Le virus de la grippe A — anciennement grippe porcine et grippe mexicaine — est finalement moins virulent qu'on ne croyait. Le soulagement est général. A tort.
Bidonville aux Philippines (photo pilya-flickr-cc)
La pandémie. Cette épidémie planétaire qui s’étend jour après jour et n’épargne aucune région du monde, aucun pays, est là et bien là. Elle ressemble à tout ce qu’on redoutait : un virus mortel qui se propage rapidement avec la plus grande facilité. Elle tue quotidiennement et semble ne jamais pouvoir être enrayée.
Elle fait des milliers de victimes chaque jour. Elle touche des millions de personnes.
Cette pandémie, c’est l’épidémie de Sida. Chaque jour, 6000 personnes en meurent, et 7400 nouveaux cas sont découverts (dont 1000 concernent des enfants de moins de 15 ans). Le virus a fait, depuis 1981, plus de 30 millions de morts — et c’est loin d’être terminé.
Pourtant, lorsqu’on parle de pandémie, on ne pense pas au Sida. Comme s’il avait été éradiqué. Sans le Pape et son obsession prophylactique, on aurait même déjà oublié que le Sida tue encore et toujours. Sans doute parce que sur les 33 millions de personnes vivantes infectées par le VIH, 22 millions sont en Afrique subsaharienne, où 5% des adultes sont touchés. Le Sida est devenu une maladie de pays pauvres — pire : de pauvres qui vivent dans des pays pauvres.
C’est un peu ce qui risque de se produire avec la grippe A. Depuis un couple de jours, le soulagement mondial est perceptible : la grippe A est finalement moins virulente qu’on ne le craignait. « L'épidémie est entrée dans sa phase de recul », a confirmé dimanche le ministre de la Santé mexicain, José Angel Cordova. Elle ne résiste pas au Tamiflu, ni à un dépistage précoce. Mais quels sont les pays capables de fournir des antiviraux en quantité ? Et le patient qui se hâte de se rendre aux urgences de l’hôpital le plus proche à la moindre toux suspecte, de quel milieu est-il issu ? D’un milieu qui lui permet d’avoir un niveau d’information suffisant pour savoir que la grippe A existe, et quels sont ses symptômes. D’un milieu, aussi, où la consultation d’un médecin — que ce soit en ville ou aux urgences — n’est pas un luxe.
Ainsi, la majorité des personnes décédées du virus H1N1 au Mexique sont des femmes d'origine très modeste. La grippe A est donc bien plus rapide que le sida : elle est déjà une maladie de pauvres.
Marianne2 - 04.05.09
La pandémie. Cette épidémie planétaire qui s’étend jour après jour et n’épargne aucune région du monde, aucun pays, est là et bien là. Elle ressemble à tout ce qu’on redoutait : un virus mortel qui se propage rapidement avec la plus grande facilité. Elle tue quotidiennement et semble ne jamais pouvoir être enrayée.
Elle fait des milliers de victimes chaque jour. Elle touche des millions de personnes.
Cette pandémie, c’est l’épidémie de Sida. Chaque jour, 6000 personnes en meurent, et 7400 nouveaux cas sont découverts (dont 1000 concernent des enfants de moins de 15 ans). Le virus a fait, depuis 1981, plus de 30 millions de morts — et c’est loin d’être terminé.
Pourtant, lorsqu’on parle de pandémie, on ne pense pas au Sida. Comme s’il avait été éradiqué. Sans le Pape et son obsession prophylactique, on aurait même déjà oublié que le Sida tue encore et toujours. Sans doute parce que sur les 33 millions de personnes vivantes infectées par le VIH, 22 millions sont en Afrique subsaharienne, où 5% des adultes sont touchés. Le Sida est devenu une maladie de pays pauvres — pire : de pauvres qui vivent dans des pays pauvres.
C’est un peu ce qui risque de se produire avec la grippe A. Depuis un couple de jours, le soulagement mondial est perceptible : la grippe A est finalement moins virulente qu’on ne le craignait. « L'épidémie est entrée dans sa phase de recul », a confirmé dimanche le ministre de la Santé mexicain, José Angel Cordova. Elle ne résiste pas au Tamiflu, ni à un dépistage précoce. Mais quels sont les pays capables de fournir des antiviraux en quantité ? Et le patient qui se hâte de se rendre aux urgences de l’hôpital le plus proche à la moindre toux suspecte, de quel milieu est-il issu ? D’un milieu qui lui permet d’avoir un niveau d’information suffisant pour savoir que la grippe A existe, et quels sont ses symptômes. D’un milieu, aussi, où la consultation d’un médecin — que ce soit en ville ou aux urgences — n’est pas un luxe.
Ainsi, la majorité des personnes décédées du virus H1N1 au Mexique sont des femmes d'origine très modeste. La grippe A est donc bien plus rapide que le sida : elle est déjà une maladie de pauvres.
Marianne2 - 04.05.09
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