Série noire pour l’emploi dans l’agglomération d’Orléans, préfecture du Loiret. Après l’annonce, la semaine dernière, de 49 suppressions d’emplois sur 470 sur le site Alcatel-Lucent d’Ormes, en banlieue, c’est, mercredi, le groupe La Source (ex-Quelle La Source), en cessation de paiement, qui a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Orléans, avec une période d’observation de six mois, faisant peser une sérieuse menace sur les 407 salariés de Saran, au nord de l’agglomération.
En parallèle, les 90 salariés de l’usine Rohm and Haas de Semoy continuent leur grève. Le groupe chimique Rohm and Haas (10 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2008) a été racheté le 1er avril dernier par le géant américain Dow Chemical, qui a aussitôt annoncé un plan de réduction des coûts pour compenser le coût de l’acquisition (18 milliards de dollars). En France, le plan se traduit par la suppression de 196 postes sur les 1 075 des cinq sites Rohm and Haas, la moitié correspondant à la fermeture, fin 2010, de l’usine de Semoy, qui produit divers adhésifs pour l’automobile et l’agroalimentaire. Depuis le 17 juillet, tous les salariés du site sont en grève et le bloquent « pour dire non à la fermeture », explique Christophe Villoing du syndicat FO, majoritaire, au nom de l’intersyndicale constituée avec SUD et la CFDT. « Le groupe justifie cette fermeture pour assurer la pérennité du business Europe », conteste le délégué. « Pour nous, ce sont des licenciements purement financiers. La direction a choisi de délocaliser la production de Semoy en Italie, en Allemagne et aux États-Unis. D’ailleurs, elle a refusé de nous communiquer les données sur la situation économique de l’usine. » Alors que le comité central d’entreprise a désigné un cabinet d’expertise pour étudier toutes les alternatives possibles à la fermeture, la direction fait pression sur les grévistes pour qu’ils reprennent le travail. D’après l’intersyndicale, Rohm and Haas refuse de payer les journées de grève, mais propose aux salariés une prime de 150 euros brut pendant cinq mois à condition d’effectuer une production de 650 tonnes par mois, un niveau très élevé. Autrement dit, les salariés devraient trimer jusqu’aux licenciements, dont les premiers interviendront fin 2009. « En assemblée générale, les salariés ont jugé cette proposition inacceptable », rapporte Christophe Villoing, de FO. « Ces 90 emplois représentent 400 personnes avec les familles, et 1 000 avec les sous-traitants et les fournisseurs », dénonce Mathieu Gallois, du PCF du Loiret, où les élus communistes ont interpellé la préfecture. Hier, l’intersyndicale a été reçue au cabinet du ministre de l’Industrie Christian Estrosi, en compagnie du sénateur PS Jean-Pierre Sueur. « En gros, ils nous ont écouté mais ils disent que, comme les décideurs sont aux États-Unis, ils ne peuvent pas faire grand-chose », déplore Christophe Villoing.
L'Humanité - 30.07.09
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