Quatre cent quatre-vingts passagers, qui étaient à bord de la flottille pour Gaza étaient détenus, hier, dans une prison d’Ashdod, dans le sud d’Israël, tandis que 48 autres étaient en voie d’expulsion. Par ailleurs, 45 autres passagers, pour la plupart d’origine turque, étaient hospitalisés dans différents établissements.
Parmi les détenus, figure Kamal Khatib, président du Haut Comité de suivi des Arabes israéliens, la plus importante organisation de cette communauté de 1,3 million de personnes, qui a largement observé l’appel à une journée de grève générale lancée par le maire communiste de Nazareth, Ramiz Jaraisy. Un Français a été expulsé, hier, alors que, selon l’Élysée, huit autres ressortissants français étaient toujours détenus en Israël. « Nous sommes en train de devenir les pestiférés du monde entier avec cette opération. C’est un désastre moral pour Israël. »
Cette déclaration de l’écrivain israélien Amos Oz résume bien l’état dans lequel se trouvent les Israéliens au lendemain de l’attaque de la flottille humanitaire par des commandos de l’armée israélienne, qui a fait au moins neuf morts selon un décompte israélien. Tous ne condamnent pas cette opération mais tous sentent bien que la politique outrancière de Netanyahou atteint ses limites. Les États-Unis, dont la réaction a pourtant été la plus feutrée dans le monde, n’ont pas osé opposer leur veto à la résolution votée hier à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU. Celle-ci est, il est vrai, non contraignante dans sa demande d’enquête sur cette tragédie. Mais désormais est posée à haute voix la question de la levée du blocus subi par la bande de Gaza depuis trois ans.
« Si le gouvernement israélien avait tenu compte de mes appels fermes, urgents et continus en faveur de la levée du blocus de Gaza, cela ne se serait pas produit », a ainsi déclaré Ban Ki-moon, depuis Kampala (Ouganda), où il participait à la conférence de révision du statut de la Cour pénale internationale. La chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, s’est dite prête à intensifier les efforts de l’Europe en vue d’obtenir une levée du blocus de la bande de Gaza, « qui doit cesser ». Elle a aussi souligné « l’importance du rôle de l’Autorité palestinienne dans la normalisation de la situation à Gaza ». Dans ce contexte, « elle saluerait une visite du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Gaza ». Si, lors du sommet Afrique-France qui se tenait à Nice, Nicolas Sarkozy s’est dit « choqué par le nombre de morts et la violence des événements », il a pointé du doigt le « conflit israélo-palestinien qui continue et dont on ne voit pas la fin », ses explications ont paru néanmoins alambiquées. « Si les Palestiniens pouvaient se gouverner et si Israël savait qu’il pouvait vivre en sécurité avec les pays de la région, il n’y aurait pas de blocus » de la bande de Gaza. L’argument est un peu court.
Pour que le processus de paix reparte sur des bases saines, il n’y pas mille solutions : la colonisation doit cesser en Cisjordanie et le blocus de la bande de Gaza doit être levé. L’Égypte vient d’ailleurs d’ouvrir le poste frontière de Rafah afin de laisser entrer l’aide humanitaire.
Pierre Barbancey
http://www.humanite.fr/Desastre-moral-pour-Israel-desastre-humanitaire-pour-les-Palestiniens
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