Patrick Apel-Muller
Le temps passe, les bonnes résolutions trépassent. Les dirigeants des pays riches de la planète prétendaient faire payer la finance pour éviter de nouveaux désordres économiques ; aujourd'hui ils veulent faire payer les peuples pour la finance. L'addition présentée par le G20 est d'une brutalité inouïe : diviser par deux les déficits publics d'ici à 2013 ; poursuivre les restructurations ultralibérales des sociétés du G20 et généraliser le sacro-saint dogme de la concurrence libre et non faussée.
Le temps est loin où Nicolas Sarkozy prétendait jouer les trublions réveillant les consciences assoupies. Il vient de décréter l'hyper-austérité en France et son ministre François Baroin confesse qu'il prépare le budget « le plus difficile depuis plus de trente ans ». Il va s'acharner à casser tous les amortisseurs sociaux qui avaient permis à la France de parer une partie des coups qu'assénait la crise économique : l'investissement public, les garanties sociales, les services publics. Interrogé sur gel du traitement des fonctionnaires, le maire de Troyes a répondu que le gouvernement souhaitait « intervenir sur toutes les ressources ». Á bon entendeur, salut ! En revanche, les primes occultes que touchent les préfets - jusqu'à 66 000 euros - s'ils exécutent docilement et aveuglément les ordres des ministres continueront à croître et à se multiplier.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les adhérents du Premier Cercle ont vu s'épanouir leur fortune en 2009. Donateurs richissimes de l'UMP (versant de 3 000 à 7 500 euros), ils ont en commun avec les vampires la crainte de la lumière. Ces milliardaires choyés par le président ont préféré reporter la réunion qu'ils devaient tenir avec des dirigeants du parti présidentiel. L'agitation autour d'Éric Woerth, des lingots d'or de M. Peugeot, ou des difficultés fiscales de Me Bettencourt, trouble la sérénité indispensable à la poursuite d'affaires florissantes. Les flashs et les manchettes en une sont pour les gogos, les requins naviguent dans d'autres eaux. N'ayez crainte, la risée passée, M. et Me Woerth retrouveront leurs amis au bord du champ de courses de Chantilly où ils ont des intérêts autrement plus considérables que les retraites envolées de dizaines de millions de Français.
Au règne de l'injustice s'ajoute celui de l'inefficacité. En étouffant la consommation et l'investissement socialement utile, le pouvoir tue la croissance, donc les rentrées fiscales, les versements pour les caisses maladie et retraite, tandis qu'il va doper le chômage. Cette politique ne vise qu'à conforter les dividendes et les marchés dont chacun voit désormais qu'ils font mauvais ménage avec le progrès pour tous. En paraphrasant Victor Hugo, on pourrait en conclure :« Ce gouvernement est mulet ; il est opiniâtre et stérile. »
Au règne de l'injustice s'ajoute celui de l'inefficacité. En étouffant la consommation et l'investissement socialement utile, le pouvoir tue la croissance, donc les rentrées fiscales, les versements pour les caisses maladie et retraite, tandis qu'il va doper le chômage.
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