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13/03/2009

Les flambées sociales vont se multiplier

Thomas Bronnec

Le PDG de Sony France, retenu toute la nuit par ses salariés, a été relâché ce vendredi matin. Jean-Marc Le Gall, conseil en stratégies sociales, explique pourquoi ce genre de contestation n'est pas près de s'arrêter.

Le patron de Sony France a été libéré, mais il a tout de même été retenu toute la nuit par ses salariés... Que vous inspire ces méthodes ?

Le patron de Sony France a été libéré, mais il a tout de même été retenu toute la nuit par ses salariés... Que vous inspire ces méthodes ?

Quand ils manquent de moyens, les personnels n'ont qu'une seule solution : la médiatisation du conflit, qui est un peu la force des plus faibles. Cela faisait plusieurs mois que la fermeture du site de Pontonx-sur-l'Adour avait été annoncée, et les salariés ont estimé que rien n'avait bougé. Retenir leur patron, c'était une façon de montrer leur détermination et leur inquiétude, pour remettre leurs revendications sur la table devant l'opinion et les pouvoirs publics. Elles sont d'ailleurs assez sages : ils estiment que le plan social n'est pas assez favorable au regard des pratiques antérieures de Sony et veulent des conditions de départ plus avantageuses. C'est pourquoi je pense que la situation est loin d'être bloquée.

La crise risque-t-elle de multiplier ce genre de contestation ?

Semaine après semaine, la situation se tend. Tous les jours, les annonces de plan social ajoutent l'inquiétude à l'inquiétude. Je crois d'ailleurs qu'on n'a pas encore touché le point bas de la crise. Cela engendre deux types de réaction : la peur et la résignation d'une part, et ponctuellement, des mouvements de révolte d'autre part. Ces deux réactions sont très proches, comme le montre l'exemple de la Guadeloupe.

Va-t-on vers une crise sociale générale?

Il y a six mois, je répondais à cette question par la négative. Mais la situation a évolué. D'abord, la perspective d'une sorte de crise s'éloigne. On parle de mi-2010, ce qui est très loin quand on se bat avec le quotidien. Ensuite, Nicolas Sarkozy a perdu la main, il a dû reculer sur de nombreux dossiers, et il le sent. Le président de la république est sur la défensive, et beaucoup de ses ministères sont usés, discrédites, comme Valérie Pécresse ou Yves Jégo. Je ne crois toujours pas à un mouvement social d'ampleur, car dans les entreprises, les gens font plutôt profil bas. Mais il y aura des flambées de contestation, de plus en plus rapprochées, sur la question des lycées, des universités, des retraites complémentaires.

L'Expansion.com - 13.03.09

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