Georges STANECHY
« L’essentiel, c’est de rester gai. C’est un moyen que j’ai préconisé contre la peste. Il n’y a qu’à voir les pauvres. Pourquoi meurent-ils en masse ? Parce qu’ils sont tristes. »
Alain Minc, Jacques Attali, Chirac - Médecin du Régent (1715-1723) (1)
Soyons gais ! Sans crouler de rire toutefois : l’heure est grave.
Mais comment s’en empêcher, lorsqu’on apprend que les petits marquis, politiciens enrubannés de nos cours gouvernantes, veulent que les budgets de nos nations soient examinés, autorisés, par la faune technocratique de l’Union Européenne, avant leur vote et leur application ?...
Pour contraindre les Etats à réaliser vertueusement des « économies »…
Rien qu’à lui seul, le président de la Commission Européenne, Barroso, a jeté par les fenêtres en frais de missions et déplacements, lors du dernier exercice budgétaire de cette plantureuse et gloutonne bureaucratie : € 730.230…
Oui : plus de € 700.000 de frais de déplacements. En un an… Une seule personne… Rajouter les autres membres de la vénérable “Commission”, c’est se retrouver au pied d’une montagne de gaspillages.
Et, encore, ne s’agit-il que de la partie visible de l’iceberg…
Il existe tellement d’astuces comptables, budgétaires, pour basculer, noyer, dépenses, gaspillages, détournements, d’un poste budgétaire à un autre. Alors, frais de location d’avion, de voiture, ou d’hôtel : rien de plus facile.
Que dire des autres charges et gabegies de cette gigantesque usine à gaz que sont l’administration de l’Union Européenne et son “Parlement” aux dépenses somptuaires ?... Des dizaines d’ouvrages d’analyses, de patients décorticages, n’y suffiraient pas.
Qui vote le budget de cet abyssal fourre-tout kafkaïen ?... Ce carrousel des lobbies, pompeurs de subventions mirobolantes et autres passe-droits dévastateurs.
Le “peuple” européen ?...
Les Maîtres de la Planche à Billets
Economisons ! Economisons ! Ne pas vivre au dessus de ses moyens !
Ce matraquage moralisateur est la feuille de vigne dissimulant l’impitoyable application de la politique économique et sociale de l’Ultralibéralisme, planifiée par le Traité de Lisbonne. Seul moyen de contrer impopularité et résistance des populations, face à une telle opération prédatrice des castes dominantes : La Peur !...
La Grèce a servi d’épouvantail, d’exemple, de test, amplifiés par les trompettes médiatiques des « experts-économistes-charlatans », pour affoler le citoyen européen. Conditionnement psychologique impératif, pour lui faire admettre l’inadmissible.
Mais la Grèce, nous le savons, n’est pas en faillite. C’est un pays riche, ne serait-ce que par son industrie touristique édifiée sur fond de colossales exonérations fiscales, au profit de ses clans familiaux au pouvoir, les mêmes depuis des décennies, dissimulés derrière hommes de paille et sociétés-écrans.... (2)
L’argent prêté à ce pays est autrement plus en sûreté qu’aux mains des banquiers et traders à la Lehman Brothers et autres arnaqueurs, spécialistes des “investissements courants d’air” et “fortunes virtuelles”.
Car, il y a deux mondes, entre “ne pas pouvoir rembourser ses dettes” et “ne pas vouloir rembourser ses dettes”…
Ce pays a tout simplement été pillé par son oligarchie. Les caisses une fois vidées, ces mafieux privilégiés ne veulent surtout pas payer d’impôts correspondant aux énormes butins accumulés au détriment de la Nation Grecque.
Obligeant salariés, travailleurs précaires et faibles revenus, à apurer l’endettement du pays en diminuant leurs ressources, retraites, accès à la consommation (augmentation de la TVA) et protection sociale.
Dans une “politique d’austérité”, passage obligé dicté par la ploutocratie mondiale, sous la caution “scientifique” du FMI. Dont on se demande comment elle envisage de “relancer” un système économique, en sabrant aussi sauvagement le pouvoir d’achat de la majorité de la population.
On sait, pourtant, où se trouve l’argent détourné par la caste dirigeante grecque. Il suffirait d’en nationaliser les biens, immobiliers et fonds placés dans des banques complices, en Grèce et à l’étranger… La “dette Grecque” serait apurée instantanément. Les exemples ne manquent pas.
Tous les pays occidentaux ont saisi les avoirs de l’Iran (représentant souvent des avances sur contrats de fournitures industrielles ou militaires jamais exécutés) à la suite du renversement de leur polichinelle, le Shah d’Iran, et du nouveau régime qui s’en est suivi.
Fonds “gelés”, non productifs d’intérêts… Ces fonds appartiennent, pourtant, à la Nation Iranienne. Alors pourquoi ne pas saisir des fonds privés, de ceux qui se sont livrés au pillage de la Grèce ?...
Mais, cette panique organisée, encouragée par toutes les nomenklaturas européennes, relève de la tactique “d’une pierre deux coups”.
Le premier : une baisse de l’Euro, sans dévaluation officielle. Opération souhaitée depuis longtemps par les exportateurs, tout particulièrement les industries d’armements, allemande (la première exportatrice d’Europe devant celle de la France…), française, italienne et belge.
Normal, elles sont coincées : maîtriser leurs secrets de fabrication oblige, les unes et les autres, à ne pas délocaliser (remarquez-le : on ne délocalise jamais usines et bureaux d’études d’armement !...).
Face aux USA, Israéliens, Britanniques, Canadiens, Russes, Brésiliens, Chinois, en termes de prix, elles ne passent plus. Sans parler des autres grands lobbies : pharmacie-chimie (engrais-pesticides), agriculture industrielle subventionnée par centaines de milliards, etc.
Le deuxième : casser les politiques sociales européennes, pour préserver les privilèges fiscaux des grandes fortunes, du “capital spéculatif” plus précisément.
En quoi la Grèce est-elle plus en faillite, avec un “déficit public” de 13,6 % que la Grande-Bretagne avec 11 %, ou les USA avec 12 ,5 % ?... Le pays dont le “déficit public” est le plus élevé dans le monde, par rapport à son PNB, est le Japon, largement supérieur en pourcentage à celui des USA.
C’est toute la différence entre deux catégories de pays : ceux qui dictent la règle du jeu, la modifiant à leurs convenances, et ceux qui la subissent.
Dans le cas présent, ceux qui créent leur propre monnaie l’imposant dans les échanges internationaux (le dollar US, le yen japonais), pouvant user et abuser de leur planche à billet. Et, les utilisateurs de monnaie, qui n’en contrôlent ni l’émission, ni la circulation.
Ceux que les analystes financiers qualifient de “sovereign issuers of currency”, et de “non-sovereign issuers”. Retenons le terme de “souverain”. Il donne la clé de la situation : le souverain règne en maître…
Le Tiers Etat engraissant la Nomenklatura
Le “Déficit Public” d’un pays développé, pays riche par définition, ne représente que la part des impôts non payés par une catégorie de privilégiés.
A ce cumul d’impôts, non encaissés par l’Etat, est substituée : la “Dette Publique”.
L’exemple de la France est particulièrement éclairant. Il suffit de lire la feuille bla-bla-bla intitulée « A quoi servent nos impôts » envoyée à tous les foyers français, par le ministre des finances en accompagnement de la dernière déclaration fiscale, au titre du budget 2010. Que lit-on ?...
En recettes, la TVA payée par les français sur leurs consommations quotidiennes, y compris les plus modestes, les plus pauvres, exonérés d’impôts sur le revenu, rapporte : 126,5 milliards d’euros. Soit : 30% des recettes, établies à 270,5 milliards d’euros.
En comparaison, l’Impôt sur le Revenu (IR) n’atteint que 48,9 milliards d’euros, soit 11,6% des recettes. Alors qu’on sait que 20% des français, possédant 80% de la richesse nationale, ne cessent de s’enrichir. L’IR devrait atteindre, au minimum, le montant de la TVA si l’assiette fiscale était équitablement appliquée.
Pire pour l’Impôt sur les Sociétés (IS), son chiffre est inférieur à l’IR de 14 milliards : 34,9 milliards d’euros. Moins du tiers (28 %) de la TVA !... Soit : 8,3% des recettes fiscales.
Ce ne sont pas les PME-PMI, à traçabilité du chiffre d’affaires et valeur ajoutée facile, mais les grandes entreprises et groupes multinationaux, industriels et financiers, qui échappent en grande partie à l’IS. Son produit devrait atteindre lui aussi, au minimum, le montant de celui payé quotidiennement par chaque français via la TVA.
Ainsi, cumulés IR et IS atteignent difficilement le montant de 83,8 milliards. Permettant à nos castes au pouvoir (tous partis confondus), d’afficher un “déficit” de 149,2 milliards d’euros…
Alors que notre pays, le cinquième plus riche du monde, affiche un PNB annuel de plus de 3.000 milliards d’euros… (3)
Le cœur du problème n’est pas un « déficit public », artificiellement créée par les castes au pouvoir. Ouvrant un boulevard à « l’endettement public », servant à culpabiliser et à pressurer les revenus faibles ou précaires.
Pas plus, contrairement à la propagande qui en fait sa tarte à la crème et un leurre, que les hauts salaires, parachutes dorés et bonus, des dirigeants et traders. Même si une régulation s’impose, quant à leur amplitude par rapport à une moyenne salariale. Ils sont fiscalement transparents, aisément repérables et taxables.
Par contre, c’est tout un pan de l’enrichissement d’une minorité privilégiée qui, par l’opacité et l’énormité des revenus qu’elle engrange, équivaut à un colossal détournement de la Richesse Nationale :
i) L’arnaque des Grandes Fortunes
L’essentiel du revenu des Grandes Fortunes, en progression constante et, pour certains, exponentielle d’une année sur l’autre, échappe à l’impôt. Pas seulement par les “niches fiscales”, utilisées comme os à ronger pour polariser les frustrations de l’opinion et détourner son regard du gros steak... L’art du faux débat…
Un aperçu :
=> Dans leurs placements spéculatifs, maximisant leurs revenus par les jeux boursiers. Générateurs des comportements erratiques de l’économie casino.
Ces revenus sont “hors bouclier fiscal”, par le truchement du prélèvement libératoire. Impôt prélevé à la source entre 5 et 30%, suivant les pays et les placements financiers, permettant de ne pas intégrer le revenu dans sa déclaration annuelle puisque l’impôt est réputé, ainsi, déjà payé. Avantage considérable pour les tranches de hauts revenus.
=> Il est évident que les placements des Grandes Fortunes, fiscalement logés dans les paradis fiscaux (simple boîte aux lettres, pour les plus exotiques, car toujours gérés d’une place financière internationale), échappent totalement aux impôts nationaux.
=> Les multiples exonérations permettant aux grandes fortunes de diminuer l’assiette fiscale de leurs patrimoines et revenus.
Comme, par exemple, ne pas payer d’impôt sur la fortune (ISF) en maquillant tout son patrimoine sous forme « d’outil de travail ». Quelques hectares de vignes, et on fait passer son château pour une société productrice de vin. Le yacht de luxe, domicilié dans un paradis fiscal sous couvert d’une société charter. L’avion privé camouflé sous forme de société charter, ou “casé” dans le matériel de transport d’une société dont on détient le contrôle, etc.
Ou encore, exonérations sur les œuvres d’art permettant évasion et dissimulation de patrimoine. Au prétexte d’encourager le marché de l’art, pour n’encourager, en fait, qu’une aberrante spéculation aux prix délirants dans la béatitude médiatique.
L’escroquerie au bénéfice de ces privilégiés peut être évaluée, annuellement, par le différentiel de recettes entre l’IR (48,9 milliards) et la TVA (126,5 milliards). Soit : 77,1 milliards, qu’on peut arrondir à 80 milliards d’euros par an, au minimum, de détournements fiscaux des Grandes Fortunes au détriment de la collectivité.
ii) L’arnaque des Grands Groupes
Les grands groupes, industriels et financiers, et entreprises exportatrices, “stockant” l’essentiel de leurs marges bénéficiaires dans les paradis fiscaux ou les pays à faible fiscalité (Chypre, pays du Golfe, Hollande, ils sont légions…), par des cascades de holdings, filiales avec sièges à l’étranger, servant de paravent.
Les “spécialistes” (hors appareil de désinformation) s’accordent sur une estimation d’un maximum de 20% d’imposition de ces Grands Groupes par rapport à leurs bénéfices réels. (4)
Echantillon en farces et attrapes du « business fiscal » :
=> Je vends un produit pratiquement au coût de revient à une de mes filiales dans un paradis fiscal, qui le revendra majoré de sa véritable marge bénéficiaire, échappant ainsi à l’impôt national.
=> Je vends un produit avec une marge très faible, à partir de mon pays d’origine. Je facture, à partir d’une plateforme dans un paradis fiscal, des frais de démarrage, d’assistance, de gestion (les fameux management fees), de redevance pour usage de marque, etc. Sous ce déguisement (le nombre d’appellations est infini), j’encaisse ainsi ma véritable marge bénéficiaire dans un paradis fiscal.
=> En Afrique, je collectionne toutes les concessions de services publics (téléphonie, distribution d’eau, d’électricité, ramassage des ordures ménagères, gestion des ports et des aéroports, transport maritime et aérien, etc.) et monopolise tous les grands marchés, en imposant des régimes corrompus et dictatoriaux, sous la férule de l’armée française et de ses services spéciaux.
Férule “payée” par le contribuable français.
Sachant cyniquement qu’aucun gouvernement n’oserait refacturer ces “coûts de support”, à des groupes connus pour ne devoir leur “compétitivité” qu’à la présence de la soldatesque. Avec les taux les plus faibles en nombre de création d’emplois, par rapport aux chiffres d’affaires et marges bénéficiaires…
Toute ma fastueuse marge générée par des tarifs démesurés (5) au regard de ceux pratiqués en Europe ou en Amérique du nord (horreur : les Chinois, viennent mettre la pagaille en cassant les prix !) se retrouvera évidemment dans un paradis fiscal…
En toute légalité, par dizaines, par centaines, au vu et au su de tout responsable économique, politicien, un tant soit peu informés, ce sont des milliards, qui échappent ainsi, chaque année, à l’impôt national.
Comme pour l’IR l’escroquerie, au bénéfice exclusif des actionnaires de ces grandes entreprises et groupes internationaux, peut être évaluée annuellement par le différentiel de recettes entre l’IS (34,9 milliards) et la TVA (126,5 milliards). Soit : 99,1 milliards, qu’on peut arrondir à 100 milliards d’euros par an, au minimum, de détournements fiscaux au détriment de la collectivité.
On atteint ainsi 180 milliards par an, d’impôts non perçus sur deux d’entre eux, IR et IS. Le “déficit 2010” de 150 milliards (149,2) serait non seulement inexistant, mais l’Etat aurait un surplus de recettes de 30 milliards à répartir pour la santé et la retraite des français. Rien qu’en appliquant une assiette fiscale avec équité et sérieux.
Mais, tout va mal, les caisses sont vides, la compétition internationale implacable, la mondialisation impitoyable : telle est l’incantation chamanique de notre caste gouvernante…
Gisements d’économies et pillage de la Santé Publique
La France, cinquième pays le plus riche du monde rappelons-le, aurait besoin de réduire son “déficit” de 100 milliards d’euros en deux ans, se lamentent nos gouvernants. Les mêmes qui, en quelques heures, avaient trouvé plus de 300 milliards d’euros pour les banques privées en faillite, dont 163 immédiatement injectés dans leurs coffres, vidés auparavant par leur incompétence.
Si, seulement, les Grands Groupes, les Grandes Fortunes, étaient soumis aux mêmes taux d’imposition que le Travail ou le Salariat, les 100 milliards d’euros seraient tout aussi facilement trouvés que pour les banques en faillite. En moins de 24 heures.
Si, seulement, la Spéculation, tout placement financier à moins de trois mois non lié à une nécessité industrielle ou commerciale, était taxée à hauteur de 50% (équitable moitié-moitié avec le spéculateur), l’Etat ne connaîtrait jamais de déficit. Au contraire, son budget serait en excédent.
Mais, pour cela il faudrait appliquer une réforme fiscale que les privilégiés ne veulent pas. Nous sommes, on ne cesse de le répéter, dans la même configuration qu’à la fin de l’Ancien Régime. Le Tiers Etat supportait alors l’ensemble du fonctionnement de l’Etat et de ses investissements, par l’impôt indirect principalement.
La nomenklatura française, comme dans les autres pays européens et occidentaux, invoque en permanence “la logique de la rigueur” quant aux dépenses sociales : santé publique et retraites, en priorité.
A commencer par “la rigueur comptable” : les dépenses doivent être équilibrées par les recettes. Les remboursements, ou les pensions, sont à couvrir par les cotisations. Impérativement.
Pourquoi pas ?...
i) Equilibre Recettes / Dépenses et autres orthodoxies
Mais alors, qu’en est-il des multiples budgets de l’Etat échappant miraculeusement à ce raisonnement ?... Non seulement, on ne leur impose aucune contrainte de recettes, mais ils bénéficient d’une régulière augmentation d’une année sur l’autre.
Où sont les recettes couvrant les dépenses :
=> De la défense nationale ?...
Les milliards engloutis dans les massacres en Afghanistan ?... Dans les armements nucléaires ?...
=> Du ministère de l’intérieur ?...
=> Du ministère des affaires étrangères ?...
En particulier, son énorme réseau diplomatique dans tous les coins du monde, aux faramineuses dépenses annuelles (sans parler des fumeux “crédits à la coopération”…), s’ajoutant à ceux des 27 autres pays de l’UE.
Gouffre à milliards, aussi ringard que désuet à l’heure des nouvelles technologies de l’information et de la communication, jamais remis en cause : ambassades, consulats, centres culturels, centres du commerce extérieur, et autres Villas Médicis, représentations folkloriques et tape-à-l’œil, permettant de distribuer de moelleux fromages pour engraisser courtisans et pistonnés de tous poils...
=> Des organisations internationales ?...
Gavées, sans contrôle, de contributions versées, entre autres par notre pays. Dont la plupart sont plus connues par l’intensité de leur gabegie, et le grand train de vie de leurs dirigeants et “fonctionnaires internationaux”, que par leur rigueur scientifique ou administrative.
Telle l’OMS, lamentable dans sa gestion de la grippe, en collusion inacceptable avec tous les lobbies pharmaceutiques.
La pire : l’OTAN. Pôle d’incompétence, et de gaspillage, dans le bellicisme mégalomaniaque le plus outrancier, au service des lobbies de l’armement (ils veulent que l’Europe investisse dans un bouclier anti-missiles dont on sait qu’il est aussi inefficace qu’inutile. Mais, il présente l’avantage de coûter cher)...
Là… Surtout ne pas parler « d’économies » ! Au contraire. S’incliner devant le Totem de la Dépense, dans un silence respectueux… Se taire face aux milliards partant en fumée…
Par contre, le budget au centre de l’hystérie de nos castes dirigeantes, véritable obsession des politiciens et de leurs médias : celui de la Santé Publique. Avec, présenté en Dracula aux sanguinolentes canines : le mythique « Trou de la Sécu »…
Schéma identique dans toute l’Europe. Il est vrai, sous la pression des assureurs ou des banquiers-assureurs, tout doit être mis en œuvre pour en privatiser la gestion et l’accès…
Et, pourtant, contrairement à la propagande : « Les français … figurent parmi les plus mal remboursés des Européens, même pour l’accès aux médecins et aux médicaments et surtout pour les dents et lunettes. » (6)
Même, si on se livre à un examen impartial, clinique, l’orthodoxie financière, pratiquée par nos pays en ce domaine, a le souffle court... Car, en France comme dans d’autres pays, les gouvernements, les représentations nationales (députés et sénateurs), tous partis confondus, sont complices d’un pillage de la Santé Publique.
Faisant supporter par la collectivité des charges et une responsabilité qui ne lui incombent pas : les pollueurs de la Santé Publique ne sont pas, en effet, les payeurs.
Pollueurs encaissant des profits mirobolants, distribuant des dividendes luxueux à leurs actionnaires, sur fonds de ravages, ou de détournements comptables, exercés à l’encontre des citoyens qui en épongent les excès.
Un exemple : la ““Sécu” consacre environ 60 % de ses ressources à l’hospitalisation (7).
L’essentiel de ces dépenses servent à traiter les pandémies dont on ne parle jamais : le tabagisme et l’alcoolisme. A ces pollueurs s’ajoute l’agro-industrie provoquant les ravages considérables, à présent, de l’obésité et du surpoids. Autre fardeau pour la Santé Publique : les rentes de situation consenties aux industries pharmaceutiques par le pouvoir politique.
Bien sûr, il ne s’agit pas de prêcher une prohibition, un quelconque puritanisme, mais d’identifier le véritable « Trou » de la Santé Publique, dans lequel s’engouffrent ces lobbies sans scrupules pour les intérêts de notre communauté nationale, ne cessant de le creuser et de l’élargir : celui séparant “le plaisir” de “l’addiction”.
Ce sont les responsables de la diffusion, promotion, addiction, qui doivent payer la facture des ravages, en tant que “pollueurs” et “massacreurs” d’une collectivité, tenue en otage via leurs relais politiques.
En relevant les tranches d’imposition sur les bénéfices, en taxant les dividendes distribués, en taxant davantage les produits diffusés ?... Peut-être… En tous cas, en “nationalisant” ces industries pour que la collectivité en encaisse les exorbitants profits et les affecte au budget de la Santé Publique…
Quelques brèves données, systématiquement occultées :
ii) Tabageurs et Alcooliers
Les “Tabageurs” ou “Cigarettiers” sont une industrie aux marges bénéficiaires plantureuses, très capitalistique, hyper automatisée, faible employeur, très peu créatrice d’emplois, dotée d’un trésor de guerre lui permettant d’acheter tous les politiciens.
Comme le rappelle Gérard Dubois, un des meilleurs spécialistes français de cette industrie : « Ce qui est clair, c’est ce qui sépare l’industrie du tabac de l’industrie du crime n’a plus que l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarettes. » (8)
Le tabagisme tue, en France, une moyenne de 60.000 personnes par an (66.000 l’année dernière). Non compris les centaines de milliers de personnes hospitalisées pour cause de cancers ayant pour origine le tabagisme : poumon, gorge, langue, etc. Ce rythme s’accélère, puisqu’à présent le nombre de femmes, atteintes de cancer du poumon, quadruple chaque année. (9)
L’UE, face à ces énormes lobbies, est incapable d’harmoniser une politique fiscale, favorisant ainsi la contrebande, se réfugiant, au contraire, dans la subvention de la culture du tabac : plus d’un milliard d’euros par an… (10)
Le coût de l’alcoolisme est tout aussi cataclysmique, évalué à environ 1% du PNB des pays développés. Ce qui représente pour la France, environ 30 milliards d’euros par an. Certaines études estiment le coût à plus de 39 milliards de dollars pour la Grande-Bretagne, et près de 20 milliards d’euros en France (11).
En France, en moyenne, 60.000 personnes meurent d’alcoolisme chaque année, non compris les centaines de milliers de cancers (foie, notamment), et autres dégâts collatéraux tels qu’absentéisme, accidents de voiture, violences, criminalité. Sans oublier la naissance chaque année de 5000 à 7000 bébés avec des malformations graves (syndrome d’alcoolisation fœtale)…
A eux deux ces lobbies, Tabageurs et Alcooliers, infligent à la France 120.000 morts. Par an. Des centaines de milliers de pathologies au traitement très couteux pour notre système de santé. Pour leur plus grand profit.
Très loin, dans un écart intergalactique, devant les 4000 morts par accidents de la circulation (4.262 en 2009), les 500 morts du SIDA (809 morts en 2006, la mortalité ne cessant de baisser) et les xxx (pas de statistiques officielles) morts du terrorisme…
Pourtant, silence médiatique et inaction politique sont de rigueur. Pas de lutte contre ces fléaux. Des milliards pour la lutte antiterroriste et beaucoup d’agitation, mais là : pas de moyen. Tabou !
Personne pour prendre à la gorge ces mafias qui s’empiffrent, se goinfrent, par milliards, avec la complicité des politiciens, élus du peuple, alors qu’on devrait leur faire payer le « Trou » de la Sécu.
Car, au-delà des dégâts astronomiques pour les générations futures (1.200.000 morts en 10 ans…), des drames humains, individuels et collectifs, ce sont des milliards pillés par ces “intérêts privés” sur la Santé Publique. Suivant le principe que les banquiers véreux appliquent régulièrement : Privatisons les profits, nationalisons les pertes…
iii) Médicamenteurs et Engraisseurs
Remarquez-le, dès qu’on traite du « Trou » de la Santé Publique : quel est le réflexe des politiciens et de leurs perroquets, les médias de la propagande ?… Taper sur le malade et son médecin. L’un et l’autre accusés d’exagérer dans les dépenses, à partir de quelques cas particuliers médiatiquement instrumentalisés.
Mais, bizarrement, “grand silence” sur les industries pharmaceutiques. Leur impact sur le « Trou » de la Sécu ?... Ces braves politiciens, jamais, ils n’en parlent, ni ne l’évoquent. Jamais. Alors que ces groupes, ces médicamenteurs, s’engraissent outrageusement sur la Santé Publique. (12)
En France, les contribuables on assisté au récent scandale du 1 milliard d’euros, octroyé généreusement par nos politiciens à cette industrie lors de la vaccination contre la « grippe-bidon ». Mais, cela fait quarante ans qu’abus et pillages de ces lobbies sont connus, identifiés, répertoriés.
Depuis une étude menée aux USA, entre 1957 et 1963 par le Comité Anti-Trust du Sénat et son rapporteur Estes Kefauver. (13)
Etablissant, déjà, que les dépenses en Recherche-Développement (RD) de ces groupes ne dépassaient pas 6% de leur chiffre d’affaires, celles du marketing-ventes absorbant l’essentiel (25 %).
Rien n’a changé depuis, puisqu’une autre étude, menée par Julie Froud et son équipe sur l’industrie pharmaceutique, démontre que les dépenses de RD ne dépassent pas les 13-15 %, alors que les dépenses de marketing-ventes excèdent les 30 %. Selon les mêmes pourcentages que les grandes marques de l’industrie alimentaire, lessiviers, limonadiers (Procter & Gamble, Nestlé, Coca-Cola, etc.). Rien qu’aux USA, les dépenses de lobbying par ces groupes auraient franchies le 1 milliard de dollars en 2003. (14)
En 2000, par exemple, le groupe pharmaceutique Pfizer a battu Coca-Cola en termes de dépenses marketing-ventes (39 % contre 36 %), pour des dépense en RD équivalentes : 15 %...
Autrement dit une “nationalisation” de cette industrie entraînerait pour la Santé Publique une économie de 30 % minimum, sur tous les médicaments. Mais, la Santé Publique n’est pas vécue, par les actionnaires de ces groupes et les politiciens, comme la concession d’un service public. Elle est, au contraire, rigoureusement conçue et gérée en rente de situation aux fructueuses retombées pour la nomenklatura…
Avantage supplémentaire d’une telle “nationalisation”, la suppression définitive des tares imposées à la collectivité par ces industriels-pillards, si bien mises en évidence par le rapport Kefauver :
1. Durée abusive de protection des brevets, entraînant prix prédateurs (predatory prices) et marges déraisonnables, plus élevés que dans la plupart des autres productions industrielles (à part celle de l’armement…).
2. Coûts et prix largement “gonflés” par d’excessives dépenses de marketing, notamment publicitaires.
3. Beaucoup trop de produits inefficaces, dont certains dangereux du fait du manque d’indépendance des autorités de régulation.
Que dire des ravages par les Engraisseurs, ces industriels de l’alimentaire qui provoquent l’addiction, l’intoxication, alimentaires, par les abus de sel, de sucre, de colorants, de produits de synthèse, de conservateurs, d’hormones, etc. ?...
Imposant à nos collectivités, dans la recherche de profits faciles, ces nouvelles maladies que sont l’obésité et le surpoids. Avec tous les dégâts collatéraux, de l’hypertension aux cancers en tous genres.
Beaucoup dénoncent ces nouveaux pollueurs qui eux aussi ne sont pas les payeurs. Sans être entendus par les politiciens. Je ne les mentionne que pour mémoire, rappelant ce que dit José Bové : « … Certes, on fait un poulet (bon marché), mais on ignore combien chaque kilo de poulet a induit d’effets négatifs payés par la société. » (16)
Ces prédateurs, aussi, doivent être mis sérieusement à contribution pour combler le « Trou » qu’ils creusent dans la Santé Publique, en piochant comme des forcenés dans cette mine pour y en extraire les pépites en or de leurs dividendes…
Ce bref survol de gisements d’économies, focalisé sur l’immense et capital domaine de la Santé Publique, en dehors de toute considération d’assiette fiscale, démontre l’incapacité de nos institutions, partis et leaders politiques, à aborder, honnêtement, courageusement, les véritables problèmes de fond.
Comme le rappelait l’économiste américain, J.K. Galbraith : « Le déficit budgétaire est désormais un instrument utilisé … contre les actions socialement nécessaires mais politiquement combattues. La plupart des critiques contre les actions sociales tiennent dans l’argument qu’elles augmenteront le déficit budgétaire et les charges fiscales de nos petits-enfants. Cette conception est à l’évidence, une erreur et une stupidité redondante. » (16)
En fait, sous prétexte de “déficit public” ou “dette publique”, c’est à un méthodique, cynique, dynamitage du Contrat Social liant les membres de notre collectivité dans un projet commun, auquel se livre notre nomenklatura, à l’exemple des autres pays occidentaux.
Dans cette terrible régression de notre civilisation s’écroule le fragile pilier de tout progrès humain qu’est “la justice sociale”. Au sens où l’entendaient Locke, Kant, Rousseau et beaucoup de chercheurs, dont un des plus acharnés sur ce plan, sa vie entière, fut John Rawls. (17)
La justice comme équité, fondant l’association entre membres d’une même collectivité ; accord tacite, pour reprendre les expressions de Rawls, édifié sur la justice sociale et économique, dans la solidarité.
Une minorité de privilégiés, paradoxalement dès la Chute du Mur de Berlin, s’est emparée de tous les pouvoirs, les détournant, manipulant, à leur profit exclusif. Rejetant les Principes que nos ancêtres avaient naïvement inscrits dans notre Constitution, lors du renversement de l’Ancien Régime détesté par la brutalité et l’arrogance de son arbitraire : liberté, égalité, fraternité.
Dans un féroce retour à La Réaction, comme le revendiquaient nos monarchies post-napoléoniennes du XIX° siècle. Certaines s’affichant “républicaines” tout en rejetant furieusement l’idée, l’existence, la réalisation.
Dans une impitoyable violence, qu’on se souvienne des massacres par “l’armée d’Afrique” des ouvriers de la soie à Lyon, ou de La Commune à Paris, pour conserver les privilèges d’une poignée de nantis adossés à la force de leurs appareils de répression.
Un régime, quelle que soit son appellation, sans la Justice n’est qu’une autocratie, une dictature. Même s’il s’efforce de ne pas être sanguinaire à l’intérieur de ses propres frontières, réservant cette pratique à ses aventures coloniales ou néocoloniales.
Crise ?... Oui.
Du “sens” de nos sociétés, de notre vie en collectivité, de leur fondement.
Nous assistons, à la rupture du Contrat Social, nous liant les uns les autres dans une communauté de destin, par des prédateurs s’érigeant en ploutocratie dictatoriale.
Considérant les peuples, dont ils sont issus, en serfs destinés à les servir et les enrichir…
(1) Cité par Jean-Dominique Nuttens, Bertrand Tavernier, Editions Gremese, 2009, p. 18.
A propos du film de ce metteur en scène, le meilleur sur cette époque : Que la fête commence ! Avec des acteurs au sommet de leur art, notamment : Marielle, Noiret, et Rochefort.
(2) La répartition du pouvoir politique et économique entre clans familiaux milliardaires en Grèce, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, avec leur clientèle d’obligés et de politiciens de service, est similaire dans sa structure et ses rouages à celle des Philippines.
Je reviendrai sur le simulacre des récentes élections présidentielles, aux Philippines, dans un futur billet.
(4) Se référer, par exemple, aux ouvrages, articles et déclarations d’une des meilleures spécialistes européennes de la traque des évasions fiscales : Eva Jolly.
(5) L’omerta médiatique, académique (recherches en économie et en sciences politiques…) est totale sur ces rentes de situation contribuant à l’appauvrissement et au retard économique des pays ainsi exploités. Exemples de cette désinformation :
Aucun comparatif entre le tarif facturé à la minute par le même opérateur téléphonique occidental dans son pays d’origine et par ses filiales dans les pays en développement.
Aucun ratio comparatif entre le tarif facturé à la minute et le SMIC ou salaire moyen local, etc.
(6) Béatrice Majnoni d’Intignano (Professeur Paris XII – membre du Conseil d’analyse auprès du Premier Ministre – Consultant de l’OMS), Economie de la Santé, PUF, mai 2001, p. 297.
(7) Economie de la Santé, Op. Cit., p. 296.
(8) Gérard Dubois, Le Rideau de Fumée – Les méthodes secrètes de l’industrie du tabac, Seuil, 2003, p. 268.
(10) Economie de la Santé, Op. Cit., p. 76.
(11) 17,4 milliards d’euros dans http://fr.wikipedia.org/wiki/Alcoolisme
(12) Julie Froud, ouvrage collectif, Financialization and Strategy – Narrative and Numbers, Routledge, London, 2006, Part II – Cases, 1. sur le groupe pharmaceutique GlaxoSmithKline : keeping it going ?, p. 149-223.
(13) Julie Froud, ouvrage collectif, Op. Cit., p. 161.
(14) Julie Froud, ouvrage collectif, Op. Cit., p. 163.
(15) José Bové et François Dufour, Le Monde n’est pas une Marchandise – Des Paysans contre la Malbouffe, La Découverte, 2000.
(16) John Kenneth Galbraith, Economie Hétérodoxe, Seuil, 2007, p. 1091-1092.
(17) On se doit de lire et relire John Rawls, notamment :
=> Justice et Démocratie, Collection Points, Seuil 2000
=> Libéralisme Politique, PUF, 1995
=> Théorie de la Justice, Seuil 1987
http://www.legrandsoir.info/Crise-De-la-Dette-Publique-ou-du-Contrat-Social.html
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