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08/07/2010

Les hommes de main de la « Dame de fer »

I

« Nous sommes tous des thatchériens » témoignait le travailliste Peter Mandelson dans une tribune publiée en 2002 par le Times. Deux ans plus tard, nommé commissaire au commerce, il pourra faire le même constat au sein de la nouvelle Commission Barroso. Présidée par un ancien maoïste converti au libéralisme, celle-ci consacre la victoire totale du thatchérisme à la Commission européenne - comme le vante le quotidien conservateur The Daily Telegraph [1]. Cette victoire qui trouve ses racines dans les années 80. Les DDB se replongent avec bonheur dans cette époque bénie du néolibéralisme triomphant, afin de retrouver la trace des plus brillants hommes de main de la « Dame de fer ».

Les hommes de main de la « Dame de fer » (1)

L’année 1990 marque la fin de onze ans de règne de la « dame de fer » sur la Grande-Bretagne. Au cours de cette décennie, Thatcher est apparue à plusieurs occasions comme une sorte de croque-mitaine de la construction communautaire ; on retient volontiers ses réticences à l’égard de l’intégration européenne, et son célèbre « I want my money back », ou encore son scepticisme à l’égard de la monnaie unique – qui finira par précipiter sa chute [2].

Pourtant, Thatcher n’était pas fondamentalement opposée à la construction européenne ; elle avait déclaré, en 1979, que l’adhésion à la Communauté économique européenne était « une bonne chose pour l’Europe et pour la Grande-Bretagne [3] ». Alors que François Mitterrand, en 1983, se disait « partagé entre deux ambitions : celle de la construction de l’Europe et celle de la justice sociale. [4] », la « dame de fer » ne s’embarrassait pas de tels scrupules : pour elle, l’Europe apparaissait comme une opportunité à saisir pour mettre en place le libre-échange et de garantir la concurrence.

A bien des égards, la politique économique de Thatcher a servi de modèle pour la mise en place du « marché unique ». On exagère souvent les différends qui l’ont opposée à Delors sur la question de l’intégration européenne ; on oublie que le français n’aurait pas pu accéder à la présidence de la Commission sans l’aval de Thatcher, qui l’avait préféré à Claude Cheysson, l’ancien ministre des relations extérieures de François Mitterrand [5].

En jetant son dévolu sur un des artisans du « tournant de la rigueur » en France [6], Maggie a indéniablement misé juste : le libre-échange et la concurrence seront bel et bien au programme du « marché unique » prescrit par la Commission Delors. Deux précautions valant mieux qu’une, c’est le commissaire thatchérien Arthur Cockfield qui sera en charge d’en rédiger le script (le livre blanc « compétitivité et emploi »). Un ouvrage très largement inspiré par le plus puissant groupe d’intérêt européen, la Table Ronde des Industriels européens (ERT) [7]…

Mais l’influence du thatchérisme au sein de la Commission européenne ne s’arrête pas avec la Commission Delors. Elle se prolonge… jusqu’à nos jours. Comme en témoigne la déclaration du travailliste Peter Mandelson, futur commissaire au commerce de la première commission Barroso, qui s’exclamait dans une tribune libre publiée en 2002 par le Times : « Nous sommes tous des thatchériens ».

- Les prémisses : Davignon, le « parrain »

Si la présidence Delors a véritablement marqué l’entrée de plain-pied de la Commission dans le néolibéralisme, de bien illustres prédécesseurs avaient déjà préalablement préparé le terrain. Bien qu’on ne puisse pas véritablement le qualifier de « thatchérien », le Vicomte Davignon, véritable homme fort de la Commission entre 1977 et 1984 [8], a indéniablement su s’attirer les faveurs de la « dame de fer ». Elle qui s’opposait à sa nomination à la Présidence de la Commission en 1979, elle n’y verra plus guère d’inconvénient quatre ans plus tard [9].

Et pour cause, comme nous l’avons déjà mentionné dans un article précédent, le bilan du Vicomte avait de quoi faire fondre la plus endurcie des dames de fer. Davignon comptait à son actif la liquidation de la sidérurgie européenne (le « Plan Davignon »), ainsi que la création, avec son collègue François-Xavier Ortoli, du plus puissant groupe d’intérêt européen : la Table Ronde des Industriels européens. Celle-ci jouira d’une influence considérable sur la Commission – influence qui ne sera jamais démentie [10]. Finalement, Mitterrand préfèrera Delors à Davignon, qui sera choisi, grâce à ses connaissances dans les milieux financiers, à la tête de la Société Générale de Belgique .

- En route vers le marché unique : Delors, Cockfield et Sutherland

La Commission Thorn avait subi de plein fouet la crise liée à la question de la participation britannique (le fameux « I want my money back »). Les affaires commencent véritablement avec l’arrivée de Delors aux commandes.

Entré à la Société Générale de Belgique, Davignon n’a pas disparu de la scène européenne pour autant. Il siège à la Table Ronde des Industriels, et s’intéresse tout particulièrement aux travaux futurs de la Commission Delors. Entre lui et le nouveau Président de la Commission, l’entente est plus que cordiale. « Delors était un ami d’avant et il n’est pas devenu un moins grand ami après [11] » précisera Davignon.

Jacques Delors reprendra dans son premier discours officiel les grandes lignes du rapport « Europe 1990 » publié en 1985 par la table ronde : un programme ambitieux sur cinq ans visant à faire tomber les barrières commerciales, harmoniser les réglementations et abolir les frontières fiscales. Outre l’appui cordial du Vicomte belge, Delors peut compter sur Arthur Cockfield, fidèle de Margaret Thatcher, auquel est dévolu le portefeuille stratégique du marché unique, des finances et de la fiscalité.

Cockfield se vantera, à peine quelques mois après son arrivée à Bruxelles, d’avoir rédigé le pavé que représente le Livre blanc « compétitivité et emploi ». Celui-ci identifie plus de 300 barrières commerciales ; il deviendra la base de l’Acte unique européen. En fait, le livre blanc reprenait très largement un travail déjà réalisé par la Table Ronde des Industriels… ainsi que les objectifs prescrits par le groupe d’intérêt [12].

Outre Delors, Cockfield et l’ERT, Maggie peut compter sur un commissaire acquis au néolibéralisme : Peter Sutherland, le commissaire irlandais à la concurrence. Il s’occupera notamment, lors de son mandat, d’entamer la libéralisation du marché du transport aérien, des télécoms et de l’énergie. En charge de l’éducation, il signera également les débuts du programme ERASMUS.

- Fortunes et infortunes des thatchériens de la Commission

En 1989, le marché intérieur a déjà bien avancé. Les barrières commerciales tombent une à une. Au sein de la Table Ronde des Industriels, on parle déjà de la prochaine étape : la mise en place d’une monnaie unique. L’idée semble en effet pleine de promesses : « Si l’on supprime la devise nationale comme soupape de sécurité, les gouvernements devront se concentrer sur les changements concrets à effectuer pour devenir plus compétitifs : impôts plus bas, flexibilité du marché du travail et cadres réglementaires plus favorables à l’industrie [13] » se réjouit rétrospectivement un économiste à gage dans Business Week. Afin d’en faire la promotion, un sous-groupe est créé : l’Association pour une Union Monétaire Européenne (AUME), qui sera dirigée notamment par Davignon et Ortoli – les deux anciens commissaires européens à l’origine de l’ERT.

Mais la monnaie unique n’est pas au goût de Maggie, légèrement échaudée par l’importance croissante des prérogatives de la Commission européenne. Celle-ci lui semble menacer la souveraineté de la Grande-Bretagne. Elle rappelle Cockfield, qui, le temps de son séjour à Bruxelles, est devenu un européen un peu trop convaincu à son goût. Il a effectivement bien intégré les us et coutumes du microcosme bruxellois : le vieux bonhomme enfile ses pantoufles et fait tranquillement fructifier son carnet d’adresse auprès de la société de conseil KPMG, puis devient président du think-tank European trust.

Peter Sutherland, quitte lui aussi la Commission. Il connaîtra une carrière particulièrement spectaculaire. Il rejoint la banque irlandaise AIB, avant de devenir président du GATT, prédécesseur de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Il y jouera un rôle considérable dans les négociations commerciales de libéralisation de l’Uruguay Round, et dans la création de la toute nouvelle OMC dont il sera le premier président. A ce titre, Mickey Kantor, secrétaire d’Etat américain au commerce sous Clinton, l’aurait crédité d’être le « père de la mondialisation ».

Aujourd’hui, il préside BP (British Petroleum), Goldman Sachs International (une filiale de Goldman Sachs), ainsi que le think-tank European Policy Centre [14]. Il figure également dans les petits papiers de la Commission Trilatérale et du groupe Bilderberg… Bref, c’est un homme occupé.

Le nouveau commissaire proposé par Thatcher, Leon Brittan, remplace Peter Sutherland à la concurrence. La chute de la Premier-ministre brittannique le 28 Novembre 1990, un an après sa nomination à la Commission, n’aura pas vraiment d’incidence sur la suite de sa carrière : il restera presque dix ans à Bruxelles, et y gagnera la reconnaissance de ses pairs. « L’un des plus importants avocats du marché libre de la décennie [15] » dira Renato Ruggiero… qui n’est autre que le successeur de Peter Sutherland à la tête de l’OMC.

La seconde Commission Delors marque paradoxalement le début d’un âge d’or du néolibéralisme à Bruxelles et plus généralement en Europe, au moment même où le leadership de la « Dame de fer » sur la scène politique britannique s’achève. Cet âge d’or durera jusqu’à nos jours. Les meilleurs commis de Thatcher, Sutherland au GATT puis à l’OMC, et Brittan, à la Commission, se chargeront de mettre en application le credo thatchérien - selon lequel l’Europe doit être un outil pour mettre en place le libre-échange et garantir la concurrence. Avec le soutien bienveillant de l’ERT et des milieux d’affaires.

Face à la force de frappe de la contre-révolution néolibérale, de courageux travaillistes et socialistes – comme Peter Mandelson, ou Pascal Lamy – rejoindront avantageusement le camp des plus forts, prenant en marche le train du PP€ (parti de la presse et des euros) qui file à toute allure sur les rails de la dérégulation et du libre-échange.

Bienvenue dans les années 90…

Julie Morange et Eric Scavennec

[1] Quand deux directeurs généraux cachent la forêt, Le Soir, 11/12/2005 : http://archives.lesoir.be/quand-deu...

[2] La démission de son ministre Geoffrey Howe, en protestation à la politique européenne menée par Thatcher, marquera en effet la fin du leadership de la dame de fer sur la politique britannique.

[3] 30 novembre 1979, Margaret Thatcher : « I want my money back », le Monde, disponible ici : http://dessousdebruxelles.ellynn.fr...

[4] Cité dans Libération, de Sartre à Rotschild, 2005, Raisons d’agir

[5] 30 novembre 1979, Margaret Thatcher : « I want my money back », le Monde, disponible ici : http://dessousdebruxelles.ellynn.fr...

[6] L’Europe sociale n’aura pas lieu, p.92

[7] voir Fakir, "Jacques Delors, l’homme des firmes" : http://dessousdebruxelles.ellynn.fr...

[8] « Le vice-président Davignon a virtuellement dirigé la Commission Thorn, avec les autres "barons" – Haferkamp, Natali et Ortoli » explique Franz Fischler ancien commissaire européen. (Le Soir, 10/04/2007)

[9] Le Soir, Homo Europeanus, 10/04/2007, http://archives.lesoir.be/t-2007100...

[10] voir Fakir, "Jacques Delors, l’homme des firmes" : http://dessousdebruxelles.ellynn.fr...

[11] Etienne Davignon, entretiens avec Michel Dumoulin (1998), disponible sur le site de l’European University Institute : http://wwwarc.eui.eu/int/bin/List_a...

[12] CEO, Europe Inc., Agone, 2005 p.62

[13] Ravi Bulchadani, cités in « The Euro – Special Report », Business Week, 27 avril 1998

[14] Biographie de Peter Sutherland sur le site de la Commission Trilatérale : http://www.trilateral.org/membship/...

[15] CEO, Europe Inc., Agone, 2005

II

Les années 90… Années fastes de la dérégulation et du libre-échange. Le départ de Margaret Thatcher, qui tire sa révérence en Grande-Bretagne, marque le commencement d’une décennie qui verra l’influence de sa doctrine atteindre son apogée. Sous l’influence du président de la Commission Jacques Delors et de ses amis de la table ronde des industriels (ERT), Bruxelles est devenu le bastion du néolibéralisme ; on y croise ses plus prestigieux hérauts. S’il ne fallait en citer qu’un, ce serait Sir Leon Brittan.

Les hommes de main de la dame de fer (2)

Figure emblématique de la Commission des années 90, Leon Brittan a indéniablement marqué la décennie de son empreinte libre-échangiste [1]. Préféré à Arthur Cockfield par Thatcher, il est nommé en 1990 au poste stratégique de commissaire à la concurrence. Brittan est un ami et soutien de longue date de Margaret Thatcher. Nommé secrétaire à l’intérieur en 1983 puis à l’industrie en 1985, il rendra sa démission suite à l’affaire Westland : le jeune ministre était accusé d’avoir fait pression pour que le fabricant d’hélicoptère anglais Westland, lourdement endetté, soit racheté par une firme américaine plutôt que par un consortium européen [2].

Brittan éprouve une fascination pour les Etats-Unis, et le libéralisme à l’américaine promu par le président Reagan. A ce titre, l’affaire Westland n’est pas du tout anecdotique. Il est par ailleurs un thatchérien convaincu, et partage la vision européenne son mentor, considérant l’Union européenne comme un outil pour mettre en place le libre-échange ; au vu de son parcours, on peut gager que Brittan ne décevra pas les attentes de la dame de fer.

Dès 1991, à l’occasion du « round » de libéralisation du GATT – précurseur de l’organisation mondiale du commerce (OMC) – il annonçait la couleur en clamant haut et fort : « Je suis un libre-échangiste dans l’âme et en tant que tel je souscris pleinement aux principes sur lesquels repose la Communauté européenne. »

Sous son impulsion, l’Union européenne va devenir le fer de lance de la libéralisation des échanges mondiaux. « Secteur après secteur, la Communauté démantèle les barrières tarifaires et non tarifaires » explique-t-il. L’objectif ? Rivaliser, voire faire encore mieux que les Etats-Unis. « Nous créons actuellement un marché unique fondé sur une philosophie libérale qui rivalise avec celle des Etats-Unis. D’ailleurs, dans de nombreux secteurs, tels les services financiers, la Communauté européenne a ouvert ses marchés bien plus que les Etats-Unis. [3] »

Et s’il le faut, Brittan va jusqu’à la confrontation avec les représentants des Etats membres. Ce fut le cas au sujet du pré-accord sur les questions agricoles signé en 1992 par la Commission avec les Etats-Unis. Brittan refusa d’accéder à la demande de la France de rouvrir les négociations bilatérales avec les américains sur cet accord – signé à la va-vite, sans consultation des Etats membres. « Comme si un ambassadeur de France refusait d’obéir aux ordres du Quai-d’Orsay : inconcevable [4] » s’exclame avec une certaine admiration le Nouvel Observateur

Brittan dispose d’un allié de choix en la personne de Peter Sutherland, son prédécesseur, devenu président du GATT. Les deux compères joueront un rôle considérable dans les négociations commerciales de libéralisation de l’Uruguay Round ; celui-ci aboutira à la création de l’OMC dont Sutherland sera le premier président.

Véritable homme fort de la Commission Santer (1995-1999) au sein de laquelle il est nommé aux relations extérieures, Brittan sera en charge de la négociation à l’OCDE de l’accord multilatéral sur les investissements de 1995 à 1998. L’AMI A ce titre, il expliquait « l’investissement est une chose désirable et désirée… Quoi qu’il en soit, il arrive encore parfois que les gouvernements le considèrent comme une menace parce que l’investissement libre et direct limite la capacité des administrations à contrôler et mettre en forme le destin économique de leurs pays. C’est un prix bien faible à payer pourtant pour laisser les décideurs du secteur privé générer des avantages économiques dans le monde entier. Mais c’est un prix que certains gouvernements dans certains secteurs hésitent encore à payer. C’est une tragédie. [5] »

Mais l’influence de Brittan ne s’arrête pas aux enceintes des négociations multilatérales de libéralisation. Il œuvre très particulièrement pour la mise en place d’un marché transatlantique entre les Etats-Unis et l’Europe. Il est l’instigateur du Transatlantic Business Dialogue (TABD) [6]. Il en expliquait la teneur : « Avec le gouvernement américain, nous avions demandé aux hommes d’affaires des deux côtés de l’Atlantique de se rassembler pour voir s’ils pouvaient parvenir à un accord sur les prochaines actions à entreprendre. S’ils y parvenaient, les gouvernements auraient du mal à justifier leurs réticences. Le résultat fut spectaculaire. Dirigeants industriels européens et américains demandèrent d’une seule voix une plus grande et plus rapide libéralisation du commerce. Et cela a eu un effet immédiat. [7] »

Outre le libre-échange, le TABD a le bon goût de promouvoir l’implication du monde des affaires dans les prises de décision au plus haut niveau - le second cheval de bataille de Brittan :. « Au fur et à mesure que les multinationales et les institutions financières deviennent des acteurs de plus en plus importants, elles doivent également prendre conscience de leurs responsabilités. Nous devons continuer à approfondir de nouvelles façons de faire participer les dirigeants du secteur privé aux discussions concernant les priorités en matière de politique économique internationale. Le TABD est un forum au sein duquel nous commençons, avec succès, à mettre ce principe en pratique. [8] »

En charge des négociations à l’OMC, notamment sur l’accord de libéralisation des services financiers, Brittan s’appuiera très largement sur les conseils généreux et désintéressés d’un lobby qui rassemble les plus grands acteurs de la finance, le Financial Leaders Group (FLG). L’accord revêtait une importance stratégique, puisqu’il traitait de l’accès aux marchés émergents pour les banques et autres acteurs financiers. Brittan expliquera qu’il a « apprécié le travail du FLG particulièrement dans le sprint final des dernières séances de négociation à l’OMC sur les services financiers en 1997 » avant d’ajouter : « Cela démontre combien il est important que les entreprises soient impliquées au plus haut niveau [9] ».

L’œuvre de Brittan sera particulièrement appréciée des connaisseurs. Renato Ruggiero, le successeur de Peter Sutherland à la tête de l’OMC, dira de lui qu’il fut « l’un des plus importants avocats du marché libre de la décennie ». Son travail sera également apprécié dans les milieux financiers ; lorsque la Commission Santer démissionne à la suite à un scandale de corruption en 1999, Brittan rejoint la banque d’investissement américaine Warburg Dillon Reed, filière du géant bancaire suisse UBS [10]… Qui se trouve être un membre actif du FLG. Fort de son CV en béton, il fera son chemin dans le monde de l’industrie et de la finance européenne, et nommé directeur d’Unilever, tout en continuant ses activités de consultant pour un cabinet de conseil de la City, Herbert Smith.

Côté affaires, il n’a cependant pas fini de plaider pour la cause des marchés libres. Le 7 février 2001, l’ancien commissaire va prendre d’un groupe de haut niveau du International Financial Services London (IFSL), un lobby représentant l’industrie financière britannique. « Quand j’étais commissaire européen en charge des négociations commerciales, j’ai invité les dirigeants des grands groupes à s’y impliquer. Maintenant que je suis dans le privé, je suis particulièrement heureux de prendre la présidence de ce groupe de haut-niveau [11] »

Il devait sa nomination à la présidence de ce groupe à son ami et allié Andrew Buxton, qu’il avait rencontré lorsque celui-ci était président de la banque Barclays… Et porte-voix du FLG auprès du commissaire européen en charge des négociations de l’Uruguay Round. Plus tard, Brittan proposa à Buxton de s’inspirer des succès du FLG pour mettre en place le European Services Forum (ESF) qui devait « militer » pour la libéralisation des services [12].

Après avoir pris son poste de président du comité de l’IFSL, Brittan écrit, à propos de la protestation croissante contre l’OMC et les institutions internationales au sein de la société civile : « La voix du monde des affaires doit se faire un entendre par-dessus le bruit généré par les autres sources, qui menacent la santé de l’édifice [13] ». Le débat démocratique ? Un « bruit », qui parvient encore sporadiquement à contrarier Brittan et ses amis décideurs du monde des affaires et de la finance.

Julie Morange et Eric Scavennec

[1] Leon Brittan : Britain has made the EU more liberal, Independent, 14 juillet 2003 : http://www.independent.co.uk/opinio...

[2] http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/...

[3] Le 15 janvier 1991, dans le cadre des négociations de l’Uruguay Round, Leon Brittan, commissaire européen à la concurrence évoque les difficiles négociations entre les États-Unis et la Communauté européenne concernant le dossier de la politique agricole commune (PAC). (source : http://ena.lu)

[4] La négociation du GATT ; Sir Leon fait de la résistance, Nouvel Observateur, 22 septembre 1993

[5] Cité par CEO dans Europe Inc (p241)

[6] L’AMI nouveau va arriver, Monde Diplomatique, mai 1999 : http://www.monde-diplomatique.fr/19...

[7] Cité par CEO dans Europe Inc (p221)

[8] Cité par CEO dans Europe Inc (p220)

[9] Lord Brittan of Spennithorne, Liberalising World Trade : Why Business Must Make Its Voice Heard, IFSL World, Edition 1, Spring 2001, http://www.bi.org.uk/html/2001.html

[10] Lord Brittan, "The WTO : why it matters for business", speech at Herbert Smith seminar ’Using the law to break down trade barriers’, 24 October 2000 : http://www.herbertsmith.co.uk/crede...

[11] Former Trade Commissioner Now Lobbies for Services Industry, Corporate Europe Observatory, http://archive.corporateeurope.org/...

[12] GATS : "First and Foremost for the Benefit of Business", CEO fact sheet, May 2000 http://www.xs4all.nl/ ceo/gatswatch... et L’idée de Brittan, Attac France http://www.france.attac.org/spip.ph...

[13] Lord Brittan of Spennithorne, Liberalising World Trade : Why Business Must Make Its Voice Heard, IFSL World, Edition 1, Spring 2001 http://www.bi.org.uk/html/2001.html

http://dessousdebruxelles.ellynn.fr/spip.php?article129

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