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23/10/2009

Roche et Novartis pèsent sur la réforme de santé d'Obama

Roche et Novartis figurent parmi les compagnies pharmaceutiques qui font le plus pression sur le Congrès et la Maison Blanche pour influer sur le projet de réforme du système de santé. Depuis le début de l'année, les géants suisses y ont consacré plus de 7 millions de dollars.

Roche, Novartis et les autres groupes de pression ont déjà consacré près de 400 millions de dollars pour influencer le contenu de la réforme de la santé, la plus grande priorité intérieure du président Barack Obama et qui est actuellement en discussion au Congrès.

«2009 sera une année record dans l'histoire du lobbying», prédit David Levinthal, porte-parole du Center for Responsive Politics, observatoire des relations financières entre les groupes de pression et les pouvoirs publics américains.

Au Congrès, Tammy Baldwin, co-présidente du groupe parlementaire des Amis de la Suisse, confirme l'emprise des compagnies pharmaceutiques et des compagnies d'assurance.

«Leurs lobbyistes sont très actifs et présents à la Chambre et au Sénat. Ils cherchent à obtenir des rendez-vous, ils cherchent à persuader, ils se font davantage entendre et ont beaucoup plus de moyens que les partisans d'un système universel et public d'assurance-maladie», confie la députée.

Mieux que les assureurs

«Notre système de santé est, dans une large mesure, basé sur le profit et beaucoup de gens en tirent de très bons revenus. C'est pourquoi il y a une grande résistance au changement», explique Tammy Baldwin.

Mais si la couverture médiatique s'est focalisée sur les démarches des compagnies d'assurance pour faire capoter une réforme fondamentale, il s'avère que les pharmaceutiques surpassent les assureurs en lobbying. «Le secteur pharmaceutique est le plus grand lobbyiste à Washington, bien avant les assurances», note David Levinthal.

A ce jeu, les deux géants suisses jouent un rôle singulier. Roche occupe en effet le cinquième rang des compagnies pharmaceutiques les plus actives à Washington au premier semestre. Elle est même la première compagnie pharmaceutique étrangère à courtiser les pouvoirs publics américains, avant le français Sanofi-Aventis, l'allemand Merck, l'anglais GlaxoSmithKline et un autre allemand, Bayer. De son côté, Novartis se classe dizième.

Motus et bouche cousue

Joint par swissinfo.ch, Roche a refusé de s'exprimer sur la réforme de santé et ses activités de lobbying. Le groupe suisse a suggéré de contacter un porte-parole de l'association des entreprises de biotechnologie, groupement auquel Roche adhère à la suite du rachat de Genentech. Mais ce porte-parole n'a pas répondu à notre demande d'interview.

Le responsable mondial des produits pharmaceutiques chez Novartis, Joe Jimenez, souligne pour sa part que Novartis «appuie les initiatives de l'Administration Obama en vue d'élargir la couverture médicale et d'améliorer la qualité des soins pour tous les Américains».

Il rappelle que le secteur pharmaceutique a pris «un engagement important» pour réduire les coûts du système américain, le plus cher au monde. Notamment parce que les prix des médicaments sont 40 à 60% plus élevés que dans les autres pays développés.

«Nous avons passé un accord avec la Maison Blanche et le Sénat qui nous reviendra à 80 milliards de dollars sur 10 ans sous forme de rabais pour les patients couverts par Medicaid et Medicare, les programmes publics destinés aux pauvres et aux plus de 65 ans, note le responsable de Novartis.

Des efforts qui paient

L'effort consenti est cependant relatif puisque les Etats-Unis comptent pour la moitié du marché pharmaceutique mondial, avec des ventes annuelles de près de 300 milliards de dollars. Par ailleurs, l'effort ne concerne pas les Américains, qui ne sont couverts ni par Medicaid, ni par Medicare, même si Joe Jimenez affirme que «les prix vont baisser» pour tout le monde.

Mais les autres efforts des compagnies pharmaceutiques, ceux déployés pour obtenir une réforme conforme à leurs intérêts, ont déjà payé. Aucune proposition de loi débattue au Congrès ne prévoit de plafonner les prix des médicaments. Aucune proposition ne prévoit non plus de réduire la durée des brevets des compagnies et de favoriser ainsi une baisse des prix en renforçant la concurrence des fabricants de génériques.

L'attention de Novartis et des autres compagnies se porte donc aujourd'hui sur les propositions qui visent à diminuer la durée de l'exclusivité des données tirées des essais cliniques afin de stimuler la concurrence de génériques moins onéreux.

Novartis se défend

Les défenseurs des consommateurs accusent les groupes pharmaceutiques de veiller au «status quo». «Ces entreprises sont préoccupées par leur chiffre d'affaires et tiennent à garder les prix aussi élevés qu'elles le veulent. Jusqu'à présent, dans ce débat sur la réforme de santé, elles ont obtenu ce qu'elles voulaient», affirme David Levinthal, du Center for Responsive Politics.

Novartis rétorque que les prix pratiqués aux Etats-Unis reflètent les coûts de production et permettent la poursuite de la recherche.

«Nous investissons 20% de notre chiffre d'affaires dans la recherche et quand certains nous accusent de n'être préoccupés que par nos revenus, nous disons que nous protégeons notre investissement et nous assurons que l'innovation est récompensée», affirme Joe Jimenez. «Sinon, le nombre de médicaments en développement sera réduit et la science n'avancera pas», avertit ce responsable de Novartis.

swissinfo.ch - 23.10.09

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