À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

07/02/2009

«Devem aumentar os impostos dos mais ricos», diz Alfredo Bruto da Costa

«Um aumento de impostos para os mais ricos» é o que propõe Alfredo Bruto da Costa, presidente do Conselho Económico e Social, para ajudar a minorar os efeitos da pobreza, nomeadamente os potenciados pela crise económica.

Em entrevista a Margarida Marante, Bruto da Costa diz que Portugal «é o país com mais assimetrias na distribuição da riqueza» e considera a actual conjuntura «uma oportunidade para atacar os problemas da pobreza em todas as suas frentes». Para o também presidente da Comissão Nacional Justiça e Paz, o primeiro passo a dar é «definir um prazo realista» para a sua erradicação.

Sol 07.02.09

Será que o senhor engenheiro tem a noção de que vive em Portugal?

O secretário-geral do PS, José Sócrates, classificou hoje em Coimbra a regionalização e o casamento entre homossexuais como bandeiras que identificam o Partido Socialista com a esquerda progressista e a esquerda do povo.

«Proponho-vos que no próximo programa eleitoral assumamos estas duas bandeiras que identificam o Partido Socialista como a verdadeira força da esquerda progressista, da esquerda moderna, da esquerda do povo», disse José Sócrates durante perante mais de meio milhar de militantes e simpatizantes do PS.

La crise du capitalisme mondial

Alan Woods

Nous vivons des temps exceptionnels. La panique financière, aux Etats-Unis, provoque des vagues qui menacent d’engloutir le monde entier. La conscience de millions de gens est en train d’évoluer rapidement. Le 25 septembre, une manifestation à l’appel de syndicats américains a mobilisé environ un millier de travailleurs, dont un grand nombre d’ouvriers du bâtiment – métallurgistes, manœuvres, plombiers, etc. – ainsi que des enseignants et du personnel de bureau. Le but de la manifestation, organisée en moins de deux jours, était de protester contre le projet de renflouer Wall Street avec 700 milliards de dollars d’argent public. Voici un extrait d’une dépêche de Reuters sur cette manifestation :

« A l’occasion d’une manifestation partie de la bourse de New-York, des ouvriers du bâtiment, des salariés des transports, des machinistes, des enseignants et d’autres travailleurs syndiqués ont vigoureusement protesté contre la proposition du gouvernement américain de renflouer Wall Street. Plusieurs centaines de mécontents criaient leur soutien enthousiaste aux dirigeants syndicaux qui fustigeaient le plan de 700 milliards de dollars visant à revigorer le marché du crédit en soulageant les institutions financières de leurs mauvaises créances.

« " Le gouvernement Bush veut que nous payions un plan de sauvetage de Wall Street qui n’effleure même pas les causes profondes de la crise ", a déclaré John Sweeney, le président de l’AFL-CIO. "Nous voulons que nos impôts servent à aider les millions de travailleurs qui dépendent de Wall Street, et non à subventionner une poignée de privilégiés et de dirigeants surpayés. "

« Sur les pancartes des manifestants, on peut lire : "Pas de chèque en blanc pour Wall Street ", et "Ne touchez pas à nos retraites !". Les manifestants ont acclamé les appels répétés lancés au gouvernement pour qu’il investisse dans l’éducation, la santé et le logement aussi librement et facilement qu’il propose de le faire pour Wall Street. "Nous savons qu’il faut trouver une solution à la situation économique. Mais nous voulons une réponse sérieuse, pas un sauvetage opportuniste ", a déclaré le président du syndicat des enseignants, Randi Weingarten. " Si les enseignants doivent rendre des comptes, alors Wall Street aussi doit rendre des comptes. " »

L’humeur des manifestants était à la colère. Un appel à une grève générale, si le plan de sauvetage ne bénéficie qu’aux riches, a été accueilli avec enthousiasme. Cela représente le début d’un changement profond dans la conscience des travailleurs, et pas seulement aux Etats-Unis.

Le spectre de 1929

Ce qui s’est produit sur les marchés financiers, ces derniers mois, est inédit dans l’histoire récente. Les mêmes économistes bourgeois qui, jusqu’alors, niaient la possibilité d’une récession, parlent désormais de la crise la plus sérieuse depuis 60 ans. En fait, ils veulent dire 79 ans, car il n’y avait pas de crise en 1948. Mais les économistes sont des gens superstitieux, et ils ont peur de mentionner 1929, tout comme les anciens Israélites avaient peur de mentionner le nom de leur Dieu, de peur que cela provoque quelque malheur. Ils sont tous inquiets de la « confiance » dans les marchés, car ils croient tous avec ferveur que c’est la confiance (ou son absence) qui est la cause réelle de la croissance ou d’une récession. Or, en réalité, la croissance et la récession s’enracinent dans les conditions objectives. Les variations du degré de confiance reflètent les conditions réelles, même s’il est vrai que ces variations peuvent à leur tour faire partie de ces conditions réelles, en poussant le marché vers le haut – ou, comme actuellement, vers le bas.

Le Congrès américain hésite face au plan de « sauvetage », et le Secrétaire au Trésor Henry Paulson – que certains commentateurs considèrent désormais comme le président de facto des Etats-Unis – enrage. Pendant ce temps, les bourses mondiales continuent de chuter, et personne ne peut les arrêter. Un argument est sur toutes les lèvres : « Vous nous demandez de signer un chèque en blanc de centaines de milliards, sans la moindre garantie. A part le fait que cela récompensera les banquiers pour leurs grossières erreurs de gestion, qui dit que cela mettra un terme à la chute des marchés ? »

C’est une excellente question, à laquelle ni Bush, ni Paulson, ni personne d’autre n’a de réponse. Il est assez amusant d’entendre ces anciens avocats du sacro-saint « libre marché » implorer le gouvernement de sauver le marché de lui-même. Mais ils y sont poussés pas leur propre logique, la folle logique de l’économie de marché. L’actuelle crise financière, que les marxistes avaient annoncée de longue date, est la conséquence directe d’une longue période de spéculation incontrôlée, qui a produit la plus grande bulle spéculative de l’histoire.

Socialisme – pour les riches

De plus en plus de gens commencent à remettre en cause un système économique capable de produire de telles abominations. Lorsque l’Etat capitaliste lui-même est contraint de nationaliser des établissements financiers, l’idée suivante ne peut que progresser : pourquoi a-t-on besoin de banquiers et de capitalistes ? C’est la raison pour laquelle les politiciens évitent le mot « nationalisation » comme le diable évite l’eau bénite. Ils cherchent à tous prix des moyens, pour l’Etat, de fournir du capital aux banques sans que cela implique une nationalisation. Ils se creusent la cervelle pour inventer de nouvelles formes de capital qui laissent le contrôle et la propriété des banques concernées entre des mains privées. Mais en fin de compte, ils sont obligés de prendre leur contrôle pour éviter qu’elles ne s’effondrent. C’est une condamnation accablante de la propriété privée d’un secteur clé de l’économie.

N’est-il pas ahurissant que les dirigeants de Bear Stearns aient reçu des fortunes pour appliquer des stratégies financières qui ont mené au désastre ? Et pourquoi les contribuables américains – dont la plupart ne sont pas riches – devraient-ils payer une note de 700 milliards de dollars pour sauver les grandes institutions financières ? Le 30 septembre 2007, le gouvernement fédéral accusait un déficit fiscal de 53 000 milliards de dollars, soit 445 000 dollars par ménage et 175 000 par personne. Chaque jour, ce fardeau croît de 6600 à 9900 dollars par Américain. Medicare représente 34 000 milliards de ce déficit. Qu’il s’agisse d’Obama ou de McCain, celui qui remportera les prochaines élections présidentielles et contrôlera le Congrès devra engager des coupes sombres dans le niveau de vie des Américains. Les mêmes capitalistes qui ont pris des millions au gouvernement et à la Réserve Fédérale demandent un contrôle budgétaire strict, une coupe dans les dépenses fédérales et une contre-réforme du système de santé publique.

Il n’y a pas d’argent pour Medicare, les écoles ou les retraites. Mais il y a plein d’argent pour les grandes banques et ceux qui sont déjà richissimes. Cette contradiction flagrante est en train de pénétrer la conscience de millions d’Américains ordinaires. Cela aura d’énormes conséquences. Le lourd fardeau de la dette devra être placé sur les épaules des générations à venir, qui devront en payer le prix fort en terme de niveau de vie. Cela mènera inévitablement à de profonds changements dans la conscience de la masse des travailleurs américains.

La dictature du capital financier

Notre époque est celle du capitalisme de monopole. L’une de ses caractéristiques est la complète domination du capital financier. Cette domination est allée plus loin aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne que partout ailleurs. La Grande-Bretagne, qui fut par le passé « l’atelier du monde », s’est transformée en une économie parasitaire, qui produit très peu et qui est dominée par la finance et les services. Jusqu’à récemment, c’était présenté comme quelque chose de positif, qui protègerait la Grande-Bretagne des turbulences de l’économie mondiale. Mais c’est l’inverse qui est vrai. En suivant servilement le modèle américain, la Grande-Bretagne a été entraînée dans la récession dans le sillage des Etats-Unis – et en sera sans doute gravement affectée. Tel un ver solitaire croissant au détriment de l’organisme qu’il parasite, le secteur financier est devenu trop grand par rapport à l’économie. Il l’a affaiblie et menace de la faire entièrement sombrer.

Pendant des années, les Etats-Unis semblaient défier les lois de la gravité économique. A présent, ils doivent en payer le prix. La chute est d’autant plus sévère que la spéculation immobilière avait atteint des sommets, dans la période précédente. La chute des prix de l’immobilier est d’ores et déjà plus importante que pendant la Grande Dépression des années 30. Pendant le premier trimestre de 2008, les prix de l’immobilier ont officiellement chuté de 14,1%. Par comparaison, en 1932, au point le plus bas de la Dépression, les prix des maisons chutaient de 10,5%. En outre, certains économistes pensent que le chiffre réel de la chute du prix de l’immobilier, au premier trimestre de 2008, est plutôt de 16%. Et cette chute est loin d’être terminée.

Cela signifie que les énormes quantités d’argent injectées dans le système bancaire ne permettront pas d’enrayer la chute. Tout au plus apporteront-elles un répit temporaire, avant une nouvelle chute encore plus sérieuse. Telle est la logique des marchés, qui n’obéissent à aucune autre loi que la leur. Les prétendus « plans de stabilisation » ne sont rien de tel. Tous les discours sur la régulation des marchés sont absurdes. Le système capitaliste est anarchique de par sa nature même. Il ne peut être ni planifié, ni régulé. La tentative de stabiliser le secteur financier en y injectant d’énormes quantités de cash n’aboutira qu’à une chose : rendre les super-riches encore plus riches. Mais cela n’aura aucun effet à long terme sur le marché.

L’insolence des banquiers est assez étonnante. Ils demandent aux gouvernements d’acheter leurs mauvais crédits, tout en s’accrochant à leurs avoirs profitables. Nul ne sait à combien s’élèvent les mauvaises créances. Un vieux proverbe nous dit de ne jamais acheter un cochon dans un sac. C’est un conseil sensé, mais en l’occurrence, les capitalistes demandent au gouvernement de vastes quantités d’argent – sans qu’il regarde à l’intérieur du sac. La crise du système bancaire est le résultat d’une escroquerie massive à laquelle tous les banquiers ont participé au cours de ces vingt dernières années. Ils en sont sortis fabuleusement riches, mais ils ont laissé au passage une énorme quantité de dettes et de capitaux fictifs dans les bilans des institutions financières. Comment résoudre ce petit problème ? Facile ! Passez la note aux contribuables. Le gouvernement n’a qu’à fonder une agence qui achètera ces avoirs et les conservera jusqu’à ce qu’ils soient « mûrs » et puissent être revendus au secteur privé. Cela signifie nationaliser les pertes et privatiser les profits – ou, suivant la merveilleuse formule de Gore Vidal : le socialisme pour les riches et le libre marché pour les pauvres.

Les capitalistes prétendent qu’ils font des sacrifices, eux aussi. Mais ce qu’ils veulent dire, c’est qu’ils sacrifient un peu de leurs profits faramineux, pendant que les travailleurs sacrifient leurs emplois et leurs logements. Les banquiers crient de douleur, et les gouvernements accourent avec un carnet de chèques en main. Les banquiers demandent une grosse transfusion de cash pour guérir leur maladie. Cela s’appelle une « provision de liquidité ». Le problème, c’est que l’Etat n’a pas de liquidité à sa disposition. Il ne peut lever des fonds qu’en augmentant les impôts. Mais l’augmentation des impôts va affecter la demande, qui baisse déjà aux Etats-Unis. Cela pourrait temporairement soulager les « souffrances » des super-riches, mais au prix d’accroître celles de millions d’Américains ordinaires. En soi, cela ne serait certes pas un problème, évidemment, puisque souffrir pour la grande cause du Marché est le devoir de tout patriote américain. Mais malheureusement, cela aura aussi de très sérieuses conséquences sur l’économie.

Une nouvelle baisse de la demande fera monter le chômage. Des entreprises feront faillite. De plus en plus de gens seront incapables de faire face à leurs emprunts immobiliers et autres crédits. En d’autres termes, cela aggravera la crise et compliquera sa résolution. En outre, au cours de la dernière période, les Etats-Unis sont passés du rang de plus grands créditeurs à celui de plus grands débiteurs au monde. L’achat de banques en faillite et l’injection de capital dans les institutions financières accroîtront considérablement cet endettement collectif. Cela débouchera sur une nouvelle chute de la valeur du dollar par rapport aux autres monnaies – et sur de nouvelles convulsions sur les marchés monétaires mondiaux.

Les Banques Centrales sont supposées prévenir la panique en protégeant les dépôts bancaires et en mettant des liquidités à la disposition des institutions financières. Mais il y a des limites aux ressources des Banques Centrales, et ces limites sont rapidement atteintes. Elles ne sont sans doute pas loin d’avoir fait tout ce qui est possible. Dans l’hypothèse de nouvelles faillites bancaires, elles seront impuissantes. Or, comme nul n’a la moindre idée de la quantité de crédits pourris qui empoisonnent le système financier mondial, de telles crises sont inévitables dans la période à venir. Tôt ou tard, cela doit se terminer par la chute d’une ou plusieurs banques majeures, ce qui pourrait provoquer un choc fatal pour l’économie mondiale, comme lors de l’effondrement de Kredit-Anstalt, la plus grande banque autrichienne, en 1931. C’est ce qui avait marqué le début de l’effondrement financier en Europe Centrale et au-delà. Un scénario semblable, dans la période à venir, est entièrement possible.

Marx sur le capital fictif

Ce n’est pas le manque d’argent qui est la cause de la crise. C’est au contraire la crise qui provoque un manque d’argent. Avec leur mentalité de banquiers, les économistes bourgeois confondent la cause et l’effet, l’apparence et l’essence. Quand l’économie entre en crise, le crédit s’assèche, et les gens demandent des espèces sonnantes et trébuchantes. C’est un effet de la crise, même s’il est vrai que l’effet devient cause et génère une spirale descendante.

Les banquiers et leurs amis répètent que la cause de la crise réside dans le manque de capital à la disposition du système financier. C’est une affirmation pour le moins étonnante. Ces deux dernières décennies, on a assisté à une gigantesque orgie financière dans laquelle les banques réalisaient d’énormes profits. A présent, ils prétendent ne pas avoir assez de capital ! En fait, pendant la phase de croissance, il y avait en circulation une immense quantité de capital sous forme de crédit, et cette surabondance de capital illustrait à elle seule les limites de la production capitaliste. Il y avait d’immenses sommes de capital disponibles pour la spéculation qui ne trouvaient pas de débouchés, et les capitalistes devaient trouver d’autres moyens de les investir.

Marx soulignait que l’idéal des capitalistes est de faire de l’argent avec de l’argent, sans avoir à passer par le pénible processus de la production. Au cours de la dernière période, il semblait qu’ils y étaient parvenus (sauf en Chine, où il y a eu un véritable développement des forces productives). Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Irlande et dans bien d’autres pays, les banques ont investi des milliards dans la spéculation, en particulier dans le secteur immobilier. C’est sur cette base que le scandale des subprimes s’est développé, générant d’incroyables quantités de capital fictif.

A l’époque de Marx, déjà, il y avait d’énormes quantités de capital en circulation. C’est ce capital qui formait la base du capital fictif. A l’époque, déjà, il y avait déjà des crédits frauduleux, l’équivalent des actuels « produits dérivés ». Ceci dit, comparé à la situation actuelle, c’était insignifiant. Aujourd’hui, la quantité totale de spéculation, à l’échelle mondiale, est stupéfiante. Ne prenons qu’un exemple : le commerce des crédits douteux. Ce marché permet à deux parties de parier sur la probabilité qu’une entreprise ne soit pas en mesure de payer sa dette. Cela s’élève à 90 000 milliards de dollars. Mais les contrats ne sont enregistrés que dans les dossiers des contractants. Nul ne connaît le volume réel qui est échangé, ce qui expose l’économie mondiale à d’énormes risques. Cela explique la panique à Wall Street et à la Maison Blanche. Ils craignent – à juste titre – que n’importe quel choc sévère ne fasse chuter tout l’édifice instable de la finance internationale, ce qui aurait d’incalculables conséquences.

Même au XIXe siècle, au sommet d’un boom, lorsque le crédit était facile et que la confiance augmentait, la plupart des transactions se faisaient sans argent réel. Au début d’un cycle, il y a une abondance de capital, et les taux d’intérêt sont bas. A ce stade du cycle, les bas taux d’intérêt stimulent les profits et la croissance. Plus tard, lorsque la prospérité est à son sommet, les taux d’intérêt atteignent leur niveau moyen. Comme il y a une demande croissante de crédit, les taux d’intérêt augmentent. Or, lors du dernier boom, cela ne s’est pas produit.

Ces dernières années, la Réserve Fédérale a délibérément maintenu de bas taux d’intérêts (ils sont même allés jusqu’à des taux négatifs, au regard de l’inflation). Du point de vue de l’orthodoxie capitaliste, c’était irresponsable. Cela a provoqué la bulle immobilière, jetant les bases de la crise actuelle. Mais tant que les investisseurs réalisaient d’immenses profits, nul ne s’en souciait. Ils ont tous participé à cette folle orgie financière. Les banquiers les plus respectables et les économistes les plus sages chantaient en choeur : « Mangeons, buvons, soyons joyeux, car demain nous mourrons ! »

S’ils se plaignent, aujourd’hui, d’être à court de capital, c’est parce qu’une large partie de leurs actifs est fictive – ce qui est la conséquence d’une escroquerie sans précédent dans l’ensemble du secteur financier. Tant que la croissance continuait, personne n’y prêtait attention. Mais à présent que la croissance est en miettes, tous ces actifs sont l’objet de suspicion. Les banquiers ne sont plus disposés, comme hier, à s’acheter de grandes quantités de dettes. La défiance s’est généralisée. Lorsqu’il s’agit de prêter ou d’emprunter, le vieil optimisme facile laisse place à l’avarice. L’ensemble du système bancaire, sur lequel repose la circulation du capital, est menacé de paralysie.

Tant que tous les actifs pourris n’auront pas été éliminés, de nombreuses institutions manqueront de capital pour alimenter l’économie en crédit frais. Marx avait décrit ce stade du cycle économique, dans le Capital :

« Il va de soi que les moyens de paiement font défaut pendant une crise. Le besoin de convertir des traites s’est substitué à celui d’échanger des marchandises, et cette situation s’aggrave d’autant plus que pendant pareille période une partie des maisons de commerce s’appuie exclusivement sur le crédit. Aussi des lois absurdes sur les banques, comme celle de 1841-45, peuvent-elles aggraver une crise financière. Aucune loi ne peut la supprimer.

« Dans un système de production dont la cohérence repose entièrement sur le crédit, une crise et une demande violente de moyens de paiement doivent inévitablement surgir lorsque le crédit est supprimé brusquement et que seuls les paiements en espèces sont admis. A première vue, tout doit se ramener à une crise de crédit et d’argent, étant donné qu’il n’est question que de la possibilité de convertir des traites en argent. Mais ces traites représentent, d’une part – et c’est la plus grande masse – des ventes et des achats réels dépassant de loin les besoins de la société et par cela même causes de la crise ; d’autre part, des affaires véreuses qui alors seulement viennent au jour, des spéculations malheureuses faites avec les capitaux des autres, des marchandises dépréciées et invendables. Dans ces circonstances, le système artificiel auquel a abouti l’expansion violente du procès de reproduction, ne peut naturellement pas être rendu normal par l’intervention d’une banque, la Banque d’Angleterre par exemple, qui emploierait son papier pour constituer aux tripoteurs le capital qui leur manque et acheter à leur première valeur nominale toutes les marchandises dépréciées. D’ailleurs, tout semble renversé dans ce monde du papier, où nulle part ne se rencontrent les prix réels avec leurs bases réelles, et où il n’est jamais question que de lingots, espèces, billets, traites, valeurs, principalement dans les centres, comme Londres, où se concentrent toutes les affaires financières du pays. » (Le Capital, Volume 3, Chapitre 30.)

Les capitalistes doivent extraire du système tout ce capital fictif. Comme un homme dont le corps a été empoisonné, ou comme un toxicomane qui lutte contre les effets de l’addiction, ils doivent expulser le poison de l’organisme – ou mourir. Mais c’est un processus douloureux qui n’est pas sans dangers. Comme le crédit s’assèche, les capitalistes exigent des remboursements à plus courte échéance. Ceux qui ne peuvent pas payer feront faillite. Le chômage augmente en conséquence, ce qui à son tour contracte la demande. Cela provoque de nouvelles faillites et de nouvelles dettes qui ne peuvent être remboursées. Ainsi, tous les facteurs qui avaient fait croître l’économie, au cours de la dernière période, la poussent désormais vers le bas.

La faillite des économistes bourgeois

Les économistes s’accrochaient à la vieille illusion selon laquelle une récession mondiale était impossible, qu’ils avaient appris les leçons du passé (comme un ivrogne le lendemain de chaque cuite). Ils expliquaient que la crise financière serait confinée aux Etats-Unis ; que l’économie américaine serait « découplée » du reste du monde (ce qui contredit tout ce qu’ils avaient eux-mêmes dit au sujet de la mondialisation) ; que l’Europe et la Chine deviendraient les forces motrices de l’économie mondiale – et ainsi de suite.

Comme ces arguments sonnent creux, à présent ! Il y a une baisse globale des prix de l’immobilier. L’économie mondiale ralentit. Les économies américaine et européenne ralentissent déjà de façon significative, et comme de nouvelles faillites bancaires sont inévitables, ce processus se poursuivra. Il est vrai que les soi-disant « pays émergents » continuent de croître. Mais il est impensable qu’ils puissent rester à l’écart de la crise générale. Bien sûr, ce processus se développera sur une certaine période, et de façon inégale. Les différents pays seront frappés par la crise plus ou moins rapidement. Mais au final, ils seront tous happés.

Peu importe dans quel pays cela commence. Dans les conditions modernes, la crise passera inévitablement d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre. Cette fois-ci, cela a commencé aux Etats-Unis, le pays où la manie de la spéculation a été portée à des niveaux extrêmes. Mais rapidement, et contre tous les pronostics des économistes, cela s’est étendu à l’Irlande, l’Espagne, la Grande-Bretagne et l’ensemble de l’Europe. Les répercussions frapperont l’Amérique latine, l’Asie et l’Afrique. Les pays seront touchés les uns après les autres, comme des dominos. La Chine ne fera pas exception – bien qu’elle continue de croître, pour le moment.

Dans une crise, les capitalistes sont obligés de prendre des mesures extraordinaires pour s’accaparer une partie d’un marché qui s’étiole. Ils se livrent au discount (baisse des prix), au dumping et autres moyens de contrecarrer leurs compétiteurs. Ce faisant, ils aggravent la crise en alimentant une spirale déflationniste. Les gens retardent leurs achats en prévision d’une baisse des prix – et, ce faisant, poussent les prix vers le bas. On voit clairement ce phénomène dans le marché immobilier.

La contagion s’étend d’un pays à l’autre comme une incontrôlable épidémie. Il apparaîtra évident que chaque pays a trop exporté (c’est-à-dire, trop produit) et trop importé (trop commercé). Il sera évident que tous ont abusé du crédit et allumé les flammes de l’inflation et de la spéculation, qui doivent à présent être éteintes, même au prix fort. Autrement dit, on ne parle pas de tel ou tel pays, de telle ou telle banque ou de tel ou tel spéculateur individuel – mais du système lui-même. Il est vrai qu’aucune crise ne dure éternellement. A long terme, un nouvel équilibre sera atteint et un nouveau cycle économique s’engagera. Mais rien de tel n’est en vue, à ce stade. La crise n’est pas terminée. Elle a à peine commencé. Personne ne sait combien de temps elle durera. Et de toutes façons, comme le disait Keynes : « A long terme nous sommes tous morts. »

Il est facile d’être sage après l’événement. Les économistes bourgeois sont excellents lorsqu’il s’agit de prédire des choses qui se sont déjà produites. En la matière, ils font penser aux auteurs de l’Ancien Testament, qui prédisaient avec une précision infaillible des événements qui s’étaient produits plusieurs siècles auparavant. Cela impressionne des gens crédules comme les Témoins de Jéhovah, qui y voient la preuve de l’inspiration divine de la Bible. D’autres, plus sceptiques et scientifiques, accueillent de telles « prédictions » d’un grand rire. Toujours est-il que les mêmes gens qui raillaient les marxistes et nous assuraient qu’il n’y aurait pas de crise se tordent à présent les mains de désespoir. Ils nous informent que nous vivons la crise la plus grave depuis les années 30, et espèrent que personne ne remarquera la contradiction flagrante entre ce qu’ils disent aujourd’hui et ce qu’ils disaient hier.

Le fait est que depuis 20 ou 30 ans, les économistes bourgeois n’ont rien compris et rien anticipé. Ils n’ont vu venir ni les crises, ni les reprises. Ils ont passé des décennies à essayer de nous expliquer que le cycle économique avait été aboli, que le chômage de masse était une chose du passé, que le monstre de l’inflation avait été apprivoisé, etc. Et bien évidemment, tous les politiciens réformistes ont cru et répété ces contes de fées. Cela montre que les économistes bourgeois ne servent qu’à justifier un système en faillite et dégénéré.

Ce que nous avions prédit

Comparons les perspectives des marxistes à celles des bourgeois. Contrairement aux économistes bourgeois, qui ont commis l’erreur de croire à leur propre propagande, la tendance marxiste a correctement expliqué la réalité de la situation. Dans nos Perspectives pour l’économie mondiale, en 1999, nous écrivions :

« Dans le passé, on disait que le rôle de la Fed était de fermer le bar juste au moment où la fête commençait à battre son plein. Mais ce n’est plus le cas. Tout en se disant publiquement dévoué à l’austérité et à la probité, Alan Greenspan a toléré la création de la plus grande orgie spéculative de l’histoire – même s’il est sans doute conscient des dangers que cela implique. Comme l’empereur Néron, il joue du violon pendant que Rome brûle. Ainsi se vérifie la vieille devise : "Les dieux rendent d’abord fous ceux qu’ils veulent détruire". »

Dans le même document, nous écrivions :

« A notre époque, les obstacles fondamentaux au développement des forces productives sont la propriété privée des moyens de production et l’Etat-nation. Cependant, le capitalisme peut temporairement et partiellement contourner ces barrières par divers moyens, tels le développement du commerce mondial et l’expansion du crédit. Marx expliquait déjà le rôle du crédit dans le système capitaliste. C’est un moyen par lequel le marché peut être développé au-delà de ses limites normales. De la même façon, l’expansion du commerce mondial peut reporter la crise pour un temps – mais seulement au prix de préparer une crise encore plus catastrophique à l’avenir.

« Comme l’écrivait Marx : "La production capitaliste est constamment engagée dans des tentatives de dépasser ces barrières immanentes, mais elle ne les dépasse que par des moyens qui placent les mêmes barrières sur sa voie, à une échelle encore plus formidable.

« "Le véritable obstacle de la production capitaliste est le capital lui-même." (Marx, Le Capital, vol. 3, 15 ; 2-3.)

« Le circuit de la production capitaliste dépend, entre autres, du crédit. La solvabilité d’un maillon de la chaîne dépend de la solvabilité d’un autre maillon, etc. La chaîne peut se briser à différents points. Tôt ou tard, le crédit doit être remboursé en cash. C’est un fait trop souvent oublié par ceux qui s’endettent pendant la phase de croissance. Dans la première phase de l’extension capitaliste, le crédit agit comme un stimulant sur la production : " Le développement du processus productif étend le crédit, et le crédit mène à une extension des opérations industrielles et commerciales. " » (Marx, Le Capital, vol. 3, p. 470.)

« Cependant, ce n’est là qu’une face de la pièce. L’extension rapide du crédit et de la dette pousse le marché au-delà de ses limites normales. Mais à un certain stade, cela doit se transformer en son contraire. Pendant le boom, le crédit apparaît illimité, comme la Corne d’Abondance de la mythologie grecque. Mais dès qu’une crise intervient, ces illusions tombent en miette. Les retours sur investissement sont retardés, les marchandises ne trouvent pas d’acheteurs sur des marchés saturés, et les prix baissent. Le développement du marché mondial n’altère pas ce processus fondamental, mais lui donne seulement une dimension beaucoup plus vaste. En dernière analyse, l’accumulation de dettes ne peut que rendre la crise plus profonde et plus longue. L’histoire récente du Japon suffit largement à le confirmer. Après une décennie de croissance caractérisée par une augmentation rapide des valeurs boursières, la bulle a été finalement crevée par une nette augmentation des taux d’intérêt. Cette situation était très semblable à celle des Etats-Unis, aujourd’hui. Le 25 décembre 1989, la banque du Japon a augmenté ses taux d’intérêt et provoqué ainsi une chute brutale des marchés boursiers. Mais comme le prix du foncier continuait de monter, une nouvelle augmentation des taux était nécessaire. Finalement, les taux d’intérêt ont été poussés à 6%, et à la fin de l’année, les valeurs boursières avaient chuté de 40 %. Après cela, la Banque Centrale du Japon a maintenu les taux d’intérêt à un haut niveau. A l’époque, les économistes félicitaient la Banque du Japon pour la prudence de sa politique. Mais le résultat fut de prolonger la récession sur une décennie.

« Avec la mondialisation et l’abolition de limitations sur le crédit et les opérations financières, l’échelle de l’expansion n’a jamais été aussi grande – mais jamais, également, les possibilités d’un crash mondial n’ont été aussi grandes.

« L’expansion du commerce mondial et l’ouverture de nouveaux marchés en Asie ont stimulé la croissance – mais seulement au prix de préparer un plus grand effondrement. Telles sont les perspectives. »

Ces lignes ont été écrites il y a près de dix ans, lorsque l’écrasante majorité des économistes bourgeois niaient toujours la possibilité d’une crise mondiale. Nous sommes en droit de demander : qui a le mieux compris les mécanismes de l’économie mondiale ? Qui a formulé des prédictions correctes ? Les économistes bourgeois ou les marxistes ?

La Chine peut-elle sauver le monde ?

Un vieux proverbe dit : un homme qui se noie s’accrocherait à une paille. Effrayés par la profondeur de la crise, la bourgeoisie et ses apologues cherchent désespérément une paille à laquelle s’accrocher. Jusqu’à récemment, ils plaçaient leurs espoirs sur l’Asie, et en particulier la Chine. Mais la Chine est fermement connectée au marché mondial, et reflétera sa volatilité.

En dépit du retournement économique américain, les exportations chinoises ont continué de croître : de 22% au cours des huit premiers mois de 2008. Cela tient en partie au fait que les entreprises chinoises continuent de trouver de nouveaux marchés dans d’autres économies en voie de développement. Mais c’est simplement reporter l’inévitable. Après la crise de Wall Street et la stagnation en Europe et au Japon, les investisseurs se demandent si la Chine n’est pas, elle aussi, entrée dans la crise. Après cinq ans de croissance rapide, l’économie chinoise est clairement en train de ralentir, dès à présent. Or, un taux de croissance inférieur à 8% aurait de grandes implications pour la Chine et l’économie globale. Les économistes s’inquiètent également du secteur bancaire chinois.

Il y a déjà des signes de faiblesse dans certains secteurs des exportations. Dans la province de Guangdong, l’industrie textile connaît de sérieuses difficultés. D’après des statistiques provinciales, les exportations de textile et d’accessoires ont chuté de 31%, en janvier-juillet 2008, par rapport à la même période de 2007. Les exportations de produits en plastique, de jouets et de lampes stagnent ou reculent, elles aussi. Cela a coïncidé avec une demande faible des Etats-Unis, où les ventes de détail ont reculé en juillet et en août. Au cours des sept premiers mois de l’année, la croissance des exportations globales de Guangdong vers les Etats-Unis a ralenti, à 6,3%. Cela ne peut pas être une coïncidence.

Un euro fort et une augmentation de 27% des exportations de Guangdong vers l’Europe ont compensé les effets d’un dollar faible et d’une contraction du marché américain. Cependant, il y a des signes évidents d’une nette contraction de l’économie européenne, qui est aussi l’un des principaux marchés pour les exportations chinoises. Cela finira par les affecter. « Ce pourrait être le calme avant la tempête », écrit Stephen Green, un économiste de la Standard Chartered à Shangaï.

De sérieuses inquiétudes planent également sur le marché immobilier, qui a été l’une des principales composantes du boom de l’investissement en Chine, ces dernières années. Les ventes et les chantiers ont chuté en août, cependant que la production d’acier, de ciment et de climatiseurs a stagné ou chuté – ce qui est un autre symptôme d’une activité fragile. Les analystes rapportent que le nombre de crédits contractés a également baissé au cours des derniers mois. Jerry Lou, analyste chez Morgan Stanley à Shangaï, écrit : « Nous pensons que la probabilité d’une crise de l’immobilier en Chine est élevée ».

Un retournement du marché immobilier aurait de sérieuses conséquences sur le secteur bancaire. Si la croissance du PIB chinois tombe en dessous de 8%, cela provoquera une baisse encore plus nette des prix de l’immobilier, ainsi qu’une chute de l’investissement privé. Les conséquences sociales et politiques en seront considérables.

Les feux sont au rouge dans d’autres secteurs de l’économie chinoise. Le crash boursier a eu un effet négatif sur la confiance des ménages. Dans les zones urbaines, la croissance des revenus a nettement baissé, cette année. Le mois dernier, les ventes de voitures ont chuté de 6%, et le transport aérien a également nettement reculé, cet été. Gome, le plus grand détaillant de produits électroniques du pays, a également annoncé une chute de 3% de ses ventes, au deuxième trimestre 2008.

Le gouvernement a baissé les taux d’intérêt, ce qui prouve qu’il craint une crise. Ceci dit, la marge de manœuvre de sa politique monétaire est limitée par le danger inflationniste. L’inflation a bondi de 8,7% en février, avant de redescendre à 4,9% en août. Zhou Xiaochuan, le président de la Banque Centrale chinoise, a récemment déclaré : « L’inflation a effectivement ralenti au cours des derniers mois. Cependant, aucun relâchement n’est possible, car elle pourrait rebondir. »

Une récession en Chine – ou même un sérieux ralentissement – aurait de sérieuses conséquences sur le marché mondial, à commencer par les pays producteurs en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Le prix du cuivre, par exemple, a chuté de 23% au cours des deux derniers mois. C’est en partie dû au ralentissement de la consommation chinoise de cuivre, qui a chuté de plus de moitié, cette année.

A propos des « spéculateurs »

Une humeur critique se développe contre « le marché » – c’est-à-dire contre le capitalisme. En réaction à cette humeur, les politiciens bourgeois du style d’Alec Salmond, du Parti National Ecossais, essayent de détourner la colère des gens du système capitaliste et de la concentrer sur un secteur particulier de la classe capitaliste : les « spéculateurs » de la haute finance.

Tout d’un coup, il est devenu à la mode, parmi les politiciens, de condamner ces individus mystérieux qui ont miné d’aussi vénérables institutions que la Banque d’Ecosse. Cette vieille dame respectable, nous dit-on, est parmi nous depuis trois siècles et a survécu aux guerres napoléoniennes, au crash de Wall Street et aux deux guerres mondiales – pour finir par être détruite par un gang de requins avides en costumes de marque et lunettes noires. Ce genre d’« explications » n’explique rien du tout. Comment se fait-il qu’un petit nombre d’individus cupides ait concentré tant de pouvoir ? Qui sont ces gens ? Comment s’appellent-ils ? Où vivent-ils ? Nul ne le sait. Mais en période de crise, il est toujours pratique d’avoir quelqu’un à blâmer. Et si ce quelqu’un se trouve être parfaitement anonyme et introuvable, c’est encore mieux.

Tout d’un coup, les « spéculateurs » commencent à jouer le même rôle, dans le domaine économique, qu’Al-Qaïda dans celui de la politique internationale. En réalité, tous les banquiers et capitalistes sont des spéculateurs. Et ils sont bien obligés de l’être, car le système capitaliste repose sur la spéculation. Il repose également sur la cupidité. Nier la cupidité, c’est nier les mécanismes de l’économie de marché, qui reposent sur la soif de profit. En dernière analyse, c’est la soif de profit qui est le moteur du capitalisme, et il en est ainsi depuis ses origines. Ah, oui, mais les capitalistes sont devenus trop cupides ! Ils gagnent trop d’argent ! C’est ce qu’écrit David Walker, président de la Fondation Peter G. Peterson :

« Y a-t-il des leçons à tirer de la crise des subprimes ? La réponse est oui. Les actions récentes ont été rendues nécessaires du fait de l’échec du gouvernement à établir une structure efficace de régulation des crédits, des produits dérivés et autres titres. La cupidité l’a emporté. Fannie Mae et Freddie Mac sont sortis de leur mission publique originelle pour se concentrer sur le profit et le gain personnel. » (The Financial Times, le 22 septembre 2008)

C’est parfaitement exact. Alors que les travailleurs ne touchent une prime qu’en fonction des résultats, les patrons se payent des sommes obscènes quels que soient les résultats. Ces faits sont bien connus. Pendant des années, les travailleurs ont grincé des dents face aux injustices et aux inégalités. Mais puisque l’économie allait de l’avant, puisque le marché semblait profiter à tout le monde (quoique très inégalement), puisque la presse et la télévision chantaient en chœur sa gloire, et puisque les politiciens de tous les partis allaient dans le même sens – les travailleurs ont accepté l’argument selon lequel « ce qui est bon pour les patrons est bon pour nous ».

« Économie concentrée »

Lénine remarquait que la politique est de l’économie concentrée. La crise économique qui balaye le monde a de très sérieux effets sur la psychologie de toutes les classes, à commencer par les capitalistes eux-mêmes. Lorsque le capitalisme allait de l’avant, la pression des idées bourgeoises sur la classe ouvrière et ses organisations redoublait d’intensité. En Grande-Bretagne, il n’y a pas eu de sérieuse récession depuis plus de deux décennies. Par conséquent, les arguments des politiciens et des économistes bourgeois (qui travaillent main dans la main) sur les vertus miraculeuses du « libre marché » ont trouvé un écho dans la classe ouvrière elle-même, et tout particulièrement dans sa direction.

C’était la base matérielle de la dégénérescence complète des dirigeants de la social-démocratie, des partis « communistes » et des syndicats. En Grande-Bretagne, qui était à l’avant-garde de la réaction capitaliste pendant des décennies, ce fut le terreau sur lequel le « New Labour » a fleuri, sous la direction du Révérend Anthony Blair.

Pour les militants du mouvement ouvrier, cette période semblait un cauchemar sans fin. Il semblait n’y avoir aucune limite à la dégénérescence des dirigeants des organisations de masse, aucun abîme où ils ne soient capables de sombrer, aucun acte vil qu’ils ne soient capables d’accomplir pour satisfaire la classe dirigeante et, bien sûr, le Marché. Le découragement des militants a mené à l’apathie. Les organisations de masse traditionnelles se sont vidées de leurs militants, tout en se remplissant de carriéristes petit-bourgeois à la recherche d’un emploi ou d’une promotion. Cela a à son tour accentué le virage vers la droite de ces organisations, qui a renforcé les désillusions des travailleurs. C’était un cercle vicieux qui se nourrissait lui-même et a duré jusqu’à aujourd’hui. Mais désormais, les choses commencent à changer rapidement.

La conscience humaine est en général conservatrice. Les gens ont normalement peur du changement et s’accrochent à ce qui leur est familier. Les habitudes, la routine et les traditions pèsent lourdement sur la conscience des masses, qui est à la traîne des événements. Mais il y a des moments décisifs, dans l’histoire, où les événements s’accélèrent jusqu’au point critique où la conscience rattrape soudainement son retard. Nous sommes précisément en train de parvenir à un tel point critique.

Ce qui est vrai des nations industrialisées est encore plus vrai des pays sous-développés. En Asie, en Afrique et en Amérique latine, la population vivant sous le seuil de pauvreté augmente rapidement. Un rapport récemment publié par les Nations-Unies révèle qu’un enfant sur quatre y est sous-alimenté. Plus de 500 000 femmes meurent chaque année lors d’un accouchement ou suite à des complications liées à la grossesse. Un tiers de la population urbaine des pays sous-développés vit dans des bidonvilles. L’été dernier, un rapport de la Banque Inter-Américaine a prévenu que l’augmentation des prix allait plonger 26 millions de Latino-américains dans des conditions d’extrême pauvreté. Telle est la situation au terme d’une longue phase de croissance économique, à l’échelle mondiale. C’est ce que le capitalisme a de mieux à offrir. Mais qu’en sera-t-il dans les conditions d’une crise économique ?

Par conséquent, nous faisons face à un phénomène mondial qui est lourd d’implications révolutionnaires. La mondialisation se manifeste comme une crise mondiale du capitalisme.

Quelle est la solution ?

On nous explique que la crise actuelle est la conséquence d’un manque de régulation des risques excessifs qui ont été pris, dans le système financier, en particulier aux Etats-Unis. Ainsi, on nous dit « qu’il faut s’assurer que cela ne se reproduise pas. » Quelle ironie ! Ces trois dernières décennies, les économistes et politiciens bourgeois nous expliquaient précisément l’inverse, à savoir que toute forme de régulation était mauvaise pour les affaires et devait être éliminée (c’était particulièrement le cas du secteur financier).

Les déclarations sur la nécessité d’encadrer les « bonus excessifs » et de réguler les rémunérations des patrons ne sont que pure démagogie. Comment vont-ils accomplir pareils miracles ? Par quels mécanismes ? Les banquiers ont mille et un moyens de contourner toute régulation. Ils ont des comptabilités parallèles qui rendent impossible la découverte de leurs activités frauduleuses. Même le gouvernement américain recourt à ce type d’astuces pour cacher l’ampleur réelle de la dette publique.

L’idée de « réguler » les marchés boursiers est absurde. Pour que le marché puisse fonctionner, il faut que les gens puissent acheter et vendre des actions, et ils doivent le faire sur la base d’une estimation du cours à venir de l’action – montant ou descendant. L’idée qu’il n’est autorisé d’acheter des actions que lorsqu’elles augmentent est une évidente absurdité.

La conclusion est assez claire. Soit on a une économie de marché basée sur la course au profit, soit on a une économie nationalisée et planifiée. Mais le « capitalisme régulé » est une contradiction dans les termes.

Ce qu’il faut, c’est éliminer ces casinos grotesques qui décident du sort de millions de personnes, et remplacer l’anarchie capitaliste par une société rationnelle reposant sur une économie planifiée. On dit que les mesures prises par Bush et Brown constituent des nationalisations. Mais ces mesures n’ont rien en commun avec l’idée socialiste de nationalisation. Elles ne sont pas destinées à arracher le pouvoir économique des mains des parasites millionnaires qui constituent un obstacle monstrueux sur la voie du progrès social. Au contraire, elles représentent une tentative de protéger les intérêts de ces parasites en les subventionnant massivement – en puisant dans les poches des travailleurs et des classes moyennes.

Les marxistes sont radicalement opposés à ces mesures, qui n’ont rien à voir avec d’authentiques nationalisations, et relèvent d’une sorte de capitalisme d’Etat destiné à sauvegarder le système capitaliste. Elles mènent inévitablement à une concentration du capital, des licenciements massifs, des fermetures de banques, des crédits plus chers et autres mesures anti-sociales. L’Etat récompense les banquiers pour leurs activités néfastes. Il rachète toutes leurs pertes, puis dépense de vastes quantités d’argent des contribuables pour les rendre rentables, et lorsque c’est fait, il les revend aux banquiers, qui réalisent ainsi un coup double aux dépens de la société. Ceux-ci peuvent alors reprendre toutes leurs activités spéculatives, à nouveau.

Il faut arracher au secteur privé les principaux leviers de l’économie en nationalisant les banques, les compagnies d’assurance et les grandes entreprises – avec un minimum d’indemnisation, uniquement sur la base d’un besoin prouvé. Ce n’est que lorsque les forces productives seront sous le contrôle de la société qu’il sera possible d’établir un plan de production socialiste rationnel, où les décisions seront prises dans l’intérêt de la société, et non plus d’une poignée de riches parasites et de spéculateurs.

Telle est l’idée fondamentale du socialisme. C’est une idée qui, désormais, sera comprise et acceptée par des millions de gens qui, jusqu’alors, la considéraient irréaliste. Les gens qui manifestaient, devant Wall Street, contre le Plan Paulson, n’étaient pas socialistes. Il y a à peine 12 mois, ils auraient sans doute défendu l’économie de marché. Ils n’ont jamais lu Marx et se considèrent sans doute comme des Américains patriotes. Mais la vie enseigne, et dans de telles situations, les gens apprennent davantage en quelques jours que sur toute une vie. Aujourd’hui, les travailleurs des Etats-Unis apprennent rapidement. Et comme le disait Victor Hugo : « Aucune armée n’est aussi puissante qu’une idée dont l’heure est venue. »

La : La Riposte - 6 octobre 2008

La situation des travailleurs japonais

D’après une enquête inédite sur les « réfugiés des cybercafés », commanditée par le Ministère du travail et de la protection sociale, il s’est avéré que les cybercafés du Japon abritent 5400 réfugiés. Sur 3246 cafés interrogés, 1173 ont répondu. D’après l’analyse du ministère, il y a environ 5400 sans-abris dans les cybercafés. Parmi eux, 2700 sont des travailleurs précaires, 1300 sont des chômeurs en recherche d’emploi, 900 sont des chômeurs qui ne cherchent pas d’emploi et 300 sont des travailleurs « ordinaires ». En fonction de l’âge, les 20-29 représentent 26,5%, les 50-59 ans représentent 23,1%. Ces deux tranches d’âge comptent le plus grand nombre de chômeurs et de travailleurs précaires.

D’après d’autres enquêtes, réalisées à Tokyo et Osaka, 40% couchent dans la rue, 40% passent la nuit dans des fast-foods et 32% dans des bains publics, qu’on appelle « saunas ». Il leur est difficile de louer un appartement du fait qu’ils n’ont pas suffisamment d’économies pour avancer une partie du loyer. D’autres n’ont pas la certitude de pouvoir payer les loyers suivants. Et enfin, ils ne peuvent souvent pas trouver de garant pour leur location. Même quand ils trouvent du travail, ils ne peuvent pas louer une chambre s’ils n’ont pas d’adresse à indiquer dans les documents.

D’après une autre enquête en direction de 10 agences d’intérim, elles s’occupent en moyenne de 65 000 travailleurs par jour, parmi lesquels 54 000 travaillent avec un contrat de moins d’un mois, et parmi ces 54 000, 51 000 sont des journaliers. Ils travaillent en moyenne 14 heures par jour et reçoivent 133 000 yens (831 euros) par mois. Parmi eux, 68,8% ont moins de 35 ans.

Le ministère analyse ainsi leurs conditions de vie : « Parce qu’ils n’ont pas de travail, ils ne peuvent pas avoir de logement. Parce qu’ils n’ont pas de logement, ils ne peuvent pas avoir de travail. Nous devons demander aux organisation non-gouvernementales de les aider à trouver travail, logement et argent. » (Déclaration du 28 août 2007).

Des mineurs sans-abri

D’après l’étude du Ministère du travail et de la protection sociale, il y avait en janvier 2008 quelque 18 564 sans-abri « habitant » dans des parcs et au bord des rivières. Leur âge moyen est de 57,5 ans. Pour la première fois, on a enregistré des mineurs parmi les sans-abri.

Ces gens se sont retrouvés à la rue pour les raisons suivantes :
- 31,4% en raison de la baisse du nombre d’emplois disponibles.
- 26,6% parce que leurs compagnies ont fait faillite ou parce qu’ils ont été licenciés.

70,1% n’ont jamais sollicité d’aide publique et 3,2% se sont vus refuser cette aide.

Un homme de 68 ans qui habite au bord de la rivière Sumida a dit : « Le gouvernement de Tokyo a prévu des chambres à 3000 yens (19 euros) pour les sans-abri, mais comme je n’ai pas de travail, je ne peux pas payer cette somme, et je n’ai pas eu d’autre possibilité que de revenir ici. Chaque jour je fais la queue pour un repas gratuit et je survis ainsi. »

Les « administrateurs nominaux »

Un homme de 28 ans a été promu administrateur d’un magasin 9 mois après son embauche. Il en était très content, mais des instructions très dures de la part de l’entreprise l’attendaient. Il devait travailler presque jour et nuit sans temps de repos et sous contrôle. Malgré cela, son salaire a diminué, puisqu’il étant désormais administrateur, et non plus simple employé, et n’était donc pas payé pour ses heures supplémentaires ! C’était un « administrateur nominal » typique. Après cinq mois, il a fait une dépression. Il a déclaré avec colère : « L’entreprise m’a fait travailler comme un esclave. J’avais tellement de pression psychologique que je ne pouvais pas dormir. »

81 suicides pour excès de travail

Le ministère du travail et des affaires sociales a publié le nombre de suicides, de maladies et d’accidents du travail reconnus en 2007. D’après lui, 952 personnes ont demandé au ministère d’être reconnues comme déprimées par excès de travail (16,2% de plus qu’en 2006, deux fois plus qu’en 2003). Seuls 268 cas ont été reconnus comme tels. Parmi eux, il y a eu 81 suicides (80 hommes et une femme). 22 avaient entre 40 et 49 ans, 21 entre 30 et 39 ans, 19 entre 50 et 59 ans, et 15 entre 20 et 29 ans. Parmi eux, 20 faisaient de 100 à 119 heures supplémentaires par mois, 11 faisaient entre 80 et 99 heures supplémentaires, et 12 moins de 40 heures supplémentaires.

932 personnes ont demandé a être reconnues malades du cœur ou du cerveau, et 392 ont été reconnues comme telles (10,4% de plus qu’en 2006 : un record). Parmi ces 392, il y en a 142 qui ont été reconnus comme morts en raison d’un excès de travail. 54 d’entre eux faisaient entre 80 et 99 heures supplémentaires, 25 faisaient entre 100 et 119 heures supplémentaires. 101 travaillaient dans les transports et 74 à l’usine.

La Constitution japonaise

Dans la constitutions japonaise, proclamée en 1947 à la suite de la défaite dans guerre du Pacifique Asiatique, les articles suivants traitent du travail et du de la vie de la population. (Texte de M. Inoue et R. Hasegawa).

« Article 13

Tout citoyen doit être respecté en tant qu’individu. Ses droits à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur doivent être, s’ils ne s’opposent pas au bien et à la prospérité publique, respectés au maximum lors de l’élaboration des lois et dans les autres domaines de la gouvernance.

Article 18

Personne ne doit être réduit à une quelconque forme d’esclavage, ni forcé à effectuer des travaux pénibles, sauf en cas de punition pour un crime.

Article 19

La liberté de pensée et de conscience doivent être intouchables.

Article 22

1) Toute personne doit avoir la liberté de choisir et de changer son lieu de vie et également de choisir sa profession, si cela ne va pas à l’encontre du bien et de la prospérité publique.

Article 25

1) Tout citoyen doit avoir le droit de jouir d’une vie saine avec un minimum d’accès à la culture.

2) Dans tous les domaines de l’existence, l’Etat doit s’efforcer de faire progresser le bien social, la sécurité sociale et l’hygiène publique.

Article 27

1) Tout citoyen a le droit et le devoir de travailler.

2) Les normes concernant le salaire, le temps de travail, le repos et toutes les conditions de travail doit être fixées par la loi.

3) Les enfants ne doivent pas être exploités.

Article 28

Le droit des travailleurs à s’organiser, à négocier et à agir collectivement doit être garanti. »

Depuis la proclamation de la constitution jusque dans les années 80, le peuple et les travailleurs japonais ont combattu pour forcer le gouvernement conservateur à appliquer les promesses de la constitution, et cela a en partie réussi. Au sujet de l’article 25, il y a eu une accusation de Asahi Shigeru, qui habitait dans un sanatorium national, et recevait une aide du gouvernement pour « jouir d’une vie saine avec un minimum d’accès à la culture ». Mais en réalité, il ne recevait à l’époque que 600 yens par mois (en 1957, d’après le cours actuel, 600 yens équivalaient à 38 euros) pour ses besoins quotidiens. Il recevait cette aide en fonction du règlement qui stipulait que la personne aidée doit recevoir, par exemple, un caleçon et un rouleau de papier toilette par mois. Il s’est plaint que cette aide ne garantissait pas « un niveau de vie décent ». Il a gagné devant la cour du district de Tokyo, mais a perdu devant la haute cour de Tokyo et a de nouveau perdu devant la cour suprême. Pourtant, sa protestation a eu une grande influence sur la politique qui a suivi, et le gouvernement a dû s’efforcer d’améliorer les conditions de vie de la population. Les travailleurs se sont également battus pour améliorer leurs conditions de vie, pour augmenter les salaires et faire diminuer le temps de travail.

Mais un changement brutal est intervenu à la fin des années 90. Dans les années 80, le Japon a beaucoup prospéré et les conditions de vie des travailleurs se sont globalement améliorées. Mais cela n’a pas duré longtemps. La stagnation, puis la récession sont arrivées. Ce furent d’abord des licenciements de travailleurs, puis leur remplacement par des précaires recrutés par des agences d’intérim fondées pour l’occasion. Ces précaires sont très pratiques pour les entreprises, puisque les patrons peuvent les faire travailler à bas coût et les licencier facilement lorsque la situation économique se dégrade. Le gouvernement et le patronat, passant outre la législation qui protège les travailleurs, ont fait voter en 1999 un ensemble de lois sur la libéralisation des recrutements, qui s’est ensuite étendue à d’autres domaines.

De nombreuses entreprises ont accueilli cette loi à bras ouverts, puisqu’elle leur permet de réduire le coût du travail. De nombreux travailleurs en CDD ont été remplacés par des intérimaires. La mode du téléphone portable a encore amplifié cette tendance : les employeurs pouvaient embaucher des journaliers sur un simple coup de fil. Les agences d’intérim exploitent aussi les travailleurs. Même de grandes entreprises, connues au niveau mondial, ont ainsi embauché des travailleurs à bas prix, à l’encontre de la législation. Les travailleurs sont, plus que jamais, devenus de simples forces de travail, voire des marchandises. Dans les entreprises, on ne les appelle pas par leur nom, mais par le terme « haken » (l’envoyé). Aujourd’hui, un tiers des travailleurs japonais sont des précaires qui reçoivent un petit salaire et vivent dans la peur constante du licenciement.

Avant la « libération de la force de travail », les japonais ne pensaient jamais au licenciement. Ils travaillaient comme des enfants au service de chefs d’entreprise paternalistes. Dans cette ambiance, ils travaillaient loyalement pour la même entreprise pendant toute leur vie. Ils croyaient tous appartenir à la « classe moyenne », parce qu’ils n’étaient pas très riches, mais pas très pauvres non plus. La société était très stable, mais maintenant elle devient de plus en plus instable à cause des licenciements, du travail précaire et de la pénurie d’emplois. Les japonais se divisent essentiellement en deux groupes : les riches et les pauvres. Il n’y a pratiquement pas de « classes moyennes ».

Un début de riposte

Les travailleurs pauvres avaient l’habitude de se reprocher à eux-mêmes leur situation misérable. Mais ils commencent à comprendre que le patronat et le gouvernement sont responsables. Ceux qui ont remarqué cela organisent des manifestations. Voici quelques exemples de luttes et de victoires :

Takahashi Mika, une jeune fille de 24 ans, qui travaillait pour la chaîne de restaurants Tsubohatchi, à Hokkajdo, a organisé un syndicat de travailleurs. Elle a exigé de l’entreprise le paiement de son travail de nuit et a gagné (d’après Akahata, 13/4/2008).

Des travailleurs de la chaîne de restaurants Sukiya ont accusé leur patron, Ogawa, en exigeant le paiement de leurs heures supplémentaires. Quand les travailleurs à temps partiels ont été licenciés, ils ont organisé un syndicat, et en septembre 2007, l’entreprise a accepté d’annuler les licenciements et de payer leurs heures supplémentaires. Mais elle n’a pas tenu sa promesse. Les travailleurs ont intenté en procès l’entreprise en justice (Akahata, 9/4/2008).

Des guides ont attaqué en justice une agence de voyages. Ooshima Yuki, une travailleuse de 43 ans, a porté plainte contre l’agence Hankiyuu-Trav-Support pour exiger le paiement de ses heures supplémentaires. De nombreux guides ont un contrat « à heures fixes » : les agences de voyage ne payent qu’un nombre d’heures fixées, sous prétexte qu’il est difficile de calculer combien de temps les guides travaillent pendant un voyage. Elle dit : « Avec ce genre de contrat, les guides travaillent déjà au-delà de leurs limites. Nous devons changer ce système » (D’après Mainichi, 23/5/2008).

Le 20 avril 2008, un McDonald japonais a annoncé la décision de payer les heures supplémentaires de 2000 « administrateurs nominaux ». Cependant, en même temps, elle a annulé leurs indemnités d’administration, ce qui fait que leur salaire n’augmentera probablement pas. De plus, elle envisage de diminuer le nombre d’heures supplémentaires, ce qui signifie qu’une partie d’entre elles sera maquillée en « travail bénévole ».

L’entreprise mondialement connue Toyota a introduit une « amélioration » (kaizen) en 1964, qui consistait en du travail volontaire. Les employés étaient censés participer à l’amélioration des conditions de travail et du processus de production. Environ 40 000 travailleurs ont prit part à cela. Toyota payait pour deux heures de travail supplémentaire, mais pas plus. En décembre 2007, la cour du district de Nagoya a jugé que la mort d’un travailleur de 30 ans employé par Toyota était due au surmenage. Et elle a souligné que le « kaizen » était un travail sous le contrôle de l’entreprise. Toyota a du changer sa politique à ce sujet.

Pendant huit ans, jusqu’en 2000, j’ai travaillé dans une université. A cette époque, la situation économique était très mauvaise et les entreprises commençaient à remplacer les travailleurs en CDI par des précaires. Il était très difficile de trouver du travail. Par désespoir, une étudiante avait cessé de chercher du travail à force d’échouer à des concours où il y avait trop de candidats. D’autres ont plusieurs fois visité des entreprises en divers endroits. Est-ce qu’ils ont réussi et travaillent en CDI ? Quand je lis des nouvelles au sujet des jeunes désespérés, je pense toujours à eux. Je suis en colère contre le gouvernement, qui suit toujours les injonctions du patronat. Il ne s’occupe jamais de la vie des gens ordinaires. Il devrait voir la réalité dans la société, où abondent les malades et les morts pour cause de surmenage, ainsi que les sans-abri qui dorment dans les cafés et dans la rue. Les travailleurs japonais sont dans la même situation qu’au Japon avant la seconde guerre mondiale, où même comme juste après la révolution industrielle en Angleterre, lorsque les travailleurs devaient travailler de très nombreuses heures en situation de quasi-esclavage.

Hori Yasuo, Sennaciulo

La Riposte - 6 février 2009

Sindicalista retirado de serviço no INEM

O presidente do Sindicato dos Técnicos de Ambulância de Emergência (STAE), Ricardo Rocha, foi retirado do serviço de recém-nascidos do INEM, do qual foi o primeiro coordenador de grupo no Porto. Também o tesoureiro do STAE, Miguel Santos, saiu. Ricardo diz estar a ser alvo de retaliações por ser sindicalista e recentemente "ter dado a cara em várias lutas".

"Isto é uma perseguição. O enfermeiro-coordenador retirou-me da escala de serviço dos recém-nascidos, acusando-me de ter colocado o serviço em risco por ter faltado um dia, quando na verdade avisei e tirei licença a que tenho direito para tratar de assuntos sindicais", disse.

Fonte do gabinete de comunicação do INEM explicou que a direcção já tomou conhecimento da situação e está a tratar do assunto. Ricardo Rocha ficou ainda mais revoltado por não ter sido avisado. "Descobri quando fui ver a escala de Fevereiro e ninguém me explica nada", disse.

C. M. 06.02.09

Les Indicateurs Composites de l’OCDE chutent au plus bas niveau depuis les années 1970

Les Composite Leading Indicators calculés par l’OCDE sont destinés à permettre une anticipation rapide des tendances de l’activité économique. Les valeurs supérieures à 100 indiquent des phases d’expansion, inférieures à 100 des ralentissements.

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Source OCDE (pdf)

USA : 7,6% de chômeurs en janvier

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L’indicateur U-3, mesure usuelle du chômage est à 7,6%. Le U-6, qui tient compte des temps partiels contraints et des travailleurs découragés de rechercher un emploi, s’établit à 13,9%.

598 000 emplois ont été détruits en janvier, et au total 3,6 millions depuis le début de la récession, dont environ la moitié durant les 3 derniers mois.

Les expatriés fuient Dubaï (via CR)

Faced with crippling debts as a result of their high living and Dubai’s fading fortunes, many expatriates are abandoning their cars at the airport and fleeing home rather than risk jail for defaulting on loans.

Police have found more than 3,000 cars outside Dubai’s international airport in recent months. Most of the cars - four-wheel drives, saloons and “a few” Mercedes - had keys left in the ignition. ... Those who flee the emirate are known as skips. ... “There is no way of tracking actual numbers, but the anecdotal evidence is overwhelming. Dubai is emptying out,” said a Western diplomat.

Japon : 400 000 travailleurs à temps partiel perdront leur emploi d’ici mars

Homeless and suicide numbers in Japan may spike as manufacturers including Sony Corp., Panasonic Corp. and Honda Motor Co. fire thousands of workers to cut costs amid the country’s worst recession since World War II, unions said.

Some 400,000 temporary workers will lose their jobs by March, according to the Japan Manufacturing Outsourcing Association. Japan’s unemployment rate jumped the most in 41 years in December, to 4.4 percent from 3.9 percent a month earlier, as companies laid off an estimated 88,000 temporary staff.

Changes in labor law since 1999 have left a third of Japan’s workforce employed on short-term contracts offering little security and no unemployment benefits. Wages are often less than welfare payments and many temporary workers live in company dormitories, leaving newly unemployed also homeless, unions and activists say.

“Getting fired in Japan can also mean losing a place to live,” said Makoto Yuasa, head of Moyai, a support group for the jobless and homeless. “There’s not enough security or protection for people who lose their jobs.”

Morgan Stanley : 20 000 milliards d’actifs détruits

Selon Morgan Stanley, la crise financière a détruit 20 000 milliards de valeurs d’actifs dans le monde depuis 2007, soit 16% d’un patrimoine mondial estimé à 125 000 milliards par les Nations Unies.

C’est la plus forte destruction de valeur depuis la seconde guerre mondiale, observe Morgan Stanley.

Les contribuables US ont surpayé 78 milliards les prises de participations dans les banques

The U.S. Treasury looks to have overpaid financial institutions to the tune of $78 billion in carrying out capital injections last year, the head of a congressional oversight panel for the government’s $700 billion bailout program told lawmakers on Thursday.

Elizabeth Warren, a Harvard law professor, said her group estimated the Treasury paid $254 billion in 2008 in return for stocks and warrants worth about $176 billion under the Troubled Asset Relief Program, or TARP.

Taxe professionnelle : 28 mds et non 8

La taxe professionnelle, dont Nicolas Sarkozy a annoncé la suppression en 2010, représente 28 milliards d’euros et non huit comme l’a affirmé le chef de l’Etat, a déclaré Philippe Laurent, le président de la commission des Finances de l’Association des maires de France.

"Le montant de la taxe professionnelle perçue par l’ensemble des collectivités locales s’élève à près de 28 milliards, dont environ 10 milliards sont d’ores et déjà payés par l’Etat au titre des dégrèvements".

L’Etat est considéré comme le premier contribuable local et a en outre instauré des compensations au fil des réformes successives de la taxe professionnelle. "En cas de suppression, il resterait 18 milliards d’euros à trouver, et non 8 milliards", souligne M. Laurent (divers droite) dans un communiqué.

Olivier Bouba-Olga : « La taxe professionnelle n’influe qu’à la marge sur les délocalisations »

(...) C’est un bel effet d’annonce, mais ce n’est que du marketing politique. Présenter la suppression de la Taxe Professionnelle (TP) comme un moyen de lutter contre les délocalisations, c’est bien plus vendeur aux yeux de l’opinion publique. En réalité, il s’agit surtout de baisser les charges des entreprises.

La fin - même partielle - de la TP peut-elle toutefois avoir un impact sur les délocalisations ?

La fiscalité, et en particulier la TP, ne joue qu’à la marge sur les choix de localisation. Il y a d’autres déterminants plus importants pour les entreprises, comme la demande sur un marché, ou le coût de la main d’oeuvre. La France est le deuxième pays de l’Union Européenne qui reçoit le plus d’investissements étrangers (derrière le Royaume-Uni). Les entreprises viennent y chercher une localisation stratégique, au coeur du marché européen, mais aussi des savoir-faire, des compétences.

(...)

La réponse est : baisser les impôts. Quelle était la question ? Le Président de la République clâme sur tous les tons que rien ne sera plus comme avant cette crise. Pourtant les anciens réflexes jouent à plein. Nicolas Sarkozy considère donc qu’améliorer la trésorerie des entreprises est un bienfait en soi, quelque que soit l’usage qui sera fait de ces fonds alloués sans contrepartie, et dont rien ne garantit qu’ils irrigueront l’économie rélle ou pourront se traduire en pouvoir d’achat. En d’autres termes, il n’a rien appris.

Le secteur financier en France et au Royaume Uni.

« Les services [financiers] pèsent 15% du PIB en Grande Bretagne et 3% en France », a rappelé hier soir Nicolas Sarkozy.

Le président de la République semble avoir légèrement sous-estimé la part de la finance en France. Selon le site institutionnel Invest in France, « l’industrie financière est une activité à part entière apportant une forte contribution au PIB (4,5%) et à l’emploi (700 000 emplois). »

Voici quelques chiffres, fournis par le gouvernement de Sa Majesté, qui donnent une idée de l’importance su secteur financier au Royaume Uni, de sa place dans l’activité mondiale, et donc des risques encourus aujourd’hui.

En 2007, les services financiers comptaient pour 10,1% du PIB britannique, et pour 14% lorsqu’on y ajoute les services associés tels le conseil juridique, comptable et le management.

Les services financiers fournissent un emploi sur 30 au Royaume Uni. En 2007, la part du Royaume Uni dans les marchés mondiaux était : 20% des prêts bancaires internationaux ; 34% des marchés de devises ; 43% des transactions sur les produits dérivés ; 53% des transactions sur les actions étrangères, et la première place sur le marché des obligations avec 70% des transactions.

La situation des deux pays est-elle donc sans commune mesure ? Pas entièrement. Le secteur services financiers, banque, assurance, immobilier et service aux entreprises compte pour plus de 30% dans le total de la valeur ajoutée produite en Angleterre (source OCDE).

Dans le monde, hors le cas atypique du Luxembourg, seuls 3 pays dépassent la barre des 30% : les USA, la Grande Bretagne et la France.

(JPG)

Source OCDE

Le futur grand marché transatlantique

Jean-Claude Paye - Sociologue

Dans les pays membres de l’ancienne Union européenne, l’Europe des quinze, la question de la souveraineté extérieure est réglée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale . Généralement occupés par l’armée états-unienne et membres de l’OTAN, ces pays ont transféré leur prérogative régalienne, de faire la guerre et d’assurer leur défense, à l’exécutif états-unien. La phase actuelle des relations entre l’Union européenne et les États-Unis est spécifique. Elle consiste dans l’abandon de la souveraineté intérieure des pays membres de l’Europe des 27. Grâce à une hégémonie du droit des États-Unis sur le sol européen, l’exécutif US exerce un pouvoir direct sur les populations européennes. A travers de nombreux accords, cette souveraineté est légitimée par les institutions de l’Union.

L’instauration d’une souveraineté interne de l’exécutif états-unien sur les pays de l’ancien continent conduit à la formation d’une nouvelle forme d’État, à la mise en place d’une structure impériale sous direction américaine. Il s’agit d’une forme d’organisation stable qui diffère fortement de la situation antérieure. Dans le cas où les États-Unis disposaient de la seule souveraineté extérieure des pays européens, un retour en arrière partiel ou plus profond restait possible sans une révolution sociale, tel que l’atteste le retrait de la France, effectué par Charles De Gaule, du commandement de l’OTAN. Une telle tentative d’indépendance d’un pouvoir constitué européen ne serait plus envisageable, si les États-Unis exercent un contrôle direct sur les populations de l’ancien continent.
Un grand marché transatlantique à l’horizon 2015

Une résolution du Parlement européen de mai 2008 opère une légitimation du projet de création d’un grand marché transatlantique pour 2015 [1]. Elle prévoit l’élimination des barrières au commerce, d’ordre douanière, technique ou réglementaire, ainsi que la libéralisation des marchés publics, de la propriété intellectuelle et des investissements. L’accord prévoit une harmonisation progressive des réglementations et surtout la reconnaissance mutuelle des règles en vigueur des deux côtés de l’Atlantique. Dans les faits, c’est le droit états-unien qui s’appliquera.

Parallèlement aux négociations sur l’existence d’un grand marché, des discussions discrètes se sont développées afin de créer un espace commun de contrôle des populations. Un rapport secret, conçu par des experts de six États membres, a établit un projet de création d’une aire de coopération transatlantique en matière de « liberté de sécurité et de justice", d’ici 2014 [2]. Il s’agit de réorganiser les affaires intérieures et la Justice des États membres « en rapport avec les relations extérieures de l’Union européenne », c’est à dire essentiellement en fonction des relations avec les États-Unis.

Plus encore que le transfert des données personnelles et la collaboration des services de police, processus déjà largement réalisé, l’enjeu de la création d’un tel espace consiste dans la possibilité, à terme, de la remise des ressortissants de l’Union aux autorités états-uniennes. Rappelons que le mandat d’arrêt européen, qui résulte de la création d’un « espace de liberté, de sécurité et de Justice » entre les États membres, supprime toutes les garanties qu’offrait la procédure d’extradition. Le mandat d’arrêt repose sur le principe de reconnaissance mutuelle. Il considère, comme immédiatement conforme aux principes d’un État de droit, toutes les dispositions juridiques de l’État demandeur. L’installation d’une telle aire de coopération transatlantique ferait que l’ensemble de l’ordre de droit états-unien serait reconnu par les 27 et que les demandes US d’extradition seraient, après de simples contrôles de procédure, automatiquement satisfaites.

Or, aux États-Unis, le Military Commissions Act of 2006 [3]permet, de poursuivre ou d’emprisonner indéfiniment, toute personne désignée comme ennemi par le pouvoir exécutif. Cette loi concerne tout ressortissant d’un pays avec lequel les USA ne sont pas en guerre. On est poursuivi comme « ennemi combattant illégal » non pas sur des éléments de preuve, mais simplement parce qu’on est nommé comme tel par le pouvoir exécutif. Cette loi, de portée internationale, n’a été contestée par aucun gouvernement étranger.
Grand marché et contrôle des populations

Le parallélisme entre la libéralisation des échanges entre les deux continents et le contrôle états-unien des populations européennes existe durant les 13 années qu’a duré le processus de négociation. Ainsi, le 3 décembre 1995, au sommet USA-UE de Madrid, fût signé le « Nouvel Agenda Transatlantique » visant à promouvoir un grand marché transatlantique, ainsi qu’un plan d’action commun en matière de coopération policière et judiciaire.
Alors que les négociations en matière de coopération policière furent continues, les discussions visant à créer un grand marché connaîtront un point d’arrêt. Elles seront abandonnées en 1998. Il faudra attendre 2005 pour que le projet soit réactivé par une déclaration économique, adoptée lors du sommet US-UE de juin 2005.

Les progrès dans la création d’un marché transatlantique sont dûs à l’action d’un institut euro-américain, le Transatlantic Policy Network. Fondé en 1992 et réunissant des parlementaires européens, des membres du Congrès des États-Unis et d’entreprises privées, il appelle à la création d’un bloc euro-américain au niveaux politique, économique et militaire. Il est soutenu par de nombreux think tanks comme l’Aspen Institute, l’European-American Business Council, le Council on Foreign Relations, le German Marshall Fund ou la Brookings Institution. Il est alimenté financièrement par des multinationales américaines et européennes comme Boeing, Ford, Michelin, IBM, Microsoft, Daimler Chrysler, Pechiney, Michelin, Siemens, BASF, Deutsche Bank, Bertelsmann…

Un élément important de cet « espace de liberté, de sécurité et de justice », le transfert général des données personnelles est en train d’aboutir. Un rapport interne écrit conjointement par des négociateurs appartenant au Ministère de la Justice et au Département de la sécurité de la patrie côté américain et par le Coreper, un groupe de représentants permanents, en ce qui concerne l’Union Européenne, annonce un accord en ce sens pour 2009 [4].
Il s’agit de favoriser la remise de données d’ordre administratif et judiciaire, mais aussi relatives à la « défense du territoire ». Les négociateurs se sont déjà mis d’accord sur 12 points principaux. En fait, il s’agit de remettre, en permanence aux autorités américaines une série d’informations privées, telles le numéro de la carte de crédit, les détails des comptes bancaires, les investissements réalisés, les itinéraires de voyage ou les connexions internet, ainsi que des informations liées à la personne telle la « race », les opinions politiques, les mœurs, la religion...
Les États-uniens inscrivent leurs exigences dans le contexte économique. Pour eux, cet accord se présente comme « une grosse affaire, car cela va diminuer la totalité des coûts pour le gouvernement US dans l’obtention des informations de l’Union européenne. » .
L’enjeu n’est pas de pouvoir transmettre ces données aux autorités US, ce qui est déjà largement réalisé, mais de pouvoir légalement les remettre au secteur privé Il s’agit de supprimer tout obstacle légal à la diffusion des informations et de garantir des coûts les plus bas possibles. Il faut avant tout assurer la rentabilité du marché.
Primauté du droit états-unien

Les négociateurs européens ont abandonné leur propre légalité en ce qui concerne la nécessité d’un contrôle indépendant et ont accepté les critères américains. Ils admettent que le pouvoir exécutif se surveille lui-même en considérant que le système de contrôle interne du gouvernement US offrait des garanties suffisantes. Ils ont accepté que les données concernant la « race », la religion, les opinions politiques, la santé, la vie sexuelle, soient utilisées par un gouvernement à condition « que les lois domestiques fournissent des protections appropriées ». Chaque gouvernement pourrait décider lui-même s’il respecte ou non cette obligation.

Le processus qui conduit à l’installation d’un grand marché transatlantique est l’inverse de celui de la construction de l’Union européenne. Le marché commun européen est d’abord une structure économique basée sur la libéralisation des échanges de marchandises. Le grand marché transatlantique s’appuie sur la primauté du droit US. Il est d’abord une construction politique, même la création d’une Assemblée transatlantique est évoquée. L’exercice de la souveraineté des autorités états-uniennes sur les populations européennes et la légitimation de ce pouvoir par l’Union sont les conditions de la mise en place de nouveaux rapports de propriété et d’échange : transformer les données personnelles en marchandises et libérer ce grand marché de toute entrave.

[1] Parlement européen, « Résolution du Parlement européen sur les relations transatlantiques », B6-0280/2008, le 28 mai 2008.
[2] Report of the Informel, Hight Level Advisory Group on the Future European Affairs Policy (Future group), « Freedom, Security, Privacy. European Home Affairs in a Open World », June 2008, p. 10, paragraph 50.
[3] S.390 Military Commissions Act of 2006.
[4] Council of the European Union, « Note from Presidency to Coreper, Final Report by EU-US Hight Level Contact Group on information sharing and privacy and personal protection », 9831/08, Brussels 28 mai 2008.

LES “TERRORISTES” SONT DANS LA RUE

LA DISCRIMINATION, COMMENT ÇA MARCHE !

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Secrets of CIA

Expresso - 1ª página

Jerónimo de Sousa diz é importante acelerar a investigação sobre o caso Freeport e que o primeiro-ministro não pode utilizar este caso para se vitimizar.

Por outro lado, Jerónimo de Sousa não afasta um acordo pós-eleitoral com o Partido Socialista. Numa altura em que várias sondagens consideram improvável uma nova maioria absoluta dos socialistas nas próximas legislativas, o secretário-geral do PCP não recusa, à partida, um eventual entendimento entre os dois partidos.

O secretário-geral do PCP aconselha ainda o ministro dos Assuntos Parlamentares a reflectir nas afirmações que faz. Jerónimo de Sousa diz que é "trauliteira" a afirmação de Augusto Santos Silva de que o PCP é conservador. RCP (06.02.09)

Ricos temem fim dos seus privilégios

Cada vez mais suíços se incomodam com os privilégios fiscais dados aos super-ricos que se instalam na Suíça.

No domingo (08.02.09) os eleitores do cantão de Zurique votam no plebiscito que irá decidir se esses incentivos devem continuar a existir.

Michael Schumacher pode continuar a dormir tranqüilo. Já Theo Müller, bilionário que construiu um império industrial de laticínios na Alemanha e depois se refugiou na Suíça para não pagar os impostos de herança, tem motivos para se preocupar. Enquanto um vive às margens do lago de Genebra, o segundo está na chamada "Costa Dourada" do lago de Zurique.

Graças a uma exceção legal, os dois super-ricos estrangeiros praticamente não pagam impostos, pelo menos em relação às suas fortunas e rendas. Porém questiona-se agora se Müller continuará gozando do privilégio de viver em um paraíso fiscal: um número crescente de suíços começa a se incomodar com essa situação. No cantão de Zurique um plebiscito será realizado no domingo (oito de fevereiro) para deixar os eleitores decidirem se o sistema de acordo fiscal deva continuar a existir. A negativa nas urnas poderá servir de sinal para todos os outros cantões que oferecem esse tipo de privilégio para abonados.

A crítica não vêm só dos simples contribuintes. "Isso é uma vergonha sem fim, um escândalo", critica o também bilionário Philippe Gaydoul, chefe de uma grande rede de supermercados, a um jornalista ao ser questionado sobre o tema. Ele próprio não tem direito de se beneficiar do sistema porque é suíço. Apenas estrangeiros que não exercem nenhuma atividade - pelo menos oficialmente - podem fazer acordos especiais com as autoridades fiscais.

Cálculo do imposto


No acordo fiscal, o cálculo do imposto pago não é baseado na renda dos ricaços, mas sim no custo que este tem para viver na Suíça. Como trata-se de um valor difícil de calcular, geralmente as autoridades fiscais determinam um valor global que é, em geral, cinco vezes o aluguel pago pelo domicílio na Suíça. Por exemplo, quem tem uma mansão com um valor de aluguel mensal de 20 mil euros é tarifado como se sua renda fosse de 100 mil euros por mês, mesmo se ela é dez vezes maior. Dessa forma a pessoa paga 37 mil euros de imposto por mês.

Philippe Gaydoul, cuja fortuna é calculada em um bilhão de euros, desconta um valor certamente superior. "Como contribuinte suíço sinto-me lesado quando vejo como esses estrangeiros são beneficiados. Eles devem pagar o mesmo que nós", reclama o empresário.

Na Suíça cada cantão tem sua própria lei de impostos, mas todos os diferentes sistemas contêm regras especiais para estrangeiros abonados. Também o governo federal, que recolhe de todos os contribuintes suíços uma parte dos impostos, não se incomoda com Schumacher ou outras celebridades.

O fato é que o privilégio atrai cada vez mais milionários e bilionários à Suíça. Há dez anos eles eram aproximadamente 3.100. Hoje o país tem Michael Schumacher, a estrela francesa de rock Johnny Hallyday, o oligarca russo Viktor Wekselberg, a cantora Tina Turner ou os pilotos de Fórmula 1 Lewis Hamilton, Felipe Massa, Kimi Räikkönen e Heikki Kovalainen, além de muitos outros com o endereço fiscal estabelecido no país. Em 2006, o número de beneficiados pelos impostos ajustados já era de 4.150, a maioria estabelecida às margens do lago de Genebra. O cantão de Zurique tem 137 deles.

Iniciativa da esquerda


Para o partido de esquerda Lista Alternativa de Zurique, que iniciou o plebiscito, o privilégio fiscal dado aos ricos atenta contra o princípio geral de que impostos devam ser medidos segundo a capacidade econômica do contribuinte. Isso está previsto também na Constituição helvética.

Social-democratas, verdes e outros dois partidos também são da mesma opinião. Apesar das iniciativas anteriores terem sido derrotadas nas urnas para os opositores dos privilégios fiscais, hoje muitos conservadores estão mudando de opinião. Uma política do Partido Liberal (FDP, na sigla em alemão) originária de Küssnacht, comuna nobre às margens do lago de Zurique, explica a questão ao jornal alemão "Süddeutsche Zeitung": "Esses contribuintes beneficiados ocupam geralmente luxuriosas mansões na nossa região. Se um contribuinte normal morasse nelas, estaria pagando muito mais impostos à nossa comuna". O problema é ressaltado pelo fato dos abonados estrangeiros estarem inflacionando os preços dos imóveis, dos quais muitos já são inacessíveis aos próprios ricos suíços.

Em todo caso, os partidos conservadores pedem ao eleitor para não acabar com o acordos fiscais. Eles lembram que países como Grã-Bretanha, Bélgica e Luxemburgo também têm sistemas semelhantes. Os austríacos seriam até mais generosos que a Suíça já que seu residente milionário estrangeiro não necessita pagar mais impostos do que pagava na última residência. Assim, com uma passagem por Mônaco, o jet set consegue baixar ainda mais o seu nível fiscal.

Os conservadores suíços lutam pelo sistema por uma questão tática. Eles poderiam sacrificá-lo se os partidos de esquerda apoiarem uma redução geral do imposto de renda. Razão: os acordos fiscais com os milionários e bilionários não fazem chover dinheiro nos cofres públicos: em média, essas pessoas pagam apenas 64 mil euros de imposto por mês.
swissinfo, Alexander Thoele (com agências) - 07.02.09
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