En fait, la persécution commence avant l’arrivée des nazis dès 1933, la "stérilisation eugénique", l’interdiction des mariages mixtes en 1934-1935 et enfin les premiers enfermements au camp de Dachau, en 1936. A l’automne 1939 les déportations deviennent massives ; et c’est sur deux cent cinquante enfants tsiganes que les nazis testent le zyklon B, au camp de Buchenwald, en 1940. Ensuite commence l’extermination à grande échelle en Europe occupée. La moitié de la population tzigane d’Europe fut supprimée. L’extraordinaire dans cette affaire est que le nom des victimes Tsiganes ne fut même pas mentionné durant le Procès de Nuremberg, alors que la Shoah des juifs éclipsait toutes les autres horreurs !
En 1945, les nazis se sont livrés encore à de multiples massacres sur les derniers Tziganes internés dans les camps allemands. Les résistants tziganes qui avaient survécu, n’ont pu bénéficier à la fin de la guerre, des promesses d’intégration sociale qui leur avaient été faites. Ils ne trouvèrent personne pour les défendre. Le peuple tzigane ne sait pas pleurer ; il subit en silence, que dis-je ! en chantant ! la morbidité et les lamentations ne sont pas son point fort !
Sous le gouvernement de Vichy, dès 1940, des Tziganes sont internés dans des camps de concentration, à Argelès-sur-Mer et au Barcarès, dans les Pyrénées Orientales. En 1942 est créé un camp d’internement réservé spécialement aux Nomades, celui de Saliers, dans les Bouches-du-Rhône. Les Tziganes ont été systématiquement massacrés. 20.000 gazés pour la seule nuit du 31 juillet 1944, à Auschwitz. Plus de 600000 Roms, Kalderas, Manouches, ont péri dans les différents camps de concentration.
Les nazis voulaient exterminer le peuple tzigane tout comme le peuple juif, les opposants politiques, les homosexuels, les témoins de jéovah, les noirs, les handicapés et les malades mentaux dont un grand nombre a péri dans des camions et des chambres à gaz.
L’extermination des Tziganes est un fait trop souvent oublié. Pourquoi si peu de films documentaires ou livres sur le sujet ? Pourquoi lorsqu’on parle de la seconde guerre mondiale on évoque généralement la seule shoah le seul génocide juif et jamais ou presque le génocide tzigane ? En France, la shoah est déjà largement enseignée au collège et au lycée. Pourquoi ne pas consacrer un peu plus de lignes sur d’autres génocides et massacres dans les manuels scolaires ? Tziganes, amérindiens, traite des noirs, crimes coloniaux etc.
Ou doit-on comprendre qu’il y a la prédominance d’une mémoire sur les autres.
Une foule de questions qui demeurent sans réponses !
Depuis le Procès de Nuremberg à nos jours, l’occident semble atteint d’une amnésie sélective.
En réalité cette situation n’a rien de fortuit, elle est le résultat de cette vision manichéenne qui constitue le fondement même de la pensée occidentale. Les juifs, en tant que pilier de la pensée et de l’histoire judéo-chrétienne, sont de vrais interlocuteurs dans le sens linguistique du terme. Les juifs forment le "tu", c’est l’alter-égo, une fois incriminé, haï, une autre valorisé. Par contre le reste des humains forment le "il" c’est à dire des non-personnes, absentes de l’acte de la parole, réduites à l’état d’objet. Peu importe qu’Hitler extermine les homosexuels, les témoins de jéovah, les noirs, les handicapés, les malades mentaux et les Tziganes, ce ne sont que des sous-hommes.
Dire qu’on nous présente toujours Hitler comme une sorte d’extra-terrestre barbare qui est venu agresser une civilisation harmonieuse où la chèvre et le chou font bon ménage. On oublie que l’antisémitisme est un sentiment qui existait en Europe bien avant le nazisme ainsi que l’esclavage, le génocide des amérindien, les exactions coloniales. Hitler constitue l’état paroxysmique d’une civilisation malade. Une civilisation qui souffre d’avoir cru détenir le Sens et la Vérité. Une civilisation où une race s’est cru supérieure et se le croit encore et qui s’octroie le droit d’aliéner le reste de l’humanité. Non, Hitler n’est pas un accident historique, c’est la quintessence de l’eurocentrisme, c’est l’illusion universaliste en délire !
Il faut comprendre que du point de vue occidental la faute commise par Hitler est d’avoir assimilé les juifs à l’altérité, de les avoir confondu avec les masses déshumanisées du monde "non-civilisé". Malmener les juifs est toléré mais les exterminer c’est ébranler les fondements idéologiques du monde occidental qui sont de nature ethno-religieuse et non ethnique comme ont pu le croire les nazis.
Sautant sur l’occasion, les sionistes, médias et politiciens occidentaux aidant, vont jouer avec excellence la partition de la victimisation. La "Shoah" devient en quelque sorte une nouvelle religion dont les Ashkénaze, juifs européens, constituent le noyau et la victime par excellence. Tous les autres génocides du 20eme siècle, même celui de Tziganes sont perçus comme de simples évènements historiques vite oubliés. Le génocide des juifs est affublé de deux dénominations spécifiques : la Shoah et l’Holocauste, deux noms propres, commençant par une majuscule, ce qui leur confère une valeur absolu. La "Shoah", mot hébreux dont la singularité fait qu’il soit perçu comme l’expression d’un phénomène unique, n’est pas un génocide parmi d’autres mais le seul, l’unique, l’incomparable. L’"Holocauste" signifie au sens propre, un sacrifice religieux où la victime est offerte à Dieu par quelque sacrificateur. Le génocide des Juifs européens est donc vu, non pas comme un "holocauste" ou l’"holocauste des Juifs européens", mais comme l’"Holocauste" dans le sens absolu du terme. Il possède une connotation religieuse sacrificielle, attribuant aux victimes un destin spécifiquement divin, sacralisant ainsi un fait historique . L’unicité de la Shoah est brandie, devenant ainsi le symbole du "peuple élu". Hegel dit bien que les juifs n’ont pas d’histoire, ils n’ont que des martyrs, la Shoah se présente comme le superlatif de la martyrisation .
On retrouve dans cette manière de penser la même obsession eurocentrique : on n’est pas seulement détenteur exclusif de la connaissance, de la foi, de la civilisation , on est aussi détenteur du malheur suprême, de la souffrance suprême. Les Ashkénazes se présentent comme les seules victimes dotées d’humanité. A l’hypervictimisation des juifs blancs d’ Europe répond une hyperculpabilisation de leurs cousins chrétiens occidentaux. Les sionistes qui croient que les juif exterminés sont d’une nature différente des autres génocidés de l’Histoire vont mettre en valeur ce privilège. Il bénéficieront ainsi de l’absolution pour tous les crimes qu’ils vont commettre. Le rêve de ces victimes exceptionnelles du nazisme sera l’extermination d’un autre peuple, un peuple qui, en fait, n’en est pas un puisqu’il se situe hors des frontières de la "civilisation". La Shoah constitue une autre facette de l’idéologie dominante occidentale dans sa longue marche truffée de génocides, de colonisations et de mépris de l’altérité. La victimisation a servi d’excuse à la colonisation de la Palestine et d’écran aux différents épisodes d’épuration ethnique des autochtones. On est en droit de se demander si la Shoah est la sacralisation de la souffrance d’un peuple ou un vulgaire instrument de chantage servant à extorquer des fonds au profit des organisation sionistes comme le démontre si bien Norman G. Finkelstein dans son livre : « L’industrie de l’Holocauste : réflexions sur l’exploitation de la souffrance des juifs ».
Étrange est le destin de ceux qui de victimes se sont mués en bourreaux ! Faut-il laisser les Sioniste continuer à éclabousser la mémoire de ceux qui ont souffert le martyr ? Faut-il qu’une bande d’assassins se serve de la mémoire de ces martyrs pour martyriser des innocents ? Faut-il que les juifs soient associés à une telle entreprise criminelle ?
Le Grand Soir - 17.03.09
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