À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

31/08/2010

Où s'arrêtera le train de l'inflation ?

Bill Bonner

▪ Ça y est, c'est la rentrée. Faisons un petit point : que s'est-il passé pendant les vacances ? Facile : la reprise a disparu.

C'est à peu près ce qu'a dit Ben Bernanke la semaine dernière. Il a noté que l'économie n'était pas aussi en forme qu'il l'avait espéré, et que la Fed se tient prête et archi-prête à fournir de l'aide.

Le New York Times avait son mot à dire sur la question :

"Une fois encore, l'économie américaine penche dangereusement. En dépit d'un régime de traitements agressifs, qui vont du conventionnel à l'exotique -- plus de 800 milliards de dollars de dépenses fédérales, et des milliers de milliards de dollars de crédit de la part de la Réserve fédérale -- les craintes d'une deuxième récession augmentent, ainsi que l'inquiétude de voir l'économie confrontée à plusieurs années de vaches maigres".

"Vendredi, Ben Bernanke, président de la Fed, s'exprimant avec la mesure convenant à un homme dont le choix de mot peut provoquer des mouvements de milliards de dollars, a reconnu que l'économie était plus faible qu'on l'espérait, tout en promettant de réfléchir à de nouvelles politiques pour la revigorer si les conditions venaient à empirer".

"Mais alors que les signes vitaux faiblissent -- chute des ventes de maisons, marché de l'emploi morose, et, vendredi, la confirmation que le taux de croissance économique trimestriel avait ralenti, à 1,6% -- le sentiment que les décideurs gouvernementaux ne peuvent fournir d'intervention significative s'est emparé du public. Cela est dû au fait que quasiment tous les remèdes proposés risqueraient d'augmenter la dette nationale -- un point mort politique. La situation laisse le sort des Etats-Unis lié à un remède douteux : l'espoir que les choses finiront par s'améliorer".

▪ Quelle sorte d'aide la Fed peut-elle donner ?

Eh bien, la seule qui lui reste. L'équipe Bernanke a déjà administré à l'économie autant de médicaments monétaires conventionnels qu'elle le pouvait. Les taux sont à zéro. Ils sont à zéro depuis deux ans. Que faire de plus ?

La Fed a également utilisé son outil non-conventionnel -- l'assouplissement quantitatif -- pour ajouter 1 400 milliards de dollars aux engagements de la Fed elle-même. Elle achète des obligations avec l'argent qu'elle crée -- à partir de rien -- précisément dans ce but.

Nous aimerions bien pouvoir faire pareil. Lorsque la Fed veut acheter quelque chose, elle claque simplement des doigts. Abracadabra ! De l'argent tout neuf. De l'argent qui n'existait pas auparavant. Pas mal, non ? Vous voulez une nouvelle voiture ? Inutile d'avoir recours à votre épargne. Inutile d'attendre jusqu'à ce que vous ayez assez d'argent. Inutile d'aller supplier votre banquier pour obtenir un crédit. Il suffit d'écrire un chèque et de dire à votre banque de le couvrir.

La Fed a déjà eu recours à une bonne dose d'assouplissement quantitatif. Normalement, quand elle achète des obligations avec de l'argent qu'elle a inventé, ce nouvel argent disparaît automatiquement lorsque l'obligation arrive à maturité. La Fed a donc déjà dit qu'elle prolongerait ses détentions obligataires, plutôt que de les laisser arriver à maturité et expirer. Et Bernanke déclare maintenant qu'il est prêt à aller plus loin -- en achetant plus d'obligations.

Mais la Fed hésite. Elle sait qu'elle peut augmenter la masse monétaire potentielle en achetant plus d'obligations. Mais elle ne sait pas si ce sera utile. Jusqu'à présent, le système bancaire ne prête pas... et ne convertit pas cette base monétaire en prêts aux ménages et aux entreprises permettant de stimuler les prix à la consommation.

La Fed sait aussi que les investisseurs peuvent commencer à s'inquiéter de l'inflation. Les acheteurs obligataires pourraient se mettre à craindre un krach. A un moment ou à un autre, ces inquiétudes persistantes pourraient se transformer en panique générale. Mais la Fed ne sait pas où se situer ce moment. Personne ne le sait.

Et personne ne sait non plus s'il est possible de transmettre juste un peu d'inflation -- assez pour éviter la déflation et persuader les consommateurs de faire du shopping -- par le biais de l'assouplissement quantitatif. Elle pourrait se transformer en train ayant perdu ses freins. Une fois qu'on a perdu le contrôle... il est trop tard. Les marchés semblent désormais anticiper une baisse des taux d'inflation. Cette menace pourrait inciter les investisseurs, les consommateurs et les entreprises à se débarrasser de leurs dollars. Cela ferait grimper l'inflation... et donnerait de l'élan à des hausses de prix encore plus importantes. Toute augmentation des taux d'inflation, même minime, pourrait intensifier le désir de sortir du dollar et des obligations américaines... Qui sait où le train s'arrêterait ?

Chronique Agora

Sem comentários:

Related Posts with Thumbnails