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15/08/2010

La Hongrie dit non au FMI

Laurent Pinsolle

La Hongrie a osé dire non au FMI qui lui demandait de réduire son déficit budgétaire. Une situation suffisamment rare pour retenir l'attention de Laurent Pinsolle qui voit dans cet épisode une nouvelle preuve de l'injustice inhérente au néolibéralisme.

L’événement remonte déjà à presque trois semaines mais il mérite quand même d’être signalé en cette période calme pour l’actualité. La Hongrie a refusé d’appliquer les recommandations du FMI, qui a donc refusé de verser la dernière tranche de son prêt.

Quand Budapest s’oppose à Washington

Il y a deux façons de voir ce qui se passe en Hongrie. La première, qui consiste à adopter le point de vue du FMI, reviendrait à déplorer le non respect par le gouvernement Hongrois des recommandations du Fonds Monétaire International, en dépit de la tranche d’aide de 14,5 milliards d’euros déjà accordée. Mais, il y a naturellement une autre lecture. En effet, l’institution présidée par Dominique Strauss-Kahn demande à la Hongrie de réduire son déficit budgétaire pour 2010 de 3,8 à 3% du PIB et le gouvernement, récemment élu sur un programme de fin d’austérité, s’y oppose.

Ces chiffres peuvent paraître surprenants étant donné que les déficits tournent entre 5 et 12% du PIB dans les grands pays occidentaux. On peut donc comprendre la position du gouvernement Hongrois, d’autant plus que la demande intérieure est en recul de 5%. De nouvelles mesures d’austérité pénaliseraient encore la croissance. Pire, le FMI s’oppose à une taxe de 650 millions d’euros sur les banques, qu’il juge potentiellement préjudiciable pour la croissance. On croit rêver quand on constate cette immixtion dans la politique du pays, qui devrait pourtant pouvoir choisir qui il fait payer !

Les leçons de cette crise

Cette crise Hongroise est doublement révélatrice des problèmes des plans du FMI qu’avait bien décrit Joseph Stiglitz dans son livre La grande désillusion. Tout d’abord, alors que les pays occidentaux s’autorisent des déficits pour sortir de la crise, on demande exactement l’inverse aux pays émergents et on accepte de leur prêter qu’en échange de plans d’austérité, ce qui révèle un « deux poids, deux mesures » bien inexplicable… Il est incroyable que la Hongrie, qui affiche déjà un des déficits les plus bas en Europe se voit demander de les réduire de manière encore plus rapide.

Plus globalement, cela remet en perspective le modèle de développement de la Chine. En effet, comment s’étonner que les pays émergents cherchent à engranger des montagnes d’argent sous la forme d’excédents commerciaux ? C’est le seul moyen pour eux d’éviter d’avoir à demander de l’aide à l’Occident en cas de difficultés, étant donnés nos doubles standards en matière de gestion de crise. Mais du coup, cela nous retombe dessus avec une envolée de nos déficits commerciaux qui est le pendant de délocalisations massives de notre appareil productif dans les pays émergents…

Le néolibéralisme, c’est cela : les pays riches qui imposent l’austérité aux pays émergents et ces derniers qui se retrouvent contraints à cumuler les excédents commerciaux pour y échapper, détruisant l’emploi dans les pays riches. Nous avons vraiment besoin d’un autre modèle !

http://www.marianne2.fr/La-Hongrie-dit-non-au-FMI_a196214.html

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