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20/03/2009

Bosch : 240 licenciements si discrets…

Fournisseur automobile, Bosch Beauvais n’a pas eu le succès médiatique de Continental Clairoix. Et pourtant, les 240 salariés de l'usine de l'Oise sont mobilisés depuis bientôt un an, sans soutien des pouvoirs publics. Dernier espoir de l’intersyndicale : trouver à recaser tout le monde. Lourde tâche !

(photo SL)
(photo SL)
Au moins, ils ont la jeunesse pour eux ! Avec 38 ans de moyenne d’âge, les 240 « Bosch » de Beauvais ont encore la pêche, malgré un an d’une bataille à l'issue de laquelle ils n’espèrent plus que soigner les blessés : annoncée le 29 mai 2008 à 11 heures 15 au personnel, qui se souvient de l’heure à la minute près, la fermeture de l’usine de freins pour châssis et breaks est inéluctable. « J’ai acheté un appartement à Beauvais un mois avant, se souvient Robert Lamy, délégué CGT. Ça faisait dix ans que je bossais chez Bosch, j’étais entré à 19 ans. » Comme d’autres, le syndicaliste est originaire de la région et ne sait pas s’il pourra y rester.

Médias et élus : l’indifférence générale
Secteur d’activité, localisation géographique… Bosch Beauvais a plus d’un point commun avec Continental Clairoix. Pourtant, à l'exception du Courrier Picard de ce jeudi 19 mars, l’usine n’a guère attiré de caméras et de journalistes. Pas plus que d’élus : « Caroline Cayeux (maire UMP de Beauvais, NdR) est passée une fois en juin dernier et nous avons eu un rendez-vous au ministère du Travail dans la foulée » se souvient un CGTiste. Depuis, plus rien : l’édile n’a signifié son intérêt pour les 240 « Bosch » que dans un article du Parisien, où elle assurait qu’elle était en contact régulier avec la direction.

« On n’est pas certains que la direction soit le meilleur interlocuteur », ironise un salarié. Constitués en intersyndicale dès le lendemain de l’annonce du plan, ils ont fait grève pendant 9 jours. « La direction a tout de suite mis de l’argent sur la table, se souvient Joachim Delima, le représentant de la Cftc. Une prime mensuelle, pour notre présence, pour être sûr de continuer de faire tourner le site et de livrer. » PSA, Mercedes, Suzuki… les clients de Bosch ne pouvaient pas attendre.



(photo SL)
(photo SL)
Pré-préretraites et reclassements difficiles
Mais la surcapacité du site fait qu'il n'est plus rentable depuis longtemps : depuis 2001, l’entreprise multiplie les préretraites et « prépa amiante », des années payées qui précèdent les départs en préretraite des salariés exposés à l’amiante. Bosch savait donc mais a préféré dégraisser en douceur.

Les salariés eux, se débrouillent comme ils peuvent, optant pour toutes sortes de formations exotiques : grutiers, ambulancier… Bosch met aussi un peu de sa poche, propose de payer la taxe professionnelle sur une année. Malgré cela, les débouchés sont rares et les entreprises rechignent : un employeur du secteur de la santé avec dix postes à pourvoir n’a pris qu’un seul des salariés de Bosch formés.

Quant aux reclassements en interne, le patriotisme industriel et la logique du moindre coût l’emportent : « Bosch a une filiale, Rexroth, spécialisée dans les énergies renouvelables et qui est en pleine croissance mais ils nous répètent qu’ils ne peuvent pas s’implanter à Beauvais, explique Robert Lamy. En attendant, une nouvelle usine de cette filiale a ouvert en République tchèque et les sites allemands sont protégés : ils réinvestissent dans leur propre pays et là où la main d’œuvre est moins chère. »
Marianne2 - 20.03.09

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