Abrahim Saravaki
Samedi, le monde du travail a montré, qu’il est bien décidé à préserver l’héritage du combat de trois générations pour la retraite, ce bijou de famille de la France toute entière : la retraite à 60 ans.
Le jeudi 23 septembre, la rue a parlé et le pouvoir ne l’a pas écouté. «Non, avec le président de la République nous ne retirerons pas ce projet de réforme parce qu'il est nécessaire et raisonnable», a expliqué le premier ministre lors de la clôture des Journées parlementaires UMP, refusant ainsi de revenir sur le report de l'âge légal ouvrant droit à la retraite de 60 à 62 ans.
La réponse syndicale à cette surdité et à la stratégie de découragement du monde du travail n’a pas tardé. Les organisations syndicales ont mis en garde le gouvernement sur « les conséquences que provoquerait l’ignorance de la colère qui s’exprime profondément ». Elles ont décidé d’organiser deux jours d’action, avant et pendant l’examen du texte au Sénat le 5 octobre.
Samedi, le monde du travail a montré, en se mobilisant de manière encore plus importante que précédemment, par millions et en famille, qu’il est bien décidé à préserver l’héritage du combat de trois générations pour la retraite, ce bijou de famille de la France toute entière : la retraite à 60 ans. La participation de plus en plus de jeunes témoigne de cette conscience générationnelle du monde de travail.
Cette mobilisation fait face à un pouvoir plus en plus fragilisé. Nicolas Sarkozy, l’homme tout puissant de la droite en 2007, est aujourd’hui contesté parmi les siens et ne trouve plus appui que sur le socle le plus droitisé de son camp. Son projet de recomposition politique de la France est en échec. Le débauchage de quelques personnalités du Parti Socialiste n’a pas suffit pour étouffer la gauche, la tentative d’organisation d’un « centre » satellite de l’UMP n’a pas fonctionné et a obligé Nicolas Sarkozy à composer avec son vieil ami béarnais. Le monarque de l’Élysée s’est lancé dans un combat charnière de son mandat contre le monde de travail, pour accomplir son devoir envers le monde du capital, des rentiers, ses amis du « Fouquet’s », les possédants de grands fortunes, pour ouvrir une brèche dans la retraite par répartition, créer un boulevard pour la retraite par capitalisation et confisquer ce bijou de famille. Les loups approchent de la bergerie de la protection générationnelle de retraite par répartition.
Dans un entretien accordé à France 2, François Fillon dévoile clairement que son départ est proche, il est même probablement programmé après l’accomplissement du « sale boulot », ainsi que celui du ministre de tutelle de la retraite. Le président de la République, en changeant ses ministres, dont celui qu’il a présenté comme son « collaborateur », ne changera certainement pas de politique, sauf si l'on y force par un immense mouvement populaire.
Une politique qui ne n’entraine ni l’adhésion du peuple ni celle de la totalité du camp au pouvoir est une mauvaise politique. Le maillon faible du système c’est l’initiateur même de cette politique régressive, Nicolas Sarkozy. Ses "collaborateurs" n’en sont que les secondes mains. Le monde du travail refuse cette politique régressive, en se rassemblant largement et dans une grande unité, il exige un changement de politique, le remplacement des « collaborateurs » ne mettra pas fin à cette exigence. Les combats pour les retraites qui sont entrés dans une période décisive en ce mois d’octobre 2010 resteront dans la mémoire collective, chacun y aura sa part de responsabilité.
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