Maurice Ulrich
Le constat du rapport présenté hier sur la rénovation urbaine est sans appel : « L’échec est réel. » Mais peut-on parler d’échec, comme si le gouvernement avait voulu voulait réussir ? En cinq ans, 52 000 logements ont été détruits mais moins de 20 000 ont été reconstruits, et leur taille, plus petite, leur interdit d’accueillir nombre de familles. Deux tiers d’entre elles ont dû se reloger dans les quartiers les plus pauvres. La destruction des « ghettos » en a créé d’autres. Ajoutons à cela, pour ce bref tableau, que l’État ne met plus un sou dans la rénovation des cités. Ce n’est pas un échec.
C’est la démonstration éclatante que la politique réelle de ce gouvernement repose sur des coups de pub et du faux-semblant. Ce qui est vrai pour le pouvoir d’achat, pour le travailler plus pour gagner plus devenu un gagner moins, ce qui est vrai pour l’emploi, pour le droit au logement des SDF l’est tout autant pour le logement social et la situation faite à des millions de salariés, de jeunes, de retraités, de chômeurs, de femmes seules en attente de logement social, et bien au-delà des quartiers dits « sensibles ». La crise du logement est nationale. Se souvient-on, par exemple, des promesses par ailleurs très contestables du candidat Sarkozy qui voulait « une France de propriétaires » par la vente de 40 000 HLM ? 9 000 HLM ont été vendus. Ou est passée la maison à 15 euros par jour, qui fit l’objet de tant de reportages complaisants ? Mais la raison majeure qui explique les conclusions du rapport, c’est évidemment l’opposition frontale des communes et des départements les plus riches à la construction de logements sociaux. Pas de ça chez nous. Chacun chez soi. Union sacrée face aux pauvres. C’est le cri unanime de ceux que protège déjà le bouclier fiscal et qu’entoure un glacis social.
Brice Hortefeux peut bien aller à Tremblay-en-France menacer « les crapules ». Ce ne sera jamais que la énième fois depuis que Nicolas Sarkozy a initié ces manières de fier-à-bras et ces paroles de matamore à l’abri derrière son cordon de sécurité. Les faits qui se sont déroulés sont absolument condamnables et ne méritent aucune indulgence quand bien même on aimerait tirer au clair ce qui les a précédés. Mais en quoi des paroles de boutefeu ont-elles jamais amélioré la situation dans les banlieues, quand il y faudrait plus de police de proximité, plus de services publics, de vrais emplois, plus de profs, plus de personnels formés au dialogue et au respect, des moyens pour les associations, qui se les voient retirer. C’est tout cela qui est en jeu avec la question du logement. C’est à cela que devait s’attaquer le plan Marshall des banlieues, disparu corps et biens. Il n’y a plus que Fadela Amara qui surnage. Elle a gardé son portefeuille, mais il est tout aussi vide qu’un gilet pneumatique.
Depuis les élections et la déroute de la droite, avec une crédibilité en chute libre, Nicolas Sarkozy et son gouvernement sont engagés dans une atterrante fuite en avant. Immigration, avec un nouveau durcissement des textes par le zélé Éric Besson, sécurité, avec le fidèle Brice, bouclier fiscal. C’est avec cela que Nicolas Sarkozy espère encore remettre en ordre de marche une droite qui commence à renâcler, non par souci de justice mais parce qu’elle craint pour sa survie. La France, le mouvement social, la gauche ne peuvent en rester à ce pitoyable et inquiétant spectacle.
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