À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

14/07/2010

Les « Doux » Leurres du Capitalisme

Pascal Sacré

British Petroleum a le droit le faire du Golfe du Mexique une zone de non-droit, un no man’s land, interdisant tout accès de la zone à quiconque non accrédité, journaliste, photographe, reporter [1].

Non accrédité par qui ? Par BP.

Cela peut en coûter cher au citoyen qui voudrait user de ses droits fondamentaux : une amende de 40 000$ et une incarcération pour crime fédéral [2], car ce citoyen l’ignore, mais la Louisiane est devenue BPland.

Il est vrai que « son » parc d’attractions n’est pas vraiment Disneyland.

BP ne veut pas de spectateurs, ni d’observateurs de ses « exploits », pas de ceux qu’elle ne puisse payer, et acheter le silence.

BP a aussi le droit d’interdire tout survol du Golfe du Mexique [3].

BP aurait-elle tous les droits ?

Si BP « possède », ou plutôt paie, ses employés, du personnel de sécurité et des gardes privés de la firme privée Wackenhut [4], BP possède-t-elle également la Garde côtière US, la FAA (Administration fédérale de l’Aviation) [5], la Garde Nationale de l’Alabama [6], les Etats de Louisiane et de Floride, le Sénat des Etats-Unis [7], et même le Président de l’Empire, le Prix Nobel de la Paix, le Guide Suprême du Changement, le Commandant en Chef de l’Armée la plus puissante du monde [8] ?

Hormis quelques annonces spectaculaires qui ne coûtent pas grand-chose, des promesses en grande pompe [9], qui ne remboursent personne jusqu’ici, BP est-elle au-dessus des lois ?

BP est-elle La loi ?

C’est bien le derrière de tous les Etats-uniens, après celui des animaux marins du monde entier, qui se fait botter, avec l’accord de Barack Obama, par Tony Hayward et ses collègues de BP, depuis l’explosion du Deepwater Horizon, et non l’inverse [10].

BP n’hésite pas à user de pratiques de destruction massive [11], et utilise des dispersants, dont le plus toxique de tous, le Corexit [12], non pas pour tenter de régler le problème (nouvel effet d’annonce), mais pour le dissimuler [13]. BP devrait prendre garde et se souvenir du sort réservé, pour exactement le même crime, à Saddam Hussein. BP, et le gouvernement US, que BP et toutes les grandes Corporations du monde dirigent, se sont même mis à penser.

Cela fait frémir ce qui peut sortir des cerveaux de ces hommes très riches, très « intelligents », sortis des meilleures universités, très puissants et très arrogants : ils auraient envisagé le recours à la force nucléaire pour boucher le trou duquel s’échappe les 800 000 litres de pétrole brut chaque jour [14].

Là encore, BP devrait prendre garde car l’Iran, pour deux fois moins de bêtises, risque bien d’endurer la prochaine Opération US au nom ridicule, dont ces envahisseurs ont le secret, du style Restore Justice, ou Beyond Dictatorship

Bien sûr, tout cela ne serait pas arrivé avec les autres Corporations.

Cela se passerait beaucoup mieux avec Total, le pétrolier français, accusé de complicité d’assassinats, d’expropriations avec violence, de soutien financier à la junte et de travail forcé en Birmanie [15]. Oui, Total ferait sûrement mieux que BP.

Ou la Royal Dutch Shell, très philanthrope elle aussi, qui affectionne les assassinats ciblés de militants locaux, l’intimidation, le soutien à la répression en soudoyant l’armée ou la « police » qui tue, emprisonne et viole. Demandez aux Ogonis d’Afrique, une tribu du Niger, dont les membres voulaient simplement garder leurs territoires intacts [16].

Ou Bechtel, la puissante multinationale US, traitant avec humanité les pauvres paysans boliviens lorsqu’elle essaya de privatiser le réseau de distribution d’eau de Cochamamba pour la leur revendre ensuite très chère [17].

Ou bien Pfizer ? Oui, le groupe (Pfizer-Pharmacia-Wyeth) pharmaceutique le plus puissant, et le plus riche, du monde, qui n’hésite pas à tester des antibiotiques non enregistrés sur des enfants au Nigéria, peu regardant sur les « droits » de ses citoyens [18].

Mais la firme Bayer, premier groupe pharmaceutique allemand, n’a pas fait autre chose en vendant, avec l’accord tacite de la FDA (Agence US de « contrôle » des médicaments), les surplus d’un lot de Facteur VIII (médicament pour les hémophiles) qu’elle savait contaminée par le virus du SIDA, contaminant des centaines de patients, dont de nombreux enfants [19].

Et Coca-cola, McDonald, Monsanto, Halliburton, Chevron, Exxon-Mobil…

Toutes ces Corporations auraient sans doute fait beaucoup mieux que BP.

A bon entendeur salut.

Si une de ces firmes se trouve dans le joli coin où vous vivez, et fait des bêtises qu’elle sera capable, comme BP malgré tous les signes de sa grave négligence, de qualifier de catastrophe naturelle, ne vous faites aucune illusion, n’attendez rien de votre Obama local.

Chez vous deviendra chez eux, à coup de gardes privés, de lois iniques votées par des députés qu’ils auront achetés, tout en s’excusant, et en vous promettant, petites gens, de vous dédommager.

Deux signes, entre autres, montrent bien l’allégeance totale de Barack Obama aux grandes firmes privées, demi-dieux de l’Olympe Capitaliste.

La désignation de Kenneth Feinberg comme responsable « indépendant » du fonds de 20 milliards de dollars prétendument bloqué par BP, et de Bob Graham à la tête de la Commission nationale pour enquêter sur la catastrophe de Deepwater Horizon [20].

« Kenneth Feinberg, un fidèle représentant de l’establishment politique, a participé à la gestion des fonds d’assurance pour l’agent orange et l’amiante, en plus de gérer le fonds compensatoire du 11-Septembre et de servir comme superviseur spécial d’Obama dans le sauvetage des banques de 2008. Feinberg a immédiatement fait l’éloge de BP au cours de la fin de semaine, insistant à plusieurs reprises sur le fait qu’il était nécessaire de « donner le crédit à BP » pour avoir distribué (un maigre) 100 millions de dollars jusqu’ici. Pendant ce temps, les entreprises locales et les individus se plaignent amèrement des difficultés qu’ils rencontrent à obtenir de l’argent de la compagnie » [21].

Le 22 mai 2010, un mois après le début de la marée noire, le président américain a annoncé qu’une commission d’enquête « indépendante » était mise en place pour enquêter sur les causes de cet accident. Elle est présidée par Bob Graham, démocrate et ancien gouverneur de Floride, et William Reilly, républicain et ancien patron de l’agence de protection de l’environnement (EPA).

Petit retour en arrière.

Pour ce qui est de l’EPA, dès le 18 septembre 2001, dans un communiqué, elle avait fait campagne sur le thème "l’air est sain" dans le sud de Manhattan. Le 21 septembre, les plus hautes autorités en matière d’environnement et de santé publique du pays, dont le département de la Santé, avaient annoncé aux New-Yorkais et aux habitants du New Jersey qu’ils pouvaient regagner leurs habitations et leurs lieux de travail. "L’air est respirable", avaient proclamé les autorités. Beaucoup d’américains naïfs en sont morts depuis, ou souffrent d’asthme sévère (Les Héros sacrifiés du World Trade Center).

Alors que Bush et Cheney avaient immédiatement intimé à Daschle de limiter l’enquête sur les attentats du 11 septembre 2001, Bob Graham avait fidèlement servi son establishment après ces attentats, comme président de la commission restreinte du Sénat sur le Renseignement, attestant, alors que dans un témoignage précédent il affirmait le contraire, n’avoir jamais reçu d’alertes préalables sur les terroristes de la part de l’informateur Randy Glass [22].

Bob Graham et Porter Goss avaient déjeuné en septembre 2001, avant les attentats, avec le général Mahmoud Ahmad, le responsable des services secrets pakistanais (ISI) incriminé dans le versement de 100 000 dollars à Mohammed Atta, le chef des terroristes du 11 septembre selon le FBI.

Graham a été largement promu après ces menus services.

Graham faisait également partie des quatre membres du Congrès, toujours avec Goss, informés du nouveau programme de torture post-11 septembre, dont le Waterboarding [23], chose qu’il démentira comme à son habitude.

Feinberg et Graham.

Merci Monsieur Obama.

BP peut dormir sur son derrière et sur ses deux oreilles. Personne ne lui bottera vraiment les fesses.

Façon de parler, d’éteindre un peu la colère populaire, celle des petites gens, et de gagner du temps.

A force d’écouter tous ces chroniqueurs, journalistes, analystes, qui nous parlent de Loi du Marché, comme quelque chose d’incontrôlable, de Divin, on en viendrait presque à oublier que derrière toutes ces Corporations se trouvent des personnes. Des êtres humains, physiquement en tout cas.

Que sur tous les écrans suspendus dans toutes les Bourses du monde, les chiffres ne s’inscrivent pas comme par magie, à la façon des Tables des Lois apparues à Moïse. Chacune des ces Corporations est remplie de conseillers, et faite de gens, administrateurs, directeurs, sous-directeurs, plus grands directeurs (PGDs), actionnaires, investisseurs, bref des humains, tous.

Chacune des ces Corporations est surveillée en théorie par des organes publics, faits également d’administrateurs, directeurs, sous-directeurs, plus grands directeurs (PGDs), fonctionnaires, politiciens, experts, bref des humains, tous.

Dans le langage anonyme, coutumier lorsqu’il s’agit de l’attitude odieuse des Corporations envers le monde autour d’Elles, on en viendrait presque à oublier que derrière chaque acte de ces Corporations : mépris des mesures de sécurité, licenciements malgré les bénéfices, restructurations impitoyables, obstination de forer malgré le danger, réduction des coûts d’entretien, intimidation des syndicats, derrière chacune de ces actions se trouve une décision, ou un ensemble de microdécisions, humaines.

Ce n’est pas une Table des Lois, ou une Dictature du Marché, mais bien la décision d’un homme, ou de plusieurs, de réduire les coûts, de licencier, de forer malgré le danger… Chaque Loi inique, « inhumaine », présentée ensuite comme une fatalité imposée par un Dieu inaccessible, n’a en fait rien à voir avec un événement naturel. Elle vient d’un homme, ou de plusieurs, ceux qui la proposent, ceux qui l’adoptent et ceux qui l’appliquent.

C’est une suite de décisions humaines, il n’y a aucune fatalité, aucun auteur inaccessible et intraitable derrière cela !

La Corporation permet de diluer la responsabilité de chaque homme caché derrière elle, dans une sorte de visage flou, de demi-dieu, au nom intouchable de BP, Total, Shell, Bechtel, Halliburton, Pfizer…, avec les sacro-saints arguments de la compétitivité et du bienfait ultime que ces Corporations représentent pour le Monde qu’elles font vivre. N’ose-t-on pas le dire, même dans des cercles dits « socialistes » ?

« Il ne faut pas être trop sévère avec BP car ce serait le meilleur moyen pour que les victimes ne puissent plus être dédommagées. »

Personne, dans la presse, dans les conversations animées devant la machine à café, dans les transports en commun, dans les débats, ne devrait plus parler de BP, de Total, d’Halliburton qui a fait ceci, ou de Pfizer qui n’a pas fait cela, mais bien nommer chacun des hommes responsables, par leurs décisions, par leurs choix, de tout ces désastres et de tous leurs actes ignobles.

Si chaque citoyen ordinaire (tous les petites gens [24] de Mr Carl-Henric Svanberg), nominativement, saura exactement quoi payer (40 000 dollars !) et tout de suite, sa maison saisie par les banques qu’il aura aidé malgré lui à renflouer, que paiera exactement Tony Hayward (CEO de BP), Carl-Henric Svanberg (PDG de BP) ou Lamar McKay, dirigeant de BP America ?

Que paieront ces personnes, précisément ? Risquent-elles aussi que les banques saisissent leur maison ?

Non.

Ils donnent bien leur numéro de compte personnel quand il s’agit de dévorer avec avidité leurs bénéfices et leurs dividendes, mais quand il s’agit de prendre leurs responsabilités devant les victimes de leurs actes, de leurs choix, ils se réfugient derrière leur Corporation.

A ce moment, ils ne sont plus Hayward, Svanberg ou McKay, mais BP.

Ils ne sont plus Steven Newman, mais Transocean (compagnie de forage pétrolier propriétaire de la plateforme Deepwater Horizon).

Si BP s’écroule sous le poids de ses fautes, tout au plus Hayward, Svanberg et McKay iront-ils parasiter d’autres conseils d’administration, d’autres Corporations, tandis que les retraités britanniques, eux, déjà durement touchés par le programme européen d’austérité financière, et qui voulaient jouer au jeu du Capitalisme avec entrain [25], n’auront plus que l’Armée du Salut comme chance de survie.

La notion de psychopathie renvoie la plupart des gens à l’image du tueur en série sadique, une espèce d’ovni maléfique dans le paysage de l’humanité, que tous s’empressent d’oublier après la lecture de ses faits « divers ».

Des pervers imaginaires comme Hannibal Lecter, du Silence des Agneaux, ou bien réels, presque séduisant, ou fascinant, comme Ted Bundy, le tueur de femmes mort en 1989 sur la chaise électrique.

Les gens se rassurent en se disant que ces êtres sont exceptionnels, et presque toujours arrêtés et mis hors d’état de nuire.

Pourtant, des psychologues, des psychiatres (*), universitaires de renommée internationale, décrivent des psychopathes sociaux, non violents, bien intégrés dans la société. Ces sociopathes, pervers caractériels, ne tuent pas physiquement, pas directement leur proie.

Ils sont froids, sans conscience, calculateurs mais peuvent simuler toutes les émotions humaines avec une authenticité désarmante. Si ces personnes ont existé de tout temps, leur étude, et les connaissances à leur sujet, en sont à leurs balbutiements.

« Imaginez – si vous le pouvez- que vous n’avez pas de conscience, aucune conscience, aucun sentiment de culpabilité ou de remords, quoi que vous fassiez, aucun souci des autres […].

Imaginez que vous n’avez jamais éprouvé de honte, quelques égoïstes, négligentes, dommageables ou immorales qu’aient été vos actions.

[…]

Ajoutez maintenant à cet étrange fantasme la faculté de dissimuler aux autres que votre composition psychologique est radicalement différente de la leur.

Puisque tout le monde suppose simplement que la conscience est universelle chez les humains, dissimuler le fait que vous êtes dépourvu de conscience ne demande pratiquement aucun effort.

[…] vous êtes complètement libre de toute contrainte intérieure, et votre liberté totale de faire exactement ce qu’il vous plaît, sans aucun remords, est […] invisible pour le monde. Comment allez-vous vivre votre vie ?

Qu’allez-vous faire de votre énorme avantage secret et de son handicap corollaire : la conscience des autres ? » [26]

Ce phénomène est de plus en plus étudié et caractérisé, certaines équipes scientifiques ayant étudié le fonctionnement cérébral de tueurs en série, ou de psychopathes diagnostiqués, au moyen d’appareils sophistiqués (CT scanner, Résonance magnétique nucléaire, scanners métaboliques).

Cela toucherait 4% de la population sur Terre, probablement une sous-estimation de la réalité [27] !

Ces psychopathes d’un genre particulier sont bien intégrés dans notre monde capitaliste basé « naturellement » sur la compétition, sur la notion de meilleur et du plus fort, notions valorisées et récompensées dès le plus jeune âge, dès l’école gardienne et tout au long de nos vies.

L’homme peut être bête et méchant mais ce n’est pas la même chose que la psychopathie.

Tout le monde est imparfait, ment parfois, est paresseux, de mauvaise foi, et fait le mal de temps en temps, mais très souvent, chacun en éprouve du remords, de la culpabilité, un certain malaise et d’autres fois, nous faisons aussi le bien, aidons autrui, disons la vérité.

Le pervers caractériel, psychopathe vrai, dont il existe autant de formes particulières qu’il existe de sortes de grippes, est lui, surtout caractérisé par son manque d’empathie (faculté de pouvoir se mettre à la place de quelqu’un, de ressentir le chagrin ou la souffrance d’autrui) et par la possibilité de camoufler son manque absolu de conscience, d’éthique, de morale, sous des émotions qu’il arrive à simuler, à dissimuler, ou à maîtriser parfaitement.

Ces gens disent une chose, avec aplomb, et disent son contraire peu après, avec le même aplomb désarçonnant.

Ils disent être effondrés par les conséquences de leurs actes, mais se déresponsabilisent, cherchent des excuses, des boucs-émissaires et de toute façon, malgré leur « effondrement », s’adonnent le même jour à leur sport préféré.

Un psychiatre raconte ces histoires vraies, issues de sa pratique [28] :

« Le frère aîné de Bobby, Stuart, 16 ans, s’est suicidé […], en se tirant une balle dans la tête avec sa carabine de calibre 22.

Au Noël suivant, les parents de Bobby lui offrent le même fusil calibre 22 utilisé par Stuart pour se suicider, alors que Bobby avait demandé une raquette de tennis . »

Ou bien…

« Une mère joue à cache-cache avec sa fille de 4 ans. Elle tient un grand couteau de cuisine dans la main. Elle dit à sa fille : « je vais compter jusqu’à cent, et si je te trouve, alors je te couperai les pouces ». La petite fille, terrifiée, se cache dans son placard, et la mère — qui sait que c’est probablement l’endroit où elle se cache — la laisse là, terrifiée, effrayée, traumatisée, jusqu’à la fin du jeu. Quand la mère ouvre la porte, elle se penche sur sa fille et entaille la peau d’un de ses pouces. »

Imaginez des individus, comme les parents de Bobby ou la maman de cette petite fille, au pouvoir, dans la peau de votre patron, de votre chef, de votre collègue, ou bien dans celle du président d’un grand pays, ayant accès aux armes nucléaires, et vous serez en mesure de comprendre un peu plus des scandales comme celui d’Enron [29], ou de BP.

L’homme est imparfait par nature. Il est parfois lâche, égoïste et menteur. Certains plus souvent que d’autres. Mais pour la majorité d’entre nous, la conscience, source de remords, est ce qui nous permet d’espérer nous améliorer.

Le psychopathe, par ailleurs en tout point semblable aux autres, n’a pas cette conscience, cette source de remords.

Il ment sans aucune gêne.

Selon Anderson Cooper de CNN [30], un informateur, Fred McCallister, VP d’Allegiance Capitol Corporation, a témoigné que BP faisait délibérément submerger le pétrole avec le dispersant chimique Corexit dans le but de le dissimuler. En faisant ainsi disparaître le pétrole avant qu’il ne soit récupéré, BP s’assure de ne pas payer d’amende.
C’est tout ce qui compte pour eux, pour Hayward et tous ses collaborateurs plus discrets, ne pas perdre de l’argent.

Tony nous fait son mea culpa [31] :

« Je comprends que les gens veuillent avoir une réponse simple concernant ce qui est arrivé et qui est responsable », a déclaré M. Hayward. « La vérité, cependant, est qu’il s’agit d’un accident complexe, causé par une combinaison de défaillances sans précédent. Plusieurs entreprises sont impliquées, dont BP, et il est tout simplement encore trop tôt pour déterminer la cause », a-t-il ajouté. « L’explosion et l’incendie à bord de la plate-forme (...) et la marée noire qui a suivi dans le golfe du Mexique n’auraient jamais dû arriver et j’en suis profondément désolé », a-t-il déclaré, se disant « personnellement anéanti ».

Mais en réalité, son effondrement, son anéantissement ne l’ont pas empêché de participer gaiement le samedi 19 juin, à la prestigieuse "JP Morgan Asset Management Round The Island" à laquelle concourrait le bateau Bob, sa frégate, dont il est l’un des propriétaires [32].

Dans notre système capitaliste, le modèle à imposer à tous, le système qui a réussi, a traversé toutes les épreuves et en a émergé vainqueur selon beaucoup de gens, le psychopathe est comme un poisson dans l’eau.

Ce système encourage et multiplie la psychopathie qui s’y fond dans la masse. Sans moi-même offrir d’alternative, l’économie n’étant pas mon sujet de prédilection, mais d’autres s’en chargent très bien, ce qui est certain est que ce système ultralibéral, dont les meilleurs représentants aujourd’hui, en Europe, sont paradoxalement les soi-disant socialistes, est le terreau par excellence des psychopathes sans conscience.

Il n’est pas étonnant de les retrouver au sommet des Corporations, aux postes clés des organismes censés les contrôler et dans les plus hautes sphères du pouvoir, leur propension à mentir, à fabuler, associée à leur don pour simuler et promettre, leur donnant un avantage décisif sur tous les autres humains.

Les étiquettes politiques ou idéologiques sont des vestes dont ils se parent en fonction du vent électoral ou social.

Ils trompent les gens qui, ignorants de leur psychisme particulier, tombent volontiers dans le panneau.

Ils se cooptent, se défendent l’un l’autre. Ils contournent les lois qu’ils connaissent par cœur pour les avoir faites, en votent d’autres impitoyables, par contre, pour les petites gens.

Juridictions du secret, centre financier offshore, paradis fiscaux. Leur imagination est intarissable dans ce domaine.

Leur duplicité, sans bornes.

Quelque fois, ils donnent bien en pâture aux petites gens un électron libre, comme le requin qui chasse un barracuda (Kerviel, Madoff).

Leur manque de conscience leur permet de promettre avec aplomb, avec assurance, de chasser la corruption et de moraliser les banques, puis le même jour, de passer des accords avec ces mêmes banques, accords qui rendront leurs peuples plus pauvres que jamais leurs ancêtres n’ont été.

La psychopathie a cette fâcheuse manie de déteindre sur le monde qu’elle pollue, qu’elle parasite, au point d’en prendre le contrôle, en se fondant dans les problèmes généraux de la Terre, en avançant masquée et parée des habits de ceux qui disent nous vouloir du bien, nous trouver des solutions aux problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés.

Tout le monde n’est pas pourri, ni corrompu, ni mauvais. Loin de là !

Ce raccourci, aussi délétère que son contraire, le déni de ces réalités, est faux.

La vérité est que c’est bien le sentiment que les psychopathes induisent chez nous tous, nous gonflant d’une colère justifiée mais souvent mal orientée.

Les psychopathes, en minorité pourtant, infectent tout, nos perceptions, nos émotions, nos espoirs et nos rêves, les transformant en cauchemars. Ils sèment en nous tous, la majorité, le trouble et la confusion.

Cela touche toutes les entreprises publiques, privées, les bureaux, les hôpitaux, les écoles, victimes d’épidémies d’absentéisme, de dépressions, de suicides, de conflits plus ou moins larvés, de démotivation galopante [33].

Imaginez toute cette toxicité, lorsqu’elle hante les couloirs du Pouvoir, les salles de réunion des Corporations, les bureaux ovales, les Chambres et les Sénats.

Mettez un nom sur ce mal, il déteste la lumière.

Oui, ne parlez plus jamais de BP, ou de Deepwater Horizon.

C’est la pire catastrophe écologique de tous les temps due à des hommes, et elle est due aux décisions, aux choix des hommes cachés derrière leur Corporation.

Dorénavant, parlez de Tony Hayward, de Carl-Henric Svanberg, de Lamar McKay, de Steven Newman…

La connaissance de la guerre ne rend pas la guerre bonne.

Mais la connaissance des tensions, des conflits et des rancœurs qui la font naître peut permettre de l’éviter.

L’existence du mal est directement proportionnelle à l’ignorance que nous en avons.

Une chose n’est dangereuse que lorsque nous ignorons son pouvoir de nuisance.

Pascal Sacré

* Robert Hare, Hervey Cleckley (The Mask of Sanity), Guggenbühl-Craig, Martha Stout (The Sociopath Nextdoor)...

Sources :

[1] http://www.naturalnews.com/029130_G...

[2] http://www.naturalnews.com/029130_G...

[3] http://tfr.faa.gov/save_pages/detai...

[4] http://rawstory.com/rs/2010/0615/bp...

[5] http://www.sfgate.com/cgi-bin/blogs...

[6] http://oilprice.com/Environment/Oil...

[7] http://www.futurquantique.org/?p=9199

[8] Obama, comme sénateur et pendant les quatre ans de son mandat, a touché $77.051 et il est, à ce titre, n°1 des dotés de BP (individus et comités d’action politique, PACs). "BP est un des plus grands financiers de la vie politique américaine" dixit Dave Levinthal du Center for Responsive Politics. En 2000, ils avaient investi sur les Républicains. En 2008, ils ont financé à égalité les Démocrates et les Républicains. Toujours plus, c’est ce qu’on peut conclure de deux faits incontestables : Entre 1999 et 2008, les montants consacrés au financement politique sont passés de $5.7 millions à $15.9 millions. La décision de la Cour Suprême des Etats-Unis de laisser les entreprises augmenter comme elles veulent le financement politique ne va pas freiner leur appétit de contrôler le pouvoir politique.

http://www.nytimes.com/2010/01/22/u...

[9] BP fait amende honorable et « passe à la caisse » : http://www.enviro2b.com/2010/06/17/...

[10] « Je ne passe pas mon temps à parler à des experts parce que c’est un cours universitaire. Nous parlons à ces gens parce qu’ils ont potentiellement les meilleures réponses, et ainsi je sais quels culs botter. » Barack Obama

Parlant de cul à botter, le président américain a également déclaré qu’il aurait congédié le patron de BP, Tony Hayward, si ce dernier avait travaillé pour lui. http://thecaucus.blogs.nytimes.com/...

[11] Le Corexit est une véritable arme de destruction de masse : http://www.futurquantique.org/?p=9275

[12] Corexit : http://globalresearch.ca/index.php?...

[13] http://www.examiner.com/x-33986-Pol...

[14] Qu’est-ce qui est pire qu’une marée noire ? Réponse : Une marée noire radioactive : http://www.futurquantique.org/?p=9212

[15] Dans un rapport que « Libération » a pu consulter en avant-première, l’ONG EarthRights International publie de nouveaux éléments montrant des violations massives des droits de l’homme dans la zone exploitée par le pétrolier français.

http://www.liberation.fr/monde/0101...

[16] L’Histoire Secrète de l’Empire Américain, John Perkins, Editions alTerre2008, pp. 259-261.

[17] Op.cit., pp. 138-143.

[18] Au Nigéria, des tests d’un antibiotique non enregistré ont été pratiqués sur des enfants par la firme Pfizer en 1996, une information dévoilée récemment par le journal Washington Post. Le rapport, enterré pendant plus de cinq ans, révèle que 5 enfants sont morts après avoir reçu l’antibiotique Trovan. Six autres enfants sont morts après avoir reçu le médicament de comparaison. La firme pharmaceutique - qui n’avait obtenu qu’un consentement oral des parents non informés de la nature du produit - a concocté par la suite une lettre antidatée d’autorisation du Comité d’Ethique du Nigéria. Pfizer maintient que sa présence à l’hôpital de Kano était purement philanthropique et dans le but d’aider à combattre une épidémie de méningite qui a décimé la vie de 1500 personnes. Pourtant, Pfizer s’est retiré sitôt le test effectué. Cette action, conjuguée au fait que Pfizer n’a jamais obtenu de la part du Gouvernement du Nigéria d’autorisation de tester le Trovan sur près de 100 enfants et nourrissons, signifie qu’il s’agissait bel et bien d’un test illégal et opportuniste d’un médicament non-enregistré sur des patients vulnérables. http://www.washingtonpost.com/wp-dy...

[19] http://www.nytimes.com/2003/05/22/b...

Rien qu’à Hong-Kong et Taïwan, on estime que plus de cent patients hémophiles ont contracté le HIV suite à l’utilisation de ce médicament contaminé. De nouveaux lots de ce médicaments furent fabriqués à partir de concentrés de sang chauffé (ce qui tue le virus alors que les lots précédents étaient fabriqué à partir de sang non-chauffé) pour le marché américain, tandis que le reste des vieux lots fut expédié en France et en Espagne. Deux officiels français furent emprisonnés pour avoir approuvé l’utilisation du Factor VIII, non-chauffé et contaminé. La FDA n’a jamais été soumise à une enquête ni accusée. La firme Bayer maintient qu’elle s’est comportée de façon responsable et éthique.

[20] http://fr.euronews.net/2010/05/22/u... [archive] Une commission d’enquête sur l’explosion de la plate-forme “Deepwater Horizon”], en ligne 22 mai 2010, par Euronews Communiqué hebodmadaire de la maison blanche ; President Obama Establishes Bipartisan National Commission on the BP Deepwater Horizon Oil Spill and Offshore Drilling [archive] Whitehouse.gov 2010-05-22, consulté 2010-06-01

[21] Joe Kishore http://www.wsws.org/francais/News/2...

[22] La Guerre contre la Vérité, Nafeez Mosaddeq Ahmed, Editions Demi-Lune, Collection Résistances, 2006, pp.212-216

[23] http://www.washingtonpost.com/wp-dy... With one known exception, no formal objections were raised by the lawmakers briefed about the harsh methods during the two years in which waterboarding was employed, from 2002 to 2003, said Democrats and Republicans with direct knowledge of the matter. The lawmakers who held oversight roles during the period included Pelosi and Rep. Jane Harman (D-Calif.) and Sens. Bob Graham (D-Fla.) and John D. Rockefeller IV (D-W.Va.), as well as Rep. Porter J. Goss (R-Fla.) and Sen. Pat Roberts (R-Kan).

[24] Petites gens : http://www.enviro2b.com/2010/06/17/...

[25] Le Monde Diplomatique, n°676, juillet 2010, page Une : retraites et marée noire, par Serge Halimi. Bon résume ici, par Bernard Gensane : http://www.legrandsoir.info/Le-Mond...

[26] Martha Stout, PhD, The Sociopath Next Door (Le Sociopathe d’à côté), Broadway, 2005.

[27] Par comparaison, le taux d’anorexie mentale est estimé à 3,43%, celui de la schizophrénie à 1% et le Centre de Contrôle et de Prévention des Maladies US estime que le taux de cancers du colon aux USA est d’environ 40 personnes / 100 000.

[28] Les Gens du Mensonge, Dr Scott Peck, Editions J’ai Lu, 1990, pp 58 et suivantes.

[29] Sommes-nous gouvernés par des psychopathes dangereux ? http://www.mondialisation.ca/index....

[30] http://www.examiner.com/x-33986-Pol...

[31] http://www.lemonde.fr/planete/artic...

[32] http://www.lemonde.fr/ameriques/art...

[33] Snakes in Suit, When Psychopaths Go To Work, Robert Hare & Paul Babiak. http://www.sott.net/articles/show/2...

http://www.legrandsoir.info/Les-Doux-Leurres-du-Capitalisme.html

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