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07/07/2010

Autour de la notion de "développement durable"

S. Portejoie

L’idéologie contemporaine se donne la plupart du temps l’apparence d’un simple constat, d’un simple « bon sens », unique, irrécusable, de l’ordre des choses. Ce ne serait pas la pensée qui serait unique, ce serait la réalité. Cette idéologie se reconnaît souvent dans des tics de langage (la langue automatique) que tout à chacun va utiliser sans s’en apercevoir, étant ainsi le jouet ou le produit d’intérêts politiques et commerciaux, subordonnés à la recherche du profit de quelques-uns. C’est la pensée dominante qui nous domine au profit des dominants. Il me semble que l’expression « développement durable » participe pleinement à ce mécanisme.

Autour de la notion de « Développement durable »

L’expression « développement durable » envahissant les écrits de toutes sortes, les écrans télévisés, les supermarchés, les multinationales « éco-responsables » ainsi que les programmes verdissants de tous les partis politiques, et par ailleurs ayant retenu de Friedrich Engels et de Karl Marx que « les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante » [1], je me suis posé la question de savoir si cette expression ne faisait pas partie de l’arsenal du « lavage de cerveaux en liberté » dont fait allusion le linguiste et philosophe Noam Chomsky dans un entretient accordé à Daniel Mermet pour le Monde diplomatique » [2].

L’association de deux mots

S’agissant du développement, il faudrait préciser de quel développement il s’agit : de production de marchandises, des techniques, du bien être social, de l’égalité, de la liberté de décider et d’agir. Dans un système voué intégralement au capitalisme, il peut s’agir tout simplement du seul développement des profits. Ne parle-t-on pas aujourd’hui de capitalisme vert.

Pour le durable, il prête à ironiser : jusqu’à quand ? En effet, la matière est en perpétuelle évolution et les circonstances dans lesquelles se fait cette évolution changent constamment. Ces circonstances sont conditionnées par l’activité humaine, mais pas seulement. Pour prendre un exemple, la géologie nous apprend qu’il y a environ 120 millions d’années, le Jura actuel était recouvert en partie par une mer tropicale avec des coraux et des poissons rouges dont il nous reste aujourd’hui comme témoignage, le lac Léman, les Salines de Salins-les-Bains et la saline royale d’Arc et Senans.

Si les bipèdes du Neandertal de cette région et de cette époque avaient eu la capacité d’imaginer un « développement durable », il y a peu de chances qu’ils l’auraient échafaudé dans les conditions d’aujourd’hui.

On peut se poser la question de savoir si l’association des mots développement et durable n’est pas un oxymore puisque le développement en cours, même labellisé durable, détruit à petit à petit la planète [3], plus sûrement qu’un hypothétique réchauffement de celle-ci, dont la question reste en débat, y compris parmi les scientifiques. Ce qui n’est pas un problème en soi, puisque la controverse entre chercheurs, organisés au sein de la communauté scientifique, est un des moteurs essentiels de la construction des savoirs.

Toutefois, on pourrait à l’inverse considérer développement et durable comme un pléonasme, puisque le développement est un processus à long terme, donc durable.

Alors un oxymore ou un pléonasme, c’est bien toute l’équivoque du développement durable.

Son origine

Au tournant des années 1970, le développement du capitalisme et la détérioration de la planète amènent de nouvelles réflexions. Des catastrophes écologiques : Seveso, Bhopal, l’Amocco Cadiz, accident nucléaire de Three Mile Island aux Etats-Unis, puis de Tchernobyl en Ukraine, Exxon Valdez, Erika, etc. conduisent à une impression de catastrophisme. Des idéologues s’en emparent. Bertrand de Jouvenel pour ne citer que l’un des plus connus théorise sur une société qui mettrait en accord le marché et l’environnement. [4] La notion de développement durable fait son apparition.

En 1972, le Club de Rome publiait le rapport « Halte à la croissance », un rapport sur les limites de la croissance rédigé à sa demande par une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) dit rapport Meadows, du nom de deux de ses auteurs. Ce rapport préconise une croissance zéro et annonce l’épuisement des réserves mondiales de pétrole pour . . . 1992.

En 1987 le Rapport Brundtland, du nom de la présidente de la commission mondiale sur l’environnement et le développement, la norvégienne, Madame Gro Harlem Brundtland, précise le développement durable et ses directives ne mettent aucunement en cause le type de développement et encore moins le type de société. Il s’agit d’adapter le capitalisme par « un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

S’ensuivent des rendez-vous périodiques. Le Sommet de la Terre de Rio de 1992 marque un tournant, l’URSS est tombée [5], le capitalisme de casino fait son apparition, les grands périls qui menacent le monde ne sont plus d’ordre sociaux, mais d’ordre naturels. Il soumet un référentiel d’action : l’Agenda 21, pour dire 21e siècle [6], qui donne des conseils aux nations à partir de préoccupations environnementales qui peuvent être utiles mais qui ne tiennent absolument pas compte du social et surtout qui ne mettent pas en cause la recherche du profit. A ce sommet ce ne sont plus les politiques qui ont un mandat de leurs électeurs (plus ou moins respecté) qui parlent haut et fort, mais les grandes ONG [7], c’est la technique de « la société civile », où les responsabilités sont diluées.

Arrive le protocole de Kyoto en 1997, contre le gaz carbonique à effet de serre (CO2) qui mériterait une dissertation à lui tout seul.

En France, le Grenelle de l’environnement de 2007 est l’un des derniers avatars des environnementalistes. Sous l’impulsion de Nicolas Hulot, expert en produits financiers et de la nature à la télévision, qui a réussi l’exploit de faire signer un pacte aux politiques de tous bords, le nouveau gouvernement « surfe » sur la mode du naturel associée à l’apocalyptique ; le développement durable se renforce grâce à des subventions qui seront accordées sous certaines conditions.

Une formule perverse

Qui sait ce que veut dire la formule de développement durable ? Tout juste peut-on imaginer un autre développement (lequel ?) qui serait plus respectueux de la nature bienveillante qui nous a pourtant rappelé à plus de circonspection avec l’irruption du volcan islandais Eyjafjöll qui vient de paralyser le trafic aérien. En fait, le développement durable c’est l’auberge espagnole, tout le monde y met ce qu’il veut. C’est pour cela que le développement durable est hégémonique. Il est adopté par tous quand chacun y met ce que bon lui semble. La géographe Sylvie Brunel décrit même une formule fourre-tout et un concept glouton [8].

L’idéologie

Le développement durable place la nature au cœur de la problématique du futur, en évacuant la lutte des classes. Selon un schéma binaire des gentils et des méchants, toutes les réflexions qui s’y opposent tendent à être disqualifiées. Avec le développement durable, l’écologie est devenue un facteur de légitimation de l’ordre existant.

Avec le développement durable, il s’agit de sauver une planète idéalisée plutôt que l’humanité. C’est une nouvelle religion avec ses prêtres : des industriels, des politiques et des économistes à leur service, des communicants et quelques puissantes ONG parmi les plus médiatisées.

La notion de développement durable est souvent associée à d’autres notions, telle la démocratie participative. Ce qu’elles ont en commun, c’est de faire appel à des « experts ». S’agissant du développement durable c’est grâce à de nouvelles techniques qui seraient moins polluantes que la planète pourrait être sauvée. Avec la démocratie participative, ce sont ceux qui savent, qui viennent proposer des actions à celles et ceux qui peuvent, le cas échéant, en discuter la mise en pratique. Ce sont toujours des décisions qui viennent « d’en haut », jamais d’en bas, c’est-à-dire qu’avec le développement durable et la démocratie participative, la démocratie (directe) est bafouée. On nie au gens le droit de décider par eux-mêmes pour eux-mêmes.

Ces deux notions se rejoignent d’autant plus qu’elles sont prônées par l’OCDE qui précise : « La transparence des activités des pouvoirs publics est nécessaire pour offrir des possibilités de participation active des citoyens au débat sur le développement durable et forger un consensus sur les réformes nécessaires » [9]. On comprendra aisément qu’une organisation au service du libre échange et de la concurrence, ne serait pas une source d’inspiration du développement durable, si le développement en question était de nature révolutionnaire.

L’ancien PDG de Renault, Louis Schweitzer, l’avait bien compris lorsqu’il déclarait aux Echos en 2004 : « Le développement durable n’est ni une utopie ni même une contestation, mais la condition de survie de l’économie de marché » [10]. Le développement durable serait donc un changement écologique dans la continuité capitaliste.

Avec le développement durable, le discours catastrophique est de rigueur. Il rejoint ainsi le discours sur les retraites où la situation serait désastreuse. En 1971, le géographe Pierre Georges écrivait déjà dans son livre sur l’environnement : « Pour entraîner les masses, il faut les terrifier » [11]. A chaque fois, il s’agit de « plumer » les salariés ainsi que les classes moyennes qui devraient être toujours plus exploités. Peut-être l’avez-vous remarqué, il s’agit toujours de faire pour le bien des générations futures qui n’ont pas leur mot à dire puisque par définition, elles n’existent pas. C’est-à-dire que les générations présentes devraient payer les échecs sociaux et environnementaux du capitalisme pour les générations à venir. Il s’agit d’opposer les générations présentes aux futures. Le piège est grossier. Evidemment, on pense dans quelques sphères que l’on pourra faire avaler la même baliverne aux générations futures et ainsi de suite. Et le capitalisme survivra. Peut-être ? De toutes les façons il s’agit bien pour les dominants d’abord de profiter, ensuite qui vivra, verra ! Au fond, si la politique du développement durable aspire à la durabilité du capitalisme, elle aspire d’abord aux profits présents et immédiats pour la satisfaction de quelques-uns et au détriment de milliards d’autres [12].

Le développement durable ne se donne pas la peine d’analyser les tendances nécessairement expansionnistes du capitalisme, comme l’installation d’un système qui crée des besoins inutiles, au détriment des services utiles, si les premiers rapportent plus. Avec le développement durable, il faut dépenser . . . du développement durable.

Prenons un exemple simple pour illustrer ce propos, lorsque vous allez au supermarché, les caissières ne vous donnent plus de poches en plastique au nom du développement durable. Cependant, comme vous êtes bien obligé d’avoir un contenant on vous en propose un avec un logo vert que vous payez. Non seulement, avec le développement durable, le supermarché est dispensé avec bonne conscience de vous donner un sac, mais en plus il gagne de l’argent en vous vendant un autre sac écologiquement certifié, qui fait sa promotion gratuitement puisque son nom est marqué dessus.

II existe une expression pour caractériser l’écologie utilisée comme simple argument commercial, il s’agit du « greenwashing » où blanchiment vert [18].

De la publicité qui vous invite à remplacer votre voiture, votre mode de chauffage forcément vieux et polluant, des ampoules dites à basse consommation très controversées pour diverses raisons et qui contiennent assez de mercure pour devenir dangereuses en cas de brisure, des vélos en alliages coûteux en énergie et générateurs de déchets difficiles à recycler, de l’étiquette énergétique obligatoire sur les ampoules, les réfrigérateurs, les congélateurs, les lave-linge, les lave-vaisselle et les sèche-linge qui permet de vendre ces appareils de classe A++, la plus économe, hors de prix, quand bien même l’économie d’énergie n’est pas toujours au rendez-vous [19], à la véritable autorisation aux Etats de polluer que constitue la bourse à carbone [20], aux éoliennes qui fonctionnent de manière aléatoire, qui consomment beaucoup de béton pour leurs socles et qui sont des pièges à oiseaux [21]. Des ambiguïtés du développement durable, la liste est trop longue à énumérer.

Pour des progrès sociaux et la satisfaction de la population, maintenant, dès aujourd’hui, il s’agit bien de changer la donne tant sur les moyens de productions, lesquels, comment, pourquoi faire, leurs propriétés, que de mettre fin à la course aux profits. Si les générations présentes se portent bien, les générations futures ne s’en porteront que mieux. « La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent », écrivait Albert Camus [13].

Avec une sphère environnementaliste

La sphère environnementaliste du développement durable mythifie une nature naturelle, un jardin d’Eden primitif. Le plus souvent cette sphère est d’origine urbaine. Elle a oublié l’origine des ses arrières grands parents ruraux, qui ne rêvaient que de rejoindre la ville pour fuir les dépendances envers les caprices du ciel, le gel, le froid, la sécheresse, les tempêtes, pour se soustraire aux travaux harassants, pour éviter la misère et les maladies, espérant ainsi échapper à la certitude d’une vie des plus difficile. Aujourd’hui, lorsqu’elle en a les moyens financiers, cette sphère s’évade de la ville pour rejoindre une nature préparée à sa réception par des agences de voyages spécialistes de circuits touristiques pour apprentis explorateurs ou participe à des « Raids Nature », qui offrent des palliatifs d’aventures ou tout est balisé dans une nature sécurisée, coupée du risque, qui rapportent aux « gentils » organisateurs.

Cette sphère oublie que l’environnement dans lequel elle vit, à la ville comme à la campagne, n’est que le produit des activités humaines. L’environnement, c’est ce qui entoure l’homme et que l’homme a modifié au cours des siècles par son travail. La nature est une construction sociale.

Celui qui travaille la terre sait qu’il faut laisser reposer cette dernière pour restaurer sa fertilité, mais pas trop longtemps, car alors la « nature » reprend le dessus, c’est-à-dire une nature « naturelle » où les plantes les plus fortes, les animaux les plus forts l’emportent au détriment des autres. C’est la sélection dite naturelle, chère à l’idéologie nazie à l’origine du mythe de la régénération par le retour à la nature, reprise ensuite par Pinochet [14], avec des ronces et des végétations qui empêchent la terre de respirer et de produire ce qui est nécessaire à l’homme, à certaines espèces animales et empêchent éventuellement les balades du citadin, le dimanche aux champs.

Un exemple édifiant c’est celui des forêts. Celles dites en bois taillis ou taillis futaies qui sont peu travaillées par l’homme possèdent des arbres d’assez petite taille, utiles seulement pour le bois de chauffage et la fabrication de piquets. A l’inverse les forêts régulièrement travaillées par des sylviculteurs donnent des arbres majestueux, qui offrent le meilleur bois aux ébénistes. En France, une politique volontariste de protection et de reboisement, le plus souvent sous la direction de l’Office National des Forêts (ONF), a permis une diversité forestière de qualité.

A la Réunion, la forêt dite « primaire » est surveillée par l’ONF et entretenue par cet office pour éviter que la flore et la faune ne soient détruites.

Qu’elle soit de forêt ou de pleins champs, la nature n’est bonne pour l’homme que si elle est travaillée par ce dernier. Non travaillée, elle devient vite une jungle. Il faut simplement que le travail de l’homme ne dépende pas des industries de l’agrobusiness et des spéculateurs en tous genres (banques, assurances, fonds de pension et autres actionnaires), qui n’ont cure ni de ce qui se fabrique, ni de la façon dont on opère. Ils ne s’intéressent qu’aux retours sur investissement, désormais avec un pourcentage à deux chiffres.

Enfin, pour une nature travaillée, moins dépendante du chimique, des énormes engins et tracteurs qui tassent la terre et favorisent le ruissellement, cela suppose une autre logique économique avec un peu plus de personnels, et ainsi éviter la monoculture qui favorise l’usage intensif des pesticides, de même que la perte de la diversité animale et végétale. Hors, malgré (ou à cause de) la politique du développement durable, le secteur agricole de la seule Union européenne a chuté, selon une étude de l’Office des statistiques Eurostat, de 25 % entre 2000 et 2009, soit une perte de 3, 7 millions d’emplois à temps plein [15]. Cette situation profite à de grands domaines dont l’agriculture dite intensive protège l’environnement comme le bitume protège la peau et les poumons de celui qui le travaille [16]. Ceci permet à l’UE d’affirmer que le revenu par agriculteur augmente.

Le politiquement correct, le poids du consensus et du soi disant modernisme

Le développement durable est le triomphe du consensus. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, nous vivons sur une même planète, il s’agit de la sauver et de faire taire des divergences pour une œuvre oh combien plus importante que l’emploi, la misère, les retraites, le pouvoir d’achat ou les populations déplacées au nom du soi-disant bien commun [17].

Le développement durable, est la « niche » hétéroclite de militants associatifs et de politiques partisans d’un monde meilleur et de courants partisans que du pouvoir et du porte-monnaie. Parmi les premiers, on peut y trouver les meilleures intentions, mais orphelins de solutions politiques consistantes, ils trouvent de la sorte un moyen de satisfaire leur « bonne conscience » en se donnant l’illusion de « faire quelque chose de positif ». Toutefois, ce refuge, dans sa contradiction, n’a pas que des aspects négatifs, il permet de faire avancer des considérations qui complètent une vision progressiste de la société.

Beaucoup s’inquiètent en France de l’échec du Grenelle de l’environnement. Il n’y a pas d’échec concernant le développement durable car au crédit du gouvernement on peut mettre d’importantes largesses financières. Les subventions pleuvent facilement concernant les agro carburants [22], l’isolation des bâtiments ou les véhicules électriques. Les Communes de gauche comme de droite, les régions font toutes du développement durable et s’en félicitent mais si on y regarde de plus près on voit que ces aides sont plus profitables d’abord à certains secteurs industriels qu’à la planète. Si en plus, on considère que le gouvernement n’a pas en caisse un seul euro de ces subventions, il faut bien qu’il emprunte aux marchés financiers [23]. A l’arrivée le remboursement des emprunts sera bien plus coûteux pour les contribuables que ne l’affirment les communicants. Résultat, c’est la dette qui va être durable. Bien commode pour expliquer qu’il nous faut faire de nouveaux trous à la ceinture pour la serrer de plusieurs crans [24].

L’aspect « moderne » du développement durable ne compte pas aussi pour rien dans sa notoriété. En effet, les élus des communes, des départements, des régions, consensus aidant, s’ils n’ont plus peur d’être pris de gauche ou de droite (surenchère) comme on disait autrefois, ont une peur bleue d’être considérés comme ringards, de ne pas être « modernes », alors c’est à ceux qui en feront le plus pour l’écocitoyenneté, le développement durable, et la participation. L’écart grandit sans cesse entre les plus riches et les plus pauvres [25]. Les élus de proximité savent pertinemment que la lutte des classes est à son apogée au détriment des plus pauvres qu’ils reçoivent quelquefois dans leurs permanences, mais ils restent peu expressifs sur la question lorsqu’il s’agit des discours et des actes, se contentant trop souvent de déshabiller Paul pour habiller Pierre ou l’inverse.

On le voit bien avec certains de ces politiques qui critiquent le Grenelle parce qu’il n’aboutirait pas à faire payer par tout un chacun les taxes carbones tant réclamées par les « experts » [26]. Ceux là ne s’inquiètent guère du pouvoir d’achat de leurs administrés. Mais il est vrai que selon le développement durable, moins on achète, moins on pollue. Et puisque on peut faire de l’argent avec de l’argent, pourquoi se préoccuper des richesses réelles ?

Les leçons de l’histoire récente

Force est de reconnaître que le développement du capitalisme a coïncidé avec le développement des techniques. D’abord la lutte des idées (en gros à la fin de règne de Louis XIV pour la France et la philosophie dite des lumières), les révolutions et les luttes sociales ont permis que les connaissances remplacent les illuminations divines. Le capitalisme naissant s’est emparé de ces connaissances pour enrichir une bourgeoisie « éclairée ».

Au 20e siècle les techniques ont progressé plus vite qu’au cours des millénaires précédents. La concurrence avec son corollaire, la recherche du profit, a colonisé la planète. Des régions entières ont été dévastées pour la recherche pétrolifère, de l’or, de l’uranium, des diamants, du cuivre, de la bauxite, etc. Des guerres ont contaminé des régions pour des centaines d’années. Au Vietnam, la dioxine de l’agent Orange (herbicide défoliant) créé par la multinationale Monsanto tue toujours [27]. Des forêts, pourtant garantes d’un bon équilibre de la planète sont arrachées au profit de cultures à fort rendement financier. De plus, ces forêts sont souvent victimes des autoroutes qui les traversent et des camions toujours en augmentation à l’origine des pluies acides.

Les aliments ainsi que le circuit alimentaire polluent aussi la planète, donc les espèces qui vivent dessus, donc les hommes. En France, qui ne connaît pas un propriétaire de vergers qui vend aux intermédiaires des marchés mais qui fait pousser à distance respectable de ses autres plantations un pommier, un poirier, un pécher, un abricotier pour son usage personnel ? C’est dire que ces professionnels ne se font guère d’illusion sur la qualité des produits qu’ils vendent, car ils savent bien le nombre de bidons de produits chimiques divers qu’ils déversent sur leur production et que l’innocuité de ces produits n’est pas, selon eux, garantie. A l’inverse d’autres producteurs, moins nombreux, faisant pousser en essayant de prendre en compte les intérêts environnementaux et la santé des acheteurs de leurs produits, se trouvent souvent devant des difficultés financières inextricables lorsque ce n’est pas tout simplement traînés devant la justice par l’agrobusiness pour n’avoir pas utilisé les produits des firmes capitalistes [28].

Hors les grandes exploitations, seules quelques filières « bio » arrivent encore à s’en sortir en évitant les intermédiaires par le biais des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) aux prix d’une durée de travail hebdomadaire fort longue et en créant des Coopératives d’Utilisation du Matériel Agricole (CUMA). Jusqu’à quand ?

Pour ne prendre que l’exemple français, l’agriculture exporte mais est incapable de nourrir les habitants du pays. La production française pollue en s’exportant et la nourriture des français pollue en l’important. L’amélioration des techniques (réfrigération, avions) permet que les produits de consommation courante qui pourraient pousser en France proviennent pour la plupart d’Afrique, d’Amérique du sud ou d’Asie [29], alors que les habitants des ces continents sont des millions à être sous alimentés [30]. La technique utilisée par le capitalisme permet le profit qui rend malade et tue. Le capital n’a ni patrie, ni principe, ni dogme ; seul compte sa rentabilité financière.

Une chance inouïe s’est présentée pour l’humanité, c’est celle d’un camp socialiste qui pouvait utiliser les techniques à d’autres fins que le profit. L’aspect autoritaire de ce socialisme couplé à une approche concurrentielle avec le capitalisme sur les bases de ce dernier (on fait les mêmes choses, mais en plus fort), n’ont pas permis de déceler une différence dans l’aspect environnemental de ces deux systèmes. C’est bien dommage !

L’ordre du jour, la sortie du capitalisme

Plus généralement, à travers cette réflexion sur le développement durable, la question posée n’est pas originale (tout le monde se la pose), elle se multiplie par trois : d’où venons nous, où sommes nous, où allons nous ?

N’ayant pour seule assurance que celle de dire que le capitalisme n’est pas l’avenir de l’homme, mais que non combattu, il pourrait être à l’origine de la fin de l’humanité, puisque pour la première fois dans l’histoire de celle-ci, les techniques permettent de détruire autant que de construire. C’est dire l’importance de leur utilisation. La question de la sortie du capitalisme est donc posée. Le consensus n’est pas à l’ordre du jour.

Nous l’avons vu le concept de développement durable est pour le moins controversé. De nature impérialiste, il impose et, puisque c’est la planète qu’il faut sauver, il milite pour la mondialisation et pour une gouvernance mondiale [31], comme si les peuples ne comptaient pas et que seule la nature au service des plus riches compterait avec des parcs dits naturels, c’est-à-dire une nature sous cloche.

Cette démarche marque la continuité du tout individuel, c’est à chacun de prendre les dispositions adéquates, qui ont été définies dans un « sommet » d’experts autoproclamés, pour défendre les générations futures. C’est l’individualisme opposé à la démarche collective et aux peuples qui ne savent pas. C’est la société civile remplaçant la politique et la démocratie. C’est l’opposition entre le présent et l’après.

Le développement durable est au service des structures capitalistes et complémentaires à celles-ci. Dans l’Union européenne, comme pour le développement durable, il s’agit à partir d’intérêts financiers « supérieurs » de faire payer la crise du système aux plus pauvres. Le FMI et la BCE [32] deviennent des autorités au dessus des peuples. La logique est à chaque fois la même ainsi que l’argumentation et c’est toujours pour faire des profits.

On peut considérer que le capitalisme est à la fin d’un cycle, qu’il est au bout du rouleau, qu’il a atteint une limite, qu’il ne survit que par des subterfuges où l’économie réelle devient un appendice des bulles spéculatives, qu’il a fait la démonstration du danger qu’il représentait pour les hommes et … pour la nature. Ce n’est pas son bilan qui nous contredira avec ses famines, ses guerres mondiales, ses guerres coloniales, ses guerres liées aux richesses à conquérir et ses crises politiques et financières, la somme des pertes, pour l’environnement, pour les sociétés qu’il a engendrées. Si le seul bien, c’est celui qui permet d’obtenir pour les personnes et les peuples une vie rationnelle et intelligente, alors le capitalisme est hors jeu.

Comme le capitalisme a succédé au féodalisme, le temps est venu d’une autre société qui va succéder au capitalisme. Toutefois, comme il n’y a pas de déterminisme en politique (le passé nous a appris que cette vision est mortifère), si le pire n’est jamais certain, il est toujours possible, comme son contraire, et c’est le contraire qui nous intéresse avec une vision optimiste du futur, le plus proche possible.

Donc, si la possibilité de la fin du capitalisme est réelle, pas son inéluctabilité à court terme si la thèse du développement durable parvenait à l’emporter, puisque ce concept n’existe que pour porter le capitalisme plus loin dans le temps, tout en maintenant un taux important d’augmentation du capital financier.

Bien entendu, le capitalisme ne met pas tous ses œufs dans le panier du développement durable et il a l’art de créer assez de brume pour embrouiller, pour détourner l’attention pour arriver à ses fins. En définitive, de diviser pour régner.

Dans les sociétés occidentales, on peut exclure une sortie du capitalisme par le haut. Un politique français, un peu oublié aujourd’hui, Léon Bourgeois, prix Nobel de la paix en 1920, partisan du solidarisme, avait coutume de dire : « Les partis sont toujours en retard sur les idées. ». La situation n’a pas changé. Pour ceux d’aujourd’hui, à quelques exceptions près, il leur est apparemment toujours très difficile de se projeter dans une société de l’après capitalisme. En France, ne voit-on pas avec la crise actuelle, des partis « de gauche » [33] se pencher avec compassion sur le chevet d’une Union européenne au service de la finance, malade et menacée d’éclatement, alors que par ailleurs la majorité de la population juge cette Union négativement. Le refus de vote (appelé à tort abstention) à la dernière élection des députés siégeant à Strasbourg venant confirmer certains sondages, après la victoire du Non au référendum du 29 mai 2005.

Sans tirer de plans sur la comète, tout juste peut-on penser que de nombreux soubresauts se succéderont avec des rapports transversaux des militants, d’associations et des populations qui feront converger les luttes et que les partis, qui ne semblent pas pertinents sur la question du changement, prendront (peut-être ?) le wagon en cours de route. La première étape étant vraisemblablement de se débarrasser de l’Union européenne et de sa monnaie tant chéries par les « institutionnels », pour garantir aux populations d’avoir leurs mots à dire concernant leur avenir et de mettre en place d’autres relations internationales basée sur les intérêts communs à tous.

Concernant la monnaie, une parenthèse s’impose. En ayant abandonné le droit « régalien de battre monnaie », lorsque les impôts ne suffisent pas à assurer les dépenses d’intérêt général et celles abusives des cadeaux aux plus fortunés, les politiques de l’Union européenne, qui ont choisi l’euro qui se « dollarise » de plus en plus sous l’effet de la crise financière, ont condamnés les Etats qu’ils dirigeaient à recourir au crédit privé. Par le biais de la dette publique, qui vient principalement d’une défiscalisations massive des revenus du capital [34], les Etats font ainsi servir par les contribuables une nouvelle rente aux plus riches. Il faut, en effet, emprunter chaque année pour payer les intérêts de la dette publique. Et ces emprunts entraînent une augmentation de la dette publique et donc le versement de nouveaux intérêts. C’est un système sans fin qui, en France, a rapporté ainsi, 42,9 milliards d’euros aux plus riches en 2009 sans créer un emploi. Ce poste est devenu le deuxième poste budgétaire de l’Etat, juste après l’éducation nationale. Le montant cumulé des intérêts dus aux rentiers représente aujourd’hui un tiers du montant de la dette publique française. Ainsi, la dette publique, c’est l’histoire du panier percé du capitalisme que les contribuables seraient invités à remplir. La thèse de l’augmentation de la dette, du fait de l’augmentation des dépenses publiques, est donc une thèse absurde qui n’a rien à voir avec la réalité économique, elle sert seulement à justifier la diminution des services publics et à privatiser la partie la plus « juteuse » de ceux-ci.

Ailleurs, de nouveaux rapports se dessinent déjà où la concurrence est peu à peu remplacée par la coopération et la solidarité entre les peuples avec la réappropriation des principales richesses à la collectivité [35]. Un début de socialisme. Ces rapports sont encore balbutiants, combattus avec hargne par les Etats-Unis et leurs alliés. Ils montrent une autre voie possible.

Un élément qu’il faut prendre en compte, la peur de l’absorption par le tout social peut radicaliser l’individualisme si important aujourd’hui et constituer un frein à un changement vers une société que nous pourrions dénommer socialiste. Il s’agit donc de ne pas laisser croire qu’une grande machinerie à penser et à faire devrait en remplacer une autre. Il s’agira bien de redéfinir les conditions et le rapport au travail en permettant dans et hors travail des activités autonomes dans lesquelles on pourra s’identifier. Dans le travail collectif, devra s’imposer une gestion collective et autonome et ailleurs devra se développer le « travail libéré » et non subordonné comme le font les retraités. Les retraités font souvent un travail émancipé, attaché à la personne et non à l’emploi, qui se met en œuvre dans la liberté, créant ainsi des richesses. Leur pension doit être un salaire à vie, inaliénable, sans contreparties. L’enjeu de la bataille des retraites est aussi celui du travail libéré de l’exploitation et des nuisances (36).

Pour recentrer mon propos autour du développement durable, sans doute dans une prochaine société faudra-t-il distinguer les dépenses négatives des dépenses positives. J’entends par dépenses négatives, celles qui comptent pour la croissance et qui ne servent à rien comme par exemple les réparations suite à la tempête Xynthia qui compteront dans le calcul du PIB, alors que des précautions (comme contrer les promoteurs immobiliers vantant les pieds dans l’eau) et des travaux en amont auraient permis que ces réparations n’aient pas lieu [37]. J’entends également par dépenses négatives, cette demande superficielle et inutile qui s’appuie sur la recherche émotionnelle, pour des valeurs symboliques plus que d’usages, créée actuellement par la publicité [38], machine à façonner la subjectivité des personnes dont les enfants et les adolescents sont les premières victimes, qui manipule les consciences, les désirs, les goûts et fait acheter, consommer, convoiter et qui détruit l’environnement dont il faut ensuite gérer les déchets.

Concernant les déchets justement, n’est-il pas temps de créer un service public qui aurait pour mission soit de les recycler, soit de les éliminer et non de s’en débarrasser vers les pays les plus pauvres où la main d’œuvre est moins chère, comme cela se fait le plus souvent pour les déchets lourds ?

Il faudra reconsidérer la question des recherches en agronomie indépendamment des lobbys pro ou anti OGM. Il faut se rappeler que les plantes que nous utilisons régulièrement sont le résultat de recherches, de sélections (de coupage comme ont dit parfois), de préférence hybride de 1ère génération [39] et que si la fraise sauvage est succulente, il en faut beaucoup pour remplir le panier. Même si, en cuisine, certaines variétés sauvages sont excellentes dans l’accompagnement pour leur vertu gustative, l’artichaut sauvage (Joubarbe des toits), les tomates sauvages (non comestibles dans les îles Galápagos) ou l’ail sauvage (ail des ours) n’ont absolument rien à voir avec les artichauts, les tomates ou l’ail produit par l’agriculture dite biologique.

L’amélioration des espèces par les paysans associée aux recherches agro-alimentaires peuvent aider la coopération d’en finir avec la faim dans le monde, tout juste faut-il que les laboratoires de recherches soient indépendants du financier, que ce soient des laboratoires de recherches publiques avec des finalités contrôlées démocratiquement et fonctionnant sur un mode autogestionnaire et non des laboratoires sous la coupe des marchés où des chercheurs doivent se transformer en apprentis sorciers et ne travailler que pour vendre, avec tous les risques que cela comporte. Pour une bonne recherche, il faut du temps avec beaucoup de précautions, travailler sur du long terme. Les marchés, eux, calculent sur le très court terme, c’est contradictoire.

On ne peut parler de développement durable sans aborder la question de l’eau. On sait que des pays se disputent l’eau de certains fleuves, que des multinationales (pour la plupart françaises) se disputent le marché de l’eau. L’eau potable représente environ 1 % de l’eau disponible sur terre. On sait aussi aujourd’hui dépolluer les eaux usées, voire déssaliniser l’eau de mer. Le problème est que ces techniques coûtent cher. La question se pose alors : l’eau est-elle une marchandise comme une autre ? Où existe-il un droit inaliénable à l’eau, bien public ? Le devoir de coopération ne s’impose-t-il pas ? Le même genre de questions peut être posé pour de nombreuses autres ressources.

La question environnementale est intimement liée à la question sociale et ramène toujours aux mêmes questions sociales, quelle croissance, comment et pour qui ? Plutôt des écoles et des hôpitaux que des yachts ? Plutôt au bénéfice de tout le monde qu’à celui d’une minorité avec des jardins en Afrique, d’où la population autochtone est chassée ? Plutôt des théâtres consacrés à la culture que des avions de combat consacrés à la guerre ? Plutôt des salaires conséquents que des PDG payés 3 à 5 millions d’euros à l’année ? Plutôt une alimentation pour tout le monde et de qualité qu’une alimentation élitiste pour quelques-uns ? Plutôt consommer local, régional ou national que d’importation ? Plutôt des richesses partagées que des rapports marchands ? La liste des questions est longue. En définitive, la question environnementale n’est pas celle ou l’on pourrait se permettre d’aimer un peu, beaucoup, passionnément le capitalisme, mais une question politique comme les autres et du choix de société que nous voulons.

Notes et références :

[1] Manifeste du parti communiste, dans la partie II du manifeste, p. 55, éditions sociales, 1973.

[2] http://www.monde-diplomatique.fr/20...

[3] Voir notamment le livre d’Hervé Kempf « Comment les riches détruisent la planète », Editions du Seuil, 2007 et celui de Naomi Klein « La stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre », particulièrement sa partie 7, intitulée « La zone verte mobile », Editions Actes Sud, mai 2008.

[4] Bertrand de Jouvenel : « La civilisation de puissance », Fayard, 1976 et « Essais sur le mieux vivre », Gallimard, 2002.

[5] L’Union soviétique abolit, le capitalisme se lâche, il est enfin libre de régresser jusqu’à sa forme la plus extrême partout dans le monde. Si la lutte des classes est au zénith, selon les thuriféraires du profit, le temps du compromis sous la contrainte des luttes ouvrières est dépassé, le capitalisme n’a plus besoin de « New Deals », il lui faut des nouveaux périls pour remplacer le rouge. Ainsi à la guerre contre le terrorisme s’ajoute la guerre pour le développement durable.

[6] Sous l’égide des nations unis, un site est dédié à l’agenda 21 : http://www.un.org/esa/sustdev/docum...

[7] Les grandes ONG vivent largement des fonds publics. Parmi les plus connues et les plus puissantes, ont peut citer le Fonds mondial pour la nature, mieux connu sous son acronyme anglais WWF (World Wide Fund for Nature) et son célèbre Panda qui fut créé en 1961 par un grand laboratoire pharmaceutique d’origine suisse, Hoffmann-La Roche, qui produit entre autres le Valium sous la marque Roche. A noter que l’on passe facilement du poste de responsable d’une grande ONG à celui de patron d’une multinationale et inversement.

[8] Sylvie Brunel, « le développement durable », pages 52 et 77, Editions PUF, collection Que sais-je ? 2009.

[9] OCDE Editions, « Développement durable, quelle politique ? », 2001.

[10] Rapporté par l’universitaire suisse Romain Felli dans l’avant propos de son livre : « Les deux âmes de l’écologie », Editions l’Harmattan, 2008.

[11] Pierre Georges, « L’environnement », introduction, page 7, PUF, collection Que sais-je ? 1971.

[12] Selon plusieurs études (notamment celle des économistes Etats-uniens Carola Frydman et Raven Saks ou celle du français Emmanuel Saez à l’université de Berkeley aux Etats-unis) le rapport entre ce que gagnaient les plus hauts dirigeants des 100 plus importantes sociétés américaines et le revenu moyen des travailleurs aux USA étaient stable mais quand bien même 40 fois supérieur en faveur des plus riches entre les années 1950 à 1980, pour s’envoler ensuite jusqu’à plus de 300 fois supérieur au début des années 2000. Ils notent également qu’avec un peu de retard dans tous les pays la même courbe est constatée quelque soient les modes de calcul.

[13] Albert Camus, « L’Homme révolté », Page 380, Gallimard, collection folio/essais, 1991.

[14] Pinochet prenait souvent l’exemple de la nature pour expliquer sa politique inspirée de Friedrich Hayek et Milton Friedman, « La nature nous montre la nécessité de l’ordre et de la hiérarchie », écrivait-il dans une lettre, citée par Naomi Klein dans son livre « La stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre », ouvrage déjà cité, page 102.

[15] Source Eurostat, communiqué de presse du 7 mai 2010. http://epp.eurostat.ec.europa.eu/ca....

[16] Le cancer du bitume englobe le cancer de la peau, le cancer des poumons et celui de la vessie. En date du 10 mai 2010, le concepteur de routes Eurovia a été reconnu coupable par le tribunal de Bourg en Bresse d’une faute dont l’un de ses ouvriers aurait été victime. Le cancer du bitume tend à rejoindre celui de l’amiante.

[17] L’énergie hydro hydroélectrique et la prolifération des barrages chassent des populations indigènes de leur territoire en rendant leur terre inculte comme en Ethiopie par exemple pour les peuples de la vallée de l’Omo

[18] Pour dénoncer le « greenwashing » où blanchiment vert, un nouveau site s’est créé : http://www.observatoiredelapublicite.fr/

[19] Selon Que Choisir.

[20] Une bourse du carbone est un marché de négociation et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre.

[21] Une plateforme écologique européenne s’est créée pour lutter contre les éoliennes. Voici son site en français : http://epaw.org/index.php?lang=fr

[22] Les agros carburants sont décriés par des ONG, moins médiatisées celles-là et très critiques sur le mode de production capitaliste. Le dossier « Les agro carburants : le miracle éphémère » paru dans le n° 22 d’Echo et nature de novembre et décembre 2008, sur ce sujet, est assez édifiant. Par ailleurs, selon un centre de recherche américain (Oakland Institute), en Afrique et notamment en Ethiopie, au Ghana, au Congo (RDC), à Madagascar, au Mali, au Soudan, en Guinée Bissau, au Bénin, en Sierra Leone et au Liberia, la Société financière internationale (SFI), une filiale de la Banque mondiale, achète des millions d’hectares de terre pour produire des biocarburants au détriments des populations locales qui ne peuvent plus s’auto alimenter sans bénéficier des retombées financières accaparées par leurs gouvernements. Les animaux perdent également leurs nourritures ainsi que leurs abris naturels.

[23] Les marchés financiers ne sont pas une construction immatérielle, derrière l’expression se cachent des personnes le plus souvent interconnectées au travers de services bancaires internationaux qui vendent et achètent en spéculant. L’informatique a boosté cette spéculation qui ne tient pas compte ou très peu de l’économie réelle. L’une des plus connues de ces personnes est Georges Soros qui s’est permis d’écrire un livre « La vérité sur la crise financière », alors qu’il est l’un des spéculateurs parmi les plus virulents et les plus riches sur la planète. Voir, sur l’utilisation de l’expression « marchés financiers » un article du site de l’observatoire des médias et d’Acrimed (acronyme d’« Action critique Médias ») : http://www.acrimed.org/article3382.html.

[24] La déconnexion entre l’économie financière et la production réelle permet à quelques-uns d’accumuler des milliards de dollars alors que les biens et services fournis sont des centaines de milliers de fois inférieurs ce qui autorise à dire que les dettes publiques dont on nous rebat tant les oreilles ne sont fabriquées que sur du vent, puisque c’est des sommes représentantes des richesses virtuelles qu’ont emprunté les Etats.

[25] Voir les études de Carola Frydman, Raven Saks et Emmanuel Saez (déjà cités) ainsi que l’observatoire des inégalités : http://www.inegalites.fr/

[26] Pour la temporisation en France concernant la taxe carbone, on peut s’imaginer que le poids des transporteurs routiers a plus pesé dans la balance que celui des automobilistes se rendant à leur travail.

[27] André Bouny, « Agent Orange - Apocalypse Viêt Nam », Editions Demi lune, 2010

[28] Au nom de la concurrence libre et non faussée (un marché d’ailleurs faussement concurrentiel, puisqu’il est en faveur des seules puissances économiques dominantes), les industriels de la semence font un procès à l’association Kokopelli pour concurrence illégale, voir : http://www.kokopelli.asso.fr/proces.... L’éditeur et auteur Bernard Bertrand de son coté se voit interdit de vanter les mérites du purin d’ortie sous peine de 75 000 euros d’amende.

[29] Sauf pour les fraises d’hiver qui sont « fabriquées » en Espagne (Andalousie).

[30] L’Inde exporte des céréales partout dans le monde. L’exportation de son blé a augmenté de façon assez linéaire passant ainsi de 11 millions de tonnes en 1961 à 72 millions de tonnes en 2005, pour autant plus de 200 millions de personnes y souffrent de malnutrition. Comme quoi avec le capitalisme on peut avoir un estomac vide à coté de greniers pleins à ras bord.

[31] La géographe, Sylvie Brunel (auteure déjà citée) en fait la démonstration dans « A qui profite le développement durable ? », Larousse, collection : « A vrai dire », 2008. Dans ce livre la géographe fait une description assez savoureuse de Al Gore, Gorbatchev, Schwarzenegger, Hulot et quelques autres, nouveaux gourous verts, qui ne sont pas à une contradiction près.

[32] Par exemple, les grands argentiers de la planète, dont le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, celui de la BCE Jean-Claude Trichet ou encore le financier et spéculateur Georges Soros, ainsi que le vice-président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Donald Kohn, le président du Conseil de stabilité financière (FSB) Mario Draghi, le patron de la Bundesbank Axel Weber et celui de la Banque Nationale Suisse (BNS) Philipp Hildebrand et quelques autres se sont retrouvés dans une réunion informelle, le 11 mai 2010 à Zurich, pour discuter de l’avenir de la planète. Quand les forces de l’argent s’arrogent le droit de décider pour tous (pile poil avec les théories des Chicago Boys), c’est une dictature qui ne dit pas son nom en concordance avec le développement durable qui plaide pour une gouvernance mondiale.

[33] Dans le domaine des idées et de la politique, comme dans certains secteurs commerciaux, l’étiquetage est source d’erreur car derrière les étiquettes se cachent trop souvent des produits de contrefaçon.

[34] Les communicants de l’économie ont trouvé un nouveau barbarisme : les dettes publiques sont devenues des « dettes souveraines ». C’est ridicule, parce que la dette publique n’est pas la dette du souverain, puisqu’en démocratie, le souverain, c’est le peuple, et que l’Etat n’est pas le peuple.

[35] L’Alba (Alliance Bolivarienne pour les Amérique).

[36] Sur le sujet des retraites et le travail libéré et attaché à la personne, voir le livre de Bernard Friot, « L’enjeu des retraites », éditions La Dispute, 2010.

[37] Milton Friedman, l’économiste de référence du capitalisme et de beaucoup de chefs d’Etats, chantre de l’insécurité, a préconisé une privatisation radicale des catastrophes pour faire de l’argent, non de les prévoir et lutter contre celles-ci, mais de les attendre, voire de les favoriser. Les catastrophes naturelles ou non étant dans son esprit un autre moyen, en supplément des guerres, pour stimuler un secteur économique. L’exemple récent de la gestion du tsunami au Sri Lanka et de l’ouragan Katrina en Nouvelle-Orléans, du séisme de 2010 à Haïti, vient confirmer cette thèse. Voir son livre culte, voué à la « sainte » trinité capitaliste : privatisation, déréglementation et réduction des dépenses sociales, réédité en France, « Capitalisme et liberté », Leduc.s Editions, 2010.

[38] Voir à propos de la publicité, le livre de Naomi Klein (auteure déjà citée), « No logo, la tyrannie des marques », Editions Actes Sud, 2001.

[39] Si les semences issues de croisement de 1ère génération (dites hybrides F1) renforcent et améliorent souvent les variétés, les semences hybrides de seconde génération (dites hybrides F2) sont des semences qui produisent des grains qui ne sont pas réutilisables car cette semence de seconde génération a perdu ses caractéristiques. Les semences doivent donc être rachetées tous les ans aux firmes semencières.

http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4633

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