Faim, mal-logement, scolarité difficile: les enfants sont parmi les premières victimes de la pauvreté et en payent les conséquences toute leur vie, soulignent les organisateurs de la journée mondiale du refus de la misère, prévue ce samedi.
«Force est de constater qu'aujourd'hui, la misère est toujours une violation des droits de l'enfant», déplore ATD-Quart Monde, initiateur de cette journée depuis 1987, alors que la convention internationale des droits de l'enfant fête cette année ses 20 ans.
Avec 17,9% de moins de 18 ans vivant sous le seuil de pauvreté (910 euros) en 2007 (dernières statistiques de l'Insee), les enfants et ados sont plus touchés par la misère que le reste de la population (13,4%). Ainsi, 30% des personnes vivant dans la misère sont des enfants, souligne ATD.
La pauvreté n’est pas seulement le manque d'argent
Pour les enfants, la pauvreté n’est pas seulement une absence de ressources immédiates, elle compromet bien souvent les chances d’une insertion sociale et professionnelle réussie à l’âge adulte, explique l'Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes).
Les enfants payent notamment les «dégâts de l'errance» de leurs parents, qui ne trouvent pas de logement et sont obligés de passer d'hébergement provisoire en hôtel social, note le délégué général d'ATD Bruno Tardieu.
«La misère favorise le placement des enfants» par l'autorité administrative ou judiciaire, déplore-t-il en particulier, alors que 300.000 enfants et adolescents font l'objet de mesures de protection, administratives ou judiciaires. La moitié d'entre eux sont placés hors de leur famille.
Pour ATD, parmi ces enfants placés, «la majorité sont des enfants pauvres, et ils n’ont pas toujours le droit de voir leurs parents seuls, ni d'avoir un contact avec eux alors que les conséquences à long terme de cette séparation sont indélébiles».
ATD souligne aussi que «massivement les enfants qui échouent à l’école viennent des milieux populaires et de la grande pauvreté», ce qui engendre un cercle vicieux car «sans formation, ils courent le risque de vivre à leur tour la précarité».
Samedi à Troyes, à Reims ou dans la capitale, des événements (forum de discussions, lâchers de ballons, chorales...) permettront aux enfants et aux adultes de «réfléchir à un monde sans misère» en mettant par écrit leurs idées, qui seront acheminées jusqu'à Genève pour une rencontre avec l'Onu autour du 20 novembre, jour anniversaire de la convention des droits de l'Enfant.
Le sujet des droits des enfants prend aussi une résonnance particulière en France cette année avec la décision du gouvernement de supprimer le poste de Défenseur des enfants, une décision qui a suscité un tollé parmi les associations, les mouvements pédagogiques et des partis politiques.
Libération - 17.10.09
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