L’évolution
L’accès au baccalauréat se démocratise. De plus en plus de jeunes issus des couches moins favorisés obtiennent ce diplôme : c’est le cas de près de la moitié des jeunes issus de famille ouvrière nés au tout début des années 1980, contre 10 % de ceux nés dans les années 1950. En moyenne, près des deux tiers des générations nées entre 1979 et 1982 ont obtenu le bac, contre un peu plus de 20 % de celles nées vingt années plus tôt.
Mais ces chiffres doivent être nuancés pour plusieurs raisons. Toutes les catégories ont profité du mouvement : la part d’enfants de cadres bacheliers dépasse les 90 %, ce qui fait que l’inégalité des chances d’accès reste très forte. Sous le vocable "bac" se cachent trois formes différentes : les bac généraux, technologiques et professionnels, qui n’ont pas la même valeur sur le marché des diplômes.
L’élévation de la part de bacheliers dans les catégories les moins favorisées résulte pour une bonne part de l’essor du bac professionnel à partir de la fin des années 1980. En 2006, 64 % des jeunes ont obtenu leur bac, mais 34,8 % seulement un bac général. Enfin, c’est à peine perceptible sur la courbe, mais le taux de bacheliers stagne depuis le milieu des années 1995, c’est-à-dire pour les générations nées à partir de la fin des années 1970.
Obtention du bac selon la catégorie sociale et la génération
Source : ministère de l’éducation, l’état de l’école 2007
Les inégalités d’accès aux différentes filières
L’admission au baccalauréat dans une série plus ou moins prestigieuse est liée en partie à l’origine sociale, comme le montre la comparaison des pourcentages d’admis au baccalauréat en 2002 à celui des élèves entrés en 6ème en 1996 [1].
Si le système scolaire était équitable, le pourcentage d’admis dans les différents baccalauréats devrait être le même que celui qui est observé en classe de 6ème. Or, les enfants de cadres supérieurs représentent 13,8 % des élèves de 6ème mais constituent 24 % des admis au baccalauréat toutes séries confondues (soit une surreprésentation de 1,7 : résultat du rapport entre les 24 % d’admis au baccalauréat et les 13,8 % des classes de 6ème), et 40,2 % des admis au baccalauréat S (soit une surreprésentation de 2,9).
Les enfants d’ouvriers, qui représentent 31 % des élèves de 6ème, ne représentent plus que 18,2 % des admis au baccalauréat (soit une sous-représentation cette fois de 1,7) et 11,4 % des admis au baccalauréat S (soit une sous-représentation de 2,7). Au bout du compte, les fils de cadres ont 2,9 fois plus de chances que les ouvriers d’avoir leur bac et 8 fois plus d’obtenir un bac S !
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L’exemple de la série S La série "S" comme "scientifique" est la série la plus prestigieuse du lycée, celle qui est réputée la plus difficile et qui ouvre la porte des filières les plus sélectives. Dans un pays dit littéraire, ce sont les mathématiques qui font la sélection. Au cours des 10 dernières années, la composition sociale de cette filière a très peu évolué. La part des élèves d’origine ouvrière a stagné, mais la part des ouvriers dans la population active a elle aussi décliné. Celle des employés s’est accrue, mais ceux ci ont progressé parmi les actifs. On remarquera que les élèves dont les parents sont ouvriers ou employés constituent un quart des élèves de série S alors que 54 % des actifs appartiennent à ces deux catégories sociales. On notera que la proportion d’élèves issus des professions intermédiaires - le coeur des classes moyennes - a décliné alors que cette catégorie progresse parmi les actifs.
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Pour des données plus détaillées sur l’évolution des catégories sociales, voir les tableaux Excel sur le site Déchiffrer la société.
[1] Les élèves de 6ème peuvent être considérés comme une bonne approximation de la population de référence dans la mesure où pratiquement tous les élèves sont admis au collège.
Observatoire des Inégalités - 13.10.09
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