À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

08/05/2009

1,8 milliard de personnes travaillent au noir

Marie Varasson

Le travail informel a atteint un niveau record en 2008, avec 1,8 milliard de personnes concernées. Employés de maison en Inde ou vendeurs de légumes au Brésil, ils représentent plus de la moitié de la population active du globe.

1,8 milliard de personnes travaillent à ce jour sans contrat de travail ni prestations sociales. Surtout concentrées en ville, ces activités non déclarées concernent les populations de nombreux pays en développement avec en commun un droit du travail peu contraignant. Pour l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), la crise financière a sa part dans cette hausse record. Parmi les 1,8 milliard non déclarés, 700 millions vivent avec moins de 1 euro par jour. Une précarité telle, que l'emploi informel reste une opportunité à saisir. La majorité des 1,4 milliard de pauvres dans le monde compte exclusivement sur le travail pour sa survie, selon l'OCDE.

Les emplois dans la grande industrie, la banque et la finance sont souvent protégés et peu concernés par le travail informel. La fonction publique grossit le rang. Plus exposés, les métiers de domestiques, itinérants ou de services constituent le gros des emplois non déclarés. "Les femmes sont particulièrement touchées car traditionnellement leurs emplois sont moins protégés. Dans le contexte familial, elles sont souvent désignées pour exercer un emploi informel", explique Bruno Lautier, économiste et sociologue, expert de l'Institut d'Etude du Développement Economique et Social (IEDES), Paris I Sorbonne. Loin d'être seulement inhérent au niveau de développement d'un pays, le travail au noir est une pratique universelle. "Les pays rentiers du pétrole, par exemple, emploient sans contrat de nombreux immigrés, qui représentent 40 à 50% de leur population active", raconte Bruno Lautier.

- "En Chine 150 millions de personnes travaillent au noir" -

Malgré un bilan global en hausse, certains pays ont réussi à diminuer la propension de travailleurs informels. La Malaisie, le Brésil, les Philippines et le Mexique présentent des résultats en baisse ces dernières années. "De grands mouvements politiques, comme au Brésil, ont conduit à une diminution de l'emploi informel grâce aux renforcements des lois. C'est une des solutions les plus efficaces pour lutter contre sa croissance", rapporte Bruno Lautier. Pour lutter contre le phénomène, l'OCDE préconise la création d'emplois de qualité. Elle appelle à soutenir les réformes institutionnelles et promouvoir l'accès aux ressources pour les entreprises informelles. Selon elle, ces mesures devraient "encourager les travaux publics, le microcrédit et des programmes de transfert conditionnel".

"Il faut combiner les efforts sur le plan économique et social, sans oublier le rôle déterminant du législateur et des politiques gouvernementales", ajoute Bruno Lautier. Pour atteindre l'Objectif de Développement du Millénaire de diminuer la pauvreté de moitié avant 2015, il faudra accompagner les pays émergents bien après la crise. "En Chine, 150 millions de personnes travaillent au noir et sont itinérants", constate Bruno Lautier. Hors secteur agricole, le travail au noir représente les trois quarts des emplois en Afrique Subsaharienne, plus des deux tiers en Asie du Sud et du Sud-Est et la moitié en Amérique Latine. Si l'on ajoute le secteur agricole, la part dans chaque région est encore plus élevée. En Asie du Sud-Est, par exemple, elle représente plus de 90% des emplois. Le commerce équitable, largement plébiscité dans la lutte contre ces pratiques, reste encore trop confidentiel pour peser dans la balance.

Tandis que 1,2 milliard de personnes bénéficient de contrats de travail et de prestations sociales, les 1,8 restants attendent toujours et vivent pour la plupart avec moins de 1,5 euros par jour, selon l'OCDE.

Ecolife - 04.05.09

Sem comentários:

Related Posts with Thumbnails