Une petite dizaine de big banksters US se réunissent secrètement, tous les mois, pour assurer leur suprématie sur le marché des dérivés, le plus opaque et le plus lucratif qui ait jamais existé, selon l'édition dominicale du New-York Times. Edifiant !
"Tous les troisièmes mercredis du mois, les neuf membres d'une société d'élite de Wall Street se réunissent dans le quartier d'affaire de Manhattan. Ces hommes partagent un objectif commun : protéger les intérêts des grandes banques sur le vaste marché pour les produits dérivés, l'un des plus rentables - et controversés - domaines de la finance. Ils partagent également un secret : les détails de leurs réunions ainsi que leur identité, strictement confidentiels". C'est ainsi que débute l'article du New-York Times. Instructif au plus haut point...
Les produits dérivés constituent aujourd'hui l'essentiel de l'activité des marchés financiers, représentant plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars (gloups). Des "armes de destruction massive", dixit Warren Buffet, qui n'étaient soumis à aucune régulation... jusqu'à ce que l'on s'aperçoive qu'elles étaient à l'origine de la crise financière. D'où la réaction de l'administration américaine, qui a mis sur pied des chambres de compensation, chargées de faire la transparence sur ce marché d'une opacité sans pareille. Enfin, les banques étaient sous contrôle, se disait-on alors...
"Touche pas au Grisbi, [sale banque] !"
Sauf que, selon une enquête fouillée du New-York Times, cette instance de "régulation" vire à la farce. Primo, ces chambres de compensation refusent de révéler l'identité de leurs membres. Question transparence, on a déjà vu mieux. Deuxio, les règles qu'elles ont édictées auraient été purement et simplement rédigées par les plus grosses banques de la place (Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan Chase, UBS, Deutche Bank, Barclays, Crédit Suisse, Citigroup, Bank of America). La suite, vous l'imaginez bien : les règles sont tellement tatillonnes qu'elles interdisent pratiquement à d'autres banques d'entrer sur le marché des dérivés. On n'est jamais mieux servi que par soi-même...
Quelques représentants de ces banques, dont l'identité est tenue secrète, of course, se réunissent tous les troisièmes mercredi de chaque mois, à Manhattan. Histoire d'étouffer dans l'oeuf toute tentative de déblocage de cette situation bien confortable. Un exemple : "Les banques de ce groupe [...] se sont battues pour empêcher d'autres banques d'entrer sur le marché, et elles tentent aussi d'entraver les efforts [de l'administration] de rendre publiques les informations sur les prix et les commissions", ajoute le New-York Times.
Les Républicains à la rescousse
Le marché, tel qu'il fonctionne aujourd'hui, rapporte gros aux plus grosses banques, mais coûte beaucoup aux Américains, a déclaré Gary Gensler, président de la Commodity Futures Trading Commission, qui régule la plupart des produits dérivés. Le bonhomme souhaite depuis longtemps limiter l'influence des banques dans ce domaine, mais "des parlementaires républicains, dont beaucoup ont reçu d'importantes contributions électorales des banquiers [...] disent qu'ils souhaitent s'opposer à la réforme qui se profile. Jeudi dernier, la Commission a [d'ailleurs] refusé une mesure destinée à rendre les prix plus transparents". Une enquête sur des pratiques anticoncurrentielles serait en cours du côté du ministère de la justice.
(Article publié sur le site "Les mots ont un sens")
http://www.lesmotsontunsens.com/etats-unis-societe-bancaire-secrete-marche-produits-derives-8665
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