservas internacionales. En concreto China necesita activos físicos. Los bonos estadounidense sin fondo simplemente no tienen sentido. Por lo tanto, China exige que los Estados Unidos despejen las barreras arancelarias impuestas sobre el mercado de alta tecnología y que permitan sus inversiones en títulos de acciones en las principales empresas estadounidenses y europeas.

En Europa hay sectores que están en contra de ataduras tipo “Acuerdo Plaza”. Las notas al respecto refieren lo siguiente: “Nada menos que el ex asesor de la canciller actual, presidente del banco nacional, Jens Weidman, ha criticado reiteradamente la ampliación del fondo de rescate porque teme que determinados países puedan hacerles pagar sus deudas a otros sin someterse a un plan de austeridad…Ayer, el antecesor de Weidman en el cargo, Axel Weber, solicito más competencias para Bruselas, incluido el derecho a intervenir en los presupuestos de los Estados” (10). Además ahora algunos sectores ya sostienen así abiertamente el desmantelamiento de la periferia europea. Alemania encabeza esta situación.

Suiza hace unos días abandono la libre flotación de su moneda y ahora esta acoplada al euro, aún a sabiendas que esta moneda pierde valor en sus cotizaciones. Es una situación de desesperación.

Fuga de capitales. Desde Rusia se reporta una importante fuga de capitales. Según declaraciones del vicedirector del Departamento de Estabilidad Financiera del Banco Central de Rusia, Serguei Moiseev, efectuada en el marco del Foro Bancario Internacional, celebrada en Sochi (Rusia), el 05 de septiembre de 2011: “Los 30 bancos más importantes de Rusia operaron en los primeros seis meses de 2011 la salida al exterior de unos 20 mil millones y el monto total de fuga de capital ascendió a 31,2 mil millones de dólares” (11).

También se reporta importante fuga de capitales desde Brasil. Los cables dicen lo siguiente: “La reducción de la tasa SELIC (controlada por el banco central) en Brasil desató una corrida de capitales al exterior…La salida de capitales va obligar al Banco Central de Brasil a volver sobre sus pasos. La reducción de la Tasa SELIC se produjo cuando los capitales de todo el mundo se disparaban hacia los bonos norteamericanos” (12).

El FMI no cuenta con recursos suficientes y, eso demuestra, una vez más, la debilidad estadounidense, que ni eso puede cubrir. El dato al respecto es la siguiente: “La directora general del FMI, Christine Lagarde, afirmó… nuestra capacidad de crédito, de alrededor de 400.000 millones de dólares, aparece confortable hoy, pero empalidece si se le mira en relación a las necesidades financieras potenciales de países vulnerables” (13). Sobre esto algunos sostienen que es hora de un nuevo Bretton Woods.

India está a punto de superar a Japón. Esta es la última nota que tengo sobre este tema e indica lo siguiente: “según las previsiones del FMI, la economía de de Japón experimenta este año una contracción del 0,7 % mientras la India registra una expansión de 8,2 %. India le pisa los talones a Japón en PBI al ser mínima la diferencia, India con 4,06 billones de dólares y Japón con 4,31 billones de dólares, en esto es decisivo el terremoto de marzo pasado” (14).

Sobre esta base se inicia un periodo de transición hacia una nueva moneda de reserva internacional:

En efecto, el mundo ingresa a un periodo de transición orientada hacia una nueva moneda de reserva internacional. Se da en una fase de debilitamiento del dólar, tras los avatares de la gran crisis actual, además, no olvidemos, que esto está inserto en una coyuntura especial. Y, esa es, por el momento, la tendencia monetaria en el ámbito mundial. Un fuerte impulso hacia una nueva moneda de reserva internacional. En esto tiene mucha incidencia la importancia que empiezan a tener y cada vez más el oro y el yuan chino, incluso, el euro, aún en una situación muy difícil en que hoy se encuentra. Los acontecimientos posteriores deben clarificar aun más esta situación. Pero de hecho ya se inició ese proceso de transición hacia una nueva moneda de reserva internacional.

Entonces, a partir de aquí, el dólar empieza a tensionarse muy duramente contra el oro, el euro y el yuan chino. En primer lugar hay una fuerte manipulación en las cotizaciones del oro. La caída en la cotización del oro en estas últimas semanas ha sido muy significativa. Esto se dio con fuerza en la segunda quincena de septiembre del presente año (2011). Mientras trataba de cuadrar como debe ser este articulo (04 de Octubre de 2011) llegaban hasta mí los últimos datos respecto a la cotización del oro: “El tradicional valor refugio, el oro, se apuntó hacia las 8.08 GMT de hoy (04 de octubre de 2011) una subida del 0,7 % en la bolsa Comex de Nueva York, hasta 1.670 dolares por onza Troy con entrega en diciembre” (15). Sin embargo, aún así, la importancia del oro sigue latente. Con respecto al euro, ya sabemos los inmensos riesgos en que está comprometida ahora, a raíz, prácticamente, de la implosión de la economía europea y agudizada aún más por la ofensiva más grande que Wall Street y la City londinense desatan contra esta moneda. El dólar y la libra esterlina están en esa ofensiva. En tanto el yuan chino desde hace un buen tiempo resiste las presiones de Washington que exige revalorice sus niveles de cotización. Los últimos datos que manejo sobre las fricciones entre el dólar y el yuan vienen desde los Estados Unidos, concretamente desde el Senado estadounidense donde hoy mismo (04 de octubre de 2011) se esta debatiendo un proyecto de ley que sancione a las monedas “subvaluadas” que de aprobarse daría lugar a que las compañías estadounidenses impongan aranceles de represalia. Este es un tipo de proteccionismo que patrocina la administración Obama incursa en la guerra comercial en que esta involucrada, sobre todo, contra los países emergentes, particularmente, contra China.

El asunto gravitante en todo esto es que China ya se alista a ocupar el lugar de los Estados Unidos en materia económica. Y, eso implica el ascenso del mundo a un periodo de extremo riesgo de conflictos interimperialistas muy graves. Pues, es de esperar que la reacción del poder que cae ciertamente es muy peligrosa.

Y, lo más importante, las masas empiezan a tomar el lugar histórico que les corresponde:

En principio hay una profunda lucha ideológica. La encabeza, por una parte, el Pentágono desde una estructura encubierta que incluye a poderosas transnacionales de la información, movimientos paramilitares fascistas como Al Qaeda, Taliban o Haqqani e intelectuales proclives a esa corriente. Y, junto a ella, hay un movimiento histórico, revolucionario y antiimperialista que recorre el mundo de norte a sur, de este a oeste y en viceversa, acentuando que la historia la escriben las masas. Así lo demuestran las verdaderas resistencias en Afganistán, Libia, Yemen, Somalia, Europa, también Norteamérica y en la india con el movimiento Naxalita. Y, no hay duda, ni por un instante, que en Egipto, Túnez y Libia tambien las masas están en marcha, pero, de seguro, están contra del militarismo estadounidense y su eje (Inglaterra, EEU y OTAN) y la dirección fascista de sus bandas paramilitares yihadistas anti-Islam que allí se ensañan contra el pueblo.

Finalmente, algunas notas recientes del mundo.

Eje militarista sigue tensionando el mundo. Ha iniciado una dura cruzada de excitación a favor de sus legiones paramilitaristas yihadistas anti-Islam difundiendo aniquilamientos de supuestos individuos a los que denomina, jefes yihadistas. Ya sabemos que con ello tratan de acentuar sus provocaciones en Oriente Medio (Siria), norte de África (Libia) y sudoeste de Asia (Afganistán-Pakistán). Además que los fantasmagóricos “movimientos” yihadistas Anti-Islam como Talibanes, Al Qaeda y Haqqani son un mismo espectro creado en los laboratorios del Pentágono. Sobre esto recomiendo leer el articulo: “Afganistán, la gran reacción religiosa (yihadista o integrista) y el mito taliban” publicado el 29 de abril de 2011, en: www.enriquemunozgamarra.org), cuyo texto será mejorado próximamente.

Y, lo último, en Libia. Aparte de la desaparición de sus cuantiosos fondos (250.000 millones de dólares) es preocupante la situación de Libia. Aquí prosigue el genocidio. La matanza contra la población civil sobrepasa la cifra de las 50,000 personas. La OTAN aplica el método de Atila de “tierra arrasada” contra ciudades como Sirte y Bani Walit, es decir, genocidio en masa que las prensas occidentales esconden deliberadamente. En principio la ocupación colonial acrecienta el odio de África y el mundo entero contra el imperialismo estadounidense. Sobre esto recomiendo interesarse por el blog y la Pagina Web de Leonor (leonorenlibia.blogspot.com), también por la Página Web de la resistencia Libia Al mukawana.

Notas:
1.- “Colapso económico, la manipulación financiera y la crisis del dólar”. (en ingles). Autor Bob Chapman. Articulo publicado el 24 de septiembre de 2011, en Global Research.
2.- “Iniciativa de Estados Unidos sobre moneda china produce más daños que beneficios, dicen medios de Estados Unidos”. Noticia publicada el 04 de octubre de 2011, en: spanish.news.cn
3.- “Duro cruce entre Estados Unidos y la UE”. Noticia publicada el 17 de septiembre de 2011, en: Associated Press (AP).
4.- “Defolteemos, el modelo argentino para el mundo”. Autor: Jorge Altamira. Articulo publicado el 22 de septiembre de 2011, en Argenpress.
5.- “La calificadora Fthc Ratings advierte de la creciente presión negativa sobre el ranking de los bancos franceses”. Noticia publicada el 30 de septiembre de 2011 en: Argenpress.
6.- “Dimite el presidente de S&P. Noticia publicada el 23 de agosto de 2011, en: Cubadebate.
7.- “La economía mundial se estremece”. Autor: Paula Bach. Articulo publicado el 18 de septiembre de 2011, en www.rebelion.org
8.- “Colapso económico, la manipulación financiera y la crisis del dólar”. Autor: Bob Chapman. Artículo publicado el 24 de septiembre de 2011, en: Global Resesarch.
9.- “Europa debe luchar contra los ataques especulativos de Estados Unidos y Reino Unido” (En Ingles). Autor: Webster G. Tarpley. Artículo publicado el 03 de octubre de 2011, en: Global research.
10.- “Merkel se encuentra entre el oso de su gobierno y la prórroga” Autor: Ingo Niebel. Artículo publicado el 29 de septiembre de 2011, en: www.rebelion.org
11.- “Los altos precios del crudo condiciona la fuga de capitales de Rusia”. Autos: Marina Selina. Artículo publicado el 13 de septiembre de 2011, en: RIA NOVOSTI.
12.- “El modelo en la picota: los ‘emergentes’ se suben (de nuevo) a la crisis mundial”. Autor: Nicolás Rovire. Articulo publicado el 22 de septiembre de 201, en: Argenpress.
13.- “FMI no cuenta con recursos para enfrentar una nueva crisis”. Noticia publicada el 24 de septiembre de 2011, en Cubadebate.
14.- “La india podría desplazar a Japón como tercera mayor economía mundial”. Nota publicada el 20 de septiembre de 2011, en: www.diariouniversal.net
15.- “Bolsas rusas renuevan mínimos anuales ante fuga masiva de inversores hacia dólar”. Noticia publicada el 04 de octubre de 2011, en: RIA NOVOSTI.

Nota adicional: necesito corregir unas notas indebidas que escribí en mi artículo anterior. Fue referente al arma nuclear. Sostuve allí incorrectamente que el arma nuclear era una fuerza disuasiva determinante en el Equilibrio Estratégico Mundial El asunto es que el arma nuclear puede ser determinante en el nivel de las contradicciones inter-imperialistas más no en el nivel de la contradicción principal que hay en el mundo y que refiere a las contradicciones entre imperialismo y los pueblos del mundo entero, que solo la resuelven las masas populares y nadie más. Esto quería aclarar para no dejar dudas sobre mis abstracciones.

http://www.argenpress.info/2011/10/transicion-nueva-moneda-de-reserva.html
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