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17/02/2009

Les immigrés premières victimes de la crise

Patrick Adam - 17.02.09 - RFI

Chômage massif, aides au retour, voire manifestations d’hostilité, les travailleurs immigrés payent le prix fort de la crise. D’Espagne à la République tchèque, en passant par la Grande-Bretagne, les travailleurs venus de pays étrangers sont les plus fragilisés par le fort ralentissement qui frappe l’Europe.

C’est un record dont l’Espagne se serait bien passé. Celui du taux de chômage le plus élevé d’Europe. Selon les projections du gouvernement, il devrait atteindre en 2009 le double de 2007.

Les immigrés sont frappés de plein fouet. A la fin 2008, l’Espagne comptait plus de 400 000 chômeurs étrangers, soit une augmentation de 94% en un an. Enfin si le taux de chômage moyen flirte avec les 14%, pour les étrangers il dépasse 21%. Et le revers de l’économie espagnole est à la mesure de son essor enregistré ces dernières années. On estime à cinq millions le nombre d’immigrés qui ont afflué au milieu des années 90, en provenance du Maroc, d’Amérique latine, de Roumanie, de Bulgarie et d’Afrique noire. Largement embauchés dans le domaine de la construction, ils sont aujourd’hui victime de l’éclatement de la bulle immobilière.

L’immigration remise en question

Et les comportements changent. Ainsi début décembre, alors que des centaines d’immigrés d’Afrique noire convergeaient vers le sud du pays pour la cueillette des olives, ils ont pu constater que les propriétaires d’oliveraies ne les avaient pas attendus et qu’ils avaient prioritairement engagé des Espagnols en difficulté.

Pour le Premier ministre socialiste, José Luis Zapatero, la nouvelle donne économique oblige à des révisions politiques. Critiqué par ses voisins pour avoir régularisé 600 000 travailleurs étrangers en 2005, le gouvernement espagnol privilégiait depuis les recrutements dans les pays d’origine. Désormais, le robinet est fermé. Cette année, moins d’un millier de personnes devraient être embauchées à l’étranger, alors qu’elles étaient plus de quinze mille l’an dernier.

Des aides au retour

L’exécutif lance par ailleurs une campagne de « retour volontaire ». Mais les candidats au départ sont très peu nombreux. Beaucoup ont profité du boom de ces dernières années pour acquérir un logement et leur problème numéro un est de payer des traites dont les montants flambent (90% des emprunteurs espagnols contractent un prêt à taux variable indexé sur l’Euribor). La peur est maintenant de perdre son logement. D’autant qu’à l’époque les banques, peu regardantes, avaient beaucoup prêté sans réellement se soucier de la solvabilité de leurs clients. Selon les calculs de l’association Aesco (Amérique Espagne solidarité coopération), ce sont « 60 000 personnes qui pourraient être expulsées de leur logements à partir de mai prochain » et le président de l’association explique que les immigrés sud-américains sont les plus fragilisés dans la mesure où ils sont arrivés « avec une attitude consumériste à l’Américaine ».

La crainte que le chômage amène l’insécurité

La République tchèque elle aussi entend revoir sa politique à l’égard des immigrés au chômage. Elle propose désormais d’offrir un billet d’avion et cinq cents euros aux travailleurs étrangers qui ont perdu leur emploi depuis le début de la crise et qui seraient volontaires pour quitter le pays. Le ministre de l’Intérieur justifie cette décision par les risques en matière de sécurité que pose le chômage croissant parmi les immigrés.

La forte croissance de ces dernières années avait attiré en masse une main d’œuvre venue d’Ukraine, de Slovaquie, du Viêtnam, de Mongolie ou de Moldavie. Mais en janvier, le taux de chômage a atteint 6,8%, c’est le niveau le plus élevé depuis vingt et un mois. Prague s’attend à ce que 12 000 travailleurs immigrés perdent leur emploi au premier trimestre de cette année, mais les aides au retour prévues par le gouvernement ne pourront s’appliquer qu’à 2 000 d’entre eux.

Des manifestations anti-immigrés

Enfin, la Grande-Bretagne offre l’exemple d’une situation dont on pourrait craindre qu’elle ne s’étende au même rythme que la crise. Au début du mois, des centaines de salariés du secteur de l’énergie ont fait grève pour protester contre le recours à des travailleurs étrangers, embauchés à des salaires inférieurs que ceux des Britanniques et avec une moindre couverture sociale.

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