L'Education nationale, qui reste le premier budget de l'Etat et emploie près de la moitié de ses agents, paiera le plus lourd tribut aux suppressions d'emplois en 2010, avec 16.000 postes en moins.
Comme l'avait dévoilé fin juin Xavier Darcos, le prédécesseur de l'actuel ministre de l'Education Luc Chatel, le nombre des départs en retraite non remplacés prévu dans le projet de budget 2010 est de 16.000, après 13.500 en 2009, 11.200 en 2008 et 8.700 en 2007. Au total, l'Education nationale emploie près d'un million d'agents publics et le budget de l'enseignement scolaire, le plus important de l'Etat, sera de 60,848 milliards d'euros en 2010 (+1,56%).
La philosophie générale est de "conduire le maximum d'élèves aux niveaux de compétence attendus", le budget fixant d'ici 2011 une cible de 66% d'une classe d'âge ayant le baccalauréat (taux atteint pour la première fois cette année, avec 66,4%). Autres objectifs: "accroître la réussite des élèves issus des catégories sociales les moins favorisées" et des enfants handicapés, et "employer le plus efficacement possible" les enseignants.
Lorsque le nombre total de suppressions avait été dévoilé fin juin, le ministère avait indiqué qu'étaient essentiellement concernés des postes de fonctionnaires stagiaires, effet direct et déjà connu de la réforme de la formation des professeurs des écoles, collèges et lycées.
Celle-ci prévoit un recrutement au niveau "master 2" (bac +5) et une formation incombant aux universités et non plus aux IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres)). Pour la première année d'application, à la rentrée 2010, les étudiants qui auront réussi le concours d'enseignant ne seront donc plus affectés en IUFM mais directement en classe, ce qui permettra d'économiser les postes de stagiaires cités.
Ces suppressions de postes génèrent 500 milliosn d'euros d'économies
"La poursuite de suppressions qui viennent s'ajouter à d'autres déjà intervenues va dégrader les conditions de travail et réduire les possibilités du service public de faire face aux besoins et de lutter contre l'échec et les inégalités", a réagi à l'AFP le patron de la FSU, Gérard Aschieri. Il fustige "des mesures très marquées par l'idéologie, et paradoxales: hier, Nicolas Sarkozy faisait un discours sur la jeunesse, mais ces suppressions, ce sont des postes en moins pour les jeunes".
"Si l'on compare ce que rapportent les suppressions de postes, environ 500 millions d'euros par an, et les mesures fiscales qui réduisent les recettes de l'Etat, par exemple 2,5 à 3 milliards pour la baisse de la TVA dans la restauration, c'est sans commune mesure", a-t-il fait valoir, déplorant qu'il n'y ait "jamais de débat sur l'efficacité comparée de ces choix".
En cette rentrée, syndicats d'enseignants et organisations du monde éducatif ont jugé que les suppressions de postes et moyens en cours dans l'Education avaient des effets négatifs: classes surchargées, manque de remplaçants, baisse de la scolarisation des moins de trois ans en maternelle, déficit de personnels accompagnant les enfants handicapés, problèmes d'affectations en lycées professionnels, insuffisance du recrutement de professeurs de sport handicapant la pratique de certaines disciplines dont la natation, etc. Ils ont aussi estimé qu'à partir de 2010 et surtout 2011, le boom démographique ayant débuté en 2000 se ferait sentir au collège et que les suppressions de postes en cours ne préparaient pas l'avenir.
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