À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

11/10/2008

A face reversa da educação médica

Luís César Souto de Moura

Classificar e silenciar: vigilância e controlo institucionais sobre a prostituição feminina em Portugal

Susana Silva - Instituto de Sociologia da Universidade do Porto e Centro de Investigação em Ciências Sociais da Universidade do Minho.

"A percepção da importância da eficácia da acção de mecanismos informais e institucionais de poder e de controlo social no âmbito dos comportamentos sexuais das mulheres afigura-se como incontornável e de elevado interesse científico, enquanto pilar de ancoragem dos domínios da sexualidade e, em particular, da reprodução, configurados por uma forte associação com os conceitos de casamento, parentesco, consanguinidade e «família» (historicamente entendidos como constituindo os fundamentos essenciais da organização social, em especial na tradição judaico-cristã). Aliás, a historicidade das normas sexuais demonstra-nos como as concepções de sexualidade resultam de uma construção social, evidenciando assim os pressupostos ideológicos subjacentes à afirmação do carácter absoluto das mesmas."

in Análise Social, vol. XLII (184), 2007, 789-810

A defesa institucional numa instituição total: o caso de um centro de internamento de menores delinquentes

Tiago Neves - FPCE-UP

"As páginas que se seguem resultam de trabalho etnográfico desenvolvido durante cerca de um ano numa instituição de internamento e reeducação de menores delinquentes — o Centro Educativo de Santo António (CESA). O CESA apresenta características que o constituem enquanto instituição total numa acepção goffmaniana. De acordo com Goffman, os elementos
nucleares das instituições totais são os seguintes: «Em primeiro lugar, todos os aspectos da vida são realizados no mesmo local e sob uma única autoridade. Em segundo lugar, cada fase da actividade diária do participante é realizada na companhia imediata de um grupo relativamente grande de outras pessoas, todas elas tratadas da mesma forma e obrigadas a fazer as mesmas
coisas em conjunto. Em terceiro lugar, todas as actividades diárias são rigorosamente estabelecidas em horários, pois uma actividade leva, em tempo predeterminado, à seguinte, e toda a sequência de actividades é imposta de cima, por um sistema de regras formais explícitas e um grupo de funcionários.»

in Análise Social, vol. XLII (185), 2007, 1021-1039

A reclusão de mulheres e a indústria de reintegração

Pat Carlen - Universidade de Keele.

"Este artigo fala sobre as economias culturais e políticas da prisão de mulheres e a indústria de reintegração e sobre o discurso de reabilitação na prisão em que se baseia actualmente essa indústria. Ao usar o termo «economia cultural do aprisionamento», refiro-me ao estatuto icónico dos poderes míticos da prisão para proteger governos e cidadãos de quaisquer ameaças ao corpo político resultantes de infracções à lei, desemprego, imigração, marcas visíveis de exclusão de cidadania e ameaças de qualquer outro tipo. Ao usar o termo «economia política do aprisionamento», estou a referir-me à transferência de bens e serviços entre os domínios penal e não penal."

in Análise Social, vol. XLII (185), 2007, 1005-1019

Os excluídos da sociedade de consumo: toxicodependentes, psicopatas e sem-abrigo nas prisões americanas

Loïc Wacquant - Universidade da Califórnia-Berkeley.

"Nos Estados Unidos, a sobrelotação das prisões resulta mais da tentativa de controlar as populações incómodas do que da luta contra os crimes de sangue, cujo espectro assombra os media e alimenta uma florescente indústria cultural do medo dos pobres."

in Análise Social, vol. XLII (185), 2007, 987-1003

Condomínios fechados em Lisboa: paradigma e paisagem

Rita Raposo - Instituto Superior de Economia e Gestão.

"Este artigo procede a uma apresentação do fenómeno condomínios fechados, seguindo uma linha interpretativa e analítica específica e recorrendo a uma ilustração particular — o caso da Área Metropolitana de Lisboa. Propomos uma interpretação o fenómeno, analisamos as suas principais dimensões variáveis, a sua história e a sua expressão."

Palavras-chave: condomínios fechados; Área Metropolitana de Lisboa; segregação.

in Análise Social, vol. XLIII (1.º), 2008, 109-131

L'institutionnalisation de la pédiatrie en milieu franco-montréalais 1880-1980 Les enjeux politiques, sociaux et biologiques

Rita Desjardins - Département d'histoire; Thèse présentée à la Faculté des études supérieures en vue de l'obtention du grade de philosophiae doctor (Ph. D.); Université de Montréal

"Cette étude rend compte de l'émergence de la pédiatrie en milieu franco-montréalais, de son institutionnalisation et de la professionnalisation des pédiatres. Pour une mise en cohérence, nous avons recours à des thèmes organisateurs qui placent successivement l'enfant entre les enjeux politiques, sociaux et biologiques qui recoupent les trois divisions chronologiques retenues. Pour chacune des périodes, tant en médecine préventive que curative, nous relevons les stratégies d'intervention qui conduisent à la médicalisation de l'enfance et de l'adolescence.

Nous prenons en compte la découverte de l'enfance qui, faisant surgir un sentiment nouveau à son égard, met de l'avant de nouvelles valeurs qui se traduisent dans l'institutionnalisation des enfants abandonnés, premier terrain clinique offert à la pédiatrie. Ce faisant, nous soulignons les conditions du développement de la pédiatrie comme discipline médicale autonome au sein d'une institution pédiatrique qui favorise la constitution d'un savoir spécifique et lui permet de dégager son territoire. Enfin, nous suivons son évolution jusqu'à son éclatement au profit des surspécialités qui transforment l'institution pédiatrique en un centre de traitements ultraspécialisés et en un centre de recherche pédiatrique. Globalement, nous plaçons notre travail en regard de l'évolution des sciences biologiques qui marque cet accomplissement. A travers cette évolution et pour mieux cerner le cadre conceptuel, nous prenons en considération les mouvements sociaux sur lesquels s'appuie la profession pour en débusquer les stratégies d'intervention, nous dégageons la spécificité du développement institutionnel franco-montréalais et nous faisons état de la contribution des pédiatres montréalais au développement de cette discipline, tant ici qu'à l'étranger.

La première phase qui s'écoule entre les années 1880-1920, correspond à l'émergence de la pédiatrie et à son individualisation comme discipline médicale. Elle se caractérise par la place de l'enfant au sein de l'enjeu politique. Confrontés à leur infériorité numérique dans la Confédération canadienne, les Canadiens français s'émeuvent du taux élevé de mortalité infantile qui émerge alors comme un problème politique. De leur côté, les médecins, déjà engagés dans la lutte pour leur reconnaissance professionnelle sont particulièrement soucieux d'étendre leur autorité culturelle. Cette convergence d'intérêts soutient la mise sur pied d'institutions pédiatriques et l'organisation d'oeuvres sociales privées en faveur de l'enfance. Cependant, l'appui de différentes associations féminines et du clergé devient nécessaire pour faire accepter à la population, la prise en charge de la santé des enfants jusque-là réservée à la mère. Nous faisons ressortir l'influence des groupes de pression dans l'élaboration des politiques de santé qui donnent lieu à un développement des structures administratives dans les services municipaux et à la fondation d'hôpitaux pédiatriques. La pédiatrie dont les frontières se confondent avec celles de l'hygiène et de l'obstétrique, tire son prestige de l'évolution des sciences biologiques et découpe son champ en s'appuyant principalement sur la bactériologie et la diététique.

La seconde phase qui s'étend des années 1920 à 1947, place l'enfant au coeur des enjeux sociaux. Elle se caractérise par l'intervention gouvernementale, l'expansion des services à l'enfance et le développement institutionnel de la pédiatrie. L'avènement de l'Assistance publique et l'essor de l'enseignement des sciences à l'Université de Montréal, constituent des étapes déterminantes pour l'avenir de l'Hôpital Sainte-Justine devenu une institution pédiatrique universitaire et pour le développement de la pédiatrie à Montréal. Cette période est marquée par l'inauguration d'une formation spécialisée qui conduit à la reconnaissance de la pédiatrie comme spécialité médicale. Au cours de cette période, nous faisons état des ruptures épistémologiques et nous interrogeons les mesures élaborées qui logent à l'enseigne du conservatisme médical et social.

La dernière phase qui couvre les années 1947-1980, inscrit l'enfant dans les enjeux biologiques. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les gouvernements allouent des sommes importantes au développement institutionnel et technologique requis pour améliorer les soins de santé. Outre que la pédiatrie subit le bouleversement du régime démographique, les principales causes de la mortalité infantile passent sous contrôle. Les pédiatres se tournent alors vers la mortalité périnatale et, faisant entrer le foetus dans le champ de la pédiatrie, ils inaugurent un centre mère-enfant. L'importance est alors accordée aux maladies congénitales et héréditaires qui cherchent leurs solutions du côté de la génétique tandis que le développement optimal de l'enfant prend le relais de la lutte à la mortalité infantile. La formation d'équipes multidisciplinaires hautement spécialisées permet d'aborder des problèmes jusque-là restés sans réponse. L'Hôpital Sainte-Justine se transforme en un lieu propice à la recherche et l'ouverture du centre de recherche en 1974 nous permet d'aborder les conditions de son émergence. La période se termine par une reconfiguration du système de santé mais aussi par l'Année internationale de l'enfant (1979)."

Transformations des pratiques de recherche en sciences économiques et en sociologie dans deux universités québécoises

"instrumentalisation de la production du savoir?"

Mathieu ALBERT - Département de sociologie; Thèse présentée à la Faculté des études supérieures en vue de l'obtention du grade de Philosophiæ Doctor (Ph.D.); Université de Montréal

"Nous avons tenté, dans cette recherche, d'évaluer en quoi la dynamique de production de connaissances en sciences sociales a été affectée par l'orientation plus instrumentale de l'appui à la recherche développée par les instances gouvernementales. Plus spécifiquement, nous avons examiné de quelle manière les professeurs en sciences économiques et en sociologie élaborent leur programme de recherche dans un contexte marqué par des tensions croissantes entre la demande sociale de connaissances et la logique traditionnelle de la production scientifique, caractérisée par l'autonomie des disciplines et un processus d'évaluation logé sous le contrôle des producteurs.
Les questions à l'origine de notre recherche peuvent se résumer comme suit : l'érosion des fonds publics alloués à la recherche a-t-elle conduit les professeurs à s'orienter davantage vers la recherche appliquée et, en conséquence, à transformer la définition légitime de la carrière scientifique et professorale pour que soient reconnues les activités répondant à la demande sociale? La diminution des fonds publics a-t-elle eu des impacts différents en sociologie et en sciences économiques? Si oui, comment peut-on expliquer ces différences?

Au plan méthodologique, nous avons opté pour une approche de type qualitatif combinant deux stratégies. La première stratégie visait à comparer le volume et la diversité de la production intellectuelle de deux cohortes de professeurs en sciences économiques et en sociologie au moment d'obtenir leur permanence. La seconde stratégie explorait les raisons présidant aux choix des professeurs en matière de production intellectuelle ainsi que les jugements qu'ils portent sur la valeur des différents types de production au sein de leur discipline. La première cohorte de professeurs était composée de professeurs ayant obtenu leur permanence entre 1974 et 1983, la deuxième, de professeurs l'ayant obtenu entre 1989 et 1998. La première période était considérée comme précédant le développement de l'orientation plus instrumentale de l'appui à la recherche, la seconde comme étant marquée par ce développement. Les matériaux d'enquête étaient constitués des CV des professeurs ainsi que d'entrevues avec ces derniers.

Au plan théorique, nous avons développé deux concepts visant à saisir la complexité des processus sociaux liés à la transformation de la dynamique de production de la connaissance scientifique dans le contexte de l'intensification de l'orientation instrumentale de l'appui à la recherche. Il s'agit des concepts de sous-champ de production pour producteurs et de sous-champ de production pour non-producteurs. Ces concepts s'inspirent des concepts de Mode 1 et de Mode 2 de Gibbons et al. (1994) ainsi que des concepts de champ, de sous-champ de production restreinte et de sous-champ de grande production de Pierre Bourdieu (cf. entre autres, 1991, 1992).

En ce qui a trait aux sciences économiques, les résultats de notre étude suggèrent que la dynamique de production intellectuelle a été peu affectée par l'orientation plus instrumentale de l'appui à la recherche. Les sciences économiques contribueraient toutefois au développement de cette instrumentalisation à travers deux modalités complémentaires. Une première modalité est repérable dans les postulats auxquels adhèrent les professeurs s'inscrivant dans la problématique néoclassique, une deuxième modalité, dans les activités professionnelles auxquelles s'adonnent certains professeurs en fin de carrière lorsqu'ils obtiennent des contrats à titre de consultant ou qu'ils participent à des comités ou groupes de travail pour le compte d'organismes divers.

En ce qui a trait à la sociologie, les résultats de notre étude suggèrent que la dynamique de production intellectuelle y a davantage été affectée par l'orientation instrumentale de l'appui à la recherche. Ils révèlent également que, contrairement aux sciences économiques, où le sous-champ de production pour producteurs a réussi à imposer ses critères de légitimation scientifique sur l'ensemble de la discipline, aucun des deux sous-champs de production en sociologie n'est parvenu à faire prédominer ses critères de «qualité» en sociologie. On note également que la diminution des ressources consacrées à la recherche aurait pour incidence d'intensifier la concurrence entre les professeurs pour leur appropriation. Cette concurrence se traduirait notamment par la construction d'un nouveau critère d'évaluation, soit l'attribution d'une valeur symbolique plus élevée aux articles publiés dans des revues dites «internationales», i.e. localisées à l'extérieur du Québec, qu'à ceux publiés dans des revues dites «locales», i.e. localisées au Québec."

10/10/2008

A PEDIATRIA E A CONSTRUÇÃO SOCIAL DA INFÂNCIA: UMA ANÁLISE DO DISCURSO MÉDICO-PEDIÁTRICO

MARCELO E. P. CASTELLANOS - Dissertação de Mestrado apresentada à Pós-Graduação da Faculdade de Ciências Médicas da Universidade Estadual de Campinas para a obtenção do título de Mestre em Saúde Coletiva.

Higienismo e Eugenia: discursos que não envelhecem

Maria Lúcia Boarini (Docente da Universidade Estadual de Maringá); Oswaldo H. Yamamoto (Docente da Universidade Federal do Rio Grande do Norte)

"Se já nos parece estranho atribuir o sucesso ou insucesso do indivíduo unicamente às suas características pessoais ou biológicas (cor da pele, gênero etc.), estranheza maior causa a constatação de que estes discursos são recorrentes há, no mínimo, um século. E a medicalização de questões de ordem pedagógica e psicológica é um exemplo disto, observado em nossos dias. Pensar esta questão recuperando o eixo naturalista dos movimentos higienistas e eugenistas presentes, oficialmente, nas primeiras décadas do século, na sociedade brasileira, é o conteúdo deste artigo."

Palavras-chave: higienismo, eugenia, psicologia, determinismo biológico

Publicado em Psicologia Revista, vol. 13, n.1, SP. Educ. 2004. p. 59-72.

Vulnérabilité, fragilité, précarité, résilience, etc. De l’usage et de la traduction de notions éponges en sciences de l’homme et de la vie

Hélène THOMAS

"Vulnérabilité, fragilité, résistance sont des termes issus du vocabulaire courant qui font immédiatement images dans le langage des sciences sociales comme en médecine. Ces clichés ont circulé depuis le XIXème siècle entre la langue de l’anatomie et de la physiologie et celles des humanités le plus souvent en association selon la métaphore suivante : la vie humaine ou le corps qui la symbolise dans son éphémère se brise tel un squelette selon la métaphore de la fracture sociale. Le corps social s’arrache ou se contusionne tel un muscle, ou un tissu suivant celle, dissociative, de la perte de la cohésion sociale. L’ordre social démocratique est alors perçu comme susceptible d’être atteint dans son intégrité, fragile. Il est également essentialisé comme vulnérable dans sa substance. Cette mise sous tension le testerait dans sa solidarité, lorsqu’il se distend mais ne rompt pas, tel un acier résistant ou résilient."

H. Thomas, "Vulnérabilité, fragilité, précarité, résilience, etc. De l’usage et de la traduction de notions éponges en sciences de l’homme et de la vie.", TERRA-Ed., Coll. "Esquisses", fev. 2008 : http://terra.rezo. net /article697.html

08/10/2008

Sauver d'abord les emprunteurs pour sauver vraiment les banques

FRÉDÉRIC LORDON - directeur de recherche au CNRS

"Comme beaucoup l'ont déjà noté, la gravissime crise qui paralyse les marchés de gros du crédit est moins une crise d'illiquidité qu'une crise de rétention des liquidités. D'une certaine manière, ça n'est pas moins grave puisque, si une pénurie objective de liquidité peut toujours être comblée par une banque centrale décidée à le faire, convaincre des agents de remettre les leurs en circulation est une tout autre affaire. C'est bien ce qui rend la crise présente insaisissable - en témoigne l'échec apparent du plan Paulson à peine voté -, à moins qu'on ne sache y reconnaître l'équivalent pour la finance d'une de ces situations que l'histoire monétaire a déjà présentées, situations d'effondrement monétaire en apparence irrattrapables, mais pourtant résolues avec une extrême soudaineté ! André Orléan, qui les a le plus profondément théorisées, parle de « miracle monétaire » à propos de ces dénouements stupéfiants, dont le passage au rentenmark de 1923 et le franc Poincaré de 1928 donnent de spectaculaires exemples.
Si cette référence monétaire vaut d'être évoquée à propos de l'embolie financière d'aujourd'hui, c'est parce que toutes ces situations ont formellement en commun de se présenter comme l'incapacité à extraire les agents de l'équilibre d'anticipations « vicieux » dans lequel ils ont basculé et où, en l'occurrence, l'incertitude de chacun quant à la situation des autres entraîne le refus de prêter qui entraîne la détérioration de la situation des autres, etc. Le « miracle » consiste alors dans la survenue d'un « événement », qui ne peut être le fait que de la puissance publique, extérieure au jeu des agents privés collectivement bloqués, événement capable d'inverser toutes les anticipations et de recoordonner les agents vers l'équilibre autoréalisateur, comme le précédent - mais vertueux ! -, où chacun acceptant de prêter contribue à la détente de la situation des autres, fournissant alors les raisons de prêter davantage, etc.

Quel peut être cet événement aujourd'hui ? Il faut s'interroger sur l'inquiétante incapacité du plan Paulson à dégeler les marchés du crédit en dépit de l'énormité de ses engagements. Mais c'est que le volume ne fait pas tout à l'affaire et qu'il y a bien des manières de dépenser 700 milliards de dollars ! Jouant des effets levier, la recapitalisation aurait sans doute été plus efficace. Mais moins que la solution consistant à en revenir aux origines véritables du problème, à savoir le surendettement immobilier des ménages. Sauver les ménages pour sauver les banques pourrait alors avoir de multiples avantages. D'abord celui de lisser la charge financière dans le temps, puisqu'au lieu d'une prise ferme en un coup de toute la masse des actifs dévalorisés le rétablissement des ménages dans leur situation d'emprunteur solvable moyennant une aide de l'Etat au remboursement répartit les concours à apporter tout au long des échéanciers nominaux, soit une vingtaine d'années. Ensuite parce que, rétablissant la continuité des flux de paiement sur la totalité des dettes hypothécaires, ce concours public restaure ipso facto la pleine valeur des ABS et des CDO qui en ont été dérivés par titrisation, effaçant instantanément les pertes et reconstituant les bases de capitaux propres, donc recréant toutes les conditions pour la reprise du crédit interbancaire. Enfin, parce que les ménages redevenus emprunteurs solvables redeviennent du même coup occupants de leurs logements, pour ceux d'entre eux au moins dont la maison n'a pas encore été vendue - les autres pouvant d'ailleurs être réinsérés dans la propriété au travers de programmes de construction dont il est inutile de souligner l'effet de relance.

Par là en tout cas, le plan public brise la scandaleuse asymétrie du « too big to fail » et du « too small to bail », et gagne une légitimité politique incontestable, celle-là même qui lui a tant fait défaut lors de son premier passage à la Chambre. Ce dernier élément que le point de vue économiciste tiendra spontanément pour parfaitement périphérique est en fait de première importance. Dès lors que l'essence même du « miracle » a pour objet de frapper les esprits afin de renverser et recoordonner les anticipations privées, le spectacle de la communauté nationale rassemblée derrière le plan de sauvetage ajoute considérablement à ses propriétés objectives. On juge du degré auquel le plan Paulson dans son état actuel est voué comparativement à une médiocre efficacité...

A la vérité, il était deux fois déficitaire du point de vue de la légitimité politique. Comme le demeure, quoique à un degré bien inférieur, le plan de « bail-out » des ménages. Car ce dernier, lui aussi, reste dans la logique du plan d'urgence et, tel quel, manque de son indispensable prolongement. Le nom qu'on peut donner à ce dernier est bien connu : la conditionnalité. Qu'il faille sauver la finance, sauf à ce qu'elle nous engloutisse tous avec elle, c'est une chose. Mais que cela soit accompli sans les plus sévères contreparties, ce serait proprement intolérable. Aussi, le véritable plan de sortie de crise ajoute immédiatement à la parade d'extrême urgence un schéma d'arraisonnement définitif de la finance libéralisée. Car seul le projet fermement affirmé d'empêcher à tout jamais ces agents de nuire à nouveau peut en définitive justifier pleinement qu'on vienne à leur secours."

in Les.Echos.fr 08.10.2008

07/10/2008

Crise systémique globale - Fin 2008 : Déroute des fonds de pension

Extrait GEAB N°23 (15 mars 2008)

"Selon LEAP/E2020, d'ici la fin de 2008, nous allons assister à une formidable déroute de l'ensemble des fonds de pension de la planète, mettant en péril tout le système des retraites par capitalisation. Ce cataclysme financier aura une dimension humaine dramatique puisqu'il correspond à l'arrivée à la retraite de la première vague des baby-boomers aux Etats-Unis, en Europe et au Japon : les revenus des fonds de pension s'effondrent au moment même où ils doivent commencer à effectuer leur première grande série de versements aux retraités. Dans ce numéro 23 du GEAB, notre équipe anticipe l'évolution de cette prochaine crise des fonds de pension, précise les pays les plus touchés (notamment en Europe) et présente des recommandations opérationnelles et stratégiques pour y faire face."

Le mythe de la « mondialisation » et l'État social européen

Pierre Bourdieu - Intervention à la Confédération générale des travailleurs grecs, (GSEE) à Athènes, en octobre 1996. In « Contre-Feux », 1998

La municipalisation des politiques de sécurité

CLARIS. LA REVUE, 2008, n°4

Sommaire:
Editorial - Christophe Daadouch
Polices municipales: quel bilan? - Entretien avec Virginie Malochet
La vidéosurveillance, un mirage technologique et politique - Eric Heilmann
Le pouvoir municipal et le social: sous le vernis de la cohérence et de la proximité - Laurent Ott
Municipalisation de la prévention de la délinquance et généralisation du fichier «base élèves»: éducation ou fichage? - Manuel Boucher

05/10/2008

Comment devenir docteur en sociologie sans posséder le métier de sociologue ?

Bernard LAHIRE

"
Peut-on devenir docteur en sociologie sans avoir acquis les compétences constitutives du métier de sociologue ? Une telle interrogation peut paraître provocatrice. Or, l'examen rigoureux et détaillé d'une thèse soutenue le 7 avril 2001 à l'université de Paris V, sous la direction de Michel Maffesoli2 (G. Elizabeth Hanselmann-Teissier, Situation épistémologique de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination/rejet dans les sociétés postmoderne), conduit malheureusement à émettre une réponse positive à une question apparemment saugrenue. L'objectif premier de cet article est d'apporter les multiples preuves de l'absence de sociologie (de point de vue sociologique, de problématique, de rigueur conceptuelle, de dispositif de recherche débouchant sur la production de données empiriques...) dans la thèse en question. Mais le jugement sur ce cas précis fait apparaître, en conclusion, l'urgence qu'il y a à engager une réflexion collective sur les conditions d'entrée dans le métier de sociologue."

Revue européenne des sciences sociales, Tome XL, 2002, n°122, pp.42-65
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