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25/03/2009

«Continental en lutte» dans les rues de Paris

Les ouvriers de l'usine Continental de Clairoix ont bruyamment manifesté leur colère dans les rues de la capitale. Ils se disent «trahis» par leur employeur, et veulent que leur voix soit entendue de l'Elysée.

Un ouvrier de l'usine Continental de Clairoix, pneu à l'épaule, défile ce matin, dans les rues de

Un ouvrier de l'usine Continental de Clairoix, pneu à l'épaule, défile ce matin, dans les rues de Paris. (Nicolas Chapuis)

Impossible de rater le cortège des «Continental», ce matin aux alentours de la Gare du nord à Paris. Cornes de brume, klaxons, sifflets, slogans hurlés. «On veut que l’Elysée nous écoute» crie un manifestant.

Ils pavent leur chemin de milliers d'autocollants oranges et noirs, les couleurs du fabricant allemand de pneu. Ils les collent partout, sur les vitres, les poteaux, sur les gens et même sur les policiers. Le but est atteint: on les voit et on les entend de loin.

«Tous les salariés sont là», se réjouit Roger, 44 ans, dont la moitié chez Continental. «Certains sont venus avec leurs enfants, leurs familles. On a rempli 18 cars!» La solidarité qui les unit est leur plus grande fierté. «J’avais jamais vu ça», s’exclame Stéphanie, venue soutenir son mari, agent de fabrication à Clairoix. «Mon père était cégétiste pur et dur, mais je n’avais jamais vu une telle cohésion dans un mouvement. C’est tous ensemble jusqu’au bout.»

«Maintenant c'est à Sarkozy de reprendre la main dans ce dossier» explique un délégué CFTC, le syndicat majoritaire à l’usine de Clairoix. «Il se doit de faire respecter l’accord qui a été signé en 2007. A l’époque on nous a promis que l’usine continuerait au moins jusqu’en 2012. En contrepartie, on a accepté de passer à 40 h, on a investi sur le site. Résultat, on est trahi.»

Colère et trahison sont les deux sentiments qui reviennent le plus dans le cortège. «Je sens les gens très remontés» confie Jean-Marie. «J’ai 51 ans et ça en fait 30 que je suis dans cette usine. Qu’est ce que vous voulez que je fasse si on ferme? En plus il n’y a plus de boulot dans l’Oise.»

Ils semblent déterminés, portent des pneus sur l'épaule, et arborent quasiment tous un blouson Continental. Ils défilent, avec en travers de la gorge, l'accord de 2007, mais aussi les bénéfices de 267 millions d'euros de la société.

Terminus vers 11h30, à la place Saint-Augustin (Paris 8ème). Les CRS barrent l'accès au palais présidentiel où à la même heure, les représentants syndicaux de l'usine sont reçus par Raymond Soubie, le conseiller social de Nicolas Sarkozy. Sur la place Saint-Augustin, les ouvriers mettent le feu à un tas de pneus, espérant peut-être que l'odeur du caoutchouc brûlé parvienne jusqu'à l'Elysée.

Libération - 25.03.09

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