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05/06/2010

De simples travailleurs auraient été licenciés sur le champ s’ils avaient foiré autant que les banquiers

Dean Baker

Le monde connaît la pire crise depuis la Grande Dépression. La crise a provoqué des dizaines de millions de chômeurs aux Etats-Unis, en Europe et ailleurs. L’énorme génération de baby boomers aux Etats-Unis, à présent proche de la retraite, a vu une bonne partie de ses biens partir en fumée avec l’effondrement de la bulle immobilière.

Il serait difficile d’imaginer un désastre économique pire que celui-ci. Les crises précédentes, comme l’inflation persistante des années 70, paraissent bien modestes comparées à la tempête qui a balayé l’économie mondiale.

Il n’y a là rien de nouveau. Les gens n’ont pas besoin d’un économiste pour leur expliquer que les temps sont durs. Cependant, ce que les gens ne se savent peut-être pas, c’est que ceux qui ont provoqué ce désastre sont toujours aux commandes. Plus précisément, il n’y a eu pratiquement aucun changement dans le personnel et aucune reconnaissance des erreurs commises par les banques centrales dont l’incompétence a provoqué cette crise.

Incroyablement, cette bande d’incompétents prétend encore détenir une infaillibilité papale et met les gouvernements et l’opinion publique en garde sur la tournure des évènements si jamais ils étaient soumis à un contrôle plus strict. Pire encore, les banques centrales et leurs complices du FMI dictent encore leurs politiques à des gouvernements démocratiquement élus. Partout leurs objectifs semblent être les mêmes : diminuer les retraites, réduire le financement public de la santé, affaiblir les syndicats et imposer aux travailleurs des diminutions de salaires.

Etant donné l’ampleur de leurs échecs, il est étonnant que ces responsables de banques centrales aient encore le culot de se montrer en public. Ils ont de la chance d’avoir encore un emploi – et très bien payé qui plus est. (Beaucoup d’employés du FMI peuvent prendre leur retraite à 50 ans avec des pensions à six chiffres.) Les travailleurs ordinaires, comme les enseignants, les ouvriers, seraient virés sur le champ s’ils avaient fait leur boulot comme les dirigeants des banques centrales.

A quoi pensaient-ils lorsqu’ils ont vu aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Espagne et ailleurs les prix de l’immobilier flamber sans raison ? Comment pensaient-ils que cette bulle allait finir ? Croyaient-ils que ces milliers de milliards allaient tout simplement disparaître sans impacter l’économie ? Ou est-ce qu’ils pensaient tout simplement que la bulle immobilière continuerait de grossir indéfiniment ?

Et que dire de ces dirigeants des banques centrales qui ont permis que l’euro soit imposé à un ensemble hétéroclite d’économies qui n’avaient pas grand chose en commun et sans aucun organisme de contrôle gouvernemental ? Pensaient-ils que les salaires et les prix allaient évoluer de la même manière en Grèce et en Allemagne ? Dans le cas contraire, quel mécanisme d’ajustement avaient-ils prévus pour lier par une même devise des économies aussi différentes ?

Eh oui, à présent de nombreux dirigeants des banques centrales affirment qu’ils savaient que l’euro, dés sa création, était une mauvaise idée. Certains ont même murmuré quelques remarques dans ce sens. Mais en 1998, les banques centrales et le FMI ne faisaient pas encore de déclarations fracassantes et n’imposaient pas encore de directives à des gouvernements élus quant à l’organisation de la zone euro où ils réclament à présent le démantèlement de l’état providence. En d’autres termes, ces banquiers ont lamentable échoué, alors pourquoi sont-ils encore en poste et pourquoi diable leur accorder-t-on encore la moindre crédibilité ?

Tout en haut de la liste des méchants dans cette histoire se trouve le FMI. Son incompétence a réussi à renverser les flux fondamentaux du capital dans l’économie mondiale. En temps normal, le capital est censé circuler des pays riches où le capital est concentré, comme les Etats-Unis et l’Europe, vers les pays en voie de développement qui ont besoin de ce capital pour leur financer leur développement. L’échec du FMI à créer un système financier international opérationnel a produit le phénomène inverse : d’énormes flux ont circulé en sens inverse. Les pauvres du monde entier ont vu leur capital migrer vers les Etats-Unis parce que le FMI ne leur a pas laissé d’autres choix.

Il est important d’être clair sur le rôle des banques centrales et du FMI dans ce désastre totalement prévisible.

D’abord pour une question de responsabilité, très important pour les économistes qui croient encore à l’économie. La théorie économique dit que si les travailleurs n’ont pas de comptes à rendre sur la qualité de leur travail, alors le travail en pâtira. Si tous ceux à la tête des banques centrales et du FMI peuvent échouer aussi lamentablement et continuer à toucher leur paie à la fin du mois comme si de rien était, pour quelle raison feraient-ils mieux la prochaine fois ?

Ensuite pour ne plus avoir à prêter oreille à des personnes qui n’ont apparemment aucune idée de quoi ils parlent. Avant de prêter la moindre attention aux propos de Ben Bernanke (Federal Reserve US), de Jean-Claude Trichet (Banque Centrale Européenne) ou de Dominique Strauss-Kahn (FMI), il faudrait d’abord que ces messieurs nous précisent à quel moment ils ne se sont pas trompés.

Nous ne pouvons plus nous permettre de laisser ces banquiers des prêts à risque aux commandes de la politique économique.

http://www.legrandsoir.info/De-simples-travailleurs-auraient-ete-licencies-sur-le-champ-s-ils-avaient-foire-autant-que-les-banquiers-Alternet.html

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