De manière incompréhensible, près de 300.000 bénéficiaires du TPN de l'électricité se sont volatilisés depuis le début de l'année...
Le 25 juin dernier, l'AFP observait que «le nombre de bénéficiaires de ce tarif social, réservé aux personnes en difficultés financières, est passé de 940.000 à la fin décembre 2009 à 653.000 à la fin du mois d'avril 2010, soit une chute de 30%, selon EDF».
De son côté le Sipperec (Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l'électricité et les réseaux de communication) faisait, lui, état d'une chute de 48% du nombre de bénéficiaires du TPN sur son territoire : ainsi, de fin décembre 2009 à fin mai 2010, ils sont passés de 55.509 à 28.833 dans les 80 communes de la première couronne ! Aussitôt, les élus locaux réunis au sein de la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies) ont jugé «inquiétante» cette chute «inexpliquée», estimant qu'elle pourrait se traduire par une «précarité énergétique accrue».
Evidemment, entre la Coupe du monde de football et l'affaire Woerth, l'information est passée inaperçue.
Les mensonges d'EDF
Interrogée par l'AFP sur ce phénomène ô combien mystérieux, une porte-parole du groupe EDF a tenté deux explications scabreuses. D'abord, il y aurait une baisse «de 450.000, du nombre de bénéficiaires de la CMU», la couverture maladie universelle qui ouvre droit au TPN. Cependant, précisait l'AFP, «le Fonds CMU n'était pas joignable pour confirmer ces chiffres» au moment de la rédaction/publication de la dépêche. Ensuite, la porte-parole d'EDF a avancé "l'impact de situations familiales complexes" : «La précarité peut amener certaines personnes à retourner vivre chez leurs parents ou à aller vivre chez leurs enfants», ce qui réduirait d'autant le nombre d'ayants-droit. En si peu de temps ? On peine à y croire...
Sans difficulté aucune, nous avons réussi à joindre le Fonds-CMU qui a catégoriquement démenti cette allégation non vérifiée, et fustigé au passage la pirouette de l'AFP. Au 31 décembre 2009, le nombre de bénéficiaires de la CMU s'élevait à 4,17 millions, puis il a augmenté de 1,1% au premier trimestre 2010. Une évolution qui colle avec la crise économique et le chômage de longue durée qu'elle a massivement généré, et dont les effets se font sentir par ricochet. Ainsi, au 31 mars, ils étaient 4,22 millions, soit 54.483 bénéficiaires de plus qui ont justifié auprès de la CPAM d'un revenu mensuel inférieur à 626,76 € pour une personne seule sur les douze derniers mois. Une tendance qui, hélas, ne devrait pas s'inverser.
Alors pourquoi cette "disparition", aussi énorme que suspecte, de 300.000 bénéficiaires du TPN en quelques mois ? Personne ne peut le dire. Pourquoi, en dépit de la crise, «les nouveaux ayants-droit au TPN semblent en effet avoir de moins en moins tendance à entreprendre les démarches d'obtention du tarif», pour reprendre les propos d'EDF ? Philippe Monloubou, directeur délégué du fournisseur historique, a annoncé que ses services allaient mener une enquête conjointe avec le Fonds CMU et les pouvoirs publics afin de «savoir ce qu'il se passe»... Un volontarisme affiché qui ne manque pas d'hypocrisie.
L'UMP complice
Selon un rapport sur la précarité énergétique qui lui a été remis en janvier, le gouvernement n'ignore pas qu'à la base, moins de 50% de ceux qui peuvent prétendre aux tarifs sociaux de l'énergie en bénéficient. De même, tant qu'un maximum d'ayants-droits échappent aux dispositifs TPN/TSS et continuent à payer plein pot leurs factures d'électricité et de gaz, ce sont les actionnaires et les dirigeants d'EDF et GDF-Suez qui profitent de ces dysfonctionnements tandis qu'en parallèle, l'Etat actionnaire réalise, lui, de substantielles économies.
En effet, depuis plusieurs années, l'UMP au pouvoir a programmé la désorganisation des tarif sociaux de l'énergie en privatisant le traitement des dossiers — ce qui complexifie les échanges entre la CPAM, EDF, GDF-Suez et Xerox… — et fait porter l'échec du dispositif non seulement sur la CPAM, qui a bon dos, mais sur celui des pauvres, accusés de "non participation" alors que l'Etat est le grand responsable du défaut d'information des usagers et des organismes gestionnaires du TPN et du TSS :
=> LIRE NOTRE DOSSIER ICI
On le voit, obtenir le tarif social de l'électricité ou du gaz est un véritable parcours du combattant qui ne date pas de la crise et en décourage plus d'un, chacun — des services clientèle des fournisseurs aux numéros verts du TPN et du TSS — se renvoyant la balle. Outre cette "usine à gaz" sciemment instaurée par le gouvernement, les budgets alloués au TPN et au TSS depuis leur création (en 2005 et 2008) ont toujours été largement sous-attribués, ce qui démontre sa volonté première de ne pas satisfaire la totalité des ayants-droits.
Vers un tarif social automatique ?
En attendant, suite à la demande de la FNCCR, EDF s'est dit «favorable à la mise en place d’un accès automatique au TPN pour tous les bénéficiaires de la CMU à partir du moment où la réglementation le permet». Un effet d'annonce qui la dédouane et, en ce qui concerne la FNCCR, une initiative qui restera lettre morte, tant le silence de GDF-Suez et du gouvernement — qui n'ont pas réagi à sa proposition — est révélateur.
Dans son communiqué, la Fédération pointe à juste titre un «système insatisfaisant [qui] montre ses limites» et ajoute qu’«il est temps de trouver une solution propre aux valeurs du service public». Des valeurs que ce gouvernement s'évertue à démanteler. Il est bien évident que d'ici 2012, aucune amélioration n'est à attendre pour les familles en détresse qui n'arrivent plus à honorer leurs factures.
SH
http://www.actuchomage.org/2010071311561/Social-economie-et-politique/tarif-de-premiere-necessite-30-de-beneficiaires-en-moins-depuis-janvier.html
À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.
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