Pas de quoi remonter le moral des Français, pendant la période estivale. En juin, 9 200 personnes ont rejoint la liste des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi. Néanmoins, pour la première fois depuis un an, le nombre de personnes inscrites en catégorie A (qui regroupe les personnes à la recherche d’un emploi, quel que soit le contrat de travail, et n’ayant pas travaillé dans le mois) diminue légèrement. Forte de cette statistique trompeuse, Christine Lagarde, ministre de l’Économie, qui, quelques semaines auparavant, nous annonçait un été meurtrier sur le plan social, s’est empressée de se réjouir : « Cette évolution favorable a tiré profit des mesures prises par les pouvoirs publics depuis plusieurs mois. » Or, si l’on compte ceux exerçant une activité réduite, il y a en France, au total, 3,8 millions de personnes inscrites à Pôle emploi, soit une hausse de 0,2 % par rapport au mois de mai. Pour cause, selon Bercy, seuls les secteurs éducatif, sanitaire et social ont continué à embaucher. Ces chiffres traduisent aussi une augmentation du nombre de personnes travaillant à temps très partiel. Et sur les six premiers mois de l’année, les inscrits ont augmenté de près de 400 000 en catégories A, B, C.
À en croire les statisticiens, la courbe ne semble pas s’inverser. Puisque 639 000 chômeurs supplémentaires sont attendus en 2009, à condition que le recul du PIB se limite à 3 %. Quant au taux de chômage, il devrait continuer à fortement progresser pour avoisiner les 10 % en fin d’année, prévoient l’INSEE, la Commission européenne ou encore l’OCDE. Sans aucun moyen supplémentaire pour faire face à l’afflux massif de chômeurs, les salariés de Pôle emploi se retrouvent à traiter une moyenne de 150 dossiers par employé.
Pour le gouvernement, qui a longtemps sous-estimé l’impact de la crise, la réponse semble désormais aller de soi : il suffit d’externaliser le service public de l’emploi. Selon le secrétaire d’État à l’Emploi, Laurent Wauquiez, « recruter, former et mettre à niveau » du personnel pour le Pôle emploi prendrait trop de temps. Hier, dans les colonnes du Parisien, le secrétaire d’État annonçait que 250 000 chômeurs, au lieu des 160 000 initialement prévus, seront confiés tous les ans à des cabinets privés. L’appel d’offres avait été lancé en mars 2009 et les noms des cabinets retenus, notamment des poids lourds de l’intérim, seront dévoilés cette semaine. Pour le gouvernement, il s’agit globalement de privatiser le traitement des catégories de chômeurs qui coûtent le plus au régime d’assurance chômage. Seront concernées « les personnes licenciées économiques et les plus éloignées de l’emploi », note le secrétaire d’État.
De son côté, le directeur de Pôle emploi, Christian Charpy, va plus loin : « Tout ce qu’on peut sous-traiter, on va le faire. » Ainsi, « 100 % des accompagnements de demandeurs d’emploi en difficulté se feront à l’extérieur ». Une aubaine pour ces opérateurs qui toucheraient la « modique » somme de 3 500 euros par dossier traité. Pourtant, les premières évaluations d’une étude supervisée par l’École d’économie de Paris-PSE, à la demande de la Cour des comptes, démontre que la plus-value du service public, quand il y met les moyens, est « nettement supérieure » à celle des opérateurs privés. Au total, cette mesure coûtera la bagatelle de 100 millions d’euros pour l’année 2009, et le double pour l’année 2010…
L'Humanité - 29.07.09
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