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07/02/2009

Licenciement à Saint-Gobain : les handicapés d’abord !

Pour réduire les coûts en période de crise, Saint-Gobain fait dans le délicat. Et vire une handicapée, après deux ans et demi de période d’essai. Les femmes et les handicapés d’abord ! Alors que Saint-Gobain a engagé un important plan de réduction des coûts – poétiquement appelé « symphonie » – sa filiale recherche vient de dégager, sans trop de ménagements, une jeune handicapée mentale employée depuis deux ans et demi sur le site d’Aubervilliers. Voilà qui la fiche mal pour une entreprise qui se targue d’être à la pointe en matière d’insertion. Mais par temps de crise…

Par Lucie Delaporte

Recrutée à la reprographie pour remplacer un salarié parti à la retraite, Sandrine D., 29 ans, intervient aussi en appui au standard et au courrier. Et fait apparemment l’affaire, jusqu’au 16 décembre dernier, où elle se voit signifier la fin de son contrat. « Elle n’était pas employée à temps plein », explique aujourd’hui la DRH du site Marie-Claire Parent. « Les besoins en matière de reprographie ont diminué, c’est tout. » Fermez le ban. Alors pourquoi tout ce barouf sur le site où près de 90 personnes sur les 400 qu’emploie Saint-Gobain recherche, ont décidé de débrayer pour protester ?

« Il faut du temps pour faire quelque chose de constructif »

Sans doute parce que depuis son arrivée sur le site de SGR, la jeune femme, royalement payée 830 euros nets, en contrat de sous-traitance avec un ESAT (établissement spécialisé d’aide au travail), attendait une embauche définitive, régulièrement évoquée par la direction. Interpellée dès 2007 par les syndicats sur la nécessité de l’intégrer, la DRH avait répondu, indique un P.V. : « Il faut du temps pour faire quelque chose de cohérent et ne pas mettre la personne en situation d’échec. »

« En réalité, l’entreprise voudrait les avantages des handicapés : des subventions et des quotas (les entreprises sont officiellement tenues d’employer 6% de personnes handicapées) et en même temps des personnes opérationnelles à 100% », affirme Jean-Baptiste Gallet, délégué syndical CGT. Après deux ans et demi de période d’essai, Sandrine apprend donc qu’il n’est pas « cohérent » de la garder. Et on est prié de croire que le plan de restructuration en cours n’a rien à voir là-dedans.

Heureusement, comme Saint Gobain a une forte culture sociale, la jeune handicapée a été autorisée à ne pas effectuer la période de préavis et a pu quitter l’entreprise dès le 19 décembre « pour rejoindre sa famille », avec en prime un lecteur DVD. Sympa.

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