CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
Alors que la mort des civils d’Afghanistan et l’afflux des réfugiés de guerre du Pakistan, pays en passe de devenir un vaste désastre humanitaire à cause des bombardements étasuniens, est chose légitime et autorisée, Obama se plaignit tout récemment du sort des réfugiés tamoules au cœur des combats qui viennent juste de prendre fin au Sri Lanka. Mais, mazette ! Notre bon président gentleman, doux et raffiné, comme les Usa en produisent si souvent, a su démontrer en l’occurrence toute sa munificente (1) humanité pour les tamoules ! Me revient en la circonstance la sagesse dialectique du Christ dont l’éristique (2) farouche a jadis sapé les singeries d’une logique pharisienne tronquée. En effet, je ne peux m’empêcher de remémorer cette réplique du Sauveur qui disait aux prêtres pratiquant les ablutions de leurs mains et le lavage de l’extérieur des plats sans se soucier de l’intérieur : « hypocrites, ce sont des choses qu’il faut faire sans négliger l’essentiel ». « Pasteur » Obama, quant à lui, évalue le prix du sang selon les ethnies et les origines. Racisme avéré du nouveau président ? On sait qu’Obama est gêné d’entendre parler de racisme, au point d’avoir boycotté la conférence la conférence de Genève, Durban II !
Mais pour revenir à ce malaise discriminatoire que la violence et ses conséquences sur les populations semble générer chez l’actuel président étasunien, les derniers bombardements aériens de l’OTAN contre l’Afghanistan sont venus nous rappeler que la géostratégie des Etats-Unis d’Obama est avant tout du colonialisme militaire. Colonialisme innommé d’un empire en déclin contre les petits. Et, avec les frappes étasuniennes de plus en plus destructrices en Afghanistan par la tuerie de civils innocents de plus en plus nombreux, la colonisation du pays par l’Occident court vraisemblablement au génocide. Dans cette guerre dont on peut douter de la justesse vu que les attentats du 11 septembre 2001 sont eux-mêmes soupçonnés d’être un complot de groupes étasuniens qui auraient tout planifié ce jour-là, on est désormais rendu à l’absence de toute règle. Et dans cette anomie (3) où le peuple afghan paie de sa vie, la gloire des monstres, qui ose crier gare ? Le président afghan pantin Karzaï ! Car lui a appelé à la cessation des bombardements étasuniens trop meurtriers de civils. Mais hélas ! Karzaï, placé par la clique criminelle de Georges Bush, a beau demander la fin des bombardements, les dirigeants étasuniens décident du contraire ! Et l’hologramme Karzaï n’a plus qu’à se faire à l’évidence de son statut de jouet colonial de l’OTAN à qui ses patrons refusent même le droit à la figuration ! Pauvre Afghanistan, pauvre monde au discours officiel des droits de l’homme transformé en droit d’agression et de meurtre des seigneurs Otano-étasuniens contre l’humanité à l’ombre de l’ONU devenue couverture diplomatique de tous les forfaits des puissants contre les faibles. Car la guerre qui se mène en Afghanistan comme en Irak, n’enrayera pas l’extrémisme d’un certain islamisme criminel et sa barbarie terroriste qui ne saurait être l’essence de l’islam, pas plus que le sionisme n’est l’essence du judaïsme ou que les catholicisme et protestantisme dits chrétienté ne sont la nature du christianisme. Seul un autre rapport politico-diplomatique et un nouveau ordre économique nord-sud avec un dialogue culturel où tous les suds et spécifiquement les musulmans seront respectés dans leur altérité et seront tenus de respecter les chrétiens, les juifs, les occidentaux dans leur foi, leur différence quand ceux-ci sont en terre de l’islam, peut apporter la paix. Car le monde des civilisations, par l’interpénétration des cultures et des valeurs, nécessite des institutions qui enclenchent et façonnent ce dialogue culturel où nul ne peut se permettre de réclamer des droits chez l’autre où il émigre tout en privant l’autre de ces mêmes droits quand il est l’hôte. C’est un travail de construction d’une nouvelle mentalité mutuelle pour une autre eidétique (4) à la cohabitation des différences. L’actuel flux de mots et d’actes hostiles entre les civilisations où nul en fait n’a raison - car tant l’occident que les fondamentalistes islamistes de touts poils commettent de meurtriers excès - ne fera nullement avancer la cause de l’humanité et de la coexistence respectueuse et pacifique.
Pour revenir à l’Afghanistan et le Pakistan, je dirais que nous assistons à des sortes de mutations expérimentales d’une géostratégie colonialiste otanienne dans les temps d’aujourd’hui, où le mutant qu’est l’OTAN, cherche à tout refaire à son échelle et pour sa pérennisation au faîte militaro-économique du monde gouverné par les É-U. Le particulier étant une fronce dans la globalité, une identité stricte et spécifique au cœur de l’identité diffuse du général, le cas de l’Afghanistan est de fait celui qui, sous des formes spécifiques, nous dit ce qui attend les autres victimes de la fringale colonialiste de l’Otan, si la fermeté des autres pôles géopolitiques et géostratégiques, ne pèse de tout son poids pour équilibrer le monde...
L’occident dont le départ s’enracine dans les mythes gréco-romains et leur conversion au christianisme - pour le rayonnement de ses belles valeurs chrétiennes et humanistes à la fois rationnelles et spirituelles que ses classes et curies diaboliques du pouvoir politique, économique et religieux, ont toujours bafouées et trahies, malgré l’élan humaniste refondateur de la Renaissance, notamment par l’aventure colonialiste et d’accumulation jamais freinée - doit se moraliser. L’occident culturel où, à la différence de l’Occident politico-idéologique essentiellement européen et nord-américain en dehors du Japon, est inclus un géant comme la Russie, l’un des rares grands pays européens à n’avoir pas participé à l’aventure colonialo-esclavagiste raciste et génocidaire jamais réparée du 16ème au 19ème siècle, doit s’efforcer de devenir enfin ce qu’il est dans ses idéaux désertés. Car cette aventure scabreuse et criminelle du colonialo-esclavagisme, d’ailleurs appliqué par les colons blancs contre les amérindiens et les noirs déportés en Amérique du nord, que l’occident idéologique poursuit inlassablement sous des formes subreptices de l’impérialisme multiforme par les politiques économiques imposées au reste du monde pour l’asservir, tue toute crédibilité humaine des occidentaux. Impérialisme qui enfante constamment crises et conflits planétaires à côté des misères telles la faim, la maladie, la mort que les immondes crapules monstrueuses qui gouvernent l’occident, appuyées par celles qui dirigent la périphérie, provoquent, maintiennent et constatent impassiblement sans le moindre état d’âme…
Rompre avec des siècles de violence et de crime contre l’humanité, voilà une aventure idéelle gratifiante, d’ailleurs en deçà d’un idéal, que des establishments occidentaux revenus de leurs erreurs et errements idéologiques séculaires souvent trop matérialistes, trop agressifs et franchement barbares, doivent entreprendre en ce début du 3ème millénaire de l’ère dite chrétienne pour un peu plus d’humanisation du monde.
Il faut que les états dans leur conatus (5) sociopolitique, délaissent la domination comme point de mire de leur accomplissement collectif !
Il faut parvenir à l’humanisation réelle de l’animal humain demeuré trop animal même dans ses prétentions à la spiritualité qu’il dénature sitôt qu’il l’évoque, après tous les millénaires de son histoire, toutes les conquêtes de la connaissance et du savoir !…
Mais parbleu ! Toute l’évolution phylétique n’a donc pas abouti à l’amélioration de l’espèce ! Elle s’est plutôt tournée contre la majorité des hommes au point que l’homme de la navette spatiale est de loin pire que l’homme sylvestre des sociétés sans classes et sans État où la chefferie (6) ne prenait pas la phratrie (7) pour marchepied !
Le règne bestial de l’instinct prédateur poussé à l’extrême dans la civilisation occidentale actuelle, doit être tu pour un une nouvelle approche plus humaine, plus entéléchique où l’orgueil d’humanité de nos civilisés, pourra enfin montrer sa vérité sur la ruine des barbaries actuelles.
Notes du Grand Soir
(1) munificente : très généreuse
(2) L’éristique (du grec eris, dispute, querelle, voir aussi la déesse grecque Eris et techne, "art, "procédé") est l’art de la dispute et du débat.
(3) L’anomie est l’état d’une société caractérisée par une désintégration des normes qui règlent la conduite des hommes et assurent l’ordre social.
(4) Eidetique : qui a rapport à l’essence intelligible des choses, par opposition à ce qui relève de leur présence sensible.
(5) conatus : le concept de conatus est lié, chez Spinoza au couple joie et tristesse. Tout facteur qui vient augmenter notre puissance d’exister, et donc favoriser notre conatus, provoque chez nous la joie. Inversement, tout facteur réduisant notre puissance d’exister provoque la tristesse. Comme l’écrit Spinoza dans Éthique III : « On ne désire pas une chose parce qu’elle est bonne, c’est parce que nous la désirons que nous la trouvons bonne ». C’est donc bien le désir qui crée les valeurs et non l’inverse.
(6) chefferie : entité politique et administrative sur un territoire limité.
(7) phratrie : 1 - terme anthropologique désignant une division amicale qui regroupe deux ou plusieurs clans distincts qui sont considérés comme une seule unité bien qu’ils conservent des identités séparées. 2 - ensemble composé de tous les enfants d’un même couple
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