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12/03/2009

Une journée contre l'école sacrifiée

Une journée contre l'école sacrifiée

Primaire, collèges, lycées, universités,… Visés par des réformes séparées qui mettent en pièce une ambition de formation de qualité pour tous, ils se mobilisent mercredi.
Reportage à la Croix-Rousse, à Lyon, où des écoles ont choisi le "service maximal" pour interpeller le ministre de l’Education nationale.

Rue du Sergent Blandan, dans le 1er arrondissement de Lyon, au bas des pentes de la Croix-Rousse, devant les écoles maternelle et primaire Robert Doisneau. Tables, verres, assiettes de gâteau, jus de fruits, chocolat chaud, offrent à huit heures et demi le petit déjeuner aux enfants qui arrivent. Sourires, embrassades, explosions de joie, côté primaire ; plus de retenue, de timidité, dans la cour, côté maternelle. Mais, partout, l’atmosphère frémit d’un air insolite.

Il y a des parents qui passent, qui discutent, d’autres dans les classes, d’autres qui bricolent. Plus de quatre-vingts familles se sont mobilisées pour cette journée, sur les cent vingt que compte le groupe scolaire. Ici comme ailleurs, les enseignants et les parents s’inquiètent des réductions de postes : « On ne le croirait pas, parce qu’on est dans le premier arrondissement, mais ce quartier a besoin de plus d’aide que d’autres. Le seuil de pauvreté, ici, n’a pas diminué depuis vingt ans, explique Raphaële. Il y a toujours autant de parents en très grande difficulté et c’est pour cela que nous nous battons pour le maintien du Rased. C’est un point de vue collectif. Il faut maintenir la mixité sociale de ce quartier, ne pas repousser les pauvres à la périphérie… »

La jeune femme, qui tient un magasin de maquillage tout près d’ici apprend aux enfants à se grimer. Tom, Anne, Némo, Ansou, Gilles sont unanimes : « C’est trop cool, on a eu un peu moins de devoirs, on a eu plus de récréation, on pouvait manger à l’école… En plus, on s’est fait filmer, on va se voir à France 3 ce soir, d’habitude on fait jamais ça… Les parents à l’école, c’est bien …. » A côté, deux de ces parents bricolent des tubes de cartons et des morceaux de bois pour réaliser « l’arbre aux mauvaises pensées », qui sera brûlé, le 20 mars, sur la place Sathonay. Les feuilles seront l’expression libre de chaque enfant.

« Pour moi, l’éducation, c’est la base de la démocratie. Si elle est ébranlée, tout est ébranlé, remarque Elsa pour expliquer son engagement. Et Hugues ajoute : « C’est bien que les enseignants aient choisi un arbre. Des racines aux feuilles, c’est toute la vie, et si l’on scie les racines, comme on veut le faire à l’Education nationale, on scie l’avenir… » Tous deux ont pris une journée de congé pour participer à ce 10 mars. Les enseignants, eux, espèrent que cette forme d’action sera suffisamment relayée pour être entendue du gouvernement.

Dans une des classes de maternelle, la maman de Laurine, toute de noir vêtue, mime et joue de la clarinette. Les enfants rient, chantent, avant de reprendre des activités plus classiques. Leur enseignante, Sylvie Piedecocq, remarque : « Ici, nous pensions être sûrs de conserver certains postes après la commission départementale qui est pourtant décisionnaire et, depuis, il y a encore eu des retours en arrière. Nous sommes surtout inquiets pour le service public de l’école. Passer de 25 à 30 élèves, par exemple, n’est pas anodin. De bonnes conditions de vie à l’école sont indispensables, tout comme le plaisir et la qualité de l’enseignement.

Toutes ces réformes répondent à des impératifs budgétaires, mais ce n’est pas sur l’école qu’il faut faire des économies… » Les réjouissances se sont poursuivies dans la soirée avec un repas convivial, dans l’école, égayé par des musiciens, des clowns, et des comédiens.

L'Humanité - Emilie Rive - 12.03.09

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