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21/05/2009

La France pointée pour son chômage des jeunes

Trente ans de politique de l’emploi et rien n’y fait: le taux de chômage des 15-24 ans en France se maintient à plus de 18%, soit plus de 7 points au-dessus de la moyenne des autres pays riches, selon l’OCDE, qui formule des recommandations dans un rapport publié mercredi.

La France est l’un des seize pays passés au crible depuis 2006 par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), sur le thème «Des emplois pour les jeunes». Avec 18% de chômage en moyenne parmi les 15-24 ans en 2008, la France est 23ème sur 30 dans le classement OCDE. La crise a fait remonter ce taux à 21,2% au 4ème trimestre 2008, outre-mer incluse.

Selon l’OCDE, en France les jeunes «risquent d’être les plus touchés par la crise», car les difficultés conjoncturelles qu’ils rencontrent «reflètent dans une large mesure des problèmes de nature plus structurelle».

Parmi les explications, l’OCDE cite l’instabilité chronique des politiques de l’emploi avec plus de 80 mesures pour les jeunes en trente ans. Elle dénonce aussi la névrose du diplôme initial typiquement française, qui fait que l’école scelle de manière «déterminante» le destin d’un jeune, quelles que soient les initiatives qu’il prenne par la suite.

«Réussir son insertion professionnelle en France dépend dans une large mesure de l’obtention, après une trajectoire scolaire linéaire, d’un diplôme initial sélectif particulièrement valorisé par les employeurs», écrit l’OCDE.

Qui dévie de ce parcours scolaire rencontre, dès le début, «de multiples barrières» dans l’obtention d’un emploi, et s’il ne peut pas compter sur l’aide de sa famille, il a un «risque élevé d’emprunter une trajectoire d’éloignement durable du marché du travail, et même de pauvreté».

La machine scolaire française fabrique ainsi, à côté d’une majorité de jeunes «performants», des «débutants en mal d’insertion» et des «laissés pour compte», souligne l’OCDE. Sans surprise, ces derniers sont «principalement des jeunes qui n’ont pas de diplôme, sont issus de l’immigration et vivent dans des quartiers défavorisés».

L’OCDE prône une scolarité obligatoire arrêtée en fin d’année scolaire, plutôt qu’à la date anniversaire des 16 ans, et étendue jusqu’à 18 ans si le jeune est sans formation.

Pour les 15% de garçons de 17 ans (8% des filles) ayant des difficultés de lecture, elle recommande un enseignement différé des savoirs de base, financé par la formation continue.

L’OCDE suggère aussi de faire décoller le cumul études-emploi en «subventionnant modérément» le travail étudiant par une allocation ou un complément de salaire.

Jusqu’à 15-20 heures par semaine, cela ne nuit pas aux études et facilite l’insertion professionnelle, selon l’OCDE, qui estime aussi qu’«à terme, il conviendrait d’envisager l’extension du RSA aux moins de 25 ans». Une hypothèse qui mérite un «débat», a réagi mercredi le haut commissaire aux solidarités actives Martin Hirsch, lors de la remise du rapport.

Contre les discriminations, l’OCDE recommande des sanctions et l’appel à des bénévoles pour parrainer les jeunes d’origine immigrée.

En outre, plaide-t-elle, les aides publiques à l’apprentissage doivent être limitées aux jeunes non qualifiés (ce qui n’est pas le cas du plan Sarkozy), et le secteur public doit prendre plus d’apprentis.

Le secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez a déclaré mercredi qu’il ne voulait pas de «bidouillages» du code du travail, comme des contrats spécifiques pour les jeunes, ce qui constitue une «divergence» avec l’OCDE.

Libération - 21.05.09

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