La théorie de la fin du travail et, avec elle, celle du dépérissement des syndicats n’était-elle pas un dangereux mirage ? Quelle place peuvent prendre les syndicats dans le mouvement social ? Voici quelques-unes des réflexions qui ont nourri les échanges de la table ronde publiée samedi dans l’Humanité des débats.
Avec Gérard Aschieri (FSU) Agnès Naton (CGT) et Michel Vakaloulis, philosophe et politologue.
Le 15 décembre les huit syndicats, CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA, décident d’une journée de grèves et de manifestations pour le 29 janvier. Le 5 janvier, dans une déclaration commune, ils interpellent les entreprises, le patronat et l’Etat. Cette déclaration devient la plateforme de référence des mobilisations. Après le succès du 29 janvier, la préparation d’une nouvelle journée d’action est lancée pour le 19 mars. Elle est confirmée à la suite des réponses du chef de l’Etat.
« Sarkozy, cette fois, tu la vois cette grève ? ». En réponse à la bravade du président de la République annonçant que dorénavant, les grève ne se voyaient pas -façon de dire qu’elles devenaient inutiles- les pancartes portant cette interpellation ont spontanément fleuri dans toutes les cortèges du 29 janvier. L’unité fait le nombre et le nombre fait la fierté qui donne l’envie et le courage de répliquer. D’aller plus loin aussi. Surtout quand la démonstration est faite qu’il est possible de marquer des points. Or, le président et ses ministres ont déjà perdu de leur superbe. Ils ont été mis sur la défensive sur la réforme des lycées, sur celle de l’université. Et le message des Antilles, cette victoire que patrons et gouvernement ont tant de mal à avaler, a été reçu cinq sur cinq.
Mais l’unité n’est pas tombée du ciel. Elle s’est construite pierre à pierre. La force des grèves et des manifestations en est le ciment qui rend les défections plus difficiles. Elle est l’œuvre des syndicats. Poussés par les urgences engendrées par la crise, instruits par les précédents échecs, ils ont réussi cette fois à se rassembler autour d’une plateforme qui donne à cette union un contenu et des objectifs. Sur ce socle se greffent maintenant une multitude d’initiatives, d’appels, de pétitions, de réseaux de solidarité. Le dernier accord syndical de cette nature remonte à celui signé par la CGT et la CFDT, en 1967. Dans cette situation historique, toutes les cartes sont rebattues, tous les questionnements repris et réévalués. La théorie de la fin du travail et, avec elle, celle du dépérissement des syndicats n’était-elle pas un dangereux mirage ? Quelle place peuvent prendre les syndicats dans le mouvement social ? Quels rapports construire entre syndicalisme et politique ? Finalement, quel rôle nouveau pour le syndicalisme ? Ces réflexions ont nourri les échanges de cette table ronde de l’Humanité.
Avec Gérard Aschieri (FSU) Agnès Naton (CGT) et Michel Vakaloulis, philosophe et politologue.
L'Humanité - 13.03.09
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