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28/07/2009

L'Allemagne se prépare à une flambée du chômage

Thomas Schnee

L'embellie des derniers indices économiques ne doit pas masquer la réalité. Le redémarrage économique sera trop lent pour empêcher une forte vague de licenciements à la rentrée.

L'Allemagne aurait-elle surmontée la crise ? En juillet, et pour la quatrième fois consécutive, l'indice Ifo est remonté. Cet indice allemand très réputé, publié par l'Institut économique du même nom, mesure le « climat des affaires ». Selon les experts, une hausse sur quatre mois du baromètre Ifo est synonyme d'un renversement de tendance : "Il semble que l'économie se remette en marche", commente Hans-Werner Sinn, président de l'institut munichois. Pour Arndt Schäfer, économiste à la WestLB, la nouvelle tient presque du miraculeux : « Il y a deux ou trois mois, je n'aurais pas cru cela possible. Si la conjoncture repart vraiment ainsi, l'Allemagne s'en sera sorti avec un simple oeil au beurre noir », estime-t-il.

Cri d'alarme de la métallurgie

Pourtant, dans le monde de la production, l'euphorie des économistes munichois n'est pas de mise. On s'apprête, au contraire, à faire face à une vague brutale de suppression d'emplois : « De nombreuses entreprises sont en train de passer d'une crise conjoncturelle à une crise structurelle », explique Martin Kannegiesser de la fédération patronale de la Métallurgie en faisant remarquer que pour la première fois depuis 1945, l'ensemble de son secteur devrait finir l'année dans le rouge.

A Augsbourg, au siège de la Kuka AG, un des spécialistes mondiaux de la fabrication de robots pour la construction automobile, on ne veut pas baisser les bras. Mais la crise économique a frappé de plein fouet. Sur le premier trimestre 2009, son carnet de commande a diminué de moitié. Fin mars, l'entreprise espérait encore une amélioration de la situation. Trois mois plus tard, cette perspective s'est envolée en fumée : les constructeurs automobiles commandent à peine et le chiffre d'affaires continue de s'effondrer.

Entre temps, une partie des chaînes de montages est arrêtée, les intérimaires n'ont pas été réembauchés et, au siège, 400 des 2200 salariés ont été mis en chômage partiel. Kuka, qui espérait atteindre la fin de l'année 2009 sans déficit, attend un résultat annuel « nettement négatif ». La société a aussi annoncé la fermeture de ses deux sites de productions français (Montigny-le-Bretonneux et Tours). Quant au pacte de garantie de l'emploi des salariés allemands, valable jusqu'à fin 2009, il pourrait bien être dénoncé : « Nous n'attendons pas de vraie reprise avant le 2ème semestre 2010 », précise Horst Kayser, le PDG de Kuka.

Les CDI désormais en première ligne

L'histoire de Kuka n'est pas isolée. Dans son secteur, où 158 000 salariés sont en chômage partiel, la fédération des employeurs de la machine-outil (VDMA), attend ainsi une baisse moyenne de la production 2009 de 20%. Pour l'automne, le VDMA évalue que ses adhérents devront se résoudre à licencier de 50.000 à 60.000 personnes. Dans le détail, Oliver Burkhard, patron de la fédération de Rhénanie du syndicat IG Metall, voit les choses ainsi : « Depuis l'automne 2008, seulement dans notre Land, près de 60.000 travailleurs intérimaires du secteur ont été mis au chômage. Pendant l'été, de nombreux contrats à durée déterminée s'achèveront. Les effectifs permanents seront sous pression à partir de l'automne ».

Dans l'automobile, qui a au moins bénéficié de la généreuse prime à la casse du gouvernement allemand, les craintes sont les mêmes. Selon une étude de PricewaterhouseCoopers, le nombre d'automobiles produites en 2009 sera en recul de 750.000 unités à 4,7 millions. En 2010, la production reculera à nouveau à 4,53 millions de véhicules produits. A terme, « il n'est pas possible d'éviter un ajustement des effectifs au niveau de production », explique Martin Kannegiesser.

Vague de licenciements à la rentrée

Dans les entreprises, les directions des ressources humaines se préparent déjà au choc. Dans une étude réalisée par la Dekra-Akademie, 49 % des DRH allemands déclarent être déjà largement occupés à gérer les conséquences de la crise (licenciements d'intérimaires, mises en chômage partiel ou licenciements économiques). 91% d'entre eux prévoient des licenciements après l'été. Et plus précisément, après le 27 septembre 2009, jour des élections législatives.

L'Expansion.com - 28/07/2009




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