À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

17/12/2010

Calais, Bruxelles

Maurice Ulrich

Que faut-il attendre du sommet des chefs d’État européens réunis aujourd’hui et demain à Bruxelles ?
Rien. Rien qui change une situation oùles peuples sont pris en otages par les marchés financiers quand leurs gouvernements se plient de bonne grâce à leurs diktats. Les bourgeois de Calaisavaient la corde au cou avec les clés de leur ville. Mais c’estavec le sourire que les dirigeants européens remettent lesclés de leurs politiques aux agences de notation et se tapentdans le dos, devant les caméras. Nul doute que l’on va unenouvelle fois scruter, par exemple, l’accolade donnéeà Angela Merkel par Nicolas Sarkozy, ce dernier jouant unenouvelle fois des épaules dans son costume de présidentdu G20 qui n’est autre que celui d’un roi nu, comme on sait.Oh, ce ne sont pas les déclarations qui manquent !Hier, Angela Merkel assurait  devant les députésdu Bundestag : « On ne laissera personne tout seul,on ne laissera tomber personne. » C’était certes rassurer,peut-être, les autres chefs d’État qui s’inquiètentde l’arrogance du couple franco-allemand et entendentque ce soient les Vingt-Sept qui décident. Mais de quoi ?Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker,accroché à son idéed’obligations européennespour garantir les dettesdes États, doute mêmequ’il puisse l’évoquer :« Je suis suffisammentréaliste pour savoirque jeudi et vendredi,lors du conseil, cettequestion n’occupera pas le devantde la scène et qu’aucune décision dans un sens ou dansun autre ne pourra être prise. » L’idée, qui séduitune partie même de la gauche européenne, dont le PSfrançais, ne ferait que renforcer la dépendancedes politiques publiques à l’égard des marchés, maisla « confiance » de Jean-Claude Juncker en la capacitédu sommet à décider de quoi que ce soit laisse pantois. En revanche, dès lors qu’il s’agit d’appliquer aux peuples les plans d’austérité que réclament les agences de notation, comme le FMI, les affaires ne traînent pas. Espagne, Portugal, Irlande, dans quelque temps la Belgique. Les agences menacent.Hier Fitch baissait d’un point la note des caissesd’épargne espagnoles. Hier Moody’s menaçaitla Belgique. À chaque fois la spéculation gagne, les payss’enfoncent. En Grèce, où la grève générale a paralyséhier le pays, le Parlement avait voté la veille une nouvelledéréglementation du marché du travail, des réductionsde salaire, et Dominique Strauss-Kahn, présidentdu FMI, invitait à la poursuite des « réformes ». Maisil n’y a pas  que le peuple grec qui se lève. La journéed’hier a été marquée par de multiples actions,symboliques ou d’ampleur, à l’invitation de laConfédération européenne des syndicats. « Les syndicatseuropéens, a souligné John Monks, le présidentde la CES, demandent aux gouvernements de ne plus démanteler notre Europe sociale. » Et déjà les ravages sont considérables. Selon une étude européenne, 116 millionsde citoyens européens, le quart de la population,sont menacés de pauvreté et d’exclusion sociale.Le sommet de Bruxelles ne décidera riende bon parce qu’il ne veut pas de ce qui doit être fait.Ce que proposent des forces diverses, commela confédération des syndicats allemands, pour découplerles finances publiques des marchés financiers, commeles signataires de notre pétition pour taxer les mouvementsde capitaux, changer en profondeur le rôle de la BCE,ce que proposent le Parti de la gauche européenne, d’autresà Attac et ailleurs. Toutes ces forces peuvent et doiventse faire entendre. Les décisions viendront des peuples.

http://www.humanite.fr/17_12_2010-calais-bruxelles-460330

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