À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

14/06/2010

Peuples VS Goldman Sachs

Dans le monde de la finance, la banque d’investissement américaine Goldman Sachs est en passe de devenir l’ennemi public numéro 1. Cela ne l’empêche pas de figurer parmi les conseillers préférés de la Commission sur la question de la régulation financière. Il serait grand temps que celle-ci lui claque une bonne fois pour toute la porte au nez.
Cet article est une traduction maison de l’excellent article publié par le Corporate Europe Observatory "The People VS Goldman Sachs" disponible ici http://www.corporateeurope.org/lobb...
Peuples VS Goldman Sachs 
Goldman Sachs est sous le feu des projecteurs. Le 16 avril, l’autorité financière américaine, la Securities and Exchange Commission (SEC), accusait la célèbre banque d’investissement de fraude directe sur des contrats à hauteur de milliards de dollars, réalisés sur le dos des petits propriétaires américains. Ce n’est certes pas tous les jours qu’on voit les autorités américaines enquêter sur une des plus importantes institutions financières américaines ; la bourse, elle, réagit de manière immédiate : les actions Goldman plongèrent de 16%, et avec elles le prix de l’or, le dollar et le yen, alors que d’importantes quantités capital se réfugiaient vers des contrées plus sûres.
Si les poursuites judiciaires à l’encontre de la banque d’affaire se sont faites jusqu’à présent plutôt rares, Goldman Sachs a tout de même réussi, au cours de la dernière décennie, à se mettre à dos l’opinion publique, et ce en des multiples occasions. La plus significative fut sans doute la crise financière. La banque en profita dans une large mesure – tout en accélérant son aggravation. En 2007, l’année même où la crise éclata, Goldman Sachs touchait le gros lot – un record à Wall Street – avec 11,6 milliards de dollars de profit. L’année suivante fut désastreuse pour le secteur bancaire, mais Goldman s’en tira plutôt correctement en comparaison avec ses concurrents : 2,3 milliards de dollars de profit. En 2009, l’entreprise tutoyait son propre record, avec 11,4 milliards de profit [1].
• Un profiteur de crise patenté en guise de conseiller
Alors même que d’autres géants de la finance ont fait faillite, ont été nationalisés ou ont subi des pertes colossales, Goldman Sachs a très bien su tirer son épingle du jeu au cours de la dernière décennie ; l’équipe dirigeante de la banque d’affaire a plusieurs fois montré son habileté à profiter de crises majeures, qui ont par ailleurs causé des dommages considérables à des millions de personnes.
Le cas étudié par le SEC en est l’exemple le plus abouti… mais il en existe bien d’autres. La mascotte de Wall Street a aussi joué un rôle considérable pour empêcher la mise en place de mesures qui auraient permis de limiter l’ampleur de la crise grecque. Elle a tiré du profit en spéculant sur la nourriture et les produits de base, poussant des millions de personnes dans une situation alimentaire catastrophique [2]. Ces exemples sont présentés dans cet article afin que les responsables politiques de l’Union européenne mettent enfin un terme à leurs relations très privilégiées avec la banque d’affaire.
Malgré tous ces exemples, la Commission Européenne choisit très souvent des conseillers issus de Goldman Sachs pour l’aider à mettre en place la régulation des marchés financiers dans l’Union européenne. La Commission ignore délibérément le rôle néfaste joué par Goldman Sachs lors des précédentes crises, et lui propose régulièrement de siéger parmi les privilégiés qui pourront influencer ses propositions, bien avant qu’elles ne soient présentées au public et que le processus politique d’examen des textes ne démarre.
Il serait intéressant de savoir si, en conséquence des poursuites engagées par le SEC, il sera mis un terme à cet accès privilégié dont bénéficie la banque d’affaires via les « Groupes d’Experts » de la Commission. Si le nouveau Commissaire au Marché Unique Michel Barnier est vraiment sérieux lorsqu’il évoque la nécessité de mettre un terme à la spéculation sur les dettes souveraines et de garantir la transparence des marchés financiers, on voit mal comment il pourrait toujours considérer Goldman Sachs comme un partenaire de confiance.
• Le flair pour le profit
Les agissements sur lesquels s’est penchée la SEC ont valu à Goldman Sachs une réputation détestable dans l’opinion publique depuis la fin 2007 [3]. Au sommet de la crise, Goldman Sachs était alors la seule à tenir encore le choc après la bourrasque qui avait frappé Wall Street. Elle le devait très largement à sa stratégie de spéculation à la baisse sur le marché des prêts hypothécaires. Ce sont ces manœuvres qui ont donné lieu à la mise en accusation de la banque. Certains faits sont encore en débats : nous nous en tiendrons prudemment à ceux qui ont été clairement fondés.
Début 2007, des experts de Goldman Sachs ont commencé à faire des prédictions très pessimistes concernant le marché de l’immobilier en général, et les produits dérivés (les CDOs) qui contenaient des parts de prêts immobiliers douteux. En février, Fabrice Tourre, Vice-Président de Goldman Sachs, a tenu des réunions avec la compagnie d’assurance ACA, qui cherchait des conseils sur de futurs investissements dans le marché immobilier. En même temps, Tourre rencontrait le gestionnaire du fond spéculatif John A. Paulson qui souhaitait au contraire parier sur la baisse des CDOs. « C’est surréaliste » écrivit Fabrice Tourre. A peine une semaine plus tard, Tourre reçut un email d’un collègue avec un verdict tranché concernant les CDOs : « Le business des CDOs est mort. Nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous. [4] »
• Vole ton prochain
Dans les mois qui suivirent, Tourre mit en place un projet qui répondait au nom de « Abacus 2007-AC1 ». Le projet se déroulait en deux temps. Dans un premier temps, Goldman Sachs permit à Paulson de choisir les CDOs qui seraient vendus à des clients comme ACA, prêt à mettre 951 millions de dollars sur la table [5]. On comptait parmi les autres clients importants la banque allemande IKB Deuthsche Industriebank AG et Dutch Bank ABN Amro. En même temps, Goldman Sachs aida le gestionnaire du fond spéculatif à parier contre ces mêmes investissements, qu’il avait lui-même choisit. L’importance du fond spéculatif de Paulson lui permit de faire un pari d’un montant considérable… Et qui s’avéra très profitable. Il gagna 3,7 milliards de dollars dans l’affaire, et les actions du fond d’investissement bondirent de 590%.
On ne sait pas encore dans quelle mesure ce pari considérable contre le marché des CDO, organisé par Goldman Sachs, a exacerbé ou accéléré l’effondrement du marché – qui a provoqué des millions de pertes dans le monde entier. Les conséquences pour les clients à qui furent vendus les actifs pourris sont clairs. Parmi les grands perdants, on comptait IKB Deutsche Industriebank (150 millions de dollars) [6] et ABN Amro (840 millions de dollars) [7].
Plus tard, la même année, IKB fut proche de faire faillite, mais une injection de 10 milliards d’euros par le gouvernement allemand lui permit de se remettre à flot. A l’époque, l’Etat allemand possédait 40% de IKB. En 2008, il en possédait 90%, au moment où IKB fut vendue au fond de capital-investissement américain Lone Star. Combien cela a coûté aux contribuables allemands, cela n’est pas établi ; on sait cependant que l’addition se chiffre en milliards. En Allemagne, la polémique concernant le rôle des principaux acteurs, et notamment Goldman Sachs, est toujours d’actualité.
Idem pour ABN Amro. La banque a été rachetée par la Royal Bank of Scotland, qui est possédée par l’Etat britannique à hauteur de 84%. Les contribuables anglais ont donc essuyé une ardoise qui s’élevait à 841 milliards de dollars [8]. Que RBS réussisse à transférer les pertes à un tiers, rien n’est moins sûr.
C’est ce genre de manœuvre qui a permis à Goldman Sachs de se tirer très honorablement de la tempête qui a frappé Wall Street. La banque a notamment réussi à se débarrasser d’une quantité considérable d’« actifs toxiques » en sa possession, dont le montant passa de 81 milliards de dollars à 14,5. Des manœuvres qui valurent à Goldman Sachs une certaine admiration, et notamment celle de Robert Lenzner qui écrivait dans le magazine Forbes, au sujet du rapport 2008 de la firme :
« La sélection naturelle s’est appliquée. La firme a réussi à se débarrasser de ses actifs immobiliers de l’Amérique à l’Europe. Goldman a revendu ses ordures aux autres en leur expliquant que ces actifs leur permettront de s’assurer contre le risque. Pragmatique, et bien pensé. [9] »
• Spéculer sur la faim
L’effondrement du marché des subprime n’est pas la seule crise que Goldman Sachs a réussi à tourner à son avantage. Avant que le « business des CDO » ne soit officiellement mort fin 2007, Goldman Sachs, avec d’autres fonds spéculatifs, avait tourné son attention vers des investissements particulièrement profitables, et notamment… la nourriture.
En 2007 et 2008 le monde fut traversé par une crise alimentaire qui ajouta approximativement 100 millions de personnes au nombre des « personnes mal nourries » dans le monde ; c’est-à-dire, à des personnes affamées ou mourant de faim [10]. La raison en était simple : les prix de l’alimentaire avait commencé à monter considérablement depuis 2006, et continuaient à augmenter en 2008. Comparés aux prix de 2006, le prix du blé, par exemple, avait plus que triplé à la mi-2008, selon l’enquête du Sénat américain [11].
Dans une large mesure, c’était le résultat d’un influx massif de capital financier (dont la liberté de circulation, est, on le sait, une loi supérieure dans les démocraties dignes de ce nom). Il suffit d’en croire Goldman Sachs : « Il ne fait pas de doute que l’augmentation des flux financiers dans les produits de base a fait augmenter les prix [12] ».
Comment cela fonctionne-t-il ? Schématiquement, la spéculation est basée sur des « paris » sur les prix des produits de base, notamment les céréales et d’autres types de nourriture. Il y a des années, des instruments financiers ont été mis en place comme des outils standards pour garantir aux producteurs des prix acceptables (comme pour la crise grecque - on le verra plus tard - il s’agissait à l’origine d’« assurances » sur la fluctuation des prix). Mais depuis 10 ans environ, des spéculateurs de grande envergure, appelés Index Speculators, se sont introduits dans le marché et ont commencé à spéculer sur les évolutions des prix. Leur présence massive sur le marché a contribué à délier les prix de l’offre et la demande [13].
• Goldman, un expert de l’évolution des prix
Alors, quel est le rôle de Goldman Sachs dans ce désastre silencieux ?
Goldman Sachs est un des quatre plus grands revendeurs de l’instrument financier le plus utilisé par les Index Speculators ; appelés commodity swaps [14], un titre d’échange dont les paiements sont dépendants du prix du produit de base couvert, qu’il s’agisse de pétrole, de riz ou autres. Les autres revendeurs de commodity swaps se nomment Morgan Stanley, J.P.Morgan et Barclays Bank. A eux seuls, ils contrôlent 70% du marché [15].
« Un contrat sur quatre sur le marché d’échange des produits de base est contrôlé par ces banques de Wall Street. Cela représente une puissance considérable sur les marchés et la manière dont les prix sont déterminés » explique un rapport sur la spéculation alimentaire écrit par deux experts de la finance [16].
En fait, le commerce sur les produits alimentaires a permis à Goldman Sachs d’échapper à la destinée des autres principales banques d’investissement en 2008. La position avantageuse de Morgan Stanley et Goldman Sachs dans le secteur de la spéculation sur les produits de base s’est alors renforcée. A elles deux, elles pesaient la moitié des 15 milliards de bénéfices générés dans le secteur des produits de base l’année précédente [17]. Le commerce sur les produits de base, explique l’analyse Frank Feenstra à Bloomberg « est très important pour elles, et d’autant plus vu ce qu’il est arrivé à leurs autres secteurs d’activité » [18].
• Cacher la dette : la crise grecque Il semble qu’il n’y ait pas une seule situation de crise majeure dans les marchés financiers qui ne soit associée au nom de Goldman Sachs, et la plupart du temps de manière on ne peut plus controversée. La crise de la dette grecque n’y fait pas exception.
Des doutes subsistaient, au lancement de l’euro, quant à la capacité de l’économie grecque à atteindre les critères de convergence. Un problème de premier ordre concernait la dette grecque, très loin de satisfaire les taux nécessaires pour entrer dans la zone euro. Goldman Sachs arriva en proposant une idée habile : depuis début 2002, la Grèce s’est vue accorder par la banque d’importants prêts, de manière à ce que cet argent disparaisse des radars de l’agence européenne des statistiques, Eurostat , ainsi que des autorités financières européennes, y compris la Banque centrale européenne. Le produit financier utilisé répondait au nom de currency swap.
Le principe en était le suivant : la monnaie arrivait en Grèce via des échanges monétaires basé sur des taux fictifs et ne furent pas enregistrés comme des prêts. Dans ce cas particulier, Goldman Sachs réussit à transférer 1 milliards d’euros supplémentaires, hors bilans. Cette manœuvre se répéta plusieurs fois, pas seulement par l’intermédiaire de Goldman Sachs. D’après un document accrédité par le ministère des finances grec, les « swaps » furent aussi utilisés pour le paiement des intérêts, qui finirent par causer des dommages à long-terme à l’Etat grec. Et – pourrait-on ajouter – un dommage à long terme aux citoyens grecs. Goldman Sachs, elle, fut grassement rémunérée, gagnant 300 millions de dollars, d’après des banquiers proches qui ont eu connaissance de l’accord [19].
• Le lobbying contre la réglementation financière
Après les accusations portées par la SEC, la spéculation alimentaire et la dissimulation de la dette grecque, l’histoire de la quatrième casserole de Goldman Sachs s’avère plus compliquée. Elle concerne les attaques spéculatives qui ont enfoncé la Grèce encore davantage cette année. Ces attaques furent lancées via les « CDS à découvert », un instrument qui permet aux spéculateurs de faire du profit sur l’aggravation de la situation économique en Grèce, et rendre les conditions des prêts encore plus mauvaises pour le gouvernement grec. Depuis le début de 2010 jusqu’à mai, les taux des emprunts grecs n’ont pas cessé d’augmenter. Sur dix ans, les obligations grecques avaient rarement dépassées les 6%. En Mai, elles attinrent le record de 14% [20], les emprunts grecs ayant été relégués au rang d’actifs pourris, et ne peuvent maintenant être seulement achetés par les fonds spéculatifs et la Banque Centrale Européenne.
Est-ce que Goldman Sachs à elle-même spéculé contre son client ?
C’est une question qui, dans la presse financière fait l’objet… de nombreuses spéculations [21]. Aucune preuve n’est disponible à ce jour dans le domaine public. Mais Goldman Sachs était active à un autre niveau.
En octobre 2007, ses représentants furent invités par le Commissaire au Marché Unique, Charlie McCreevy pour discuter de propositions de réformes des marchés des produits dérivés. Selon les déclarations de McCreevy, il s’agissait d’un débat qui devait traiter le sujet dans toute sa profondeur. Mais il devient rapidement évident que le Commissaire avait opté pour une régulation « light ». Une des mesures qui fut complètement écartée par le Commissaire après des mois d’intenses dialogues avec l’industrie financière, y compris Goldman Sachs, concernait la possibilité de rendre illégal les instruments financiers les plus dangereux, et notamment ceux qui devaient être utilisés pour spéculer contre l’économie grecque : les assurances à découvert contre le défaut de paiement, ou « naked CDS ».
Ainsi, alors que ces mêmes assurances étaient au cœur du débat sur la réforme financière entamée aux Etats-Unis début 2008, leur régulation était quasiment exclue de l’agenda européen, jusqu’à ce que McCreevy soit remplacé, et que la spéculation contre la Grèce ne commence. Le nouveau Commissaire a désormais annoncé une proposition pour Octobre, censée restreindre l’utilisation des CDS. C’est, hélas, déjà beaucoup trop tard pour la Grèce [22].
• L’influence de Goldman Sachs
Cela nous amène à la question de l’influence politique de Goldman Sachs. De manière évidente, le poids de Goldman Sachs est tellement important qu’il dispose une influence considérable sur les marchés. Moins évidente sans doute, son influence politique est néanmoins à la mesure de son pouvoir économique. En 2004, par exemple, elle réussit à convaincre le gouvernement américain de mettre en place un régime d’auto-régulation des banques d’investissement [23], grâce à l’influence de son Président, Henry Paulson, qui devait devenir deux ans plus tard Secrétaire au Trésor. De 1998 à 2008, Goldman Sachs a dépensé 46 milliards de dollars sur « l’achat d’influence politique » aux Etats-Unis [24]. D’après un rapport de Wall Street Watch [25] les efforts de lobbying de Goldman Sachs et des plus grandes firmes de l’industrie financière a permis d’alléger considérablement la régulation financière… Et pavé la voie expresse vers la crise.
Les marchés financiers étant dans une très large mesure intégrés entre les deux côtés de l’Atlantique, il est intéressant de se pencher sur le rôle de Goldman Sachs dans la régulation financière dans l’Union européenne. La firme n’est pas enregistrée dans le registre pour la transparence du lobbying de la Commission européenne, il est donc impossible d’estimer combien Goldman Sachs dépense pour son lobbying à Bruxelles. Mais Goldman Sachs joue assurément un rôle important sur les décisions prises par l’UE dans le secteur financier. En tant que géant de Wall Street, son accès aux décideurs lui est garanti. Depuis des années, Goldman Sachs a été un invité récurrent des plus importants groupes de conseil – ce qui représente un cadeau non négligeable pour toute firme souhaitant exercer son influence.
• Là où il faut, quand il faut
Dans l’Union européenne, l’institution principale en charge des propositions pour la réforme du système financier – la Commission – a l’habitude de consulter de manière parfois très intime les plus grandes entreprises de la finance bien avant que les propositions ne soient soumises au débat public dans le Conseil ou au Parlement, ou encore au public. Les invitations pour participer aux groupes d’experts de la Commission ont longtemps été un instrument-clé pour le lobby de la finance à Bruxelles – bien plus efficace que les armées de petits soldats du lobbying qui se paient régulièrement des visites auprès des parlementaires européens avant les votes. Participer à un groupe d’expert est une invitation à discuter de l’agenda des discussions au Conseil et au Parlement, dans un processus compliqué qui ne se conclut que très rarement par une décision fondamentalement différente des propositions de la Commission.
De la même manière que, aux Etats-Unis, les hauts gradés de la banque d’affaires sont appelés aux plus importantes prérogatives dans le gouvernement et vice versa, dans l’Union européenne il y a des liens très forts entre la Commission et la banque. Pas moins de trois anciens commissaires ont pris position dans l’organigramme de Goldman Sachs au terme de leur mandat ; Peter Sutherland (Irlande), Karel van Miert (Belgique) et Mario Monti (Italie).
Comme c’est le cas pour le processus législatif, Goldman Sachs semble se trouver là où il faut, quand il le faut :
- Quand la Commission a décidé de revoir sa stratégie sur les services financiers en 2004, des groupes d’experts ont été formés pour la conseiller : Goldman Sachs était représentée.
- Quand la Commission a commencé à considérer une possible régulation des fonds spéculatifs, un groupe d’expert a été formé, Goldman Sachs était représentée. [26]
- Quand le Commissaire McCreevy a mis en place un groupe pour le conseiller sur les réformes du marchés des produits dérivés en octobre 2008, Goldman Sachs était représentée. [27]
- Enfin, last but not least, quand la Commission a formé un Groupe de Haut Niveau pour la conseiller sur une réponse à la crise financière, un des sept membres était un conseiller de Goldman Sachs, Otmar Issing. [28] En fait, Goldman Sachs apparaît clairement comme une des firmes les plus privilégiées dans l’Union européenne, en termes de représentation dans ces puissants groupes.
• Peuples versus Goldman Sachs Goldman Sachs serait reconnue coupable par le SEC, cela devrait-il changer notre attitude vis-à-vis de ces privilèges ? En vérité, non. Quelle que soit l’issue du jugement, la Commission doit cesser de consulter Goldman Sachs sur la question de la réglementation des marchés financiers.
Et quand bien même la banque d’affaire serait reconnue coupable, la plupart des analystes considèrent qu’il ne s’agirait pas d’un prélude à un véritable conflit entre les autorités et le géant de la finance, dont l’influence est – on le répète – considérable. Il y a fort à parier que Goldman Sachs disposera des ressources pour étouffer le scandale rapidement – son métier ne consiste-t-il pas seulement à fournir à ses clients de toute l’information, rien que l’information ? C’est du moins ce que certains experts avancent.
A ce stade, ce serait une erreur de juger Goldman Sachs sur la question de son respect de la loi et de la régulation. La crise financière a révélé l’incroyable mépris de l’industrie financière à l’égard de l’intérêt public. Les règles qui encadre les opérations financières sont appelées à changer. Dans cette perspective, la confiance de l’opinion publique dans les institutions financières est une donnée importante. Et qui, en dehors des cercles étroits du monde de la finance, accorde encore une quelconque confiance à Goldman Sachs ?
• Il est temps de se dire « au revoir »
Au-delà du mépris à l’égard de l’intérêt public qui transparaît dans les agissements de la banque d’affaire dans la dernière décennie, Goldman Sachs résiste à toute réforme, même insignifiante, de la régulation financière, et notamment dans le domaine de produits dérivés. On serait surpris de la voir proposer une quelconque solution à la spéculation sur les produits alimentaires. Puisque le nouveau Commissaire au Marché Unique a promis des réformes pour s’attaquer de manière effective à la spéculation alimentaire, et mettre un terme à la spéculation sur les dettes souveraines, il devrait faire en sorte de choisir les bons conseillers. Cela relèverait sans doute de l’ironie, pour rester correct, si Goldman Sachs devait compter parmi eux.
En fait, il serait bien temps de se demander ce que peuvent encore bien faire les conseillers de la banque d’affaire dans les groupes d’experts de la Commission. Au vu des agissements de la banque dans la dernière décennie, il serait bien temps de les en exclure définitivement. Et si ce n’est pas pour des crimes pour lesquels ils sont poursuivis par les autorités financières américaines, alors ce serait pour les crimes contre le bien-être de millions de citoyens, en Europe et au-delà.
Traducido por Thomas Thouzeau
Note : Le CEO est une association qui a besoin de de sous pour fonctionner, n’hésitez pas à faire un don ici http://www.corporateeurope.org/supp...
[1] “Taxpayers Help Goldman Reach Height of Profit in New Skyscraper”, Bloomberg, 20. December 2009. 2008 number from Goldman Sachs’ letter to shareholders, included in the 2008 Annual Report ; http://www.asiaing.com/goldmansachs...
[2] Ces affirmations seront étayées dans la suite de l’article
[3] Un article du New York Times a joué un rôle important pour mettre en lumière les affaires de Goldman Sachs ; “Goldman Sachs Rakes in Profit in Credit Crisis”, 19. November 2007.
[4] Citations tirées de ”SEC Accuses Goldman of Fraud in Housing Deal”, New York Times, 16 avril 2010.
[5] Bloomberg, 17 avril 2010.
[6] “Abacus Casualty no. 2”, New York Times, http://dealbook.blogs.nytimes.com/2...
[7] “ABN Amro laat in handel kredietderivaten”, Het Financieele Dagblad, 20. April 2010.
[8] ”Goldman Sachs investigation could put Wall Street under microscope”, The Guardian, 19 avril 2010.
[9] Robert Lenzner ; “Goldman Sachs’ Diary of Survival”, Forbes Magazine, 21 mai 2009.
[10] FAO Media Centre ; “Number of hungry people rises to 963 million”, 9 décembre 2008. FAO ; “Hunger on the rise : Soaring Prices Add 75 Million people to global hunger”, 17 septembre 2008.
[11] Steve Suppan ; “Commodity Market Deregulation and Food Prices”, IATP, printemps 2010.
[12] Murthi & Singer ; ”Has the superspike end game begun ?”, Goldman Sachs Global Investment Research.5 mai 2008, page 12.
[13] Michael W. Masters & Adam K. White ; ”How Institutional Investors Are Driving Up Food and Energy Prices”, Accidental Hunt Brothers, rapport spécial, juillet 2008, page i ff.
[14] Michael W. Masters & Adam K. White ; ”How Institutional Investors Are Driving Up Food and Energy Prices”, Accidental Hunt Brothers, Special report, July 2008, page 23.
[15] Ibid., page ii.
[16] Ibid. page 23.
[17] L’autre moitié comprend les recettes concernant le pétrole et autres sources d’énergie
[18] “Goldman, Morgan Stanley Profits Conceal Reliance on Commodities”, Bloomberg, 15 juin 2008.
[19] “Fed Reviewing Goldman’s Moves on Greek Debt”, The New York Times, 25 février 2010.
[21] Un extrait intéressant issu du Financial Times ; “Funds’ role in Greek Drama Examined”, du 5 mars 2010. Selon le correspondant, Goldman Sachs a accueilli une réunion avec des fonds d’investissements à Athènes en janvier, comprenant le fond de Paulson aujourd’hui largement décrié. A la suite de cette réunion, quelques-uns des fonds présents ont fait fortune sur la misère des grecs, selon l’auteur, qui précise que Goldman Sachs était un organisateur-clé et le "cerveau" de cette opération.
[22] Le processus est analysé plus en profondeur dans : Corporate Europe Observatory ; “Financial Warmongers Set EU Agenda”, April 2010. http://www.corporateeurope.org/lobb...
[23] Robert Weisman ; ”Sold Out How Wall Street Betrayed America”, Wall Street Watch, March 2009 page 17. http://wallstreetwatch.org/reports/...
[24] Ibid. Page 99.
[25] Voir la note 13.
[26] Corporate Europe Observatory ; ”Financial Warmongers Set EU Agenda”, April 2010, page 2, footnote 8. http://www.corporateeurope.org/syst...
[27] Clearing and Settlement Advisory and Monitoring Expert Group 2 http://ec.europa.eu/transparency/re..., Clearing and Settlement Code of Conduct Monitoring Group http://ec.europa.eu/transparency/re..., Derivatives http://ec.europa.eu/transparency/re...
[28] Corporate Europe Observatory, SpinWatch, LobbyControl & FoEE ; ”Would You Bank on Them ? Why We Shouldn’t Trust the EU’s Financial Wise Men”, February 2009, page 78.

http://ellynn.fr/dessousdebruxelles/spip.php?article128

Sem comentários:

Related Posts with Thumbnails