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09/01/2010

Reporters de naguère et d’aujourd’hui

FRÉDÉRIQUE ROUSSEL

Combien sont-ils et qui sont-ils, ces journalistes laminés par la crise de la presse, conspués par la majorité virtuelle, peu enviés au fond, alors qu’on pensait qu’ils incarnaient encore un certain rêve ? L’Observatoire des métiers de la presse (1), en partenariat avec la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP), a publié fin 2009 une étude qui révèle les grandes lignes de l’évolution de la profession, au sein de laquelle les statistiques ne sont pas monnaie courante.

Une stagnation du nombre des journalistes

Si le trait le plus saillant du monde journalistique français résidait dans son expansion, relevait le sociologue Erik Neveu en 2004, il semble qu’elle soit aujourd’hui remise en cause. En 2008, 37 811 journalistes encartés ont été comptabilisés, soit 73 de plus qu’en 2007. Un rien par rapport aux décennies précédentes qui ont vu le nombre de journalistes croître de 60% entre 1980 et 1990, puis de 19,9% jusqu’en 1999, pour ralentir entre 2000 et 2008. L’inflexion de la courbe est sensible depuis 2002, alors même que la Commission a assoupli ses critères d’attribution. Les difficultés, que rencontre la presse, participent sans doute à cette stagnation, qui est peut-être le présage d’un déclin.

De plus en plus de femmes

Certes, les hommes sont plus nombreux, mais la part de leurs consœurs ne cesse de grandir. En 1965, les femmes ne représentaient que 15,3% des journalistes, contre 44% en 2008. Mais, relève l’étude, «si les femmes sont de plus en plus nombreuses à intégrer la profession, des inégalités professionnelles perdurent». Plus de femmes sont en CDD, plus de femmes sont demandeurs d’emploi. Et les inégalités de salaires demeurent.

De plus en plus vieux

En 2008, la moyenne d’âge était de 42,2 ans, contre 40,5 ans en 2000, et plus du tiers des journalistes ont plus de 45 ans… La profession ne se renouvelle pas beaucoup, apparemment.

Stabilité des pigistes, augmentation de la précarité

Côté pigistes, le constat est le même que pour le nombre total de journalistes : leur part dans la profession, 18,1% en 2008, est relativement stable. «Cette stabilisation rompt avec l’augmentation continue de leur nombre observée dans les décennies précédentes : en 1975, 8,5% des journalistes étaient pigistes et 14,7% en 1990.» La presse écrite représente leur principal secteur d’activité, plus particulièrement la presse magazine et la presse spécialisée. Mais l’étude souligne que ces chiffres ne décrivent qu’imparfaitement la montée de la précarité dans la profession. Beaucoup de pigistes ne tirent pas la majorité de leurs ressources du journalisme et ne sont donc pas comptabilisés. «C’est une population hétérogène et fragile, difficile à quantifier et dont les motivations sont souvent diverses, estime Olivier Pilmis, auteur d’une thèse consacré en partie à la sociologie économique de la pige. Les données existantes montrent que la population des pigistes augmente plus vite que la population de journalistes.»

De plus en plus de diplômés

Une minorité de journalistes (14,8% en 2008) est passée par l’une des douze écoles actuellement reconnues par la profession. Cette proportion augmente doucement. Sur les 2 116 entrants dans la profession en 2008, 324 sont diplômés d’une formation reconnue. L’étude souligne que le fait de «passer par une école reconnue ne garantit pas l’accès à un CDI».

Presse écrite au top

La presse écrite représente toujours le premier secteur d’emploi des journalistes avec un taux de 69,4%. Mais les nouveaux titulaires de la carte travaillent de plus en plus à la télévision (16% en 2008), ainsi qu’en radio (9,5% en 2008).

(1) www.metiers-presse.org

http://www.liberation.fr/medias/0101612627-reporters-de-naguere-et-d-aujourd-hui

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